RUFUS BELLEFLEUR: Electricity for the Coliseum

Crossover, France (Dooweet, 2017)

Que voilà une jolie surprise! Rufus Bellefleur fait partie de ces groupes qui osent braver les interdits et parviennent, chemin faisant, à se distinguer d’une scène aujourd’hui trop sclérosée par des étiquettes malvenues. Avec Electricity for the Coliseum, RB nous plonge dans les USA des années d’entre deux guerres avant de se lâcher et de nous offrir des escapades dans divers univers musicaux. Tout y passe, musicalement, rythmiquement et visuellement. Car le groupe parvient, à partir de ses chansons, à nous plonger dans un certain cinéma noir. Musicalement, on trouve des traces de rock, de heavy, de blues des bayous, de hip hop, et RB ne se prive pas pour utiliser des instruments inhabituels. J’ai même l’impression d’entendre du kazoo par instants! Une petite merveille d’originalité qui se déguste sans modération.

HELLTERVIEW: SKINDRED

Entretien Skindred. Rencontre avec Benji Weeb (chant) et  Dan (basse). Propos recueillis au Hellfest le 18 juin 2017

Skindred

Quelques heures avant que Skindred ne mette le feu au Hellfest, c’est un chanteur et un bassiste déjà au taquet qui répondent à Metal Eyes. Une petite idée de ce qui va se passer en live !

 

Metal-Eyes : Je vous ai découvert l’an dernier au Download, et c’est, je crois, votre seconde venue au Hellfest ?

Dan : On a joué en 2013 ou 2014, oui. On a ouvert sur une des mainstages

Metal-Eyes : Aujourd’hui, vous jouez un peu plus tard. Ça vous fait quoi de revenir au Hellfest ?

Benji Weeb : C’est un honneur! Ce festival est extraordinaire ! Tu sais, on joue dans des festivals à travers le monde et celui-ci est un des meilleurs.

Dan : C’est fabuleux de constater que la France propose aujourd’hui ce festival qui est une vitrine pour le monde. Un outil qui prouve que la France a une scène, une scène rock explosive !

Metal-Eyes : Quelles sont les nouvelles de Skindred ?  

Dan : On fait les festivals cet été, et ensuite on enregistrera un nouvel album qui devrait paraitre en 2018. Tu auras bientôt de nouveaux morceaux à écouter. D’abord, on va jouer au Japon, en Australie, ensuite, on enregistre.

Metal-Eyes : Donc il y aura une nouvelle tournée?

Dan : Nous sommes comme dans une roue de souris: on court et on s’arrête où on veut !

Metal-Eyes : Qu’attendez-vous de ce festival, aujourd’hui?

Benji Weeb : De l’argent!

Metal-Eyes : Et à part l’argent? Non, attends, ne me parle pas de sexe ou autres trucs du genre ?

Benji Weeb : Non, sérieusement: on espère séduire les Français et pouvoir donner des concerts dans des clubs. Et que ces concerts soit complets, à Paris, Nice, Bordeaux ou ailleurs. Nous avons toujours eu un retour extra du public, mais nous espérons pouvoir effectuer une tuornée à guichets fermés ici ! On se fout de savoir qu’il y  ait 300 personnes ou 2000, tant que c’est complet. Donc, ce qu’on attend, c’est que le public se souvienne de Skindred, du concert, qu’ils en parlent à leurs amis et qu’ils viennent aux concerts !

Metal-Eyes : Comment définiriez-vous la musique de Skindred pour ceux qui ne vous connaissent pas?

Benji Weeb : Un peu de rock et un peu de reggae.

Dan : Et du groove. Une sorte de reggae agressif et de rock grovy.

Metal-Eyes : Quelques questions spéciales Hellfest: lequel des 7 péchés capitaux vous définirait le mieux, individuellement?

Benji Weeb : Tu es prêt? Incorruptible.

Metal-Eyes : Ce n’est pas un des sept péchés capitaix…

Benji Weeb : J’en ai rien à foutre, c’est mes 7 péchés! (rires)

Metal-Eyes : Donc je revois la liste, alors…

Benji Weeb : Oui, tu en fais une nouvelle!

Dan : Euh, l’apathie, c’en est un?

Metal-Eyes : La paresse, oui.

Dan : Non, pas la paresse, mais l’apathie oui!

Benji Weeb : On s’en tape des 7 péchés capitaux, on crée les nôtres !

Metal-Eyes : Pourriez-vous créer de nouvelles vertus cardinales, alors?

Benji Weeb : Tue s très religieux, dis! On n’est pas religieux, nous, on s’en fout ! (rires)

Metal-Eyes : Nous sommes au festival de l’enfer, je te rappelle!

Dan : La mauvaise attitude!

Benji Weeb : Exactement, on botte les culs! On est des vikings !

Metal-Eyes : Tu ressembles à un Viking, en effet!

Benji Weeb : Exactement! Je suis le premier Viking black que tu n’aies jamais rencontré!

Metal-Eyes : Y a-t-il quelque chose que vous regrettez l’un et l’autre d’avoir fait avec Skindred?

Dan : Tu as un papier et un crayon? La liste va être longue ! (rires) Être dans un groupe et jouer de la musique n’est pas traditionnel. Il faut que tu crées ton propre voyage. Ce faisant, tu vas faire des erreurs et en tirer des leçons…

Metal-Eyes : Comme quoi ?

Benji Weeb : Comme enregistrer des putains de morceaux electro ! ça c’était une erreur! (rires)

Dan : Dès que tu laisses quelqu’un s’occuper de tes affaires, comme les affaires créatives, ça se complique. Il s’agit de savoir ce que tu peux lâcher, ou pas. On ne fait pas partie de la scène traditionnelle : on n’est pas un groupe de rock cool, un groupe de metal dans le vent, ou de reggae… Emo, grunge… On ne fait partie de rien, et on a dû tracer notre propre route, sur laquelle il y a eu des détours. Et nous avons dû revenir sur le bon chemin.

Metal-Eyes : C’est ce que tu disais : pas de compromis…

Benji Weeb : Aucun. C’est comme quand nous avons fait ce truc, dub step, on l’a fait à notre manière. Et on excelle dans ce que l’on fait si on le fait à notre manière et ensemble.

Dan : Ton idée des 7 péchés capitaux, c’est un peu ça : si tu relâches ton attention un instant, eh bien, c’est là que les choses arrivent. On vieilli, et on a une meilleure vision des choses. Parfois, c’est douloureux, d’autres fois, c’est compliqué, mais au final, ça nous aide à retrouver le bon chemin.

Metal-Eyes : Merci beaucoup, je vous vois tout à l’heure sur scène !

Benji Weeb : Merci à toi. C’était bien ! Tu sais quoi : tes questions sont bonnes ! Tu poses de bonnes questions, tu provoques de bonnes réponses, j’ai adoré. Maintenant, fous le camp, bordel ! (rires)

Merci à Elodie Jouault et Pauline (Him Media)

 

SEEK IRONY – Tech n’roll

SEEK IRONY 2016Fusion, Israël/USA (UDR, 2016)

Fondé en Israël par les frères Gov – le chanteur Kfir et son frère batteur Rom – Seek Irony s’oriente rapidement vers une fusion musicale alliant la dureté du hard rock à l’énergie de la musique de  boite de nuit, techno, house, electro. Les frangins décident de quitter leur trop petit pays natal et s’installent aux USA, à Austin, Texas, afin de donner corps à leur ambition, qui se traduit par ce premier album au titre explicite. En effet, Tech n’roll propose un mix de sons rugueux et d’ambiances plus dancefloor. Le chant doux et entraînant, accompagné de riffs puissants et de guitares saturées, est doublé de sonorités et rythmes hypnotiques propres à la house music. Et ça marche, on se laisse séduire par cet esprit qui, tout au long des She, Devil in me, Running towards the end of the world… offrent le meilleur des deux mondes et prouvent, simplement – comme le fait Sidilarsen chez nous – qu’on peut aussi faire danser sur du metal. Si, si, pas que headbanguer! Une jolie découverte proposée par UDR qui, décidément, sort des sentiers battus et cherche la perle rare.

MUDDY ESCAPE: Bad drip

muddy escape 2016Metal expérimental, France (Penos records, 2016)

Ouh là! Des allumés qui se sont échappés! D’où, je ne sais pas… C’est quoi cet ovni? Muddy Escape nous propose un Ep 5 titres complètement barré – en tous les cas, c’est ce que laisse croire ce melting pot auditif inclassable qu’est Big brother qui introduit ce disque, seconde offrande des Lyonnais. La suite ne fait que confirmer de sentiment. Lire la suite

SIDILARSEN – Dancefloor bastards

sidilarsen 2016Fusion, France (Verycords, 2016)

C’est sympa, parfois, de découvrir un groupe dont on a entendu parler sans jamais avoir eu l’occasion d’en écouter le travail. Les Toulousains de Sidilarsen font partie de ceux-là et la surprise est d’autant plus appréciable avec Dancefloor bastards, leur nouvel album que je ne savais pas du tout à quoi m’attendre. Ce disque porte parfaitement bien son titre, mélangeant le rock brut, franc et direct à des sonorités plus électro. Mais surtout, au delà d’une musique d’apparence racoleuse, alternant entre « musique de boite de nuit » et rock indé, grunge et hard, les textes sont à mettre en avant. Sidilarsen y parle de la vie, mais également de ses horreurs, la guerre, la violence que l’être « humain » répend à travers la planète. Et ce Méditerranée damnée qui montre du doigt ce navire de mort pour âmes en quête d’un sanctuaire, cette exploitation de la misère de ceux que l’on préfère appeler « migrants » qu’humains en détresse… Spread it, Frapper la terre, Guerres à vendre… sont autant de dénonciations de la bêtise de notre espèce que Dancefloor bastards, Go fast, Sois mon rêve sont des odes à la vie. Entre engagement et amusement, sur des rythmes souvent joyeux et festifs, Sidilarsen nous offre un album particulièrement efficace.