HUMAN ZOO: Echoes beyond

Hard rock, Allemagne (Fastball music, 2024)

Il en faut de la patience ! Les fans auront dû attendre pas moins de huit longues années pour que les Allemands de Human Zoo donnent un successeur à My own god. En même temps, le groupe de hard mélodique nous y a habitués depuis son second album… Le voici donc enfin, ce Echoes beyond tant attendu! Et on peut se rassurer dès les premières mesure du bien nommé (malgré un gentillet jeu de mots) Gun 4 a while qui démarre pied au plancher. Le chant puissant et très émotionnel de Thomas Seeburger évoque souvent un certain Andi Deris mais Human Zoo se distingue cependant de Helloween avec son heavy léché et soigné superbement mis en son. Toute la première moitié de l’album entraine l’auditeur dans des contrées sonores variées, le groupe proposant une palette de couleurs différentes, alliant rock, heavy, entrain et donne envie de reprendre les refrains de To the ground, Ghost in me ou Hello hello, et fait même frissonner avec la ballade, hommage à un père aimé et disparu, Daddy you’re a star. On ne leur fait pas l’article à ces anciens, les riffs concoctés par le guitariste Ingolf Engler plus que soutenus par une rythmique solide (le bassiste Ralf Grespan et le batteur Matthias Amann) et les claviers légers et discrets de Zarco Mestrovic. Ce qui fait également la différence avec d’autres groupes, c’est l’apport du saxophone de Boris Matakovic, pour des passages qui, souvent, évoquent un certain E Street Band (celui du Boss, Springsteen). Mais, voilà… un moment de faiblesse vient quelque peu casser le rythme de l’album avec deux titres moins marquants jusqu’au très westernien Waiting ’til the dawn qui refait taper du pied de bout en bout avec sa bottleneck. Ready to rock vient presque conclure ce disque avec une belle énergie retrouvée qui allie tous les ingrédients d’un bouquet final, l’album se terminant avec une version acoustique de Forget about the past. Malgré un moment moins inspiré, Echoes beyond regorge d’énergie positive, de petites trouvailles sonores et donne simplement envie de taper du pied. Un très joli retour!

DEAFCON 5: Exit to insight

Allemagne, Metal progressif (Fastball music, 2024)

Deafcon 5… En langage militaire, cela signifie que le monde est en paix, qu’il n’y a pas de mesure d’urgence. Sauf que celui qui nous concerne aujourd’hui s’écrit avec un A, transformant le « def » de « Defense » en « Deaf » qui signifie sourd. Sourds à la paix du monde les prog metalleux allemands? En tout cas, dès la pochette, on sait qu’on a à faire à des conteurs: le tracklisting au dos du CD apparait sous forme de narration. « Tout avait si bien commencé »… Exit to insight débute avec un Prologue, une explication de deux intervenants, un homme et une femme, avant que le propos musical ne débute sur les chapeaux de roue. La voix puissante et chaleureuse de Michael Gerstle entre dans le vif du sujet avec la guitare engagée et volontaire de Dennis Altmann qu’accompagnent les claviers aériens de Frank Feyerabend, tandis que Franck Schwaneberg et Sebastian Moschüring pose à la basse et à la batterie les fondements de cette architecture plus volontairement alambiquée que complexe. Car, en effet, si les musiciens sont parfaitement maitres de leurs instruments, et malgré la puissance de l’ensemble, il me semble que soit il manque une forme de liant à cet ensemble, soit il y a trop de tiroirs. On tape certes du pied, mais le passage régulier de temps puissants à moments plus légers me perd un peu. Oui, l’ensemble est bien fait, aussi personnel qu’inspiré par les grands du genre, mais je me retrouve, à mi parcours, au croisement des chemins, hésitants entre l’envie de continuer sans vraiment retenir un passage ou le désir de mettre sur pause pour mieux comprendre ce disque pourtant riche de trouvailles et plus que bien fait. Une forme d’opposition entre défense et surdité sans doute… En tout cas, Exit to insight est un album à découvrir au gré de plusieurs écoutes.

BOWMEN: Mission IV

Allemagne, Hard rock (Fastball music, 2024)

Des guitares qui fusent, un chant clair et joyeux, des mélodies entrainantes… Tout est ici réuni pour que l’amateur de hard rock classieux et classique fasse un bond en arrière tout en restant les pieds ancrés dans son époque. C’est la recette que nous proposent les Allemands de Bowmen sur leur quatrième album, Mission IV. La mélodie est au cœur du propos musical, travaillée par des guitares aussi tendres qu’acérées. Bowmen, ce sont de vieux briscards (Markus Escher au chant et à la guitare, Jan Wendel à la guitare, Stefan Pfaffinger à la basse et Christian Tilly Klaus à la batterie) qui savent parfaitement concocter des chansons qui font mouche, quelque part entre hard rock et AOR, en y ajoutant une légère touche énervée façon grunge. Le groupe propose ainsi des titres riffus et énergiques (Demons, Said or done, Brocken man), d’autres plus foncièrement hard rock US (Fight the tide), de la tendresse (Hold me now, en version heavy ballad et repris dans une superbe version acoustique qui colle des frissons en fin d’album, Memories), lorgne parfois du côté de certains Australiens – on pense à ce riff répétitif et hypnotique sur Palace of the king qui évoque Thunderstuck. Les influences sont totalement assimilées, Bowmen ne cherchant jamais à imiter qui que ce soit et créant son propre univers sonore, d’une très belle efficacité, à l’instar de ce Rocket man enlevé et son irrésistible basse ultra groovy qui vient faire s’agiter les pieds sur le dance floor à mi parcours ou qui distribue des baffes en-veux-tu-en-voilà avec Black angel. Bowmen démontre une fois encore, si cela devait être nécessaire, que l’Allemagne du heavy rock ne se limite pas aux grands anciens qu’il est ici inutile de nommer. Aller, on en remet une couche pour énergiser la journée!

BODYGUERRA: Invictus

Allemagne, Heavy Metal (Fastball music, 2023)

C’est au début des années 2010 que le guitariste allemand Guido Stoecker fonde Bodyguerra. La formation enregistre plusieurs albums, connait divers changement de line up avant de se stabiliser Bref, la vie « normale » d’un groupe. Outre lui, Bodyguerra est aujourd’hui composé de la chanteuse Ela Sturm et d’une section rythmique composée du bassiste Robert Brenner et du batteur Jason Steve Mageney. C’est ce line-up qui nous propose aujourd’hui le dernier album en date, Invictus. Et, franchement, à un « ‘détail » près, ce disque fleure bon le heavy des 80’s. Les onze titres sont l’oeuvre d’instrumentistes qui maitrisent leur art et savent où ils veulent aller. Ca sent bon le shred, les titres sont clairement fédérateurs, enjoués et entrainant. Mais… comment dire? Si on aime les voix de canards plus exagérées que Vince Neil, alors ça passe. Mais Ela Sturm me hérisse le poil. Son chant criard n’a, à mon goût, rien de séduisant et vient même entacher ces Blood and stones, Troublemaker, Confident woman ou autre Devil’s eye qui évoquent tout autant le Ritchie Blackmore de Deep Purple ou de Rainbow que son fils spirituel Yngwie Malmsteen, tout en lorgnant du côté – tiens donc – de Mötley Crue ou encore de Whitesnake, voire Iron Maiden (sans parler de la pochette qui m’évoque W.A.S.P…) Oui, musicalement, les morceaux sont superbement composés et il est difficile de les prendre en défaut. Mais cette voix en fait une petite farce. Dommage, vraiment…

THE GROUND SHAKER: Rogue asylum

Suisse, Metal (Fastball music, 2023)

The Ground Shaker aurait pu ne jamais donner un successeur à Down the hatch, son premier album paru en 2017. Comme tout le monde sur cette planète, les Suisses se sont retrouvés coincés et frustrés à la maison. Ils ont cependant su mettre le temps à profit pour composer et enregistrer ce second album, Rogue asylum – titre approprié! – qu’ils nous livrent aujourd’hui . Un album puissant dont chacune des 13 compositions est taillée pour les stades. De 88 strong as a lion à Day of sin, The Ground Shaker fait honneur à son nom. L’ensemble est puissant et entrainant, très inspiré de ce heavy US aussi roots que gras. Si le morceau d’ouverture est rentre dedans, la suite se fait variée et lorgne du côté des The Offspring autant que A7X ou même Alter Bridge, voire Blackstone Cherry. on n’est dès lors guère étonné de d’apprendre que Giro Reign (chant, guitares) a fait ses classes en Californie dont il a visiblement su s’imprégner de riffs, de mélodies et harmonies simple, efficaces, directs. Les accents parfois pop côtoient des passages hispaniques (Dragon in the sky) et d’autres plus guitaristiquement rugueux et hypnotiques (Ride on me), sans oublier le passage romantique et soft (Demons in my dream). Doté d’une production efficace et généreuse, Rogue asylum pourrait bien mettre The Ground Shaker sur les rails du succès. La voix chaleureuse de Giro, qui partage les guitares avec Dave Elgin, est parfaitement soutenue par une rythmique grasse et généreuse (la basse de Vortex Ram et la batterie puissante de Bat Ducora). Si The Ground Shaker parvient à trouver un écho à l’international – en commençant par l’Europe – il est plus que probable que nous tenons là un futur grand. A découvrir sans délai!

DIRTY VELVET: Far beyond the moon

Suisse, Doom (Fastball music, 2023)

Un œil qui semble à la fois saigner et regarder un univers qui ressemble à un écran de télé… C’est la pochette assez peu attirante que nous proposent les Suisses de Dirty Velvet pour illustrer leur premier album Far beyond the moon. Suisse? Krokus? Gotthard? Que nenni! Formé à Lausanne en 2019, le quatuor, après répétitions et quelques concerts à domicile, décide de se lancer dans l’aventure d’un album en fin 2022. C’est ce premier essai qui déboule aujourd’hui et nous présente une formation au son brut, aux compositions organiques, aux influences plus que vintage. On repart à la fin des années 60 et au cœur des 70’s. Moon, le premier morceau – pas un hasard s’il s’agit du premier, une invitation à aller largement au delà comme le titre de l’album – évoque immanquablement Black Sabbath, tant par ses riffs et rythmes lents, lourds et oppressants que par le chant plaintif et torturé. D’ailleurs, comme les fondateurs du genre, Dirty Velvet, c’est 4 musiciens: Sly Cuts à la guitare, Katy au chant, Garry à la basse et Gyles à la batterie. Quatre musiciens, une formule simple qui a fait ses preuves. Et même si le chant anglais est perfectible, les tripes de ce disques font mouche. Dirty Velvet puise son inspiration bien au delà du groupe de Tony Iommi. Sa musique, tout au long des 10 chansons évoque tour à tour Candlemass (ok, facile, les dignes héritiers du Sab’) que Blue Oyster Cult (Another reality me rappelle sur quelques plans un certain Astronomy) ou encore Pink Floyd. Même le son est quelque peu old school, ce qui participe pleinement au charme de ce premier album plus que réussi. Heavy, plaintif, psychédélique, hypnotique, aérien… il y a beaucoup à découvrir sur ce Far beyond the moon, premier essai réussi de Dirty Velvet.

 

BLACK HAWK: Soulkeeper

Allemagne, Heavy metal (Fastball music, 2023)

Ce n’est pas au vieux singe qu’on apprend à faire des grimaces, ni au vieux loup de mer qu’on apprend à naviguer… Black Hawk est une formation allemande qui s’est lancée dans l’aventure en 1981 et a sorti son premier album, First attack, en 1989. Une période où le metal allemand et le heavy international avaient fait leurs preuves. Black Hawk est revenu aux affaires en 2020 avec Destination hell, bien nommé, le hasard d’une pandémie ayant changé tant de plans… Reste que Black Hawk nous propose aujourd’hui ce Soulkeeper également très bien nommé tant le groupe donne dans un heavy classieux des plus efficaces bien que traditionnel, puisé au cœur des 80’s – sans une once de nostalgie pour autant – de la NWOBHM et de la vague speed metal allemande. La puissance des rythmiques et de certains chœurs et refrains lorgnent sans conteste du côté de Gamma Ray (Soulkeeper et sa vidéo qui me fait marrer, tournée dans 4m²…) – le chant de Udo (Bethke, pas l’autre!) s’approche d’ailleurs dans sa tessiture de celui de Kai Hansen – les déflagrations de la batterie d’Ovidiu Zeres soutenu lourdement par l’entrain de la basse de Michael Wiekenberg sont typiques de ce speed metal d’un « Helloween meets Sodom » et les riffs d’airain qui charcutent et cisaillent tout à la fois de Wolfgang Tewes sont dignes des plus grandes heures de Judas Priest (donc encore récentes…), Maiden ou encore Tokyo Blade. Black Hawk, et c’est la grande force de ce Soulkeeper, sait composer des chansons entrainantes aux refrains fédérateurs. Impossible de ne pas reprendre celui, imparable, de War zone ou de We stay strong, parmi d’autres. Le groupe rentre dans le lard avec une subtile brutalité et beaucoup de conviction et, sans avoir la prétention de réinventer le genre, propose un album d’une exemplaire efficacité. A découvrir et soutenir d’urgence!