MAGNUM: Lost on the road to eternity

Hard rock, Royaume-Uni (SPV, 2017)

Si le titre de ce nouvel album de Magnum se veut prémonitoire, son contenu pourrait bien transformer ce rêve en réalité. De bout en bout, en effet, ce Lost on the road to eternity, enthousiasme, entraine ou/et émerveille l’auditeur. Les mélodies sont simplement toutes d’une simplicité et d’une efficacité à nulle autre pareille, avec des airs immédiats, des mélodies et des refrains qu’on s’amuse à siffloter en choeur sans prendre le temps de se demander ce qu’il se passe. La légèreté de l’ensemble confirme tout le talent de ce groupe qui, tout en restant fidèle à ses origines, taille de véritables hits en puissance. C’est que depuis sa création en 1972, Magnum en a vu et vécu des choses… De Preachers and cream – très réaliste – à King of the wold – très optimiste et positif – chacune des 11 chansons de ce disque fait mouche. A une époque où la violence est à chaque coin de rue, Lost on the road to eternity choisit le chemin de la bienveillance, tant dans ses constructions musicales que dans ses propos. Une totale réussite qui s’adresse à tous les amateurs de belles mélodies.
A noter : SPV propose une version de l’album agrémentée d’un CD bonus contenant 4 titres live enregistrés en 2017. Certes, c’est court mais en attendant un nouveau live intégral, on s’en contentera!

Hommage à Fast Eddie CLARKE

Fast Eddie, le guitariste avec lequel Motörhead est devenu une légende est décédé dans la nuit du 10 janvier 2018 des suites d’une pneumonie. Après Philthy Animal Taylor (décédé le 11 novembre 2015) et Lemmy (le 28 décembre 2015), c’est le dernier membre du Motörhead légendaire qui disparaît. Cet article est mon hommage à ce guitariste d’exception, ainsi qu’au groupe que fut ce Motörhead, bviereux et dangereux au possible. 

Source: internet

Motörhead est à la musique ce que son fondateur était à la médecine : une énigme. En quatre décennies d’existence, Motörhead a connu tant de revers, de trahisons, de coups bas, d’incompréhension, de changements de line-up, s’est retrouvé à la rue on ne sait combien de fois… que le groupe aurait dû, s’il y avait une réelle logique aux choses, disparaître depuis bien longtemps. La vie en a décidé autrement.

1975. Ian Fraser Kilminster, alias Lemmy, retrouve sa terre natale anglaise après s’être fait éjecter de Hawkwind pour possession de drogues (« des mauvaises drogues », dira-t-il plus tard) lors d’un contrôle douanier à la frontière canadienne. Il en faut plus pour démotiver l’ancien roadie de Jimi Hendrix qui décide de monter son propre groupe, qu’il souhaite d’abord appeler Bastards. Mais un management avisé le persuade qu’avec un tel patronyme, Lemmy ne passera jamais à Top Of The Pops. Le bassiste/chanteur choisi alors le nom de la dernière chanson qu’il a écrite pour Hawkwind Motörhead. Le groupe est alors composé, outre son fondateur, du guitariste Larry Wallis et du batteur Lucas Fox, le trio étant managé Dave Edmunds.

Ce dernier s’attèle à la promotion de son nouveau poulain et parvient à faire entrer Motörhead dans l’écurie de United Artists. Le trio entre alors en studio pour enregistrer son premier album qui ne satisfait pas le label, United décidant de ne pas commercialiser On Parole. La carrière de Motörhead commence mal, d’autant plus que Lucas Fox se fait virer pendant les sessions d’enregistrement et se voit remplacé par Phil Taylor, bientôt surnommé « Philthy Animal » Taylor.

Le groupe répète intensément et Lemmy pense qu’un second guitariste est nécessaire. Eddie Clarke – ou Fast Eddie, né 5 octobre 1950 à Twickenham – entre en scène en 1976 au grand dam de Larry Wallis qui décide de retrouver sa liberté. L’efficacité du dernier arrivé est telle que Motörhead demeurera un trio.

En 1977, les choses n’avancent pas. Alors que le trio est au bord de l’implosion à cause du manque évident de succès de leur entreprise, les musiciens profitent de deux journées dans un studio pour jeter les bases de onze morceaux qui tous se trouveront sur le premier album officiel de Motörhead que le label Chiswick commercialise au mois de septembre. Illustré par un certain Joe Pentagno qui crée War-Pig, le célèbre monstre qui suivra à jamais Motörhead, ce premier album démontre simplement que la rage est là, teintée de ce Blues dont jamais Lemmy ne se départira. Le public est sous le choc de la puissance de l’ensemble. Comment un trio peut-il atteindre ce niveau de violence ? Sous le choc aussi de cette voix née de la rencontre d’une râpe à fromage et de papier de verre. Le résultat, c’est la vigueur de Motörhead, le blues de la reprise Train kept a rollin, le prémonitoire White line fever ou Iron horse/Born to lose. L’album atteint bientôt la 43ème place des charts, pourtant Motörhead décide de mettre un terme à sa collaboration avec Chiswick .

L’arrivée de Douglas Smith comme manager de Motörhead en 1978 marque un véritable tournant dans la carrière du groupe qui se professionnalise vraiment. La première tâche à laquelle s’attelle Smith est simple : trouver un foyer pour son groupe. Motörhead signe alors avec le label Bronze, entame une tournée anglaise de 18 dates, et savoure un premier passage à Top Of The Pops. Puis il est temps de proposer du concret aux fans. Le trio retourne en studio alors que le monde vit sous le joug du punk depuis bientôt deux ans. Mais la brutalité et la spontanéité de Motörhead parvient, comme l’a démontré la tournée, à réunir tout type de public, du simple hardos qui commence à ressortir au skinhead en passant par le punk ou le mod’s. Des jeunes à la recherche de virilité et de décibels.

Overkill parait en mars 1979. Le choc est réel. Dès l’introduction à la double grosse caisse du morceau éponyme, le public et les médias savent que le Rock est en train de vivre un grand moment. Sale, violent, puant la transpiration, la bière tiède et les cendres froides, Overkill , grâce à une collection d’hymnes intemporels (Stay cleanI’ll be your sisterNo classTear ya downMetropolisCapricorn…) permet à Motörhead d’élargir son public à travers l’Europe. Soutenu par deux singles, l’album monte à la 24ème place des charts. Bronze se frotte les mains. A peine Motörhead a-t-il le temps de souffler que le label renvoie les musiciens en studio au mois de juillet. Il faut battre le fer tant qu’il est chaud…

Dès le mois d’octobre, le public retrouve le nouveau groupe le plus dangereux du monde grâce à Bomber qui grimpe à la 12ème place. Oui, trois petits mois auront suffit pour concevoir cet album, qui malgré son succès et malgré la puissance de morceaux comme Dead man tell no tales ou l’éponyme Bomber semble très légèrement moins inspiré que son prédécesseur. Si l’esprit rock direct est partout présent, si Motörhead cherche un peu à se renouveler, une certaine lassitude semble s’installer. Cela transparait avec Lawman ou l’inquiétant Sweet revenge, titres lents et lourds mais joués sans réelle conviction. Pourtant, le succès commence à attiser les convoitises… Rappelez-vous : United Artists avait refusé de sortir On parole en 1976. Trois ans plus tard, le label n’hésite pas à le faire.

Motörhead n’a pas le temps de s’inquiéter de l’accueil reçu par Bomber ; déjà le trio part en tournée pour conquérir le continent en compagnie de Saxon (onze dates en Hollande, Allemagne et France) tandis que le Royaume-Uni commence à céder aux coups de boutoirs de ce phénomène que l’on nommera bientôt la New Wave Of British Heavy Metal. Nous sommes en 1980 et le monde du Rock connait une nouvelle mutation. Motörhead en tirera largement profit, comme le démontre l’énorme succès rencontré par Ace Of Spades qui parait en novembre. Cette fois, point de faiblesse. Motörhead signe l’album parfait de Rock sur lequel rien n’est à jeter… Produit par Vic Maile, rendant hommage aux hommes de l’ombre (We Are The Road Crew), parlant des plaisirs de la vie (Ace Of SpadesThe Chase Is Better Than The CatchLove Me Like A Reptile…) Ace Of Spades est bientôt certifié disque d’or, et entre dans le cercle fermé des indispensables classiques du genre.

Motörhead repart sur les routes. Sillonnant sa terre natale, le trio enregistre ici et là ce qui deviendra son premier album live. Mais avant, Lemmy and Co. s’offrent un petit plaisir et enregistrent un maxi single de trois titres avec les nouvelles copines de GirlschoolSt Valentine’s day massacre est propulsé n°5, confirmant le capital sympathie acquis par le trio. Tout va pour le mieux, et avant de s’envoler pour le nouveau continent (vaste territoire qui reste encore à conquérir, les disques de Motörhead n’y étant pas distribués) afin d’ouvrir pour Ozzy Osbourne, Motörhead savoure le plaisir des sommets du podium. No sleep ‘til hammersmith est le parfait témoignage de l’efficacité dévastatrice de Motörhead face à son public au début des années 80. Enregistrés sur plusieurs dates au cours de sa dernière tournée en date, les 11 morceaux figurant sur cet album démontrent que Motörhead n’a pas usurpé son titre de groupe le plus dangereux du monde. Et ce groupe se hisse à la première place des charts ! Plutôt bien pour une formation qui était au bord de l’implosion quatre petites années auparavant, non ?

Un tel succès ne se mérite qu’à force de travail et d’implication. La tournée ne s’est pas passée sans heurts, Eddie et Phithy se battant régulièrement. Lorsque sonne de nouveau l’heure d’enregistrer, il y a de réelles tensions au sein du groupe qui décide de produire lui-même son futur album. Fast Eddie est donc en charge de donner forme au son de Iron fist. Le guitariste verra plus tard dans ce choix l’existence d’un piège destiné à trouver une raison pour le remplacer. Car, oui, Iron fist ne satisfait pas autant les fans lors de sa sortie en avril 1982. Sans être désastreux, les retours sont mitigés. Certes, des morceaux comme Iron fistLoser ou (Don’t need) Religion sont du pur Motörhead . Mais l’ensemble pêche par manque de dynamisme sonore sans doute. Le 14 mai, Fast Eddie quitte Lemmyet Philthy, et part fonder, en compagnie de Pete Way (bassiste de UFOFastway.

Rapidement, les gaillards sont en désaccord, et le bassiste fonde son propre groupe, Waysted. Fast Eddie s’entoure d’une fine équipe et enregistre un premier album, un Fastway remarquable et remarqué et à l’opposé de Motörhead. L’album lorgne plus du côté des Led Zeppelin que de la brutalité lemmyesque. Malgré toutes ses qualités, et malgré le fait que Fastway vende plus que Motörhead ne l’a jamais fait jsuqu’alors aux USA, le disque ne parvient pas à devenir disque d’or: « seulement » 400.000 exemplaires sont vendus. Chiffre qui encourage le groupe à continuer.

C’est confiant que Fastway réintègre les studio afin d’y accoucher de l’excellent Waiting for the roar. Le groupe est en forme et cela se ressent sur chacun des morceaux de l’album qui peine cependant à séduire les acheteurs. Pas grave, c’est aussi ça le rock. Mais mal conseillé ou mal inspiré, Fastway va voir le public déserter par la suite à cause de choix aventureux et pas forcément judicieux.

IRON MAIDEN: L’antre de la bête

Biographie, Chris Welch  (Editions Hunning et Munning, 2017)

Chris Welch écrit comme il respire… Ce journaliste anglais est un enfant du rock comme il en reste peu. Né en 1941, il était ado au moment de la naissance de ce courant musical et en a suivi les évolutions à travers le temps. Devenu journaliste, il travaille pour l’incontournable Melody maker et collabore à divers magazines, à différents postes dont celui d’éditeur du Metal Hammer anglais, tout en collaborant à d’autres magazines de référence, du jazz au metal. Lire la suite

BROKEN WITT REBELS

Rock sudiste, Royaume-Uni (Snakefarm, 2017)

Allez, on va faire un joli package de rock sudiste moderne… Au regard du nombre de sorties récemment proposées, on pourrait monter un festival « Spinefarm/Snakefarm »! Attention à ne pas faire une overdose. Heureusement, Broken Witt Rebels, nouveau venu sur la scène southern rock, varie les plaisirs, piochant autant chez les indispensables Lynyrd Skynyrd, Blackfoot ou Molly Hatchet que dans le rock énervé des 60’s époque Woodstock, que dans le blues ou la soul pur jus. On pourrait même croire à un clin d’œil à Joe Satriani sur les premières notes de Guns, qui devient pourtant rapidement plus rock pop. Cette variété assumée – qui provient sans doute des origines britanniques du groupe – enrichi ce premier album au chant embué (ah cette voix ravagée par la clope et le mauvais whisky!), aux guitares enlevées, simples et sans fioritures, aux rythmes d’une redoutable efficacité. Si la ballade Getaway man est plus traditionnelle, on admire le groove des Loose change, Georgia pine, Breathless… La surprise nous attend aussi avec ce Wait for you inspiré que ne renierait sans doute pas Coldplay, en énervé… Snakefarm se fait décidément, semble-t-il, un devoir de nous trouver des groupes qui jouent avec leur tripes, à l’ancienne et sans prise de tête…

MOTÖRHEAD: Under cöver

Hard Rock, Royaume-Uni (Motörhead music, 2017)

Bien, sûr, naturellement… Après la disparition de Lemmy, on pouvait s’attendre à ce que le nom de Motörhead ne soit pas oublié. Après un bien bel album live paru l’an dernier, le trio est de retour avec Under cöver, déjà en bacs. Mais, plutôt que de ressortir de vieilles bandes, démos, lives et raretés (auxquelles nous auront droit, évidemment), les survivants Mikkey Dee et Phil Campbell ont choisi l’option « on publie nos covers ». Celles que cette formation a enregistrées au cours des ans. Si l’on avait déjà pu écouter la reprise de Sympathy for the devil (The Rolling Stones) sur Bad magic, on a ici droit à 11 classiques, du rock au metal. Twisted sister, Stones, Judas Priest, Sex Pistols, Metallica, le panel est vaste, allant du rock au thrash. Et quelle plaisir – surprise, aussi – d’entendre Lemmy en lieu et place de Rob Halford, chanter Breaking the law… Ca apporte une autre rugosité à ce titre. Que penser de Whiplash, ultra speedé? Deux grosses surprises sont également à noter: la première, dont on parle beaucoup dans les milieux pas seulement autorisés, c’est cette version enlevée du Heroes de David Bowie. La seconde, c’est le chant sur Starstruck (Rainbow): un duo? Non… Malade, Lemmy n’a pu enregistrer le chant et c’est le fidèle ami Biff Byford (Saxon) qui s’en charge. Vous l’aurez compris, ce Under cöver est une belle et agréable surprise, un objet qu’on attendait pas forcément mais qui fait vraiment du bien. Motörhead not dead!

SHRAPNEL: Raised on decay

Thrash – Death melodique, Royaume Uni (Candlelight/Spinefarm records, 2017)

Je m’adresse ici, avec la plus grande bienveillance qui soit, aux amateurs de hard FM, fans de hair metal, de Bon Jovi à Ratt, en passant par Poison ou Warrant: FOUTEZ-MOI LE CAMP!!! Quand un groupe s’appelle Shrapnel, il y a guère d’espoirs de l’écouter conter fleurette… C’est tranchant, explosif et dans ta face de bout en bout. Demandez donc à Tony Stark ce qu’il en pense… Sur les 11 titres ici proposés, pas un ne cherche à lever le pied ni ralentir la cadence. On reconnait volontiers les influences des Anglais, certaines évidentes telle Slayer, Exodus, Testament, mais aussi Nuclear Assault, The Haunted, sans parler du death dans sa globalité…. Si ça ne vous évoque rien, ben, tant pis. Mais si ça vous parle, vous aurez compris qu’on évoque ici du thrash pur jus, agressif et sans concession. Le chant presque black est inquiétant, les guitares aussi explosive qu’en recherche de riff mélodique et la rythmique… Sans doute est-ce le point faible tant la double est omni présente. Les amateurs de sensations fortes apprécieront sans aucun doute, les autres prendront soit une bonne décharge d’adrénaline soit la porte. Reste qu’on ne ressort pas l’expérience indemne!

Interview: DRAGONFORCE

Entretien DragonForce. Rencontre avec Frédéric Leclercq (basse). Propos recueillis à Paris le 4 avril 2017

Metal-Eyes : Revenons un peu en arrière, au mois de juin dernier. Si je me souviens bien, tu fêtais ton anniversaire lors du passage de DragonForce au Hellfest et tu as invité le public à venir boire des bières avec toi. Tu as fini dans quel état ?

Frédéric Leclercq : En fait, je ne suis pas ressorti… On a juste fait une séance de dédicaces, les gens m’apportaient des bières, j’avais déjà commencé avec d’autres choses dans les loges et je n’étais pas super clair. En fait, pendant trois jours, on n’a pas été très clairs avec ma copine. Et on est reparti, on a continué… C’est un peu traditionnel : on fête ça là bas, et ensuite on continue sur Paris. Là, on est allés au resto, on s’est fait, je crois, une raclette…

Metal-Eyes : En plein été, pas mal !

Frédéric Leclercq : Ah, j’avais envie d’une raclette, c’est mon anniversaire, je fais ce que je veux ! C’était bien lourd, bien comme il faut. Je ne suis jamais très clair quand je suis au Hellfest !

Metal-Eyes : Parlons de votre album. Je n’ai pas encore écouté une seule note de ce  disque…

Frédéric Leclercq : C’est dommage…

Metal-Eyes : C’est dommage, mais ça va venir. En revanche, ça va te donner l’occcasion de jouer le VRP pour DragonForce et de m’expliquer ce qui fait qu’en sortant d’ici, dès la sortie de l’album j’irai l’acheter.

Frédéric Leclercq : Alors, pourquoi ? Pourquoi vas-tu l’acheter ? Euh… C’est pas évident, je ne vais pas te forcer la main…

Metal-Eyes : Donne moi envie, c’est tout !

Frédéric Leclercq : ouais… il est bien, j’ai tout composé ! J’ai composé les ¾ de l’album. Il y a 11 morceaux sur la version normale, et j’en ai composé 8 et 1 en partenariat avec Sam. Du coup, j’ai un peu cassé le moule de DragonForce, là où avant c’était tout le temps des morceaux rapides de A à Z. J’ai fait un peu ce que je voulais et comme je ne suis pas fan de power metal à la base, je suis plus allé chercher dans le metal traditionnel, le thrash ou le death, et du coup, avec la personnalité forte des autres musiciens, ça reste du DragonForce. C’est ce qui est bien : on a réussi à faire quelque chose d’homogène, sans que ça parte dans tout les sens. C’est homogène, tout en étant plus varié qu’avant, et honnête au niveau la démarche. Je me suis fait plaisir, aussi, avec telle partie qui me rappelle Fear of the dark, telle autre m’évoque un morceau d’Annihilator… J’ai écrit un long morceau, Edge of the world, qui est pour moi une sorte de condensé, comme Seventh Son, ou des morceaux de Cradle ou My Dying Bride… J’ai réussi à amené ça au sein du groupe. Ce morceau commence et se termine par une intro et une outro acoustique, un peu comme l’album Seventh son. Je suis allé chercher dans mes premiers amours du style, du metal pour remettre ça dans un album avec la production actuelle et les musiciens de DragonForce. Je pense que le résultat est vraiment bien donc achète le s’il te plait ! (rires)

Metal-Eyes : Il s’est écoulé trois ans entre vos deux derniers albums, un peu plus que d’habitude. Tu viens de donner une partie de l’explication – une nouvelle façon de composer – mais y a-t-il eu autre chose, un coup de flemme, un manque d’inspiration ?

Frédéric Leclercq : Non, non. On est partis en tournée assez longtemps pour l’autre album, on a sorti le best-of…

Metal-Eyes : … et le live.

Frédéric Leclercq : Et le live. Tout ça dure assez longtemps. Tu tournes, tu rajoutes des concerts, il faut trouver le temps que le producteur soit disponible, aussi, ce n’est pas que nous. Après il y a tout un processus de promo qui doit se mettre en place avant la sortie de l’album… En ce qui me concerne, l’inspiration est venue assez facilement, même si c’était à une période où j’étais assez occupé puisque j’ai mon autre groupe, Sinsaenum, je tourne avec Loudblast en ce moment, ensuite il y a un tribute à Massacra, je travaille sur un autre album de Sinsaenum… J’ai plein de musique en tête, mais là, il nous fallait simplement un peu de temps entre Maximum overload et Reaching into infinty, qui a été composé en 2015, enregistré en 2016 et qui sort là, en 2017. On a été plutôt vite, en fait.

Metal-Eyes : L’évolution dont tu parlais et dont tu es en grande partie responsable a été, j’imagine, sujet de discussions avec les autres membres du groupe, mais comment ça a été accepté par votre label ?

Frédéric Leclercq : Ils n’ont aucun regard sur la musique. On n’a jamais eu de remarque d’un label ou d’un autre concernant nos choix artistiques, et c’est établi dès le départ : « on fait notre musique, foutez-nous la paix et occupez vous de votre métier ! » On a notre propre maison de disque et on travaille en licence avec Metal Blade aux Etats-unis, E.a.r. music en Europe, et ils ont tous apprécié l’album précédent sur lequel j’avais commencé à tout co-composer avec Sam. On commençait déjà à prendre la direction actuelle. Maximum overload a reçu un excellent accueil public et critique, du coup ils étaient content et je crois qu’ils le sont encore. Je n’ai pas discuté avec eux des morceaux, ils ne m’ont pas dit s’ils aiment ou pas… Mais ça ne m’intéresse pas trop de savoir ce qu’ils en pensent. Eux, ils faut qu’ils fassent leur travail de presse, qu’ils défendent l’album… Leur boulot c’est ça, même s’ils n’aiment pas. Ce n’est pas à eux de nous dire qu’on aurait dû faire ça différemment. Je leur poserais la question quand même.

Metal-Eyes : Tu disais avoir composé la majeure partie des morceaux…

Frédéric Leclercq : Et Sam a composé le reste, oui.

Metal-Eyes : Quel est le rôle des autres dans la conception de l’album ?

Frédéric Leclercq : Au niveau de la musique, je compose tout de A à Z puisque je joue de divers instruments. En enregistrement, je joue aussi la guitare rythmique parce que je sais ce que je veux et que ça va prendre plus de temps… La batterie, je la programme, pour le clavier, j’ai quelques idées, mais chacun apporte sa touche. Pour les solo, pareil, j’ai des idées mais… je note « solo, là » et démerdes-toi ! Pour les paroles, j’ai quelques idées et on les peaufine avec Marc, le chanteur ; on commence toujours par la musique, j’ai les bases, définies le plus près possible du résultat final, et chacun apporte sa touche.  Quand il s’agit de musique, j’aime quand c’est travaillé. Mais il ne faut pas être buté non plus, c’est pour ça que c’est bien de travailler avec un producteur : c’est lui qui te dit quand on coupe, quand ça passe pas. Edge of the world, qui dure 11’, était plus long à la base, et notre producteur nous a fait comprendre que cette partie n’apportait rien, n’avait pas lieu d’être. J’accepte aussi la critique quand elle est constructive.

Metal-Eyes : Tu parlais de ce que tu a ajouté à cet album, un peu moins de vitesse pour de la vitesse, plus de mélodie, mais comment, en dehors de ça, comment décrirais-tu l’évolution entre vos deux derniers albums ?

Frédéric Leclercq : Entre Maximum overload et Reaching into infinity ? C’est un peu ça, un passage à mes influences et celles de Sam, un peu dans une écriture à 4 mains – ou à 2 mains – 2 personnes qui co-écrivent. L’évolution est surtout dans le fait que j’ai eu quartier libre. Ça reste du DragonForce à l’ancienne, mais avec encore plus d’éléments nouveaux. L’ancien apparait sporadiquement, principalement dans les morceaux que Sam à composés, du coup, c’est rafraichissant, parce que là où c’était tout le temps comme ça, maintenant, il n’y en a que deux, de ces titres rapides.

Metal-Eyes : Donc DragonForce est un groupe qui continue d’évoluer même s’il reste dans un certain carcan que l’on reconnait.

Frédéric Leclercq : Oui, on reconnait bien. Mais je pense qu’il est important de tester de nouvelles choses et d’explorer de nouveaux horizons. Pour nous, parce que c’est important de se faire plaisir, même si on reviendra peut-être à ce que l’on faisait avant… Des morceaux rapides de 5’, on l’a fait sur tous les albums, on n’a plus rien à prouver aux gens à ce sujet. C’est plus intéressant pour nous d’apporter du prog, du death… Et le chant a évolué aussi. Avant, Marc chantait, mais n’interprétait pas forcément. Tu sais, à la Dickinson sur 22 Accacia avenue, quand il chante « madness, sadness », il le vit, et je voulais que Marc interprète vraiment. Avant, ce n’était pas possible tellement c’était rapide. Ça ferait schizo… (rires) Il n’y avait pas la place pour ça. Maintenant, on a ralentit le tempo sur certains morceaux, et le faire vivre les paroles, ou le faire chanter un peu plus thrash, ou encore une partie totalement death. Sa palette de voix s’est vraiment ouverte, et je pense que pour les fans c’est une bonne surprise. Tu vois, là je te le vends bien l’album (rires) !

Metal-Eyes : Justement, si tu devais ne retenir qu’un seul titre de Reaching into infinity pour expliquer ce qu’est DragonForce aujourd’hui, quell serait-il?

Frédéric Leclercq (il réfléchit longuement): Le réduire au long morceau qui est atypique, ce serait prendre un risqué, parce qu’on n’est pas que ça… Peut-être, c’est un morceau qui me tient à cœur… C’est pas évident… Peut être Curse of darkness, mais ça montre un seul côté du groupe. Je pourrais t’en citer plusieurs, mais un seul, c’est difficile, parce qu’ils ont chacun leurs particularités, quelque chose qu’on avait déjà développé sur l’album précédent. Des côtés très mélodiques qu’on avait développé pour le Japon, Astral empire c’est bien, j’y ai mis un passage à la Annihilator (avec l’accent) – maintenant je vais tout faire avec l’accent (rires) – mais ça ne se résume pas qu’à ça… Je pourrais te citer un des morceaux de Sam, mais il n’y en a plus tellement des comme ça. Par contre, les morceaux que j’ai composés, c’est pas évident de n’en sortir qu’un seul.

Metal-Eyes : Quel est le plus surprenant comportement de fan dont tu ais été témoin à ton encontre ou à celle du groupe ?

Frédéric Leclercq : Il y a une fille qui avait raconté que le chanteur l’avait violée. Elle nous envoyait des lettres, puis, après, des emails, et elle était clairement timbrée, le chanteur ne lui avait rien fait mais elle était persuadée de ça. C’était aux Etats-Unis, elle nous envoyait des lettres. On arrivait aux salles de concerts et on nous disait « tenez, vous avez une lettre de XXX ». On était un peu surpris, on se demandait ce qu’elle avait mis dedans. Après, on n’en a plus entendu parler mais on a su qu’elle était dans un asile en Angleterre, soi-disant, et elle disait « sortez-moi de là ! Je n’ai accès à mes emails que… ils m’ont tout pris, mon argent, je suis bloquée là… » C’était flippant. Je n’y pense plus trop maintenant, mais à l’époque, je me souviens qu’on se demandait si on avait eu des nouvelle de, comment elle s’appelait ? Nadia ! On jouait et on repérait quelqu’un dans le public « putain, t’as vu, on dirait que c’est elle ! » Donc, ça c’était assez bizarre. Bizarre et pas rassurant pour le coup. A part ça, le reste du temps, les gens sont gentils, il y en a qui veulent qu’on leur signe leur cul ou leurs couilles, c’est déjà arrivé, pas à moi, en règle générale, c’est Sam qui signe des trucs comme ça. Il demande, je crois. Des gens qui se marient sur scène, mais ça a déjà été fait avec d’autres groupes, donc c’est pas très original. Des Japonaises qui te suivent partout en ville, qui restent derrière toi. Je me souviens, il y a quelques années, deux Japonaises, des fans, m’ont demandé si elles pouvaient venir avec moi. Oui. Mais je pensais qu’elles allaient m’accompagner, à côté, être avec moi et me montrer. Je connais bien Tokyo mais pas si bien, avec des Japonais, c’est toujours plus intéressant. Mais elles restaient 3m derrière. Je m’arrêtais, je me retournais et elles s’arrêtaient. Jacadi, tu vois (rires). C’est bizarre, mais c’est le Japon.

Metal-Eyes : Et qunad ils te reconnaissent dans la rue, ils te disent quoi ?

Frédéric Leclercq : C’est toujours la même chose : ils veulent discuter un peu, que je signe un truc. Il y en a qui me lancent des bonbons, d’autres qui veulent faire une blague. Des fois c’est drôle, d’autres fois, c’est pas drôle… Si, une fois, il y en a un, c’était pas un fan, c’est un pote qui me l’a présenté, « voilà, c’est Fred de DragonForce… Ah ouais, DragonForce, j’aime pas, c’est de la merde ce que tu fais ». Ce jour là, c’est pas passé, alors qu’en général, je suis quelqu’un de calme. Je lui demandé « tu fais quoi comme métier ? » Il était, je sais plus, contrôleur des impots ou un truc comme ça. Je lui ai dit « tu vois, je vais pas te dire que ton métier c’est de la merde alors que c’est vraiment ce que je pense. Mais c’est vraiment impoli, ce que tu fais, on ne se connait pas, tu te pointe et tu te permets de critiquer quelque chose alors que ça ne m’interesse pas avec ta petite vie… » j’étais vraiment en colère, au point que le mec s’est excusé. Après on a bu des coups mais ce qui m’énerve c’est que les gens viennent te voir parce que ce que tu fais est d’ordre public et ils se permettent de t’insulter. Jamais je n’irais voir un barman, par exemple, et lui dire « bonjour, juste pour vous dire que votre métier il est vraiment à chier ! ». J’avais trouvé ça très con.

Metal-Eyes : Une dernière chose : quelle est la meilleure question qu’on t’a posée aujourd’hui ? A part savoir ce que tu veux pour le déjeuner…

Frédéric Leclercq : Aujourd’hui ? Ah, c’est Christian Lamet qui m’a demandé ce que je ferai si je devais faire une compilation de reprises. Parce qu’il sait que j’écoute beaucoup de chanson française. Ça m’a permis de m’évader du metal et de parler d’Alain Chanfort, et d’autres. Même si je fais beaucoup de metal, finalement, quand je rentre chez moi, j’aime écouter d’autres choses. J’ai toujours ma base, bien sûr, et ce qui se fait aujourd’hui ne m’intéresse absolument pas. Je trouve que la scène actuelle est une resucée de tout ce qui se faisait avant, et j’ai vraiment plaisir à écouter du Chanfort. Les gens s’arrêtent à Manureva, mais il a fait au débt des années 80 une paire d’albums vraiment bien et j’écoute ça pour varier les plaisirs. J’aime pouvoir parler de ça, et j’aimerais que le metalleux ne soient pas fermés comme beaucoup de gens que je connais encore et qui sont comme ça. Surtout les jeunes, ça change un peu en grandissant. Les gens qui vont au 70.000 tons of metal, la croisière metal, c’est du metal tout le temps. Pour eux c’est génial parce qu’ils ne font ça que3 jours dans l’année, mais pour moi, c’est tous les jours. Je pète un plomb, donc je m’évade. Voilà c’est le mot de la fin : écoutez Alain Chanfort !

 

DRAGONFORCE: Reaching into infinity

Power metal, Royaume-Uni (e.a.r. music, 2017)

Presque trois années séparent Maximum overload et Reaching into infinity, le tout nouvel album du « groupe le plus rapide du monde », les néanmoins joyeux DragonForce. Bien sûr, un album live est paru en 2015 (In the line of fire…larger than live), et le groupe a bien tourné. Mais ça reste toujours un plaisir que de découvrir les nouvelles œuvres speedées et vivante des Anglais (et Français, avec son bassiste Frédéric Leclercq dont vous découvrirez bientôt l’interview). Bien sûr, on ne se refait pas, et la vitesse d’exécution est toujours d’actualité même si l’on sent que le groupe vise une plus grande diversité. Etre rapide, chaque musicien a prouvé qu’il l’était, mélodique et technique, aussi, donc aucun intérêt de s’épancher sur ces aspects, toujours (quasi) omni présents. en revanche, DragonForce cherche plus de variété dans son propos qui évoque souvent la joie de vivre, le fun, Helloween et consorts. le groupe aborde aussi, remarquons le, des thèmes bien plus graves (le sombre et vindicatif WAR! – tout en majuscules pour accentuer l’impact de la chanson). L’ensemble est cependant entraînant, joyeux et rentre dedans, Marc Hudson ayant, en plus, parfaitement trouvé sa place avec ce troisième album en tant que vocaliste. Vivement la scène!

Note: 8,5/10

THUNDER live à Paris (La Maroquinerie le 25 avril 2017)

Etrange soirée… depuis son retour discographique avec un doublé plus que réussi (Wonder days et le récent Rip it up) Thunder ne joue « que » à la Maroquinerie, une salle certes sympathique et chaleureuse mais, à mon goût, trop petite pour une formation de cette envergure. Mais bon, Thunder et la France, c’est compliqué, contrairement à son Angleterre natale. Alors que la salle annonce l’ouverture des portes à 19h, personne ne sait encore qui sera la première partie. Puis, Facebook annonce l’ouverture à 19h30. C’est un tout petit peu après que le public investit la salle souterraine pour y découvrir la batterie de Harry james, flanquée du dessin de couverture de Rip It Up. Bon, pas de première partie semble-t-il… 20h30, effectivement, le batteur prend place derrièrer son kit, Chris Childs (basse) et Ben Matthews (guitare, claviers) s’installent sur scène avant que n’arrivent Luke Morley et Danny Bowles (guitare et chant), les deux meneurs incontestables du gang.

Logiquement, Thunder tire sa première salve avec No one gets out of here alive, le titre introductif de son dernier album qui fait bouger le public avec une belle efficacité. La salle n’est certes pas complète mais est emplie de fans et amateurs de rock simple et direct, celui que propose Thunder depuis ses débuts en 1989. D’ailleurs, son premier album, Backstreet symphony, 1990) est largement plébiscité avec pas moins de 5 extraits : Backstreet symphony sur lequel Danny fait chanter le public, une première de nombreuses participations, Higher ground avec une ambiance de feu, Don’t wait for me, Love walked in et l’indispensable Dirty love. C’est dire l’impact, et l’importance, de ce disque bientôt quarantenaire qui n’a pas pris une ride ou presque!

Bien sûr, le dernier album est largement représenté avec également 5 titres (No one, déjà cité, Enemy inside, Right from the start, In another life et Rip it up), presque autant que Wonder days (Resurrection day, The thing I want, Wonder days et Serpentine). Les quelque 300 spectateurs présents en profitent jusqu’au bout, chose aisée pour un concert qui se termine avant 22h15 mais après un Dirty love et un Danny très taquin.

 

En alternant titres foncièrement rock et ballades (un peu trop, peut-être?), Thunder nous a offert un concert simple – la configuration de la salle ne prête pas aux excentricités – mais particulièrement chaleureux et familial. Une très belle soirée, en somme.

Merci à Veryshow d’avoir rendu ce report possible.

ANCIENT ASCENDANT: Raise the torch

Black/Death mélodique, Royaume Uni (Spinefarm, 2017)

Passez outre vos a priori, Ancient Ascendant a de quoi vous en convaincre! présenté comme un groupe puisant son inspiration au coeur du death et du black metal avait tout pour ne pas trouver sa place ici. Mais, grâce à un e saine curiosité, ce Raise the torch trouve son chemin vers la platine. Et… Après une intro aux sonorités religieuses et sacrées, Our way envoie ses riff forgés dans le plus pur metal, celui des Judas Priest et Metallica. Oui, mais… arrivent rapidement les growls typiques du death et les hurlements du black qui peuvent effrayer. D’autres ont cependant déjà démontrer pouvoir allier ces styles a priori incompatibles avec brio. Les guitares sont ici claires, les riffs acérés, la section rythmique se révèle très efficace. Si, vocalement, Ancient Ascendant s’adresse à un public plus réceptif que moi, musicalement, les Anglais réussissent leur pari et passent franchissent, avec ce troisième album, un nouveau cap.   Un album déterminé, brutal et mélodique à la fois.