Interview: ORKHYS

Orkhys 2024 – Photo promo

Interview ORKHYS. Entretien avec Jean-Yves Châteaux (batterie) le 6 juin 2024.

Jean-Yves, la dernière fois que nous nous sommes vus, c’était pour votre concert au Dropkick d’Orléans. Depuis, vous avez publié Legends, votre nouvel album. Quels sont les premiers retours que vous avez eus ?

Il est sorti le 26 avril. Pour l’instant, les retours sont plutôt positifs. On a eu une chronique d’une personne qui n’a pas trouvé ça bien, il en faut aussi. D’ailleurs, c’est une chronique qu’on a partagée parce qu’on est preneurs de tout ce qui est constructif. Dans l’ensemble, ça a été bien perçu, il se vend plutôt bien. On essaie de le défendre sur scène et ça marche plutôt bien aussi (NdMP : depuis, deux dates ont été annulées indépendamment de la volonté du groupe).  Le merch n’est pas encore fait – on n’a pas encore trouvé le graphisme qu’on souhaite, mais ça ne va pas tarder.

C’est un album qui s’appelle Legends et qui contient 9 titres. Quelles sont-elles, ces légendes et qu’est-ce qui vous a poussés à faire un album autour de ces légendes ?

Il y en a plusieurs… En fait, Brice (guitares) s’occupe des compositions et nous soumet les morceaux. Quand il nous les soumet, on les écoute plein de fois pour voir ce que ça nous inspire. Là, Laurène, notre chanteuse qui s’occupe des textes, a proposé ces thèmes-là. On a tous trouvé que ça collait bien à la musique et on a gardé toutes ces thématiques.

Laurène est allée chercher ces légendes pas toutes très connues où ?

Elle est bretonne d’origine, avec une culture celte assez forte, culture qu’on retrouve dans la plupart des morceaux, à part le Draugar qui lui vient de chez les vikings. Ce personnage viking, on le retrouve dans une grande série qu’on a vue il n’y a pas longtemps dans laquelle on parle des marcheurs blancs (NdMP : il s’agit bien sûr de Game of thrones)

Avez-vous changé votre façon de travailler sur cet album, notamment parce que vous avez accueilli un membre supplémentaire : Henri, second guitariste.

On n’a pas fondamentalement chané la façon de travailler. Le seul truc que la présence d’un nouveau guitariste, dans la préparation de l’enregistrement, il a fallu que les deux guitaristes se mettent d’accord entre eux pour savoir exactement qui fait quoi. Brice se sent beaucoup plus confortable sur de la rythmique et Henri se sent mieux en lead. Donc la façon de s’organiser est venue assez spontanément. A part ça, le mode de travail est resté le même : Brice se charge des compositions, chacun échange et propose de changer des choses lorsqu’il pense que c’est nécessaire, la chanteuse définit les thèmes et les textes, et ensuite, on met tout ça dans le même bol pour voir ce qui se passe quand on mélange tout ça. Au fil des petits arrangements, on va enregistrer pour proposer ce qui, on l’espère, va vous plaire.

Brice s’occupe de la grande majorité des compositions. Orkhys présente aussi la particularité d’avoir une harpe. Comment ces arrangements sont-ils envisagés ? Brice pense-t-il d’office aux passages de harpe, Laurène propose-t-elle de l’inclure à tel ou tel moment ou est-ce un travail de groupe ?

Brice s’occupe de 99% des compositions, et il inclut aussi la harpe quand il pense que ça sert le morceau. Il cherche à construire quelque chose et si dans un morceau il y a besoin de la harpe, il compose la ligne de harpe. Parfois, il propose des choses qui sont difficilement jouables à moins d’avoir douze bras et, à ce moment-là, il y a une refonte de ces passages pour que ça fonctionne. Le principe de composition c’est ça : il compose des morceaux, nous les soumets et nous, on fait des propositions de changement si on estime que c’est nécessaire ou techniquement impossible à jouer. On part de là pour voir comment on va structurer les textes et la structure de l’album.

A part l’arrivée de Henri, le second guitariste, il y a une autre différence avec le premier album : vous avez inclus un titre en français. Pourquoi ce choix ?

Laurène, quand on préparait ce morceau, elle a senti que, sur ce morceau, c’est le chant en français qu’il devait y avoir. Au niveau de la prononciation de la langue, de son rythme, de ses sonorités, c’est ce qui collait, ce qu’elle percevait. Et je trouve que sa perception était juste, ça fonctionne bien.

Vous avez testé en anglais ?

Non, parce qu’on sentait que ça ne s’y prêtait pas du tout.

Comment analyserais-tu l’évolution d’Orkhys entre vos deux albums ?

Je pense que nous avons progressé au niveau précision et de la maturité des compositions. On a plus facilement trouvé notre place, et notre  rôle dans la structure. On a su tirer des enseignements de ce qu’on considérait être des petits travers, des petites erreurs sur le premier album. Ça n’est peut-être rien pour quelqu’un qui écoute l’album, mais nous, on se dit « ah, oui, il y a ce truc qu’on aurait pu faire comme ça. » Alors on a retravaillé tous ces éléments sur le nouvel album pour qu’on ne retrouve pas ces mêmes erreurs dans nos interprétations.

Ce qui a aussi permis une meilleure cohésion de groupe. Quel a été l’apport d’Henri ? Pour l’avoir vu sur scène, j’ai l’impression qu’il a une sacrée personnalité aussi !

(Rires) Ah, oui, oui ! Quand il est sur scène, il prend de la place ! Mais son jeu, qui vient surtout du death et du thrash, a permis de construire des riffs et des structures dans ces styles. Il y a un peu plus de passages black ou thrash qui n’étaient pas présents sur le disque précédent.

Le côté sombre se retrouve également sur les illustrations de vos pochettes très monochromes et sombres. J’imagine qu’il y a un choix artistique également ?

On était parti d’une page blanche… Brice avait gribouillé un arbre sur la gauche, un lac au milieu avec ce qui avait l’air de ressembler à une forme de cheval mais on n’était pas trop sûrs… On s’est dit qu’on n’allait pas mettre ça directement sur la pochette et on l’a confié à quelqu’un qui savait faire du dessin. Je pense que le résultat correspond à ce qu’on voulait : une pochette sur laquelle il y a plein de petits indices au sujet des légendes qu’on va raconter. 2Videmment, il y a les deux indices principaux au milieu de la pochette, c’est dur de les louper ! Mais il y en a d’autres sur les côtés. On avait même posté un truc sur Facebook où on disait que ceux qui trouverait tous les indices, on leur filait un disque. Personne n’a tout trouvé ! Il y a eu des personnes très proches… mais pas suffisamment.

C’est un album qui contient 9 titres. Si tu devais n’en retenir qu’un seul pour expliquer ce qu’est Orkhys aujourd’hui, ce serait lequel ?

Oh, la, la ! C’est très, très difficile…

C’est pas marrant de n’avoir que des questions faciles…

Ah… si, c’est mieux (rires) ! Je pense que je choisirai le dernier morceau, The infernal Kelpie, parce qu’il commence très gentiment, comme une ballade, et, tranquillement, il fini par s’énerver. Il y a de la harpe, quelques orchestrations, des parties plus énervées, un peu de black, un peu de thrash… C’est un mix relativement soft qui peut plaire à pas mal de monde. Et surtout, il y a dans ce morceau un des contrastes que je trouve vraiment trop bien : le chant est extrêmement doux, posé, calme, et quand on lit le texte, il n’y a que des horreurs (rires) !

On sait bien que, aujourd’hui, un groupe de rock, qui plus est de metal, en France vit très rarement de sa musique. Quelles sont vos autres activités, hors Orkhys ?

A part Laurène qui est prof de chant, prof de harpe et qui vit de la musique, tous les autres avons un job. Je fais le job extrêmement passionnant de responsable informatique. Ça fait maintenant 42 ans que j’use des claviers, et j’en ai un peu marre… Je réfèrerai faire de la musique à temps plein… Brice, lui, travaille pour une petite boutique qu’est la RATP en tant que, je crois, responsable de chantier. Henri, lui switche de job et je ne sais pas trop ce qu’il fait en ce moment, mais ça ne lui plait pas. Julien, notre bassiste est ingénieur dans une entreprise qui fabrique des machines qui servent à faire des prises de mesures.

Si tu devais maintenant penser à une devise pour Orkhys, ce serait quoi ?

Euh… « Libre quoiqu’il en coûte ». C’est d’ailleurs le thème du premier titre de l’album.

As-tu quelque chose à rajouter avant de terminer ?

Je vais dire ce que je dis souvent et que j’estime qu’on ne dit pas assez : je remercie tous les gens qui sont présents lors des concerts, qui achètent nos CD, du merch, qui parlent de nous… Sans eux, on ne serait pas là, et on leur doit le fait d’être là. Donc, oui, c’est normal de les remercier, ainsi que tous ceux qui, comme toi, prennent le temps d’échanger avec nous sur une journée comme aujourd’hui.

On prend aussi du temps sans doute parce qu’on apprécie aussi ce que vous faites…

Oui, mais ce n’est pas un dû, et ça ne coûte rien de dire « merci ».

ORKHYS: Legends

France, Metal épique (Autoproduction, 2024)

Avec Legends, Orkhys pourrait bien y entrer, dans la légende. Le ton est donné, dès le morceau titre, un instrumental introductif sur fond de metal épique aux relents celtiques. Puis, titre après titre, Orkhys développe un univers varié, rapide et mélodique. Les guitares fusent tout au long de ces chansons qui toutes, traitent de personnages légendaires et méconnus. Si la section rythmique pose de solides structures, on admire aussi, c’est toujours la grande particularité d’Orkhys, le travaille de Laurène, harpiste, chanteuse et meneuse de revue de ce collectif dont on remarque la stabilité – Laurène est entourée aux guitares, des complices Brice Druhet et Henri Genty, du bassiste Julien Lancelot et du batteur Jean-Yves Chateaux). Malgré l’évidence de certaines sources d’inspiration (au hasard: Nightwish, Iron Maiden, voire The Cranberries pour le chant) Orkhys a aujourd’hui trouvé son identité sonore – ce metal épique agrémenté de la pureté médiévale de la harpe dont on note un titre chanté en français (Deirdre an bhroin) – autant que visuelle – non seulement un look travaillé mais également un design sombre et sobre. Trois ans après un premier album remarqué, Orkhys franchit un nouveau cap et nous offre un disque puissant, varié excellement produit. Vivement la scène!

ORKHYS, HEVIUS et ARAE live à Orléans – Dropkick bar, le 27 mai 2023

Retrouvez ici la galerie du concert

C’est sans doute la première véritable journée complète de temps chaleureux et presque estival qui accompagne les Franciliens de Hevius, initiateurs de cette soirée metal varié, au Dropkick d’Orléans. Varié car ce sont ce soir trois groupes aux styles différents et complémentaires que le public va pouvoir écouter et voir. Un public qui va grossir très rapidement grâce à l’ambiance et la bonne humeur qui viennent de la salle en sous sol (qui, aujourd’hui, heureusement, propose un peu plus que d’affreuses lumières rouge – complètement disparues, d’ailleurs).

Orkhys @Dropkick Orléans, 27 mai 2023

C’est Orkhys qui ouvre le bal. Le quintette vient défendre son dernier album, A way (dont vous pouvez ici retrouver la chronique) et semble à la fois en forme et concentré. Le heavy de la formation « à la harpe » est plus direct et moins symphonique en live que sur disque, Laurène et ses compagnons se donnant à fond tout au long des 50 minutes allouées à chacun des groupes. L’ambiance se faisant plus légère et festive au gré des titres, le public croit en nombre et en personnalités. Impossible de ne pas remarquer ce presque septuagénaire qui fait ses doléances à la chanteuse et donne ses conseils et avis entre chaque titre! Impossible également de ne pas  le voir arriver, marteau en main et casque sur la tête, le phénomène Thor – ou sa version féminisée – qui lui aussi approuve chacun des morceaux proposés par un groupe en forme!

Orkhys @Dropkick Orléans, 27 mai 2023

Un groupe dont l’entente est visible – tant sur scène qu’en dehors – et la complémentarité entre les guitaristes – Brice et Henri – exemplaire. la section rythmique – Lancelot à la basse et Jean-Yves « PanPan » à la batterie apporte une solidité structurelle à cet ensemble plus que festif.

Orkhys @Dropkick Orléans, 27 mai 2023

A way est ce soir à l’honneur avec 4 des 8 morceaux originaux proposés – A way (en intro), Brand new world, The devil & the impudent et Blood Ties, son EP se voyant honoré par les deux tiers des compos (Guardians of our lives et The end of lies).

Orkhys @Dropkick Orléans, 27 mai 2023

La harpe de Laurène apporte une touche sonore des plus originales aux morceaux, harpe dont elle inaugure ce soir les éclairages led qui lui permettent de mieux voir les cordes et dont elle demande son avis au public. Oui, on garde, d’autant que les effets de lumière sont sympa.

Orkhys @Dropkick Orléans, 27 mai 2023

Avant de conclure ce concert, Lancelot, s’offre un petit tour dans le public avant que Laurène présente ses compagnons de jeu et interpelle le public lui ordonnant presque de chanter le dernier morceau, l’imparable The Clansman d’Iron Maiden dans une versions fidèle bien que plus teintée de folk grâce aux apports de la harpe.

Orkhys @Dropkick Orléans, 27 mai 2023

Les Parisiens de Hevius viennent quant à eux défendre leur dernier album, Millénaire (la chro est toujours ici) dont Julien Ferrier, le fondateur nous avait parlé en pleine crise sanitaire (voir ici l’interview débridée). Le style radicalement plus heavy metal de Hevius est contrebalancé par la bonne humeur tant des musiciens (sérieux s’abstenir, svp) que le côté festif de la musique (sans toutefois se transformer en parodie de Happy metal). La musique et le fun comme thérapie, en somme, et le public est très réceptif.

Hevius @Dropkick, Orléans, 27 mai 2023

Le groupe démarre pied au plancher avec les speedé De l’autre côté du miroir, premier titre qui nous montre une formation très en place avec des gimmicks efficaces (balancements et mouvements de guitares simultanés) Julien haranguant le public bientôt et régulièrement, toujours avec le sourire.

Hevius @Dropkick, Orléans, 27 mai 2023

Public au sein duquel on trouve également ses énergumènes, dont ce  jeune gars en costume qui s’agenouille à l’issue de chaque chanson comme pour vénérer les musiciens, scandant des « exceptionnel! » ou autre « extraordinaire! » dès qu’il le peut. Mais demandant aussi à interrompre le concert parce qu’il a… perdu un bouton! A chacun son public, hein!

Hevius @Dropkick, Orléans, 27 mai 2023

Même si on circule aisément, le public fait la fête, pogotant, faisant une sorte de ronde avec Thor, sautant en tout sens… Le public est partie prenante de l’ambiance de ce set, réagissant à la bonne humeur des musiciens – le guitariste Olivier Louis-Servais souriant presque tout au long du concert, Ugo (basse) appliqué et complice en conneries, Florian (clavier) qui teste aujourd’hui sa Keytar, son nouveau jouet lui permettant plus de mobilité sur scène et Alex, seul coincé derrière sa batterie mais au sourire facile.

Hevius @Dropkick, Orléans, 27 mai 2023

Le marteau de Thor et son casque – qu’il place sur la tête d’Olivier, ensuite récupéré par une Laurène très participative – sont sujets à amusement tout au long des festifs extraits de Millénaire (De l’autre côté du miroir, Millénaire, Une autre vie, Aux armes, Hevius et versa – la reprise du Vice versa des Inconnus!) Hevius nous fait aussi l’honneur de présenter ce soir deux nouveaux titres encore jamais joués live – l’engagé Ma Terre et Eternelle – avant de conclure avec un public qui chante à tue tête Nous sommes des rois, titre pendant lequel Laurène et Brice s’invitent sur scène pour une joyeuse zizanie.

Hevius @Dropkick, Orléans, 27 mai 2023

Avec un public chaud comme la braise, Hevius a donné un concert impeccable de bout en bout. une ambiance comme on les aime qui se retrouve bientôt à l’extérieur, le temps de débarrasser le plateau pour laisser la place à Arae.

Hevius @Dropkick, Orléans, 27 mai 2023

Le temps de discuter un peu avec les musiciens, je redescend pour une petite rasade de Death metal dispensé par les Tourangeaux d’Arae. A peine arrivé en bas, je découvre Nicolas Hirondelle, le guitariste soliste, qui prend la pose, à genoux ou presque sur la scène, sa guitare à plat sur ses jambes. Son compère Nicolas Macabrey, à la guitare et au chant, hurle ses paroles accompagné brutalement par Valentin Smolinski, au départ concentré sur sa basse et se lâchant rapidement, et Flo Aemeth qui fait souffrir ses peaux.

Arae @Dropkick, Orléans, 27 mai 2023

Si le death n’est pas mon truc, nous ne pouvons que reconnaitre que les quatre sont appliqués, forgeant des riffs inspirés par les grands du thrash au death, des rythmes de plombs, Nicolas C. allant régulièrement chercher le public tandis que l’autre Nicolas (fut un temps, ils y en avait 3, des Nicolas… un critère de sélection?)reprend sa pose au sol… Mais la pose s’avère être plutôt de la souffrance, le guitariste ayant du mal à se relever et à tenir debout. Il terminera le concert assis sur une chaise, quelque peu soulagé.

Arae @Dropkick, Orléans, 27 mai 2023

Brutal et efficace, je laisse Arae conclure cette soirée haute en couleurs dont on ne pourra que déplorer le manque de public, même si la salle était correctement fournie. On saluera la sympathie des groupes présents qui ont fait de cette première soirée estivale (les températures, pas la date) une soirée plus que festive.

Arae @Dropkick, Orléans, 27 mai 2023

Retrouvez ici la galerie du concert

Orkhys, Hevius et Arae live au Dropkick: la galerie

Retrouvez ici le live report du concert

Retrouvez ici le live report du concert

ORKHYS: A way

France, Metal symphonique (Autoproduction, 2021)

A peine un an après nous avoir présenté les fruits de son travail via un Ep, Awakening, les frenchies d’Orkhys reviennent avec un premier album, A way. En deux mots, soit « un chemin ». Jean-Yves, le batteur de la formation à la harpe – belle manière de se distinguer, nous présente ce nouvel effort qui confirme les espoirs placés en son groupe. Huit titres composent ce petit album composé en plein confinement entre deux concerts (« on a eu la chance de pouvoir en donner« ). Le line up a évolué avec l’ajout de Henri, second guitariste, « ce qui va nous permettre de pouvoir faire sur scène ce que nous ne pouvions faire avant. sans compter que ses influences, plutôt thrash death vont se ressentir sur les prochaines compos. C’est quelqu’un avec qui, en plus, le courant passe très bien« . L’album propose des titres assez variés « dans la continuité de ce qu’on a proposé sur l’Ep tout en étant beaucoup plus riches« . On le sait désormais, la harpe est un élément qui distingue Orkhys, apportant une touche de cordes et un esprit celtique inhabituel. Plus encore, chaque morceau propose une ambiance particulière, du morceau éponyme, calme, qui introduit le disque à des passages plus speedés (A brand new world, The devil and the impudent), Blood ties réunissant au travers de ses 10′ un condensé de tout ce que le groupe peut proposer. Démarrant de manière légère et bucolique, le morceau monte en puissance, le chant n’arrivant qu’au bout de 4′. « Je pense que c’est en effet celui qui représente le mieux ce qu’on a voulu faire… Il y a du heavy, du pagan, du black, du death, des passages blastés… Et au niveau du texte, c’est un morceau très très violent » Les observateurs remarqueront que les deux disques commencent par la lettre A, mais le groupe a aussi voulu une continuité dans l’artwork. Et si les trois premier titres commencent aussi par un A, « c’est plus le fruit du hasard. on se penche sur les ambiances, et les morceaux, l’un à la suite de l’autre sont reliés« . démarrant avec le morceau éponyme, intro instrumentale, A way continue de manière plus speedée et brutale (A brand new world). Le groupe a varié les plaisirs et cherché « à mettre tout ce qu’on ne trouve pas chez les autres. Notre idée, c’est de faire la musique qu’on aimerait bien qu’on nous propose. Quand on compose, on voudrait bien que ça marque les gens, qu’ils vibrent. » On remarquera aussi cette reprise de The clansman revisité avec brio. Pourquoi cette reprise? « Il y a Brice qui est un grand fan de Maiden, et une chanteuse qui a craqué quand elle a vu le groupe sur scène. On a voulu le reprendre à notre sauce, avec de la cornemuse, de la harpe. Je trouve que ça fonctionne plutôt bien ». Le chant de Lorène est d’ailleurs ici plus grave et plus profond, plus fluide et passe partout, et lorsque je précise à Yves que je préfère cette manière de chanter au reste plus aigu – trop aigu pour moi, si haut que je le trouve agressif – il  me précise que « Lorène va en effet travailler cette voix plus grave, c’est une piste qu’on explore ces temps-ci, une piste qu’on a commencé à envisager« . Orkhys teste, ose et réussit à surprendre avec des titres variés et conclue avec The devil from a brand new world qui, s’il mélange deux titres de l’album se base sur les orchestrations de ces mêmes titres, sans chant, sans bases, simplement parce que ces arrangements fonctionnent. Original et bienvenu, Orkhys progresse. A way est à découvrir et Orkhys est à soutenir.

Propos recueillis le 22 octobre 2021 par téléphone.

ORKHYS: Awakening

Metal symphonique, France (Autoproduction, 2020)

Fondé sur les cendres de Nepenthys en 2018, Orkhys, quatuor mené par la chanteuse Laurène nous propose un premier Ep de trois titres (totalisant quand même 18’30), Awakening – « réveil » – qui nous plonge dans un metal certes symphonique mais qui étend plus loin son univers. Les influences celtiques et folkloriques ne sont jamais loin, pas plus éloignées que ne l’est une certaine forme de black metal, évoquées par des cavalcades de guitares de Brice, principal compositeur, et de doubles grosse caisses et autres blast beats insufflés par Jean-Yves, doyen du groupe. Si on ne peut que difficilement passer à côté des influences évidentes que sont Nightwish ou, plus discrètement, Iron Maiden, voire Helloween, Orkhys se démarque du reste de la scène par une utilisation judicieuse de la harpe, instrument cristallin qui trouve parfaitement sa place sous les doigts de Laurène, au chant tout aussi cristallin (attention à ne pas trop abuser des aigus…) Cette carte de visite ne souffre cependant que d’un défaut, de taille: on a envie d’aller plus loin et d’en écouter plus… Trois titres, c’est court,d’autant plus lorsque le temps passe vite. Alors… à quand un vrai Ep ou un album complet? En tout cas, Orkhys démontre qu’en France, aussi, on est capable du meilleur.

Interview: ORKHYS

Interview ORKHYS: entretien avec Laurène (chant, harpe) Propos recueillis par téléphone, le 2 octobre 2020

Metal-Eyes : Comment se passe cette journée promo, Laurène ?

Laurène : Très bien. C’est un peu une concrétisation puisqu’on présente notre projet. Ca fait quand même deux ans qu’on travaille sur ce groupe, Orkhys, et, je ne le cache pas, il y a une petite fierté à montrer notre travail et à en parler.

 

Metal-Eyes : Tu dis que ça fait deux ans que vous travaillez sur ce projet. Alors, sortons un peuy des sentiers battus : peux-tu me raconter l’histoire d’Orkhys ?

Laurène : Effectivement, on ne m’a jamais posé cette question ! J’étais dans un autre groupe de metal symphonique et suite au départ du guitariste, on a recruté quelqu’un d’autre. C’est comme ça que Brice a intégré Nepenthys. Il nous a dit qu’il était aussi intéressé par nous présenter ces compositions et s’il était envisageable de les intégré au groupe.

 

Metal-Eyes : Naturellement, j’imagine, vous lui avez répondu « sûrement pas ! »

Laurène : Voilà, « Sûrement pas, ça doit être nul ». Non, pas du tout ! On avait déjà un compositeur dans le groupe qui a super bien accueilli Brice et moi, j’ai vraiment eu un coup de cœur énorme pour ses compos et je me suis dit… En fait, il regroupe plein de choses que j’aime bien, des riffs de groupes que je n’écoute pas forcément, mais ça fonctionne super bien. On s’est demandé quel intérêt il y avait à garder l’autre groupe. Il n’y avait plus aucun membre fondateur, ni aucun de ceux qui avaient enregistré l’Ep. Alors plutôt que de recommencer à communiquer autour du nom de Nepenthys, il y avait un changement identitaire et musical. On faisait fausse route, il fallait que ce soit notre identité. Le groupe était dans un univers complètement différent, ce qui nous a poussé à créer Orkhys, fin 2017 il me semble. On a travaillé sur ce projet, on a cherché un batteur et un bassiste et on a trouvé Jean-Yves à la batterie et Lancelot, à la basse, qui est, à la base, un ami de Brice.

 

Metal-Eyes : Vous sortez maintenant votre premier Ep, The awakening, le réveil.

Laurène : Oui. C’est tout récent… On a fait notre release party le 25 septembre. On a présenté notre Ep à la scène metal et aujourd’hui il est disponible physiquement sur notre bandcamp et en version digitale sur les plateformes de streaming.

 

Metal-Eyes : Pourquoi avoir choisi le format 3 titres ? Ce n’est même pas un Ep, c’est plus un single…

Laurène : C’était une volonté de notre part parce que ça faisait déjà deux ans qu’on travaillait sur ce projet, on avait ces trois morceaux de prêts, et on avait envie de donner un avant goût , tester l’audience et voir si notre vision de la musique était partagée par d’autres personnes, si c’était bien accueilli par les gens. C’était notre décision d’y aller petit à petit. Lancelot, Brice et moi, on est des « petits-bleus », des nouveaux et on ne s’y connait pas vraiment en enregistrement. On est assez prudents. On préfère faire petit mais bien plutôt que de voir troip grand et risquer d’être mangés par notre volonté.

 

Metal-Eyes : Comment décrirais-tu votre musique pour quelqu’un qui ne vous connais pas du tout ? Tu as parlé de metal symphonique, et je te rejoins entièrement, mais ce n’est pas tout…

Laurène : C’est très difficile, on s’est posé la question. Dans quelle catégorie nous classer ? Je ne sais toujours pas… En fonction des gens, de leur background musical, chacun va écouter, entendre des choses complètement différentes. Certains aujourd’hui vont nous classer dans du metal complètement symphonique, « pu », d’autres vont dire que c’est du metal mélodique, du heavy metal mélodique, et d’autres vont nous dire que c’est du thrash black celtico-pagan folk médieval…

 

Metal-Eyes : Peut-être avec une petite touche de disco new wave, non ?

Laurène (elle réfléchit, je ris) : Peut-être… C’est la première fois qu’on me dit ça…

 

Metal-Eyes : Je rigole… Tu as mis tellement d’étiquettes d’un coup qu’il fallait bien en rajouter un peu…

Laurène (elle rit franchement) : Ah, je préfère, j’étais en train de me poser des questions…. « Mais où on aurait pu trouver ça ??? » Tu m’as bien eu là ! Ce qu’on aime dire, c’est qu’on joue du metal mélodique, et qu’on a des influences un peu partout, on n’a pas envie d’être catalogués. On fiat la musique qui nous ressemble, c’est tout. On n’est pas des gens bornés, on écoute vraiment beaucoup de choses et notre musique est assez variée.

 

Metal-Eyes : Il y a aussi la particularité que ces 3 titres ne sont pas calibrés pour les radios – le plus court ne dure « que » 5’. C’est un choix délibéré que de vous bloquer ce type d’outil promotionnel ?

Laurène : Ce n’est pas un choix délibéré… On est au service de notre musique, et on ne veut pas la mettre dans une boite. Brice nous dit parfois qu’il est désolé, que le morceau est encore long, mais qu’il ne souhaite enlever aucun des passages, sinon l’histoire est incomplète. Il compose en fonction de ce qu’il ressent. Si une histoire a besoin d’autant de temps pour être racontée, ce n’est pas à nous de la couper. Elle est comme ça, un point c’est tout.

 

Metal-Eyes : Brice est donc le compositeur. Qui s’occupe des paroles ?

Laurène : C’est moi.

 

Metal-Eyes : Donc vous travaillez tous deux main dans la main pour pouvoir écrire ces histoires…

Laurène : Oui. Brice compose, il nous soumet ses compos sous forme de maquette et on lui fait un retour, si la compo nous plaît, s’il y a des choses qu’on aimerait revoir ou améliorer. J’écoute énormément les morceaux, je les passe en boucle et je vois ce que ça m’inspire, quelles images me viennent à l’esprit. Et je construis l’histoire et les paroles sur la composition de Brice.

 

Metal-Eyes : Et de quoi parles-tu ?

Laurène : De ce qui me touche, mais aussi de contes et de légendes qu’on a pu me raconter quand j’étais plus jeune. Le premier morceau, The end of lies, c’est un titre révolutionnaire », il parle d’un peuple à qui j’ai envie d’ouvrir les yeux, de dire à chacun « regarde autour de toi, regarde ce qu’il se passe ». Il y a un moment où il faut prendre les armes, se battre pour notre dignité, pour ce en quoi on croit… Guardians, on part sur complètement autre chose : je parle des anges gardiens. Là, c’est une interprétation qui est propre à chacun, en fonction de sa sensibilité, de sa spiritualité, on peut l’interpréter, que ce soit des personnes de chair ou des êtres de lumière, de différentes manières : ces êtres qui sont là, près de nous pour nous guider tout au long de notre vie, nous accompagner, nous faire grandir…Rest of the graves c’est l’histoire d’un homme blessé au combat et qui est en lutte contre lui-même parce qu’une part de lui a envie de lâcher, d’abandonner, de se laisser mourir et l’autre partie de lui dit qu’il a une famille, qu’il doit continuer, encore, parce qu’il a encore des choses à faire.

 

Metal-Eyes : Quelles sont vos influences principales ?

Laurène : Oh, il y en beaucoup ! Je pense que les plus grandes sont Iron Maiden, Nightwish, il y a aussi Kreator, Annihilator, pour la partie metal et une grande partie de musique celtique, et aussi de la musique classique. Pour le black metal, il y a Moonsorrow, un énorme coup de cœur pour Brice et moi.

 

Metal-Eyes : J’ai l’impression en t’écoutant qu’il y a un duo de base, Brice et toi. Quel est votre rapport avec les autres, quel est leur apport ?

Laurène : C’est un rapport amical. En fait, Orkhys c’est une bande de potes. Brice et Lancelot se connaissent depuis plus de dix ans, ils étaient à l’école ensemble et c’est la musique qui les a réunis. Lancelot, je l’ai connu via Brice et il est devenu un ami avant d’intégrer Orkhys. Après, musicalement, c’est vrai que le duo Brice/Laurène fonctionne assez bien… Panpan, le batteur, apporte sa patte puisqu’il n’hésite pas à donner son avis et faire des propositions à Brice, pareil pour Lancelot. On dit souvent que la démocratie dans un groupe, ça n’existe pas, je ne suis pas d’accord. Brice, en tant que compositeur a une importance capitale, mais tous les choix que l’on fait sont validés à 4.

 

Metal-Eyes : J’imagine donc que si certains membres du groupe ne sont pas d’accord avec une compo, n’accrochent pas, vous en parlez et certaoines choses peuvent être modifiées ?

Laurène : En fait, ça nous est arrivé une fois. Brice a proposé une compo et pour le coup, c’est moi qui lui ai dit… « Elle est très bien ta compo, mais elle n’est pas dans l’esprit d’Orkhys ». C’est étonnant parce qu’on joue une musique assez vaste, mais il l’a accepté et l’a mise sur sa chaine Youtube. Je pense qu’on apprécie vraiment le travail de Brice et qu’on est tous en cohésion.

 

Metal-Eyes : Si tu devais ne retenir qu’un titre de cet Ep pôur expliquer à quelqu’un ce qu’est Orkhys, ce serait lequel des trois ?

Laurène : C’est compliqué… C’est aussi une des raisons qui font qu’on a choisi ce format : ces trois morceaux résument assez bien ce qu’il y a dans Orkhys. J’ai l’impression que l’histoire d’Orkhys, on ne peut pas la résumer à un morceau…

 

Metal-Eyes : Je t’interromps : je pose la question régulièrement à des gens qui ont un album de 10 ou 12 titres et ils y parviennent. Comment mettre la pression…

Laurène : Alors dans ce cas, je te dirais celui pour lequel j’ai un petit coup de cœur : Guardians. Parce que c’est celui où la harpe a une belle part, et qu’il me parle bien.

 

Metal-Eyes : Quelle pourrait être la devise d’Orkhys aujourd’hui ?

Laurène : Une devise ? Peut-être plus des mots clefs : Amitié, bienveillance et émotion…

 

Metal-Eyes : Ca me plait bien, ça résume bien tout ce que tu as pu dire… As-tu quelque chose à rajouter pour convaincre les lecteurs d’aller acheter cet Ep ?

Laurène : J’ai simplement envie de dire : allez écouter, vous pourriez être surpris. Soyez curieux. Il y a des gens qui nous ont dit qu’en voyant la description du genre ils étaient sceptiques mais qu’en écoutant, ils ont vraiment accroché, adhéré. C’est quelque chose qui fait plaisir, quand les gens ont un a priori mais qu’ils sont, au final, surpris.

 

Les plus curieux pourront, espérons-le, voir Orkhys live à Paris à la péniche Antipode, le 22 octobre. Masqués, mais pas que !