WHISKEY MYERS

Rock sudiste, USA (Spinefarm, 2019)

Horreur! Je ne découvre que maintenant cet album paru au mois d’octobre dernier… Et pourtant, j’avais tant craqué sur Mud, le précédent album des Texans de Whiskey Myers que je m’étais rapidement informé de leurs autres méfaits. Leur passage au club les Etoiles à Paris avait vu une foule de connaisseurs se masser devant la scène. Maintenant que voici ce nouvel album entre les oreilles, que puis-je en dire? Aussi blanc que le White album des Beatles, ce nouvel album éponyme pourrait-il connaitre le même « triste » sort? Les époques ont changé et la bande à Cody Cannon le sait bien, ce qui ne l’empêche nullement de nous offrir un petit chef d’oeuvre de rock mêlant sudiste, country, hard et autres influences parfois proches du funk. C’est simple, il y en a pour tous les goûts, avec parfois des clins d’œil appuyés, tant culturels que politique (Mona Lisa et son « on paye nos impôts et ils n’en veulent que plus »). Whiskey Myers met les pendules à l’heure en démarrant avec l’énergique Die rockin. Je m’amuse de voir accolés Rolling Stone, très country (que rejoignent Houston country sky, et Little more money et sa steel guitar), et Bitch, plus bluegrass et rock, ce dernier étant également une chanson des Stones. Mais il s’agit bien d’un morceau original, pas la chanson reprise par The Dead Daisies. Gasoline, furieux et enragé, pourrait servir à la bande son d’un Mad Max. Les chœurs féminins éparpillés tout au long de l’album apportent une touche soul parfaitement complémentaire. Il n’y a pas deux titres ici qui se ressemblent sans que pour autant Whiskey Myers ne s’éparpille. Bien au contraire, cette variété transforme cet album blanc en pur bijou de rock sudiste varié et enjoué. Un must qui, je l’espère, permettra aux Texans de franchir, en Europe et ailleurs, le cap du simple groupe underground.

INTERVIEW: WHISKEY MYERS

Entretien WHISKEY MYERS. Rencontre avec Gary Brown (basse). Propos recueillis à Paris le 31 mai 2017

C’est quelques instants avant de monter sur scène que Gary Brown, le bassiste de Whiskey Myers, a accueilli Metal Eyes pour une interview quasi improvisée.

Metal-Eyes : Aujourd’hui, c’est le dernier jour de la tournée européenne de Whiskey Myers. Comment était cette tournée ?

Gary Brown : Bien, bien, de bons publics, une belle participation, oui, plutôt bien, jusqu’à présent….

Metal-Eyes : prêts à rentrer à la maison?

Gary Brown : Oui, ça vient. C’est une envie qui commence à se faire sentir. On a donné, je crois, 12 concerts en 15 jours, ce qui est plutôt bien.

Metal-Eyes : je viens de découvrir Whiskey Myers avec Mud, son dernier album. Peux-tu me dire ce qu’est ce groupe ?

Gary Brown : Simplement ce que nous sommes, ce que nous savons faire; On a grandi dans le Sud, au Texas, à la champagne… C’est un groupe qui dit “reste fidèle à ce que tu es, n’oublies pas tes racines…”

Metal-Eyes : C’est le son de votre musique qui, si je puis dire, dégage les odeurs du Sud…

Gary Brown : Ca sent chez nous, oui…

Metal-Eyes : Si je te dis “redneck”, ça évoque quoi, pour toi?

Gary Brown : Je ne sais pas… Ça me fait penser à ce personnage de la série Les rois du Texas…

Metal-Eyes : Sur Mud, on sent beaucoup de choses: la vie, de la religion, aussi. Qu’avez-vous mis d’autre dans ce disque ?

Gary Brown : Ce genre de choses, ce qui dit qui nous sommes… On pourrait traiter un peu de politique, mais c’est pas notre truc. On préfère parler de ce qu’on a appris en grandissant au Texas, ces choses qui nous ont forgés, fait de nous ce que nous sommes. Être fidèles à nous mêem.

Metal-Eyes : Alors, qu’êtes-vous donc?

Gary Brown : oh, des gens du Sud, mec, tu vois. On a grandi à la campagne, on devait apprendre à faire les choses par nous-mêmes, pêcher, chasser… respecter les autres, et tes origines, ceux qui t’ont élevés. Je crois que cela a construit une bonne partie de ce disque.

Metal-Eyes : En effet. Au sujet de ce disque, qui sont les choristes?

Gary Brown : il n’y en a qu’une, elle s’appelle Christine Rodgers. C’est une superbe chanteuse de Nashville. Elle est fantastique. Elle a aussi chanté sur Early mornig shakes, je ne sais plus quels titres, mais elle y est.

Metal-Eyes : C’est la première fois que vous allez jouer à Paris avec Whiskey Myers. Quattendez-vous du concert de ce soir,

Gary Brown : J’espère vivre ce que nous avons vécus sur cette tournée : on a joué en Allemagne et en Pologne pour la première fois, et j’espère toucher les gens. C’est complet, il va faire chaud, et énergique. J’espère simplement que les fans vont apprécier la musique.

Metal-Eyes : doit-on s’attendre à quelque chose de spécial ce soir ? Je m’explique : WASP avait pour habitude de balancer de la viande dans le public, Stryper, c’était des Bibles. Vous pensez jeter de la boue (Mud) au public ?

Gary Brown (rires): Non, non, on ne veut pas qu’ils nous jettent quoi que ce soit, alors on ne jettera rien ! Si, des médiators, mais rien de plus…

Metal-Eyes : vous vous appelez Whiskey Myers : quel est ton Whiskey préféré ?

Gary Brown : Je ne bois plus depuis maintenant 3 ans… Mais quand je buvais, j’aimais beaucoup el Crown Royal, du Canada.

Metal-Eyes : Parlons un peu de votre disque : comme nous l’avons dit, Mud est plein de vie, de cette musique du Sud, avec du banjo, de beaux chœurs… Très rock, roots et heavy. Quelle était votre intention musicale avec ce disque ? Avez-vous voulu modifier ce que vous avez fait jusque-là?

Gary Brown : Non, pas vraiment. Je ne crois pas qu’on ai jamais envisagé d’entrer en studio et de tout changer. On évolue, il y a de nouveaux membres qui apportent leurs idées. Notre producteur, Dave, nous aide sur certains points, certaines décisions, comme quels instruments inclure, comment mieux construire les chansons pour qu’elles collent au son, comment permettre à chaque partie de soutenir les autres, ce qui fait une chanson. Je crois qu’en tant que groupe, nous avons appris à le faire de mieux en mieux, avons grandi. Bien sûr, nous disposons aujourd’hui, avec les nouveaux outils, de plus de moyens pour créer de nouveaux sons. C’est sans doute ce qui différencie ce disque des précédents.

Metal-Eyes : Si tu devais ne retenir qu’une chanson de Mud pour expliquer à quelqu’un qui ne vous connais pas ce qu’est Whiskey Myers, ce serait laquelle ?

Gary Brown : C’est une excellente question!  (Il réfléchit) Sans doute Mud, ou On the river… Cette dernière parle d’un homme qui a fait une promesse et se bat pour l’honorer, et survivre à une époque où c’était très dur. Mud a aussi du feeling, et parle de cette fidélité à ce que tu es, ce qui a fait de toi ce que tu es. Je crois que ces choses valent le coup qu’on se batte, qu’on les garde dans notre cœur.

Metal-Eyes : Et si nous parlions un peu de votre président?

Gary Brown (rires): J’ai pas grand-chose à dire à son sujet…

Metal-Eyes : Une toute dernière chose, alors : quelle pourrait être la devise de Whiskey Myers ?

Gary Brown (il rit) : hum… Ne sois pas une lavette. Sois fort et bas toi pour ce qui vaut le coup.

 

WHISKEY MYERS Live à Paris (Les Etoiles, le 31 mai 2017)

Ils n’étaient pas annoncés ( à part sur le flyer à peine diffusé…), mais les Anglais de Buffalo Summer ont été forcés d’annuler leurs concerts prévus en première partie de Whiskey Myers sur les dates allemandes, hollandaises et française. La faute à une panne de camion les empêchant de facto de circuler. Ils n’étaient pas annoncés, mais c’est dommage quand même…

Ce désistement laisse donc la possibilité aux Texans de Whiskey Myers de proposer un concert de plus de deux heures. Ce n’était sans doute pas prévu, et c’est une bonne chose tant le dernier album en date, Mud, a marqué votre serviteur. C’est la première fois que je me rends aux Etoiles, salle parisienne proche de la gare de l’Est, sa capacité est d’environ 300 personnes. Ce soir, Les Etoiles, ou plutôt Whiskey Myers, affiche complet. Faut-il croire que le public parisien attendait cette première apparitions des Américains dans la capitale avec impatience! Car, oui, c’est le premier concert que donnent Whiskey Myers à Paris. C’est également la dernière date de la tournée européenne.

La scène est aussi étroite que profonde. Devant, le trio de guitaristes. Derrière, le batteur est entouré du claviériste/saxophoniste/violoniste et, relégué au fond, du bassiste. Forcément, autant de monde sur une scène aussi petite, ça limite la mobilité. Mais les deux heures qui suivent sont roots. Simplement. Whiskey Myers se concentre naturellement sur le superbe Mud, son dernier album en date dont sont extraits plusieurs morceaux (In the river, Mud, Frogmand, Stone...). Bien qu’il manque un peu de communication avec le public, ce concert est chaleureux, terrien, plein de feeling et de jolis moments d’impro.

Whiskey Myers s’impose live, même si l’on regrette quelques moments un peu faibles (sans doute une ballade de trop qui a casé un rythme enlevé), et l’on attend maintenant un retour en nos contrées dès que possible. Une belle soirée, roots et rock comme on aime!

 

WHISKEY MYERS: Mud

whiskey myers 2017Hard Rock, USA (Spinefarm, 2016)

Cet album est une petite merveille. Pardon: je trouve que cet album est une petite merveille. Une perle de hard rock sudiste qui sent le bayou. Mud, le nouvel album de Whiskey Myers, est bourré de ces moments qui attirent et éveillent. Dès le premier titre, On the river, le groupe me saisit par l’utilisation d’un violon qu’accompagne une guitare claire. Puis Cody Cannon pose sa voix. Étouffée, rauque et embuée… L’ensemble respire la joie de vivre, une joie qui monte en puissance malgré la tristesse que peut apporter le violon. Puis, au fil des chanson, d’autres éléments apparaissent au fil des Mud, Lightning bugs and rain, Deep down in the south: les chœurs très soul et gospel, splendides et superbement utilisés, l’orgue et les cuivres s’imbriquent tous à merveille dans cet ensemble qu’on imagine volontiers dans un bouge crasseux du fin fond du Sud profond des USA. Whiskey Myers joue de ce rock sudiste qui sent la crasse, les effluves d’alcools et de cendres froides qui se joue dans un club au fond des bayous (pour un groupe texan…) Album dense, Mud ne perd jamais l’auditeur J’écoute cet album de bout en bout, un sourire aux lèvres et me dandine à chaque instant. Mud renferme tous ce qui fait un grand album et Whiskey Myers évolue en totale liberté, sans jamais se répéter. L’osmose entre les 7 (oui, sept! A la Lynyrd Skynyrd, un vrai gang!) musiciens est palpable, transformant cet album en une oeuvre sincère, organique, riche en couleurs musicales qui donne envie de se plonger dans le reste de l’oeuvre de ce groupe que l’on découvre seulement aujourd’hui, en France…. A écouter sans modération.

Note: 9,5/10

Site web : www.whiskeymyers.com