DIRTY SHIRT: Letchology

Roumanie, Metal (Apathia, 2019) – sortie le 8 mars

Si la scène rock roumaine reste assez méconnue en nos contrée, la donne risque bien de changer avec cette déflagration, cette folie douce ou furieuse, que nous apporte Dirty Shirt qui signe, avec Letchology, son dixième album. Et ça va dans tous les sens, une fête généralisée qui vire au joyeux bordel très organisé. La formation qualifie elle même sa musique de folk metal, sur fond de hardcore et d’une touche de punk. Mais si Dirty Shirt vient de Transylvanie, ne vous attendez pas à du folklore horrifique qui évoquerait Dracula. Bien au contraire, le groupe sait être à la fois sérieux lorsqu’il aborde des thèmes politiques – les morceaux les plus hardcore sont les plus engagés (Fake, Nem loptam…) – mais conserve surtout l’esprit slave, festif et coloré du folklore local (Latcho drown, Palinca, et les dingueries que sont Killing spree et Starea najiei). Les guitares se battent avec les accordéons, flûtes à bec et traversière. Les gars se sont mis à plus de 20 pour réaliser ce disque de… dingues qui part et fuse en tous sens. Une folie douce s’empare de la Roumanie et risque fort de déferler sur l’Europe. A ne pas rater!

EMBRYONIC CELLS: Horizon

France, Black metal mélodique (Apathia, 2018)

Certains le savent: je n’ai jamais été amateur de Black metal. Loin de moi, donc, l’idée de prétendre connaître Embryonic Cells qui, pourtant, sort son quatrième album. Mais le thème de ce disque me touche. Et devrait tous nous toucher, nous émouvoir. Horizon traite de tous ces « migrants » – qui naguère étaient nommés, venant d’autres terres mais vivant les mêmes drames, des « boat people ». Pas que je sois pour ou contre, mais ne vivons nous pas une époque d’une effroyable inhumanité qui pousse certains à fuir et tenter de connaitre un semblant d’espoir ailleurs? Et si les rôles étaient inversés? Alors toute action visant à dénoncer l’horreur de la fuite de ses terres, de sa patrie, de ses racines mérite d’être soutenue. Et c’est ce que fait Embryonic Cells, sur fond de 8 titres à la fois violents et mélodiques. Le chant mis à part – typique du Black et, parfois, du Death – cet album propose des ambiances ici lourdes et oppressantes (To horizon), là plus légères et mélancolique (le break de Carved in my skin, l’intro de Horizon…) . Chaque instrument est parfaitement utilisé et mis en avant pour un résultat réussi. Je ne parlerai pas de référence ou d’influence – j’en laisse le soin aux spécialistes du genre – mais nombre de passages incitent au headbanging (Never let you fall, To horizon). Embryonic Cells signe ici une oeuvre variée, sérieuse et remarquable (et cette pochette, lourde de sens…). On retrouvera avec une curiosité non feinte le groupe au Hellfest 2019 sous Altar le dimanche 23 juin à 10h30. Mais avant… Cette chronique est publiée en ce 2 janvier 2019 comme un voeu, celui que notre monde redevienne ce qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être: humain.

DISCONNECTED: White colossus

Metal, France (Apathia records, 2018)

Disconnected est le projet fondé en 2012 par Adrian Martinot, également compagnon de route de Pierre le Pape au sein de son Melted Space. Aujourd’hui signé par Apathia records, Disconnected se présente au grand public avec un puissant et varié premier album sous les bras. White colossus est à la fois un disque intrigant et intéressant. Si Living incomplete est un titre d’ouverture brutal et rugueux, au chant growlé et si Blind faith confirme une réelle attirance pour le metal tendance heavy, la suite se fait plus légère, limite pop et joue avec divers univers musicaux. Car Wounded heart ou Feodora évoquent un Muse aérien, des Beattles entrainants, ce malgré des doubles grosses caisses et quelques interventions vocales plus musclées. For all our sakes débute avec des sonorités orientales et se transforme vite en un déluge de notes et de rythmes syncopés. Ça, ils aiment bien: débuter calmement, monter en puissance, parfois là où l’on ne s’y attend pas. Avec ce premier disque, Adrian démontre l’étendue de son savoir faire guitaristique et ne se complait jamais dans la facilité. Au contraire, en variant ses plaisirs, il parvient à surprendre l’auditeur (quelques plans shredder sur Blind faith et… quel solo étonnant sur Blame shifter!), preuve qu’il y a là un vrai potentiel. White colossus est un disque varié qui s’apprivoise pleinement avec plusieurs écoutes. Une première plus que réussie!

WORMFOOD – L’envers

wormfood-l-envers-2016Doom théâtralisé, France (Apathia, 2016)

Il est trop tard. Je me suis fait happer. Happer par cette voix, grave, profonde et effrayante qui pourtant m’avait averti. J’aurai mieux fait de rentrer chez moi, me vautrer dans le canapé et regarder la télé. Mais non. Il a fallu que je continue, que ma curiosité malsaine me pousse à écouter. Encore. Encore. Trop tard, vous dis-je… Lire la suite