Interview: SIDILARSEN

Interview SIDILARSEN. Entretien avec Viber (chant, guitare), Didou (chan) et Marvyn (batterie). Propos recueillis au Rock In Rebrech’ 13 le 25 mai 2024.

Commençons avec l’actualité : après 15 années passées au sein de Sidilarsen, Samuel a décidé de quitter son poste de batteur. Non seulement était-il un membre originel du groupe, mais il est également le frère de l’un d’entre vous (Didou) et l’ami d’enfance de l’autre (Viber). Que s’est-il passé ? La crise sanitaire l’a amené à faire ce choix ?

Didou : Déjà, c’est au bout de 25 ans parce que, avant Sidilarsen, on avait commencé sous un autre nom. Donc on a vécu une très longue aventure ensemble. Le Covid a sans doute accentué certaines choses, mais il était arrivé au bout de cette vie sur la route. S’il avait pu faire Sidilarsen à la maison, il aurait certainement continué… Il avait besoin de faire ce choix, très douloureux pour lui, mais c’était une question de santé physique et mentale. Ça a été dur pour nous aussi, mais tout s’est passé en bonne intelligence et en bonne amitié. Il n’y a pas de rancœur, mais ça a été difficile. C’est un choix qui n’est pas tout blanc, même s’il a fait ce choix, il y a des moments où il en est triste et en même temps, il en est content. Aujourd’hui, il va mieux.

Je m’adresse à tous les deux – et je te poserai la même question après, Marvyn – comment avez-vous fait la connaissance de Marvyn et qu’est-ce qui a fait la différence entre lui et d’autres batteurs ?

Viber : Le talent ! (rires)

Ça, c’est du fayotage ou je ne m’y connais pas !

Viber : On a passé des annonces, en fait. On a fait u appel à candidatures pour voir qui avait envie de jouer avec nous et commencer à sélectionner. Quand Marvyn est arrivé, on lui a demandé de nous envoyer une vidéo avec une reprise d’un morceau. Ça nous a beaucoup plu et il y a une chose qui nous a marqués : quand on a discuté avec lui, ça s’est bien mieux passé que ce à quoi on s’attendait.

Didou : Il n’y a pas eu d’efforts à faire, on a joué un peu, et c’était naturel…

Donc d’un point de vue musical autant qu’humain…

Didou : C’est ça qui n’est pas forcément évident… Ça peut aller d’un point de vue mais pas de l’autre, bien que je pense que quand ça colle artistiquement, c’est qu’il y a quelque chose qui passe. Des connexions dans les choix artistiques, dans les envies, on se retrouve facilement.

Viber : La charte est assez complexe : il nous fallait quelqu’un qui ait un bon niveau technique, qui aime ce qu’on fait, capable de jouer au clic.

Didou : Il faut être carré pour faire du Sidilarsen…

Marvyn, comment as-tu connu Sidilarsen, comment as-tu découvert ce poste ? Déjà, quel âge as-tu ?

Marvyn : J’ai 25 ans. Je suis né après le groupe.

Didou : Et ça, ça nous plaisait.

Reprenons : comment as-tu découvert le groupe ?

Marvyn : C’est une bonne question, je ne sais pas si on m’a déjà demandé comment j’ai découvert Sidilarsen… J’ai toujours connu le nom qui est un de ceux récurrents en France. Mais je ne saurais pas te dire comment j’ai découvert. Je les suivais, mais je ne les avais jamais vus avant.

Maintenant, tu ne vois que leurs culs…

Marvyn : Oui, littéralement ! (rires)

Viber : Il faut préciser une chose : Marvyn est de Montpellier, donc il ne risquait pas de voiur Sidilarsen…

Marvyn : Vous y avez joué… quoi ? Une fois en 25 ans ? Montpellier, ce n’est pas forcément l’endroit le plus simple. Après, la candidature était sur les réseaux. J’ai postulé mais sans penser à une suite possible… je me disais que c’est un gros groupe, il va y avoir plein de gens qui vont postuler…

Viber : Il y a eu 60 candidatures…

Marvyn : Ah ouais ! Heureusement que je l’ai su après ! Ça a matché, on s’est rencontrés et ça a matché direct. On s’est rencontrés, on a pris décision qu’on passe l’été ensemble pour voir en condition réelles comment ça se passait, aussi bien sur la route qu’humainement.

Didou : Ça a été un peu dur pour Marvyn, cette sorte de « période d’essai », un peu comme dans une entreprise. On n’est pas une entreprise mais il y a des engagements. Si, on est un peu une entreprise, et il y a des choses bien dans les entreprises, aussi.On avait déjà eu des changements de line-up, on savait qu’on ne pouvait pas remplacer Sam comme ça. On voulait prendre du temps et Marvyn était d’accord avec ça. On part sur plusieurs dates, c’est pas simple, il y a une pression très forte, tu ne sais pas encore si tu vas rester ou non dans l’aventure… C’est particulier.

Viber : Nous, on avait vraiment besoin de cette garantie-là, on ne pouvait pas prendre ce type de risque, notre avenir en dépendait pas mal. On ne voulait pas faire comme certains groupes où le line-up change souvent… Un batteur tous les ans, non… On avait besoin de reconstruire une stabilité.

Il y a aussi un bassiste qui a changé en 2019, puisque Sylvain Sarrobert est arrivé dans le groupe. Vous pensez avoir enfin retrouvé cette satbilité ?

Didou : Complètement ! On a fait du bon boulot et on a appris à se connaitre. On s’est dit très tôt que Marvyn est la bonne personne, mais on s’est obligés à prendre du temps.

Et toi, aujourd’hui, tu te sens complètement intégré, Marvyn ?

Marvyn : Totalement. Et comme ils l’ont dit, il ne fallait pas s’emballer. C’était pareil pour moi, et c’était difficile parce que même avant les premières dates, je me disais que ça marchait trop bien. C’était génial, musicalement, humainement. Il fallait que ça continue comme ça, même si je voulais faire comprendre à tout le monde que ça pouvait ne pas continuer… On a très vite attaqué sur des émotions fortes, on a fait des festivals, il y avait des niveaux de concerts que je n’avais jamais atteints – j’avais des groupes locaux avant, mais rien de comparable ! Garder la tête froide. Mais (il s’adresse à Didou et Viber) quand on a fait un point au milieu de l’été, vous m’avez aidé à garder la tête froide.

Didou : Il y a cette simplicité aussi, on ne veut pas de ces gens qui se prennent la tête…

Revenons un peu en arrière : 2019 voit la sortie de On va tous crever. Avec le recul, on peut se dire que c’est un titre un peu prémonitoire puisque, quelques mois plus tard, il y a eu un confinement. Mais… hasard du calendrier, au début du mois de mars 2020, vous sortez la vidéo du titre On va tous crever. Coup sur coup… Vous n’avez pas un peu l’impression d’être responsables de tout ce merdier ?

Didou : Si, si, si, et on le dit : On vous a sauvés (rires) ! J’ai beau expliquer aux gens que c’est nous qui avons lancé le virus, ils ne me croient pas !

Pourtant, c’est vrai que tu as une tête de pangolin (rire général) !

Didou : Tout était calculé…

Vous étiez en relation avec la Chine…

Viber : Et au niveau du management, ça a été du haut niveau.

Donc vous assumez complètement cette responsabilité.

Didou et Viber : Oui, totalement (rires)

Plus sérieusement, la crise sanitaire est passée par là, elle a dû vous contraindre à annuler une partie de la promo et des concerts aussi… Quel impact est-ce que ça a eu sur les ventes de l’album ?

Didou : Bizarrement, pour Sidi, on a eu de la chance, contrairement à ceux qui ont sorti un album pile au moment de la crise. Nous, l’album est sorti 6 mois avant, donc il a eu une petite existence. Et comme tu l’as expliqué, paradoxalement, la crise a collé avec la thématique de l’album, et du clip. Bizarrement, le groupe a grossi pendant la crise sanitaire. Au final, on n’a pas trop ressenti de baisse. On a été très angoissés comme tous les artistes (Viber confirme), on se disait que peut-être on ne ferait plus notre métier. Il y a eu quelques mois où les artistes, tous, même les plus gros, se disaient que c’était peut-être fini. Et ça, ça laisse des traces, il y a des traumas qu’on sous-estime.

Les interviews que je pouvais faire à cette période, à distance, ce n’était pas du tout la même ambiance…

Didou : On est d’accord qu’on n’était pas bien, tous… Peur ou pas peur du virus, c’est pas ça, c’est l’ambiance globale qui était malaisante. Sans se lamenter parce que tout le monde était concerné à ce niveau-là, pas que les artistes… Mais, en tant qu’artistes, je parle de ce que je connais, on a eu très peur. Mais Sidilarsen… On a été très soutenu par notre public : les gens ont acheté du merch en ligne comme jamais. On a halluciné, on voyait qu’on n’avait plus rien, et, en fait, ça nous a tenus. On a trouvé de nouveaux modèles, on a même fait une bière Sidilarsen, on est devenus brasseurs… on a fait des trucs, on n’y pensait même pas. Et finalement, on a réussi à redémarrer la tournée On va tous crever comme si rien ne s’était passé… On a eu plus de monde dans les concerts, plus de monde qui chantait nos paroles et, ensuite, l’arrivée de Marvyn a continué d’alimenter cette dynamique.

 Donc, d’une certaine manière, vous avez tiré un bénéfice de la crise sanitaire…

Didou : Ça s’est passé comme ça…

Viber : On ne sait pas ce qui se serait passé sans le covid.

Didou : L’album On va tous crever avait très bien démarré…

Il y avait une dynamique en route, d’ailleurs, avec l’explosion de Dancefloor bastards, vous avez passé différents paliers.

Didou : Oui, il y avait déjà une dynamique, et là, on sent encore quelque chose de plus fort.

On va tous crever était un album assez pessimiste, entre le titre, les couleurs ternes et cette personne en train de s’enflammer aussi… Vous revenez avec Que la lumière soit, un esprit peut être un peu plus SF – la pochette m’évoque l’univers de Star Wars. Il y a cependant toujours cet engagement qui a toujours collé à la peau de Sidi. Qu’avez-vous voulu mettre dans cet album ? Un peu plus de lumière ?

Viber : Oui. Quand on a choisi ce titre, on avait décidé qu’on voulait mettre de la lumière…

Ça veut dire que votre engagement a changé ?

Viber : Non, ça n’a pas changé mais il y a peut-être une conscience sociale… On est sensibles à ce qui nous entoure, à la société dans laquelle on évolue – on évolue avec elle. Il y a eu beaucoup de choses qui se sont accumulées, personnellement, je me disais « c’est bon, il y en a assez ». Et il y a la guerre en Europe, au Moyen Orient, et plein d’autres endroits dont on parle moins. Donc on voulait un peu de lumière, parler de ce qui nous tient à cœur, de ce qu’on veut changer dans la société mais pas en accumulant de la violence et pas… plus de name-dropping, désignation. Tout est, aujourd’hui, très polarisé, et on ne voulait pas de ça sur l’album, on voulait vraiment que ce soit ouvert, que les gens puissent rentrer dedans. Il est sombre, mais je trouve aussi qu’il est rassembleur.

Didou : Si on se plonge dans les textes, souvent il y a des couplets très sombres et des refrains plus lumineux, positifs. Il y a plus de célébration, d’espoir : « on est tous ensemble et on va pouvoir se relever ». Il y a quand même une partie très dark… « Que la lumière soit » c’est aussi très ironique, ça évoque la part sombre de la lumière, mais aussi, on a pris le contre-pied total de On va tous crever… Quand on a choisi le titre, Que la lumière soit, ça m’a fait le même effet que quand on a choisi On va tous crever : Ouais, c’est bon ça ! (tous se marrent)

Justement, par rapport à ça, quel a été l’apport de Marvyn, un nouveau batteur au jeu certainement différent de celui de Sam, selon vous deux et aussi, selon toi Marvyn ?

Viber : Il y a effectivement un apport, même si Sam est irremplaçable, mais il n’est plus là…

Didou : On ne voulait pas d’un Sam 2, et en plus, ça nous aurait vite saoulés…

Viber : Le remplacer par quelqu’un qui fait une imitation, ça aurait été très con… Marvyn est arrivé avec sa personnalité, sa façon d’avancer, de bouger et de vivre la musique et d’insuffler une énergie très… personnelle et particulière.

Didou : Il y a cette année la patte de Marvyn.

C’est quoi, alors, « la patte de Marvyn » ?

Didou : C’est un petit truc… Il faut l’écouter (Marvyn rit).C’est difficile à définir…

Comme les guitaristes, chaque batteur a sa signature. Quelle st, Marvyn, ta signature, qu’est-ce qui te différencie de Sam et qui pourtant te permet d’être un membre à part entière de Sidilarsen ?

Marvyn : Ce qui me différencie de Sam ? C’est dur… Sam était connu pour être un métronome. Je pense l’être moins mais je tente des trucs qui parfois ne passent pas mais au moins, j’y vais !

Scéniquement, pour quelqu’un qui a vu l’ancien Sidi, on sait que Sam allait chercher le public directement sur scène. Est-ce que tu as ce même type de connexion, est-ce que tu quitte ton kit ?

Marvyn : Non, pas comme ça en tout cas, parce que, pareil, l’idée n’est pas de faire la même chose. On s’est posé la question. J’aime beaucoup l’énergie live et je l’interprète aussi à ma manière.

Didou : Ce que je vois, ce que je constate depuis les balances – mais je ne suis pas dans le public – c’est quelque chose de plus… libéré par rapport à Sam. Plus physique aussi. Sam était très concentré, très sec et physique aussi, ce qui a participé à la notoriété de Sidi aussi. Maintenant, quand il allait haranguer le public, c’est parce qu’il en avait besoin. Il était tellement dans son clic qu’il fallait relâcher. Il fallait qu’il libère un peu cette énergie. J’ai l’impression que Marvyn est déjà dans cette énergie, un peu moins dans le contrôle, mais c’est complètement subjectif. Il est moins cérébral…

Marvyn : C’est aussi ma façon de profiter du moment…

Didou : Quand on a auditionné des batteurs – on le savait parce qu’il y a des fois où Sam ne pouvait pas jouer et où il a été remplacé – ça ne collait pas. (A Marvyn) Tu as une frappe différente mais qui marche pour Sidi. Bien sûr, il y a des points communs, il fallait que ça colle, dont la fameuse frappe de caisse claire… Il y a beaucoup de batteur qui n’avait pas ça. Sam avait une frappe très…particulière qu’on voulait retrouver.

En dehors de l’arrivée de Marvyn, comment analysez-vous l’évolution de Sidilarsen entre On va tous crever et Que la lumière soit ?

Viber (d’un ton totalement détaché) : Alors… on arrive aux sommets… C’est l’Olympe (rire général) ! Comment on analyse ? Je pense qu’’il y a des choses qu’on a trouvé en nous et avec le public qui nous a permis de nous poser un peu plus. Le confinement a permis une introspection, un retour à la racine – pourquoi on est là, pourquoi on fait ça, et si on continue, on sait pourquoi on continue… On a répondu à plein de question. Le fait aussi de l’essor de notre notoriété avec cet album nous a vraiment fait du bien, je ne te le cache pas. Ça rassure te je pense aussi que cette période nous a permis de faire tomber des grillages qu’on se posait. On s’en est libérés, délivrés… Ce faisant, on était plus libres pour aborder les choses de manières plus sereines, plus faciles. Ça a été plus facile et… plus joyeux.

Didou : Oui, plus joyeux… C’est marrant de dire ça, mais…

C’est aussi un changement d’état d’esprit : le fait que vous soyez plus joyeux, rassuré, que le public vous a soutenus pendant la crise sanitaire… 

Didou : Le départ de Sam aussi… Il a fallu le digérer mais après, ça a été comme une sorte de libération, une seconde jeunesse…

Viber : On s’est aussi dit qu’après ça, il ne pouvait plus arriver grand-chose !

Didou : Aussi, Marvyn, Benben (Benjamin Lartigue, guitare) et Sylvain (Sarrobert, basse) se sont bien trouvés pour composer les instrus…

C’est un critère de s’appeler Benjamin pour être guitariste dans Sidilarsen ?

Viber : C’est obligé oui ! (Rires)

Didou : « L’esprit léger » qu’ils avaient tous les trois – je dis « léger » mais ils envoyaient du lourd – il ne se prenaient pas la tête alors qu’avant, dans Sidi, on se prenait beaucoup la tête… On ne se rentrait pas dedans, mais on se faisait des nœuds au cerveau. Le calcul, la compo… Eux, ils sont arrivés, et c’est plus simple. Nous (Vyvber et Didou), on accueille ça et on n’a jamais été autant dans la joie, comme le dit Viber, on n’a jamais été aussi bien quand on a posé nos textes et nos lignes de chant.

Si vous deviez, chacun, ne retenir qu’un titre de Que la lumière soit pour expliquer ce qu’est l’esprit de Sidilarsen aujourd’hui, ce serait lequel et pourquoi ?

Didou : C’est compliqué…

Marvyn : Logiquement, je pense au single, parce que c’est un peu l’approche qu’on a eu quand on a pensé au single à sortir pour présenter l’album. Il fallait quelque chose qui représente l’album et qui ait aussi sa propre personnalité : On revient sur terre, donc, parce qu’il y a un peu de tout ce qu’on retrouve sur l’album, un refrain épique qui rassemble, la partie un peu plus metal… un peu de tout !

Viber : Moi, ce serait Adelphité, pour le côté rassembleur et le coté, quand même, revendicatif. Il est mid tempo et bien lourd, et très mélodique. C’est des trucs qu’on n’arrivait pas à faire avant, qu’on avait essayé il y a longtemps mais un peu abandonné… Mais aussi par rapport aux impressions que j’ai reçues de gens autour de moi qui ne sont pas du tout dans le metal… Cet ensemble de choses, avec des influences assumées, qui me représente vraiment aujourd’hui. Un nouveau Sidi…

Didou : C’est difficile, parce que j’aurai répondu la même chose qu’eux deux. Je vais faire exprès de répondre différemment (rires). Je dirai Du sang sur les fleurs. En plus, c’est aussi un clip, et ces jours-ci, je trouve qu’il représente une nouvelle facette de Sidi. Même si on ne peut pas nous représenter avec un seul morceau, c’est un titre très changeant, très vivant. Sur ce nouvel album, et c’est aussi ce qui nous rend heureux, il y a beaucoup de morceaux qu’on estime « forts ». Il y a un bon paquet de titres qui nous tiennent à cœur et les gens ont l’air de bien recevoir ça.

Viber : Il y a des choses qu’on n’aurait pas faites avant, qui se justifiaient pour nous de manière différente. Là ce n’est plus le cas, ce n’était pas dur à faire, avec des passages plus posés, plus aérés.

J’ai l’impression qu’il y a aujourd’hui une belle unité dans le groupe, en tous cas, vous semblez satisfaits de l’arrivée de Marvyn. Si aujourd’hui vous deviez réenregistrer un des albums de Sidilarsen avec le line up actuel, ce serait lequel ?

Viber : Probablement Une nuit pour sept jours, parce que (Didou et Marvyn approuvent)… Tu es d’accord aussi ?

Marvyn : Oui, mais pas pour les mêmes raisons…

Viber : C’est un de nos albums les plus arrangés. On avait beaucoup travaillé sur le son et on a été déçus du mix…Au final, c’est trop brutal, c’est sec…

Didou : Ça manque de dynamique.

Viber : On a été frustrés. Après (se tournant vers Marvyn), vu de l’extérieur…

Ca a été ton choix, aussi, Marvyn…

Marvyn : Oui, parce que c’est un album de cœur dont je ne me lasserais jamais. Et je l’aime aujourd’hui avec ce son-là. C’est un plaisir coupable, mais ça serait moins bien, c’est juste pour dire « j’y étais » ! (Rire général)

Didou : Je dis la même chose parce que c’est vraiment l’album qui nous a le plus frustrés. Il y avait de belles choses dessus, premier album composé à 100% avec Benben qui avait apporté beaucoup de mélodie. On était dans cette fameuse période de « aucune limite à rien » on osait tout.

Marvyn : je le trouve plus dans l’esprit de ce qu’on fait maintenant, il est plus metal, et on est plus metal…

Didou : Je suis assez d’accord. Mais je sais que Sylvain et toi vous êtes d’accord là-dessus, même au niveau de la prod – et nous, on la trouve à chier…

En même temps, c’est souvent une impression qu’on retrouve de l’extérieur, il y a des dizaines d’albums qu’on pourrait citer qui plaisent au public mais pas aux musiciens…

Didou : Bien sûr, et c’est totalement subjectif.

Il y a de très belles dates à venir, un mois d’octobre bien rempli avec un Sidifest, un Olympia, une date avec Crisix aussi… Comment vous préparez toutes ces dates importantes pour Sidi ?

Viber : On a fait des résidences pour travailler la lumière, la scénographie, on a beaucoup répété…

Didou : A partir de maintenant, les meilleures répètes, c’est les dates.

Vous envisagez la possibilité, en discutant après les concerts de modifier la set list parce que tel morceau ne passe pas aussi bien que vous le pensiez ?

Didou : Ah oui !

Marvyn : On ne le fait pas à chaque date, mais presque…

Didou : On ne modifie pas forcément la setlist, mais on modifie soit des arrangements, soit des détails…On modifie beaucoup. On va même refaire des résidences après l’automne pour encore peaufiner le show. Cet album, on a envie de le défendre sur plusieurs années. Les gens nous disent « waow, c’est une belle tournée », mais en fait, non : ce n’est que le début ! On va le défendre longtemps cet album, il le mérite.

Vous allez le défendre longtemps : on le sait en France, rares sont les groupes de rock qui peuvent vivre de leur musique. Avez-vous, dans voos autres vies, des activités plus alimentaires ?

Didou : On a la chance, et on n’est pas beaucoup en France sur la scène metal, de pouvoir en vivre. On est intermittents du spectacle, et on a quelques plans à côté parce que Sidilarsen ne peut pas tourner tout le temps. Parfois, il faut se mettre en retrait. Il faut se poser, se retirer pour composer et dans ces moments-là, on n’a pas de cachets. Ceci-dit, on a maintenant la chance de travailler avec une maison de disque sérieuse qui nous donne un cachet pour le travail en studio, mais parfois on est obligés de compléter. En tant qu’intermittents, on a des plans « tech », toujours dans le domaine de la musique.

Marvyn : Pareil, je fais pas mal de plans « home tech » pour des groupes.

Didou : Sylvain et Benben aussi. On a la chance de pouvoir le faire, j’ai bien conscience qu’il y a pas mal de groupes pour qui ce n’est pas le cas, mais je peux te dire qu’on ne chôme pas. Parfois, on fait des   heures par semaine. On s’occupe de tout, on fait la com’, le management, le merch… C’est une boite, Sidilarsen. On a des réunions toutes les semaines, sauf quand on est en tournée où, là, on se voit tellement (rire général). On a le temps de parler dans le camion. Les gens ne le réalisent pas forcément, mais aujourd’hui, un groupe se gère sur un million de plateformes différentes, des réseaux… il y a toujours plus de trucs à gérer…

Viber : Toujours plus de trucs à gérer et moins de pognon qui rentre… le streaming vidéo, par exemple, ça rémunère zéro. L’ADAMI s’en plaint, il y a plein de choses qui ne sont pas mises à jour…

Terminons avec ceci : quelle pourrait être la devise de Sidilarsen en 2024 ?

 Viber : … Que la lumière soit !

Marvyn : Ça marche aussi en devise !

Vous avez quelque chose à rajouter ?

Didou : rendez-vous au Sidifest et à l’Olympia en octobre.

On va peut-être commencer par le Rock In Rebrech, ce soir, non ? (Rire général)

Didou : Oui, bien sûr, on passe tout à l’heure… à 23h30…

ROCK IN REBRECH 13: Le report

Un mois de mai maussade, une météo peu clémente… Fort heureusement, les « spécialistes » annoncent un léger mieux pour ce 25 mai, première des deux journées du Rock in Rebrech, 13ème du nom qui, une fois encore, accueille quelques jolies voitures. Contrairement à l’an passé, il n’y a pour cette nouvelle édition que des groupes français. Trois groupes sont attendus sur la scène principale, et pas des moindres puisque nous découvrirons les Orléanais de La Jarry qui seront suivis des Princesses Leya et des Toulousains de retour aux affaires, Sidilarsen.

Deux changements de taille sont à noter par rapport à l’édition 2023: No Mad Musik, l’asso organisatrice, a décidé de ne plus faire appel à des food trucks et se charge de toute la boisson et la nourriture. Bonne pioche, la queue ne disparaissant presque pas. Egalement, afin de distraire le public toute la soirée, un camion scène a été ajouté face à la scène principale pour recevoir, entre chaque groupe, les copains de PrimsA qui offrent ainsi une permanence musicale très orienté hard rock 80’s.

Si les préventes ne sont pas mirobolantes, la soirée attirera finalement un public dense – on parle de près de 1.200 entrées – et familial – de nombreux spectateurs sont venus en famille initier les plus petits aux joies de la musique live.

Las… Le temps vire encore au gris et de grosses gouttes de pluie se mettent à tomber… fort heureusement le temps d’un petit quart d’heure à peine. Pas suffisamment longtemps cependant – heureusement ! – pour transformer le terrain en patinoire boueuse.

PRISMA @ ROCK IN REBRECH 13

PrismA, que nous avions découvert live lors du récent CrickFest, est aujourd’hui présent pour animer les changements de plateaux de la scène principale. Démarrant avec un problème technique – la pluie a fait son oeuvre – il faut réinitialiser les claviers dont aucun son ne sort. Mais une fois partis, le groupe nous propose, au cours de ses 3 interventions, un beau panel de son savoir faire qu’on retrouve sur ses récentes productions, dont le plus qu’enjoué album Way of life. Ce sont en tout une bonne quinzaine de morceaux que PrismA nous offre ce soir, avec quelques inquiétudes pour les cordes vocales de Philippe Sanfilippo, le chanteur, visiblement transi de froid… Reste que le hard rock très 80’s proposé par le groupe reçoit un accueil chaleureux d’un public à la fête.

PRISMA @ ROCK IN REBRECH 13
LA JARRY @ ROCK IN REBRECH 13

Les locaux de la soirée investissent la scène pour une bonne heure de ce rock hard ultra vitaminé et festif. Si j’ai entendu parler de La Jarry, jamais je ne me suis penché sur les compos du groupe que je découvre ce soir. Clairement, je suis emballé par ce que j’entends et vois. Les quatre se donnent à fond, entrainant le public (gentiment interpelé dès le second titre par un « ça va les alcooliques? ») avec lui.

LA JARRY @ ROCK IN REBRECH 13

La Jarry propose un rock aux fortes intonations punkisantes et aux textes engagés (J’habite en France, On n’a pas le choix). Benoit Pourtau a le contact très facile avec le public, l’invitant à se rapprocher de la scène (« Allez, venez plus près les bourges! ») ou le faisant participer à plusieurs reprises (Babylone, On n’a pas le choix) et fait même monter qui le souhaite sur scène pour l’accompagner sur J’sais pas danser.

LA JARRY @ ROCK IN REBRECH 13

Un premier concert festif qui met en appétit et qui se termine avec l’annonce du lancement d’une longue tournée de presqu’un an. On vous souhaite de vous éclater, Messieurs, et de vous retrouver bientôt on stage!

LA JARRY @ ROCK IN REBRECH 13
PRISMA @ ROCK IN REBRECH 13

Après un changement de plateau – toujours animé, nous l’avons dit, par PrismA, et qui voit l’espace buvette/restauration ne pas désemplir – les « quatre petites princesses » comme ils se surnomment eux même (cf. l’interview à venir) envahissent l’espace scénique. Princesses Leya attire un public familial et de tous âges – il y a même des bébés heureusement casqués – qui se masse devant la scène. Avec le groupe musico-théâtral humoristique, on sait qu’on va passer un bon moment, mais cette foule, est-ce le nom du groupe, le côté décalé des sketches, la présence de l’humoriste Dédo ou simplement la musique qui la fait se masser devant la scène?

PRINCESSES LEYA @ ROCK IN REBRECH 13

Quoiqu’il en soit, la bande est en forme et balance la sauce dès Analphabet. Puis, rapidement, le groupe entre dans le vif de sa pièce: le public ne comprend rien, ça énerve Dédo qui s’engueule avec le guitariste chevelu Antoine Schoumsky qui, lui, cherche à temporiser et, dans un accès de colère, le chanteur finit par lui arracher sa perruque. Ambiance… Bon, en même temps, on a le public qu’on mérite, hein! Même celui de Sèvre Babylone surtout en reprenant le hit intemporel et universel de Lorie, C’est le week end

PRINCESSES LEYA @ ROCK IN REBRECH 13

Puis le groupese trouve secoué, propulsé dans une faille spatiale, et se retrouve dans un monde nappé de rouge. Une voix sort d’outre monde, celle de… Satan? « Non, ça c’est mon nom de scène. Je m’appelle Philippe« . Le diable Philippe charge les Princesses Leya d’aller remétalliser le monde et les envoie dans différents univers parallèles. Le scénario est posé, devenant ainsi prétexte à dérouler le show.

PRINCESSES LEYA @ ROCK IN REBRECH 13

Nos heros parviennent à lutter contre et convertir les Kangourous garou, organisent une orgie géante ou chacun Baise tout seul, luttent contre une forme de Boulime cannibale et parviennent même à convertir tout le public aux joie d’un wall of death – quoique, en prononçant ces mots, certains s’éloignent de la zone de clash – qui se transforme en un joyeux pogo.

PRINCESSES LEYA @ ROCK IN REBRECH 13

Toujours plein d’humour, le groupe se dispute sur l’écologie, s’invente des noms de scènes – AbbaCDC, Pateratp – s’adresse régulièrement au public embarqué dans cette folle aventure avec le groupe, public surnommé « l’équipage »

PRINCESSES LEYA @ ROCK IN REBRECH 13

Univers après univers, les Princesses Leya réussissent leur mission, mais il reste cependant à remonter à la source, celle du Big bang. Pour ce faire, Dédo doit surfer sur le public qui le porte aux confins de l’espace et le ramène, sain et sauf, mission accomplie, au point de départ. Oui, mission accomplie! Philippe est content, et en plus, c’est son anniversaire. En guise de cadeau, il veut une interprétation de Boys boys boys de Sabrina, hit intemporel et intergalactique qui devient Balls balls balls… avant que tous, groupe et équipage, ne soient renvoyés dans le monde « normal » remétallisé. Princesse Leya nous a offert un vrai bon moment de détente, et même si certains trouve qu’il y a trop de « blabla », c’est bien une comédie musicale et pas un concert auquel nous avons eu droit. Un moment d’évasion intersidéral.

PRINCESSES LEYA @ ROCK IN REBRECH 13
PRINCESSES LEYA @ ROCK IN REBRECH 13

La nuit est tombée, les familles commencent à rentrer, d’autant plus que Sidilarsen est prévu de monter sur scène à… 23h30. Autant dire que je crains de voir le public déserter plus tôt que souhaité les lieux avec l’humidité qui s’installe. Cependant, hormis les enfants pour qui l’heure du dodo est venue, il reste du monde pour accueillir les Toulousains dont la scène est en train d’être mise en place, tandis que, à l’opposée, une longue file attend patiemment de pouvoir se procurer le merch des Princesses et que PrimsA continue d’animer cette inter session avant de remercier le public venu nombreux.

PRISMA @ ROCK IN REBRECH 13
SIDILARSEN @ ROCK IN REBRECH 13

Sidilarsen s’est fait rare depuis 2019, mais la sortie de son nouvel album, Que la lumière soit, justifie sa venue ce soir. Les dates commencent à s’afficher en nombre et la bande à Didou et Vyber espère bien pouvoir défendre longtemps ce disque déjà remarqué, en tout cas, être sur les routes jusqu’en 2025.

SIDILARSEN @ ROCK IN REBRECH 13

A l’image de la pochette de son album, le groupe tout entier se réunit, en cercle, au milieu de la scène baignée de rouge. Puis les hostilités commencent avec la nouveauté Intox, suivie des désormais classiques Retourner la France et Guerres à vendre qui, déjà retournent le public.

SIDILARSEN @ ROCK IN REBRECH 13

On remarque que la scène est sobrement décorée, les écrans qu’utilisait le groupe sur les côtés ont disparu au profit de simples estrades de chaque côté du kit de batterie. Une batterie tenue et frappée par Marvyn, le dernier arrivé qui, malgré son jeune âge et son petit gabarit cogne comme un diable et comme s’il avait toujours été là.

SIDILARSEN @ ROCK IN REBRECH 13

Malheureusement, est-ce par choix ou par contrainte, Sidilarsen joue presque en permanence à contre jour. Très peu éclairé en façade, c’est souvent un jeu d’ombre chinoise auquel le public a droit, malgré des lumières contrastées, vives et variées. Mais les 5 se donnent entièrement, allant chercher le public qui, en grande partie, connait déjà les nouveaux morceaux présentés ce soir (Adelphité, Du sang sur les fleurs, On revient sur Terre et Luminaria) et reprend avec entrain les plus anciens morceaux.

SIDILARSEN @ ROCK IN REBRECH 13

Si chaque album n’est pas ce soir représenté, les God’s got guns, On va tous crever et autres Back to basics voient le public accompagner avec force le groupe très en forme, avant que, là encore de manière classique, Sidilarsen ne ferme le ban avec La morale de la fable et l’incontournable Des milliards. Oui, Sidi est en forme et il ne fait guère de doute qu’on entende beaucoup parler d’eux cette année.

SIDILARSEN @ ROCK IN REBRECH 13

Malgré un temps grisâtre, une humidité presque constante et des horaires assez tardifs – une idée à explorer pour la prochaine édition: démarrer, en cette période encore scolaire, une heure plus tôt, surtout pour vraiment profiter de la tête d’affiche – le public est venu en nombre. Paradoxalement, la journée du 26 mai, gratuite, a attiré beaucoup moins de monde que ce samedi, pourtant payant. C’est rassurant pour l’avenir du Rock In Rebrech’, petit festival de province qui monte et monte tranquillement!

SIDILARSEN @ ROCK IN REBRECH 13

SIDILARSEN au Rock In Rebrech 13: entretien avec l’orga

Entretien avec Arno T. WALDEN, organisateur du festival Rock In Rebrech. Propos recueillis le 3 février 2024.

Les 25 et 26 mai prochains se tiendra la nouvelle édition du festival Rock In Rebrech. La petite commune voisine d’Orléans accueillera pour l’occasion un plateau 100% français avec la présence des locaux de La Jarry, la venue des Princesses Leya et une très belle tête d’affiche avec les Toulousains de Sidilarsen. Arno nous explique tout de cette 13ème édition – et plus encore… Visitez dès à présent le site pour obtenir vos billets: Rock In Rebrech 13 ou avec le lien Helloasso

Arno T. Walden – Rock In Rebrech

Pour commencer, Arno T. Walden… Qui es-tu ?

(Rires) Je suis un musicien qui a fait ses premières armes sur le secteur d’Orléans. Ensuite, je suis allé à Paris, j’ai suivi des formations dans une école de chant, je suis parti en Angleterre, j’ai pas mal voyagé, en fait, avant de revenir m’installer dans la région. A une époque, j’étais intermittent mais après j’ai cessé. Et j’ai remis le pied à l’étrier parce que ça me manquait… Quand j’ai repris la musique, d’abord pour me distraire, puis, de fil en aiguille, il y a des gars qui m’ont fait me reconnecter. A l’époque, c’était un peu plus long parce qu’il n’y avait pas internet… J’ai fait un album avec un premier groupe, ensuite je suis parti sur un projet plus perso sous mon nom, j’ai fait deux albums, j’ai monté les Troopers (NdMP : The Iron Troopers, tribute band à Iron Maiden, qui sera en concert à Rebréchien le 20 avril prochain). Là, dernièrement, j’ai rejoint Trafic Jam (groupe fondé par Valentin Labani). Je suis musicien professionnel, et depuis quelques temps, je fais aussi du chant classique.

J’ai cru comprendre qu’à un moment tu travaillais aussi pour la municipalité…

J’étais élu. Comme tout bon citoyen, tu peux faire partie du Conseil municipal. J’ai trouvé ça intéressant, et je faisais partie de l’équipe, on a remporté le mandat précédent et j’ai été délégué à la culture. Déjà, avant, en tant que bénévole, je m’occupais du Rock in Rebrech. Là, en étant à la mairie, j’étais encore plus impliqué.

Peux-tu nous parler de l’histoire du Rock In Rebrech ? Ce n’est pas la première édition…

Ouh là ! Non, c’est la 13ème édition ! En tout, ça fait 15 ans que le festival existe, avec deux années d’interruption…

Lesquelles ? Je ne vois pas de quoi tu parles…

(Rires) Wasted years… On va éviter de parler de ces mauvais souvenirs… Comment est né le Rock In Rebrech ? Il y a 15 ans, un élu la mairie, Ludovic Langlais, est venu me dire qu’il avait envie de monter un… ce n’étais pas un festival, un tremplin rock sur Rebrechien. Il savait que j’étais musicien, et il voulait que j’utilise mon réseau pour développer son projet. En tant que musicien, ça m’intéresse de voir comment tout ça se passe de l’autre côté de la scène. Mon réseau, il était déjà essentiellement rock, hard rock, metal, donc l’identité « esthétique » du tremplin était toute trouvée. Je n’allais pas faire venir des groupes de reggae ou de pop, ce n’était pas mon domaine. Je ne connais personne là-dedans… On fait une première édition à la salle polyvalente, ça se passe super bien. On remet le couvert l’année suivante, sous la formule « tremplin ». J’étais un peu… frileux, parce que je n’aime pas vraiment cette idée de « compétition » en musique, dans l’art. En sport, OK, mais faire un « concours de musique », c’est tellement subjectif, ça dépend des envies de chacun… Donc, la seconde année, on le refait, mais ça merdouille. Notamment au niveau des votes du public, on n’était pas organisés, certains ont voté 72 fois… Troisième année, on remet le couvert et je suggère de faire venir une tête d’affiche pour rameuter du monde. Mon idée, c’était aussi de promouvoir mon style de musique auprès des gens. Déjà en France, le metal n’est pas très médiatisé, alors en ruralité, on n’imagine même pas ! Je me suis un peu posé comme « pasteur du metal » (rires). On est quand même assez bizarres, nous les métalleux : on a envie que tout le monde connaisse mais en même temps, on veut garder ça pour nous (rires).

On le voit avec les grands festivals. Beaucoup de personnes disent que « c’était mieux avant quand il n’y avait que 2.000 personnes ». Oui, mais derrière, il y a aussi une ambition !

Une ambition, une économie… On n’est jamais contents. Mais c’est un peu les Français… Donc, on fait venir Satan Jokers. Et là… C’est un peu le binz dans l’organisation, on arrivait à la fin du mandat, il commence à y avoir des tensions au sein de l’équipe municipale – je n’étais pas au fait de tous ces aspects-là à l’époque. Je fais venir Satan jokers, mais je jouais aussi. Donc, j’avais une double casquette. Au final, ça se passe super bien et c’est à ce moment qu’il y a la rupture avec le tremplin rock. L’année suivante, je fais partie de l’équipe municipale qui est élue. On remet le Rock In Rebrech sur la table de travail et j’impose en quelques sortes le Rock In Rebrech. On continue avec nos têtes d’affiche, il y a eu Elmer Food Beat, carton phénoménal. On a fait ça dans la salle polyvalente qui peut accueillir, je crois, 300 personnes. Là, on était largement au-delà (rires) !

Donc, il y a eu trois années de tremplin puis la volonté de transformer l’évènement en festival avec une vraie tête d’affiche. A l’époque le festival était gratuit.

Oui, il n’y a que l’an dernier où il soit devenu payant. Mais on va en reparler… Avant, il a toujours rencontré du succès, on a reçu, de beaux noms…

J’ai noté Cock Robin, Vulcain, Chris Slade Timeline, Marco Mendoza (NdMP : respectivement ex-batteur notamment d’AC/DC et ex-bassiste de Whitesnake, The Dead Daisies et d’autres). Comment te débrouilles-tu pour entrer en contact avec gens-là et les convaincre de venir à Rebréchien. Parce que Rebréchien, ce n’est pas Orléans, c’est rural…

On est d’accord ; il y a trois axes fondamentaux : d’abord, en tant que musicien, je connais beaucoup de programmateurs, de boites de booking… j’ai des amis que je contacte, à qui je pose des questions. Je réseaute beaucoup, en direct… Ensuite, comment convaincre les artistes de venir ? il y a le passif : quand ils voient les photos, entendent le bouche-à-oreille… la réputation les convainc. Et le truc « bassement mercantile », l’argent : un artiste a besoin de se nourrir. On lui propose un tarif, il est d’accord, il vient. Ils sont dans cette démarche de promotion, de « capter » des gens qu’ils ne toucheraient pas autrement…

J’imagine que pour des gens comme ceux que nous avons cités, des fines gâchettes reconnues, les tarifs ne sont pas les mêmes. Pour un festival gratuit, comment trouvez-vous les finances ?

Je t’explique en deux temps : premier temps, c’est « l’époque mairie ». A cette époque-là, c’est organisé par la mairie. Il y a une enveloppe globale pour gérer la mairie, et à l’intérieur, un budget pour la culture, entre autres. Sur mon mandat, il avait été choisi de prioriser le festival qui était l’évenement culturel de l’année pour la commune. Il y avait d’autres postes un peu moins couteux, comme des cérémonies. On globalisait tout ça. Le Rock In Rebrech étant gratuit, beaucoup de gens venaient et on se rattrapaient sur la buvette et la restauration. Il y avait aussi un partenariat avec Super U, V and B, des entreprises qui faisaient un peu de mécénat. S’il y avait un déficit, la mairie faisait un jeu de chiffre. Tous les ans, il y avait une compensation de déficit. Naturellement, quand tu fais des entrées gratuites, tu ne peux pas espérer entrer dans tes fonds… De toute façon, la culture n’a pas vocation à être excédentaire. La culture fonctionne aussi avec tous les à-côtés, il faut le comprendre. La culture, la santé, l’éducation… ce ne sont pas des secteurs pour gagner de l’argent. Ils sont là pour apporter de la cohésion dans un peuple, de la matière grise, générer des richesses par ailleurs. Si on prend l’exemple du Hellfest : si le festival s’arrête demain, ce sont tous les Clissonnais qui vont faire la gueule. Parce que le festival permet aux restaurants, aux hôtels, aux Air BnB, aux commerces de faire leur chiffre d’affaires pour l’année. C’est grâce à la culture, il faut vraiment avoir cette vision un peu plus large que le seul concert. Le maire de l’époque avait cette vision. Il avait bien compris cet intérêt de fédérer. Et on parle de Rebréchien ! Ça ne choquait personne, ce déficit. Six ans plus tard, le maire en place – il avait cumulé trois mandats et voulait passer à autre chose, ce que je comprends – se retire. Changement de municipalité, je décide de ne pas me représenter sur une liste. Traffic jam commence à décoller, on est signés sur un gros label, Rockshots records, et je me dis que je n’aurais jamais le temps… Entre ma formation de chant lyrique, les cours de chant que je donne, les Troopers, Trafic jam… « comment je vais faire ? » Je n’aime pas m’engager à la légère, donc j’arrête la mairie. Mais le nouveau conseil me demande de reprendre le Rock In Rebrech, avec l’asso dont je fais partie, No Mad Musik. La nouvelle municipalité a commencé juste avant le covid. L’an dernier, c’était la seconde édition avec eux. La libération arrive, en 2022 on fait venir Marco Mendoza. On a fait un vrai carton, je crois qu’on a eu 3.000 personnes ! Enorme !

Vous avez déplacé le festival en extérieur il y a quelques années. C’est une autre capacité que la salle polyvalente. Vous pouvez accueillir combien de personnes ?

J’ai envie de te dire que c’est presque illimité. Il y a un terrain de foot et tout un espace vert autour de la salle polyvalente. C’est là qu’on installe la scène. Je pense qu’on pourrait accueillir facilement 10.000 personnes. Après, c’est Rebréchien qui aurait des difficultés pour stocker les bagnoles (rires) ! Donc, après cette date avec Marco Mendoza, on s’est dit « c’est bon, c’est parti ! » En plus, on commence à attirer des stars internationales ! Classe. On bosse sur une autre édition, on attire des noms comme Krashkarma, Jelusick… là, on a quelque chose d’intéressant qui commence à se construire. En décembre 2022, je me fais pirater tous mes réseaux : mon compte Facebook, Instagram, mail, le site internet… tout ça pète. Impossibilité de retourner sur les anciens comptes – je suis banni… Je n’arrive à joindre personne, la panique totale… En janvier je crée un nouveau compte, je repars de zéro…

J’ai comme le sentiment que tu vas nous parler de la communication qui a foiré… On en vient donc à cette édition de l’an dernier, 2023, qui a été une grosse déception avec peu de monde…

Voilà… En plus, on a mis un moment à réagir. Tous les comptes connexes, et j’en assume la responsabilité, tous ces comptes, les Troopers, le festival, etc, tout était relié à mon compte sans autre administrateur. Donc tout ça… Terminé ! On aurait dû avoir un autre administrateur, et là, on aurait pu récupérer les comptes. En février, mon ancien partenaire son m’appelle en me disant qu’il n’a pas les reins assez solides pour assurer le son sur deux journées de festival. J’appelle des pros, je vois les montants… On a déjà signé les contrats avec les artistes, on ne peut plus faire machine arrière… Donc là, on devait faire payer les entrées, pas d’autre possibilité. On a fait 3.000 personnes l’année d’avant, faire payer les entrées, même si on ne fait rentrer que 2.000 personnes – là, on était dans nos délires – on fait les calculs, la buvette… L’objectif c’est d’être à zéro… En mars, on enclenche la com physique. Je contacte mon imprimeur qui m’annonce avoir mis la clé sous la porte… Il me donne un contact, un tuyau crevé, j’appelle partout… On fini par trouver quelqu’un en avril. Tu imagines ? En avril ! Le festival il est un mois après ! On n’a pas une affiche, pas de com’ sur internet et là… Coup de grâce : j’apprends qu’il y a un concert qui est organisé, un concert gratuit, à Saint Lié la Forêt, le même jour, avec des food trucks, qu’il y a autre chose un peu plus loin… je n’ai pas eu le temps de rentrer en contact avec eux, mais je suis prêt à parier que tout ça est dû au fait que nous n’ayons pas eu le temps de communiquer. Ils n’ont pas fait exprès d’organiser ça le même jour que nous, ils ne le savaient tout simplement pas ! Avant que ça ne commence, j’étais persuadé que ça allait être la merde. Les gens qui gueulent parce que c’est payant… 8€, quoi ! Comment c’est possible d’avoir ce genre de mentalité aujourd’hui ? Mais quand tu y réfléchis, ça a été gratuit pendant 11 ans, la musique, c’est gratuit – tu as un abonnement à 4€ et tu as tout à portée de main…

Aujourd’hui, on le voit : les groupes, c’est la scène et le merchandising qui les font vivre. Le guitariste de Black Stone Cherry disait il y a peu que la scène, c’est la seule chose que le public ne peut pas pirater ! Tu veux voir un groupe en vrai, tu dois y aller…

Je trouve ça bien. La scène, c’est l’endroit où doit être un musicien.

L’an dernier, il y a eu cette grosse découverte : Krashkarma. Ceux qui ne sont pas venus ou qui ont fait demi-tour peuvent le regretter…

Ah, oui ! Krashkarma, j’ai des nouvelles d’eux très régulièrement, ça faisait un moment que j’avais un œil sur eux. Qu’ils puissent faire cette musique à deux, c’est incroyable ! Je les ai découverts grâce au manager de Trafic Jam. C’est un malin, lui, il déniche des talents…

Ça veut dire que Trafic Jam c’est un groupe talentueux ?

(Rires) Je ne peux pas le dire ! Mais, bon… Mais chez Rock World, sa boite, il va y avoir des trucs intéressants. Jelusick, Krashkarma, tout ça, c’est lui ! Marco Mendoza aussi…

Là, on a toute l’histoire du Rock In Rebrech, dont l’an dernier avec la défection non seulement du public, mais également, le second jour, celle de 50% des food trucks…

Ouais, alors ça… Ils sont là pour faire du business, d’accord, mais ils ont signé un contrat. Tu l’honores, le contrat que tu signes. Je suis musicien, je signe un contrat avec une salle, qu’il y ait 10 ou 10.000 personnes, je joue. Il m’est aussi arrivé de jouer dans des endroits, de festivals ou autre, où il n’y avait pas assez de monde, et je n’ai pas été payé… Tu sais, il y avait un des food trucks, il était tenu par un gars qui venait du monde du cirque. Il me disait « je vous comprends. Parfois, on allait dans un village, on faisait 4.000 personnes, le lendemain, on s’installait ailleurs et il y avait 10 personnes. On donnait quand même notre spectacle. » C’est le jeu… Quand tu acceptes de faire partie d’un évènement, tu en fais partie s’il gagne, mais aussi s’il perd. C’est trop facile de dire « j’accepte d’en faire partie s’ils gagnent » ! On est tous embarqués dans la même aventure. Là, ce qu’il s’est passé, c’était très, très limite. Les food trucks, c’est fini ! Il n’y en aura plus un seul sur le festival. On va faire comme avant : du bénévolat, on va mettre les friteuses, les barbecues, et c’est reparti ! Ce n’est même pas la peine de penser à un food truck ! Non… Le V and B, oui, c’est notre partenaire historique et je les remercie, ils sont incroyables. Le patron des enseignes de Chécy, Ingré et Olivet, Richard Facen, est devenu un ami depuis. V and B est une chaine qui a été lancée dans les années 2000. Leur concept, c’est de vendre de l’alcool, vin et bière, et ils font un peu pub, lieu de détente « afterwork ». Tu peux aller boire un pot jusqu’à 20h, après ils ferment.

Dans un premier temps, lors de la soirée soutien au Rock in Rebrech, tu as annoncé les trois groupes du 25 mai : La Jarry, une formation locale, les Princesses Leya, un groupe humoristique – très sérieux en même temps parce que pour atteindre ce niveau d’humour, il faut y aller – et les Toulousains de Sidilarsen (qui viennent d’annoncer la sortie le 19 avril de leur huitième album Que la lumière soit). Tu as par la suite annoncé que le festival continuerait le 26 mai. Les deux jours seront en extérieur ?

Oui, tout se passera dehors. En fait, ça va ressembler exactement à ce que tu as vu l’année dernière…

Avec plus de monde…

Ben, oui. J’espère bien ! Le samedi, ce sera la journée des « spécialistes », ou des « pros » avec les groupes que tu as cités. Le lendemain, je suis en train de monter la programmation, on va proposer une « scène découvertes » avec des groupes locaux, des gens du coin qui veulent monter sur scène. Je ne peux pas le faire le samedi, j’ai vu comment ça se passe : tout le temps, les gens arrivent vers 18 heures, 19 heures. Faire venir des groupes à 16 heures pour les balances – la tête d’affiche sait sa balance avant les premiers groupes – c’est toute une organisation. Alors faire venir la tête d’affiche le matin pour la mise en place et pour que des groupes locaux jouent devant peu de monde, ça n’a pas de sens. Du coup, on fait le samedi avec les « têtes d’affiche », on va proposer une solution de camping avec vestiaires, douches, des gites… tout ce qu’il faut. Le lendemain, dimanche, ce sera un esprit scène ouverte avec entrée gratuite.

Donc le 25 sera payant. Tu as une idée des tarifs ?

Les préventes sont à 18 euros, ce sera plus cher – environ 20 euros – sur place le samedi (les préventes sont disponibles sur le site du festival: Rock In Rebrech 13 ou avec le lien Helloasso). On fait plus cher, oui. Cependant, j’ai regardé tous les festivals qui accueillent Sidilarsen cette année, le moins cher est à 17 euros. Partout où ils vont, c’est ce tarif. Et puis, j’écoutais il y a quelques jour un économiste qui disait – ça a résonné en moi – « ce qui est gratuit n’a pas de valeur ». Ce qui signifie que, aux yeux des gens, comme c’est gratuit, ce n’est pas respectable. Mais si tu payes, tu y donnes de la valeur… (NdMp: signalons également que l’achat d’un billet en prévente donne également droit à une boisson gratuite)

Tu ne veux pas faire la bière gratuite ?

(Rires) Ça, il faut voir avec Richard !

On est donc bien sur 2 journées, la première payante, avec pour objectif d’amortir, et la seconde, gratuite.

Exactement. Le dimanche, on laisse à disposition les barbecues, les gens pourront même faire leurs propres grillades. En revanche, la buvette reste payante.

Puisque tu parles de restauration : aujourd’hui, nous sommes dans une époque très écoresponsable. Vous allez fonctionner avec le système ecocup, des couverts et emballages recyclables ou bio dégradables ?

Alors, les couverts, je reconnais que je n’y ai pas encore pensé mais on va tendre vers le plus propre possible. Depuis quelques années, chaque année, on voit les choses évoluer. Au début, on ramassait des déchets de tous types, maintenant, le rangement se fait en une journée. Le soir, c’est nickel. Les écocup, ça a vraiment changé beaucoup de choses. Pousser plus loin, maintenant, c’est logique.

Parlons maintenant de la campagne de communication. Autant l’an dernier, vous avez pris une douche froide, là, elle a déjà commencé. Il y a des flyers et des affiches qui circulent. Quid des affichages, annonces presses, médias ?

Déjà il va y avoir une annonce dans Rock Hard, dans quelques jours on va au Hellfest corner à Paris pour essayer de monter avec eux un partenariat. Je voudrais pouvoir faire un « event » avec des places à gagner. On a aussi fait faire un logo qui représente Baphomet… Il va y avoir une campagne d’affichage, j’ai été interviewé sur France Bleu, et on passe par la Fédération des musiques métalliques qui existe depuis 2 ans. Pascal Guegue travaille avec des institutionnels, l’Adami, la Sacem… Il cherche à promouvoir le metal en France, c’est un peu le pèlerin du metal, il va partout… Maintenant, je crois que j’ai fait le tour… On s’est pris un râteau l’an dernier, ça ne nous empêche pas d’aller de l’avant. On a pu récupérer un peu avec la soirée de soutien mais on continue. Et on a une super affiche.

Je vais découvrir live les deux premiers groupes, cependant, Sidilarsen, je les ai vus à plusieurs reprises, et à chaque fois, c’est une claque. On passe un super moment. Leur musique est aussi metal qu’électro, et ça dépote ! En même temps, on revient à une affiche 100% française, ce qui doit, j’imagine générer des coûts un peu moins importants…

J’aime beaucoup leur côté crossover. Maintenant, pour les coûts, oui, même si, au début, j’ai contacté Rage tour et quand ils m’ont annoncé les tarifs de Mass Hysteria, j’ai dit non, ce n’est pas pour nous. Ils m’ont dit qu’ils avaient aussi Sidilarsen, qui fête ses 20 ans et sort un nouvel album. Ouh… là, oui, ça m’intéresse ! Je leur ai proposé de prendre deux groupes, « est-ce que vous me faites un prix ? »… Bref, les négociations mercantiles ! Donc, on aura aussi Princesses Leya, un groupe humoristique moins « crado » qu’Ultra Vomit. Moins caricatural… J’aime pas qu’on se moque de mes jouets en plus… C’est comme quand, pour résumer le Hellfest, tous les ans, Quotidien qui ne montre que des culs… C’est pas ça le Hellfest, c’est du spectacle, de la musique, une ambiance ! Si tu n’as vu que ça… Fais ton boulot de journaliste quoi !

As-tu quelque chose à rajouter concernant le Rock In Rebrech ?

Je crois que nous avons fait le tour, il y a déjà beaucoup de choses. Merci beaucoup !

Pour obtenir vos billets: Rock In Rebrech 13 ou avec le lien Helloasso

Interview: SIDILARSEN

Interview SIDILARSEN. Entretien avec Benjamin « Vyber » (guitare, chant) et David  « Didou » (chant) Propos recueillis à l’hôtel Alba Opéra à Paris, le 10 avril 2019

Metal-Eyes : Commençons par un saut en arrière puisque vous avez rencontré un franc succès avec votre précédent album, Dancefloor bastards, cycle qui s’est conclu par un album/DVD live qui a été enregistré chez vous, au Bikini de Toulouse. Quel regard portez-vous sur ces trois dernières années ?

Didou: Des années très riches…

Metal-Eyes : Elles vous ont vus voyager, aller en Russie, notamment.

Vyber: Elles nous ont permis de franchir des étapes importantes : le Hellfest, le DVD, comme tu disais qui célèbre nos 20 ans de carrière, et aussi la Russie, avec la découverte de la portée musicale… Une émotion particulière…

Metal-Eyes : Tu parles de « portée musicale » ; vous l’avez vécu comment ce voyage ?

Vyber: Il y avait vraiment un accueil chaleureux, extrêmement franc et direct, alors qu’on se demandait comment on allait être perçus parce qu’on chante en français… Et en fait ça a largement dépassé les barrières, c’était très fraternel avec le public.

Metal-Eyes : Comme quoi, un groupe français qui chante en français peut rencontrer le public à l’étranger… Je crois qu’il y a des Allemands qui l’ont prouvé dans leur langue mais je ne sais plus trop qui…

Didou: On se base beaucoup sur cet exemple…

Metal-Eyes : C’est aussi, je pense, une question de se donner les moyens, de prendre des risques (ils acquiescent tous les deux) plutôt que de se cantonner à jouer le week end, avec des boulots à côté parce qu’il faut aussi se nourrir. Vous allez y retourner ?

Didou: On espère, c’est même probable… C’est une belle histoire.

Metal-Eyes : Venons en au présent : On va tous crever – enfin, ça c’est l’avenir, c’est une évidence… Que s’est-il passé ? Vous êtes passés d’une certaine joie de vivre avec Dancefloor bastards à un côté beaucoup plus sombre et brutal sur ce nouvel album…

Vyber: En fait, il y avait déjà du sombre sur Dancefloor, et on avait envie d’exploiter cet aspect là. L’époque nous y a amenés, et c’est aussi ce qu’on sent autour de nous, la réflexion mondiale tourne autour de ça et on a été influencés par tout ça, c’est ce qu’on ressent. Et on avait aussi envie d’une couleur plus metal. Je pense, je suis sûr même que ça correspond à ce que dégageait notre live dans la sélection des morceaux. Il se dégage une vraie couleur metal et on avait envie d’enfoncer le clou là-dessus. Rebondir, donner de l’excitation dans un nouveau Sidi… On a bientôt 22 ans… Par le jeu, aussi, il y a plus de guitare basse batterie, un son plus massif te sombre. C’est aussi parce que le reste, on l’a déjà fait. Ca n’efface rien.

Didou: Et ça ne renie rien du tout, non plus. C’est un besoin actuel pour nous. Il y avait déjà cette face sombre dans un titre comme Guerres à vendre. Là, on avait envie d’aller dans une seule direction, un concept – enfin, concept… C’est un bien grand mot… Et une production homogène, droit au but. On voulait moins s’éparpiller. Une envie qu’on avait depuis un moment de faire un album compact… Après, c’est aussi nos vies personnelles, la confrontation avec la mort… On revient aux fondamentaux : on fait du metal et on se confronte à la mort.

Metal-Eyes : Ca répond en partie à ma question suivante qui est de savoir comment vous analysez l’évolution du groupe entre ces deux derniers albums. Vous retournez vers le metal avec des sujets sombres, même si vous avez toujours été engagés dans vos textes (ils approuvent) et que la situation du monde fait que ça entretien votre colère…

Vyber (il rit) : c’est ça…

Didou: On n’y est pour rien

Vyber: Ca ne l’a pas calmée… On voudrait bien être très apaisés, mais pour le coup, ça nous arrange, ça colle avec nos volontés musicales. Il y a de quoi être enragés, mettre de grosses guitares acvec de la colère véritable et sincère…

Metal-Eyes : Vous chantez tous les deux ; comment vous répartissez-vous le chant ?

Vyber: Complètement à l’arrache ! (rires)

Didou: C’est vrai, on le fait à l’arrache mais en fait, c’est une science, c’est notre propre science…

Vyber: C’est vraiment une alchimie particulière qui est devenue instinctive au fil du temps…

Didou: On se connait bien tous les deux, c’est assez naturel. Ca peut paraitre étonnant pour certaines personnes parce qu’on est deux à écrire. Mais il n’y a pas d’importance réelle de savoir qui a écrit quoi, parce qu’on s’aime, on s’apprécie suffisamment pour se donner ce beau cadeau qu’est la création, l’écriture. Qu’elle soit chantée par l’un où l’autre ne nous pose aucun problème. C’est même très intéressant d’interpréter un texte qui n’est pas le sien. Il n’y a pas de logique…

Vyber: A de rares exceptions près… Il y a un morceau qui s’appelle Dans tes bras qui a été écrit par David et qui est tellement personnel que ça n’aurait pas de sens que je chante.

Didou: J’en ai parlé avec Benjamin qui a entendu ma requête. C’est arrivé dans le passé qu’il y ait des choses un peu plus personnelles. Il y a eu un titre où je suis venu saupoudrer parce que je n’ai pas d’instrument, autre que vocal. J’étais juste là en appoint, et c’était une chanson très forte de Sidi. Ca pourra arriver dans un sens comme dans l’autre à l’avenir, mais ce n’est pas la priorité. La priorité , c’est un collectif, un ensemble, mais c’est important aussi d’avoir cette liberté, cet espace de liberté pour mettre un peu de piment et varier les plaisirs. Parce que si nous prenons du plaisir, a priori l’auditeur en aura aussi.Après c’est aussi l’insiration, on ne se force pas, il n’y a pas de règle. Ca s’est fait comme ça pour Dans tes bras, mais le reste de l’album est clairement marqué par cette entité Vyber/Didou qui est notre empreinte. Moi, j’adore ça, ça me rend plus fort d’avoir quelqu’un à qui donner le change. Tu peux soulever des montagnes comme ça.

Metal-Eyes : D’un autre côté, ça vous ôte la problématique de la question : « avec qui je vais chanter en duo ce soir » ! (Rires général)

Didou: Voilà ! Il y a un filtre permanent et ça donne beaucoup de force d’être deux. C’est puissant. C’est peut être parfois plus compliqué dans la compo parce qu’il faut créer des espaces, trouver une cohérence pour que ce soit agréable à l’écoute et pas « il a fallu caser le passage Didou, le passage Vyber »…

Metal-Eyes : Tu parles de compo ; vous avez eu deux années très occupées après Dancefloor bastards, ce qui signifie que ce nouvel album a été enregistré et composé assez vite. Est-ce que vous avez changé votre méthodologie de travail ?

Vyber: C’est pas vraiment la méthode entière, c’est surtout pour l’enregistrement où on avait une idée précise en tête. C’était vraiment un son de guitare, un son de batterie, on ne voulait pas partir dans tous les sens. Comme le disait David, on voulait quelque chose de compact. On a profité aussi du fait que Sylvain soit arrivé pour s’écouter jouer, jouer ensemble, mettre en perspective nos manières de faire. Trouver la juste place de chaque instrument, même des machines. La basse est beaucoup moins saturée que ce qu’on a pu faire dans le passé, ça s’approche plus d’un son naturel pour du metal, la batterie aussi prend plus de place… Faire un mixage complet pour créer de la largeur et de la puissance.

Didou: On voulait que Sylvain puisse s’exprimer dans la compo, qu’il puisse mettre sa patte dans le cadre Sidilarsen avec tout le passif qui est lourd, puissant mais ça faisait aussi écho à nos envies. Sa façon d’écrire, ajoutée à la notre, a amené un petit vent frais qui correspondait à nos envies.

Vyber: Et pour la première fois, avec la sortir du DVD qui nous permet de nous arrêter et de regarder où on en est, on a pu se dire collectivement « voilà ce qu’on a fait : tel style, telles ambiances… On a déjà fait, faisons autre chose »

Metal-Eyes : « On n’est pas AC/DC »

Vyber: C’est ça.

Metal-Eyes : Que me diriez vous, l’un et l’autre, pour me convaincre d’aller acheter l’album dès sa sortie ?

Didou: Le problème, c’est que le 26 avril, on va tous crever… Donc il vaut mieux l’écouter très vite…

Vyber: (il rit) c’est ça… Après, je pense que ça va en surprendre quelques uns et ceux qui se sont endormis sur Sidi pensant que ça ne bougerait jamais, ben… Vous allez prendre une gifle ! Positive, la gifle. Ceux qui aiment ne seront pas choqués.

Metal-Eyes : Non, parce que depuis quelques albums il y a eut une évolution et, comme vous le disiez, vous retournez vers le metal, vers vos racines. Maintenant, si vous ne deviez, l’un et l’autre, ne retenir qu’un seul titre de On va tous crever pour expliquer ce qu’est aujourd’hui Sidilarsen, ce serait lequel, et pour quelle raison ?

Didou: Ah c’est chaud… Pour moi c’est chaud parce que j’ai toujours du mal à choisir un titre… Elle est vache comme question…

Vyber: J’aurais dit On va tous crever parce que c’est le titre éponyme, mais… Oui, il y a ces grosses rythmique très binaires dans le couplet mais ce n’est pas très dépaysant pour du Sidi, mais du gros refrain avec de la voix…

Didou: Assez frontal le refrain, et il est 100% français celui-là, il nous ressemble bien.

Vyber: Du bon gros metal français…

Metal-Eyes : Alors puisque vous parlez de metal français : vous n’êtes pas sans savoir que la Main 2 du Hellfest, le vendredi, sera 100% française

Les deux: Ouais, c’est chouette !

Metal-Eyes : Vous aviez posé votre candidature ?

Didou: Non, parce qu’on n’a pas cherché à arriver tout de suite sur un Hellfest alors qu’on l’a fait il y a deux ans

Metal-Eyes : Pourtant, il est marquant, ce Hellfest…

Didou: Oui, pourtout, il y a eut un avant et un après Hellfest 2017 pour Sidi. Avec ce public, ça a été énorme, fabuleux. Maintenant, deux ans après, en pleine sortie d’album, c’était un peu trop tôt pour revenir. On a tellement tourné sur Danceflor bastards qu’on a besoin de laisser vivre cet album et le premier clip, sachant qu’il va y en avoir un second, on laisse infusé. L’idée, c’est de revenir sur un Hellfest en 2020, on aura déjà bien commencé à écumer les clubs, les salles et les festivals, on sera bien en forme, et là, on voudra mettre une bonne rouste, ou comme on dit à Toulouse, « une bonne roustade »…

Metal-Eyes : En plus, ce serait pour le 15ème anniversaire, ce qui est un autre symbole…

Vyber: Ben voilà ! en plus !

Metal-Eyes : Tu dis qu’il y a un avant et un après Hellfest… Quel est votre souvenir le plus prégnant de ce Hellfest justement ?

Didou: Pour moi, le fait de jouer en plein jour. Peu de groupes le disent, mais le monde, ces visages… J’aime bien l’exercice du plein jour parce qu’on a un show très visuel et on est habitués à jouer la nuit, dans des salles fermées, ou dans des festivals la nuit…Il est très rare qu’on joue en journée et c’est un exercice différent, très intéressant parce qu’il n’y a plus aucun filtre. Là, en plus, c’est complètement démesuré, tu pourrais te dire qu’on est loin du public, que c’est impalpable, mais au contraire : c’est une confrontation directe, en plein jour, et c’est… énorme !

Metal-Eyes : Vous étiez passés assez tôt, avec un temps de jeu limité…

Vyber: Oui, ça permet de te lâcher dès le départ

Didou: T’as pas le temps de passer par 4 chemins, il faut y aller tout de suite… Mais le public nous y  a particulièrement aidés, les gars étaient chauds, directs…

Vyber: Le public nous a transportés… Incroyable…

Metal-Eyes : Quelle pourrait être la devise de Sidilasrsen en 2019 ?

Didou: Elle est évidente : On va tous crever… (rire général)

Metal-Eyes : Donc on va pouvoir la placer sans cesse… Ca veut dire qu’il n’y aura pas d’autre album de Sidilarsen…

Didou: « L’ardeur du vivant »… On en a traversé des tempêtes, ensemble. Et à chaque fois, l’humain l’a emporté.

Vyber: On profite du présent. On se dit que maintenant, le temps passe, il serait temps de profiter de tout, pas seulement des aboutissements des projets, mais aussi profiter de la route, tout le temps

Metal-Eyes : Profiter de tout, ça veut dire aussi pouvoir profiter d’une journée promo à Paris pour aller visiter, mais non… Ça fait deux jours que vous êtes coincés ici … (ils explosent de rire)

Vyber: On profite des gens…

Didou: On profite de cet instant avec toi, et c’est bien. On est bien là et pas à moitié sur des smartphones…

Metal-Eyes : Vous avez encore une interview après, mais jusqu’à présent, quelle est la meilleure question qu’on vous ait posée, la plus étonnante, ou la plus surprenante, décalée ?

Vyber: Waow…

Didou: Il y en a eut quelques unes d’intéressantes… C’est peut-être celle que tu viens de poser…

Metal-Eyes : Ça c’est facile…

Didou: Oui, c’est facile… Alors… Il y a eu des débats intéressants, plus que des questions. Des débats où on est même sortis du cadre musical, on est partis assez loin…

Vyber: Les questions étaient « assez classiques », les gens ont cherché à vraiment parler de l’album…

Didou: On a trouvé qu’il y avait une belle qualité d’interviews par rapport à ce dont on se souvient pour les albums précédents. Il y a eu une constance, parfois il y a, sans jugements, sans se poser en juges, des interviews qualitatives, d’autres un peu moins, mais c’était aassez profond tout au long de ces deux journées. On ne s’attendait ps à ce que les médias prennent autant au sérieux cet album et son titre. On savait qu’il y aurait un peu de ricanement avec ce titre, et on provoque un peu. Mais chaque intervenant a bien saisi le sens et ne la pas pris comme si on était juste un groupe de punks anars. Peut-êttre que la pochette y est aussi pour beaucoup…

Vyber: Ca reste un objet artistique, ce n’est pas un manifeste politique. Il y a effectivement cette dimension d’entertainment, et quand tu achète un album de metal, c’est pour du gros son avant tout.

Didou: Il ya effectivement cette dimension de plaisir, et dans un second temps, chacun va creuser…

Metal-Eyes : Creuser, avec un « s » (rires général)

Vyber: Oui, en effet, dans un second temps on va tous crever… euh creuser !

Metal-Eyes : Merci à tout les deux, j’espère qu’on vous verra bientôt sur scène, et bonne route avec ce nouvel album !

Didou: Alors, déjà: une date, le 23 novembre, à la Maroquinerie. Il y en aura plein d’autre bientôt annoncées. Merci à toi !

 

SIDILARSEN: Live – In Bikini dura Sidi

Metal, France (Verycords, 2018)

Avec le superbe Dancefloor bastards, paru en 2016, Sidilarsen entame une longue tournée qui célèbre ses 20 ans de carrière. 20 ans, 6 albums studio, un public fidèle(bien que pas assez important à mon goût). Sa tournée a mené le groupe toulousain un peu partout en France, et Sidi se souvient certainement de son passage en Russie, en compagnie de Severny Flot. Mais surtout, le quintette passe enfin au Hellfest en 2017 et immortalise son passage à domicile dans un Bikini blindé (la salle peut accueillir jusqu’à 1500 spectateurs sur 2 niveaux) et survolté. Si le CD comporte – naturellement, même si l’on aurait pu espérer un double CD… – moins de titres que le DVD, l’ambiance est parfaitement captée. Le groupe est au taquet, faisant participer le public qui ne se fait pas prier. Bien sûr, le dernier album est à l’honneur, les autres albums ne sont pas en reste. Naturellement, le concert se termine avec l’indispensable Des milliards et son public invité à s’asseoir avant de sauter symbolisant le réveil de la population. Frissons assurés. Le groupe plongé dans des couleurs bleues, rouges et mauve dominantes, on savoure de retrouver Sidi live, d’autant que les caméras sont autant focalisées sur le groupe que dans le public, véritable 6ème homme de ce concert. Toujours pleins d’énergie, les Toulousains se font plaisir en réservant quelques surprises au public, dont ce solo de batterie de Sam Cancel, accompagné par le bassiste de Severny Flot, Alexander Kulikov, la venue sur scène des furieux Arno et Poun de Black Bomb Ä ou celle de la chanteuse Béra ou, naturellement, de Sabash, venu célébrer cet anniversaire sur Teknotrone. Au delà de ce concert d’un groupe quasi irréprochable, l’intérêt du DVD se trouve dans le documentaire de 72 minutes qui voit les frères Cancel (Sam, donc, et David « Didou », le chanteur) et Benjamin « Viber » Bury, le guitariste/chanteur, ainsi que les autres et plus récents membres Benjamin Lartigue et Julien Soula (guitare et basse) raconter, sobrement, l’histoire de Sidilarsen. On fait ici le plein d’anecdotes, dont l’association avec Psykup et Delicatessen, deux autres formations locales, afin de monter une structures visant à faire avancer les groupes, ensemble. On trouve aussi un bel hommage au premier guitariste, Sabash, sa fidélité et son adoubement de son remplaçant. Hellfest, tournée en Russie, amitiés, équipe… tout y passe, avec émotion et sincérité jusqu’à arriver à ce Sidifest du Bikini, objet de ce live. Un beau document (« dédié au plubic », gag!)qui pose simplement la question: pourquoi Sidi n’est-il pas plus important? Une aventure à suivre pour les 20 prochaines années. Au moins!

SIDILARSEN et Severny Flot Live (Paris, le Divan du Monde, le 11 octobre 2016)

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Commençons par le désagréable: on va les remplir quand, ces salles de concerts? A peine plus de 250 personnes présentes au concert de Sidilarsen à Paris, c’est presque un scandale. Ce groupe mériterait amplement de jouer sur de scènes plus grandes, un Trabendo au minimum, un Elysée Montmartre, un Trianon, un Bataclan, aussi. Bougez-vous, ou alors, ne venez pas, demain, vous plaindre qu’il ne se passe plus rien à Paris!
SONY DSCDonc, peu de spectateurs se présentent pour assister au concert des moscovites de Severny Flot. Le quatuor s’installe tranquillement sur scène, et dégaine rapidement un metal couillu et varié. Le quatuor puise son inspiration dans de nombreux styles, et déménage bien grâce à un guitariste soliste impressionnant (et un claviériste d’une « discrétion » telle qu’il en est invisible…) Les influences slaves sont, évidemment, au rendez-vous, tout autant que du thrash, du punk ou du metal plus fin. Si on tape du pied, j’ai rapidement l’impression que Severny Flot a plein d’idées mais ne parvient pas à les exploiter à fond. Souvent, le milieu des chansons se fait lassant, navigant entre deux eaux… Hormis cela et quelques problèmes de guitare, le set est efficace, le chanteur remerciant le public en français, anglais, espagnol ou allemand… et se termine par deux titres carrément punk/thrash.

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SONY DSCSidilarsen subit un retard de 15′ à cause de difficultés lors du changement de plateaux. Mais dès l’arrivée sur scène des Toulousains, c’est la guerre! Le public pogote et saute en tous sens. deux écrans encadrent la batterie et seront utilisé efficacement tout au long du concert. Didou, atteint d’une bonne crève, arrive encapuchonné dans un sweat shirt qui cache son visage le temps des premiers morceaux, au cours desquels il saute et s’offre même une session de stage diving. Viber, qui partage le chant en plus de tenir la guitare, accompagné de Berben (guitare), Fryzzer (basse) et Sam (batterie) donnent également tout ce qu’un groupe de rock devrait donner à son public: de l’énergie, de la rage, de la sueur. Sidi convie même Poun, un des vocaliste de Black Bomb A, à venir partager le chant quelques instants sur Walls of shame avantSONY DSC d’organiser un (mini) wall of death afin de « casser ce mur de la honte ». Suit un solo de batterie aux accents électro comme les aime Sidi, qui n’hésite jamais à se faire aussi rugueux que dance. Tiens, justement, c’est Dancefloor bastards, leur dernier album, qui est à l’honneur. Le public est invité à chanter sur le morceau éponyme et (au moins) six morceaux sont extraits (Spread it, Dancefloor bastards, Guerres à vendre, Walls of shame, Méditerrannée damnée, 1976) de ce dernier et
superbe disque. Trop tôt arrive le rappel. Le public reprend à l’unisson le chorus de Des milliards. Les musiciens posent tour à tour leurs instruments, laissant le public terminer ce concert: « Nous sommes des milliards contre une élite / Impossible qu’ils nous évitent » alors que des visages défilent par milliers, milliards, sur les écrans. Impressionnant, tout simplement. Un superbe concert, malheureusement desservi par un public trop peu nombreux.

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HELLTERVIEWS – Spécial Interviews @Hellfest 2016

Au delà des concerts, le Hellfest est aussi un club de rencontres et le lieu révé pour faire, même rapidement, connaissance avec des artistes qui y donnent, ou non, un concert. Cette première vague de « Hellterviews » vous propose de retrouver les joyeux drilles d’Audrey Horne ainsi que les Frenchies de Mass Hysteria, Sidilarsen et Nightmare. A vous!

 

AUDREY HORNE

Rencontre avec Toschie (voc) et Isdal (gtr). Propos recueillis au Hellfest le 17 juin 2016

Audrey Horne

Metal-Eyes : Quelles sont vos premières impressions après ce concert matinal au Hellfest ?

Toschie : C’était fun… Il y avait du monde. D’habitude, quand tu joues aussi tôt à un festival, tu te demandes s’il va y avoir des gens ou pas, mais il y avait du monde. Le public a eut l’air d’aimer, nous avons aimé… C’était une bonne journée.

Isdal : Vous vous levez tôt, en France !

Metal-Eyes : Oui, et le premier concert a lieu à 10h30 ici.

Isdal : Je sais ! En Norvège, personne ne viendrait aussi tôt

Toschie : Si tu organises un festival en Norvège, à 10h30, il n’y aura personne. Peut-être qu’à 20h le public viendra.

Metal-Eyes : N’est-ce pas un peu frustrant pour une formation comme Audrey Horne d’être programmée aussi tôt ?

Isdal : Bien sûr, on préfèrerait jouer plus tard, mais c’est un festival important. Mais on a une place assez bonne : on joue sur une des main stages, les gens sont là, devant.

Toschie : Si tu joues tard, les gens risquent de ne pas s’en souvenir… « Tu as vu Audrey Horne ? Euh… Je sais plus, j’étais bourré ! » Mais ceux qui viennent le matin, oui ! « Je m’en souviens, yep ! C’était bien ! »

Metal-Eyes : Quelles sont les nouvelles du groupes ?

Isdal : Nous terminons la tournée de Pure heavy, qui est sorti il y a bientôt 2 ans. On fait quelques festivals, puis on retourne en Norvège pour quelques concerts, et on se remet au travail. On a les nouvelles compositions. Voilà les plans : finir la tournée et enregistrer un nouvel album.

Toschie : Quelqu’un doit s’attaquer aux lignes de chant, c’est ça ? On a une cinquantaine d’idées de nouvelles chansons. Comme une sorte de compte bancaire pour les nouvelles chansons, et on y puise tout. On y place tout : il a une idée de riff, on le joue et on garde. 20 seconde de musique, qu’on place dans notre banque d’idée. On e s’assied pas pour écrire une chanson de A à Z, on prend les idées, on voit ce qui marche, et ce sur quoi on peut travailler un peu plus, ou pas. On procède ainsi tout au long de l’année, et pendant l’été, au début de l’automne, on se concentre sur ces idées. On devrait avoir suffisamment de chansons pour enregistrer l’année prochaine.

Isdal : En gros, on écrit beaucoup, des riffs, des idées, et il (Toschie) peut nous dire « non, je ne peux pas chanter là-dessus. Ecris autre chose », alors on écrit autre chose. Encore…

Metal-Eyes : Quand vous tournez, en dehors des shows en tête d’affiche, comment décidez-vous de la setlist ?

Isdal : On se bat jusqu’à ce que l’un gagne !

Toschie : Oui. Et quand on n’a que 30 minutes, on sélectionne : celle-ci est rapide, celle-là est une ballade, donc on la vire. On n’a qu’une demi-heure, et un set comme aujourd’hui, beaucoup de gens ne connaissent pas le groupe. Il faut que ça soit punchy, percutant. Et bien sûr, nous devons prendre du plaisir, aussi ; Quelles chansons voulons-nous vraiment jouer ? J’aimerai vraiment faire celles-ci. Ok, jouons-les, alors.

Metal-Eyes : Vous vous souvenez du premier festival où Audrey Horne à joué ?

Toschie : C’était un petit festival, en Norvège. Mais

Metal-Eyes : Le plus gros festival auquel vous ayez participé ?

Toschie : Je dirais le Hellfest et le Grasspop, en Hollande. On a joué en ouverture d’AC/DC, mais ce n’est pas un festival.

Metal-Eyes : Quel est l’endroit le plus étrange où vous vous soyez produits ?

Isdal : Il y en a plein en Norvège…

Toschie : Oui, mais tu te souviens cette salle à Manchester, je crois ? Il n’y avait pas de scène, ce n’était pas une salle. Il y avait ces portraits d’horreur… Un peu flippant, et certainement étrange.

Metal-Eyes : Merci pour cette interview vraiment express et j’espère que votre prochain album sera aussi bon que Pure Heavy!

Toschie : Merci, nous aussi, on l’espère (rires)

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MASS HYSTERIA

Rencontre avec Yann (Mass Hysteria), propos recueillis le 18 juin 2016 à Clisson (Hellfest)

Metal-Eyes : L’actualité de Mass Hysteria c’est une grosse tournée des festivals, vous étiez la semaine dernière au Download, hier au Hellfest. Il y a quelques concerts à la rentrée également, ainsi que la sortie d’un nouveau CD/DVD live. Dans quelles circonstances ce disque a-t-il été enregistré ?

Yann : On l’a fait sur notre date au Trianon. Il n’était pas du tout prévu qu’on l’enregistre, et quelqu’un nous l’a proposé, et le résultat est super bien.

Metal-Eyes :J’imagine qu’en plus du concert, ce DVD propose quelques bonus ?

Yann : Il n’y a pas grand-chose, en fait. A ce concert-là, on a joué tout l’album, Matière noire, en entier. Et il y a un petit reportage sur ce qu’il s’est passé l’après midi.

Metal-Eyes : Parlons un peu de la scène: hier vous avez voulu faire le plus grand Wall of death que le Hellfest ait connu. Mais un peu avant, vous êtes descendus, Mouss et toi, dans le public, ce que vous ne faites pas tout le temps.

Yann : C’est quelque chose qu’on a mis en place il y a quelques années et qu’on fait quand on trouve l’événement assez fort. C’est excitant de faire ça.

Metal-Eyes : Et ce Wall of death, vous êtes satisfaits du résultat ?

Yann : Oui, je n’ai pas encore vu d’images, mais on voulait un peut marquer le truc. Ca avait l’air assez cool. Celui de Dagoba était assez fort.

Metal-Eyes : Mass Hysteria est un groupe très engage. Comment faites vous pour entretenir cette rage qui vous anime ?

Yann : C’est la passion, après, ça vient naturellement. C’est une telle chance d’avoir Mass Hysteria qu’on n’a pas envie que ça s’arrête. Du coup, on ne se pose pas la question, on avance. Tant que les gens seront là.

Metal-Eyes : Mais d’un point de vue engagement politique, j’imagine qu’avec l’actualité que nous vivons en France, la loi El Komri, les attentats de l’an dernier, tout ça participle. Mais y a-t-il d’autres choses dans lesquelles vous puisez votre énergie ?

Yann : Mouss, il écrit des choses, il fait des bilans, et il essaie de dire aux gens de ne pas se laisser emmerder par tous ces soucis. Ce qui nous motive, c’est de dire aux gens de rester positifs. Tu peux rester positif, si tu éteins ta télé, passer du bon temps avec ta famille, aller à des expos, les cultiver, faire des choses. Si tu passes ta vie à regarder BFMTV, tu déprimes. Evidemment, il y a plein de choses qui vont mal, mais il faut voir autre chose aussi.

Metal-Eyes : Revenons à votre label, Verycords : j’ai l’impression qu’ils veulent tabler sur des produits CD/DVD. N’est-ce pas un peu risqué pour des groupes de faire ça étant dopnné l’état actuel du marché du disque ou est-ce, au contraire, un moyen de lutter contre cette morosité.

Yann : On fait pas attention à ça, parce qu’en effet, le marché du disque est catastrophique. C’est plus histoire de faire plaisir aux gens qui nous écoutent. Ce CD/DVD, on sait qu’on n’en vendra pas beaucoup, mais on sait que ça plaira aux gens qui étaient à ce concert. C’est des souvenirs qu’on aime bien garder, et quand on a la possibilité de les enregistrer, ça reste gravé. Un Olympia ou un Trianon sont des moments assez forts pour nous qu’on est fiers de pouvoir sortir en DVD et montrer aux gens.

Metal-Eyes : Revenons un peu en arrière, à des événements qui nous ont tous marqués, les attentats du mois de novembre 2015. Mass Hysteria a été parmi les premiers groupes à réagir, à vouloir continuer de faire du bruit. Est-ce que ça a impacté votre approche de faire de la musique ? Est-ce que ça a eu une influence sur votre manière de composer, ‘écrire vos chansons ?

Yann : Pas à ce niveau-là, non. On avait écrit un morceau avant qui s’appelle l’Enfer des dieux et qui parle exactement de ça. Le 13 novembre, c’était le jour du premier concert de notre tournée. On é tait dans le sud, et le lendemain on jouait à Toulouse. Quand on est arrivés au Bikini, le patron nous a demandé si on voulait jouer ou pas et nous a dit qu’il nous suivait, qu’on joue ou pas. On l’a fait, et je pense qu’on a eu raison parce que les gens en avait besoin. Quand on a joué L’enfer des dieux c’était assez fort, c’était un concert assez spécial.

Metal-Eyes : La semaine dernière vous avez joué à la première édition parisienne du Download. Quelles sont tes impressions au sujet de ce festival ?

Yann : J’ai été très agréablement surpris, je pensais que d’organiser ça une semaine avant le Hellfest c’était très risqué, en termes d’affluence. Mais il y avait beaucoup de monde, du coup on a été super bien accueillis, et le concert s’est très bien passé.

Metal-Eyes : Le lendemain, Reuno de Lofofora a fait une remarque quand il s’est rendu compte qu’il jouait en face des tours de la Défense. Vous y avez pensé ?

Yann : Je n’y ai même pas pensé…

Metal-Eyes : Pour terminer, quelles sont tes premières impressions concernant ce nouveau passage au Hellfest ?

Yann : Ca a été super. Tu sais, tu arrives ici, c’est un peu un rendez-vous spécial. On y a déjà joué deux fois, ça s’est super bien passé, et on se dit qu’il faut qu’on soit meilleurs. C’est un festival où je viens même quand on n’y joue pas. Ça fait une dizaine d’années que je viens tous les ans. Les gens étaient super réceptifs. Maintenant, continuez de soutenir les groupes français, d’aller aux concerts – pas tous, mais sortez – et achetez des disques.

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NIGHTMARE

Rencontre avec Nightmare – Yves Campion (basse) et Magali (Chant). Propos recueillis au Hellfest, le 18 juin  2016

Nightmare

Metal-Eyes : Avant que nous n’entrions dans le vif du sujet, je voudrais que nous revenions sur ce quo a motivé le départ des frères Amore.

Yves : Les raisons, c’est à eux qu’il faut les demander. Je n’aime pas trop m’étendre sur le sujet, c’est une longue histoire… Il y a 30 de boulot, ce n’est pas comme si on avait joué ensemble 2 mois. Ce qui est important, c’est le rebond, aujourd’hui. On aurait pu être très mal, mais on a pu rebondir grâce à Magali et trouver une nouvelle énergie.

Metal-Eyes : Qu’est-ce qui a motivé le fait de choisir une chanteuse pour Nightmare, qui a toujours eu un vocaliste masculin ?

Yves : Parce qu’on a une chanteuse qui chante du rock. On n’a rien contre les chanteuses qui chantent dans un registre opéra, Magali, elle, c’est une chanteuse qui chante avec des couilles. On la connaissait déjà, elle avait participé à un titre. Et c’est la meilleure chanteuse, capable de s’imposer dans Nightmare. C’est la numéro 1, autrement, il aurait fallu choisir un mec.

Metal-Eyes : Et toi, Magali, qu’est-ce qui t’a motivée dans ce choix de rejoindre Nightmare?

Magali : Il y a plusieurs choses qui m’ont motivée. D’abord, j’avais déjà travaillé avec eux comme Yves l’a mentionné. Humainement ça s’était bien passé et musicalement, j’avais kiffé. Donc le fait de pouvoir être à plein temps dans ce genre de musique, c’est un peu ce que j’attendais. Je me suis aussi rendue compte que j’aimais beaucoup la musique, et mes chanteurs d’influence, ce sont des hommes. Donc je suis très attirée par du chant puissant, avec du grain, mais pas que ça : j’aime pouvoir moduler aussi. Et dans Nightmare, j’ai cette possibilité. Je m’épanoui dans Nightmare.

Metal-Eyes : Quel est ton parcours, ton cursus musical?

Magali : Au niveau apprentissage ? Autodidacte et très fière. Passée par toutes les erreurs possibles et imaginables, dont les extinctions de voix, mais c’était il y a longtemps et j’ai fini par apprendre plusieurs technique pour pouvoir m’autogérer. Quand on est limité – et on l’est toujours – on ne profite pas pleinement de ce que l’on peu faire. Donc, autodidacte, et je me suis formée au fur et à mesure sur le terrain, et je fais aussi du coaching vocal. En apprenant aux autres à bien faire les choses, j’apprends aussi. C’est un échange.

Metal-Eyes : Vous allez jouer demain au Hellfest, assez tôt. Ce n’est pas un peu frustrant pour un groupe comme Nightmare, qui a une carrière de 30 ans, de jouer aussi tôt ?

Yves : Non. Après, si tu vois le line up des Main stages, après nous, il y a Orphaned land et DragonForce, on est assez bien lotis. Mieux qu’après King Diamond. On est très contents de jouer, et on ne va pas rentrer dans ces considérations.

Metal-Eyes : Que pouvez-vous nous dire de l’album que vous venez d’enregistrer ? Il est prévu pour quand ?

Magali : Il est prévu pour novembre. Je pense qu’il est très cohérent, c’est une suite logique de la série Nightmare, avec une voix différente. Des influences différente aussi. On a travaillé en symbiose en studio, on a beaucoup créé en studio de façon très spontanée, vraiment ensemble. On a balancé des idées et « que le meilleur gagne ». Au final, on sait plus qui a fait quoi parce que tout se tient et on s’en fiche.

Metal-Eyes : En quoi est-ce que l’arrivée de Magali a changé votre manière de composer ?

Yves : Déjà, je ne m’occupe pas des riffs de guitare. Mais la manière qu’elle a d’approcher une chanson, son timbre, sa voix, on était en phase. C’est un peu compliqué d’en parler, mais tu entendras le résultat.

Metal-Eyes : Tu le positionne comment cet album par rapport à l’ensemble de la discographie de Nightmare ?

Magali : Pour moi, il se distingue principalement au niveau des textes. J’y ai mis mon cœur, et je ne pourrais jamais ne pas mettre mon cœur dans les chansons. Je peux interpréter, chanter les anciennes chansons, mais ce n’est pas moi. La différence principale elle est là.

Metal-Eyes : De quoi parlent ces textes ?

Magali : C’est la surprise…

Metal-Eyes : Y-a-t-il des thèmes que tu refuses d’aborder ?

Magali : Oui, des choses dans lesquelles je ne crois pas. Qui me feraient sentir mal ou pas fidèle à moi-même. Des choses qui me mettraient mal à l’aise.

 

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SIDILARSEN

Rencontre avec Didou (chant) – Sidilarsen. Propos recueillis au Hellfest, le 17 juin 2016 2016

Metal-Eyes : ça fait quelques temps que Sidilarsen existe. Où se situe aujourd’hui le groupe sur la scène hexagonale ?

Didou : On se considère avant tout comme un groupe de rock. Mais on appartient à la scène metal parce qu’on a toujours eu un héritage metal. C’est difficile de parler de notre musique parce que c’est un métissage d’indus, d’électro, de metal, de rock… On fait partie de la scène metal française aujourd’hui, mais pour nous, le metal, c’est du rock. On aime bien dire qu’on est un groupe de rock français. Mais de rock dur, qui envoie, quoi !.

Metal-Eyes : Par rapport aux autres groupes, vous vous situez où ? Sidilarsen est encore très underground…

Didou : On reste un groupe indépendant. L’année prochaine, ça fera 20 ans qu’on tourne, on en est au 6ème album. On est au sein de la scène française avec No One Is Innocent, Mass Hysteria, Lofofora. Et on a la chance d’avoir un 6ème album, et ça n’a jamais marché autant, d’être signés chez Verycords qui le label de Mass Hysteria, The Arrs, No One, L’Esprit Du Clan… On est bien reconnu sur cette scène aujourd’hui, même s’il y a quelques médias, les « puristes », qui ont du mal, qui bloquent encore un peu parce qu’on n’arrive pas à mettre Sidilarsen dans une catégorie. Les gens aiment bien ranger dans des genres, sous genres et catégorie.

Metal-Eyes : Puisque tu en parles : vous avez été signés par Verycords qui est un label encore assez récent en France, mais qui bénéficie de la force de distribution de Warner. Comment avez-vous négocié ce contrat avec eux ?

Didou : Ca s’est fait naturellement. Pour nos deux premiers albums, on était signés sur des maisons de disques. On a voulu arrêter ce système, reprendre les rennes, car dans la façon de communiquer, de faire de la promo, on avait des idées, une vision, et on avait besoin de mener le bateau. On l’a faitr pendant plusieurs années, le groupe est devenu plus fort, on a beaucoup tourné – on est forts en live, on a un bon tourneur – et du coup on a eu de nouveau besoin de déléguer. On travaillait trop, avec mon frangin, le batteur. On ne peut pas avoir toutes les casquettes sans arrêt, tu t’épuises, et ça peut être au détriment de la musique. On avait besoin de se recentrer sur l’énergie de ce qu’on fait, de notre musique. De là, on démarché Verycords qui a vu le parcours du groupe, qui avait une assise, qui, sur le terrain, a un vrai écho. On a démarché, comme ferait n’importe quel groupe, et ils ont dit OK.

Metal-Eyes : Vous avez sorti, il y a quelques semaines Dancefloor bastards, qui porte très bien son nom d’après moi. Comment le décrirais-tu en comparaison du reste discographie ?

Didou : On aime bien dire, et penser, que c’est un album qui a été fait dans l’urgence. Mais la bonne urgence. C’est-à-dire que pour cet album, on n’a pas pris de recul : on a composé et on est tout de suite rentrés en studio, et on a mixé dans la foulé, alors qu’en général, avec Sidilarsen, on est soigneux, assez perfectionnistes, on aime bien enregistrer, prendre quinze jours de repos, revenir pour le mixage. Là on l’a réalisé avec Plume, qui avait fait Chatterbox, l’album précédent, qui était très léger, avec du gros son bien propre. Pour Dancefloor bastards, on voulait quelque chose de plus organique, sale, un peu plus vivant, rock n roll. Après, la prod reste soignée parce que Plume, c’est un mec qui aime bien rentrer dans les détail. Mais on n’a pas pris de recul : on a enregistré, tour à tour, chant, batterie, guitare, encore du chant, de la basse… On avait une configuration alterné, ce n’était pas le schéma habituel, l’usine. L’idée était de capter l’énergie de l’instant présent. On a beaucoup gardé les premières prises, les imperfections, pour garder cette énergie. Le public qui nous connait bien nous dit souvent que sur album, on ne retrouve pas l’énergie du live. Je pense qu’elle y est, sur Dancefloor bastards. Maintenant, c’est un album, du studio… J’invite quand même les gens à venir nous voir sur scène.

Metal-Eyes : Quels sont les projets immédiats de Sidilarsen en matière de tourné ? Car cet album, il faut le défendre !

Didou : La tournée démarre cet été avec une dizaine de dates en festival, ensuite, à l’automne, il y a une tournée ne France avec une vingtaine de dates, dont une à Paris, au Divan du Monde, et il y aussi une tournée en Russie, c’est la petite nouveauté. Et en 2017, on va continuer. On va bien le défendre cet album, je pense qu’on est parti pour deux ans.

Metal-Eyes : C’est une vraie tournée ou plutôt ce que j’appelle une tournée « des week ends » ?

Didou : A l’automne, c’est compact, il y a de gros enchainements, oui…

Metal-Eyes : C’est ce qui manque selon moi, en France, où beaucoup de groupes ne jouent que les samedis et dimanches…

Didou : Oui, il a beaucoup de groupes qui ménagent boulot et musique, ce qui est très compliqué. Nous, on est intermittents du spectacle, et on a la chance de pouvoir se consacrer quasi à 100% à Sidilarsen, parfois on fait des plans à côté, comme beaucoup, pour pouvoir faire les heures. Je pense qu’en France, il y a un peu moins cette culture, comparé à d’autres pays. Par exemple, en Allemagne, c’est normal d’organiser un concert un lundi ou un mardi, en France, moins. Ça se fait, mais c’est plus difficile de remplir une salle et il y a aussi les enjeux économiques.

Metal-Eyes : Ne faudrait-il pas voir les choses de l’autre côté, et se dire que c’est le public qui trouve « anormal » de sortir un lundi ou un mardi ?

Didou : Oui, bien sûr, mais le programmateur, le tourneur, il raisonne, il fait des équations… Les locations sont chères, il faut payer les musiciens, donc l’équation c’est : un lundi soir est plus compliqué qu’un vendredi soir. Mais ça se fait quand même : on sera à Paris un mardi, le lendemain, on sera à Limoges, ensuite, Toulouse, Lyon…

Metal-Eyes : Si tu devais ne retenir qu’une chanson de Dancefloorbastards qui serait représentative de ce qu’est le groupe aujourd’hui, tu retiendrais laquelle ?

Didou : Dancefloor bastards. Parce que au niveau du texte, elle est plus légère que le reste de l’album, et elle défini bien Sidilarsen : elle dit « on est resté au Sud sous vos sirènes ». A un moment donné, dans la carrière d’un groupe, on peut se demander s’il vaut mieux s’installer à Paris pour gagner du temps, et en fait, on a une qualité de vie à Toulouse qu’on apprécie beaucoup et qui fait partie de notre identité. On a un son spécifique te sur ce titre il y a cette alchimie entre l’électro, le côté dansant, un peu imparable au niveau de l’efficacité. Cette chanson nous défini bien, dans un an, on fête nos 20 ans, un moment clé de la carrière du groupe, et on a eu envie de redéfinir, de réaffirmer ce que l’on est. Les salopards du dancefloor, ça nous défini bien…

Metal-Eyes : Une des influences de Sidilarsen est Rammstein. Tu as pu les voir, hier ?

Didou : Oui, oui, bien sûr ! C’est vraiment du très bon spectacle, ça me fait plaisir de les voir revenir. Il y aura un album l’année prochaine, je ne sais pas. C’est un groupe que je respecte parce que, elles ne sont pas si nombreuses les têtes d’affiches, à tout réinvestir dans le show, la générosité. Parfois, il y a des groupes qui proposent des gros shows, mais des shows un peu m’as-tu-vu, pas assez pensés. Le show industriel. Eux, c’est démesuré, mais c’est un des plus grands groupe metal au monde. Et ils donnent tout. Quand je vois leurs visages sur scène, c’est un travail énorme, et il faut en prendre conscience.

Metal-Eyes : Là-dessus, même si je ne suis pas entièrement pour, les écrans servent vraiment : on voit toutes les mimiques…

Didou : Oui, dans un concert comme hier, les écrans servent énormément…

Metal-Eyes : un dernier mot pour les lecteurs de Metal Eyes ?

Didou : Je vous invite à être curieux de la scène française. Et j’invite les métalleux à ne jamais se recroqueviller : quand j’ai sombré dans le metal, à 16-17 ans, j’ai écouté des choses différentes. J’aime quand les groupes innovent, j’aime quand ils apportent soit quelque chose de très personnel, soit d’innovant. Alors restez curieux et ouverts. Pendant quelques années, le metal s’est recroquevillé et est resté sur ses acquis. Je pense que ça rassure les gens, que les gens ont besoin, dans une période tellement chaotique, avec l’actualité mondiale, la révolution d’internet, le climat qui part en couilles… les gens ont besoin de se rassurer. Et le metal, ça rassure, ça fait du bien, c’est un exutoire, mais il doit aussi se réinventer régulièrement, se mettre en danger. Sans prétention, nous, on a toujours été en marge, et on essaie d’apporter un son particulier. Certains puristes, ça peut les gêner. Alors, j’invite les gens à venir découvrir les groupes en live. Après, vous pourrez juger, mieux que sur album !

SIDILARSEN – Dancefloor bastards

sidilarsen 2016Fusion, France (Verycords, 2016)

C’est sympa, parfois, de découvrir un groupe dont on a entendu parler sans jamais avoir eu l’occasion d’en écouter le travail. Les Toulousains de Sidilarsen font partie de ceux-là et la surprise est d’autant plus appréciable avec Dancefloor bastards, leur nouvel album que je ne savais pas du tout à quoi m’attendre. Ce disque porte parfaitement bien son titre, mélangeant le rock brut, franc et direct à des sonorités plus électro. Mais surtout, au delà d’une musique d’apparence racoleuse, alternant entre « musique de boite de nuit » et rock indé, grunge et hard, les textes sont à mettre en avant. Sidilarsen y parle de la vie, mais également de ses horreurs, la guerre, la violence que l’être « humain » répend à travers la planète. Et ce Méditerranée damnée qui montre du doigt ce navire de mort pour âmes en quête d’un sanctuaire, cette exploitation de la misère de ceux que l’on préfère appeler « migrants » qu’humains en détresse… Spread it, Frapper la terre, Guerres à vendre… sont autant de dénonciations de la bêtise de notre espèce que Dancefloor bastards, Go fast, Sois mon rêve sont des odes à la vie. Entre engagement et amusement, sur des rythmes souvent joyeux et festifs, Sidilarsen nous offre un album particulièrement efficace.