BURN THE DAY: Drive by

Rock, France (M&O, 2023)

Ne nous fions pas aux apparences… Avec le char d’assaut qui illustre la pochette de Drive-by, et avec un patronyme comme le leur, on pourrait s’attendre à une déflagration en règle tout aux long des 11 titres de ce premier album des Franciliens de Burn The Day. Black metal? Death metal? Que nenni… Du chant enragé, dégueulé et hurlé? Même pas en rêve… Burn The day nous propose un rock direct qui puise son inspiration au cœur de la vague alternative et du grunge des 90’s avec un son résolument moderne que ne renierait sans doute pas Seether ou Soen. Le chant, parfois à la limite du faux, évoque celui torturé de la new wave qui fit les The Cure et Indochine. Les morceaux proposent une variété qui empêche la lassitude de s’installer, avec des structures variées. Burn The day propose ainsi, en quelque sirte, du neuf avec du vieux et nous renvoie à notre chère adolescence.

NOT SCIENTISTS: Staring at the sun

France, Rock (Autoproduction, 2023)

Nous avions découvert Not scientists en 2018, lors de la sortie de son précédent album, Golden staples (chroniqué ici même). Un groupe de rock aux larges influences New wave des années 80, le groupe proposant des compos légères et entrainantes tout à la fois, assez éloignées (très éloignées) du metal mais chez Metal Eyes, on n’est pas fermé aux belles choses! Voici donc Not Scientists qui redébarque après une tournée, le départ de Thibault fin 2019, l’arrivée de son remplaçant Julien venant du même groupe que lui, No Guts No Glory), sans parler d’une pandémie qui, au final, aura permis au quatuor de mieux se concentrer sur la réalisation de ce nouvel album, Staring at the sun. 11 titres composent ce nouvel album, aussi dansant que parfois enragé. L’ensemble bénéficie d’un son clair et puissant à la fois apportant une vraie identité à chaque titre, allant de la douceur à la folie pure (Rattlesnake, plus que speedé!). Alors, oui, malgré la crise sanitaire et l’arrivée massive de nouveautés ces derniers mois, 4 ans entre deux albums c’est long et le public peut se montrer particulièrement volatile, alors espérons pouvoir profiter du groupe sur scène et ne pas avoir à attendre encore 4 ans avant la suite. Profitons cependant de cet album chaleureux et volontaire.

LUCIE SUE: To sing in French

Sticker made in USA: « Parental advisory »: Si vous avez assisté à la dernière prestation hellfestive des dingos de Steel Panther, vous l’avez vue les accompagner. Et vous avez compris que Lucie Sue n’a pas sa langue dans sa bouche… mais plutôt dans celle des autres, voire ailleurs. Qu’est ce qu’elle en avait à dire comme cochonneries! Mais elle nous a bien fait marrer. Alors l’écoute de son album To sing in French débute avec cette question: aussi chaude que l’été dernier? Avec un premier morceau intitulé Lick your teeth, c’est clair. Sa langue, elle la veut ailleurs. Et Lucie Sue l’enrobe d’un groove entrainant, funky et rock, tout au long des 9 titres de ce premier album. Très bien produit, chanté dans un anglais plus que maitrisé, ce disque mélange de nombreuses influences, alliant l’esprit pop de Ghost à des BO de westerns modernes, du blues et du funk, agrémentant l’ensemble de rythmes dansants et sexy. Une variété qui va jusqu’à ce plus que séduisant Freedom, reprise moderne de George Michael ou un esprit hispano orientalo poppy sur Shine on Avalon. Ok, ce n’est pas metal, mais c’est bigrement bien fait et l’ensemble se révèle très efficace. Au point de se demander comment diable Lucie Sue a-t-elle pu se retrouver sur cette mainstage 2 en juin dernier à tenir des propos interdits aux moins de 18 ans! To sing in French (chanté en anglais, évidemment, on n’en est pas à un oxymore près)  est une belle et langoureuse réussite qui donne envie d’en écouter plus encore et voir en live.

EDENYA: Another place

France, Rock (M&O, 2023)

Commencer, ou presque commencer, cette année avec la douceur des paysages musicaux bucoliques de Edenya, quoi de mieux? Le groupe nous propose de découvrir Another place, un album composé de 10 titres aussi apaisants qu’aériens, légers et parfois mélancoliques. Romantique? Certes, mais pas que cela tant la formation explore des univers variés, folkloriques, celtiques, mélangeant aussi colère et complainte. Inside your walls, par exemple, ressemble à un règlement de comptes d’après une relation difficile avec un harceleur et la montée en puissance du titre évoque la saine colère libératoire d’une femme anciennement battue. La variété des instruments – voix et guitare, bien sûr, mais également cordes, piano… – transforme ce disque en un voyage doux et bienveillant, un voyage aux limites du rock, du prog et du folk. Un album reposant.

GRANDMA’S ASHES: This too shall pass

France, Rock/Stoner (2023, Autoproduction)

Allez, disons le tout net: si la bonne fée pouvait se pencher sur les cendres de grand-mère… Dès la première écoute de ce This too shall pass, Grandma’s Ahses, trio féminin formé en 2018 et déjà auteur d’un premier Ep, The fates, paru en 2021, se démarque d’une scène aujourd’hui par trop lisse et consensuelle. Les 13 titres de ce premier essais (dont 3 interludes absents de la version vinyle) explorent sans complexes divers horizons musicaux, allant du rock garage au stoner enfumé, en passant par un heavy rock aux limites du doom. Et quand ça castagne parfois, ben… ça pête sévère! On trouve aussi bien des traces du metal froid d’un Blue Oÿster Cult que le rock énervé de 4 Non Blondes. Le chant – dans un anglais plus que maitrisé – passe par des phases de douceur bienveillante comme il sait se faire langoureux ou mélancolique, souvent envoûtant et toujours soutenu par une basse ronflante et une batterie syncopée. Il y a dans cet album plus que de la simple complicité et complémentarité musicales. Avec This too shall pass, un album qui sait prendre des risques et sortir des sentiers battus (la réalisation de Fred Leblanc, impliqué avec Pogo Car Crash Control ou Toybloïd y est sans doute aussi pour quelque chose) Grandma’s Ashes se distingue de la jeune garde, interpelle et surprend. Et dans le paysage musical actuel – français ou international – ça fait du bien.

SUN: Brutal pop 2

France, euh… ben, « Brutal pop », c’est écrit dessus… (autoproduction, 2022)

Brutal pop 2, le nouvel Ep de Sun, sous-entend qu’il y a eu une première salve. Bon, eh bien lançons nous dans cet Ep à la pochette aux couleurs de bonbon acidulé et… Comment dire? La miss possède une voix grave très agréable qui, lors de ses passages en un clin d’oeil de douceur à fureur, peut évoquer Mother’s Finest ou, plus contemporainement, Jinger. Car elle ratisse large, Sun. De la pop rageuse et acidulée à un rock nerveux, en passant par de la pop énervée ou sur fond de rythmes répétitifs et hypnotiques, sur fond de mélodies entrainantes ou de rythmes martiaux, Sun pourrait bien entrainer dans son monde un public varié et hétéroclite. Les influences sont en effet variées, allant de la dance 70’s (on trouve de belles influences Abba) au RnB d’aujourd’hui en passant par des choses bien plus heavy et brutales, grungy et punky. En voici une qui mérite de se faire connaitre, alors allez découvrir son Ep dont la sortie est prévue le 13 janvier !

MIND AFFECT: Deep marks

France, Rock (Autoproduction, 2022)

Mind Affect, trio parisien déboule avec son premier album, Deep Marks, et nous propose 11 titres d’un rock à la fois soft, aérien et obsédant. Si le groupe cherche avant tout à travailler les ambiances, sa musique peut parfois présenter des guitares énervées et des rythmes plus enlevés. Je retrouve l’influence de grands du genre, de U2 à the Police pour les plus anciens, Muse ou Coldplay pour les plus récents, toutes parfaitement ingérées et intégrées. S’ajoutent à cela un chant légèrement torturé, mélancolique, parfois doublé d’une douce voix féminine, et des sonorités électro qui apportent à l’ensemble une touche moderne, cinématique et spatiale tout en restant sobrement festif. Une jolie bande son de soirée entre potes, somme toute. Ce premier essai autoproduit et financé via Kisskissbankbank est une jolie carte de visite et une jolie promesse pour les amateurs du genre.

THE RASMUS: Rise

Finlande, rock (Playground, 2022)

Cinq ans après la publication de Dark matters, (lui même publié 5 ans après son prédécesseur…) les Finlandais de The Rasmus reviennent avec Rise, un album, disons-le dès maintenant, plus  pop que rock. L’introductif Live and never die est très naïf, voire enfantin. Mais ce titre seul ne donne pas la couleur de l’album qui continue avec un Rise qui mélange rock, pop et l’ajout de cordes, ainsi qu’un refrain entrainant rassurent quant aux aspects plus rock du groupe (voir le clip ci-dessous). Toujours dansant, le groupe se fait plaisir avec des sonorités électro, des bruitages étranges (genre miaulements  de chat), échos et réverbs à foison. A ce niveau, je me dis que si The Rasmus fut un jour assimilé à la scène rock, le quatuor en est aujourd’hui assez éloigné. Bien sûr, il y a de la guitare et de la batterie, et les mélodies sirupeuses qui accompagnent un chant acidulé ont tout pour séduire un public jeune qui découvre la musique amplifiée  ou qui est amateur de jolie série juvéniles. Rien à dire sur la production, efficace et généreuse. seulement, l’ensemble se veut si… « émotionnel » que je ne peux m’empêcher de penser que trop de bons sentiments noient les bons sentiments (la répétition des « I love you » et « I hate you » sur Odyssey…) Oh, il y a tout ce qu’il faut pour faire agiter les bras en cadence en concert mais… est-ce bien suffisant? Nul doute cependant que Rise saura trouver son public mais les amateurs de rock plus dur s’en éloigneront certainement…

NHIMALIA: Rules of the game

France, Rock (M&O, 2022)

Dans le marasme actuel, écouter un EP comme ce Rules of the game fait du bien. Nhimalia, l’auteur de ces 5 titres, nous propose un rock à la fois énervé et calme, puissant et relaxant. La voix alterne entre chant narquois et rassurant proposant sur chacun des morceaux des ambiances entrainantes et joyeuses. Démarrant avec Don’t cry, un morceau énergique qui fait office de menu: au programme, des guitares claires, enjouées et entraînantes, un chant anglais déterminé et une rythmique solide. Les guitares trépidantes sur le morceau titre évoquent aussi bien AC/DC qu’Iron Maiden (écouter ce final, vous comprendrez) en moins hard. Leave me and pray se fait doux et  presque tendre, avant que And you’re dancing, le titre le plus long, ne s’oriente vers un peu de mélancolie avec ses accents hispanos. Help me clôt cette carte de visite en introduisant piano et cordes pour un morceau tendre et presque triste. Nhimalia montre avec cet Ep un groupe multifacettes qui s’adresse de fait à un public varié. Une jolie introduction qu’on espère voir rapidement suivie d’un album complet.

WINTER: Fire rider

Allemagne, AOR (Wintergothic records, 2022)

J’ai récemment découvert Winter via son album Looking Back qui proposait des réenregistrements de certains titres de ses publications précédentes. L’artiste s’y montre profondément attiré, amoureux et inspiré par le rock FM/AOR des années 80 et revient aujourd’hui avec Fire Rider, un CD comprenant 16 titres taillés dans le même moule 80’s (on ne parle pas de la pochette, clin d’œil évident au héros Marvel, Ghost Rider, j’adore!). On passe de chansons entrainantes et taillées pour faire bouger à d’autres plus rentre dedans qui bénéficient toutes de ce chant doux et bienveillant. Winter propose un rock dynamique aux riffs et soli efficaces, teintés de claviers qui évoquent cette new wave dansante. Il ne cache jamais son amour de cette décennie révolue, et le clame clairement sur Child of the 80’s. Ce Fire Rider séduira sans aucun doute les amoureux de ce hard FM, ce pop rock aux mélodies léchées qu’on écoute partout.