FIREMASTER CONVENTION 2024 : Entretien avec Joffrey, Directeur programmateur de Tonnere Live (propos recueillis le le 31 mai 2024)
Cette année, Metal-Eyes est fier d’être partenaire de la nouvelle édition de la nouvelle édition de la Firemaster Convention, qui quitte Châteauroux (36) et se relocalise à Issoudun (36), siège de Tonnerre Live, l’asso organisatrice. Joffrey, son directeur et programmateur nous dit tout sur cette nouvelle convention qui se tiendra au Palais des Expositions et des Sports d’Issoudun (PEPSI, ça ne s’invente pas !) du 25 au 27 octobre 2024 et qui accueillera en concerts pas moins que GBH, Gorod, AirForce, Nightmare, Tagada Jones et d’autres encore.
Avant de rentrer dans le vif du sujet de la Firemaster Convention qui revient en octobre prochain, peux-tu te présenter en quelques mots ?
Bien sûr : je suis directeur de Tonnerre productions qui est une association basée à Issoudun et qui existe depuis 2012. L’objet de cette association est l’organisation et la promotion d’évènements culturels, notamment de musiques actuelles. Depuis 12 ans, on organise des concerts principalement sur le Cher et l’Indre. A l’époque on était très éclectiques, c’est-à-dire qu’on pouvait organiser des événements aussi bien reggae qu’electro, metal ou rock, et depuis quelques années on porte un nouveau projet, la Firemaster Convention, sur lequel j’interviens en tant que programmateur musical mais aussi sur d’autres activités qu’il y a sur cette convention. On en parlera après j’imagine. En tant que directeur, je gère une équipe de permanents, d’intermittents et de bénévoles. J’essaie de fédérer, de faire en sorte que tout ça fonctionne. Je suis une pièce importante mais je ne suis pas seul sur le bateau, il y a toute une équipe derrière moi.
Une équipe de combien de personnes ?
Sur la structure, nous sommes 5 permanents – même si on ne fait pas que de la production musicale, on fait aussi d’autres choses. Après, en fonction des événements, on peut monter à 15/15 salariés avec une centaine de bénévoles. Une équipe qui s’agite principalement le jour du montage et du démontage, mais c’est ce que j’aime bien : gérer un projet sur ses différentes étapes jusqu’au jour où tout s’agite et où on partage avec le public.
Tu t’étais occupé des précédentes éditions qui avaient eu lieu à Châteauroux ?
Tout à fait, oui.
Pourquoi avoir changé de lieu, être passés de Châteauroux à Issoudun ?
C’est principalement pour une question, logistique. On a l’habitude de travailler avec plusieurs villes, plusieurs lieux sur les départements de l’Indre et du Cher, donc on n’a pas de problématique particulière. Ça n’a rien de politique, on travaille avec tout type de villes sans contraintes particulière. La question principale c’était de gérer la logistique de ce genre d’évènement, comment rendre la gestion plus facile. La structure est basée à Issoudun, une ville de15.000 habitants pas très loin de Châteauroux, mais à une trentaine de kilomètre, donc, d’un point de vue logistique il fallait tout déplacer. On a pas mal de scénographie, de structures à aménager pour cette convention, donc c’était assez complexe. Après, le hall des expositions de Châteauroux est une très grande salle, difficile à exploiter…
… et à chauffer. Ceux qui ont assisté à la première édition s’en souviennent…
(Rires) Oui, difficile à chauffer. En plus, la première édition a eu lieu au cœur de l’hiver et c’était un peu absurde un lieu aussi grand… On n’avait pas non plus beaucoup d’alternative, on voulait que la première édition ait lieu à Châteauroux, qui est la préfecture de l’Indre, une ville moyenne avec 100.000 habitants. La salle est très grande, elle est difficile à aménager et, comme tu le dis, il y a d’autres contraintes : la chauffer, mettre en lumière la scénographie, etc. Là, à Issoudun, il y a une salle qu’on connait bien puisqu’on y a déjà travaillé, qui s’appelle le Pepsi – le Palais des Expositions et des Sports d’Issoudun – une salle un peu plus petite. On va limiter la capacité à 1.000 personnes par soir, mais on a déjà organisé des choses avec 2.700 personnes ou même 3.000 personnes sur une autre esthétique.
Ce qui permet aussi de voir la convention grandir et pouvoir accueillir un public croissant.
Oui, ce qu’on veut avant tout, c’est proposer un bel accueil. Ce qu’on veut organiser, c’est un peu ce qu’on voudrait trouver en tant que festivalier ou public. Ce qu’on regrette un peu sur certaines grosses machines, c’est parfois la trop forte affluence et le fait de ne pas pouvoir assister aux spectacles et aux activités dans de bonnes conditions. Alors on n’a pas la prétention de faire une salle pleine dans tous les cas, on est aux débuts du projets. Mais même si on pouvait accueillir une grosse affluence de 2.000 personnes, on n’accepterait pas forcément tout le monde. Notre objectif, c’est de proposer une expérience de festivalier de haute qualité.
Une première édition avait eu lieu à Châteauroux, en hiver, en février 2020. Une seconde édition a été quant à elle quelque peu tronquée par une certaine crise sanitaire et qui s’est faite à distance. Un retour au live en 2022 toujours à Châteauroux. Sur chacune de ces éditions, vous avez eu au minimum un groupe, un artiste international, le reste étant consacré à la scène française. Comment sélectionnez-vous les artistes qui vont jouer à cette convention ?
Déjà, on essaie d’avoir des artistes internationaux. On a la chance de pouvoir travailler sur une esthétique très dynamique à l’échelle internationale – et qui nous vient, aussi, de la culture anglo-saxonne. C’est normal d’avoir des groupes mythiques anglais, américains… Pour nous, c’est important d’avoir une diversité d’origines au niveau des groupes. Bien sûr, il y a une majorité de groupes français, il y a une scène actuelle très créative, surtout sur la scène djent, hardcore… on essaie d’avoir une programmation équilibrée entre la scène française et la scène internationale. Ce n’est pas toujours très facile de programmer des artistes internationaux parce que ça coûte cher de les faire venir en France, surtout quand ils sont hors tournée. La programmation se fait aussi en fonction des esthétiques : on essaie de programmer une soirée avec une thématique – hard, heavy, death sur une soirée et un peu plus punk, hardcore, metal core sur une autre. La scène punk est aussi très marquée et reconnue en France, on n’a pas trop de mal à trouver des artistes dans cette mouvance (rires). Il y a aussi l’Angleterre qui n’est pas trop loin et qui est un vivier historique…
Tu parles de l’Angleterre. Cette année, vous faites venir AirForce. Le point marketing principal, parce qu’il reste un groupe assez peu connu sauf d’une frange un peu plus « pointue » – c’est le groupe du tout premier batteur d’Iron Maiden. Pourquoi les avoir sélectionnés eux plutôt qu’un autre groupe – sachant que sur la troisième édition, il y avait Phil Campbell, presque le guitariste historique de Motörhead, en tous cas, celui qui aura passé le plus de temps dans le groupe, l’année d’avant il y avait le gigantesque dans la taille Chris Holmes, premier guitariste de W.A.S.P. Il y a un lien qui se fait avec les groupes d’origines de ces groupes qui viennent…
Tout à fait. Il est important pour nous de faire venir des personnes, des personnalités, qui ont eut un impact non négligeable dans le développement de cette musique. C’est déjà un plaisir d’accueillir ces légendes, ensuite, d’un point de vue musical, c’est l’histoire de beaucoup de choses, et, surtout, on n’est pas sur du tribute band. Il peu y avoir de temps en temps des reprises, mais ce sont surtout des artistes qui composent et qui ne sont pas restés figés sur leur passé de « musicien de… » C’est ça qui est intéressant : on a des artistes qui sont passés dans des groupes qui sont mythiques, mais qui ont aussi leur carrière, qui ont eu mleur propore histoire et qui continue de la faire vivre. C’est hyper important pour nous. Je ne pense pas que, dans le cadre de la Firemaster, on fasse venir de tribute band. Même s’il y a eu des réflexions autour de ça. Peut-être à l’extérieur de la convention mais pas dans son cadre. On cherche avant tout de la création originale, et on a vraiment plaisir à accueillir ces icônes-là.
En parlant d’icône… Il y a Tagada Jones qui, au-delà d’être un des groupes phares de la scène punk/rock alternatif français, célèbre cette année ses 30 ans d’histoire. Sais-tu si certaines choses particulières sont prévues pour fêter cet événement avec eux ?
Ça… il faudrait demander au groupe s’ils préparent quelque chose de spécial. Nous, on n’a rien prévu si ce n’est que de les faire jouer. C’est un groupe qu’on a déjà reçu dans la programmation « traditionnelle » de Tonerre, et c’est un groupe qu’on a toujours grand plaisir à accueillir. Ce sont de personnes humaines, qui ont des thématiques touchantes et d’actualité – ils ont sortis des albums revendicatifs contre les conflits, et en ce moment, c’est pire. Malheureusement le groupe est encore plus d’actualité, et c’est un groupe dont la carrière s’est faite progressivement.
A la force du poignet…
Exactement ! Ce n’est pas un groupe qui est arrivé comme ça en haut de l’affiche comme on peut en voir aujourd’hui – on ne sait pas d’ailleurs si la longévité sera là pour ces groupes… Tagada Jones, c’est vraiment l’histoire, du punk, du metal. C’est un style hybride, un peu compliqué à catégoriser. On appréciera aussi toujours ce chant en français de Niko, avec cette plume qu’on lui connait bien. C’est un groupe qui fait partie du patrimoine français.
Tu n’as naturellement pas répondu à ma question, et c’est normal, j’imagine que certaines choses restent confidentielles. As-tu cependant des anecdotes concernant des demandes surprenante, étonnantes, inavouables de certains artistes qui venaient participer à la convention ?
Eh bien, écoutes : dans le metal, pas forcément, pas trop de choses surprenantes. Bien sûr, il y a de la logistique un peu compliquée comme aller chercher tel artiste à telle heure à tel aéroport… La scène metal est de plus en plus végane, donc ce sont aussi des choses à gérer, mais c’est normal.
Pas de « caprice de stars » sous prétexte d’être la tête d’affiche, donc…
Non, non. La Firemaster est jeune, il y a des trucs un peu particuliers, comme des artistes qui ont signé un contrat et, finalement, le jour même, il faut les payer en liquide… Ils annoncent ça avant de monter sur scène « sinon on ne joue pas ». C’est gênant sur le moment parce que ce sont des choses qu’ils auraient pu prévoir avant. Des choses complètement illégales, d’ailleurs. Je ne citerais personne, mais c’est surtout les artistes étrangers…
Ça limite déjà le nombre !
(Rires) Oui, ça limite ! Sur d’autres productions, ça nous est déjà arrivés, avec des artistes reggae, Jamaïcains, qu’un bon quart soit donné dans une mallette. C’est souvent désagréable, surtout quand ils le disent au dernier moment. Maintenant, on connait la règlementation sur le paiement en liquide des choses… on a quand même globalement des artistes qui sont respectueux. C’est pour ça que j’aime travailler des projets metal, parce que les choses sont relativement franches : on a à faire à des gens qui n’ont pas peur de dire les choses, qui sont peut-être un peu moins… hypocrites que dans d’autres styles de musique.
Depuis le démarrage de la convention, y a-t-il des groupes que tu es particulièrement fier d’avoir accrochés à ton palmarès ?
Oui, complètement ! Déjà, je suis très fier de tout ce que nous avons fait. Venom Inc., pour moi, était très important. Déjà d’un point de vue qualitatif – les albums qu’ils ont sortis sont de haute volée, et là aussi, c’est l’histoire des origines du black metal. Les artistes sont d’une gentillesse incroyable – Démolition Man, le bassiste était tellement heureux d’être avec nous qu’il s’est même fait tatouer le logo de la Firemaster sur le bras ! Sur l’événement, on a une tatoueuse, Lucette, il est allé la voir en lui disant qu’il était très content parce que c’était leur premier concert post-Covid, et que pour lui, c’était important, et il se faisait tatouer les concerts, les festivals, les dates où il était bien accueilli, où il était heureux. Effectivement, il y avait sur son bras tout un tas de concerts et de festivals, et il s’est fait tatouer le logo de la Firemaster et celui du Hellfest ! Il est reparti avec son bras tatoué, on en a une photo. Quand on voit ça, on est aux anges : non seulement il nous a marqués en venant sur place, mais nous aussi, on l’a marqué, Tony !
Cette année, yves Campion, le bassiste fondateur et seul membre originel de Nightmare, va jouer le jour de son anniversaire.
(Il rit) Il va donc falloir lui préparer un gâteau !
Ce genre de chose, vous le savez, j’imagine qu’un truc sympa peut se produire…
Oui, il y a des choses qui peuvent se faire. On est en contact avec les groupes, il y a des choses à voir ensemble. Evidemment, on ne peut pas tout dire, il y a des choses qui vont se passer pendant la convention qui restent un peu secrètes. On veut créer quelque chose d’un peu inattendu.
La convention se passe sur 3 jours. Pour les personnes qui viennent, y-a-t-il des solutions d’hébergement que vous allez proposer ?
Il y a des infrastructures hotellières non loin de la salle. Il n’y aura pas de camping parce que je ne pense pas que ce soit très demandé et il n’y a pas d’espace pour pouvoir accueillir du monde. On l’avait fait sur un événement où il y avait 3.000 personnes, seulement 50 ont campé. Donc là, non, ça ne vaut pas le coup, pas au mois d’octobre. Mais il y a un énorme parking en face de la salle, donc les camions aménagés peuvent facilement s’y installer.
En matière de condition d’accueil la Firmaster se distingue depuis les débuts en proposant 2 tarifs : un « jour » et un « nuit » permettant pour le second d’assister à tous les concerts, le premier permettant d’assister à tout sauf les 2 ou 3 concerts du soir.
Absolument. Pourquoi ? Simplement pour pouvoir faire son programme à la carte. On peut être fan de metal mais pas forcément apprécier la prog de la soirée. Donc on peut profiter de toutes les activités de la journée, d’autant plus que le programme de la journée est varié. On peut faire son petit parcours de… non, pas festivalier, comment on pourrait dire ? Conventionneur ?
Allez, oui, un néologisme, il sonne bien.
Les gens qui ont pris leur place pour le soir, on met la journée dans le pack, on ne va pas les faire attendrez dehors pour n’entrer que pour le concert ! L’idée c’est que chacun puisse profiter de la journée complète.
En revanche, le public « jour », qui est déjà à l’intérieur, doit quitter les lieux. Comment faites-vous sortir les gens qui n’ont que le pack journée ? Je me souviens que la première édition, vous aviez fait sortir tout le monde pour faire re-rentrer le public « soir »…
Oui, on a rectifié la chose sur seconde édition avec des bracelets. Les gens qui avaient le bracelet journée étaient invitées à sortir. On fera pareil. Ceux qui auront le bracelet « soir » seront invités à aller patienter dans une autre zone, avec bar et tout, on ne va pas les parquer ! Des bracelets, tout simplement.
Quelles sont les activités prévues pour l’édition 2024 ?
Comme les années précédentes : de la masterclass, des ateliers, des conférences, des tables-rondes, des rencontres, des projections et des animations. Ça va être un gros calendrier d’animation, dont le bingo du dimanche avec des lots sympa à gagner. Le thème de l’édition de cette année, c’est arts visuels et metal avec des animations et des ateliers qui traiteront de l’influence des arts visuels sur le metal et l’inverse.
As-tu quelque chose à rajouter sur cette édition qui se tiendra à Issoudun les 25, 26 et 27 octobre prochains ?
Je crois qu’on a fait le tour, on peut trouver toutes les informations sur le site www.firemaster-convention.fr