STORM ORCHESTRA: What a time to be alive

France, rock (Autoproduction, 2023)

Quelle époque pour être en vie, quelle belle ou drôle d’idée, en effet! Sans cela, il eût été plus que difficile de découvrir ce premier album de Storm Orchestra, groupe bien de chez né de la rencontre du chanteur guitariste Maxime Goudard et du bassiste Adrien Richard dont les chemins se croisent au coeur d’une école de son. 2020 voit paraitre un premier Ep avant que le trio (rejoint quelques temps plus tôt par le batteur Loïc Fouquet)ne retourne en studio fin 2021 pour nous proposer aujourd’hui cette pépite nommé What a time to be alive, composé de 11 titres qui parlent autant de l’amour et de la fin du monde. Le groupe propose une variété musicale rafraichissante qui puise autant chez Muse que Royal Blood, pour les influences les plus évidentes. L’ensemble est chantant, simplement entrainant, les guitares se faisant aussi douces que parfois brutales, tout comme le chant, aussi tendre qu’il peut être déterminé. Storm Orchestra parvient à proposer des titres entrainants et fédérateurs sans jamais tomber dans le travers de la recherche de mélodie facile. C’est là la grande force du trio qui, tout au long de ces onze morceaux, nous démontre la variété de ses influences, pop, rock, alternatives tout à la fois, le tout chanté dans un anglais parfaitement maitrisé. La production donne sa juste place à chaque instrument. Il en résulte un album de rock qui s’écoute sans temps mort. On ne le répètera jamais assez: la France regorge de talents et Storm Orchestra est de ceux là. Alors, amateurs de rock, foncez les découvrir!

TINY VOICES: Erosion

France, Heavy/Punk (UPR, 2023)

Ca débute avec une voix rugueuse et une guitare. Un peu de dépit, voire de colère contenue dans ce chant plaintif, avant de taper dans le tas… Ainsi commence Erosion, le premier album des Angevins de Tiny Voices, avant de s’enfoncer dans un punk grungy qui libère sa colère. Il y a, tout au long de cet album, autant de rage que de soif de vivre, un peu à la manière de ce que nous proposaient des formations comme The Shoulders, The Clash, ou plus récemment, les formations de « punk » celtique (Dropkick Murpys, Flogging Molly…), et des guitares qui, sans aucune hésitation, rappellent The Cure. L’énergie développée ici ne peut laisser de marbre tant le propos musical invite et incite à chanter à s’en casser la voix, à pogoter ou simplement sauter de droite et de gauche. C’est direct, brut, parfois un peu hors de contrôle et bordélique (Should I? Should have) mais ça reste toujours fun. On retrouve aussi ces airs qui, bien que hurlés avec rage, donnent envie d’être chantés en chœur et en communion avec Tiny Voices. Dix titres explosifs forment ce premier album à l’énergie débordante et communicative. A découvrir d’urgence et consommer avec délectation!

WAKAN TANKA: Heat

France, Rock psyché/allumé (stoner, quoi!) (Autoproduction, 2023)

Après un premier EP paru en 2019 (River) et une tournée dont une première partie de Shaka Ponk (un hasard si chaque groupe s’écrit avec des K?) Wakan Tanka revient avec ce Heat chaleureux, allumé, emprunt de psychédélisme et d’esprit 70’s. Quelque peu remanié entre ces deux productions avec l’arrivée de Nicolas Caumont aux claviers et Alexis Godefroy à la basse, le groupe mené par le chanteur guitariste Erwan Ducornoy et le batteur Christophe Vidal Caro nous propose 5 morceaux aussi variés qu’hypnotiques qui nous replongent au cœur de la fin des 60’s/début des 70’s, époque qui vit outre-Atlantique la naissance du mouvement hippie et des musique électrifiées contestataires. Il y a, tout au long des The sun, Dance of death, Windwalkers et Circles de la souffrance et de la mélancolie, des volutes de fumée d’herbe bleue, des fonds de bière tiède, de l’amour aussi, tout cela mélangé et donnant un résultat qui sonne comme si Janis Joplin avait rencontré Black Sabbath. Une jolie réussite, en somme, qui se conclue avec All the shades, tout aussi stoner mais un stoner acoustique. Il y a un goût de « reviens-y » qui semble évident. A quand l’album?

LACRIMA

France, Rock (M&O, 2023)

Avec ses guitares aériennes, son chant suave et profond, Lacrima débarque avec un premier Ep de 6 titres qui naviguent entre rock et metal. A juste titre, le dossier de presse indique « for fans of Lacuna Coil, Evanescence, Delain », bref que des groupe à chant féminin. C’est un peu limitatif, mais réaliste. Si la recherche de la mélodie est là, accompagnée parfois d’influences orientales (Dark wedding), si la cohésion entre les musiciens est réelle, j’ai rapidement l’impression que quelque chose manque. Les compos sont réussies, sérieuses, intrigantes, certes mais… L’image qui me vient en tête est celle d’un cavalier bridant sa monture là où il faudrait tout lâcher – ce que le groupe tente sur Fallen angel mais reprend vite ce contrôle… Je ressens un groupe appliqué, concentré qui n’ose pas aller plus loin. Si on ajoute à cela un anglais difficilement compréhensible, on est face à un groupe au potentiel réel mais qui mériterait sans doute une vraie prise de risques pour que ce premier essai soit une vraie carte de visite.

EMBERS

France, Rock (Autoproduction, 2023)

Formé en 2022, Embers est un duo qui nous propose déjà un premier Ep de 6 titres. Six titres d’un rock simple, torturé et mélancolique. Dès Babayaga – cette figure slave, sombre et maléfique, qui envahit les cauchemars des enfants sages – le duo nous replonge dans une forme de new wave à la guitare claire et au chant plaintif. On est également par instants entrainés dans une forme de rock alternatif, celui qui se base sur des riffs incisifs et directs, sans chercher à faire de l’esbroufe. Il y a cependant comme un manque à cet ensemble, une sorte de liant, une certaine puissance qui transformerait cet essai en vraie promesse. Oh, certes, il y a de la variété dans le propos musical, de l’envie, des compos dans l’ensemble bien ficelées, mais, bien qu’il ne s’agisse « que » d’un Ep, je décroche. Peut-être est-ce le fait du duo, il manque la chaleur et l’apport de deux ou trois instrumentistes supplémentaire, d’un esprit de groupe. Le son ne peut cependant être pris en défaut, l’Ep ayant été enregistré chez et par Francis Caste au studio Sainte Marthe. Et en règle générale, le gaillard sait ce qu’il fait, alors… on retente le coup?

PARIS TRIBUTE FESTIVAL: les 19, 20 et 21 mai à Paris

PARIS TRIBUTE FESTIVAL

Du 19 au 21 mai prochain, par le truchement de k prod et Rage Tour, le Bataclan va accueillir le premier Paris Tribute festival. Au total, ce sont 6 groupes, 6 tribute bands, qui vont célébrer ecrtaines des plus grandes formation de notre histoire: Queen, AC/DC et Michael Jackson auront l’honneur des têtes d’affiche via God Save The Queen, TNT et This Is Michael. Il seront soutenus par Osiris, The Roadies of the D et What’s Love, tribute respectifs de oasis, Tenacious D. et Tina Turner. Autant dire que ce sont trois soirées de fête que le public s’apprête à vivre!

billeterie et info ici: Pass 3 jours – Billetterie vendredi Billeterie samediBilleterie dimanche

 

 

 

RED CLOUD

France, Hard rock (Autoproduction, 2023)

Formé en 2018 à la suite de la rencontre entre la chanteuse Roxane Sigre et le guitariste Rémi Bottriaux, Red Cloud ne stabilise son line-up qu’en 2021 avec l’arrivée, dans le désordre, du bassiste Maxime Mestre, du batteur Mano Cornet Maltet et de l’organiste Laura Luiz. Ce qui est une évidence dès The battlefield, le premier morceau – même avant, il suffit de se pencher sur le livret pour avoir quelques indicateurs – le groupe puise son influence au cœur du rock quelque peu psyché des années 70. Bien sûr, l’orgue évoque immanquablement Jon Lord et Deep Purple (qui a dit « redondance »?), les guitares cherchent du côté bluesy de Led zep ou plus heavy chez le Sab’, mais il y a bien plus. On ne s’encombrait guère d’étiquettes restrictives en ces temps immémoriaux où tout était prétexte à explorer de nouvelles sonorités. Il y a ici des clins d’œil à Janis Joplin ou, plus encore, Patti Smith dans le phrasé vocal, la gentille folie allumée du Greatful Dead, la marque pure rock d’AC/DC. Et on a de quoi rire en lisant le dossier de presse qui évoque des « influences plus modernes (DeWolff, Monster Truck ou Rival Sons) ». Si eux ne sont pas typés 70’s… Rien de surprenant, donc, et Red Cloud perpétue ce revival 70’s avec plus que brio. Le chant anglais est parfaitement maitrisé, la production est au top permettant à chacun des membres du groupe de s’exprimer librement. Les fulgurances guitaristiques sont mise en concurrence par des claviers hypnotiques et une voix chaleureuse. Avec ce premier album éponyme, Red Cloud a tout pour frapper un grand coup et séduire bien plus que les fans de 70’s. Quand la musique est bonne… C’est une de mes premières grosses claques de ce début d’année.

DEWOLFF live à Paris: La Maroquinerie, le 28 février 2023

Sous l’empire Romain, le 28 février était le dernier jour de l’année. Alors pour célébrer ça, je me rends à la Maroquinerie de Paris pour soutenir nos voisins néerlandais de DeWolff qui viennent de publier un nouvel album, Love, death and in between, et tournent pour le soutenir à travers l’Europe. Si le concert est annoncé sold-out, le public est accueilli dès l’ouverture des portes par une étonnante première partie. DJ Wim, un sexa/septuagénaire qu’on dirait échappé du far-west avec ses tiags en peau de serpent, son Stettson rivé sur la tête et sa barbe blanche, s’amuse avec ses vinyles à diffuser de vieux standards su rock US – ou typé US. C’est dans ces moments qu’on se dit que notre culture musicale est plus qu’incomplète… Mais le bonhomme ne fait que passer morceau après morceau sans jamais communiquer avec le public, sans jamais l’inciter, l’inviter à danser, bouger, réagir. 45′ durant, le temps que la salle se remplisse… C’est long.

Le changement de plateau se fait en à peine 20′ et lorsque les frangins Van Den Poel (Pablo à la guitare et Luka à la batterie) et leur complice Robin Piso (aux claviers) arrivent sur scène, une scène illustrée du sol au backdrop de la pochette de leur dernier album, la température monte d’un cran. Le trio est ce soir accompagné de deux choristes et d’un bassiste – qui fait le job, guère plus – et dès Nightrain embarque le public avec lui.

L’énergie et la bonne humeur sont les deux constante de ce soir, Pablo nous offrant une incalculable nombre de lancer de jambe et déchanges avec un public ultra réceptif. Témoin cet échange avec cette spectatrice au premier rang qui, après Live like you, se retrouve avec une bière à la main alors que Pablo lance « je crois qu’il est temps de se rafraichir avec une bière! Hey, je croyais que c’était ma bière, ce que tu as entre les mains! Ce soir on est là pour tout vous donner, alors je te la donne. Et je te donne tout, si tu veux! » Et ça repart aussi sec sur  Sugar moon.

L’esprit 70’s transpire de tous les port des musiciens, le trio portant des vestes brodées à la country man, les choristes toutes de rouge vêtues, mini short et bottes, se dandinant en rythme au son de ces morceaux au son vintage mais toujours d’actualité et d’une efficacité sans pareille. Et puis, surtout, le groupe nous offre des solos à faire pâlir de nombreux musiciens…

Pablo à la guitare nous offre un instant d’émotion intense, une leçon de style et de maitrise comme on aimerait plus souvent en entendre, Robin joue avec le touches de son clavier pour en tirer des sons d’un autre âge… Sans jamais s’étendre, DeWolff fait preuve d’un professionnalisme exemplaire. Et l’on se dit que le groupe mérite des salles de plus grande capacité pour pouvoir pleinement s’exprimer. Ce ne serait que justice…

Il est 22 h à peine passées lorsque le rappel a lieu. Un seul titre, Rosita, qui vient conclure un concert inhabituellement long pour cette salle (1h45, quand même) et qui fini de convaincre le public qu’il a assisté à un moment de rock comme on n’en fait (presque) plus. Nous ne sommes plus sous l’empire romain, et ce premier concert de l’année – pour Metal-Eyes – augure de beaux moments à venir. Une superbe soirée!

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BURN THE DAY: Drive by

Rock, France (M&O, 2023)

Ne nous fions pas aux apparences… Avec le char d’assaut qui illustre la pochette de Drive-by, et avec un patronyme comme le leur, on pourrait s’attendre à une déflagration en règle tout aux long des 11 titres de ce premier album des Franciliens de Burn The Day. Black metal? Death metal? Que nenni… Du chant enragé, dégueulé et hurlé? Même pas en rêve… Burn The day nous propose un rock direct qui puise son inspiration au cœur de la vague alternative et du grunge des 90’s avec un son résolument moderne que ne renierait sans doute pas Seether ou Soen. Le chant, parfois à la limite du faux, évoque celui torturé de la new wave qui fit les The Cure et Indochine. Les morceaux proposent une variété qui empêche la lassitude de s’installer, avec des structures variées. Burn The day propose ainsi, en quelque sirte, du neuf avec du vieux et nous renvoie à notre chère adolescence.

NOT SCIENTISTS: Staring at the sun

France, Rock (Autoproduction, 2023)

Nous avions découvert Not scientists en 2018, lors de la sortie de son précédent album, Golden staples (chroniqué ici même). Un groupe de rock aux larges influences New wave des années 80, le groupe proposant des compos légères et entrainantes tout à la fois, assez éloignées (très éloignées) du metal mais chez Metal Eyes, on n’est pas fermé aux belles choses! Voici donc Not Scientists qui redébarque après une tournée, le départ de Thibault fin 2019, l’arrivée de son remplaçant Julien venant du même groupe que lui, No Guts No Glory), sans parler d’une pandémie qui, au final, aura permis au quatuor de mieux se concentrer sur la réalisation de ce nouvel album, Staring at the sun. 11 titres composent ce nouvel album, aussi dansant que parfois enragé. L’ensemble bénéficie d’un son clair et puissant à la fois apportant une vraie identité à chaque titre, allant de la douceur à la folie pure (Rattlesnake, plus que speedé!). Alors, oui, malgré la crise sanitaire et l’arrivée massive de nouveautés ces derniers mois, 4 ans entre deux albums c’est long et le public peut se montrer particulièrement volatile, alors espérons pouvoir profiter du groupe sur scène et ne pas avoir à attendre encore 4 ans avant la suite. Profitons cependant de cet album chaleureux et volontaire.