ROCK IN REBRECH 12: le report

 

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Rebrechien est une commune de quelques 1500 habitants située dans le Loiret à à peine 20 km d’Orléans. Une commune qui, depuis bientôt 15 ans, à l’initiative de l’association No Mad Music et sous l’impulsion de son président Arno Walden, organise chaque année le festival Rock In Rebrech. Au départ simple tremplin d’une journée pour jeunes formations de rock, le festival a vu ses ambitions croitre avec le temps et a reçu des groupes à la notoriété plus importante. On peut citer Satan Jokers, Vulcain, une jeune Laura Cox ou les plus expérimentés Cock Robin, Chris Slade Timeline ou encore le très sympathique Marco Mendoza.

Pour la sixième fois de son existence, le festival se déporte en extérieur sur le très agréable terrain sportif de la commune, terrain qui jouxte la salle polyvalente qui fait office de refuge pour les artistes conviés. Et pour la première fois, le festival est payant, mais d’une simple participation aux frais (8 euros/jour ou 14 euros les 2 jours…). Des tarifs plus que raisonnables mais la population jusqu’alors habituée à entrer gratuitement boude un peu, déserte et/ou fait demi tour en arrivant aux caisses. C’est bien dommage…

Dommage, car non seulement le site est accueillant et agréable, le soleil est au rendez-vous, les food trucks variés et en nombre, des stands d’onglerie et de tatouage ainsi qu’un simulateur de conduite sont aussi de la partie, mais surtout, les groupes sont accessibles directement à leur stand de merch… Tout est réuni pour faire de ces deux jours un moment très convivial, familial et agréable, mais, en ce vendredi, le site reste trop déserté. Tant pis pour les absents, car ceux qui sont venus en auront pour bien plus que leur argent! Dommage aussi, car cette édition fut marquante à plus d’un titre, elle fut celle « des premières fois »: première tournée de The Prize, première date de Malemort depuis la sortie du superbe Château Chimères et qui ce soir joue sans bassiste, première date de la tournée de KrashKarma, première venue des Croates de Jelusick et peut être première venue des Montpellierains de Headkeyz.

The Prize @Rock In Rebrech 12, 2 juin 2023

Ce vendredi débute avec The Prize, groupe récemment formé par le guitariste frapadingue Christophe Godin, son complice de Mörgbl, le batteur Aurel, et l’ex-chanteuse, première chanteuse d’ailleurs, de Nightmare, Maggy Luyten. Pendant une heure, le groupe nous offre un heavy metal varié et puissant, Maggy allant chercher le public là où il se trouve, assis sur les bancs à siroter des bières.

The Prize @Rock In Rebrech 12, 2 juin 2023

Le quatuor nous offre une prestation joyeuse et radieuse comme le temps, jouant la plupart des titres de son premier album éponyme (seul Where rivers flow pt 1 n’est pas de la partie), agrémentés d’une reprise au message à peine caché avec The show must go on de Queen. Assurément un très bon concert pour introduire ce week end offert par un groupe jovial et simplement heureux d’être sur scène. Une très bonne mise en bouche.

The Prize @Rock In Rebrech 12, 2 juin 2023

 

Malemort @Rock In Rebrech 12, 2 juin 2023

Nous l’avons évoqué, Malemort revient enfin sur scène. Xavier, le chanteur, nous l’expliquait lors de la promo de Château Chimères, (cf. l’interview avec ce lien) le groupe a été remanié ne conservant en son sein que les deux Sébastien aux guitares et lui, ayant alors déjà une idée de quelle section rythmique les accompagnerait live. Le public va pouvoir découvrir cet après midi Romain – déjà connu pour son travail avec Bukowski – mais aura la surprise de voir un quatuor, le bassiste s’étant blessé au poignet et ne pouvant être de la partie. Xavier le notera d’ailleurs expliquant que le groupe joue aujourd’hui avec des basses préenregistrées. Un sacré exercice de précision qui explique sans doute que Malemort ne joue que 40′.

Malemort @Rock In Rebrech 12, 2 juin 2023

Un set court mais efficace, le groupe puisant dans ses deux derniers albums, laissant naturellement une bonne place à son dernier avec pas moins de 6 titres (Les grands ducs, Pyromane blues, Maldoror, Semaphores, Quelle sorte d’homme et Je m’en irai). Ball Trap est quant à lui représenté par les désormais incontournables que sont Carnaval cannibal, Madame, Mon nom et Cabaret Voltaire. Même le tout premier album de Malemort est de la partie avec un titre, Le domaine, sans doute moins connu que le reste.

Malemort @Rock In Rebrech 12, 2 juin 2023

Là encore, le groupe est en forme, heureux de retrouver une scène. Et franchement, l’énergie dégagée par Xavier et ses compères est belle à voir, Malemort ne comptant pas ses efforts pour séduire le public que le chanteur vient d’ailleurs taquiner devant les barrières. Allez, maintenant, une tournée! A noter que ces deux premiers groupes seront à l’affiche du New Blood Fest de Culoz (https://www.facebook.com/NewBloodFest/)

Malemort @Rock In Rebrech 12, 2 juin 2023

KrashKarma @Rock In Rebrech 12, 2 juin 23

Encore peu connu en France, KrashKarma va se révéler LA sensation du festival. Le groupe m’ayant mis l’eau à la bouche au cours d’une interview quasiment improvisée (je leur ai demandé le matin même et obtenu un OK quasi immédiat, interview à découvrir avec ce lien), impossible de ne pas aller découvrir en live ce duo de L.A. composé de la batteuse chanteuse Niki et du bassiste/guitariste (tout ensemble, oui)/hurleur, Ralf. Un duo « belle et la bête » dont on ne sait pas vraiment qui est la belle et qui est la bête…

KrashKarma @Rock In Rebrech 12, 2 juin 23

Tout commence dès le stand de merch d’où sort Niki tambourinant sur sa caisse claire et appelant le public. Elle est bientôt suivie par Ralf, porte-voix à la bouche haranguant les présents et conviant tout le monde à les suivre. Les deux font le tour du stade, bientôt suivis de tout le public qui vient se masser devant la scène, naturellement attiré par cette introduction. Ce public ne décollera pas pendant les 90′ qui suivent.

KrashKarma @Rock In Rebrech 12, 2 juin 23

Ils ne sont que 2, et pourtant… l’énergie déployée est monumentale. Ne connaissant pas la discographie du désormais duo, je découvre KrashKarma au gré des titres au chant partagé. Agressif et doux à la fois, chacun joue tour à tour son rôle de bon et de brute. Le truand est quant à lui mis de côté tant cette prestation est vraie.

KrashKarma @Rock In Rebrech 12, 2 juin 23

Ralf présente ensuite le duo, précisant que « je suis Krash, elle est Karma ». Le show est à la hauteur des espérances. Tout y passe… Ralf présente au public son instrument fait sur mesure, Mrs Frankenstein: « vous voyez, ici, un switch, là un autre. Le premier c’est pour la guitare (démonstration), l’autre pour la basse (blong blong blong). Et je passe de l’une à l’autre« . Un mini solo lui permet de mettre des sons sur ses propos quand il ne se prend pas pour Jimi Page ou Apocalyptica avec son archet!

KrashKarma @Rock In Rebrech 12, 2 juin 23

Puis c’est au tour de Niki qui saute au dessus de sa batterie, descend dans le public, l’invite à s’assoir le temps d’une douceur qui la voit danser, un gant à la main projetant des lasers dans le public, déjà sous le charme et bientôt conquis avant de la raccompagner sur scène.

KrashKarma @Rock In Rebrech 12, 2 juin 23

La folie continue de plus belle, Niki s’emparant d’une énorme masse (que pourrait bien jalouser Gloryhammer…) sautant au dessus de son kit pour frapper la terre avec hargne… Le show se termine avec un duo exsangue et ravi qui non seulement vient saluer le public mis l’invite à le rejoindre au stand de merch après le concert. Ce qu’il se passe, le barnum du duo étant quasiment pris d’assaut par les nouveaux fans venus demander autographes et photos autant que se procurer des souvenirs. Un moment exceptionnel – et, encore une fois, un duo à découvrir au travers de cette interview découverte !

KrashKarma @Rock In Rebrech 12, 2 juin 23

Impureza @Rock In Rebrech 12, 2 juin 2023

La tête  d’affiche, ce sont les locaux d’Impureza. Malemort ayant décallé les heures de passage, c’est bien plus tôt que Impureza monte sur scène après avoir pris le temps d’installer tranquillement son décorum – deux superbes pieds de guitare et basse, ornés de feuilles et de cranes (piqués dans les catacombes?)

Impureza @Rock In Rebrech 12, 2 juin 2023

Le groupe de death metal monte sur scène devant un public épars mais un public d’amateurs de sensations fortes. Et les orléanais lui en donne pour son argent. Mais un groupe de death en tête d’affiche d’un festival qui se veut familial est un choix risqué. Il est plus que temps que les enfants aillent se coucher et le public quitte petit à petit le site. Les amateurs, eux, profitent de ces déflagrations musicales et vocales constantes.

Impureza @Rock In Rebrech 12, 2 juin 2023

Cette première journée, si elle fut une déception en matière de fréquentation, est une vraie réussite artistique. La suite, demain, sera-t-elle du même niveau? Nous le saurons bientôt, pour le moment, un peu de repos est bienvenu!

Impureza @Rock In Rebrech 12, 2 juin 2023

La satisfaction, ou plutôt le soulagement pour l’orga, s’installe à l’arrivée sur le site en ce samedi. En effet, la foule est déjà bien plus importante, environ, à vue d’oeil, trois fois plus de monde que la veille. Mais, las, déçus par la fréquentation du vendredi, la moitié des food trucks ont désertés les lieux. Tant mieux pour ceux qui restent, philosopherons-nous.

Taxiphone @Rock In Rebrech 12, 3 juin 2023

Le soleil est toujours au rendez-vous pour accueillir Taxiphone, groupe parisiens de reprises de Téléphone, mythique groupe de rock adulé par de nombreuses générations. Le quatuor, tout de noir vêtu, profite d’une bonne heure, voire plus, pour enchainer les tubes du quatuor français (bon, ici, Corinne a pris un sacré coup…) avec envie. Si la voix du chanteur évoque celle de Jean-Louis Aubert, elle apparait bientôt moins juste. C’est un peu irritant, Aubert n’étant déjà pas, selon moi, le plus grand vocaliste qui soit.

Taxiphone @Rock In Rebrech 12, 3 juin 2023

 

Les interprétations de Hygiaphone, Crache ton venin, Faits divers, La bombe humaine, Au coeur de la nuit, Argent trop cher, New York avec toi…, si elles sont fidèles aux originaux restent malheureusement trop linéaires. Le groupe précise jouer des morceaux très connus, d’autres moins, d’autres encore mois « mais si vous connaissez celui-là, vous pouvez chanter avec nous » avant d’entamer un Cendrillon très attendus. Mais on aurait aussi apprécié une prise de risque avec des chansons en effet beaucoup moins connues du grand public (Un homme+un Homme, Facile, Ne me regarde pas/regarde moi, Prends ce que tu veux parmi d’autres) que les amateurs auraient appréciés, d’autant plus qu’Arno les invite a jouer un rappel. Un set sympathique, sans plus.

Taxiphone @Rock In Rebrech 12, 3 juin 2023

 

Headkeyz @Rock In Rebrech 12, 3 juin 2023

Headkeyz joue dans un autre registre. Le groupe de Montpellier propose un metal moderne qui mélange metalcore, pop, rock rugueux dans un esprit très festif. Tout au long  de son set, le quintette se donne à fond et attire à lui un public plus jeunes et plus proche de son esprit musical.

Headkeyz @Rock In Rebrech 12, 3 juin 2023

C’est carré, bien fait, techniquement maitrisé, et scéniquement, les cinq se montrent très à l’aise et complices. Musicalement, cependant, j’ai parfois l’impression d’entendre une BO de série comme Friends ou Beverly hills tant les styles sont variés. Parfois doux et tendres, à d’autres moments énervés, voire carrément hors de contrôle, le mix de chant clair (dans un anglais parfaitement maitrisé, en tout cas sur scène) et guttural passe largement l’épreuve de la scène. Même si ce n’est pas mon genre de metal, on a peut-être ici un futur grand.

Headkeyz @Rock In Rebrech 12, 3 juin 2023

Jelusick @Rock In Rebrech 030623

La « sensation » du jour, c’est la venue des Croates de Jelusick. Je n’en ai jamais entendu parlé, mais quelques recherches font ressortir que: 1/le chanteur à remporté l’Eurovision junior il y a des années de ça. Je m’en tape. 2/Il a intégré un certain Whitesnake et a pu soutenir David Coverdale au chant. Et voilà qui m’intéresse plus. Jelusick monte sur scène à la nuit tombée, un énorme backdrop en fond de scène en effet très inspiré de la pochette de l’album éponyme de Whitesnake de 1987. Et dès le premier titre, le message est clair; la tête d’affiche de ce soir vient clore ce festival avec un hard rock léché et efficace.

Jelusick @Rock In Rebrech 030623

Pendant plus d’une heure, le quatuor Croate propose un de ces sets qu’on n’oublie pas: parfaitement en place, jouant avec le public, Dino Jelusick s’occupant des claviers en plus du chant se fait séducteur et n’a aucune difficulté à atteindre son objectif.

Jelusick @Rock In Rebrech 030623

Son guitariste, Ivan Keller, s’il a sa personnalité propre, adopte des poses qui évoquent bien souvent un certain Doug Aldrich. Sa maitrise de la guitare et du shred, ses accélérations/freinages impressionnent autant que son occupation de l’espace scénique et sa complicité avec le bassiste nouvellement arrivé dans le groupe et qui a appris le répertoire en à peine une semaine!

Jelusick @Rock In Rebrech 030623

Mario Lepoglavec, quant à lui, martèle ses futs avec l’aisance des plus grands. un groupe qui se révèle plus qu’efficace et à l’attitude plus que professionnelle. Le public n’est pas dupe, il sait assister ce soir à un évènement rare. Jelusick semble en effet parfaitement maitriser l’art du show, tant dans les poses que dans le choix des titres, prenant son public à la gorge avec des morceaux de hard puissants avant de retomber et proposer temps calme et ballade pour mieux repartir. Un show comme on les aime, en somme! un show qui se termine avec un public sous le charme qui n’attend que de pouvoir rencontrer ses nouveaux héros. Ceux d’un groupe à suivre, assurément.

Jelusick @Rock In Rebrech 030623

Si les chiffres de fréquentations restent décevant, ce Rock In Rebrech a tenu toutes ses promesses artistique. Bien que… Le format « week end » pourrait-il gagner à ne se produire que sur une journée? J’aurai en effet adoré une journée avec 6 groupes (pas de groupe de reprises), une seule scène (ça permet de respirer et de rencontrer les groupes), deux révélations (KrashKarma – toujours pas remis!) et Jelusick, des retrouvailles et découvertes (Malemort, The Prize, Headkeys) et un Impureza en milieu de journée (pour maintenir le public éveillé!)… Peut-être à réfléchir pour la 13ème édition. En attendant, on ne peut que féliciter Arno Walden et ses équipes ainsi que la municipalité pour l’organisation exemplaire de cette manifestation. A titre personnel, je les remercie de m’avoir permis de recevoir la plus grosse claque de ces dernières années avec un KrashKarma qui entre sur mon podium des meilleurs concerts de l’année. A l’année prochaine!

Jelusick @Rock In Rebrech 030623

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Interview : MALEMORT

Interview Malemort, entretien avec Xavier Malemort (chant). Propos recueillis au téléphone le 9 septembre 2022

Metal-Eyes : Comment se passe cette journée de promo, le jour de la sortie du troisième album de Malemort ?

Xavier Malemort : Ça se passe très bien, c’est en effet aujourd’hui que sort Château-Chimères, et c’est le jour de la promo, comme quoi, les choses sont plutôt bien faites ! C’est un peu comme une libération, on arrive à ce moment où le disque arrive au stade pour lequel il a été fait, c’est-à-dire être écouté. En plus, ces dernières années ont été compliquées pour tout le monde et pouvoir faire parler la musique, oui, c’est assez libératoire.

Nous nous étions rencontrés la première fois au Glazart, à Paris, puis lors de votre passage remarqué au Hellfest en 2018. Il y a eu beaucoup de changements au sein du groupe depuis. Que s’est-il passé pour qu’il y ait une telle implosion ? L’impact du Hellfest ?

Je ne pense pas que ce soit le Hellfest, non. C’est surtout des histoires de groupe… Un groupe, c’est des musiciens, des caractères et quand on est mis à l’épreuve des difficultés, il y a des choses qui se font et se défont. Là, ça s’est plutôt défait, donc pour la santé du groupe et surtout pour pouvoir un jour créer un troisième album, il n’y avait pas d’autre solution que de se séparer d’un certain nombre de personnes du groupe. Il reste avec moi les deux Sébastien avec qui j’avais déjà écrit Ball Trap. La base des musiciens qui ont créé l’album précédent est là. Après, c’est comme dans les couples : un groupe, c’est parfois des moments difficiles à passer et là c’était devenu indispensable. Mais pour nous tous.

Peux-tu justement présenter tes nouveaux partenaires de jeu ?

Alors… C’est très particulier… Sur cet album-là, on a décidé de ne pas avoir à nous limiter en termes d’écriture du fait du choix de tel ou tel musicien. Donc on a travaillé avec des gens qu’on connait et dont on connait le talent depuis longtemps. On a donc travaillé avec des gens qui ont une histoire avec Malemort et qui étaient très bon sur ce qu’on voulait. Aurélien Ouzoulias, par exemple, était très intéressé par la tournure que prenait cet album et Shob à la basse nous avait été chaudement recommandé, notamment par Aurélien. On avait là des partenaires de jeu hyper solides, ce qui nous a laissé carte blanche pour penser l’écriture du disque et ne pas se limiter.

Est-ce eux qu’on aperçoit sur la vidéo de Je m’en irai ?

Non, pas du tout (rires) ! Ceux que tu aperçois, ce sont deux personnes qu’on aime beaucoup et qui pourraient… On verra bien, mais en tout cas, c’est une incarnation possible live de Malemort. Il y a Romain qui est le batteur de Bukowski et Joe qui joue aussi avec Romain dans un autre groupe. On est tous du Val d’Oise, c’est toute une bande de musiciens, on se connait, on se croise depuis des années. On savait qu’ils feraient super bien l’affaire, au-delà du côté humain.

Puisqu’on parle de clip, il y a aussi le premier, Quelle sorte d’homme, où on te voit marcher seul – ou presque puisqu’il y a des accessoiristes qui sont là pour t’aider. L’idée de ce clip c’était quoi ?

L’idée était d’illustrer la vie de Michel Magne, qui est celui qui a créé le studio dans ce château d’Hérouville assez mythique et qui est un immense compositeur de musique de films, notamment. J’ai illustré ça par des allusions à des titres de films dont il avait écrit la musique. C’est beaucoup de films des années 50, 60 et début des années 70. Il y a aussi beaucoup de musique de polar, et c’est un esprit que j’ai voulu illustrer, mais avec un côté second degré. Il y a ce type qui se voit en héros de polar et que tu retrouves à la fin en train de lire un OSS 117, à moitié à poil.

Tu l’as dit, Château-Chimères est un album concept qui traite de la vie de Michel Magne qui a donc transformé ce château en studio. Qu’est-ce qui a inspiré ce concept ? Le château d’Hérouville est dans le même département que vous…

Tu ne crois pas si bien dire ! Il est à 3 km de chez moi. Quand je suis arrivé dans la région il y a une dizaine d’années, j’ai découvert l’histoire du château, ça m’a passionné et j’ai toujours senti qu’il y avait quelque chose à faire avec cette histoire. Mais en même temps, j’avais peur d’abimer les choses par une annotation maladroite, par exemple. A l’époque de Ball Trap je me posais la question de savoir si je tentais le coup, mais je ne le sentais pas. Je me suis donc laissé tenter par mon autre passion que sont les années folles.

Et là, tu t’es senti suffisamment adulte et mûr pour aborder l’histoire du château d’Hérouville…

Adulte et mûr, je ne sais pas (rires), en tout cas, artistiquement, j’ai trouvé quel angle prendre. Le problème c’est que c’est un studio dans lequel on a enregistré de la musique des années 70, qui n’est pas celle que joue Malemort. Il n’était pas questions qu’on fasse de la pale copie de la musique des années 70. J’ai donc trouvé l’idée de ces vignettes, 12 épisodes qui racontent en filigrane l’histoire du château à travers les personnalités fortes qui ont marqué son histoire, mais en fantasmant un peu tout ça, tout en faisant en sorte que l’auditeur qui n’aurait pas forcément envie de se plonger dans cette histoire – il aurait bien tort, même si ça peut se comprendre – ne soit pas obligé de le faire non plus. Tu peux très bien écouter le disque en interprétant les paroles différemment. Pour bien comprendre les paroles, il faut avoir le grimoire qui va avec.

Comment le décrirais-tu ce nouvel album ? On reconnait ta marque vocale, ton écriture. Mais comment vendrais-tu cet album à quelqu’un qui ne connait pas Malemort ?

Je lui dirais qu’on navigue entre le metal, le rock et la chanson. Pour quelqu’un qui connait déjà un peu Malemort, je lui dirais qu’on a voulu mettre dans ce disque plus de profondeur que dans le précédent. On en était très contents, mais on avait le sentiment de ne pas être totalement au bout. Là, je pense que c’est un album qui pourra résister à beaucoup d’écoutes et qui pourra distiller des saveurs pendant longtemps.

Il y a quand même de grosses différences entre Ball Trap et Château-Chimères. Comment décrirais-tu, en dehors des changements de musiciens, l’évolution de votre musique entre ces deux disques ?

Elles se lisent à plusieurs niveaux, et des choses assez paradoxales : il y a une place qui est faite à la guitare et aux soli qui est plus grande, mais on a veillé à ce que cela serve le propos. On a beaucoup plus arrangé l’ensemble, et on s’est interdit moins d’influences… Je crois qu’il y a plus d’influences variées que sur Ball Trap, on n’a pas le sentiment de se limiter. Même lorsqu’on va au-delà de ce que les gens peuvent imaginer, la production permet d’éviter un côté hétérogène. Du côté du chant, j’ai beaucoup travaillé le phrasé, des textes un peu plus concis et légers… Ça a l’air d’être une somme de détails, mais c’est un peu ça… Toi, comment tu l’as vu, comment tu l’as perçu ?

Vu… Je le vois en noir et blanc (il rit). Comment je l’ai perçu ? Comme un album très varié – encore une fois, on reconnait ton chant qui reste assez unique, et il y a une variété de morceaux comme Pyromane blues qui sont assez explosifs là où d’autres, Magnitude pop ou La garçonne, ont des airs plus funs et pop. Il y a une belle variété de styles tout en restant dans l’esprit de Malemort et cohérent.

Tu viens de le dire mieux que moi, en fait (rires) ! Tu sais, j’aime bien ces groupes qui sont capables d’avoir des propos variés sur un même disque, ça te permet de les écouter dans un état d’humeur différent. On peut parler des Beatles, de Queen. Dans les années 70, c’est fou ce qu’ils ont fait ! Les medias mainstream ont détesté Queen pendant sa carrière, mais les fans adoraient. Ils adoraient le fait que Queen puisse passer par tous ces styles, du hard rock au funk, et c’était Queen.

Revenons-en à Malemort. Pour quelle raison le château d’Hérouville est il nommé Château-Chimères sur cet album ?

Parce que je pense que « Château d’Hérouville » c’est un peu trop ciblé, ça nous éloigne du rêve…

Mais une chimère, c’est illusoire…

Oui, mais, même si les albums on les a toujours, le Château d’Hérouville, pour moi, représente cette décennie durnat laquelle on a cru que la musique allait révolutionner le monde, allait tout changer. Les musiciens étaient les premiers à le croire et les fans pensaient aussi que la musique allait changer leurs vies et la société. C’est une croyance fabuleuse qui a généré d’immenses albums et qui s’est écroulée avec l’arrivée des années 80 où finalement la réalité a repris le pas sur les illusions. Tu sais, c’est souvent les utopies qui finissent par foirer qui fascinent. Le château d’Hérouville, c’est ça. C’est un parc en pleine cambrousse où vont venir Pink Floyd, David Bowie, qui vont passer un temps à enregistrer des albums énormes et qui ont aussi eu une vie complètement folle là-dedans.

Si tu devais ne retenir qu’un titre de Château-Chimères pour dire à quelqu’un qui ne vous connait pas : « voilà ce qu’on fait. Malemort, c’est ça », ce serait lequel ?

Mmmhhh… C’est difficile, chacun des morceaux a été pensé et composé comme une entité différente… Non, franchement, je ne peux pas répondre à ça, c’est trop compliqué…Je suis désolé, je voulais faire l’effort mais finalement on induirait la personne sur une piste qui sera fausse. C’est pour ça aussi qu’on a sorti deux singles différents, pour représenter la variété de ce qu’on fait. Le troisième clip, si on arrive à trouver un peu de blé pour le faire, représentera une autre facette du disque.

« Un peu de blé »… Vous êtes passés par le financement participatif, est-ce que ça a répondu à vos attentes ?

On a eu beaucoup de chance, en plus c’était une période difficile pour tout le monde, mais il y a beaucoup de personnes qui nous ont fait confiance, qui nous ont soutenus. De notre côté, tout était prêt, je ne me voyais pas demander aux gens de participer si on n’avait rien, comme c’est parfois le cas dans ces trucs-là… Je savais qu’on avait un album de valeur, il était prêt, on avait tout enregistré, tout masterisé, on avait simplement ce problème de blé, qui est toujours un problème, d’ailleurs, parce que même si on peut dire que le crowdfunding a très bien marché, on est très loin des sommes qu’il aurait fallu récolter pour compenser ce qui a été dépensé. Mais je trouve ça magnifique ce qui s’est passé, ce rapport direct entre les artistes et leur public. On avait promis à ceux qui nous ont donné un coup de main de pouvoir découvrir le disque quelques jours avant sa sortie, et c’est le cas. On reçoit plein de messages, de témoignages de la façon dont les gens vivent leur découverte de ce nouveau disque. C’est ça qui est beau, là, tu te dis que c’est pour ça que tu fais ça, tu vois que tout ce que tu as créé contribue à apporter du plaisir à d’autres.

Et toi, quelle sorte d’homme voudrais-tu célébrer ?

Je dirai un homme qui croit encore un peu aux idéaux, qui pense encore que l’altruisme peut être une voie, qui pense qu’on peut encore faire des choses ensemble. Et puis, en tant qu’homme, un homme qui ont de l’allure, qui peuvent encore t’emporter quelque part, des Gabin, Ventura, Blier, quoi… Ca fait pas du tout 2022, mais personnellement, ce sont ces gens-là qui me font rêver.

J’ai le dernier Rock Hard en mains, je suis à la page 107, je vois Album du mois Megadeth avec 8,5/10. Je tourne 3 pages avant, page 104, je vois Malemort Album du mois avec 9/10. Deux choses : « album du mois », ça fait quoi ? Et avoir une note plus élevée que Megadeth, ça fait quoi ?

(Il rit) Alors là, tu vas toucher le point sensible… Tout le monde ne le lit pas forcément comme tu viens de le faire, mais… Depuis l’adolescence, j’ai toujours été un grand lecteur de la presse metal. C’est quel =que chose qui m’a forgé, qui a forgé ma culture, et les noms des journalistes, ceux qui écrivent ces articles, ça m’a toujours touché. J’ai un rapport très fort avec ça. Donc, pour moi, la presse papier – et Rock Hard a pris la suite de magazines qui ont disparu – je le lis tous les mois depuis le départ et pour moi, c’est une sorte d’accomplissement. Tu parlais « d’album du mois » … Je crois en la parole de ces gens-là, pour d’autres groupes que le mien, donc il n’y a pas de raison que je n’y crois pas lorsqu’il s’agt de Malemort. En plus, ce qui me fait plaisir, la chronique est co-signée par Phil Lageat et Arno Strobl alors qu’ils peuvent avoir des goûts très différents, à l’opposé l’un de l’autre… ce binôme là me parle beaucoup. Quant au 9/10, je suis suffisamment électeur de Rock Hard pour savoir que ce n’est pas une note attribuée en permanence. Donc, oui, j’en suis immensément fier, c’est le moment où je me suis dit « Allez, Xavier, savoure ce moment, pose toi 2 minutes et savoure l’instant … »

Un groupe de rock, c’est aussi la scène. Quels sont vos projets à venir ?

Les projets ? D’abord attendre que tout ce bordel se calme… On a un album qui, je le pense, est solide, qui va infuser et que les gens vont découvrir en profondeur. Je veux le défendre dans de bonnes conditions. Je n’exclus pas quelque chose d’un peu évènementiel, mais pour le reste, ce sera plutôt en 2023 avec quelque chose de solide sur printemps-été-automne. Il y a des choses envisagées, mais, aussi, la réception du disque aura un impact, ce ne sera pas anodin dans ce qui va se passer ensuite.

Une toute dernière chose : quelle pourrait être la devise de Malemort en 2022 ?

Euh… « Toujours plus libre ».

En 2018, tu disais « Liberté égalité fraternité et va te faire… » (rires) Tu concluais en disant « Metal libre ». Donc on rejoint aussi cette idée de liberté cette année encore.

Voilà, on y revient toujours !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

MALEMORT: Château-Chimères

France, Metal (Autoproduction, 2022)

Ceux qui suivent Malemort depuis ses débuts, d’autant plus depuis Ball-Trap, l’incontournable album précédent paru en 2016, le savent: un album de Malemort s’aborde comme une boite de chocolat (et ne voyez là aucune référence cinématographique, je n’y connais rien aux films de Zemeckis et encore moins à ceux avec Tom Hanks!): tu sais que tu vas avoir le choix, qu’il y en a pour tous les goûts et que tu devras y revenir à plus d’une reprise pour tout vraiment savourer comme il se doit. En ce sens, Malemort se rapproche de l’esprit prog tout en restant foncièrement metal. Quand en plus, au delà de la qualité des textes, travaillés avec le plus grand soin, on comprend que ce disque est un concept album, on a envie de se plonger entièrement dedans. Le concept? Le château d’Hérouville que Michel Magne avait transformé en studio d’enregistrement qui a vu défiler autant de vedettes du cinéma français que de musiciens pop de toutes nationalités. On parle ici aussi bien des Ventura, Gabin ou Belmondo que de David Bowie parmi tant d’autres. On remarquera d’abord, avec ce nouvel arrivage, Château-Chimères (non, ce n’est pas un Bordeaux, on est dans le Val d’Oise!), que le groupe a évolué (implosé pourrait-on dire) et changé de line-up: Aurélien Ouzoulias, de plus en plus incontournable a posé ses fesses derrière la batterie, un certain Shob étant mentionné à la basse. Oui, il y a eu du changement depuis le line-up tant remarqué au Hellfest en 2018… Si la pochette est en noir et blanc, le contenu musical n’a rien de sombre. Certes, il faut plus d’une écoute pour tout comprendre, Malemort ne proposant pas deux fois d’affilée le même tempo ou la même ambiance. On passe ainsi de titres enlevés au chant caractéristique de Xavier (Quelle sorte d’homme?) à des morceaux plus speedés (Pyromane blues – quel titre en cette fin d’été qui a vu le feu partout! -, Comme une balle) ou plus soft (Magnitude pop, L’eau des fossés) pour se terminer avec un instrumental très cinématique (Décembre), et de cinéma, de musique populaire, il y en a, notamment avec la participation de Dan Ar Braz sur Je m’en irai, de Matthieu Debordes (cuivres) et de Mathilde Buet (violon) un peu partout, apportant une palette de couleurs musicales très variée. La précision instrumentale est de mise, largement éclairée par une production soignée donnant à chaque instrument une juste place. Maintenant, après bientôt 6 ans d’absence – que s’est-il passé chez vous? dissensions internes??? on en reparlera en interview à suivre bientôt – le public va devoir être reconquis, et ça, volatile comme il sait se montrer, c’est une autre affaire. Il va falloir, d’autant plus maintenant qu’il semble vouloir retrouver le chemin des salles, investir les scène avec une détermination sans failles pour présenter et défendre cet album tout sauf illusoire. Une réussite totale, ce Château-Chimères, de bout en bout!

HELLTERVIEW: MALEMORT

Interview MALEMORT. Entretien avec Julien (guitare), Xavier (chant), JC (basse), Cédric, batterie. Propos recueillis au Hellfest le 23 juin 2018

Malemort @ Hellfest 2018

Metal-Eyes : Ball trap est sorti fin 2016, a reçu d’excellentes critiques dès sa sortie. On vous espérait au Hellfest l’an dernier, mais il a fallu attendre 2018 pour vous y retrouver. Qu’est-ce qui a demandé autant de temps d’après vous ?

Xavier : Je pense que c’est la montée du buzz, en fait. Quand tu travailles en auto production, les choses sont très progressives, parce qu’il n’y a pas de plan média. C’est à la sueur de ton front, aux preuves que tu peux apporter de ton implication. C’est vrai que les retours ont été très bons sur le deuxième album, et il a fallu que ça mature un peu. A la limite, je dirais même que c’est très bien, ça tombe bien que ça se produise cette année : l’année dernière, on n’aurait pas réussi à faire ce qu’on a fait cette année. Je considère que les choses arrivent finalement bien. D’expérience, par rapport à toute l’histoire de Malemort, j’ai appris à me rendre compte que tout ce qui t’arrive tombe au bon moment. Lire la suite

HELLFEST 2018: You can’t control it – Partie 1

C’est pas possible! Ça ne s’arrêtera jamais… Le Hellfest réussit, année après année, à nous faire vibrer, sans que ne pointe l’ombre d’un fléchissement. Quelle fête, mais quelle fête vous nous avez concoctée ces 22, 23 et 24 juin! Même si – a priori – la journée du samedi m’attirait moins, et, par voie de conséquences, celles du vendredi et du dimanche ont été très occupées, le week end est passé à une allure folle. C’est simple, je ne me suis accordé dans le planning qu’un vrai « long » moment de pause au milieu du week end. Et bien que devant quitter les lieux juste après le concert – dantesque – d’un Iron Maiden en pleine forme, nous sommes rentrés bien rincés. Mais commençons par le commencement, voulez-vous? Lire la suite

ULTIM FEST 2 (Furies,Malemort, Witches et ADX) live- Paris, le 28 mai 2016

Initialement prévu le 14 novembre 2015, ce mini festival fut reporté à cause des attentats sanglants de la veille. Plutôt que d’annuler simplement, l’organisation a préféré chercher une nouvelle date, même tardive, pour marquer le coup.  C’est donc de nouveau au Glazart que rendez-vous est fixé, cette fois avec une affiche quelque peu différente puisque Witches et Malemort viennent rejoindre Furies et ADX.

ULTIM-FEST-2_2016 Lire la suite