RUNNING WILD: Rééditions

Heavy metal, Allemagne (BMG, 2017)

Souvenez-vous: en 2016, BMG publiait une série de doubles compilations de groupes qui figuraient, au cours des années 80, sur le mythique label allemand indépendant Noise. Intitulées Nosie lebt! ces compilations résumaient la carrière de groupes aussi variés que Helloween, Kreator, Grave Digger, Tankard, ou encore Running Wild. Eh, bien, les inventeurs du metal pirate sont aujourd’hui à l’honneur puisque BMG a décidé de rééditer pas moins de 5 albums aussi légendaires que le label qui mit au jour le groupe de Rock n Wolfe. 5 albums dans des versions expanded – rallongées, donc – bénéficiant chacun de titres supplémentaires et d’un lifting du livret, dont les notes retracent en profondeur la genèse de l’album et l’histoire du groupe. Under Jolly Roger, sans doute l’album le plus marquant puisque inventeur du genre, est le seul présenté sous la forme d’un double CD – et dispose sans doute du livret le moins attractif du lot . On se délecte à l’écoute – la redécouverte pourrait-on dire – du metal fortement influencé par Maiden, Priest ou Motörhead, légèrement diabolique aux débuts jusqu’à ce coup de génie qui vit le groupe devenir les pirates du metal. les versions réenregistrées de certains morceaux valent au moins autant que leurs versions originales, et sont au goût du jour. Aucun fan ne passera à côté de ces documents dont on regrette seulement le manque d’enregistrements live inédit ou d’un bonus vidéo/DVD. N’empêche, vous savez ce qu’il vous reste à faire, moussaillons!

NICKELBACK: Feed the machine

Nickelback, c’est qui? Est-il encore besoin de présenter Nickelback, le groupe canadien fondé en 1995 par les frangins Kroeger (Chad, guitare et chant et Mike, basse) et le guitariste Ryan Peake? Est-il nécessaire de rappeler que les groupe aux 50 millions d’albums vendus a composé en partie le titre Hero, de la BO du premier Spiderman en 2002, véritable booster de carrière, juste après avoir trusté les premières places des charts en Amérique du Nord? Non, non, pas vraiment…

Feed the machine, ça donne quoi? Pas de surprise, ni bonne ni mauvaise avec, Feed the machine, le nouvel album de Nickelback. Les Canadiens débutent avec le morceau titre,  puissant et aérien avant de continuer avec Coin for the ferryman, véritable hit en puissance au refrain imparable, typique du metal US des 90’s, débuts des années 2000. Puis arrive la première ballade, Song on fire, qui séduira toutes les midinettes… Trois morceaux, et tout Nickelback est là: mélange de bon sentiments et de puissance et bravoure au travers de 11 morceaux parfaitement produits et ordonnés. Pas de surprises, disais-je, et c’est sans doute ce qui manque ici: une surprise, et des risques, mais, malgré des moments téléphonés (le sirop dégoulinant de After the rain, par exemple…) force est de constater que l’on se délecte des Must be nice (ultra groovy!) et autres For the river et ses accents rap/scratch. Bon, soyons quand même surpris de la doublette The betrayal dont on retrouve deux actes, dans l’ordre Act III puis Act I, et demandons où donc est passé la seconde partie… Un bel album qui souffre de ce sentiment de déjà entendu.

Note 7,5/10

THE RAVEN AGE: Darkness will rise

THE-RAVEN-AGE_Darkness-Will-RiseMetal, Royaume uni (BMG, 2017)

Si The Raven Age va faire parler de lui, c’est, déjà, parce que cette jeune formation a intensivement tourné en ouverture, entre autres, d’Iron Maiden, avec un simple Ep à son actif, mais également parce que l’un de ses guitaristes n’est autre que le (l’un des) fils de Steve Harris, George. Rien de surprenant que papa prenne ses ouailles sous son aile, Maiden l’a fait plus d’une fois (Lauren Harris, sur deux tournées, et le Rise To Remain d’Austin Dickinson). Simplement, maintenant qu’un album est là, il semblerait judicieux d’oublier le « fils de » afin de mieux se centrer sur la musique. Tirant son nom d’une légende populaire disant que les ténèbres s’abattront sur Londres lorsque les corbeaux de la Tour de Londres disparaîtront, le quintette nous offre 13 chansons taillées dans le metal passe partout. Le chant est harmonieux et puissant, tandis que les mélodies se font rapidement chantantes et entraînantes. La production est, dans l’ensemble correcte, et l’on sent, malgré quelques lignes qui évoquent « le groupe de papa », que The Raven Age veut créer son identité sonore. Une identité puisée au sein des influences évidentes que sont, par exemple, Killswitch Engaged ou Avenged Sevenfold, génération oblige. Simplement, malgré une évidente bonne volonté et un savoir faire indéniable, le groupe ne parvient guère à maintenir l’attention. Dès The merciful one, je commence à décrocher. C’est plaisant mais il manque une raison d’accrocher, chose qui, à n’en pas douter, sera corrigé à l’avenir car on a envie de chantonner et de bouger. Et si BMG parie sur The Raven Age, ce n’est pas seulement pour des raisons filiales. Peut-on imaginer…

Note: 7,5/10

BLACK SABBATH: The ultimate collection

black-sabbath-2016Heavy metal, Angleterre (BMG, 2016)

Black Sabbath, le légendaire Black Sabbath qui vient de tirer sa révérence, nous propose déjà une énième compilation, via le label BMG. Rien d’étonnant à cela, il parait fort logique de battre le fer tant qu’il est chaud et de capitaliser sur un nom aussi prestigieux au moment des adieux. Et tant qu’à faire, le label voit grand: The ultimate collection est un double CD regroupant 31 chansons, toutes pré 1980 (on aurait apprécié un livret un peu plus fourni que 8 petites pages, soit-dit en passant). On est loin aujourd’hui, très loin, des années 90 (fin 80’s, même) où le simple nom de Black Sabbath ne suffisait plus pour vendre. Aujourd’hui, ce patronyme est entré dans la légende et les plus jeunes générations qui ont pu assister à ces concerts d’adieux – voire à la tournée précédente – pourront dire avoir vu des légendes vivantes. Faut-il revenir sur ces morceaux d’anthologie que nous laissent Ozzy Osbourne, Tony Iommi, Geezer Butler et Bill Ward? Non, bien sûr, tant les Paranoid, Iron Man, War Pigs, Symptom of the universe ou Snowblind font partie de la culture collective, même inconsciente. Seulement, il est particulièrement injuste, irrespectueux, même, voire insultant d’appeler cette compilation « The ultimate collection« . Irrespectueux et insultant car c’est un peu vite oublier ce que Ronnie James Dio a pu apporter à Black Sabbath au début des années 80, puis à son retour dans les années 90. « Ultimate »? Sûrement pas: quid des autres chanteurs, plus ou moins connus, les Ian Gillan, Glenn Hugues, Tony Martin, Ray Gillen, pour ne citer qu’eux ou même des autres musiciens(tant il y en a eu…)? Pourquoi n’avoir concentré cette (énième) compilation que sur la période qui s’étale de 1970 à 1978? On efface les Mob Rules, Heaven and hell, Dehumanizer, Born Again, et même 13, le dernier album en date? Oh, certes, l’histoire de Black Sabbath est faite de hauts très hauts, principalement à cette période là. Mais encore plus de gouffres qui ont englouti le groupe après le départ de Dio au début des 80’s, laissant, au final, seul et désemparé Tony Iommi. Jamais le guitariste ne s’en est remis, triste témoin d’un groupe dont la seule évocation du nom faisait rire… Sharon Osbourne aurait mis son grain de sel dans la réalisation de ce produit pour, une nouvelle fois, s’arranger pour que ce soit son seul mari de chanteur qui reste dans l’Histoire que personne n’en serait surpris. D’&illeurs, à qui appartient le nom de Black Sabbath aujourd’hui? Ca fait bien longtemps que Imooi en a perdu la propriété et que les Osbourne se le sont réapproprié…Alors, oui, cette compil est un beau résumé de la première partie de la vie de Black Sabbath, mais non, mille fois non, elle n’a rien d' »ultime » car, quand bien même il en existe une intitulée The Dio years, elle fait l’impasse sur plus de 3 décennies et un  nombre conséquent de chanteurs et de productions de (plus ou moins grande) qualité et ne vient que s’ajouter à tant d’autres compilations identiques (à commencer par We sold our soul for rock’n’roll, paru à la fin des 70’s dont on retrouve ici les 14 chansons…) Musique indispensable, certes, mais c’est bien le seul intérêt de l’objet. A ne conseiller qu’à ceux qui nepossèdent rien du Sab’.

Note: 7,5/10 (10 pour la musique, 5 à peine pour le tracklisting…)

Titre que je retiens: Euh… tous

Noise Lebt! BMG célèbre le label allemand

Noise

Quel rapport existe-t-il entre Helloween, Kreator, Tankard, Sinner, Running Wild et Grave Digger? Jusque-là, ok, on imagine bien: ces groupes sont allemands. Mais si l’on rajoute Kamelot (Usa) et Skylad (GB)? Quel rapport, hein? Dites? Musical? On navigue du speed au thrash, du heavy au folk metal… Non, ce n’est pas ça. Cherchons donc ailleurs.

Le seul point commun est que ces groupes ont débuté grâce au légendaire label Noise records. En 2016, BMG a décidé de célébrer chacune de ces formations en publiant une série de 8 doubles compilations. Une par groupe. La matière est là. L’histoire aussi. Petit retour en arrière.

Après avoir forgé ses armes via son premier label – Modern music records et sa division Agressive Rock Producktionnen (principalement axée punk US et allemand), Karl-Ulrich Walterbach fonde le label Noise International en 1983 et se spécialise dans le heavy metal et le thrash. Il décide d’apporter soutien et ressources à la scène allemande, alors dominée par Scorpions et Accept qui a enfin explosé les compteurs avec deux albums incontournables (Breaker en 1981 et Restless and wild en 1982, ça vous dit quelque chose?) Parallèlement, le monde du metal prend une gifle énorme avec la sortie du premier album de Metallica, laçant le mouvement thrash. Si au départ Karl-Ulrich se lance dans l’aventure avec des groupes allemands, il élargira les frontières au niveau européen (même ADX et Agressor ont trouvé refuge chez Noise, pas forcément, malgré de gros espoirs, avec les résultats escomptés… ) puis international. Il publiera ainsi,jusqu’à la disparition de Noise, un peu moins de 400 disques et réussira, souvent, à fidéliser ses groupes.

Outre ceux qui font l’objet de ces compilations, Noise International s’est occupé des affaires de Bathory, Celtic Frost/Hellhammer, Coroner, Destruction, DragonForce, Exciter, Gamma Ray, Grinder, Heavenly, Iron Saviour, London, Messiah, Mordred, OverKill, Pissing Razors, Rage, Sabbat, Scanner, Stratovarius, Silent Force, Thor (c’te blague!), Virgin Steele, Voïvod, Warhead, Witchtower, parmi de très nombreux autres… Et, oui, certains de ce groupes se sont fait une place au soleil en écrivant quelques jolies pages de l’histoire du metal.

Avec un telle richesse, il semble naturel que certaines de ces formations soient de nouveau célébrée pour ce passé. Qu’ils soient enjoués, foncièrement metal et heureux de vivre (Helloween, Running Wild, Kamelot), heavy et plus « sérieux » (Sinner, Grave Digger), violemment thrash (Kreator), imbibés et fiers de l’être (Tankard) ou folklorique (Skylad), cette série de compilations nous offre un véritable voyage culturel au pays de l’oncle metal. Notons tout d’abord que chaque coffret est agrémenté d’un livret de 16 pages, résumant les parcours individuels, le tout agrémenté de quelques photos d’époque. Certes, plus de visuels aurait été bienvenus, mais l’objectif reste bien de remonter le temps et de comprendre les origines de ces formations. C’est chose faite grâce à la plume de Malcolm Dome, journaliste anglais passionné de metal, connu pour ses écrits chez Kerrang!, Metal Hammer ou encore Classic Rock, mais également ses ouvrages consacrés à AC/DC, Metallica, Van Halen, ou Aerosmith. Il signe ici 6 des 8 livrets (tous, donc, sauf ceux de Tankard, rédigé par Xavier Russel, et Kamelot signé Kylie Olson). Un indicateur de plus de la qualité de cette série.

Ces doubles albums totalisent 242 chansons (environ 30 titres par groupe), couvrant une période allant de 1983 à 2003. Concrètement – et chronologiquement – on retrouve l’histoire de la joyeuse piraterie de Running Wild de 1983 à 1995 couvrant donc sa discographie de Gates to purgatory à Masquerade , celles des amoureux du heavy traditionnel (contrairement à ce que son nom pourrait laisser croire…) Grave Digger (1984-1986), soit ses 3 premiers albums (Heavy metal breakdown en 84, Witch hunter en 85 et War games en 86 plus un clin d’œil du coté de Digger et de son Stronger than ever de 86). Sinner, tout aussi puissant et mélodique, se voit remémorer son passé de 1984 à 1987, période qui, de Wild and evil à Dangerous charms, vit naître deux indispensables albums (Touch of sin et Coming out fighting en 86 et 87. Kreator, l’un des géants du thrash made in Teutonie bénéficie pendant 7 ans du soutien de Noise à partir de 1985, et sa première déflagration que fut Endless pain, premier méfait d’une sainte trilogie, suivies d’autres réussites jusqu’à Renewal en 1992, tandis que Helloween, maitres du speed mélodiques sont restés fidèles au label  de 1985 à 1998, de Walls of Jerricho à Better than raw. Les buveurs de bières que sont Tankard, proches de la mouvance thrash et pas sérieux pour une pinte, ont presque célébré une décennie de gaudriole, entre 1986 et 1995, soit 7 lp de Zombie Attack à The Tankard.

Noise s’oriente ensuite vers d’autres contrée et dégote, entre autres les américains de Skylad, parmi les créateurs du folk metal, qui signent, entre 1991 et 1995, pas moins d’un album par an dont le très remarqué premier essais – The wayward sons of mother earth ou, en 1994, le superbe Prince of poverty line. Egalement Américain, Kamelot voit ses débuts de 1995 à 2003, soit de Eternity à Epica (tiens donc, E en initiale… Un signe?), permettant de noter la progression d’un grand du power metal. Naturellement, le son nous replace rapidement dans l’esprit de ces différentes périodes, et l’auditeur se rend compte, à nouveau, des progrès technologiques au cours de ces 3 décennies. Surtout, de l’ouverture d’esprit du fondateur de ce label mythique, qui, en véritable passionné, sait aller chercher en dehors de sa zone de confort. Un pari risqué, certes, mais un pari réussi, témoignage d’une époque où « oser » signifiait encore quelque chose. (hein??? Nostalgie??? Meuh non…)

Noise lebt! indispensable dans toute bonne discothèque? En tout cas, chacun y trouvera de quoi satisfaire ses envie de décibels, d’énergie ou de furiosité. Et si ça pouvait donner des envies à d’autres (je sais pas, moi, des compilations Devil’srecords, ça vous tenterai???) En attendant, chacun pourra se faire plaisir tout en se cultivant. Et étaler sa science du metal en bonne société!

BLINK-182: California

Blink-182_-_Calfornia 2016Punk pop, USA (BMG, 2016)

Si depuis sa formation en 1992 les Californiens de Blink-182 se revendiquent « punk », c’est de plus en plus du pop rock que le trio nous propose. California, leur dernier album, n’a plus rien de dangereux, malgré certaines tentatives rythmiques qui figurent ici et là (Los Angeles). Oh, comprenez moi bien: les compositions sont carrées, accrocheuses, et, somme toute, efficaces. La production de John Feldman (on ne compte plus ses participations!) rend l’ensemble facilement écoutable. C’est ça! on est dans l’empire du « easy listening »! Ca tchaque, ça boume, ça chante des « na nana na na na » que le public se fera une joie de reprendre en concert, ça évoque Green Day et The Offspring… Bref, c’est cool, mais, comme un costard de star du petit écran, taillé sur mesure et sans faux plis. Blink-182 va encore cartonner, c’est sûr, et c’est prévu pour, mais, au final, on en retient quoi?

Note: 7/10

Titre que je retiens: Left alone

BMG célèbre le légendaire label allemand NOISE RECORDS

NoiseC’est en réaction à l’explosion punk de la fin des années 70 que Karl-Ulrich Walterbach crée, à Berlin (ouest, la ville était encore séparée en deux par cette infamie de mur) le label Noise Records. Dès 1983, Noise tente de contrer le nouveau phénomène américain désigné sous le terme de thrash, et mené par Metallica, Exodus, Slayer… – en signant ceux qui vont bientôt s’inscrire dans la légende du heavy metal européen. Lire la suite