ICELAND

France, Thrash (Autoproduction, 2023)

Les plus fervents amateurs de metal français vont pouvoir crier de joie! Iceland avait vu le jour au début des années 1990 et publié sin premier album éponyme en 1995 avant de sombrer corps et bien en 1998. Trois de ses membres se retrouvent pour jammer et la mayonnaise reprend. Phil (chant et guitare), Ziac (guitare) et Bernard (basse) décident de remettre le couvert. Et plutôt que d’enregistrer un nouvel album, le trio propose de réenregistrer son unique disque et de le moderniser. Une campagne de financement participatif plus tard, les trois se font aider de divers batteurs de belle renommée pour apporter un souffle nouveau aux compos. On retrouve ainsi Aurélien Ouzoulias (ex-Zoë, Lofofora), Franky Constanza (Ex-Dagoba, Blazing War Machine, Les Tambours du Bronx et actuel BlackRain) et Dirk Verbeuren (Ex-Scarve, actuel Megadeth), excusez du peu! Quand on obtient ces gages de qualité, il ne fait guère de doute que le produit soit à la hauteur des attentes du public. Et clairement, Iceland nous propose un album trhash moderne aux guitares mordantes, à la rythmique martelante, oppressante et lourde et au chant puissant, rauque et étouffé. Les huit titres charcutent avec une détermination sans faille, et il n’est guère possible de rester impassible. Ca thrashe et ça moshe de bout en bout avec une remarquable efficacité. A aucun moment, de Merry sinner à The eyes of the blind man, Iceland ne peut être pris en défaut. Tout juste pourrait-on s’étonner de la disparition de Traces of dreams et Slammin boys qui figuraient sur la version originale (et une maitrise anglaise limite…) mais on n’en tiendra pas rigueur au groupe tant la puissance et la qualité sont au rendez-vous. Même l’illustration de la pochette a été revue et améliorée. Voici un retour en force d’un groupe qu’on espère retrouver rapidement en live. Superbe retour gagnant!

NUMA [7534]: Nénuphar

France, rock (Autoproduction, 2023)

Fondé à la veille des années 2020, Numa [7534] a publié un premier album Mothership down qui parait fin 2020 et  présente un groupe de rock progressif, inspiré par Porcupine Tree qui lorgne du côté de Soundgarden, mais pas que… Nous y reviendrons. Nénuphar, le nouvel Ep, comporte 6 titres qui débutent avec Esodo, un instrumental qui plante le décor. Du rock, oui, du prog aussi avec une production soignée comme l’exige toute composition complexe. Puis, Raising me up débute sur des guitares aériennes bientôt rejointes par un chant doux et presque mélancolique. Le titre monte en puissance, le chant (à l’anglais peu compréhensible, seule faiblesse de cet Ep…) se faisant de plus en plus torturé. Sentieri est un rapide interlude musical qui précède Cold played hope, morceau quelque peu jazzy qui part en vrille assez rapidement avec sa basse slappée et ses changements de rythmes et d’ambiances. Un nouvel instrumental suit, Ira, tout aussi aérien et varié avant que I can’t hold on any longer voit le groupe quelque peu craquer et partir dans une gentille folie bruitiste que ne renierait sans doute pas Faith No More ou Living Colour. Un détail qui mérite explication, cependant: il semble que Numa [7534] voit les choses par groupe de 3. explication: 3 instrumentaux, 3 chansons, certes, mais aussi les 3 premiers titres ne comportent qu’un mot (italien, qui plus est), les 3 derniers, plusieurs… Un nouveau mystère à résoudre, si quelqu’un veut s’y coller… Une jolie découverte rock un peu plus que prog, d’ailleurs (pour ceux qui se demandent quelle est la signification de ce mystérieux [7534]… Basculez la pochette à 90°, vous aurez un premier indice ). A suivre

LOUD.ANONYMITY: N.U.A.N.C.E.s

France, Metal (Ep, autoproduction, 2023)

Il y a des jours comme ça, tu chopes un CD, tu as un a priori en regardant la pochette (genre: « …mouais, encore un boys band qui veut se la jouer metal »), tu le glisses dans le lecteur sans en attendre grand chose (qu’attendre en effet d’un « boys band »?) et à peine le premier morceau débute-t-il que tu te dis: « woah! c’est quoi ce truc? » Loud.Anonymity m’a, une fois n’est pas coutume, permis de – obligé à – remiser mes a priori au placard. Le trio toulousain a vu le jour en 2016 et compte en son sein le chanteur guitariste Arnaud Freageac, le hurleur bassiste Matthias Zanin et le batteur Gauthier Trumel (oui, j’ai compté, ça fait bien un trio de 3). Loud.Anonymity publie un premier album – Eponym – en 2016 suivi d’un Ep – Al[ego]ry – fin 2020, deux disques que je vais sous peu rechercher… Car leur nouvel Ep, N.U.A.N.C.E.s, est une merveille de heavy rock enragé teinté de punk et bourré de bout en bout cette énergie brute et lumineuse qui donne simplement envie de taper du pied et de se casser la nuque. Les 6 morceaux de ce disque sont d’une remarquable efficacité, mêlant une certaine forme d’irrévérence punk à l’entrain d’un pop rock énervé, le tout parfaitement mis en son (mais moins en couleurs… impossible de lire ce qui est écrit en tout petit au dos de la pochette en mauve sur mauve foncé…) On ne peut – je ne peux – que visualiser le trio se défonçant sur scène et épuisant son public. Loud.Anonymity nous propose un condensé rock énergisant et brutal à la fois, et franchement, ça fait un bien fou! Rock on!

THE WEALTHY HOBOS: Ticking twelve

France, rock (Autoproduction, 2023)

The Weealthy Hobos – en français, les clochards riches – est un groupe français qui a vu le jour au début des années 2010. Après un album, Everybody needs some change en 2014, et un Ep, Piece of chic en 2017, le groupe disparait, aidé récemment par une certaine crise sanitaire. Mais l’appel du blues et de la soul est plus fort et Sacha Burtin (chant, guitares, harmonica) et Antoine « Slim terrorizer » Gomila (batterie, percussions) décident de remettre le couvert sous la forme d’un duo qui s’adjoint les services de nombreux musiciens avec qui ils enregistrent un nouvel album, Ticking twelve. « Twelve » comme, entre autre, les douze titres de ce nouvel album qui transpire le blues, la soul, le funk et le hard rock vintage de tous ses pores. Dès l’introductif Trick me like a girl, nos clochards nous invitent à la table du fond d’un vieux bar enfumé, aux cendriers qui débordent de mégots (de clopes ou de joints, va savoir…) et qui puent la cendre froide, une table qui poissent sous les verres de whisky et les bocks de bière tiède. La voix rauque et grave de Sacha Burtin a été passée au papier de verre et apporte ces touces plus que chaleureuses à l’ensemble des titres – quand bien même je ne comprenne guère ses paroles en anglais, mais cette fois, qu’importe!. The Wealthy Hobos ne se posent pas la question d’une étiquette ou d’un genre musical, bien au contraire. Le duo puise son inspiration autant du côté de James Brown que de David Bowie ou Black Sabbath ou un jeune AC/DC. Les choeurs et les cuivres rappellent les plus grandes heures de la Motown, la gravité du chant et la saturation des guitares replongent l’auditeur au coeur des 70’s aussi flamboyante que psychédéliques. Ticking twelve est un album de pur revival avec une véritable identité sonore. Car si ces clodos aiment clairement ce rock old school, ils y apportent avec finesse et détermination leur personnalité propre et leur touche personnelle, fiasant de ce nouvel album un pur et simple moment de plaisir.

PLEDGE OF HEALING: One step closer

France, Rock progressif (Autoproduction, 2023)

Pledge Of Healing est né de la rencontre entre Claire Sergue (chant, claviers) et Cyril Devalez (guitare rythmique, claviers) en 2021. Chacun est rapidement séduit par les qualités de l’autre et tous deux décident de monter un groupe qui leur permette de répondre à leurs aspirations musicales. Ce premier album, One step closer, propose 9 titres à la fois tendres et rock, neuf chansons qui cherchent à peindre des ambiances feutrées, rassurantes et bienveillantes. Sans doute le résultat d’une naissance en pleine période de crise sanitaire, prenant le contre-pied de nombre de formations qui ont laissé leur frustration s’exprimer… Ici, tout est thérapeutique, aérien et relaxant. Le chant doux de Claire est superbement accompagné de mélodies tendres sans jamais être sirupeuses. L’ensemble est léger et aérien, Pledge Of Healing s’inspirant de formations comme Anathema ou Pink Floyd pour exprimer ses émotions. L’album a été enregistré avec Alex Soubry (guitare), David Hazak et Laurent Leyder (basse), Cyril s’étant chargé de la programmation batterie. One step closer est l’album réfléchi de musiciens matures et le résultat est une superbe carte de visite dont on attend maintenant de retrouver la retranscription sur scène. Pour les Orléanais, ils seront à l’Astrolabe le 1er juin. C’est gratuit, allez-y!

WAKING THE MISERY: Phoenix

France, Metal (Autoproduction, 2023)

Waking The Misery a vu le jour il y a presque 10 ans, en 2014. A l’origine groupe de metalcore, la formation s’oriente petit à petit vers une metal qu’il dit plus groovy. Phoenix marque un renouveau, WTM ayant renouvelé son line-up récemment pour proposer aujourd’hui un album composé de 10 morceaux puissant et directs se réclamant du neo metal version Linkin Park ou Slipknot. Déjà, j’aime bien l’ironie liant la pochette et le titre: le phénix renait de ses cendres? Waking The Misery allume la flamme. Du vivant de l’oiseau, pourrait-on croire…Mais… Si l’envie est là, le son lui, est absent. L’ensemble est étouffé, manque de rondeurs et de contraste comme si le groupe, avait enregistré une démo. De bonne qualité, certes, mais trop brouillonne. Il y a cependant de la matière dans ces titres qui aiment à varier les plaisirs, alliant riffs puissants et batterie entraînante sur fond de basse jazzy. Et même si le genre n’est pas réinventé, l’amateur saura y trouver son compte. Un album plein d’ambition mais qui souffre d’un son trop faible qui dessert le propos général. Dommage.

ORPHEUM BLACK: Outer space

France, Prog (Autoproduction, 2023)

Sequels, le premier album des Orléanais d’Orpheum Black vit le jour en 2021, deux petites années après la naissance du groupe. Formé par le trio d’amis Greg (guitare et chant) et Romain (guitares), tous deux ex-Wild Dawn, et Mélody (claviers et chant), ex-No Sign Nothing, le line up évolue jusqu’à inclure depuis peu le bassiste Nathan (ex-Hyaena) et le batteur Alexis. Chacun des musiciens a déjà derrière lui un vrai cursus musical et scénique, tous évoluant dans des univers variés et ont pour objectif commun de proposer, avec Orpheum Black, une musique moins brute, plus réfléchie et proche du prog ainsi qu’un univers visuel travaillé. L’esthétisme léché et la sensibilité exacerbée sont les moteurs d’un groupe qui propose aujourd’hui Outer space, son second album composé de 8 chansons dont chaque détail semble travaillé et pensé soigneusement. Aérien, parfois contemplatif, cet ensemble évoque immanquablement l’univers d’Anathema, rock et progressif tout à la fois. Le chant partagé entre Mélody et Greg – deux voix claires et complémentaires – autorise une mise en son presque théâtrale, une complicité qui se traduit sur disque comme sur scène. Orpheum Black se distingue nettement de la scène actuelle en proposant un rock soigné, accessible, à mille lieux de la brutalité extrême quasi omni présente et ça fait du bien tant le combo apporte fraicheur et douceur.  L’univers d’Oprheum Black c’est aussi la scène et, devinez quoi: une belle tournée française est prévue avec Release party à domicile (ou presque) le 4 mai à Saint Jean le Blanc (45). Printemps de Bourges, Motocultor sont aussi au programme… Toutes les dates à consulter ici: https://www.facebook.com/OrpheumBlack

STORM ORCHESTRA: What a time to be alive

France, rock (Autoproduction, 2023)

Quelle époque pour être en vie, quelle belle ou drôle d’idée, en effet! Sans cela, il eût été plus que difficile de découvrir ce premier album de Storm Orchestra, groupe bien de chez né de la rencontre du chanteur guitariste Maxime Goudard et du bassiste Adrien Richard dont les chemins se croisent au coeur d’une école de son. 2020 voit paraitre un premier Ep avant que le trio (rejoint quelques temps plus tôt par le batteur Loïc Fouquet)ne retourne en studio fin 2021 pour nous proposer aujourd’hui cette pépite nommé What a time to be alive, composé de 11 titres qui parlent autant de l’amour et de la fin du monde. Le groupe propose une variété musicale rafraichissante qui puise autant chez Muse que Royal Blood, pour les influences les plus évidentes. L’ensemble est chantant, simplement entrainant, les guitares se faisant aussi douces que parfois brutales, tout comme le chant, aussi tendre qu’il peut être déterminé. Storm Orchestra parvient à proposer des titres entrainants et fédérateurs sans jamais tomber dans le travers de la recherche de mélodie facile. C’est là la grande force du trio qui, tout au long de ces onze morceaux, nous démontre la variété de ses influences, pop, rock, alternatives tout à la fois, le tout chanté dans un anglais parfaitement maitrisé. La production donne sa juste place à chaque instrument. Il en résulte un album de rock qui s’écoute sans temps mort. On ne le répètera jamais assez: la France regorge de talents et Storm Orchestra est de ceux là. Alors, amateurs de rock, foncez les découvrir!

GOROD: The orb

France, Death technique (Autoproduction, 2023)

L’amateur de death brutal passera son chemin, celui de technique jettera volontiers une oreille sur The orb, la nouvelle déflagration des frenchies de Gorod. Loin d’en être à leur premier essai, les Bordelais nous proposent un nouvel album pas seulement brutal ou technique. Oui, Gorod on les connait pour leur virulence et leurs prestations explosives – une valeur sure de la scène hexagonale. Gorod nous propose ici des moments plus introspectifs (le morceau éponyme) qui se lient à d’autres, plus fréquents, aussi brutaux que techniques. Loin des standards du genre, Gorod se distingue par des structures qu’on pourrait parfois rapprocher d’une certaine complexité du jazz (Megadeth a prouvé que les genres sont loin d’être incompatibles), d’un prog brutal en y mêlant quelques touches qui se rapprochent d’une forme de psychédélisme (pas forcément) hypnotique. The orb, après deux titres directs et simplement « dans ta face » varie son propos et, au bout du compte, intrigue, attire et interpelle. Un album puissant et riche même si pas toujours facile d’accès. Qu’on aime ou pas, c’est bien là ce qu’on demande à un groupe, non?

WAKAN TANKA: Heat

France, Rock psyché/allumé (stoner, quoi!) (Autoproduction, 2023)

Après un premier EP paru en 2019 (River) et une tournée dont une première partie de Shaka Ponk (un hasard si chaque groupe s’écrit avec des K?) Wakan Tanka revient avec ce Heat chaleureux, allumé, emprunt de psychédélisme et d’esprit 70’s. Quelque peu remanié entre ces deux productions avec l’arrivée de Nicolas Caumont aux claviers et Alexis Godefroy à la basse, le groupe mené par le chanteur guitariste Erwan Ducornoy et le batteur Christophe Vidal Caro nous propose 5 morceaux aussi variés qu’hypnotiques qui nous replongent au cœur de la fin des 60’s/début des 70’s, époque qui vit outre-Atlantique la naissance du mouvement hippie et des musique électrifiées contestataires. Il y a, tout au long des The sun, Dance of death, Windwalkers et Circles de la souffrance et de la mélancolie, des volutes de fumée d’herbe bleue, des fonds de bière tiède, de l’amour aussi, tout cela mélangé et donnant un résultat qui sonne comme si Janis Joplin avait rencontré Black Sabbath. Une jolie réussite, en somme, qui se conclue avec All the shades, tout aussi stoner mais un stoner acoustique. Il y a un goût de « reviens-y » qui semble évident. A quand l’album?