Séance de rattrapage: SIGNS OF ALGORITHM: Sunchaser

Belgique, Metalcore (Autoproduction 2025)

Les amateurs de metal Made in Belgium connaissent sans doute déjà Signs Of Algorithm qui sévit depuis maintenant une bonne douzaine d’années. Une période qui a permis au groupe de sortir en 2015 un premier album, New horizons yet to come, suivi un an plus tard de Harbinger. Depuis ses débuts, la formation de metalcore a donné plus de 300 concerts et participé à des festivals de renommée internationale parmi lesquels on remarque les Graspop, Metaldays ou encore Alcatrazz. La crise sanitaire a forcé Signs Of Algorithm a prendre du recul, la formation se retrouvant en 2024 pour enregistrer ce nouveau méfait. Clairement, les amateurs de chant mélodieux et raffiné passeront leur chemin, ce n’est pas le propos musical. Violence et détermination sont, quant à elles, bien présentes au rendez-vous au travers de ces 9 titres explosifs de bout en bout, exception faite d’Apotheosis, douce introduction de l’album brutalement interrompu par la rage du bien nommé Heavenless. Le « chant » guttural est souvent plus proche du black que de la colère et le groupe ne laisse guère de répit jusqu’au conclusif We all bury our sins. Un album qui ne cherche aucune finesse mais se veut direct et efficace.

REJECT THE SICKNESS: Signs of the end

Belgique, Death/Black metal (Autoproduction, 2025)

Avec un patronyme pareil – Reject The Sickness – une pochette comme celle-là et un titre d’album qui en dit long – Signs of the end – on se doute bien qu’on ne va pas avoir à faire à des enfants de choeur. Bien que les Belges de Reject The Sickness aient choisi un nom tout droit issu de la crise sanitaire, le groupe existe depuis 2008 avec l’union du hurleur enragé Guy Vercruysse et du guitariste Ruben Van Der Beken qui finalisent le line-up deux ans plus tard et publient une première démo, Slack muscles heal. 2010 marque ainsi la vrai naissance de Reject The Sickness qui célèbre aujourd’hui son 15ème anniversaire. Pour l’occasion, le groupe publie Signs of the end qui puise autant dans le hardcore enragé que dans le death/thrash, tout en lorgnant du côté du black malsain. On retrouve ici des traces de Amon Amarth ou de Hypocrisy dans des versions volontairement brutales. Le groupe (complété de Zoran Van Bellegem/guitare, Jonas Messiaen/basse et Jannick Govaert/batterie) ne met jamais le pied sur le frein mais parvient à créer des ambiances sombres et inquiétantes (pessimistes?) offrant ainsi une palette violemment variée. Brutal et efficace.

NEUROBLADE: Desert claw

Belgique, Heavy/Thrash (Autoproduction, 2025)

Tout dans ce Desert claw, premier Ep des Belges de Neuroblade, absolument tout respire le heavy old school. Issu de la réunion de membres de Enchantress (Jochen Mouton au chant) et Shocker (David Vandewalle aux guitares et autres instruments), Neuroblade voit le jour en 2023. Riff après riff, le duo ajoute du chant, une rythmique plombée et la nce véritablement son projet avec ce qui devient Desert claw. La naïveté de la pochette – très 80’s et évocatrice, hormis la tenue du lutin, d’une certaine forme d’intérêt pour Dune – peut donner une première impression mitigée. Le duo taille dans le gras dès Endless slaughter, titre aux allures quelque peu slayeriennes mais avec un chant plus haut perché « à l’ancienne ». La suite ne fait guère de place à la concession et l’oppressant In the darkness of my mind, qui porte parfaitement son nom, est le moment plus calme bien que d’une lourdeur proche du doom. Neuroblade fait partie de cette vague « old school revival » qui se fait plaisir en se foutant, espérons-le, de ce que le marché pourra lui offrir. Du plaisir brut est amplement suffisant.

WORLDS BEYOND: Rhapsody of life

Belgique, Prog metal symphonique (Autoproduction, 2025)

Formé en 2017, le groupe belge Worlds Beyond propose dès ses débuts un metal symphonique inspiré des grands noms du genre que sont Nightwish ou Evanescence. La formation propose fin 2020 un premier album, Symphony of dawn et peaufine son ouvrage jusqu’à revenir début 2025 avec Rhapsody of life. Ce second essai permet au sextet de trouver son identité sonore. Même si les influences restent évidentes, Worlds Beyond s’en détache par l’apport original de touches régulières de violon (Jakob Declercq) et des compositions très progressives dans l’âme. Le chant haut perché de Valerie De Kempe colle parfaitement au genre tandis que les guitares de Tijmen Matthys (également compositeur et producteur du combo) touchent là et comme il faut. Jamais envahissant ni inutilement démonstratif, le guitariste sait aller à l’essentiel, soutenu dans ses approches mélodiques par les claviers de Robbe Adriaens qui apporte ces ambiances progressives, aériennes et symphoniques. Enfin, la section rythmique pose les bases solides des structures de l’envoûtant Familiar skies ou du doux One with the stars. Avec Rhapsody of life, Worlds Beyond nous offre un voyage sonore varié et apaisant qui célèbre simplement la vie. Une très belle découverte à l’image de la superbe et sobre illustration de cet album (signée Elise Tack).

FAT BASTARD: Barely dressed

Belgique, Very Hard Rock (Autoproduction, 2025)

De la pochette au contenu, tout ici évoque le rock crade et direct qu’on écoute dans les bouges enfumés qui puent les relents de cendres froides et de bière tiède. Fat Bastard coche toutes ces cases, et ça tombe bien en ce qui concerne la bière, ils sont Belges! Formé en 2007, nos voisins ont déjà publié deux Ep – Feel the pain en 2013 et Junk yard fest en 2018, plus proche d’un album d’ailleurs avec ses 7 titres… Pas pressés les gars, mais le résultat est là: Barely dressed est un premier album explosif de bout en bout. Après un Never told me her name qui évoque plus les grands espaces des westerns chers à Morricone doublé d’ambiances à la Tarantino, You know you are gone dévoile le jeu du quatuor. Si le groupe n’est pas fan de Motörhead, on se pose des questions! Mais Fat Bastard ne copie pas, il pose sa propre pate sur des riffs et des rythmes puissants, simples et directs qui nous replongent parfois dans une forme de rockabilly (très) énervé. On y retrouve certes l’esprit de la bande à Lemmy toutes époques confondues avec un chant rocailleux Jorn Mazet) et, souvent, une touche punk ainsi que, parfois, un riffing (Jan Sommeryns) à la Fast Eddie (Hammer), mais aussi beaucoup de rage irrévérencieuse (à qui en veut-il avec ce Piece of shit explicite?). On ne sera guère surpris de découvrir un officiel hommage à Maitre Lemmy avec Mister Rock. Barely dressed est sans doute l’album de heavy rock qu’on attendait depuis longtemps, le genre qui ne cherche pas à faire de l’esbrouffe, qui va droit au but avec une monstrueuse efficacité, une rythmique de tous les diables (Geller Van Reeth à la basse et Kurt Pals à la batterie) et qui me donne une furieuse envie de découvrir les précédentes productions. Fat Bastard pourrait-il être à Motörhead ce qu’Airbourne est à AC/DC? En tout cas, la relève est assurée. A découvrir d’urgence et à consommer sans modération. On se fera également plaisir en allant visiter le site du groupe et lire son « personal rider » hilarant (quoique… certains adeptes de la bien-pensance et du politiquement correct vont encore trouver des conneries à en dire, c’est évident)! On vous voit quand en France, hein, dites?

DEATHTURA: Faith?

Belgique, Thrash (Autoproduction, 2025)

Même les amateurs les plus patients seront surpris du retour des Belges de Deathtura. Le groupe formé en 2013 a livré en 2015 son premier album (Psychotic disaster) avant un second essai en 2018 (Division). Depuis… Silence radio. Pendant 7 années. Jusqu’à l’arrivée de Faith?, le nouvel album paru fin février. Le groupe dit avoir voulu prendre « le temps d’explorer et questionner (son) univers musical pour en extraire le réel sens de (ses) idées« . Le résultat est là, brutal et direct. Teinté de touches industrielles, les 10 titres taillent dans le gras sur fond de chant enragé (Bastian Flames) soutenu par la rugosité des guitares tenues par Arnaud Bomans et Jeffrey Limage. Malin, Deathtura ne se contente pas que de foncer dans le tas, proposant des rythmes toujours puissants et variés (Guillaume Jacques à la basse et Niko Mike D. à la batterie) et des choeurs à faire chanter les foules. Si les Belges ne cherchent pas la finesse, leur propos s’avère rapidement bigrement efficace et explosif. Un retour qu’il faut désormais confirmer sur scène sans doute.

PVRS

Belgique, Doom (M&O, 2024)

C’est en 2023 que Pvrs trouve ses racines en Belgique. Le duo enregistre rapidement son premier album qui, bien que paru au mois de février 2024, n’est promu, en France tout du moins, qu’à partir de novembre dernier. Étonnant… mais passons directement au sujet qui nous intéresse ici. Proposant une musique aussi lourde que mélancolique que l’on qualifie volontiers, et par facilité, de doom, Pvrs joue sur divers terrains sonores, offrant à l’auditeur un étrange et attirant voyage initiatique. Si le groupe cite volontiers Sleep Token, Life Of Agony ou encore Deftones parmi ses influences, on ne pourra que penser également à la sombre mélancolie de Paradise Lost ou à la lourdeur envoûtante de Mastodon. Le chant, triste, hurle sa douleur et sa peine sur fond de rythmes aussi pachydermiques parfois que légers et insouciants à d’autres moments. La guitare propose des riffs obsessionnels qui évoquent aussi bien Black Sabbath qu’une forme de new/cold wave. En huit morceaux, souvent longs sans jamais être lassants, Pvrs nous offre la promesse d’un groupe à suivre qui aurait toute sa place sous une certaine Temple… A suivre de près.

Séance de rattrapage: ARTEFACTS: The titan chronicles part II: Lucius

Belgique, Metal épique (Anti hero records,2024)

Quelques notes de piano qui se transforment en intro opératique et cinématique… Ainsi débute The titan chronicle part II: Lucius, le premier album des Belges de Artefacts. Dès le Prologue, le ton est donné: Artefacts veut proposer une musique grandiloquente, puissante et enragée. Rapidement le groupe nous plonge dans un univers horrifique qui s’approche du black metal symphonique. Cet album est le premier d’une trilogie qui dépeint un univers mythologique aussi sombre qu’il sait se faire lumineux. Au-delà des simples vocaux typiques du genre, Artefacts nous invite dans un monde cinématographique, fantastique et aventureux. Brillamment illustré, ce premier album entraine l’auditeur dans des aventures sonores variées, brutales et envoutantes à la fois. Impossible de rester de marbre face à ce mur de sons qui sait relâcher la pression quand il le faut. Artefacts nous offre un de ces albums « carte de visite » qui pourrait devenir emblématique du genre. Des chœurs efficaces, des inspirations orientales, cinématographiques et/ou (neo)classiques, tout est réuni pour attirer l’auditeur dans ces mondes à part. A suivre de près…

OBJECTOR: Slave new world

Belgique, Thrash (Ep, Autoproduction, 2024)

Formé en 2007 du côté d’Antwerp, nos voisin belges d’Objector ont déjà un album à leur actif, Social intolerance paru en 2018. Six ans après (encore des pas pressés de proposer des nouveautés…) et sans doute après quelques modifications du line-up d’origine, les thrashers se rappellent à notre bon souvenir avec un Ep aussi court que brutal. Une fois l’intro passée (qui nous apprend, attention, exclusivité!, que Bock, guitariste et chanteur veut mâcher du bubble gum), Slave new world est une explosion de colère non contenue qui évoque tout au long des 4 titres le thrash le plus vindicatif de la Bay Area. On pense naturellement à Exodus, Death Angel ou encore Slayer – cette batterie explosive à la Dave Lombardo! – mais également à Tankard, compatriotes d’Objector aussi férus de thrash que d’humour potache (et de bière, « occasionnellement ») – on appréciera les chaussettes claquettes au verso du cd… Que du bon goût! Musicalement, cependant, rien à redire: les guitares charcutent à tous les étages autant que la voix hurle sa colère sur fond de rythmiques qui pilonne un champ de bataille. C’est direct, franc du collier, dans ta face et ça décrasse quelque peu les oreilles. Une bonne claque pour se réveiller en douceur…

FABULAE DRAMATIES: Violenta

Belgique, Metal (Autoproduction, 2024)

Violenta est le troisième album de nos voisins belges de Fabulae Dramatis. Formé au début des années 2010, le groupe a déjà publié deux albums, Om en 2012 et Solar time’s fable en 2017. Quelques changements de line-up expliquent sans doute, en partie tout du moins, le temps passé entre deux albums. Aujourd’hui composé de la chanteuse Isabel Restrepo, du guitariste Daniel Diaz, du bassiste Marco Felix et du batteur Teo Dimitrov, le groupe nous propose ce Violenta, qui parait donc après sept ans de réflexion et qui semble être un album conceptuel (traitant de la colonisation brutale de la Colombie?) De manière intéressante, le groupe propose des textes en espagnol et en anglais, ce qui permet de joliment scénariser son propos. Musicalement, les huit titres puisent dans une variété de styles parfois étonnante. Le plus doux côtoit le plus brutal à l’image du chant qui va du tribal à la rage, évoquant souvent la souffrance d’un peuple opprimé. Si certaines idées de riffs ou de mélodies font immédiatement mouche (le tribal The jungle of ego, le très entrainant River of despair), si le chant évoque une certaine Angela Grossow (Arch Enemy) dans ses colères enragées, Fabulae Dramatis se veut avant-gardiste dans ses compositions et fait, malheureusement, souvent preuve de trop de réflexion dans sa musique. Ainsi, en voulant proposer une musique complexe, la formation perd en efficacité là ou plus de simplicité pourrait offrir un propos direct. Violenta reste cependant mystérieux et évoque un pan de l’histoire de notre décidément éternelle inhumanité.