SPHERES: Helios

France, metal progressif (M&O music, 2022)

Rappelez-vous: en 2019 Spheres publiait Iono, un premier album prometteur proposant un metal progressif et burné. Le groupe revient aujourd’hui avec Helios, tout aussi progressif et burné. Mais… Crevons l’abcès maintenant: je ne comprends rien ou presque au chant anglais de Jonathan Lino qui alterne entre voix gutturale et claire. Je repose la question: à moins de gueuler sa rage tout le temps, comment un groupe français peut-il séduire les marchés anglophones en n’étant pas compréhensible? C’est l’écueil principal de cet album par ailleurs fouillé et varié. Les tempi changent au gré des humeurs et besoins, les thèmes sont à la fois intemporels (Spiritual journey et sa video SF super soignée) ou plus actuels (Pandemia, et l’originalité de comparer la crise sanitaire au naufrage du Titanic, aux zombies et autres…, S.C.S et le rappel du Big brother de 1984 d’Orwell) allant jusqu’à la SF (Running man, issu du roman du même nom de King/Bachman, semble-t-il). Les morceaux ne se limitent pas au classique radiophonique de 3 ou 4′, allant du court instrumental éponyme (1’10) au très long et varié Pandemia et ses 11’13. Il y a de quoi en faire des breaks, de quoi placer des soli aériens et des rythmes speedés au possible, il y a de quoi hurler sa colère et clamer sa tendresse. En dehors du détail mentionné plus haut, avec Helios, Spheres propose un album riche, varié, intrigant parfois, étonnant souvent.

AHASVER: Causa sui

France, Metal (Lifeforce records, 2022)

Quand des membres de formations brutales comme Eryn Non Dae, Gorod, Zubrowska, Dimitree ou encore Drawers se retrouvent, on imagine aisément le résultat: un metal brutal et décalé. La rencontre de ces gaillards aboutit au projet Ahasver qui sort Causa Sui, son premier album. Les 8 titres – un seul mot pour chaque chanson, il y a une raison? – proposent un metal rapide et puissant qui fusionnent différents genres et tonalités. Ca va du doom au death, en passant par du sludge et des trucs un peu plus barrés (écoutez ces guitares sur Peace ou le passage de la folie à la « douceur » sur Dust) voire même quelque peu peu progressif. C’est certes souvent brutal, mais Ahasver sait varier son propos, s’adressant ainsi à un public plus large que le simple amateur de metal qui bourrine à tout va même si ça ne s’adresse pas forcément à tous les publics. Voilà simplement des musiciens qui se sont fait plaisir et le résultat, c’est ce Causa Sui très réussi. Pourront-ils se retrouver sur scène afin de défendre cet album? A suivre.

 

MALEMORT: Château-Chimères

France, Metal (Autoproduction, 2022)

Ceux qui suivent Malemort depuis ses débuts, d’autant plus depuis Ball-Trap, l’incontournable album précédent paru en 2016, le savent: un album de Malemort s’aborde comme une boite de chocolat (et ne voyez là aucune référence cinématographique, je n’y connais rien aux films de Zemeckis et encore moins à ceux avec Tom Hanks!): tu sais que tu vas avoir le choix, qu’il y en a pour tous les goûts et que tu devras y revenir à plus d’une reprise pour tout vraiment savourer comme il se doit. En ce sens, Malemort se rapproche de l’esprit prog tout en restant foncièrement metal. Quand en plus, au delà de la qualité des textes, travaillés avec le plus grand soin, on comprend que ce disque est un concept album, on a envie de se plonger entièrement dedans. Le concept? Le château d’Hérouville que Michel Magne avait transformé en studio d’enregistrement qui a vu défiler autant de vedettes du cinéma français que de musiciens pop de toutes nationalités. On parle ici aussi bien des Ventura, Gabin ou Belmondo que de David Bowie parmi tant d’autres. On remarquera d’abord, avec ce nouvel arrivage, Château-Chimères (non, ce n’est pas un Bordeaux, on est dans le Val d’Oise!), que le groupe a évolué (implosé pourrait-on dire) et changé de line-up: Aurélien Ouzoulias, de plus en plus incontournable a posé ses fesses derrière la batterie, un certain Shob étant mentionné à la basse. Oui, il y a eu du changement depuis le line-up tant remarqué au Hellfest en 2018… Si la pochette est en noir et blanc, le contenu musical n’a rien de sombre. Certes, il faut plus d’une écoute pour tout comprendre, Malemort ne proposant pas deux fois d’affilée le même tempo ou la même ambiance. On passe ainsi de titres enlevés au chant caractéristique de Xavier (Quelle sorte d’homme?) à des morceaux plus speedés (Pyromane blues – quel titre en cette fin d’été qui a vu le feu partout! -, Comme une balle) ou plus soft (Magnitude pop, L’eau des fossés) pour se terminer avec un instrumental très cinématique (Décembre), et de cinéma, de musique populaire, il y en a, notamment avec la participation de Dan Ar Braz sur Je m’en irai, de Matthieu Debordes (cuivres) et de Mathilde Buet (violon) un peu partout, apportant une palette de couleurs musicales très variée. La précision instrumentale est de mise, largement éclairée par une production soignée donnant à chaque instrument une juste place. Maintenant, après bientôt 6 ans d’absence – que s’est-il passé chez vous? dissensions internes??? on en reparlera en interview à suivre bientôt – le public va devoir être reconquis, et ça, volatile comme il sait se montrer, c’est une autre affaire. Il va falloir, d’autant plus maintenant qu’il semble vouloir retrouver le chemin des salles, investir les scène avec une détermination sans failles pour présenter et défendre cet album tout sauf illusoire. Une réussite totale, ce Château-Chimères, de bout en bout!

TONIC BREED: Fuel the fire

Norvège, Thrash (Ep, M&O, 2022)

Je n’ai trouvé de traces que d’un seul Tonic Breed, groupe de thrash formé en Norvège sous forme de quatuor, auteur de 2 albums avant de se séparer en 2019.Patrick K. Svedsen remonte son projet seul et publie aujourd’hui un Ep 4 titres, Fuel the fire, ultra pêchu et bourré d’invités. C’est simple, les amateurs de thrash old school – besoin de citer des noms? on va chercher du côté d’Exodus, Testament, OverKill, Slayer ou Metallica – trouveront leur dose de puissance et d’efficacité. C’est heureux d’ailleurs, car en s’adjoignant les services (passagers) de Dirk Verbeuren et Bernt Jansen (Megadeth et Wig Wam) sur le morceau titre, de Bjorn Strid (Soilwork) et, sans doute moins connu mais bigrement efficace, Martin Skriubakken (batteur de Endezzmai) sur No rocks on the scotch et Olivier Palotai de Kamelot sur H.E. Antagonist, il ne pouvait en être autrement. Ca speede et ça cartonne dans diverses tonalités d’une efficacité sans pareille. Blood Moon, qui clôt cet ensemble beaucoup trop court, est sans doute le titre le plus prog et le moins thrash de l’ensemble, montrant une facette moins agressive et quelque peu plus « passe partout » du projet. Fuel the fire est, espérons-le, un amuse gueule anonciateur d’un album qu’on attend avec impatience. Une vraie réussite!

MEGADETH: The sick, the dying… and the dead !

Thrash, USA (Universal, )

Si Megadeth nous a récemment montré le visage d’un Dave Mustaine vieillissant et amaigri, musicalement, les légendes du thrash US reviennent avec un album d’une puissance exemplaire. The sick, the dying… and the dead!, le nouvel album de la bande désormais plus internationale qu’américaine est une vraie cure de thrash direct, speedé et dans ta face. L’intro du morceau titre avec cette voie d’outre temps qui scande « Bring out your dead! » pose un cadre sombre et mortifère. Si le titre puise dans le heavy metal pur jus et rappelle les meilleures heures du combo, la suite ne fait pas de prisonniers. Ca tabasse sec et ça speede à tout va sur Life in hell et Night stalker avant de retrouver un semblant de calme avec Dogs of Chernobyl. Le chant de Mustaine sur Sacrifice peut parfois surprendre: si le timbre est là, il module comme s’il était en légère transe. Junkie retrouve cet esprit heavy old school tandis que Psychopathy et ses rythmiques tribales, le chant parlé, les guitares hurlantes, sombre dans une forme de folie sonore incontrôlée. C’est le titre le plus court et barré de l’album qui précède un Killing time qui aurait pu figurer sur Countdown ou Youthanasia, suivi d’un Soldier on! martial au refrain le plus chantant de l’album. Celebutante évoque le heavy anglais speedé des 80’s (ne ratez pas ce « Ouh la la » sexy au début du titre, mot qui désigne une débutante qui fait tout pour être – se croire – célèbre) qui bascule rapidement dans du Megadeth typique. Si The sick, the dying… and the dead! traite principalement, comme son titre l’indique, de maladie et de mort, Mission to mars fait figure de morceau à part. Mais autant le danger et l’isolement sont réels , autant une telle mission peut faire et fait rêver des milliers de personnes. Le break complètement syncopé et épileptique est admirable de précision. Clin d’œil évident à son public, Megadeth clôt ce nouvel album à la manière d’un Terminator: We’ll be back finit de convaincre et d’achever l’auditeur et l’on ne peut qu’être convaincu que 1/ Megadeth est loin, très loin d’avoir dit son dernier mot et 2/les anciens n’ont vraiment rien à craindre de la jeune génération qui a encore beaucoup à apprendre. The sick, the dying… and the dead! bénéficie de plus d’une production plus que soignée, d’une pochette dont on se délecte… Penser que les deux années de crise sanitaire ont pu enrager certains musiciens au point qu’ils puissent concevoir de tels bijoux n’a sans doute rien d’illusoire tant ce disque risque de devenir un incontournable de Megadeth. Et comme les meilleurs album de la bande à Mustaine, The sick, the dying… and the dead! nécessitera bien plus d’une écoute avant d’être assimilé tant il regorge de morceaux à tiroirs et de détails étonnants. Superbe de bout en bout!

HELLOWEEN et Existance live à Paris: l’Olympia, le 30 août 2022

Retrouvez ici la galerie photos du concert

Voici plus de deux ans que je n’ai pas mis les pieds dans une salle de concerts parisienne. Retrouver la capitale bruyante, salle, odorante et toujours en travaux n’a pour objectif que de retrouver les frenchies d’Existance – que j’ai bien involontairement ratés au Hellfest – et Helloween – que j’ai bien heureusement vu à ce même Hellfest. En arrivant boulevard des Capucines, une longue file patiente et piétine, ce qui est plutôt bon signe. Après les salles à moitié vides, il semble que le public ait envie de revenir en masse, et c’est tant mieux. C’est donc un Olympia quasi complet qui accueille nos citrouilles préférées.

EXISTANCE

Existance ouvre ce soir en lieu et place des Suédois d’Hammerfall qui, sans explications, sont programmés sur l’ensemble de la tournée à l’exception de Paris et Lyon. Tant mieux pour le groupe de Julian Izard qui attaque la scène dès 20h et prend directement le public à la gorge. Les amateurs le savent, Existance propose un heavy metal racé et puissant, totalement influencé par les 80’s, sans rien écarter: du look cuir et clous, bandanas sur le crane… au mélodies accrocheuses et rentre dedans en passant par le chant haut perché et puissant tout y est sans une once de nostalgie. Scéniquement, en une tout petite demi heure, les quatre font tout pour séduire le public qu’ils se mettent rapidement dans la poche. Là où d’autres en auraient simplement profiter pour jouer et poser (ce que les gars d’Existance savent faire et ils ne s’en privent pas!) Julian se permet  de faire participer la salle – très bien remplie au passage – en faisant chanter ce public quelques minutes augmentant le capital sympathie de la bande. Loin d’être un « jeune » groupe, Existance reste aujourd’hui encore trop méconnu du grand public. Mais avec le concert de ce soir, on peut espérer les voir grossir rapidement. Une valeur sûre à soutenir d’urgence!

EXISTANCE

Que le hall est bruyant plein de monde! Ca aussi, je l’avais oublié! Mais c’est aussi là qu’on recroise les copains, que l’on s’abreuve en attendant que le plateau soit changé. Une demie heure suffit pendant laquelle la sono diffuse des classiques du metal.

Si le retour au bercail de Mickael Kiske et Kai Hansen avait été une nouvelle explosive, on ne peut que se satisfaire que cette réunion n’ait pas été qu’un effet d’annonce et un feu de paille. Car, depuis, une tournée mondiale à succès a été effectuée et a aussi – surtout –  permis à Helloween d’enregistrer un album unanimement acclamé. Et la formation à 7 continue quelques années plus tard de tourner avec une complicité plus grande que jamais. Semble-t-il.

Ce soir, le concert nous démontre une nouvelle fois la solidité du Helloween version « Pumpkins united ». C’est un concert impeccable de bout en bout que nous offrent les 7 – exception faite sans doute des lights bien trop bleues pour les photographes (après le trop orangé du Hellfest, ils ne nous facilitent pas la tâche!) On connait désormais la formule: un démarrage à 7 puis une alternance de chanteurs solo et duo/trio. Sans surprise, ne change ce soir (exception faite pour les photographes, nombreux, qui sont séparés en 2 vagues non pas de 3 chansons mais de 12′ chacune!), le concert est divisé en trois parties distinctes: fun, speed et plus légère.

HELLOWEEN

 

Le rideau tombe dévoilant un kit de batterie monté sur une… citrouille. Ben oui! le temps de l’intro et le groupe déboule sur scène pour démarrer avec le long Skyfall (12′, justement) qui permet à chacun des musiciens de s’exprimer. Tout le monde est en place et le public est très chaud! Le dernier album en date est ce soir à l’honneur avec 4 extraits (plus Orbit sur bande en intro du concert). On peut regretter l’absence de Out for glory, mais avec un show de plus de deux heures, évitons de nous plaindre.

HELLOWEEN

 

Puis, Kiske et Andi Deris offrent une alternance sur les titres suivants, classiques du groupe (Eagles fly free, Future world, Power) ou nouveauté (Mass pollution que le public connait déjà sur le bout des doigts) avant de se retrouver sur Save us qui clôt cette première partie ultra festive, chaleureuse et qui nous montre un Helloween en pleine forme, heureux d’être enfin de retour sur scène.

La seconde partie voit Kiske et Deris céder leur place à Kai Hansen, dont le micro est installé au centre. A lui maintenant d’occuper ce public pendant une bonne vingtaine de minutes qui commencent avec un medley de titres issus du tout premier album d’Helloween, Walls of Jericho, alors qu’il était chanteur principal et guitariste. Honneur est donc fait à ces morceaux plus brutaux, speeds et énervés que sont Metal Invaders, Victim of fate, Gorgar et Ride the sky avant de terminer sa partie avec l’incontournable vérité Heavy metal is the law. Ouf, ça déménage, c’est plus sombre, mais que ça fait du bien aussi!

HELLOWEEN

La troisième partie démarre avec la ballade Forever and one, temps calme bienvenu après la tornade Hansen. Mais rapidement, les affaires chantantes reprennent avec un Angels qui monte en puissance suivi d’un solo de Sascha Gerstner qui, seul en scène, continue de jouer avec le public.

Dernier extrait du dernier album, Best time précède un Dr. Stein annonciateur de la presque fin du concert. Pas de ballons ni d’invités du public cette fois-ci, on se concentre sur l’amusement avant de conclure, ou presque, avec How many tears, introduit avec humour par Hansen qui précise qu’il s’agit là du « dernier titre de la soirée. Enfin, le « dernier »… On verra pour le rappel ». Un morceau explosif à souhaits en guise de final feu d’artifices qui permet une nouvelle fois aux trois chanteurs de partager leurs voix avant de quitter la scène.

HELLOWEEN

Naturellement 1/ il s’agit d’un concert de rock et on sait comment ça fonctionne et 2/on ne va pas finir une telle soirée comme ça! Il faut peu de temps pour que les 7 réinvestissent cette scène avec Perfect gentleman et une version longue, voire allongée de l’incontournable Keeper of the seven keys dont le final voit chacun des musicien en présenter un autre avant de voir ce dernier quitter la scène. Un par un, dans une chorégraphie parfaitement huilée laissant seul en scène un Sascha Gerstner terminant sa partie légère et aérienne.

HELLOWEEN

Le public n’est pas sur le départ et Helloween revient une nouvelle et dernière fois pour le classique message I want out. Pourtant, plutôt que de simplement terminer cette soirée dantesque avec joie et bonne humeur, ce dernier morceau est un nouveau prétexte pour faire participer le public dont une moitié est invitée à chanter des « Oh, oh, oh » tandis que l’autre moitié scande « I want out » quelques minutes durant. Un dernier titre aussi festif que l’ensemble de ce concert dans un Olympia aux anges. Helloween nous a ce soir proposé un des meilleurs concerts de l’année, sans aucun doute possible. Avec un public de retour en salle, et ça, ça fait du bien. Un voeux pieu, cependant pour terminer: pouvons nous espérer qu’une prochaine tournée voit Helloween piocher aussi dans ses albums de la décennie dernière (7 sinners, Straight out of hell et My god-given right)? A suivre, mais nous serons là!

Retrouvez ici la galerie photos du concert

Merci à Olivier Garnier, Roger Wessier et l »équipe de GDP.

DROSTE: Chasing the sun

Thrash death, France (EP Autoproduction, 2022)

Ils sont quatre. Ils se réunissent à Bordeaux en 2019 autour du projet de groupe Droste, formation de thrash/death dynamique et explosif. Ce premier Ep, Chasingthe sun, paru en mars dernier comporte cinq titres dont un instrumental. Je passerai sur les voix – ceux qui me connaissent savent que, aussi admirable soient-ils techniquement, je ne suis pas amateur de vocaux gutturaux qui me semblent souvent cacher la pauvreté de l’anglais de nos compatriotes… – mais musicalement, on ne peut que féliciter ce jeune groupe pour ses compositions réussies. Il y a incontestablement du groove et l’envie de faire s’agiter les cervicales tout au long de ces New blood, The passage Show of defiance et Unfinished sanctuary qui alternent entre death pur jus et passages plus hardcore, évoquant entre autres les désormais incontournables Gojira. Le morceau titre, instrumental, présente les diverses palettes développées par Droste qui sait varier, au sein d’un même morceau, rythmes et ambiances. C’est clairement bien foutu et le groupe mérite qu’on se penche sur son cas. Vous pouvez passer commande sur le bandcamp du groupe.

WINTER: Looking back

Allemagne, Hard rock (Wintergothic, 2022)

Voici un étonnant projet… Winter est un groupe allemand qui, en 2021, à l’occasion de l’enregistrement de son album Pale Horse, a décidé de satisfaire la demande de fans ne parvenant pas à trouver les anciennes productions du groupe – Kaleidoscope of dreams (1995), Heartbreak road (2009), The flyer (2016) et We wear black (2019). Ainsi, Winter se décida à non pas remixer mais réenregistrer certains de ses titres emblématiques passés. Ne vous fiez pas à cette pochette qui ressemble à une affreuse imitation sans intérêt et ratée d’un album de Richard Marx et plongez vous dans la musique du combo. Looking back existe en deux versions: le vinyle paru au printemps dernier et son pendant CD enrichi de 4 titres. Les fans se rueront sur ce dernier limité à 300 exemplaires numérotés à la main. Musicalement, Winter s’éloigne du rock gothique qu’il affectionne pour proposer un album très orienté AOR/soft rock avec tout ce que cela comporte de mélodies accrocheuses, d’influences US (We believe in rock, On the run) et country (Heartbreak road), de ballade (Take it slow). C’est dans l’ensemble réussi même si on apprécierait parfois un chant plus agressif et accrocheur. Reste que les amateurs de belles mélodies apprécieront ce disque posé, chantant et bienveillant. Mais où se le procurer? Pas une indication de site web ou réseau social ne figure sur ce CD, et avec un nom comme Winter, on imagine la difficulté de la tâche – sauf la version vinyle encore dispo sur le site du grand fleuve.

BORN AGAIN : Live hard die free

France, Heavy Metal ( Autoproduction, 2022)

J’avais craqué pour le premier album des Français de Born Again en 2017 et il semble que j’ai raté un épisode… Mais tant pis, car les voici qui reviennent avec un ep 5 titres, Live hard, die free. Toujours animé par l’esprit NWOBHM ou metal 80’s traditionnel, cet Ep est une nouvelle réussite. Le quatuor sait écrire des morceaux speeds et redoutablement efficaces tout en proposant des refrains fédérateurs qui te rentrent dans la tête. Metal wings, à ce titre, se distingue et sera sans conteste l’un des refrains à chanter en chœur live. Le chant hargneux et rauque de Thierry est porté par les guitares de Steff, Aurélien (basse) et Pich (batterie) apportant une structure solide à l’ensemble. Et puis, aussi, l’amateur de comics vintage ne pourra qu’admirer cette illustration très « marvelesque », signée d’un certain Stan,W. Decker. un dessinateur à suivre tout autant que ce groupe au metal direct. Espérons que Born Again trouve enfin son public et puisse grandir. Pour vous en convaincre, jetez-vous sur cet Ep sans modération!

RAMMSTEIN: Zeit

Allemagne, Metal indus (Universal, 2022)

Ils nous surprendront toujours, les Allemands de Rammstein… Après avoir pris le temps d’une décennie entre leurs deux précédents albums pour accoucher d’un disque (que certains appellent aujourd’hui « L’allumette ») haut en couleurs et hyper efficace, les voici qui reviennent à peine deux ans plus tard avec ce Zeit. Entre temps, Till Lindemann et Richard Z. Krupse ont, chacun de leur côté, publié des disques – F & M en 2019 pour le premier sous son nom, The persistence of memory pour le second avec son groupe Emigrate en 2021. Hyperactifs les gars de Rammstein? Peut-être un peu trop pourrait-on croire. A l’écoute de Zeit, on peut en effet s’interroger car les Allemands donnent ici l’impression soit d’avoir composé03 à la va-vite soit d’utiliser des chutes des sessions de l’album précédent. On retrouve le son martial de Rammstein mais, clairement, au delà des deux premier titres (Armee der Tristen  et le calme  et léger Zeit et ses guitares quelque peu « western ») le réchauffé commence à bruler rapidement. Till s’amuse même avec un vocoder sur Lügen pour un résultat moyen, l’ensemble donnant l’impression d’un groupe qui tourne en rond. Attention: Zeit n’est pas un mauvais album, c’est du Rammstein pur jus, seulement un cran (gros) en deçà de ce que l’on pouvait espérer. Heureusement que Rammstein c’est aussi du visuel car là, rien à dire. Zeit ou l’usure du temps qui passe?