HELLFEST WARM-UP: l’Astrolabe d’Orléans, le 5 mai 2022

C’est désormais une habitude: le Hellfest propose sa tournée Warm-up en sillonnant les routes de France l’espace de trois bonne semaine. Ce soir, le cirque passe par l’Astrolabe d’Orléans avec dans ses bagages les Espagnols de Crisix, les Rennais de Tagada Jones (deux habitués du fest) et les locaux du soir que sont Speed Jesus, sans oublier le concours d’air guitar et le photobooth HF. Une belle soirée à laquelle assistent un peu plus de 400 spectateurs qui ont bien fait de venir.

La soirée commence par une interview avec Busi B., plus que sympathique guitariste de Crisix, suivie d’une autre avec Niko, guitariste, chanteur et fondateur de Tagada Jones – interviews à retrouver sous peu sur Metal Eyes – avant de se plonger au cœur de l’évènement et retrouver le public en train de faire la queue au… Non, pas au bar mais au point d’adhésion. Une adhésion obligatoire si l’on veut pouvoir consommer et se sustenter. Seul point de reproche que je puisse faire à cette salle par ailleurs plus que sympathique que cette obligation d’adhérer… Quid de ceux qui ne viennent qu’une ou deux fois par an – et il y en a? ? Reste que la disposition se prête aux différentes parties de la soirée: une grande salle qui accueille les concerts – capacité de 500 à 600 personnes – une petite salle pour le concours d’air guitar, le photo booth et le bar et un grand couloir avec vestiaire et merch (dont quelques exclu Hellfestives, svp, et un accueil très chaleureux et jovial).

 

Speed Jesus

A 21h, Speed Jesus ouvre le feu et tire à boulets rouges ce qu’il peut. Le chanteur/hurleur crache sa colère accompagné par une section de cordes énervées (« cordes », oui, guitare et basse) et un batteur qui parfois se perd dans une intro provoquant un faux départ.

 

Le quatuor habillé comme à la ville se démène pendant pas loin de 40 minutes, chauffant un public pas encore très nombreux mais assez réactif. Une mise en bouche efficace.

Speed Jesus

 

Crisix

La scène est rapidement dégagée, laissant plus de place aux groupes vedettes qui partagent le même kit de batterie. Si l’histoire qui lie Crisix au Hellfest tourne à la passion (un premier HF sous Altar, un HF from home l’an dernier, ce warm up suivi d’une main stage en juin) celle entre Crisix et la France devient également de plus en plus sérieuse. Il faut dire que le groupe catalan de thrash sait tenir une scène et, si ça joue plus que sérieusement, les 5 sont là pour s’amuser. Ca commence d’ailleurs avec une vidéo à la Metallica montrant les conditions de vie de cette tournée. Le guide n’est autre que leur mascotte qui éructe ses explications (même Groot parle plus clairement!)  fort heureusement traduites par un… traducteur (fort, ça, vraiment, je m’admire…) qui témoigne de la largeur du couloir et des couchettes du tour bus, de l’utilité des WC… Fun dès le départ.

Warm up Hellfest

Ce sont ensuite pas loin de 45′ d’une folie ravageuse et contagieuse qui déboulent. Julian Baz est très en voix et sa rage est simplement communicative, ce qui est d’autant plus aisé lorsqu’on voit le sourire qu’il affiche entre deux titres, sourires que l’on retrouve chez chacun des musiciens. Le groupe propose de futurs classiques – Speak your truth, WNM United (allez voir le clip avec une palettes d’invités internationaux, le propos est clair), Get out of my head, un medley liant Metallica et Trust parmi d’autres références.

Warm up Hellfest

Le public est plus que mis à contribution, les musiciens lui demandant des circle pits, Julian initiant un wall of death et même, sur Macarena mosh, après avoir constaté la présence de deux portes menant vers la petite scène, l’invitant à sortir par l’une et revenir par l’autre dans une sorte de furieuse chenille metallique. Eric Perrin, chargé de com du HF, se marre tout en continuant de filmer la scène.

Crisix conclue avec le désormais incontournable Ultra thrash, rejoint par sa mascotte – un roadie masqué, ça vous rappelle quelque chose? C’est tout le mal qu’on peut souhaiter à ce plus que sympathique  groupe au thrash redoutable d’efficacité de devenir aussi grand que vous savez qui. A ne pas manquer au Hellfest (vendredi 24 juin, Mainstage 2 à 12h15). Avec possible distribution de pizza…

Warm up Hellfest

Voici 20 ans que Tagada Jones n’a pas fait halte à l’Astrolabe. Le public s’est cependant déplacé et la salle se rempli dès l’extinction des feux. Et ça commence par une panne électrique… Un des responsables de ce warm up vient rapidement rappeler certaines choses au public concernant le warm up, la possibilité de gagner un pass 2023 et d’autres prix, le HF, remerciant les groupes et l’orga, ainsi que le local de l’étape, Eric Perrin, orléanais, avant que le concert ne débute vraiment.

Tagada Jones

C’est également une belle histoire qui lie Tagada Jones et le HF, le groupe ayant fait sa première apparition en 2014, étant, comme Crisix, à l’affiche du HF from home de l’an dernier et de retour à Clisson, sur la Mainstage 2, svp, dans quelques semaines. Cependant, TJ va droit au but et ouvre son show avec un A feu et à sang repris en choeur par un public chauffé à blanc qui se masse et pogotte. Nous avons la rage, le bien nommé, Je suis démocratie au refrain une nouvelle fois scandé par le public, De l’amour et du sang… C’est un défilé d’hymnes que nous offrent les quatre.

 

 

Tagada Jones

Comme me le disait Niko avant le show, Tagada Jones, il n’est « pas sur scène pour parler de politique. On dit assez ce qu’on pense sur disque, là on vient pour que le public passe un bon moment », et c’est exactement le cas. Même si Stef fait mine de souffrir avec sa guitare, il va chercher le public autant que  Waner, derrière sa basse, tout sourire. A deux dates de la fin, la forme et l’envie sont intacts. Les 50′ défilent à vitesse grand V, classique après classique – Vendredi 13, Le dernier baril, De rires et de larmes jusqu’au final incontournable Mort aux cons. Vous vous en doutez, ce sera à e pas manquer: Tagada Jones est à retrouver au HF 2, également sur la main 2, mais cette fois ce sera le dimanche 26 à 15h40.

Tagada Jones

Merci à Eric Perrin d’avoir rendu ce report possible, à Busi (Crisix) et Niko (Tagada Jones) pour les interviews express et à toute l’équipe du Warm up pour la bonne humeur et l’ambiance de feu. Vivement juin!

Concerts from home: BARON ROJO

Puisque nous sommes privés de concerts depuis trop longtemps et pour une durée indéterminée, Metal Eyes a décidé de revisiter certains albums live avec cette nouvelle rubrique « Concerts from home ». De grands classiques intemporels à des témoignages plus « locaux » ou intimistes nous pourrons ainsi nous replonger dans le bruit et la fureur de ce qui fait notre monde, sillonner le monde des décibels et du fun sans avoir, puisque de chez nous, à nous soucier de gestes barrières. En attendant de nous retrouver devant les scène locales ou d’arenas. Enjoy!

Pour le second volet de cette nouvelle série, je vous propose une rapide escapade chez nos chaleureux voisins espagnols et l’un de leurs étendards rock. Caramba!

BARON ROJODesde Baron a Bilbao (Santo Grial records, 2010)

Qui, au début des années 2000 oserait encore parier un billet sur le gang des frères de Castro (Carlos au chant, à la guitare et à l’harmonica, Arman à la guitare et, un peu moins, au chant aussi) ? Avec à peine quatre albums moyennement remarqués en 15 ans, le public lâche, au cours des années 90 un peu l’une des légendes du heavy hispanique qui, principalement, tournent en Amérique latine. Pourtant, Baron Rojo s’est imposé dans le paysage musical dès ses premiers albums des années 1980. La force des Larga vida al rock’n’roll, Volumen Brutal et Metalmorphosis, ses trois premiers essais, en ont fait un groupe star en Espagne, certes, mais également en Europe, et, naturellement, en Amérique du Sud. De cette période est tiré un premier superbe témoignage live, Baron Rojo al vivo, paru en 1984. Seulement, voilà… De dissensions internes en tensions palpables, le line-up varie au même rythme que le marché musical mute. Mais ce soir, le 23 août 2007, les Madrilènes investissent la scène de la Fiesta de aste Nagusia de Bilbao devant 10.000 spectateurs. Le Baron se donne pour mission de prouver qu’il n’a rien perdu de son énergie, de sa gnaque, de son envie de vaincre. Et ça pète du début à la fin de ce concert, Baron Rojo multipliant les références qui ont égrené son histoire avec ses classiques (Larga vida al rock’n’roll, Incomuicacion, Satanico plan, volumen brutal, Resistire…) et ses influences évidentes, souvent (Queen, Deep Purple, AC/DC, Iron Maiden) qu’il distille au milieu de ses titres qui, souvent, transpirent l’improvisation (ah, cette version imparable de Los rockeros van al infierno!). Baron Rojo est, ce soir, au meilleur de sa forme, se donne corps et âme à ce public qui porte ses héros. Cet album, publié en 2007, propose également le concert en DVD. Les images parlent d’elles-mêmes : c’est sous une pluie battante qu’est accueilli le quatuor et, bien qu’une armée de parapluies se dresse, le public fait bien savoir qu’il est présent. Les lights sont sobres, Baron Rojo continue encore aujourd’hui de tourner intensivement, presque uniquement dans les pays hispaniques. Cet album (publié sous forme d’un double CD/DVD avec la totalité des 28 titres de ce concert et un livret de 30 riches pages et en simple CD de 10 petits titres + DVD du concert complet) reste cependant le témoignage monumental d’un groupe qui a marqué son époque et qui, malheureusement, n’a jamais rencontré le succès international qu’il aurait mérité. Ça peut aussi donner envie d’aller les voir, à domicile, le 30 décembre 2020 pour leur concert d’adieu, avec la promesse de nombreux invités, d’une captation… Seulement si…

NEXT STEP: Legacy

NEXT STEP 2017Hard rock, Espagne (Rock Estatal records, 2017)

Voici un bout de temps que je ne me suis pas plongé dans l’univers du hard rock espagnol. Si Baron Rojo, Angeles Del Infierno ou, plus récemment, Magö de Oz sont incontournables, j’ai toujours bien aimé Lujuria, Saratoga, Obus ou, dans des styles opposés Los Suaves ou Angelus Apatrida, parmi d’autres. Dommage que cette scène n’ait jamais réussi à s’exposer autant que les Allemands, parce qu’il y existe un grande variété de genres, et une indéniable qualité. Aujourd’hui, Next Step pourrait inverser la donne. Le quatuor, composé de Guillermo Garcia (chant et guitare), Irene Génova (guitare), Jesus Hernandez (basse) et Diego Solana (batterie), propose Legacy, un premier album qui sent bon le metal à la fois moderne et traditionnel. Moderne par son son actuel, un usage modéré de double grosses caisses et quelques grognements qui viennent compléter un chant clair efficace et attirant. Traditionnel par ses lignes mélodiques musicales et vocales. Les compositions sont carrées, la ballade monte en puissance et les références variées. La plus évidente est, sans aucun doute possible, un Volbeat presque omniprésent dans les mélodies et le chant, un chant parfois aussi emprunté à James Hetfield ou des lignes de guitares qui évoquent les grandes heures du hair metal, Mötley Crüe en tête. Avec de telles références, on a envie d’en savoir plus. Et l’album défile à belle allure. malgré quelques faiblesses inhérentes à la jeunesses du combo, on sent tout de même la naissance de ce qui pourrait devenir un futur grand. Si seulement Next Step se défait de ces influences pour explorer et imposer sa véritable personnalité et si le marché international lui ouvre les bras. C’est cette seconde partie qui est la plus délicate…

Note: 7,5/10