MEGADETH: The sick, the dying… and the dead !

Thrash, USA (Universal, )

Si Megadeth nous a récemment montré le visage d’un Dave Mustaine vieillissant et amaigri, musicalement, les légendes du thrash US reviennent avec un album d’une puissance exemplaire. The sick, the dying… and the dead!, le nouvel album de la bande désormais plus internationale qu’américaine est une vraie cure de thrash direct, speedé et dans ta face. L’intro du morceau titre avec cette voie d’outre temps qui scande « Bring out your dead! » pose un cadre sombre et mortifère. Si le titre puise dans le heavy metal pur jus et rappelle les meilleures heures du combo, la suite ne fait pas de prisonniers. Ca tabasse sec et ça speede à tout va sur Life in hell et Night stalker avant de retrouver un semblant de calme avec Dogs of Chernobyl. Le chant de Mustaine sur Sacrifice peut parfois surprendre: si le timbre est là, il module comme s’il était en légère transe. Junkie retrouve cet esprit heavy old school tandis que Psychopathy et ses rythmiques tribales, le chant parlé, les guitares hurlantes, sombre dans une forme de folie sonore incontrôlée. C’est le titre le plus court et barré de l’album qui précède un Killing time qui aurait pu figurer sur Countdown ou Youthanasia, suivi d’un Soldier on! martial au refrain le plus chantant de l’album. Celebutante évoque le heavy anglais speedé des 80’s (ne ratez pas ce « Ouh la la » sexy au début du titre, mot qui désigne une débutante qui fait tout pour être – se croire – célèbre) qui bascule rapidement dans du Megadeth typique. Si The sick, the dying… and the dead! traite principalement, comme son titre l’indique, de maladie et de mort, Mission to mars fait figure de morceau à part. Mais autant le danger et l’isolement sont réels , autant une telle mission peut faire et fait rêver des milliers de personnes. Le break complètement syncopé et épileptique est admirable de précision. Clin d’œil évident à son public, Megadeth clôt ce nouvel album à la manière d’un Terminator: We’ll be back finit de convaincre et d’achever l’auditeur et l’on ne peut qu’être convaincu que 1/ Megadeth est loin, très loin d’avoir dit son dernier mot et 2/les anciens n’ont vraiment rien à craindre de la jeune génération qui a encore beaucoup à apprendre. The sick, the dying… and the dead! bénéficie de plus d’une production plus que soignée, d’une pochette dont on se délecte… Penser que les deux années de crise sanitaire ont pu enrager certains musiciens au point qu’ils puissent concevoir de tels bijoux n’a sans doute rien d’illusoire tant ce disque risque de devenir un incontournable de Megadeth. Et comme les meilleurs album de la bande à Mustaine, The sick, the dying… and the dead! nécessitera bien plus d’une écoute avant d’être assimilé tant il regorge de morceaux à tiroirs et de détails étonnants. Superbe de bout en bout!

RAMMSTEIN: Zeit

Allemagne, Metal indus (Universal, 2022)

Ils nous surprendront toujours, les Allemands de Rammstein… Après avoir pris le temps d’une décennie entre leurs deux précédents albums pour accoucher d’un disque (que certains appellent aujourd’hui « L’allumette ») haut en couleurs et hyper efficace, les voici qui reviennent à peine deux ans plus tard avec ce Zeit. Entre temps, Till Lindemann et Richard Z. Krupse ont, chacun de leur côté, publié des disques – F & M en 2019 pour le premier sous son nom, The persistence of memory pour le second avec son groupe Emigrate en 2021. Hyperactifs les gars de Rammstein? Peut-être un peu trop pourrait-on croire. A l’écoute de Zeit, on peut en effet s’interroger car les Allemands donnent ici l’impression soit d’avoir composé03 à la va-vite soit d’utiliser des chutes des sessions de l’album précédent. On retrouve le son martial de Rammstein mais, clairement, au delà des deux premier titres (Armee der Tristen  et le calme  et léger Zeit et ses guitares quelque peu « western ») le réchauffé commence à bruler rapidement. Till s’amuse même avec un vocoder sur Lügen pour un résultat moyen, l’ensemble donnant l’impression d’un groupe qui tourne en rond. Attention: Zeit n’est pas un mauvais album, c’est du Rammstein pur jus, seulement un cran (gros) en deçà de ce que l’on pouvait espérer. Heureusement que Rammstein c’est aussi du visuel car là, rien à dire. Zeit ou l’usure du temps qui passe?

DEF LEPPARD: diamond star halos

Angleterre, rock (Univesal, 2022)

En 2015, Def Leppard revenait avec un album auto nommé explosif qui avait tout pour le remettre sur les rails d’un énorme succès international, même si, oui, le groupe ne s’éloignait guère de ces accents pop qu’il a depuis longtemps intégrés dans son rock léché. Presque 7 ans plus tard – même s’il semble que cet album fut déjà prêt en 2020 et que le groupe aie préféré ne pas le sortir en pleine pandémie, personne ne s’étonne plus de cette éternité qui sépare deux albums du Lep’, heureusement il y a eu deux coffrets dont le superbe Early years 79-81! – voici les Anglais qui reviennent avec Diamond star halos, nouvel album plein de bonnes intentions produit par le groupe et Ronan McHugh. Le groupe voit les choses en grand avec pas moins de 15 titres. Démarrant avec 3 morceaux rock – dont le très efficace Kick et l’introductif Take what you want au refrain imparable – Def Leppard tombe rapidement dans la ballade téléphonée  – This guitar saved my life et ses accents country – et et le mid tempo ou dans la pop bien faite mais sans grand intérêt. Ok, ça entraine mais au final, que retient-on? Hormis celui mentionné plus haut, pas un refrain qui rentre vraiment en tête, qui donne envie de bouger et de sauter. Lorsque, au cours d’une interview récemment publier par la presse, le groupe évoque le fait que Mutt Lange en ait fait des vrais musiciens, sans doute le groupe en fait-il ici un peu trop… Explorant des champs electro (U rock mi), utilisant d’autres cordes (piano et violoncelles sur les ballades Goodbye for good this time et Angels), Def Leppard fait preuve d’audace avec une vraie volonté de grandes orchestrations et d’exploration mais… Même s’il y a des clins d’oeil à son passé – quelques références aux albums Hysteria, Euphoria et même Slang, ainsi que sur l’illustration de la (très jolie) pochette (High ‘n dry y figure aussi), avec un bon tiers de ballades, Diamond star halos est clairement en dessous de son prédécesseur, retour assumé aux sources de son succès.  Pas le meilleur album du Lep, c’est une évidence. Pas le pire non plus, reconnaissons le.

VOLBEAT: Servant of the mind

Danemark, Metal (Universal, 2021)

Même si j’avais, à sa sortie en 2019, apprécié Rewind, replay, rebound, force est de reconnaitre que les aspects moins metal manquaient. Avec Servant of the mind, son nouvel opus, Volbeat revient à ses amours et ses racines. La puissance du metal, ses rythmiques, ses riffs de guitares côtoient avec bonheur – c’est bien ce qui fait la spécificité du groupe de Michael Poulsen, les mélodies rock des débuts du genre, 50’s et 60’s. Si l’accroche est moins évidente sur Dagen for, un duo chanté avec Stine Bramsen (vocaliste pop danoise qui sévit avec Alphabet) car trop sirupeuse, les Temple of Ekur, Say no more, Step into light ou Shotgun blues, single imparable, se font irrésistibles de puissance et de mélodie. Tout n’est pas parfait (Step into light a ce refrain prenant mais un couplet qui peine parfois, Wait a minute girl stagne quelque peu, dommage, c’est le second titre…) mais on ne pourra que saluer cette gnaque retrouvée, cette pêche renouvelée (cette patate sur l’intro de Becoming!), ce sens de la mélodie doublée d’accents orientaux (Temple of Ekur, Lasse’s Birgitta) et ces chœurs imparables qui nous manquaient quelque peu. Les effets de la pandémie? Oui, Volbeat renoue avec ce qu’il proposait avant son dernier live, retrouve puissance et efficacité. C’est simple, après une période de semi flottement, Volbeat parvient à retrouver cette flamme magique qui caractérise sa musique, une alchimie entre genres parfaitement compatibles. On attend quoi maintenant? Le retour de Poulsen et sa bande sur les routes!

LINDEMANN: F&M

Allemagne, Metal (Universal, 2019)

Quelques semaines après une tournée des stades de son autre groupe, Till Lindemann revient avec un nouvel album de Lindemann, F&M, pour Frau & Mann – Femme et Homme. Cette nouvelle collaboration avec Peter Tätgren (Pain, Hypocrisy) qui s’est chargé de toute la composition, Till se concentrant sur les textes et le chant. Pour cette seconde collaboration, le duo a opté pour le chant en allemand, ce qui, immanquablement fait penser à Rammstein. Mais pas que: les mélodies, froides et puissantes aussi. Sauf que F&M est tout sauf un nouvel album de Rammstein. Lindemann trouve, malgré des similitudes (froideur, esprit SM, imagerie malsaine – regardez le livret intérieur, superbe et décadent), son identité et son univers sonore. Et surprend, parfois, comme avec cette intro de Knebel, simple guitare sèche et voix grave sur chant populaire. Un étonnement qui apporte un peu de calme (relatif, attention à l’explosion) au milieu des Steh auf, Ich weiss es nicht ou Blut, particulièrement enjoués. Le morceau titre, fun, démarre avec des « Aïe, aïe, aïe » (sans doute pas écrits à la française…) qui laissent pensif. Ce morceau dénote cependant avec l’univers sombre que le duo met en avant, et introduit l’autre facette de cet album, piochant dans le bal musette (Ach so gern) et autre sentimentalisme romantique (Schlaf ein) avant de retrouver ce qu’on connait si bien ce ce metal mécanique avec Gummi. Une vraie réussite qu’on attend de retrouver sur scène en début d’année. Attention, la date parisienne de la Cigale est déjà complète. F&M est un beau cadeau en cette fin d’année.

VOLBEAT: Rewind – replay – rebound

Hard rock, Danemark (Universal, 2019) – sorti le 2 août 2019

Le voici enfin ce nouvel album de Volbeat! Même si le groupe de Michael Poulsen semble avoir trouvé son rythme de croisière, un album tous les trois ans, c’est peu. Même si le fan est régulièrement rappelé à l’ordre avec un live. Maintenant, quoi de neuf sur ce Rewind-replay-rebound, nouvelle livraison de 14 morceaux? Tout d’abord, deux détails visuels: Volbeat illustre son album d’une photo et non d’un dessin. Si cette dernière évoque le film Il était une fois en Amérique, on ne retrouve pas les « voyous moustachus » à la Mike Hammer, ceux-ci apparaissent cependant à l’intérieur de la pochette. Toutefois, le second détail qui indique sans doute une nouvelle orientation est dans la couleur: pour la première fois, le marron disparaît au profit d’un simple noir et blanc. Ceci écrit, penchons nous sur le contenu musical. Si l’on retrouve avec bonheur ce mélange de rock vintage et de metal, Volbeat continue d’explorer des intonations plus pop sans trop se départir de ses aspects les plus metal.  Ainsi, Last day under the sun, premier titre, évoque au départ Bruce Springsteen avant de s’orienter vers un rock plus passe partout. Le refrain est immédiatement mémorisable, et sera sans aucun doute possible repris avec aisance en concert! La mélodie est maîtresse (Rewind the exit, la ballade nostalgique When we were kids, On retrouve cependant  un propos plus speed et rockabilly (Pelvis on fire, Die to live, Parasite – très court…), des aspects un peu « tarantinesques » avec Sorry sack of bones et parfois presque radio friendly (Cloud 9). Les fans ont pu découvrir sur le dernier live (Let’s boogie! live from Telia parken, 2018) The everlasting, avant dernier titre de l’album, dans une version sans doute un peu plus brute. Poulsen continue ainsi de chercher à séduire le plus grand nombre en faisant de Volbeat un groupe sans doute un peu moins rugueux qu’il ne le fut mais toujours d’une redoutable efficacité (les « woh oh, oh oh, oh » faciles de Maybe I believe donneront matière à faire chanter le public). Volbeat nous offre donc un album qui saura combler les fans, nombreux, avant de les satisfaire plus encore sur la scène parisienne de l’Olympia le 10 octobre prochain. Ne cherchez pas: c’est déjà complet!

RAMMSTEIN

Allemagne, Metal (Universal, 2019)

Dix ans après la sortie de son dernier album, Liebe ist für alles da, les Allemands de Rammstein reviennent avec un nouvel album sans titre, une pochette blanche ornée d’un seul indice: une allumette. Rammstein a toujours joué avec le feu, et c’est sans surprise que les fans attendent de pied ferme ce nouvel effort studio. Seulement, une décennie, c’est long, très long… Démarrant avec Deutchland – titre clin d’oeil à Amerika sans doute – un morceau froid et martial comme la bande à Till aime nous en proposer, ce nouvel opus démarre sous les meilleurs auspices. Ayant pris le contrôle de la production ( Jacob Hellner, producteur historique du groupe n’est cette fois pas de la partie, la prod étant officiellement attribué à Olsen Involtini) Rammstein s’amuse à parsemer son album de références à tout son passé en agrémentant son propos de claviers bien plus présent qu’à son habitude. Flake est aux anges, sans aucun doute, et s’éclate notamment sur le très dance Auslander. On est également surpris par l’inhabituelle virulence de Till Lindemann sur Puppe. Là où l’on aurait pu s’attendre à un album frisant la perfection, Rammstein se fait cependant paresseux sur des titres plus évidents comme Sex ou Weit weg (sur 11 titres, 2 ou 3 plus paresseux, à ce niveau, ça fait beaucoup quand même…) A part ces moments plus faibles, les Allemands parviennent, tout en puisant naturellement dans leur passé, à nous surprendre avec de nouvelles explorations sonores. Un très beau retour en somme.