VITAL BREATH: Angels of light

France, Heavy rock (Target, 2017)

Les plus assidus d’entre nous, les plus amateurs de hard made in par chez nous et de metal « baguette-vin rouge-beret » connaissent déjà Vital Breath. Pour les autres, petite séance de rattrapage: Vital Breath est un groupe français (si vous ne l’aviez pas compris…) formé en 2011 à Lyon, le quatuor publie Duality en 2013 nous propose aujourd’hui son second album, Angels of light. Le groupe a fait appel au financement participatif pour produire ce Angels of light plein de surprises. A la fois mélodique et puissant, ce CD à la production soignée, propose 12 chansons au riff efficace et la mélodie subtile. On sent que l’on a à faire à des amoureux des 80’s, aux influences variées et riches, puisant autant du côté mélodique d’un Bon Jovi ou d’un Ratt que de l’efficacité directe d’un AC/DC qui sait coller au son et à la production de notre époque. De plus, et c’est aujourd’hui loin d’être négligeable, le produit fini est agréable: l’artwork est soigné, le livret de 12 pages est complet (textes – lisibles – et photos en nombre). Bref, Vital Breath revient en forme avec la promesse de nous séduire. Reste la scène et l’on espère retrouver le groupe sur de nombreuses dates.

Publié dans CD.

INTERVIEW: BULLRUN

Interview BULLRUN : rencontre avec Gaël (guitare), Mark (batterie) et Rémy (chant et basse). Entretien effectué le 22septembre 2017 au Hard Rock Cafe Paris

 

Bullrun

metal-eyes: Commençons par la question traditionnelle : racontez-nous brièvement l’histoire de Bullrun…

Rémy: L’histoire de Bullrun commence en 2011. Mark et moi sortions d’une autre formation, on rencontre Gaël, et on savait qu’on allait partir sur la base d’un trio. Dès 2011, on passe une année à composer, essayer de trouver notre style avant de monter sur scène.

metal-eyes: Dans votre bio, il est précisé que vous avez commencé à sévir à Orléans. Pourquoi Orléans ?

Mark: On est issu du 77, et tout ce qui se passe en matière de musique a lieu au dessus de Melun. Et on est quasiment à la même distance d’Orléans et de Melun. On a eu, d’abord, plus d’accroches, naturellement, sur Orléans. On a commencé par faire les scènes de la rue de Bourgogne, on a fait l’Infrared qui n’existe plus aujourd’hui…

metal-eyes: Qui a été remplacé par le Blue Devil’s

Mark: Exactement. Et c’est là qu’on s’est naturellement mêlé à la scène locale alors qu’on avait moins d’accroche dans le 77. Ce qui est moins le cas maintenant puisqu’on cherche plus de date sur Paris et dans le 77. Mais à l’époque, c’est à Orléans que ça s’est fait naturellement.

metal-eyes: Vous avez publié un premier album en 2014. Que s’est-il passé pendant les 3 années qui séparent ce premier disque de Dark amber (Chroniqué ici)?

Rémy: En 2014, c’était un album éponyme qu’on a fait parce qu’on cherchait surtout à avoir quelque chose à donner à la fin des concerts. C’était plus un moyen de promotion qu’on a tiré qu’à quelques exemplaires. Aujourd’hui, ça ne reflète plus ce que l’on fait, et c’est pour ça qu’on ne le propose plus. 9a nous a aussi servi à nous trouver, musicalement parlant, voir nos compos de l’extérieur. A partir de ça, un an après, on a commencé à recomposer des titres, vers 2016, et on s’est attaqué au chantier Dark Amber, pour lequel on avait 14 titres en maquette. De ces 14 pré-maquettes, on a rencontré Simérys et Jelly, et on a épuré, épuré, on s’est mis à choisir la crème de la crème qu’on a mis sur Dark amber en studio dernière.

metal-eyes: Alors comment définiriez-vous l’évolution de Bullrun entre ces deux disques ?Mark: Un plus gros travail sur les compositions, sur le son, grâce aussi à Simérys et Jelly. Je pense que nos compos sont plus homogènes, plus brutales, plus efficaces… Plus droit au but que ce qu’on faisait quelques années auparavant.

Gaël: Avant on se cherchait. Maintenant, on se connait mieux, en termes d’influences, qui vont un peu dans tous les sens… Moi, je suis très metal, Rémy aussi, très années 80, Mark avec Scorpions, machin… On arrive à s’entendre et à créer une sorte de gloubiboulga et assembler tout ça. Moi qui écoute du death, le mariage peut-être un peu compliqué au début…

Mark: L’alchimie est bien meilleure maintenant et ça se ressent sur Dark amber, parce qu’on se connait.

metal-eyes: Vous avez choisi, pour Dark amber le format Ep. Pour quelle raison ? Je précise tout de suite que j’ai déjà entendu des groupes dire « ça nous permet d’enregister plus souvent et donc de proposer plus souvent quelque chose, d’être médiatiquement présent ». Finalement, on se rend compte que ce n’est pas souvent le cas…Gaël: Avant tout, le support CD est un outil promotionnel. Bullrun , avant Dark amber, n’existait pas vraiment – on travaillait à côté. Comme l’a fit Mark, on a préféré épurer pour privilégier la qualité à la quantité. Quand on écoutait les 14 titres, il y en avait 6 qui ressortaient plus. On s’est demandé s’il ne serait pas judicieux de les embellir plus que les autres et les mettre en avant. Ne serait-ce que pour commencer à avoir un nom et savoir si ça plait. D’ailleurs, les 8 autres sont passés à la benne, parce qu’on veut passer à autre chose.

metal-eyes: Quand je l’ai écouté, j’ai ressenti beaucoup d’influences de grands noms du metal : Metallica, Motörhead parmi d’autres. Qu’avez-vous mis dans ce disque ?

Rémy: Il y a peut être un peu de Offspring sur les passages un peu plus chantants, pas mal d’influence des années 80, comme Maiden, par exemple, avec beaucoup de mélodie et d’harmonie. Burn a quelque chose de très Maiden, un côté épique.

Gaël: Il y a un peu de Volbeat, aussi, si tu connais. On aime beaucoup les influences qui viennent de l’ancien rock’n’roll, comme Elvis Presley, Jerry Lee Lewis et notre préféré, Johnny Cash.

Mark: Volbeat nous a surtout influencés par la démarche : amener une musique qui date un peu, avec un son vraiment actuel. On pense se reconnaitre dans cette démarche, en incluant des sons divers, les premiers Metallica, surtout, du Motörhead avec le son actuel, avec la batterie presque metal…

metal-eyes: Scéniquement, Bullrun ça donne quoi ?

Mark: Ca donne qu’on est 3 et qu’il faut qu’on paraissent 5…

Gaël: Disons que certaines scènes sont grandes, et qu’on de la place pour bouger, c’est chouette. On veut que ce soit punchy, un peu poing dans la gueule du public. Pour que ce soit punchy, il faut que ce soit actif, il faut beaucoup bouger et aller vers le public.

Rémy: Et aller vers le public, ne pas se concentrer sur sa setlist, même si extrêmement important et qu’on fait tout pour. Mais on est surtout là pour jouer pour les gens. On est juste là pour eux. Dickinson disait un truc qui est très vrai « moi, je joue pour le mec qui est au fond de la salle, celui qui m’apperçoit en tout petit ». C’est ce qu’on essaie de faire en concert.

metal-eyes: C’est bien dans les petites salles alors…

Rémy: Oui (rire général)

Gaël: Les petites salles, il y a le côté chaleureux, justement.

metal-eyes: Que me diriez vous, tous les trois, pour me convaincre de filer acheter votre disque dès la fin de cette interview ?

Gaël (sur un ton langoureux) : Une expérience inoubliable…

Mark: Viens juste nous voir en concert une fois, je pense que tu fonceras…

metal-eyes: Quel a été votre premier choc musical ?

Gaël: Master of puppets, Metallica. J’avais 13 ans

Mark: Blackout, de Scorpions…

Rémy: Surement l’album live, S&M de Metallica, aussi…

metal-eyes: Donc, en dehors de toi, Rémy, que des albums d’avant votre naissance….

Mark: Oui, c’est souvent les albums de nos parents qu’on écoutait à l’époque

metal-eyes: Donc la musique faisait partie de votre environnement familial ?

Gaël: Moi, non… J’ai découvert la musique avec le côté un peu plus mainstream, MTV, Marilyn Manson et ces trucs là. A l’époque il n’y avait pas encore internet. A l’époque, je trouvais ça cool à écouter, donc j’en écoutais beaucoup. Et un jour mon père me dit « tu connais ça ? » en me sortant un album de Black Sabbath, Paranoid, que j’ai suriné jusqu’à la mort. Il a ensuite continué à m’apporter des albums qu’il écoutait plus jeune, Sepultura et Master of puppets. Et c’est quand j’ai entendu l’intro de Battery que j’ai vraiment craqué…  Je ne sais pas comment l’expliquer, mais c’est ce qui m’a vraiment donné envie de faire de la guitare…

Mark: Mon père jouait de la guitare, mais il ne m’a pas initié à l’instrument. Il m’a laissé faire, pensant que si je voulais tester, j’irai. Pendant 6 mois, je lui ai répété que je voulais une batterie et un jour il m’a dit « OK, ça fait 6 mois que tu me serines avec ça » et il a craqué. Le déclencheur, c’était ce best of qu’il m’a enregistré sur cassette, Scorpions. La cassette était défoncée au milieu, mais j’écoutais Blackout tous les soirs. Ça rentre en toi…

Rémy: C’est à peu près pareil : il n’y a pas de musiciens dans la famille, mais beaucoup de musique, tout le temps.

Gaël: Et puis tu écoutes les mecs jouer, tu as 13 ans, tu ne vois même pas leurs têtes, tu les imagines, juste… T’as envie de faire pareil ! Quand on a eu internet, même si on avait deux images par minute, on pouvait enfin mettre un visage sur les musiciens que j’écoutais, et j’ai su pourquoi je voulais faire de la musique.

metal-eyes: Si vous deviez ne retenir qu’un seul titre de Dark amber pour définir ce qu’est Bullrun aujourd’hui, ce serait lequel et pourquoi ?

Mark: Moi, ce serait Dark amber, beaucoup à cause du refrain qui est très chantant et les chœurs qui inspirent le concert, qui crée l’ambiance. Si les gens devaient n’écouter qu’un titre, j’aimerai qu’ils se fassent une idée avec Dark amber

Rémy: Je dirais Dark amber, aussi. C’est un bon échantillon…

metal-eyes: Vous êtes frangins tous les deux ? C’est pas possible ! (rire général)

Gaël: J’ai rien à voir avec ces mecs là…

Rémy: C’est un bon échantillon qui définit bien l’album.

Gaël: Je vais être le mouton noir du groupe

Mark: C’est bien, c’est ton rôle !

Gaël : T’as vu ma gueule de toute façon ? J’ai beaucoup d’affection pour Burn, qui me rappelle beaucoup les années 70, avec des inspirations à la Kiss, sur God of thunder. Mais c’est vrai que si je devais représenter typiquement l’album, je choisirais, pour le coup, aussi Dark amber parce qu’elle typiquement ce qu’on veut représenter : elle est rapide, efficace et sans compromis.

metal-eyes: Quelle pourrait être la devise de Bullrun ?

Gaël: Euh… Toujours plus.

Rémy: Old school avec un gros son.

Mark: Brut épuré sans compromis.

metal-eyes: Pour terminer : quelle est la meilleure question qu’on vous ait posée aujourd’hui ? Ou la plus surprenante…

Mark: La thématique des paroles ?

Rémy: Oui, la thématique des paroles, c’était assez intéressant. Il y avait aussi où on se voit dans quelques années, et « qu’est-ce qu’il y aura sur prochain Ep », et c’est vrai que c’est intéressant parce qu’on fait la promo de celui-ci mais on est déjà en train d’écrire le prochain…

metal-eyes: Et ça prend du temps…

Gaël: Surtout quand on écrit 14 titres pour n’en garder que 6… Epurer, comme disait Mark. La question la plus intéressante ? Pour l’instant, le panel a été assez riche, j’ai été assez surpris. Mais c’est toujours difficile de retenir une chanson plus qu’une autre, en tout cas, pour ma part.

Rémy: La thématique, j’aime bien, parce que tu peux toujours y voir plein de sens en fonction de la personne qui pose la question ou qui a lu les paroles. C’est toujours intéressant à évoquer.

 

BLACK STONE CHERRY: Black to blues

Hard rock, USA (Mascot records, 2017)

Après avoir mystérieusement disparu des écrans radar (souvenez-vous l’annulation soudaine d’une partie de la tournée Kentucky, dont la date parisienne…) on a enfin des nouvelles des amis de Black Stone Cherry qui reviennent avec Black to blues, un Ep. Un simple Ep, composé, qui plus est, de reprises. Moitié Willie Dixon (Built for comfort, Hoochie coochie man et I want to be loved). Pourquoi des reprises? Pourquoi un Ep? Est-ce représentatif d’un état d’esprit du quatuor? Qui sait, mais ce n’est pas le principal. Ces 6 classiques du blues sont ici revisités à la sauce BSC, qui, tout en conservant l’essence même de chacune des chansons, gagnent en puissance, voire, merci la technologie moderne, en clarté. L’empreinte du quatuor est instantanément identifiable, et les chansons s’intègrent de fait parfaitement au répertoire déjà riche des gars du Kentucky. Si ce Ep est une mise en bouche, on attend maintenant l’album avec impatience. Et les 4 dates françaises prévues en janvier prochain!

DIRKSCHNEIDER: Back to the roots – Accepted

Heavy metal, Allemagne (AFM, 2017)

Opportuniste, le père Udo? Le retour en force et en forme d’Accept depuis une bonne dizaine d’années est-il à l’origine de ce Back to the roots – Accepted, double live de l’ex-chanteur du groupe qui ne reprend ici, sous son nom, que des classiques d’Accept période Udo Dirckschneider? Le gaillard, légendaire voix d’un groupe non moins légendaire, surfe sur cette vague et l’on ne saurait l’en blâmer. C’est donc sous son propre nom, Dirkschneider, que le vocaliste entraine son groupe en Tchécoslovaquie où cet album a été enregistré le 9 décembre 2016. Et vous voulez savoir? Même si l’on peut s’offusquer d’une telle bassesse (exploiter uniquement le catalogue légendaire d’Accept et mettre de côté certains brûlots de son catalogue personnel), eh bien le vocaliste et son groupe sont tellement en forme que le plaisir est réel. Une belle série de classiques nous est ici proposée et l’on se délectera des Starlight, Flash rockin man, Wrong is right, Son of a bitch, Burning, autant que des indémodables Fast as a shark, Princess of the night ou Metal heart. Ce disque propose également la version DVD, mise en images de ce concert. Les titres sont certes imparables, et les plans mettent en avant un groupe soudé, et non uniquement son chanteur star. La salle, une sorte de Zénith pleine comme un œuf, abrite un public multigénérationnel tout acquis. Le traditionnel mur de Marshalls est remplacé par un mur de lights, ce qui rend parfois la mise au point difficile (allez regarder Breaker et ses lights blanches stroboscopiques). Si l’on peut regretter l’absence totale de bonus, ce double CD/DVD nous donne rapidement envie de retrouver Dirkschneider à Paris le 13 décembre prochain. Le concert annoncé comme Back to the roots part II semble dores et déjà prometteur. Alléchant, tout du moins!