Doom théâtralisé, France (Apathia, 2016)
Il est trop tard. Je me suis fait happer. Happer par cette voix, grave, profonde et effrayante qui pourtant m’avait averti. J’aurai mieux fait de rentrer chez moi, me vautrer dans le canapé et regarder la télé. Mais non. Il a fallu que je continue, que ma curiosité malsaine me pousse à écouter. Encore. Encore. Trop tard, vous dis-je…
Présenté dans un luxueux package au format DVD, L’envers est une oeuvre à part, et exceptionnelle, dans le paysage musicale francophone, voire mondial. A la suite d’un prologue narré sans autre son que celui de la voix d’Emmanuel Lévy, Wormfood, propose une suite de titres longs, lents et lourds. C’est simple: soit l’auditeur se laisse entraîner dans cet univers irrésistible et glauque, soit il fuit.C’est un acte volontaire, comme le groupe s’en explique ici. J’ai choisi le premier chemin, attiré par cette voix d’outre tombe et ces textes dont le moindre mot est choisi avec minutie et précision. Le résultat est une musique totalement et volontairement théâtralisée, mise en scène dans ses moindres détails. Et jamais l’ennui n’a sa place. La folie rôde autour de ce Serviteur du roi, la peur règne dans cette horreur de grande guerre décrite avec Ordre de mobilisation générale, et si chaque chanson aborde un thème différent, priorité est donnée au résultat global. Aucun instrument ne vient se mettre en avant, le collectif prime sur l’égo. Wormfood signe ici son album le plus abouti, et devrait, malgré la complexité de l’ensemble, pouvoir séduire un large public. Plus facilement qu’avec Posthume, son précédent opus. L’envers est sans aucun doute, à l’heure actuelle, ma plus grosse surprise de l’année. Une réussite totale dans un genre qui reste trop méconnu.
Note: 9/10
Titre que je retiens: Ordre de mobilisation générale