SABATON live à Paris ( Le Zénith, le 7 février 2020)

Il y a des jours, comme on dit, quand ça veut pas, ça veut pas! J’ai toujours aimé voir Sabaton sur scène car à chaque fois, j’ai assisté à un spectacle différent, toujours joyeux, pro et détendu à la fois. Pour un premier Zénith, ben … les étoiles ne se sont pas alignées. Pourtant, j’avais prévu le coup: une belle marge en voiture, soit 2h30 pour rallier le Zénith de la porte de Pantin depuis Orléans. Et puis voilà que le GPS annonce plus de 3 heures de route. On n’avait pas prévu que c’était le premier jour des congés scolaires à Paris. « Ben ma chérie, on y va en train… on rate le début d’Amaranthe, mais on verra la suite ». Ok. Sauf qu’une fois les billets en main, la guichetière me répond que le dernier train quitte Paris à 22h12! Quoi? Et celui de 22h58? Y’en a plus… A peine le temps de voir une demi-heure de Sabaton et il faut filer??? On tente en voiture? Même pas arrivés au rond point qui mène à l’autoroute, nous voilà dans les embouteillages… Bon, demi tour, je prends le train seul et je passe la nuit à Paname. Résultat, impossible d’arriver pour voir ne serait-ce qu’un bout d’Amaranthe… Mais juste à temps pour récupérer mon pass photo et souffler deux minutes avant que ne débute le set d’Apocalyptica.

Premier constat: la salle est blindée. Si je pensais, après le concert d’Amon Amarth, retrouver ce soir un Zénith en petite configuration, je me trompais. C’est un public massif qui a répondu à l’appel des Suédois, et c’est tant mieux. Second constat: la scène est un champs de bataille. Un vrai, avec sacs de sable et barbelés en devant de scène. Pas pratique pour les photos, mais c’est bien dans l’esprit de Sabaton et, plus encore, de son dernier album en date, The great war.

Reste que Apocalyptica – et Amaranthe – propose son concert avec ce même décor improbable. Reste que le quatuor finlandais est rôdé à l’exercice et les trois violoncellistes savent parfaitement aller chercher le public. Bien sûr, Apocalyptica est là pour présenter son nouvel album, Cell-O, dont il joue 2 extraits (Ashes of the modern world et En route to mayhem) et propose bientôt à Elize Ryd, la chanteuse d’Amaranthe, de les rejoindre le temps d’un Seeman, reprise de Rammstein. « Maintenant qu’on a réussi à la faire venir, on va la garder encore un peu, non? » Approbation du public qui se délecte d’un I don’t care qui vient clore la période « chantée ».

Grace, dernier titre original, précède une fin que le public accueille à bras ouverts, dont un Seek and destroy (besoin de rappeler de qui?) superbe, suivi de Hall of the mountain king, sans  doute moins connu du grand public (il serait temps d’offrir, en France, le succès qu’il mérite à Savatage… On ne refera pas l’histoire non plus). Et que penser de ce final explosif, ce Nothing else matters de vous savez qui aussi, repris en choeur par la foule?

Scéniquement, Apocalyptica se démène, chacun maltraitant son instrument, le traînant de bout en bout de la scène, le soulevant d’une main ou l’observant, à terre, avant de s’en ré-emparer. Apocalyptica démontre à chacune de ses prestations que le metal c’est bien plus que des guitares saturées, c’est un esprit musical entier, et l’on aura plaisir à retrouver les quatre excités en France en tête d’affiche. Les dates seront bientôt annoncées.

Un vaste voile flanqué du logo du groupe vient cacher la scène au regard du public. Les photographes ont reçu pour consigne de se rendre devant le pit à 21h pour un débriefing – en français, svp. Aucune consigne n’est donnée, en revanche, nous avons droit au pourquoi nous sommes répartis en deux groupes et à quelques conseils et infos sur ce qu’il va se passer et à quel moment nous tenir prêts. Et, surtout, le management nous donne toute liberté pour photographier autant que nous le souhaitons, tout au long du concert, rappelant qu’il y a beaucoup de pyrotechnie. Je crois, non, je suis certain, que dans une salle de cette capacité, c’est la première fois que ça m’arrive. Sabaton a, de ce point de vue, tout compris.

C’est un peu en avance sur l’horaire annoncé que retentit In flanders field avant que le rideau ne s’envole laissant le groupe envahir la scène avec Ghost division. La batterie est installée sur un gigantesque char, le fond de scène représente quand à lui une tranchée au dessus de laquelle, on ne peut se tromper, est inscrit le titre du dernier album, The great war. Et ça commence à péter de partout… Des flammes en veux-tu, en voilà, de la pyro et des lights à tomber. Joaquim, Pär et Chris investissent chaque coin et recoin de la scène, Tommy également mais est quelque peu plus discret – ou concentré – tandis que, perché tout là haut sur sa machine de mort, Hannes frappe ses fûts comme un dératé.

Le décor n’est pas tout, le groupe ajoutant divers costumes et accessoires tout au long du show: le chanteur, caché derrière un masque à gaz, vient gazer ceux qui se trouvent sur scène pendant The attack of the dead men, avant de débarquer fièrement, pendant Night witches, armé d’un bazooka dont il se sert contre le char d’assaut.

S’il est un changement notable, c’est que le chanteur, toujours aussi jovial et blagueur, perd moins de temps en discours que les dernières fois où j’ai vu Sabaton. Ce qui ne l’empêche de nous amuser avec ce qui ressemble à l’avant d’un avion – et qui cache un orgue Hammond – en présentant The red baron, dont il assurera le solo aux claviers. Mais avant, il vient taquiner quelques touches pour faire participer le public à cette chanson populaire en Suède, un seul mot, chanté en choeur « quand on a un peu trop bu: I…. kea, Ikea, Ikea… » No comment! Sur le plus lent The last stand, le public tente de lancer un circle pit, qui ne prend pas. L’attention se reporte ainsi assez rapidement vers l’impressionnant spectacle visuel que nous offre Sabaton.

Les classiques défilent à vive allure, et le dernier album est naturellement mis en avant avec pas moins de 6 extraits. Sans surprise, Apocalyptica, qui, deux jours avant la sortie officielle de The great war, avait mis en ligne, à la demande de Sabaton sa version de Fields of Verdun, vient rejoindre les maîtres de cérémonies sur Angels calling et restera là le temps de 6 morceaux, dont les classiques The lion from the north et Carolus rex.

Le groupe salue – déjà? – le public et revient pour un long rappel pendant lequel Joaquim évoque quelque souvenir dont ce premier concert parisien devant à peine… 20 personnes. Le rappel, composé de 4 titres, voit le public finir de se déchaîner et donner du travail aux agents de sécu. Sweedish pagans fini d’achever le travail en proposant un medley de leurs influences (Dio, Maiden, Accept) avant que la fête ne batte le plein sur le dantesque To hell and back.  Ce soir c’est plutôt « To heaven and back », messieurs! C’est simple, Sabaton, qui a toujours mis un point d’honneur à offrir du spectacle visuel, a ce soir donné un des plus grands concerts de sa carrière. On ne peut que les en remercier chaleureusement et leur souhaiter de grimper encore. Superbe soirée!

 

APOCALYPTICA: Cell-0

Metal symphonique, Finlande (Silver lining, 2019)

Après avoir célébré le vingtième anniversaire de la sortie de leur premier album, Plays Metallica by four cellos, c’est à dire en donnant une petite vingtaine de concerts qui se sont rapidement ttransformés en une interminable série de 250 shows à travers le monde, Apocalyptica revient à ses sources: le metal symphonique instrumental. Sans jamais renier l’importance de l’époque avec chanteurs, le quatuor finlandais retrouve la voie et la foi. Mieux, puisque c’est le groupe lui-même qui prend en charge la production de ce Cell-O. Le titre se prononce d’ailleurs « Cell Zero », comme la cellule zéro, originelle. Le point de départ. Pas celui du groupe, mais celui de l’humanité. Démarrant avec le très inquiétant et lourd Ashes of the modern world, Apocalyptica donne le ton de l’album: sombre et lourd, bien que ci et là plus léger et lumineux, Eicca, Perttu et Paavo rivalisent de dextérité et de vélocité, entraînes, ou soutenus, par le martèlement de Mikko. Speed et mélodique, inquiétant et enjoué, chaque titre fait preuve d’une parfaite maîtrise et d’un toucher sans équivalent. Construit comme un roman musical, Cell-O se veut un reflet de la vie: après la chute du monde, la joie de la renaissance cède le pas à la dure réalité, avant que la vie ne remporte son combat. La mélodie omni-présente cède parfois sous le poids d’une cacophonie aux relents punk. Et pour ceux qui se demandent si Apocalyptica est toujours un groupe de metal, les titres à rallonge, où se mêlent puissance et mélodie, apporteront une réponse incontestablement positive. Alors rendez-vous est pris au Zénith où le groupe ouvrira pour Sabaton le 7 février. Un concert à ne pas manquer!

Interview: APOCALYPTICA

Interview Apocalyptica. Rencontre avec Mikko Sirén (batterie). Propos recueillis à l’hôtel Alba Opéra à Paris le 27 novembre 2019

Metal-Eyes : Tout d’abord, comment vas-tu aujourd’hui ?

Miko : Je vais bien, merci. C’est super d’être de retour à Paris.

 

Metal-Eyes : Ça fait un bout de temps, en effet…

Miko : Trop longtemps, oui. J’ai vraiment être ici. A chaque fois que je viens… Les vibrations de cette ville sont vraiment différentes de ce que je peux trouver ailleurs, c’est un endroit unique, j’aime vraiment venir à Paris.

 

Metal-Eyes : Beaucoup de temps s’est également écoulé entre vos deux derniers albums puisque Shadowmaker est paru il y a maintenant cinq ans (il confirme). Qu’avez-vous fait durant ces cinq années ?

Miko (il rit) : Que diable avons-nous fait ? C’est ça le truc, c’est pas notre faute (rires) ! Shadowmaker est sorti il y a environ cinq ans, et on a tourné pour le défendre pendant environ deux ans. Ensuite, nous avons eu l’idée d’organiser une tournée anniversaire pour célébrer les vingt ans de notre premier album, Plays Metallica by four cellos. Au départ, nous ne voulions donner qu’une vingtaine de concerts : dans les plus grandes villes Européennes, quelques dates aux USA, une ou deux en Amérique du sud et en Russie. On a organisé ces concerts en pensant qu’après nous rentrerions en studio pour le nouvel album. Lorsque ces concerts ont été annoncés, nous avons reçu d’autres demandes et ça a continué jusqu’à ce que tout échappe à notre contrôle. Encore et encore… Je ne me plains pas, nous avons adoré donner ces concerts pour ce public demandeur. Mais l’idée de ne donner que vingt concerts s’est transformée et nous avons fini par en donner 230 dans 45 pays !

 

Metal-Eyes : Onze fois plus…

Miko : Exactement, et cette tournée a duré plus de deux ans et demi. Après deux ans à promouvoir Shadowmaker, nous avons pris un mois de congés et avons attaqué directement cette tournée pendant deux ans et demi. Au final, il n’y avait aucune possibilité pour nous de nous retrouver en studio, c’est pour cela qu’il nous a fallu autant de temps. Nous avons dû trouver le temps et avons interdit à notre agent de continuer de booker des dates durant l’hiver dernier. Nous avons eu environs 7 mois off. Nous avions composé deux titres pendant la tournée, et avons consacré 5 mois à la composition et l’enregistrement du reste. Le bon côté des choses, c’est que nous avons pu constater, pendant cette tournée instrumentale, à quel point les gens étaient enthousiastes à l’idée de retrouver Apocalyptica sous cette forme : quatre violoncelles et un batteur. Ça nous a donné l’impression que c’est ce que le public attendait. Je ne veux pas dénigrer les chanteurs avec qui nous avons collaboré, chacun des cinq derniers albums avait un chanteur, mais on s’est dit qu’il était sans doute temps d’apporter quelque chose de spécial à nos fans hardcore, une façon de les remercier. Plus nous y pensions, mieux ça sonnait, et les concerts confirmaient ce sentiment. Tout comme pour la production : nous avons travaillé avec de super producteurs avec qui nous avons beaucoup appris, et nous nous sommes dit que, partant du principe que, si nous retrouvions les bases de ce que nous sommes, alors nous devions tout faire nous-mêmes, dont nous charger de la production. Le meilleur producteur du monde pour réaliser cet album c’est Apocalyptica. Nous ne voulions subir aucune influence extérieure. C’est ainsi que nous avons également produit ce disque nous-mêmes. Bref, une super longue histoire pour expliquer cette attente… Il nous a fallu tout ce temps pour réaliser que, maintenant, en 2020, nous souhaitions sortir un nouvel album instrumental, et nous remercions les fans d’avoir attendu si longtemps.

 

Metal-Eyes : Et retrouver les racines d’Apocalyptica.

Miko : Absolument. Et, encore une fois, nous ne dénigrons aucun des chanteurs, d’autant plus que nous allons de nouveau collaborer avec des chanteurs, sous peu…

 

Metal-Eyes : Tu viens de nous expliquer votre approche toute particulière de la notion de paresse (il rit). Où avez-vous trouvé l’énergie de composer après autant de concerts ?

Miko : Pour moi c’est facile, je crois que cette fois, tout le monde était si enthousiaste de la réponse du public de nous retrouver sous cette forme, et ça nous a apporté cette énergie, cette envie de recomposer. Et quand le besoin, l’envie sont en toi, même si tu es épuisé, l’énergie vient d’elle-même. Également, en donnant ces 230 concerts, nous avons senti le besoin de proposer d’autres choses, même si nous nous sommes vraiment amusés. Mais répéter un show aussi souvent te fait ressentir le besoin, parfois, de nouveauté.

 

Metal-Eyes : Jouer quelque chose qui puisse aussi être un peu plus excitant pour vous.

Miko : Oui, pour un certain temps, en tout cas. Peut être que dans cinq ans nous pourrons redonner des concerts « Metallica », mais pour le moment nous avons besoin de nouveauté.

 

Metal-Eyes : Dans votre récente biographie sur votre site internet, vous écrivez « nous avons abordé l’écriture de Cell-O comme une œuvre artistique à part entière ». Comment avez-vous abordé la composition de cet album ?

Miko : Je crois que chaque fois que nous entrons en studio, nous y allons enrichi, plus expérimentés. Grâce à nos rencontres avec d’autres musiciens, notre expérience scénique, nos expériences précédentes. Cette fois, nous sommes arrivés avec un peu plus de savoir, notamment sur les aspects techniques, comment approcher l’enregistrement. Nous savions que nous avions la capacité à le faire, à nous produire nous-mêmes, et ce fut le plus gros changement. Et Cell-Zero…

 

Metal-Eyes : Ah, c’est donc Cell-Zero et pas Cell-O… Nous allons en reparler.

Miko : Oui, on dit Cell-Zero. Dans notre histoire, nous avons créé une particule qui est la cellule Zéro. Une particule imaginaire, le plus petit atome que tu puisses imagine, invisible, mais qui est dans notre ADN. Indéfinissable… Mais qui est le commencement de tout. Un peu comme un morceau, qui n’est qu’un assemblage de particules infimes, des notes, des mélodies, des breaks, et quand tu les assembles, elles donnent une chanson. L’essence même de la chanson, tu ne peux la créer comme ça, elle vient de ton âme, de ton cœur, c’est la particule initiale, la cellule Zéro. Ceci combiné à tout ce que nous avons constaté au cours de nos voyages… C’est dingue de voir comment les gens pensent environnement, comment les gens se traitent les uns les autres, de constater de quelle manière nous plongeons dans cette sorte de chaos… Ces évènement imprévisibles… Par exemple, il y a dix ans, personne ne pensait que le fascisme allait ressurgir. Tout le monde semblait penser que ça faisait partie de l’histoire, mais en un claquement de doigts, ça revient. En même temps, la Terre hurle sa souffrance, nous dit que nous devons changer nos façons de faire. Nous pensions aussi que cette cellule zéro pouvait être cet élément qui a fait perdre aux gens leur connexion à la planète, aux autres. Nous n’avons plus d’empathie envers autrui, nous préférons nous concentrer sur l’augmentation des profits des entreprises plutôt que sur la manière de nous auto-suffire, de produire en fonction de nos besoins. L’idée de cet album est aussi politique, environnementale. En dehors de la musique et du titre de l’album, que tu comprends maintenant, nous avons voulu donner à chaque morceau un titre explicite, une sorte de portrait. Et, tu ne l’as pas encore vu, mais l’artwork illustre tout cela. Dans le livret, nous avons voulu une illustration spécifique pour chaque morceau. Ces peintures, associés à chaque titre, donnent une vision différente.

 

Metal-Eyes : Il s’agit bien de Cell-Zero, ça n’a donc rien à voir avec le célèbre dessert améericain Jell-O (il explose de rire) ou avec l’intrument, principal du groupe. Cependant, ce titre pourrait également faire penser à une cellule de prison…

Miko : Et ça c’est la partie cool… Nous, en tant que groupe de musiciens, nos seuls outils sont la musique, les titres de chansons et de l’album. C’est tout ce qu’on offre aux gens. Ensuite, à chacun de faire sa propre histoire, d’interpréter comme il le souhaite.

Metal-Eyes : Alors je vais rester avec mon interprétation de Jell-o (rires)

Miko : Oui, reste avec celle-là ! Ce truc gélatineux et translucide ! Souvent, quand on discute avec les gens, c’est beaucoup plus intéressant de savoir quel est ton ressenti plutôt que d’explique ce que nous avons voulu faire. Nous n’avons donné que l’étincelle, ensuite, ça démarre avec les gens.

 

Metal-Eyes : Je vais t’en parler dans un instant, mais avant, comment analyses-tu l’évolution d’Apocalyptica entre vos deux derniers albums, Shadowmaker et Cell-O, en dehors de l’aspect production dont nous avons parlé ?

Miko : Je crois que Shadowmaker représente la fin d’un cycle. Nous avons commencé un cycle très orienté sur le chant, nous voulions enregistrés des titres qui puissent passer en radio, et y sommes parvenus avec succès. Ce que nous avons fait également avec Shadowmaker. Ces quatre albums d’affilés sont comme une entité. Quand nous avons terminé Shadowmaker et sommes entrés dans ce cycle interminable de tournée, nous avons réalisé que ça avait été super cool de faire ces albums, mais que nous devions passer à autre chose. Revenir au côté originel d’Apocalyptica, à savoir du metal progressif instrumental.

 

Metal-Eyes : Selon moi, cet album est très cinématique, il pourrait servir de bande son au cinéma, notamment dans le registre heroic fantasy. Que reste-t-il de metal chez Apocalyptica ?

Miko : Ce qu’il reste de metal ? Je crois qu’Apocalyptica a toujours voulu récolter des iodées de partout dans le monde et les réunir autour d’une table. Le point de départ est simple : des instruments classiques et de la musique metal. Tu combines deux univers. Plus nous aavons avancé dans ce monde de violoncelles, en ajoutant des riffs, du chant…, nous avons ajouté diverses influences, tout en conservant la base : les instruments, et l’attitude. Selon moi, le metal devrait toujours être à 50% basé sur l’attitude. Pas sur le son. Mais après 20 ans, il y a plein de choses sur cette table. Tu peux encore entendre l’influence de Slayer, de tous ces groupes que nous aimons, et cette manière si particulière, unique de jouer du violoncelle. Personne d’autre n’en joue comme ça ! Selon moi, c’est ce qui reste du metal. Je crois aussi que le metal actuel a tant de règles… C’est une musique très conservatrice : pour jouer du metal, il doit y avoir ceci et cela. Et merde, quoi encore ? Le metal doit faire tomber les codes, les barrières, pas en ériger ! J’ai du mal à m’extasier avec le metal actuel, je le trouve ennuyeux, très répétitif…

Metal-Eyes : Il y a tant de groupes, aussi, et les musiciens ont un tel niveau, partout dans le monde…

Miko : Oui, c’est ahurissant ! Mais où est passé le punk, ce qui éveillerait mon intérêt ?

 

Metal-Eyes : Où est la différence ?

Miko : Exactement, la différence… J’ai beaucoup de mal à trouver quelque chose d’excitant dans le metal. Gojira reste exceptionnel, selon moi, ils ont su garder leur style originel, et c’est super. Mais c’est rare…

 

Metal-Eyes : Si tu devais ne retenir qu’un seul titre de Cell-O pour expliquer ce qu’est Apocalyptica aujourd’hui, lequel serait-ce ?

Miko : Ce serait Cell-O, le second titre de l’album. Nous avons tous le sentiment que c’est ce titre qui représente le mieux l’album. Il est très long, 11 minutes avec des parties variées, différentes, ça change tout le temps comme un organisme vivant. Eicca a composé ce titre et il voulait faire ressortir tout ce qu’il avait en tête à ce moment-là. J’adore ce morceau qui va du silence au hurlement, de quelque chose de mélodique au thrash le plus brutal et tout ce qui va avec.

 

Metal-Eyes : Vous restez un groupe de rock, vous allez tourner, en Europe vous serez avec Sabaton. A quoi devons nous nous attendre au cours de cette tournée, et prévoyez-vous une tournée en tête d’affiche ?

Miko : La tournée avec Sabaton n’est composée que de 25 concerts, sur les 200 que nous prévoyons. Ce sera une tournée exceptionnelle parce que l’approche de Sabaton est très particulière : ce sont des gens très inspirants, pas seulement parce qu’ils sont Suédois. Ils nous ont contacté en nous disant que ce n’était pas qu’un package avec des groupes qui jouent leur set. Ce qu’ils veulent, c’est que chaque groupe joue avec les autres. Un de nos violoncellistes ira jouer avec eux, la chanteuse d’Amaranthe viendra jouer avec nous, nous irons jouer ensemble avec Sabaton. Nous avons joué Fields of Verdun, de Sabaton, nous allons créer de la musique ensemble au cours de cette tournée, ce sera vraiment un échange… Après ça, nous allons aux USA, tourner avec Lacuna Coil, puis retour en Europe à l’automne, nous ferons la tournée des festivals cet été…

 

Metal-Eyes : Il y aura donc une réelle interactivité entre les groupes… Une dernière chose : quelle pourrait être la devise d’Apocalyptica en 2020 ?

Miko : Oh, mon dieu ! C’est ta dernière question ? Je suis un batteur ! Euh….

 

Metal-Eyes : Oui, mais tu connais la différence entre un batteur et un ingé son ?

Miko : Non…

 

Metal-Eyes : Un batteur sait compter jusqu’à 4, eux s’arrêtent à 2 (ouf, ça le fait marrer)

Miko : Attends, une pour toi : tu sais pourquoi Stevie Wonder ne voit plus ses amis ?

 

Metal-Eyes : En dehors du fait qu’il soit aveugle ?

Miko : Oui… Parce qu’il est marié (rires) ! J’essaie de trouver une porte de sortie… Euh… Une devise ? Ne renonce jamais !

 

Metal-Eyes : Ok ! Le temps est écoulé alors nous allons renoncer à cette interview. Merci pour toutes ces informations, nous te retrouverons le 27 février au Zénith de Paris avec Sabaton, et avant cela, avec le nouvel album qui parait en janvier 2020

Miko : Merci à toi !

HELLFEST: One hell of a ride (2ème partie)

Samedi 17 juin 2017                                                                                   

Réveil un peu difficile, je rate la prestation de Jared James Nichols. Mais devant interviewer les New Roses, je me pointe devant la Main 1 dès mon arrivée. Une plateforme a été installé devant la scène principale handicapant la mobilité des photographes, mais, bon… On va pas se plaindre, ce soir, c’est Aerosmith qui fait ses adieux. Reste que l’on doit faire le grand tour à chaque fois et que des kilomètres, on va en bouffer aujourd’hui, sous un nouveau soleil de plomb ! The New Roses, c’est pile ce que j’apprécie : du rock hard couillu, le genre qui évoque les Quireboys de Spike ; La prestation est simple et les sourires de sorties ; une bonne mise en jambes. Le groupe, éminemment sympathique nous offre une demi-heure de ce rock roots qui fait vibrer. Pas assez long à mon goût, mais ce n’est que partie remise !

The New Roses

Je vais voir ce qu’il se passe sous la Temple, où se produit Monolithe. Comment dire ? Ce que j’en vois et entends me fait fuir : je m’ennuie… C’est monotone, les gars ne bougent guère… Je m’offre donc une mini pause, car la suite du programme est chargée : non stop Main 1/Main 2 jusqu’à 22h15 minimum. On verra pour la suite.

Monolith

Encore un groupe pas assez haut sur l’affiche, The Dead Daisies ne bénéficie que de 30 toutes petites minutes pour séduire la foule qui se masse devant la scène. Exit donc les reprises habituelles (sauf Helker skelter), et place à l’efficacité. Long way to go, Going to Mexico, Make some noise, Mainline… vont droit au but et le public ne peut rester impassible. Faut dire que nous avons à faire à de vieux briscards qui voient leur following augmenter de jour en jour. Une des prestations les plus plaisantes du fest. Et les premières chaises roulantes commencent à survoler la foule (j’en ai compté pas moins de 9 rien que pour la journée du samedi !) Lors de l’interview que le groupe accorde à Metal Eyes, je demande s’il n’est pas frustrant de jouer aussi tôt. La réponse de John Corabi est simple : pas avec autant de monde présent.

The Dead Daisies

Les Nantais d’Ultra Vomit attirent également une foule conséquente. Le dernier album, l’inénarrable Panzer surprise ! est à l’honneur, et le quatuor est en forme. Voilà un groupe qui mérite le premier prix de la bonne humeur communicative. Très tôt, Fetus annonce « on va faire une Hell pêche : on va crier hellfest et vous levez les doigts et criez ». La consigne est traduite en anglais (« For those of you who don’t speak French… » jusqu’à ce qu’il renonce « on s’en fout ! ») et il commence à hurler « Download ! ». Un humour potache, pas graveleux (sauf l’ultra court Pipi vs. caca), un premier Wall of death, et un set qui donne simplement la banane. Vivement que l’on retrouve le groupe en salle, dès cet automne, semble-t-il.

Ultra Vomit

Phil Cambell est attendu, mais… Le guitariste de feu Motörhead and the Bastard Sons qui n’a publié qu’un Ep, donne un concert en demi-teinte. Il déambule tranquillement, sans chercher à vraiment convaincre le public. En plus, il ne prend guère de risque avec une setlist principalement composée de standards de Motörhead: seuls 2 titres sont issus de son récent Ep. Pas convainquant, pas convaincu…

Phil Campbell and the Bastard Sons

The Treatment en revanche fait tout pour gagner plus de voix en France. Les Anglais profite de l’opportunité qui leur a été proposée de remplacer Jorn « le lâcheur » pour venir séduire le public du Hellfest. L’énergie est au rendez-vous et la formation est particulièrement à l’aise sur une grande scène. Le chanteur (qui a perdu une dent lors du dernier concert du groupe à Paris – il s’en expliquera en interview dans l’après midi) aime la France et le fait bien sentir au public. Voilà encore un groupe qui mérite de grossir encore et encore !

The Treatment

La Main 1 serait-elle l’antre des déceptions du jour ? Ça fait pourtant quelques temps qu’on attend d’accueillir Ugly Kid Joe en festival, mais… Les américains semblent prendre le public un peu de haut, Whitfield Crane s’approchant pour déposer deux bouteilles d’eau sur l’avancée. Bien sûr, Neighbour et Everything about you remportent un franc succès, tout comme la reprise de Ace of spades ou celle de Cats in the cradle (qu’on réentendra sans doute ce soir…) mais est-ce suffisant. Pas la prestation la plus marquante du jour.

Ugly Kid Joe

En revanche, Pretty Maids veut en découdre et attrape son public à la gorge dès son arrivée sur scène. Red hot and heavy fait toujours autant d’effet, les deux piliers que sont Ronnie Atkins, le vocaliste très en voix, et Ken Hammer, guitariste en pleine forme, s’assurant de l’adhésion du public. Je n’ai encore jamais vu le groupe en salle, mais vivement que ça se fasse ! Dommage que l’interview prévue n’ai pu avoir lieu… A revoir !

Pretty Maids

Devant la main stage 1, Steel Panther attire une foule digne d’une tête d’affiche. Le groupe parodique ne change pas de recette, l’humour gras « bite couilles cul nichons » est toujours de rigueur, les pauses du narcissique Lexxi Foxx aussi, les filles massées devant la scène aussi, et le discours est le même : « Hellfest ! c’est vraiment le meilleur festival ! – C’est pas vrai, hier au Download tu disais que c’était eux »… « Oh, Satchel, je vois que tu as assorti ton pantalon à ta guitare »… Bref, on prend les mêmes, et on recommence. Ça marche, il y a du fun, du rock et des nichons, oui, mais combien de temps ça va durer ? Surprenez-nous, les gars !

Steel Panther

Initialement prévu au programme, Blackie Lawless a été contraint d’annuler la participation de W.A.S.P au Hellfest et a été remplacé au pied levé par Dee Snider. Pour moi, on y gagne au change. Le chanteur est en forme et raconteque c’est Blackie en personne qui lui a demandé de remplacer son groupe aujourd’hui. Alors, bien sûr, le chanteur ne cache pas sa satisfaction d’être de retour à peine un an après sa dernière venue poru le derneir concert français de Twisted Sister (dont il reprend pas moins de 3 titres) mêem si on le sent quelque peu frustré de n’avoir que peu de temps. Dee attire sur lui tous les regards, son groupe est vraiment au second plan, mais il fait le show. Après avoir rendu hommage à Dio et à Lemmy les années précédentes, et après un long discours sur les disparitions de géants du rock de plus en plus nombreuses, c’est à Chris Cornel que vont ses pensées avec une reprise de Soundgarden. Un show puissant et plein d’émotion aussi.

Dee Snider

Après l’annulation de sa venue en 2011, on n’espérait guère voir Trust au Hellfest. Pourtant, en pleine tournée intensive Au nom de la rage, le plus important et/ou influents des groupes français ne pouvait pas ne pas être accueilli en terres clissonaises. On connait les prises de positions de Bernie et certains, dans le public, craignent ce qu’il risque de se passer. Mais voilà : rien à signaler… Sauf que Bernie arrive en tenue de vacanciers (ok, le soleil est de la partie !), chemise à fleurs et bob vissé sur le crane (ne manquent que le bermuda et les claquettes), et la communication avec le public se limite à des « vous êtes extra » « Hellfest ! »… Le vocaliste est plutôt calme, son chant plus rock que ce que j’avais entendu à Blois (plus rap que rock) et le choix des titres se révèle efficace. Certains considèrent la prestation moyenne, d’autres la disent même décevante. Le calme apparent est-il le fait que le concert soit enregistré en vue d’un live, donc « pas de débordements » ? C’est possible, il faudra voir sur le reste de la tournée.

Trust

On n’a pas de surprises avec Saxon. Le groupe donne toujours le meilleur show possible et aujourd’hui ne fait pas exception. Bénéficiant d’un bon créneau et d’une belle heure de jeu (les précédents passages au Hellfest se firent largement avant 20h et, pire, la venue de Saxon l’an dernier à la première édition d’un grand festival anglais se fit à 15h30…), les Anglais déroulent un Best of retraçant bien leur carrière. Les classiques sont présents (à quelques exceptions près) et s’avèrent toujours aussi efficaces. Biff, en apercevant une nouvelle chaise rou/volante, s’exclame « Those are wheels of steel ! »… Puis comme à son habitude, il propose au public de choisir entre 4 morceaux avant d’annoncer qu’ils vont les jouer tous les 4. C’est juste, mais Princess of the night entre pile dans le temps imparti, et c’est tant mieux. Grande ou petite scène, Saxon reste impérial.

Saxon

On sait aussi à quoi s’attendre avec Airbourne. Dynamitant tout avec le désormais classique Ready to rock, les yeux restent rivés sur Joel O’Keeffe qui fait le show à lui seul, investissant dès que possible l’avancée scénique. On en oublierait presque de s’intéresser à Harri Harisson, le nouveau guitariste remplaçant David Roads depuis peu. Le gaillard fait le job, discrètement. La puissance d’Airbourne est bien son leader, et un répertoire imparable. Une énergie débordante dont on ne lasse pas.

Airbourne

Je rate Apocalyptica, sans réel regrets, le temps d’une pause alimentaire nécessaire. Puis, de retour devant la scène pour accueillir Aerosmith, un constat s’impose : il y a beaucoup de monde venu faire des adieux au flamboyant groupe américain. Cependant, on constate rapidement que la formation donne l’impression d’être en pilotage automatique. Les lights sont top, les poses habituelles et la setlist sans grande surprise. Il est sans doute temps, en effet, de prendre une retraite méritée. Sympatrique prestation sans plus.

Kreator devrait apporter plus de piment à cette fin de soirée, mais là encore, la fatigue, doublée des kilomètres parcourus, remporte la partie. Direction dodo pour préparer une dernière journée plus light mais intense quand même !

 

DOWNLOAD FESTIVAL PARIS du 10 au 12 juin 2016, hippodrome de Longchamp

Pour cette première édition hexagonale, l’incontournable festival anglais a choisi l’hippodrome de Longchamp pour y accueillir, l’espace de trois jours et sur trois scènes, une quarantaines de groupes d’horizons divers. Et pas des moindres, le festival invitant Iron Maiden et Rammstein pour attirer du monde. Avec une capacité d’accueil frôlant les 60.000 spectateurs/jour, le Download Lire la suite