Interview découverte: KRASHKARMA

Interview KrashKarma. Entretien avec Niki (batterie, chant) et Ralf (Guitare/basse et chant)

Il y a des groupes comme ça, tu n’en as jamais entendu parler et tu te demandes comment ça se fait. Quelques heures avant le début du la 12ème édition du festival Rock In Rebrech, je contacte KrashKarma pour demander une interview. A l’improviste et à l’arrache. La réponse arrive rapidement avec une affirmation enthousiaste. Sur place, Metal-Eyes découvre un groupe, un duo, aussi charmant et bavard que scéniquement imparable. Interview découverte d’un groupe à l’avenir certain avant un concert qui restera – devrait rester – dans mon top 3 de cette année.

C’est la première fois que nous nous rencontrons, alors que pouvez-vous me dire au sujet de l’histoire de KrashKarma ? Je sais que le groupe s’est formé aux alentours de 2005…

R : Non, plus tard… KrashKarma s’est formé vers… 2009. Nous nous sommes rencontrés en 2005, nous avons commencé à jouer ensemble en 2006, et ensuite on a débuté KrashKarma en 2009.

Sous forme de groupe, vous étiez 4 ou 5, je crois ?

Tous deux : nous étions 4.

Et maintenant, vous êtes un duo… Entre temps, vous avez enregistré 3 albums et il y a un nouveau qui arrive…

N : Il sort le 23 juin, absolument !

R : On a sorti notre premier Ep – 7 titres, on peut presque dire un album – en 2007 et notre premier vrai album de 12 titres en 2010. Le suivant est sorti en 2015, un autre en 2018 et un dernier Ep en 2020. Le nouvel album arrive enfin maintenant.

N : le dernier album, Morph, est le premier album en tant que duo. Les autres albums étaient ceux d’un groupe.

Qu’est-ce qui vous a amenés à passer d’un groupe à un duo ?

R : Tout d’abord, en tant que groupe, on devait beaucoup voyager. On voyage beaucoup entre les USA et l’Europe. Nous vivons à Los Angeles mais réussir à avoir tout le monde au même moment aux USA ou en Europe était compliqué. On a fini par avoir des équipes différentes en Europe et d’autres aux USA.

N : Ralf et moi sommes ceux qui avons toujours écrit et composé la musique, en fait.

R : Nous avions des équipes à faire voyager des deux côtés et à un moment, on a décidé de ne rester qu’à 3. Sur scène, je voulais toujours mettre le feu et avoir quelqu’un pour jouer les parties compliquées (Niki rit). Plus le temps a passé, plus nous devions voyager et plus il est apparu évident que je devais jouer toutes les parties de guitares. Nous sommes passés de 4 à 3. Puis en 2015 on a sorti Paint the devil. On a eu beaucoup de promotion à la radio, on a fait une grande tournée des Etats-Unis, et notre bassiste d’alors n’a pas pu obtenir un visa pour venir d’Europe. Nous avons embauché un nouveau bassiste pour la tournée mais ça n’a pas fonctionné… On a recruté un autre bassiste en vue de cette grosse tournée. Et ce dernier, le premier jour de la tournée (Niki rit)…il s’est blessé le dos !

En fait, c’est de là que vient votre nom ! Vous crachez le karma des gens ! (rire général)

R : On a dû conduire de LA à Chicago. 30 heures de conduite ! Arrivés à Denver, il ne pouvait plus sentir ses jambes…

N : On a dû porter notre matériel pour la première fois en début de tournée, et je pense que la blessure qu’il avait a simplement empiré… Quand tu restes assis dans un van pendant 15 heures, tu peux ressentir ce genre de choses. On a su que ça n’allait pas fonctionner.

R : On est arrivés à Chicago, on l’a déposé, puis on a appelé tous ceux que nous connaissions mais personne n’était disponible. On a décidé que je devais aussi tenir la basse… J’enregistre toutes les basses sur les albums, donc je savais déjà quoi jouer. Pour la première fois sur cette tournée, nous avions des enregistrements. Je ne jouais pas de la basse, mais on a décidé de placer le kit de batterie de Niki à l’avant de la scène, elle chante et je chante. C’est comme ça que nous avons fait cette tournée. Et puis, pour pouvoir jouer de la basse, j’ai créé cet instrument : j’ai mis toute la basse sur une seule corde et j’ai pu créer Ms Frankenstein. C’est vraiment là qu’est né KrashKarma, et c’est comme ça que les gens ont vraiment commencé à nous connaitre : nous deux.

N: On a eu un tel retour des gens. On a joué devant les plus larges audiences que nous ayons connues, juste après avoir conceptualisé et créé cette image. On l’a imaginée et on a joué pour la première fois devant 5.000 personnes. Après, nous voulions simplement faire mieux encore, ne pas jouer avec des bandes, que les gens puissent voir ce que deux personnes seules peuvent réaliser en simplifiant les choses au maximum. C’était notre vision de notre groupe. Quelque chose d’unique, que nous n’avions pas encore fait…

R : Aussi, l’enregistrement de nos albums doit être représentatif de ce que nous faisons sur scène. On a super producteur qui réussi à reproduire tout ça !

Vous jouez du metal. Clairement (ils approuvent). Habituellement, un groupe de metal c’est guitare/basse/batterie, parfois des claviers, mais vous non. Tout ce qu’on entend sur scène, c’est vous et rien d’autre ?

Tous deux : oui.

Comment décririez-vous la musique de KrashKarma à quelqu’un qui ne vous connais pas ?

N : Comment la décrire ? Déjà, nous sommes deux. Quand tu écoutes de la musique, tu ne sais pas combien de personnes il y a dans le groupe. Nous sommes avant tout des compositeurs, et en tant que tels nous voulons que notre musique botte des culs ! Créer de la musique que les gens vont adorer. Ce que nous voulons, c’est que l’on puisse retrouver en live ce qu’il y a sur disque. Avec un chanteur et une chanteuse, nous pouvons créer le son que nous voulons dans ce genre, et jouer avec nos voix. Nous avons beaucoup de liberté bien que nous soyons réduits à un duo. Très intéressant. Notre jeu de scène est aussi important. Tout ne tourne pas qu’autour de nos chansons, le show est important également ! Je viens à l’avant, il saute de la batterie, on saute partout et on passe du bon temps ! Beaucoup d’énergie que nous voulons partager avec toi !

Vous avez des voix différentes : toi, Ralf, une voix puissante et parfois hurlante, Niki une voix plus douce mais pas toujours. On pourrait vous comparer à la belle et la Bête ?

N (elle rit) : Oui, mais qui est qui ? On ne le sait jamais, ça dépend de notre humeur ! C’est la même chose avec le Krash et le Karma, le Yin et le Yang…

R : Tout tourne autour de la dualité…

Que pouvez-nous dire au sujet du nouvel album ? Comment s’appelle-t-il ?

N : Il s’appelle Falling to pieces, comme la première vidéo, il y en a une autre.

R : Quand on a commencé, à 4, j’étais au centre et Niki chantait aussi. Depuis que nous  nous travaillons à 2, il est évident que nous nous partageons le chant : Niki chante 50% et moi aussi. Je présentais aussi toute la musique et les chansons, alors j’ai voulu mettre Niki en avant. Après tout, nous sommes le seul groupe à avoir une batteuse et chanteuse, personne d’autre ne le fait dans le metal ! Le premier album que nous avons enregistré à deux s’appelait Morph, mais le titre complet était Morph into a monster. C’est l’idée du voyage que nous avons fait jusqu’à devenir ce monstre qu’est KrashKarma. Ce soir, tu va voir notre nouveau backdrop avec une représentation de Frankenstein, et un corps avec 4 bras et 2 jambes, ce qui, en gros, représente le monstre que nous sommes. Il y a un peu de Shiva qui danse et quand elle arrêtera de danser, ce sera la fin du monde ! Avec ce nouvel album, nous avons voulu pousser les limites de ce que deux personnes peuvent faire. On ne voulait pas ajouter encore et encore des guitares.

N: On utilise la technologie pour ce qu’elle nous apporte aussi.

R : On se lance aussi des défis pour aller plus loin.

Comment décririez vous l’évolution du groupe entre Morph et Falling to pieces ?

N : On est clairement plus heavy, et nous sommes plus techniques aussi.

R : Nous sommes plus techniques, oui ! Nous aimons les chansons accrocheuses, avec un couplet sympa, un refrain entrainant… On aime aussi la musique suédoise, comme In Flammes, Soilwork, le death mélodique. On en écoute beaucoup, comme des nouveaux styles.

N : Je crie aussi plus, ce qui est nouveau pour moi. Je n’étais pas familière de ce style de chant avant et c’est aussi une nouveauté pour cet album.

Qu’avez-vous appris à votre sujet en enregistrant ce nouvel album ?

N : A croitre et à grandir, ne pas être effrayé de tester des choses. On a toujours des craintes mais ce que la vie nous apprend c’est à aller de l’avant et grandir, mûrir.

R : Avec chaque album, on enregistre un paquet de chansons. Pour celui-ci, on a dû en composer environ… 30, il y en a donc certaines qui ne finissent pas dessus. Parfois, on trouve une chanson bonne mais il manque quelque chose, alors on y revient quelques jours plus tard pour tenter de nouvelles choses. Chaque album est une nouvelle expérience, on ne s’assied pas pour répéter ce que nous avons déjà fait, nous tentons de nous améliorer.

Vous sélectionnez aussi les chansons qui finissent sur l’album en envisageant la scène, donc ?

R : Oui. Quand tu verras le show ce soir…

Non, je ne reste pas ! (rire général)

R : Au revoir, alors ! Tu verras un show avec beaucoup de choses et quand tu te réveilleras demain matin, tu vas te souvenir de certains moments et de certains airs (NdMP : tu ne crois pas si bien dire, Ralf !) C’est notre objectif en montant sur scène. Quand on écrit une chanson, on se demande ce qu’on va pouvoir faire sur scène. Par exemple, il y a sur le nouvel album cette chanson, Tap dancing through minefields. Niki sait faire des claquettes, alors on a pensé à une chanson sur laquelle Niki pourrait en faire, sauter de sa batterie et faire un solo de claquettes.

C’est vraiment un show visuel…

R Totalement. C’est comme cette chanson, Fireball : je joue de la guitare et de la basse tout en jouant aussi de la batterie. Niki joue d’un vieil instrument du 16ème siècle…

Ne me dites pas tout, je veux des surprises aussi !

R : elle là on ne la jouera pas ce soir, on n’a pas ce qu’il faut. Mais il y a Girl with a hammer qu’on va jouer : Niki est à la batterie, elle chante, et elle saute par-dessus avec un marteau. Il y a aussi…

N : Ne lui dit pas tout, il l’a demandé ! (rires)

Vous avez déjà, je crois, joué une fois en France…

N : Nous avons déjà fait une petite tournée en France, on a donné 9 concerts. Mais c’est notre première fois dans la région orléanaise. On a rencontré notre manageur qui a eu cette idée de nous faire venir dans un pays comme la France. Pourquoi pas ? Allons-y, et c’est comme ça que nous avons commencé en France. La tournée de janvier était super, les Français sont adorables et on a envie de grandir ici aussi. Il y a une bonne connexion.

Et qu’en est-il aux USA ? Vous vivez de votre musique ?

R : Oui, on en vit, les Etats Unis, c’est très grand, et on a un bon following qui fait que nous pouvons tourner régulièrement.

N : Les USA sont tellement vastes qu’on peut ne pas jouer au même endroit deux fois dans l’année…

Si vous deviez ne retenir qu’une chanson de votre nouvel album pour expliquer aux gens ce qu’est KrashKarma aujourd’hui, laquelle serait-ce ?

N : Je dirai Voodoo devil drums. Parce que je suis batteuse (rires), il y a un solo de batterie au milieu, c’est un titre heavy, on peut danse r dessus, je crois que c’est le titre que tout fan de KrashKarma aimera et qui nous représente le mieux aujourd’hui.

R : Aussi, ce titre parle d’une épidémie de peste à Strasbourg au 16ème siècle. Une autre connexion avec la France ! Il semble que les malades dansaient jusqu’à la mort…

N : Tout nous fait revenir vers la France ?

Quels sont vos prévisions de tournée ?

N : Nous allons beaucoup tourner cette année, nous allons faire la navette avec les USA deux fois !

R : On va jouer en Europe, beaucoup, on va ouvrir en Allemagne pour Butcher Babies, on va faire le Metal Cruise en Norvège, revenir en Allemagne, on a des dates aussi en Finlande, et tout commence aujourd’hui ! Aujourd’hui, c’est la première date de la tournée !

Un peu de stress, surtout avec le nombreux public présent aujourd’hui (les deux rient) ?

R : La pression, elle est surtout avant, avec la préparation, le backline, les instruments, l’équipe, les aspects légaux, le merch…

N : Mais une fois que nous sommes sur scène, dans notre élément, le stress disparait.

R : pour moi, le stress a disparu hier quand nous sommes montés dans le bus. Je suis vraiment heure car maintenant, je vais pouvoir me lâcher !

Une dernière chose : quelle pourrait être la devise de KrashKarma ?

R : Vit l’instant et sois quelqu’un de bien. Si tu es une mauvaise personne, ça va vite se retourner contre toi : ton karma va revenir avec un crash !

N : Vit l’instant et apprécie le voyage, c’est tout !

R : c’est comme notre nouveau single, I survived the afterlife. Qui sait ce qu’il y a dans le monde d’après ?

Ça me fait penser à une autre chanson : quand avez-vous commencé à penser à ce nouvel album, avant ou après la pandémie ?

R : Avant, bien avant !

N : Avant, mais beaucoup de choses ont changé. On envisageait un Ep au départ, mais ensuite on avait du nouveau matériel, d’autres idées…

R : Nous voulions sortir ce disque à l’été 2020…

N : Mais il ne s’appelait pas Falling to pieces

R : Pas encore, mais on avait le principal. On a renoncé à sortir un album en pleine crise sanitaire. Alors, on a sorti des singles. Ce faisant, on composait d’autres titres. Puis on avait une tournée, on a préféré ne pas sortir l’album à ce moment… Et on a écrit de nouvelles chansons qui sont devenues Falling to pieces

Avez-vous quelque chose à ajouter pour terminer ?

N : Que tout le monde aille nous découvrir sur les réseaux sociaux, suivez-nous, et venez nous découvrir sur scène. Venez nous rencontrer, nous adorons parler avec nos fans ; Au-delà de tourner, nous aimons rencontrer des gens, tout simplement.

R : Vous nous trouverez toujours à notre stand de merch !

 

METALLICA: 72 seasons

USA, Thrash (Blackened, 2023)

Ne confondons pas vitesse et précipitation, s’il vous plait! Alors que sort – enfin – le nouvel, onzième, album de Metallica, il serait dommage de foncer tête baissée pour être parmi les premiers à commenter et disséquer ce 72 seasons tant attendu. Car là où les « grands » médias n’ont pu se faire qu’une première idée sur une écoute unique, nous, « petits » médias – webzines, radios… – avons le privilège de pouvoir écouter ce disque à plusieurs reprises et à notre rythme. Alors profitons en. Car s’il est vrai que les Mets ont souvent déstabilisé leurs fans depuis …And justice for all – les errances du renouvellement de la période Load/Reload, la sombre souffrance de St Anger, un son de batterie perturbant sur Death Magnetic (sans parler de l’ovni Lulu) – Hardwired… to self destruct semblait vouloir remettre le pendules à l’heure. Metallica a toujours été un groupe de heavy thrash, certes, mais de ceux qui se lancent de nouveaux défis pour ne pas se répéter. La musique comme exutoire et terrain de jeu d’expression de ses sentiments. Venons en à ce nouvel album, voulez-vous? Une fois passé le cap de cette pochette d’un jaune canari – peut-on l’envisager comme futur décor de scène, ce lit de bébé qui, telle une Doris à l’époque de la tournée Justice, serait monté tout au long du concert avant d’être carbonisé en éparpillant les divers objets de ladite pochette? – un premier constat s’impose: l’album est long. Il dépasse les 75′ pour 12 titres dont deux seulement n’atteignent pas les 5′ : le premier single, Lux aeterna (3’21), un titre accrocheur et nerveux, et Too far gone ? (4’33) particulièrement thrash, direct et saccadé. Deux titres qui, à eux seuls, démontrent qu’il est inutile de vouloir trop en faire, ce qui se révèle rapidement le travers principal de ce nouvel album. C’est le morceau éponyme, 72 seasons, qui ouvre les hostilités. Son intro très Motörhead est claire: Metallica sait encore jouer heavy. Efficace même si l’ensemble se fait répétitif et aurait gagné à être raccourci pour se concentrer sur le chant de James ou ce solo de Kirk autant que sur le si souvent inutilement et à tort critiqué jeu de batterie de Lars. C’est cette répétitivité de certains plans qu’on peut sans doute le plus reprocher à ce disque par ailleurs riche de trouvailles, de brutalité contrôlée, de riffs et de soli qui tuent et entrent dans le crane, et qui est truffé de références un peu partout. Si on a déjà évoqué Motörhead, Metallica salue ici cette période bénie qui a réuni James et Lars il y a plus de 40 ans: partout on trouve des clins d’œil à cette NWOBHM, que ce soit directement (Lux aeterna fait explicitement référence au Ligntning to the nations de Diamond Head) ou des mélodies dignes des plus grands noms du genre, Saxon et Maiden en tête mais parmi d’autres, et fait même référence à sa propre histoire, de Kill ’em all à Hardwired – je vous laisse chercher! 72 seasons se révèle, comme sa pochette, à double face: d’un côté Metallica est toujours animé par ce heavy thrash des grands jours mais se perd parfois en propos par trop répétitifs, voire en plans dont on se serait passés, comme ce If darkness had a son, surprenant et déstabilisant troisième single. Le groupe, cependant, sait toujours prendre des risques et le démontre avec ce pavé qui vient clore l’album: Inamorata et ses 11’10 – sans doute le morceau e plus long jamais proposé par Metallica – s’il débute de manière presque oppressante et inquiétante se fait rapidement plus varié, parfois mélancolique ou plus simplement « passe partout » dans un esprit classic rock. Si 72 seasons aurait gagné à durer moins longtemps, Metallica nous offre un album très riche, une œuvre dense qui mérite plusieurs écoutes avant d’être totalement apprivoisée. Un album qui ne laissera personne indifférent. Rendez-vous les 17 et 19 mai prochain au Stade De France avec un lit à barreaux en guise de snakepit ?

VOLBEAT live à Paris, le 31 octobre 2022 – avec Bad Wolves et Skindred

Retrouvez ici la galerie du concert

C’est un Zénith en petite configuration qui accueille ce soir une affiche internationale. Toute petite configuration, même, puisque la scène dispose d’une gigantesque avancée dans la fosse allant presque toucher les premiers gradins… C’est dire si les groupes seront ce soir au contact du public, tous s’appropriant avec plaisir cette massive excroissance. La scène est déjà presque entièrement installée, les 3 sets de batteries déjà en place réduisant quelque peu l’espace.Seulement… Si les concerts en plus petites salles auxquels j’ai récemment assisté ont affiché complet, ce n’est pas le cas du Zénith où l’on circule ce soir très facilement.

BAD WOLVES

Les Américains de Bad Wolves, qui se sont fait remarquer avec leur reprise de Zombie (The Cranberries) ouvrent le bal à 19h dans un Zénith tristement vide. A peine 1500 personnes sont déjà sur place, mais il est encore tôt en cette soirée d’Halloween (on croise des spectateurs maquillés, mais rien sur scène n’indique quel jour on est), et nul doute que le public va arriver. Chauffer la petite foule présente est toutefois compliqué pour Daniel Laskiewicz, nouveau chanteur du gang qui remplace depuis 2021 Tommy Vext (de nouveau récemment parti remplacer Ivan Moody au sein de 5FDP). Une petite demi heure à tenter de fédérer par ses harangues et invitations à jumper. Ca doit faire bizarre de se retrouver là face à nombre de sièges vides, mais les gaillards s’en sortent finalement bien, et pas seulement grâce à la reprise mentionnée plus haut, n’hésitant pas à arpenter la plateforme centrale. Sympathique entrée en matière même si pas mémorable.

BAD WOLVES

SKINDRED

Il faut peu de temps pour changer le plateau afin qu’à 19h45 le délirant Benji Weeb débarque de son univers sur fond de BO de La guerre des étoiles et embarque ses compères anglais de Skindred dans une (re)conquête du public. Le ragga metal du groupe n’est pas forcément celui que tout un chacun écoute à la maison mais en concert, avec la prêche du grand chanteur noir, ça le fait de bout en bout. La salle est désormais plus correctement remplie et le public est assez réactifs. Si Benji hésite à s’aventurer sur l’avancée de scène, préférant poser un pied sur sa plateforme perso, ça ne dure pas. Il y va, se l’approprie et fait participer le public dès que possible.

SKINDRED

Oh, cette rage, cette énergie communicative, que ça fait du bien, surtout agrémentées de cet humour pince sans rire du gaillard comme lorsqu’il revient sur scène avec un mini claviers aux couleurs tant aimées d’Eddie Van Halen faisant croire qu’il joue l’intro de Jump… à un doigt (en faut-il vraiment plus?) On retiendra aussi le duel vocal côté cour et côté jardin en plus de la bonne humeur communicative tout au long de ce show. Skindred remporte la palme du groupe bulldozer du soir. Un retour au Hellfest en juin prochain? En attendant, ils ouvriront en janvier 2023 pour la tournée de Royal Republic qui passera par la France.

SKINDRED

 

VOLBEAT

Difficile d’imaginer un demi Zénith pas complet pour accueillir les danois de Volbeat, mais pourtant. Ce ne sont qu’environ 2500 personnes qui sont ce soir présentes pour acclamer Michael Poulsen et ses compagnons, dont un Rob Caggiano qui a enfin lâché ses cheveux se transformant par instants en capitaine Caverne. La scène est vaste, les lights superbes et les écrans s’animent ici d’images variées (photos, dessins animés, extraits de clips), là des images captées live du public et des musiciens. Ouvrant comme c’est désormais son habitude avec The devil’s bleeding crown, le groupe enchaine sur un autre désormais classique, Pelvis on fire, issu de son précédent album, avant d’enfin commencer à présenter son dernier né, Servant of the mind (« un album vraiment metal« , comme le précisera Michael Poulsen) via Temple of Ekur.

VOLBEAT

Trois titres, et le public est déjà conquis, tant les musiciens se donnent – tranquillement, le concert de ce soir ne verra pas trop de sueur – pour chacun, et savent aller à la rencontre de tous. Le chanteur guitariste remercie le public présent d’être venu et rappelle les moments difficiles que nous avons tous vécus et les difficultés à retrouver des salles pleines. Mais il faut continuer.

VOLBEAT

Le dernier album sera au final représenté par 5 morceaux dont un The devil rages on précédé d’un discours de Poulsen, clair dans ses idées: « Oh, oui, le diable existe. Et il est Russe… » Aucun doute de qui il vise mais heureusement, le concert est teinté de bonne humeur, de convivialité et de sourires. Avant de lancer Shotgun blues, il demande au public qui a le dernier album de Volbeat et compte… 5 mains levées, et fait mine d’être dépité, mais il y en a heureusement plus.

VOLBEAT

L’humour est au rendez-vous d’ailleurs, lorsqu’il évoque sa fille qui lui demande s’il peut jouer je ne sais pas quoi, (mais un truc de son âge) avant d’avouer qu’il ne devrait pas dire ça en tant que père mais… « non, je ne peux pas« … « Papa… tu peux jouer Johnny Cash? – Johnny Cash? Putain, ça oui, je peux! » et c’est parti pour un peu de rock vintage. Jerry Lee Lewis nous ayant quittés il y a peu, on aurait apprécié un peu de spontanéité avec ce même type d’hommage, mais bon…

VOLBEAT

Doc Holiday vient majestueusement clore ce concert avant que Volbeat ne revienne pour un unique rappel. unique mais comprenant tout de même 4 titres – Sacred stones, dernier extrait de Servant, Die to live, For Evygt et l’incontournable et intemporel Still counting. S’ils nous ont offert un concert carré, chaleureux aux lights impeccables, bien que sans réelle surprise, Volbeat est une vraie machine de scène qui se donne comme il faut. Malgré le public qu’on aurait souhaité plus nombreux, c’est une très belle soirée que Volveat nous a offert. Merci!

VOLBEAT

Merci à Olivier Garnier (Replica promo) et Olympia production d’avoir rendu ce report possible.

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VOLBEAT live à Paris – 31 octobre 2022: la galerie

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MEGADETH: The sick, the dying… and the dead !

Thrash, USA (Universal, )

Si Megadeth nous a récemment montré le visage d’un Dave Mustaine vieillissant et amaigri, musicalement, les légendes du thrash US reviennent avec un album d’une puissance exemplaire. The sick, the dying… and the dead!, le nouvel album de la bande désormais plus internationale qu’américaine est une vraie cure de thrash direct, speedé et dans ta face. L’intro du morceau titre avec cette voie d’outre temps qui scande « Bring out your dead! » pose un cadre sombre et mortifère. Si le titre puise dans le heavy metal pur jus et rappelle les meilleures heures du combo, la suite ne fait pas de prisonniers. Ca tabasse sec et ça speede à tout va sur Life in hell et Night stalker avant de retrouver un semblant de calme avec Dogs of Chernobyl. Le chant de Mustaine sur Sacrifice peut parfois surprendre: si le timbre est là, il module comme s’il était en légère transe. Junkie retrouve cet esprit heavy old school tandis que Psychopathy et ses rythmiques tribales, le chant parlé, les guitares hurlantes, sombre dans une forme de folie sonore incontrôlée. C’est le titre le plus court et barré de l’album qui précède un Killing time qui aurait pu figurer sur Countdown ou Youthanasia, suivi d’un Soldier on! martial au refrain le plus chantant de l’album. Celebutante évoque le heavy anglais speedé des 80’s (ne ratez pas ce « Ouh la la » sexy au début du titre, mot qui désigne une débutante qui fait tout pour être – se croire – célèbre) qui bascule rapidement dans du Megadeth typique. Si The sick, the dying… and the dead! traite principalement, comme son titre l’indique, de maladie et de mort, Mission to mars fait figure de morceau à part. Mais autant le danger et l’isolement sont réels , autant une telle mission peut faire et fait rêver des milliers de personnes. Le break complètement syncopé et épileptique est admirable de précision. Clin d’œil évident à son public, Megadeth clôt ce nouvel album à la manière d’un Terminator: We’ll be back finit de convaincre et d’achever l’auditeur et l’on ne peut qu’être convaincu que 1/ Megadeth est loin, très loin d’avoir dit son dernier mot et 2/les anciens n’ont vraiment rien à craindre de la jeune génération qui a encore beaucoup à apprendre. The sick, the dying… and the dead! bénéficie de plus d’une production plus que soignée, d’une pochette dont on se délecte… Penser que les deux années de crise sanitaire ont pu enrager certains musiciens au point qu’ils puissent concevoir de tels bijoux n’a sans doute rien d’illusoire tant ce disque risque de devenir un incontournable de Megadeth. Et comme les meilleurs album de la bande à Mustaine, The sick, the dying… and the dead! nécessitera bien plus d’une écoute avant d’être assimilé tant il regorge de morceaux à tiroirs et de détails étonnants. Superbe de bout en bout!

EDDIE VEDDER: Earthling

USA, Rock (Seattle surf, 2022)

De temps à autres, il y a des surprises qui arrivent comme ça. Le nouvel album solo du chanteur de Pearl Jam qui a publié Gigaton il y a à peine deux ans – arrivent dans les bacs. Earthling nous propose 13 titres d’un rock ici doux et léger, là plus énervé et qui puise son inspiration chez les grands classiques. Rien de particulièrement original mais les Invicible (un pied de nez au Covid?), Brother the cloud et autres The haves rappellent tout autant David Bowie que les premières heures de ce mouvement appelé grunge. Eddie Vedder n’a rien perdu de sa voix charismatique et chaleureuse et sait se faire plaisir avec des titres aisément mémorisables. Earthling se laisse écouter d’une traite sans aucune prise de tête. Un joli retour solo mais si certains attendent un retour à la BO de Into the wild ou une répétition de Pearl Jam, attention: on est sur un registre plus personnel bien que très généreux. Du EdDie Vedder comme on l’aime.

KORN: Requiem

USA, Nu metal (Loma vista, 2022)

C’est avec une régularité exemplaire que Korn propose depuis une bonne décennie ses nouveaux albums: un tous les trois ans, un bon rythme pour les amateurs du fondateur du Nu metal, non? Requiem est donc le nouvel opus de Jonathan Davis et sa bande et nous proposent 9 titres qui sauront séduire les fans. On pourrait penser qu’avec une discographie aussi imposante que la sienne, Korn pourrait tomber dans une sorte de routine sans consistance, mais non, même si  on a pu sentir la formation pas toujours aussi inspirée fut un temps pas si lointain. Mais depuis une dizaine d’années, l’envie semble avoir repris le dessus. L’alternance de rythmes, le chant doux et bienveillant passant brutalement à une certaine forme de colère, les compositions ici sombres et là plus légères donnent envie d’en écouter plus. Or, ce disque ne dure qu’à peine plus d’une demi heure, le temps règlementaire des albums d’antan et celui d’Eps actuels. Mais on ne saurait en faire le reproche à Korn qui évite ainsi de tomber dans le piège du remplissage gratuit au dépend de la qualité. Si Requiem n’atteint pas le niveau de la première partie de la carrière du groupe, il est toutefois très prometteur et nous offre un groupe dans une forme retrouvée qui fait plaisir à entendre.

SLASH FEATURING MYLES KENNEDY AND THE CONSPIRATORS: 4

Hard rock, USA (Gibson records, 2022)

Le voici enfin ce quatrième  album du guitariste au gibus. Quatre ans après la sortie de Living the dream, Slash featuring Myles Kennedy and the Conspirators (permettez à l’avenir et si cela s’avère nécessaire qu’un simple SFMKC fasse l’affaire…) nous propose un 4 composé de 10 chansons forgées dans ce rock mélodique qu’affectionnent tant Slash et son vocaliste de haute volée Myles Kennedy. Produit par Davd Cobb, ce disque, c’est sans doute un détail mais également peut-être le début d’une nouvelle aventure, parait sur le tout nouveau label Gibson records, le fabricant de guitares partenaire de longue date de Slash qui a failli disparaitre et se réinvente aujourd’hui. On ne sera guère surpris par le contenu de ce 4.  Toujours rock, les 10 titres alternent entre un hard pur et dur et des temps plus soft. Sans jamais tomber dans la démonstration facile, Slash, qui n’a plus rien à prouver, se laisse emporter par des instants d’une remarquable vélocité doublée d’une précision chirurgicale tandis que la voix éraillée de Myles Kennedy continue d’envouter l’auditeur avec sa voix nasillarde (on peut parfois avoir l’impression d’entendre un certain Axl Rose) et puissante. Reste que, de The river is rising à Fall back to earth en passant par l’amusant C’est la vie ou April fool (malin pour un album qui sort en février…), on se laisse prendre au piège dès la seconde écoute tant cet album est efficace, truffé de ces petites pépites qui font de Slash le guitariste unique qu’il est.

FIREWÖLFE: Conquer all fear

USA, Heavy metal (Linb music, 2021)

Sept années… Il aura fallu sept longues années aux Américains de Firewölfe pour donner un successeur au remarqué We rule the night paru en 2014. Une éternité qui aurait pu laisser les fans croire en la disparition pure et simple de la formation. Mais non, les revoilà avec un Conquer all fear forgé dans le metal le plus pur et traditionnel. Il aura cependant fallu au groupe de traverser de nombreuses épreuves pour réussir à, enfin, finaliser ce  nouveau disque: changement de line-up quasi complet, pandémie, re-recherche de nouveaux musiciens… Mais l’attente en valait le coup. Conquer all fear résume un état d’esprit justement conquérant, et l’album transpire de cet amour pour le heavy traditionnel. Hein? Non, je ne parle pas d’un nouveau Manowar bien que l’esprit des titres évoque incontestablement le quatuor US. Les références sont d’ailleurs nombreuses et parfaitement intégrées, allant de Black Sabbath à Motörhead en passant par Michael Schencker ou Accept. Firewölfe varie les tempi, passant du speed (Petal to metal et ses belles mécaniques, Wages of sin) au heavy typé allemand (Keep the hounds at bay, Swallow my pride) ou à des influences  qui évoquent Dio (l’intro orientale de Conquer all fear) ou Whitesnake (le mid tempo Candle in the dark). Du grand classique parfaitement digéré qui fait de ce nouveau disque une petite merveille pour tout amateur du genre. Parfaitement produit et sans fioriture, Conquer all fear pourrait permettre à Firewölfe de trouver enfin son public.