SIGNS OF DECLINE

France, Metal extrême (Ep, M&O music, 2023)

Quatre titres. Quatre petits morceaux se trouvent sur ce premier Ep et le diable sait que l’auditeur en sort exsangue tellement ça tabasse sec! Signs Of Decline nous offre un condensé de brutalité et de mélodie au travers de ce premier Ep qui propose des duels vocaux mêlant rage hardcore et hurlement black, parfois teintés, adoucis, d’un chant clair. Oui, il y a de la brutalité tout au long de ce disque mais au delà du hardcore ou du black/death, on trouve également des relents de heavy metal pur jus. L’ensemble est bigrement bien foutu, se laisse écouter d’une traite et on sort de l’expérience rincé, lessivé. Si Signs Of Decline s’adresse à un public averti, le curieux amateur de sensations fortes trouvera aussi de quoi se repaitre. Un groupe à suivre!

DEAD EARTH: From the ruins

Thrash/Hardcore, USA (M&O, 2023)

Comment ça envoie! Formé en 2018 à Cleveland, Dead Earth a publié un premier album, Truth hammer, en 2019. Crise sanitaire oblige, il a fallu aux Américains patienter avant de revenir armé de ce From the ruins qui thrashe de bout en bout. Dès Fear no one, le message est clair: un chant enragé, des guitares qui cisaillent et charcutent, une rythmique en béton armé et des mélodies qui vont du heavy metal traditionnel au thrash des vieux jours, l’ensemble mené par un esprit résolument hardcore. On trouve tout au long des 11 titres des influences évidentes – Slayer, Exodus, Suicidal Tendencies, Sick Of It All… – et d’autres qui le sont moins mais bien présentes – Iron Maiden, Motörhead, le punk anglais de la fin des 70’s. Dead Earth parvient à proposer des morceaux qui alternent les tempi, frappent aussi sévèrement qu’ils entrainent l’auditeur dans des recoins plus calmes (ce break quasi acoustique sur Monster est une bouffée d’air frais!) La grande force de Dead Earth est de proposer un album dont la variété des titres – et dans les titres eux-mêmes – n’essouffle pas et même interpelle. Ok, ça bourrine sévère, mais certains passages se révèlent si fédérateurs qu’on ne peut résister à cette explosion d’énergie positive. Un défouloir d’une superbe efficacité!

ABOUTMEEMO: Zugzwang

Irlande, Rock (M&O, 2023)

Étonnant album que celui-ci… Déjà le titre – Zugzwang – peut se traduire de deux manières (somme toute similaires) : le mot allemand signifie être au pied du mur, mais le terme est également utilisé aux échecs pour désigner un coup contraint. Et l’artiste se nomme About Meemo. La lecture des crédits du CD indique que l’album a été « enregistré pendant la difficile période de 2022/2023 (…) La pire période de ma vie. Mais je suis encore debout ». Disque défouloir, exutoire? Le gaillard nous offre une introspection tout en douceur. Malgré l’avertissement qui pourrait laisser supposer un album sombre, ce Zugzwang s’avère en réalité plein de vie, et de chaque titre émane une lumière. Cet album est simplement rock et évoque parfois U2 ou Pink Floyd, mais l’ensemble reste très personnel. Sans être forcément joyeux, ce disque ne sombre jamais dans la plainte facile et gratuite et cherche bien plus l’optimisme et la résilience que le vide et l’oubli.

SUICIDE PUPPETS: Beyond the veil

USA, Metal (Ep, M&O, 2023)

S’il y a quelques points communs avec le black metal – le maquillage et le chant enragé et aigu – musicalement, les Américains de Suicide Puppets sont plus proches d’un metal bien heavy qui flirte avec le symphonique (Death note, Prey, Sinner) ou l’électro (1000 ways to die). Rythmiquement, ce Beyond the veil, Ep de 5 titres, tabasse sec, c’est sûr, mais est-ce suffisant? Car la batterie est assez répétitive et les riffs, s’ils sont efficaces, ne présentent que peu d’originalité. Alors, oui, il y a de l’envie et de la volonté, mais au final, je retiens quoi? Des influences Cradle of Filth, d’autres Amaon Amarth, d’autres, encore, plus proches de Nightwish. On passe un bon moment, certes, mais rien ne m’emporte vraiment… Il manque le quelque chose qui distinguerait Suicide Puppets de la masse. Dommage.

STUBORA: Écorché vif

France, Heavy metal (M&O, 2023)

C’est ça, la passion. Vaille que vaille, coûte que coûte, avec ténacité et persévérance, le labeur continue… Les trois compères de Stubora sont de cette trempe, celle de ceux qui œuvrent avec et par passion sans se laisser abattre par le manque de reconnaissance. Pourtant, les qualités musicales sont au rendez-vous, mais il manque sans doute, encore et toujours, ce petit quelque chose qui fera passer un cap aux Alsaciens. Depuis que je les ai découverts en 2015 avec l’album Résurrection, celui qui, de mémoire, accueillait le batteur Niala, Stubora propose des compos solides et actuelles. Alors, OK, on pourra prétexter que la doublette Horizon noir / Vision obscure (2019 et 2020) a dû traverser la période de crise sanitaire et que le groupe doit reprendre à zéro. Ce nouvel album propose dix titres solides, dix chansons qui donnent envie de taper du pied. Le chant partagé entre Cyril Beaudaux (guitare) et Mick Velasquez (basse, guitare) apporte une couleur particulière à l’ensemble. Les deux ont fait le choix, toujours depuis Résurrection, de s’adresser à l’auditeur dans la langue de Molière et traitent, au travers de Venin, Enfants de la haine, Ta Voie, Nouvelle génération, voire même Exode, de thèmes d’une cruelle actualité. Alors, maintenant signé par M&O et Season Of Mist, se pourrait-il que le groupe reçoive enfin l’attention qu’il mérite et que le grand public puisse enfin découvrir Stubora? Arrivé à son septième album, il serait temps, non?

HELL IS NOTHING : The circle

France, Metal euh… indéfinissable (Ep, M&O, 2023)

Hell Is Nothing… Autrement dit, « L’enfer n’est rien ». Ce nom va très rapidement prendre tout son sens à mes oreilles. Formé par le guitariste Thomas Michel, HIN trouve son line up « définitif » en 2022 et s’attèle à la réalisation de The Circle, un Ep de 5 titres aussi éprouvants que déroutants. Il ne faut pas être dépressif pour écouter ce disque dont le titre rappelle un film d’épouvante auquel on colle volontiers les deux adjectif mentionnés. Rising fear introduit ce disque avec une batterie épileptique et une rythmique syncopée. Le chant torturé d’un cochon qu’on égorge ajoute au sentiment de malaise qui s’installe. Ca va dans tous les sens et je ne comprends pas grand chose… La suite confirme ce sentiment même si le morceau titre débute plus calmement avec une ambiance plus aérienne qui rapidement est plombée par le tonnerre. C’est sombre, lourd, inquiétant et pas du tout mon style. Bien que présenté comme un groupe de metal progressif, on est plus proche d’un black metal bordélique, nihiliste et déconstruit. Ouais, l’enfer, à côté, ça doit être une bagatelle… Ceux qui comme moi préfèrent le metal vivifiant, avec du chant et des harmonies passeront leur tour. Les autres, public averti, y trouveront sans doute leur compte. Je leur laisse avec plaisir.

OCTAVUS LUPUS

France, Metal lyrique (M&O, 2023)

Groupe français de metal progressif et lyrique, Octavus Lupus déboule avec un premier album puissant et bourré de bonnes intentions. Dès Genèse, qui introduit le disque, le décor est planté avec quelques ambiances lourde et intrigantes. Puis dès Fireball, on entre de plain pied dans l’univers du groupe. Un unvers impregné de heavy metal traditionnel, de power metal allemand et de metal symphonique. Tout au long des 11 titres, on trouve des traces d’influences aussi variées que Iron Maiden, Blind Guardian, Epica, Nightwish ou même du thrash old school américain ou brésilien. Même si l’ensemble manque d’originalité et d’identité sonore, cet album est carré, bien produit et le chant de Karen Hau est puissant. Mais… car il y en a un: dès que Karen sort de ce registre purement metal pour se lancer dans des parties plus lyriques haut perchées, ça ne passe plus du tout. Certains compareront avec une Tarja Turunen mais n’est pas Tarja qui veut, et le mélange des genres – metal, pop et lyrique – me perd. Ce premier album souffre d’un manque de cohésion et d’identité pour que Octavus Lupus se détache réellement. Il y a cependant de belles promesses dans ce disque.

RASPY JUNKER: Bad queen

France, Heavy metal (M&O music, 2023)

Formé dans la première moitié des années 2010, Raspy Junker se fait rapidement remarquer en décrochant le prix du meilleur show Emergenza en 2013, en proposant un Ep, Board the junker, en 2015 lui-même suivi en 2017 de World of violence, son premier album. Le line up évolue jusqu’à l’arrivée de Nathalie, chanteuse à la voix puissante qui s’intègre parfaitement au heavy metal tendance thrash du combo. Débarrassons nous de son seul défaut, encore trop habituel chez nous: si elle semble maitriser la langue de Shakespeare, sa diction est telle que je ne comprend qu’à peine 10% des paroles de ce nouvel album, Bad Queen. C’est d’autant plus flagrant sur le morceau clame de l’album, We are rising. Mais le reste… Les guitares cisaillent et charcutent soutenues par une rythmique imparable, l’ensemble montant en puissance tout au long des 10 titres. Si le groupe est présenté comme influencé par Metallica, Alice In Chains et Halestorm, il faut aller chercher aussi du côté des autres géants du genre. Certes, le riff de poison, qui clôt ce disque, évoque directement celui de Holier than thou, mais Raspy Junker s’inspire également de Maiden, Priest ou encore Slayer tout en apportant sa touche personnel. Résultat, on tient un album plus que solide, véritable invitation à headbanger. C’est bigrement efficace et on n’attend que de voir ce que donne le groupe en live. Ca tombe bien, une release party est prévue le 21 septembre au Dr Feelgood. Vous savez ce qu’il vous reste à faire!

SLEAZYS: Glitter ghouls from hell

France, Heavy rock (M&O music, 2023)

Il y a deux ans presque jour pour jour, nous avions découvert les glammers français de Sleazyz avec leur album March of the dead, son univers fun, gentiment punk et horrifique prévu pour animer la soirée d’Halloween. Le quatuor revient aujourd’hui avec Glitter ghouls from hell, armé des mêmes intentions. Toujours aussi glam, Sleazyz explore le monde des morts vivants, l’univers de Romero et en propose sa version musicale, rock, rugueuse et tout à la fois joyeuse et inquiétante. Au travers de ces 10 titres, le groupe crée une sorte de BO de soirée déguisée – qui s’adresse certes plus aux grands enfants qu’aux plus petits. La voix rauque de Fred Dee Ceased qui provient d’outre tombe, le visuel « 60’s horror film », les clichés volontaires des titres des chansons (Halloween in Hollywood, Party is not dead, Satan’s school of lust…) tout ici indique que l’on va passer un simple bon moment de détente. Sleazyz est un groupe d’entertainement qui cherche avec sérieux à s’amuser et à offrir du bon temps. Et comme halloween approche, vous savez quoi mettre en fond sonore lorsque la sonnerie de la porte retentira…

KRYSAOR: Foreword

France, Power metal (M&O music, 2023)

Quand on nomme son premier album Foreword – « préface » – c’est qu’on a bien l’intention d’ajouter d’autres chapitres à son histoire. Et dès les premières mesures de Celestial sanctuary, qui introduit ce disque, il est clair que Krysaor veut impressionner. Le groupe a été fondé par le batteur Arnaud Carnielli qui s’est adjoint les services de Christophe Laurent à la guitare, Jules Brosset à la basse et Varenfel aux claviers. Des noms encore peu connus mais qui devraient sortir de l’ornière avec ce disque superbement produit sur lequel on retrouve au chant l’arme (pas si) secrète dégainée par Arnaud, Gus Monsanto, ex-Adagio et Revolution Renaissance entre autres. Le groupe propose un heavy metal très inspiré dans ses lignes de guitare par un Iron Maiden très actuel, ainsi que par toute la vague du power allemand, ultra rythmé et efficace, celle du metal symphonique grandiose et, parfois, grandiloquent, ainsi que par le metal épique qui fleure bon l’heroic fatansy. Krysaor ne se lance cependant pas tête baissée dans les morceaux longs… Seuls trois d’entre eux dépassent les 6′ ce qui, dans le genre, reste parfaitement raisonnable. On sent tout au long de ces quelques 40′ que totalise Foreword une envie de donner le maximum. Oui, la production est soignée et généreuse, les compos efficaces et les mélodies finement pensées accompagnées d’une rythmique entrainante et puissante. Avec cette première carte de visite, Krysaor perpétue un genre qui n’a pas encore dit son dernier mot.