WORSELDER: Redshift

Metal, France (Autoproduction, 2023)

Cette gueule à la Jack Nicholson qui illustre Redshift, le nouvel album des thrashers (et plus encore) de Worselder! La folie d’un nid de coucou? celle d’un homme à la dérive dans Shining? Tout ça à la fois réuni dans ce nouvel album des Frenchies qui nous avaient déjà plus qu’épatés avec Paradigm Lost, paru en 2017. Punaise, les gars, pourquoi a-t-il fallu 6 longues années pour revenir nous caresser les esgourdes? Qu’on ne prétexte pas Covid et compagnie… Quoiqu’il en soit, la réalité est là: Worselder n’a rien perdu de sa rage et de sa fureur et se lâche tout au long de ces 9 titres qui mixent thrash moderne et death mélodique. La détermination des guitares rivalisent avec des rythmes cassés et brutaux, ensemble auquel se mêlent des chants toujours en adéquation avec le propos. Il y a de la puissance claire – qui monte et qui vibre, impressionnant – et de la rage gutturale qui lorgnent autant vers le death que le black pour un ensemble toujours efficace. J’avais déjà craqué sur le premier album, je n’espérais plus rien du groupe jusqu’à cette surprise de me voir remettre un Ep promo lors du dernier Hellfest… Un Ep plein de promesses brillamment confirmées avec cet album superbe de bout en bout. Worselder doit maintenant enfoncer le clou en allant trouver son public là où il se trouve et lui proposer des nouveautés avant que six nouvelles années ne s’écoulent. En toute simplicité, Redshift est sans aucun doute un des albums incontournables de ce premier semestre 2023 – toutes nationalités confondues, s’il vous plaît!

METAL INSEINE FESTIVAL 2023

Metal Eyes est fier d’être partenaire de la seconde édition du Metal Inseine Festival qui se tiendra les 22 et 23 avril prochains

A l’affiche, rien moins que Chabtain, Orkhys, DemonTool , Elfika , Rankken , Kingcrown , Cécile Delpoïo , Adaryn , 22 Acacia Avenue et Erocis, certains de ces groupes ayant déjà fait l’objet de chroniques et/ou d’interviews au sein de ce webzine.

La billetterie est désormais ouverte, alors foncez soutenir le metal hexagonal dans des conditions optimales! Ca se passe au Seguin Sound de Boulogne Billancourt

Toutes les infos avec ces liens:

Billetterie du METAL INSEINE FESTIVAL 2023 : https://shotgun.live/fr/festivals/metal-inseine-festival-ii
Preview du samedi : https://fb.watch/j2S5w1xra8/
Preview du dimanche : https://fb.watch/j2S3NubvkU/

BURN THE DAY: Drive by

Rock, France (M&O, 2023)

Ne nous fions pas aux apparences… Avec le char d’assaut qui illustre la pochette de Drive-by, et avec un patronyme comme le leur, on pourrait s’attendre à une déflagration en règle tout aux long des 11 titres de ce premier album des Franciliens de Burn The Day. Black metal? Death metal? Que nenni… Du chant enragé, dégueulé et hurlé? Même pas en rêve… Burn The day nous propose un rock direct qui puise son inspiration au cœur de la vague alternative et du grunge des 90’s avec un son résolument moderne que ne renierait sans doute pas Seether ou Soen. Le chant, parfois à la limite du faux, évoque celui torturé de la new wave qui fit les The Cure et Indochine. Les morceaux proposent une variété qui empêche la lassitude de s’installer, avec des structures variées. Burn The day propose ainsi, en quelque sirte, du neuf avec du vieux et nous renvoie à notre chère adolescence.

CYADO: Horizon

France, Metal (Ep, M&O music, 2023)

Démarrant sur des sonorités SF – on se croirait dans un vaisseau spatial en perdition – Dawn of decline sombre rapidement dans un metal ultra speedé au hurlement puisé dans un black metal en souffrance. Le « chant » se fait par la suite plus guttural avant que Cyado (difficile de trouver ce nom de groupe sur la pochette… je croyais qu’il s’agissait de Horizon…) ne calme quelque peu son propos avec un Empty path plus… « consensuel ». Les touches indus et électro, la voix off qui revient régulièrement continuent d’évoquer cet univers SF tout au long de ce disque qui recèle finalement quelques petites trouvailles sonores sympathiques (dont un Exode qui parle de lui même). Une fois passés le cap du « chant » et de la speederie souvent difficile à suivre pour le néophyte ou non amateur du genre. Bref, un Ep pour public averti ou en quête de sensations fortes. Pas mon truc, mais je garde cependant le coté SF qui reste très cinématique.

 

NORTHERN LIGHTS: Oracle

France, Metalcore (Autoproduction, 2023)

Oracle, c’est un Ep de 5 titres que Northern Lights a sorti en début d’année. Débutant avec une mélodie orientalisante, House of god vire rapidement vers un metal moderne hurlé, heureusement contrebalancé par un chant (féminin et/ou masculin) clair et plus doux. Musicalement, le combo troyen taille dans le gras, proposant des descentes de manche chirurgicales, des break downs bien sentis et des passages légèrement plus calmes tout au long des Judgement – ce pont presque salvateur – Temperance, son intro qui monte en puissance et sa variété de tempi, The moon, speedé et rageur, ou The game (rien à voir avec le film…) tout aussi empli de colère. En à peine trois années (le groupe fut formé en 2020 et a déjà eu l’opportunité de tourner avec rien moins que Killswitch Engaged, par exemple) Northern Lights semble avoir trouvé son identité musicale dans un style explosif.

NOT SCIENTISTS: Staring at the sun

France, Rock (Autoproduction, 2023)

Nous avions découvert Not scientists en 2018, lors de la sortie de son précédent album, Golden staples (chroniqué ici même). Un groupe de rock aux larges influences New wave des années 80, le groupe proposant des compos légères et entrainantes tout à la fois, assez éloignées (très éloignées) du metal mais chez Metal Eyes, on n’est pas fermé aux belles choses! Voici donc Not Scientists qui redébarque après une tournée, le départ de Thibault fin 2019, l’arrivée de son remplaçant Julien venant du même groupe que lui, No Guts No Glory), sans parler d’une pandémie qui, au final, aura permis au quatuor de mieux se concentrer sur la réalisation de ce nouvel album, Staring at the sun. 11 titres composent ce nouvel album, aussi dansant que parfois enragé. L’ensemble bénéficie d’un son clair et puissant à la fois apportant une vraie identité à chaque titre, allant de la douceur à la folie pure (Rattlesnake, plus que speedé!). Alors, oui, malgré la crise sanitaire et l’arrivée massive de nouveautés ces derniers mois, 4 ans entre deux albums c’est long et le public peut se montrer particulièrement volatile, alors espérons pouvoir profiter du groupe sur scène et ne pas avoir à attendre encore 4 ans avant la suite. Profitons cependant de cet album chaleureux et volontaire.

REDSPHERE: Regnum lupus

France, Death/Thrash (EP, M&O music, 2023)

Redsphere n’est pas une nouveauté sur la scène metal française, mais le groupe issu de nouvelle Calédonie doit encore se frayer un chemin en métropole. Déjà auteur de deux albums, Facts en 2017 et Immrotal voids en 2019, le groupe revient avec Regnum lupus, un court Ep de 4 titres forgé dans un death thrash direct et sans concession. Ou presque. Car, mis à part le « chant » typique au genre, hurlé et rageur, Redsphere nous propose 4 titres aux influences variées. Alors, oui, ça tabasse sec, les blast beats et la double grosse caisse sont légion, mais il y a plus. Princes (memento mori) et A new order, premier et dernier titres, sont clairement d’inspiration thrash à la Exodus ou Death Angel, A vicious century défonce tout sur son passage tandis que War and lies a quelques influences presque symphoniques apportant une touche plus légère à l’ensemble. Alors, hormis ce qui pour moi n’est pas du chant, le reste entraine et casse des cervicales comme il faut.

NOT BAD: Spook up your life

France, Metal (Auroproduction, 2023)

Voici un album qui arrive soit trop tard dans l’année, soit trop tôt. Spook up your life nous est sorti de terre par les Frenchies de Not Bad. Trop tard? Trop tôt? Et pourquoi donc? Ce disque est la parfaite bande son d’une soirée horrifique, genre, au hasard, halloween, mais peut aussi servir d’accompagnement lors d’une soirée pizza films d’épouvante entre potes. Et, ça, OK, il n’y a pas de moment privilégié dans l’année… Le propos musical est direct et enjoué – le terme colle parfaitement tant on sent que le groupe s’amuse à jouer les zombies errants et affamés. L’album est truffé de références au genre, entre bad aliens et psychopathes de cinéma (Vorhees a même un titre à son nom…). Le chant rugueux et profond de Arnie Spookingham (!) est de mise, accompagné par instants de voix plus claires masculine et féminines (dont une certaine Ombeline Duprat aka Oxy Heart, Asylum Pyre, qui n’est certainement pas là par hasard) qui donne au projet les couleurs d’un parc d’attraction dédié au thème. Scoobi-doo n’est sans doute pas loin, mais bien planqué. Musicalement, Not Bad nous propose un heavy aux lignes mélodiques variées, explorant également le rock groovy old school US et les prémices du power speed metal allemand. Les 15 titres sont aussi funs que sérieusement pensés et exécuté. Si Not Bad n’invente rien, il est évident que le groupe ne cherche qu’à passer du bon temps. On les verrait bien sur scène accompagner des Sleazyz ou Magoynond tant ces groupes diffèrent musicalement mais leur esprit va dans le même sens.

LUCIE SUE: To sing in French

Sticker made in USA: « Parental advisory »: Si vous avez assisté à la dernière prestation hellfestive des dingos de Steel Panther, vous l’avez vue les accompagner. Et vous avez compris que Lucie Sue n’a pas sa langue dans sa bouche… mais plutôt dans celle des autres, voire ailleurs. Qu’est ce qu’elle en avait à dire comme cochonneries! Mais elle nous a bien fait marrer. Alors l’écoute de son album To sing in French débute avec cette question: aussi chaude que l’été dernier? Avec un premier morceau intitulé Lick your teeth, c’est clair. Sa langue, elle la veut ailleurs. Et Lucie Sue l’enrobe d’un groove entrainant, funky et rock, tout au long des 9 titres de ce premier album. Très bien produit, chanté dans un anglais plus que maitrisé, ce disque mélange de nombreuses influences, alliant l’esprit pop de Ghost à des BO de westerns modernes, du blues et du funk, agrémentant l’ensemble de rythmes dansants et sexy. Une variété qui va jusqu’à ce plus que séduisant Freedom, reprise moderne de George Michael ou un esprit hispano orientalo poppy sur Shine on Avalon. Ok, ce n’est pas metal, mais c’est bigrement bien fait et l’ensemble se révèle très efficace. Au point de se demander comment diable Lucie Sue a-t-elle pu se retrouver sur cette mainstage 2 en juin dernier à tenir des propos interdits aux moins de 18 ans! To sing in French (chanté en anglais, évidemment, on n’en est pas à un oxymore près)  est une belle et langoureuse réussite qui donne envie d’en écouter plus encore et voir en live.

ELYOSE: Déviante

France, Metal (Autoproduction, 2023)

J’ai dû rater leur précédent album, mais garde de bons souvenirs de leur troisième, un Reconnexion varié et truffé d’invités (chro ici). Voici qu’Elyose revient sous forme de duo avec Déviante, titre qui évoque pour le moins un monde SF post apocalyptique. Le chant français de Justine Daaé, à la fois doux, déterminé, pop et envoutant, est impeccablement soutenu par une instrumentation mêlant nu metal, indus/electro, et heavy moderne. On retrouve – sans surprise, serai-je tenté d’écrire (d’ailleurs, je l’écris) l’esprit d’Evanescence, groupe évident sans pour autant être omni présent. Si les compositions se révèlent complexes sans être trop alambiquées, il manque un petit quelque chose, un supplément d’âme: le groupe n’est aujourd’hui que duo, et cela se ressent dans le rendu final, principalement dans la batterie qui semble programmée et manque de toucher humain. On reste cependant dans cet esprit électro rentre dedans et efficace et ce « détail » mis à part, le propos musical est très réussi. Elyose est sans doute à voir sur scène, lieu partagé dans un récent passé avec rien moins que Therion ou Tarja. A quand la route?