IN THIS MOMENT: Godmode

USA, Metal (BMG, 2023)

Les fans le savent, In This Moment ce n’est pas que du metalcore comme on aime à le penser. Godmode, le huitième album des Américains est là pour nous le rappeler. S’il commence brutalement avec le morceau titre et The purge, ce disque alterne les tempi et varie les plaisirs tout au long des 10 morceaux. Maria Brink s’y montre très en voix et passe d’un chant enragé à une bienveillante douceur. Elle est en cela soutenue par son complice de toujours, le guitariste Chris Howorth qui démontre, si besoin était, sa versatilité guitaristique. Sans être un spécialiste du groupe, je me prend au jeu d’une écoute continue et la variété des styles m’accroche de bout en bout. Chaque titre parvient à surprendre et interpeller. Il y a plus à ce Godmode que du simple metalcore, In This Moment évitant de se répéter et parvenant à se renouveler.

THE DEAD DAISIES live à Paris (La Machine du Moulin Rouge, avec Spike, le 5 novembre 2023)

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Voilà un des concerts que je ne voulais pas rater, d’autant plus depuis le retour de John Corabi dans la famille The Dead Daisies. Si le groupe à entrées et sorties permanentes a toujours suivi les aspirations du commandant de bord David Lowy, j’ai, malgré deux bons albums, moins accroché à la période Hugues. Et puis, le alors quatuor n’a jamais vraiment posé ses valises chez nous avec « The voice of rock » – deux concerts en 2022 (à Vienne et Pennmarch), un Hellfest annulé en dernière minute… Bref, après la crise sanitaire, le capital sympathie est à reconstruire. Et ça, c’est quelque chose d’inné avec Corabi.

Spike live@La Machine du Moulin Rouge, le 5 oct 2023

Ce soir, la Machine du Moulin Rouge est plus que correctement remplie et le public accueille un Spike, ex chanteur de The Quireboys, qui propose ce soir un set acoustique; Seul en scène, accompagné de sa guitare et entouré s’un chevalet et de ce qui fait office de mini bar avec deux verres, le chanteur est de très bonne humeur. Tout au long de son set, il ne fera que blaguer, évoquer des souvenirs entre deux chansons. Sa démarches se faisant moins assurée au fil des minutes, nous sommes quelques uns à nous demander quel est exactement le contenu de son verre à bière…

Spike live@La Machine du Moulin Rouge, le 5 oct 2023

Le gaillard sème quelque peu le doute évoquant régulièrement un nouvel albu de « The real Quireboys »..; Serait-il donc de retour au bercail? Non, il a désormais son propre groupe qu’il a nommé The Real Quireboy. Est-ce le meilleur choix de patronyme? Permettez moi d’en douter, mais l’avenir sera plus explicite.

Spike live@La Machine du Moulin Rouge, le 5 oct 2023

Son set est composé de classiques des Quireboys et de quelques reprises, mais il est surtout composé de souvenirs qu’il évoque, des ces moments passés sur la route avec Whitesnake et Aerosmith (c’est la plus belle année que j’ai vécue. On n’a touché aucune drogues cette année là, non, non, rien du tout! ») et partage facilement, toujours avec le sourire et sa bonne humeur communicative, anecdotes sur anecdotes. Le public se marre, et tant mieux. Car le set musical en lui même peut, sans ces intermèdes, sembler un peu longuet, même si le public reprend en chœur certains des titres les plus connus. Mais le gaillard, malgré les signes du staff lui indiquant qu’il est temps d’arrêter, continue de jouer, cherchant un titre dans son classeur… Un set dont on se souviendra plus pour la déconne simple que pour le contenu musical, aussi sympathique soit-il.

Spike live@La Machine du Moulin Rouge, le 5 oct 2023

Un pupitre, un pied de micro et une caisse, c’est assez rapide à sortir de scène. A peine 15′ après la fin du set de Spike, la Loco… euh, la Machine est replongée dans le noir. The Dead Daisies déboulent pied au plancher avec Resurrected. Un choix de titre d’ouverture qui sonne comme les meilleures augures et qui, je le pense, n’est pas un choix fait à la légère. D’ailleurs, la tournée elle-même s’intitule Resurrected Tour…

The Dead Daisies live@La Machine du Moulin Rouge, le 5 oct 2023

Il faut peu de temps à Doug Aldrich et John Coraby pour saisr le public à la gorge, public qui découvre ce soir le « petit nouveau », le bassiste Michael Devin, presqu’un clone de Marco Mendoza en plus… concentré. C’est aussi le cas du capitaine David Lowy qui se lâche au fil des titres.

The Dead Daisies live@La Machine du Moulin Rouge, le 5 oct 2023

Corabi est ce soir très en forme, et communique très facilement avec le public. Il est visiblement heureux d’être de retour au bercail. Si, ce soir, TDD fait naturellement la part belle à sa discographie avec Corabi, le groupe n’écarte pas la période Hugues dont trois petits morceaux sont joués (Unspoken et Bustle and flow de Holy ground et Born to fly de Radiance).

The Dead Daisies live@La Machine du Moulin Rouge, le 5 oct 2023

Le public reste cependant particulièrement réceptifs aux désormais classiques du groupe qui défilent les uns après les autres. Les musiciens occupent chaque espace de la scène, allant chercher e public autant que faire se peut.

The Dead Daisies live@La Machine du Moulin Rouge, le 5 oct 2023

Brian Tichy nous gratifie d’une superbe et puissant solo de batterie avant que Corabi ne prenne le temps de présenter chaque musicien, prétexte à mini medley. « Si vous aimez ce que vous entendez, c’est grâce à moi! Si vous n’aimez pas ce que vous entendez, c’est de sa faute » dit-il en désignant David Lowy qui entame Highway to hell (AC/DC). Puis vient le tour de Brian Tichy (Living after midnight, Judas Priest) et du nouveau venu… « Je suis allé chez mon ex-femme, un jour, et dans mon canapé, ce mec était assis. Je t’ai déjà remercié de m’avoir soulagé d’elle? » demande-t-il à Michael devin avant que ne résonnent les premiers accords de Heaven and hell (Black Sabbath). « L’homme aux cheveux dorés » c’est naturellement Doug Aldrich, désormais le plus ancien membre « permanent » de TDD (Smoke on the water, Deep Purple). Puis c’est au tour du chanteur de se voir présenté avec We’re an American band (Grand Funk Railroad).

The Dead Daisies live@La Machine du Moulin Rouge, le 5 oct 2023

La tension est telle qu’on sent l’approche de la fin du concert. Mais avant cela, toujours de bonne humeur, Corabi vient taquiner le public: « Vous avez ce truc en France avec le vin. Mais aimez-vous la bière? Et le whisky? Vous aimez la tequila? Voulez-vous faire un tour au Mexique? » et c’est parti pour un explosif Mexico baigné de lumières vertes, rouges et blanches, au couleur du drapeau mexicain.

The Dead Daisies live@La Machine du Moulin Rouge, le 5 oct 2023

TDD quitte la scène après sa version de Midnight Moses avant de revenir pour offrir l’incontournable Long way to go – plus que jamais d’actualité… – et de conclure avec sa dernière reprise en date, Slide it in. Marrant quand on pense que deux des membres actuels des Daisies sont passés dans le giron du Whitesnake de Coverdale…

The Dead Daisies live@La Machine du Moulin Rouge, le 5 oct 2023

Ce soir, si la Machine n’affichait pas complet (faut dire que cette salle est tout sauf pratique pour circuler ou voir correctement), The Dead Daisies nous a offert un concert chaleureux, nous montrant un groupe très en forme – mais ne s’est pas prêté à son habituelle séance de dédicaces après son show… Avec une telle énergie, nul doute que le groupe sera bientôt de retour avec un nouvel album et de nouvelles dates. En tout cas, la soirée fut à l’image du groupe: rock’n’roll et chaleureuse!

The Dead Daisies live@La Machine du Moulin Rouge, le 5 oct 2023

Merci à Olivier Garnier d’avoir rendu ce report possible.

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DROPKICK MURPHYS: Okemah rising

USA, Rock/punk celtique (Dummy luck/PIAS, 2023)

Oups, il nous a échappé, celui-là… Et il mérite une petite séance de rattrapage, parce qu’on les aime bien, chez Metal-Eyes. Les Américains de Dropkick Murphys ont toujours su faire du rock celtique qu’ils pratiquent un moment de fête et de bien-être. Leur douzième album ne déroge pas à la règle. Et même si, sur la pochette de Okemah rising, il est écrit « acoustic », la joyeuse bande a rebranché l’électricité. Comme pour son précédent album, le groupe rend hommage à Woody Guthrie en mettant en son les textes du bluesman. Et force est de constater qu’une fois encore, le mariage fonctionne à merveille. Malgré la séparation temporelle entre ces artistes engagés, les textes de Guthrie sont toujours d’actualité (trop, sans doute…) et sont ici plus que mis en avant par Dropkick Murphys, toujours actif en matière sociale. Mais les punks celtiques parviennent à dénoncer, avec les mots de Guthrie, les travers de la société sans toutefois semer la zizanie. C’est bien de vie qu’il s’agit, de la joie de vivre même, malgré les difficultés économiques et sociétales. De My eyes are gonna shine à I’m shipping up to Boston – Tulsa version, tout est gai, enjoué et entrainant. On a envie de chanter, danser, bouger, remuer du popotin et lever le poing, une bière à la main, et ça, ça fait du bien. Avec Dropkick Murphys, on a simplement envie de passer un bon moment. En Cd ou en concert. Et ça tombe bien: on vient de les annoncer de retour à un certain Hellfest en juin procain!

SUICIDE PUPPETS: Beyond the veil

USA, Metal (Ep, M&O, 2023)

S’il y a quelques points communs avec le black metal – le maquillage et le chant enragé et aigu – musicalement, les Américains de Suicide Puppets sont plus proches d’un metal bien heavy qui flirte avec le symphonique (Death note, Prey, Sinner) ou l’électro (1000 ways to die). Rythmiquement, ce Beyond the veil, Ep de 5 titres, tabasse sec, c’est sûr, mais est-ce suffisant? Car la batterie est assez répétitive et les riffs, s’ils sont efficaces, ne présentent que peu d’originalité. Alors, oui, il y a de l’envie et de la volonté, mais au final, je retiens quoi? Des influences Cradle of Filth, d’autres Amaon Amarth, d’autres, encore, plus proches de Nightwish. On passe un bon moment, certes, mais rien ne m’emporte vraiment… Il manque le quelque chose qui distinguerait Suicide Puppets de la masse. Dommage.

BARONESS: Stone

USA,Stoner (Abraxan hymns, 2023

Il y a Baroness et Baroness… Un groupe évolue, et c’est normal, et Baroness fait indéniablement partie de ceux-là. Jadis lourd, oppressant ou intriguant, la formation de John Baizley propose aujourd’hui, avec Stone, un album étonnant à plus d’un titre. Avec ses 10 morceaux (dont une intro quelque peu… ambiancée), Stone navigue de genre en genre sans jamais imposer une ligne directrice évidente. Aussi coloré et torturé que la pochette qui l’illustre, cet album s’apprivoise avec patience. C’est d’évidence ce qui en fait son intérêt et sa force. Déroutant pour les fans de l’ancien temps, novateur pour d’autres, Stone présente également la plus récemment arrivée – qu’on a pu découvrir live au Hellfest 2022 – qui pose son empreinte avec des backing discrets et nuancés et des lignes de guitares souvent étonnantes. Tout au long de Stone, Baroness explore, déroute l’auditeur, voire le décontenance. C’est à la fois la force et la faiblesse de ce disque qui nécessite bien plus qu’une écoute avant d’être apprivoisé. Le genre d’album qui hérisse avant qu’une nouvelle écoute, à froid, un appel à la curiosité, ne permette de le révéler totalement. Oui, définitivement, il y a Baroness et Baroness. Stone en montre une facette nouvelle et, par conséquent, encore inconnue du grand public. Stone fait partie de ces albums qui se révèlent totalement avec le temps.

RIVAL SONS live à l’Olympia: la galerie

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GRETA VAN FLEET: Starcatcher

USA, hard rock (Lava, 2023)

Le revival 70 sourit plus à certains, et Greta Van Fleet fait partie de ceux-là. Avec Starcatcher, son troisième album, il y a fort à parier que les Américains vont continuer de faire parler d’eux, avec des pro et des anti… Car dès Fate of the faithfull, il est clair que le groupe évolue dans sa formule tout en conservant ce son vintagequ’il affectionne et n’est pas près de renier ses influences. Impossible sur Waited all your life de ne pas entendre le mimétisme avec Robert Plant lorsque Josh Kiszka implore avec tristesse ses « Please stay » répétitifs ou sur l’outro Farewell for now... Alors oui, GVF sont les dignes héritiers de certaines légendes (Led Zeppelin, évidemment, mais également The Who (Runaway blues, morceau expéditif s’il en est!), évoque les grandes heures du funk (le très groovy The indigo streak). Cependant le quatuor apporte sa personnalité avec des sonorités plus modernes. La production, brute et fine à la fois, renforce cet esprit volontairement vintage d’une musique qui se veut aérienne et planante, sentiment renforcé par l’apport de discrètes touches de claviers ou d’harmonica (The falling sky). On pourra regretter que certains arrangements n’apportent rien de particulier et peuvent parfois sembler trop faciles mais le résultat est là: cet album s’écoute de bout en bout sans lassitude ou temps mort. Greta Van Fleet continue de creuser son sillon et atteint ce stade envié d’une reconnaissance publique qu’il doit maintenir et préserver. Ce très bel album y contribuera sans nul doute.

Interview: Ayron JONES

Interview Ayron JONES (chant, guitare). Propose recueillis à l’Elysée Montmartre le 19 octobre 2023.

Ça fait plaisir de te voir de nouveau de retour en France. Comment vas-tu ?

Bien, je vais bien. On est arrivés il y a deux jours et j’ai pu me balader un peu, pas trop. Mais je profiterai de Paris demain.

Avant de parler de ce nouvel album, Chronicles of the kid, une remarque : le titre de ce nouvel album est similaire à celui du précédent, Child of the state (il acquiesce). Tu prévois une trilogie autour de l’enfance ?

Ah… C’est une surprise, mec ! Mais c’est une très bonne remarque. Child of the state, c’est le passé, Chronicles of the kid, c’est le présent.

Mais le gamin a grandi…

Absolument, il a grandi. C’est un peu un premier pas. Si je décide de créer quelque chose, ça doit être lié.

En tout cas, ces albums sont en lien avec ton enfance, l’environnement dans lequel tu as grandi…

Oui, et je pense que le prochain album traitera plus de là où nous nous situons aujourd’hui, un regard sur l’avenir…

« Là où nous nous situons » … La première fois que nous avions échangé tous les deux, c’était en 2019 par Skype pour parler de Child of the state. Tout comme sur ce disque, Chronicles of the kid démarre avec un titre heavy, nerveux, pour ensuite explorer toutes tes influences, funk, plus dansantes, rock, grungy… Tu as trouvé une forme de recette ?

Je crois que la recette, c’est ce que j’ai découvert, créé avant : un son qui uni tous ces genres. Pop, blues, rock… Je crois que cet album est encore plus abouti en ce sens que le précédent. Toutes ces chansons sont nouvelles. Sur les albums précédents, il y avait d’anciennes compositions, mais ici, c’est tout ce que j’ai pu écrire au cours de l’année passée. Oui, je pense qu’avoir pros du temps pour composer à l’instant présent m’a permis d’exprimer là où je me situe autour de ce son. J’ai travaillé avec des artistes grunges, avec des gens avec qui j’adore jouer et que j’adore écouter, et ça m’a permis d’avancer.

Child of the state était ton troisième album mais pour les Français…

Pour les Français c’est mon premier album, oui.

Sur Child of the state, il y avait une chanson, Supercharged, qui évoquait Lenny Kravitz (il confirme). Sur Chronicles of the kid, je trouve que Strawman évoque carrément Living Colour.

Carrément… Ce n’est pas une influence directe, mais j’ai grandi avec eux. J’ai grandi avec Cult of personality

C’est exactement le titre que j’ai en tête !

Vraiment (rires) ? Cult of personality passait toujours à la radio. Je l’écoutais mais je ne savais pas qui jouait… C’est le son de ma génération, c’est avec cette musique que j’ai grandi et je l’exprime aujourd’hui. Je ne cherche pas à sonner comme Living Colour ou d’autres, c’est simplement le son que j’ai en tête et que je veux exprimer…

Ça sort tout seul, et ensuite des gens te disent « ça, ça me rappelle…. »

Et je leur dis «t’as raison, mec, exactement ! » (rires)

Comment analyses-tu l’évolution d’Ayron Jones entre Child of the state et Chronicles of the kid? Tu viens de donner une partie de la réponse en disant que ce sont de nouveaux titres, mais à part ça ?

Je dirais que l’album m’a forcé à évoluer. Le précédent sonnait si bien ! Je savais que je ne pouvais pas faire moins… Ça m’a poussé à chercher d’autres choses, d’autres textures. Sur Child of the state, il y avait plus de guitares, alors on a pensé recruter un autre guitariste. Quand on a tourné avec Guns and Roses, on était deux guitaristes. Peut-être que l’étape suivante sera de travailler avec un guitariste qui sache jouer des claviers… J’évolue tout le temps. Vocalement aussi. Je demande beaucoup à ma voix et je dois apprendre à la préserver.

Si tu devais décrire Chronicles of the kid à quelqu’un qui ne connait pas Ayron Jones, que lui dirais-tu pour le convaincre d’aller acheter ton disque ?

Mmmh… Je pense que ça dépend de tes goûts musicaux (rires)… je dirai que c’est un album de rock pour des gens qui ne sont pas forcément amateurs de rock.

Que veux-tu dire ?

Pour moi, cet album est un pas de plus vers le mélange de genres. Il y a des chansons sur cet album qui pourraient figurer sur l’album d’un autre artiste. J’ai voulu enregistrer un album qui soit un disque de rock mais qui contienne aussi des éléments pop. Le genre de choses que les gens écoutent facilement, qui sont contagieux.

Et si tu devais ne retenir qu’un seul titre de ce disque pour dire ce qu’est Ayron Jones aujourd’hui, ce serait lequel ? Étant donnée la variété des genres, je sais que ce n’est pas facile, mais un seul titre…

(Il réfléchit) Je pense à Otherside, parce qu’est c’est là où je me situe aujourd’hui. J’ai appris à être aussi présent que possible et rester terre à terre. C’est facile de se perdre de vue avec ce que je fais, mais je garde la tête froide, je pense à ma famille et à mes gosses.

Les enfants, ce sont qui sont mentionnés dans le livret ?

Fais voir ? Oui, c’est bien eux. J’en ai un cinquième depuis, mais il n’était pas encore né quand l’album est sorti. Oui, c’est facile de se dire que tu pourrais faire-ci, ou ça, de choper la grosse tête. C’est compliqué de rester dans le réel, dans le présent, de savoir où tu te situes maintenant. Otherside parle de ça, du fait d’aimer et d’appréhender l’instant présent. Prendre conscience que la vie est trop courte pour se morfondre sur le passé ou stresser au sujet de l’avenir… De choses qui t’empêches d’agir ou de réagir maintenant. Cette chanson, pour moi, dit qu’il faut être présent, maintenant, et profiter du moment présent.

Lors de notre première entrevue, tu me disais que tu n’avais pas encore joué à l’étranger en dehors du frisbee.

Ouais, c’est vrai !

Depuis, tu as donné je ne sais combien de concerts en France, ta situation a vraiment changé et rapidement. La situation évolue-telle de la même manière dans d’autres pays ?

Euh, non… Pas vraiment. En Europe, il y a un public qui sort, on a donné de très bons concerts, mais en France, il y a quelque chose de spécial…

Peut-être que le « quelque chose de spécial » s’appelle Olivier Garnier ?

Oui, oui, c’est vrai (rires) !

Tu as donné en France de nombreux concerts, tu as ouvert pour les Stones, tu as joué dans de nombreux festivals, dont le Hellfest. Quels souvenirs en gardes-tu ?

Ah, ah ! J’adore ce genre de trucs, cette culture un peu dark, démoniaque, ce qui fait peur aux gens d’habitude. C’était très cool de pouvoir voir tout ça, ces décors… Et il faisait beau…

Comment pouvais-tu garder ton bonnet sur la tête ?

(Rires) Je ne sais pas ! En fait, il ne faisait pas si chaud que ça…

La première fois que nous avons échangé, Biden venait d’accéder à la présidence des USA 5 mois plus tôt. Il était alors trop tôt pour que tu puisses analyser des changements dans la vie américaine. Depuis, il a fait plus de la moitié de son mandat. Comment anaalyses tu l’évolution américaine depuis l’élection de Biden ?

Rien n’a vraiment changé, tu sais… On s’approche un peu du centre, la ferveur des gens depuis Trumps n’a pas vraiment changée… Il y a encore beaucoup de gens qui ne se sentent ni vus ni écoutés. Je crois qu’on avance dans le bon sens, mais on n’avance pas vite. La situation est plus ou moins identique… Biden essaie de nous réunir, d’aider tout le monde, mais politiquement, il n’a pas gagné le cœur de tout le monde, moins en tout cas que Barak Obama.

Ne crains-tu pas que Trump puisse revenir, ou de voir quelqu’un comme Kennedy être élu, malgré le nom qu’il porte ?

Nann, je ne suis pas inquiet. Trump revient ? Ben il revient, que veux-tu y faire ? On ne va pas s’inquiéter pour ce genre de choses. Je garde en tête ce que j’ai à faire, et la chose à faire, c’est d’aller voter. C’est tout ce que je peux faire…

J’imagine que tu es l’auteur de la pochette de Chronicles of the kid ? Je vois tes initiales partout sur ce cahier…

C’est exact… J’avais un paquet de chansons écrites dans un cahier comme celui-là, et le concept est sorti. Tout a commencé avec des histoires griffonnées dans un cahier…

Si tu devais penser à une devise, quelle serait-elle ?

Mmmhhh… « Sors et gagne »… « sois la meilleure personne possible », oui, c’est ça. Sois bon en tant qu’humain, en tant qu’époux, que père, qu’artiste…

La première fois que je t’ai posé cette question tu m’as répondu : « ne sois pas un trou du cul ».

Ah ouais ! Et ça se rejoint ! Ça ne sert à rien d’être un trou du cul, sois bon, c’est tout !

As-tu quelque chose à ajouter avant d’aller te préparer ?

Je voudrais seulement dire à quel point j’aime le public français, je suis très flatté qu’il m’ait adopté et intégré dans leur culture. C’est très particulier de pouvoir découvrir les Français de l’intérieur, d’habitude on ne voit que l’extérieur.

Justement, tu as donné différents concerts à Paris. Jusqu’à présent quel est la salle qui t’a le plus marqué ?

La salle ? Je dirais que ce théâtre antique, à Nîmes, était fabuleux…

Mais ce n’est pas à Paris…

Ah, tu parlais de Paris (rires) ? Désolé… Je ne sais pas… Sans doute, ici, on verra ce soir, c’est une nouvelle salle pour moi. Mais jusqu’à présent… le New Morning a été particulier comme endroit, la Cigale aussi, mais le New Morning garde une belle place dans mon cœur. On verra ce soir, cette salle est très belle. Je suis impatient !

Corey TAYLOR: CMF2

USA, Metal et plus (BMG/Warner, 2023)

Il se fait plaisir, le vocaliste de Slipknot et Stone Sour, et il a raison. Mais franchement, si quelqu’un laisse trainer ses doigts dans le rayon CD à la recherche de quoique ce soit, se laissera t-il séduire par cette pochette au goût douteux et plus qu’absent? Même le verso est discutable avec ce personnage plus qu’inspiré de Bowie. Et si le contenu de la galette est à cette image, il y a fort à parier que l’objet sera vite amené à prendre la poussière… Allez, soyons donc un peu curieux. Il ne faut pas aller bien loin pour faire le constat que Corey Taylor se laisse porter par ses envies musicale très variées. Tellement que l’on se demande si le chanteur a cherché un quelconque liant dans ces 13 titres. Tout y passe, avec la prod qui va et qui transforme chaque titre, pris indépendamment, en morceau taillé pour séduire radios et publics les plus vastes possibles. On trouve tout au long de ce CMF2 des références à la pop US, au punk tous public, au rock de toutes les époques, des années 80 à 2000, en passant par la demeure principale Slipknot et la résidence secondaire Stone Sour, faisant preuve au passage d’une impressionnante variété vocale… Mais à vouloir ratisser trop large, Corey Taylor ne risque-t-il pas de dérouter son public? C’est un risque qu’il prend avec ce qui, au final, se révèle un album plus qu’intéressant et dans l’ensemble très réussi. Tout le monde pourra trouver de quoi se satisfaire et ça, c’est aussi la marque des grands.