Festival UN AUTRE MONDE (Orléans, parc Pasteur, le 30 août 2019)

L’association Défi fête 30 années d’existence et de militantisme en organisant une nouvelle édition du festival Un autre monde pendant 4 jours. Si les deux premiers – mercredi 28 et jeudi 29 août – sont consacrés à des apéros concerts, je me rends au Parc Pasteur pour cette soirée du vendredi qui accueille, sur deux scènes, 4 groupes. Notons également qu’une tente entière est consacrée à l’historique de l’association, ce qui permet de voir le travail énorme fait en faveur des jeunes orléanais, que les activités proposées soient locales ou extérieures. Un immense bravo à toute l’équipe pour son engagement sans failles.

Le parc Pasteur est situé à deux pas du centre ville d’Orléans, et le public présent est varié, familial, amateur de musique ou simplement venu passer un moment convivial dans une ambiance festive. Et en ce dernier week end avant la rentrée scolaire, non seulement les enfants sont en nombre mais un autre invité est bien présent: le soleil! Notons également un point négatif: si les chiens sont les bienvenus, d’autant plus que la musique n’est pas trop forte sur la majeure partie du terrain, certains traînent leurs animaux devant les scènes où, là, le volume n’est pas adapté pour nos amis quadrupèdes qui souffrent et se demandent ce qu’ils font là… Plus encore à la nuit tombée lorsqu’on ne les distingue plus et qu’ils se font bousculer ou marcher dessus. Chacun sa place…

A 19h30, Bérangère, une des membres de l’asso monte sur scène pour une annonce et rappelle que Defi fête ses 30 ans d’existence. Elle laisse la parole à Soufiane Sankhon, adjoint de la mairie d’Orléans, qui rappelle l’implication de Defi et le soutient de la mairie depuis des années, et pour longtemps encore. Puis, toute l’équipe s’en va sabrer le champagne avant que ne débutent les festivités musicales.

Sur la scène Est, la plus petite, le Gobson Groove Gang se lance un peu après 19h30. Pendant une heure, le groupe distille son reggae afro ultra groovy et rythmé. Il y a parfois des intonations de Bernard Lavilliers dans les airs proposés, et c’est assez sympathique. Le public, très réceptif, grandit rapidement et gigote tranquillement. La formation orléanaise s’est formée au studio Gobson avant de se séparer. Et de se reformer, avec visiblement beaucoup de plaisir, pour cet anniversaire. A la fin du set, Bérangère se remémore avoir vu, 30 ans plus tôt, l’un des guitaristes franchir la porte du studio de l’association disant « vouloir faire de la musique mais je sais pas comment faire »…  » Ben, entre » lui répondit-elle. Felwine Starr est aujourd’hui une vedette reconnue au Sénégal d’où il est revenu, lui aussi pour cet événement.

 

Le temps de rejoindre la scène Ouest (soit une grosse minute à pieds), alors que la nuit tombe, le public se prépare à accueillir Christian Olivier, figure des emblématiques Têtes Raides dont la carrière solo vaut vraiment le détour. Annoncé avec un temps de jeu d’1h30, la petite troupe jouera finalement pas loin de deux heures. Rapidement, Christian Olivier interpelle le public avec des « Orléans… oh! Orléans » sous entendant « bougez-vous, quoi! ».  C’est que le public, timide, laisse une jolie place entre lui et la scène. Espace qu’il ne tarde pas à remplir. Du chant qui rappelle le grand Jacques aux mimiques, regards et sourires en coin, en passant  par le sax et l’accordéon, le chanteur, parfaitement soutenu par des musiciens en phase (les deux guitaristes ont une attitude très rock, les autres restent plus en retrait mais on sent une réelle complicité) fait bouger la foule avec ses titres solos et ceux des Têtes Raides, dont un indispensable Ginette qui n’a pour unique ornement – évocation de la dite Ginette – qu’une lampe au plafond. Deux heures chaleureuses que l’artiste conclue en saluant le travail et l’investissement de l’association.

 

Retour vers la petite scène pour un peu de folie punk thrash. Cigany Möhawk est en effet la formation du jour la plus en phase avec l’esprit du webzine (cependant ouvert d’esprit, reconnaissons-le). Premier point d’étonnement, le quatuor sort des sentiers battus en incluant un accordéon. Le groupe, alors que le public arrive devant la scène, termine ses balances. A la fin, le chanteur lance un « merci! au revoir » alors que ses compagnons quittent la scène. Puis il rajoute « on s’en va et on revient quand même ». Sauf qu’au moment de revenir, le bassiste a disparu… Quelques minutes passent avant que Cigany Möhawk ne se retrouve enfin au complet pour distiller avec fureur et enthousiasme son punk direct et teinté de thrash inspiré des grands noms du genre. L’accordéon apporte une touche que ne renieraient pas les Roumains de Dirty Shirt. Ça dépote sévère et une partie du public pogote à cœur joie au grand dam des pauvres chiens qui n’y comprennent rien (voir ci-dessus ce que j’en pense).

 

La soirée se termine avec la troupe de bal musette enragé de Faut Qu’Ca Guinche. Et, devinez-quoi? L’instrument phare est encore un… accordéon! Ici, le groupe écolo et engagé invite et incite le public à danser, faire la chenille, s’enlacer… Bref, à prendre du bon temps au son des guitares (ah, ce guitariste en sandales), de la contrebasse et des textes généralement engagés. Oui, bal musette mais avec un esprit écolo et contestataire qui colle parfaitement à celui de l’association Défi. Le public a la surprise de voir se mêler à lui le guitariste et l’accordéoniste au milieu d’un moment de danse tel qu’on les imagine dans les bals populaires d’années passées. Et là est bien l’objectif de FQCG, de faire danser le public. Mission accomplie alors que la soirée arrive à son terme et que le public rentre tranquillement se reposer. C’est qu’il faut remettre ça demain pour la seconde partie de ce festival.

Vient donc le moment où je me pose une question et me fait une promesse: comment se fait-il que je ne le découvre que maintenant? Et, promis, je reviendrais l’année prochaine!

 

 

 

AS IT IS : The great depression

Mea culpa… Le troisième album de As It Is, The great depression est sorti depuis le mois d’août dernier. Mais comme il n’est jamais trop tard pour bien faire, revenons sur ce disque marqué par le choix délibéré des Anglais qui nous propose un concept album. Bien sûr le punk pop n’est jamais loin, mais les accents plus foncièrement rock permettent au groupe de faire encore un (grand) pas en avant. Le concept? Le groupe décide de traiter du suicide sous ses aspects « romantiques »… Sombre sujet, délicat s’il en est, mais qui a le mérite de poser de vraies question sur le mal-être qui mène à de tels actes. Heureusement, les 12 compositions sont loin d’être sombre et apporte même un peu de lumière et d’espérance malgré la gravité du sujet. Direct ou sobre, chaque chanson s’imbrique dans cet ensemble. The great depression n’est sans doute pas à mettre entre les mains d’un dépressif, mais les autres y trouveront de l’énergie et de la variété. As It Is ose, prend des risques et ça pourrait bien s’avérer payant. Next?

GOOD CHARLOTTE: Generation Rx

Hard rock, USA (BMG, 2018)

J’aime bien les punks américains. Un peu d’insolence par-ci, d’irrévérence par-là, et hop! Mais surtout, avant tout, devrais-je dire, parce que ces gars, dont Good Charlotte est l’un des dignes représentants, savent écrire et composer de jolies mélodies qui font mouche. Good Charlotte, puisque c’est bien d’eux dont il s’agit ici, le démontre une nouvelle fois avec ce Generation Rx qui s’intéresse, une nouvelle fois, aux plus jeunes d’entre nous. Avec un regard pas forcément toujours complaisant mais sur fond de sonorités modernes et aériennes, parfois assez froides et sombres. Si le sujet est grave, l’intro éponyme surprend avant que les Self help, Prayers ou autres Cold song restent toutes soft, souvent plus pop que punk, d’ailleurs. Seul Actual pain s’en approche quelque peu. Pourtant, chaque morceau accueille ces parties « sing along » à faire reprendre par des foules entières. Si Muse est évoqué en fond, en façade GC ne cache pas son attirance pour les grands du genre The Offspring ou Green Day, tout en apportant sa propre touche, comme il a toujours su faire. Pas sûr, pour autant, après un Youth authority en demi teinte, que Joel Madden et sa troupe du Maryland parviennent à se refaire une vraie santé, malgré un album sympathique et enjoué. On les attends malgré tout au Zénith de Paris, cadeau qu’ils se et nous feront le 8 février 2019!

ANTI FLAG: American reckoning

Punk acoustique, USA (Spinefarm, 2018)

Anti Flag a décidé de prendre son public un peu de court… Les punks anarchistes américains sont de retour avec un nouveau volet de la série « American »: après American spring et American fall, ils nous offrent aujourd’hui American reckoning. Il s’agit en réalité de versions acoustiques des deux albums précités, et le résultat est plus qu’intéressant. Si le chant garde ce côté narquois qui sied tant au punk, le reste est dépouillé et sobre. 7 chansons sont ainsi revisitées, Anti flag leur apportant une autre couleur. Puis, le groupe décide d’un contre pied total avec 3 reprises retravaillées à leur sauce. Autant dire que s’il est surprenant d’entendre Gimme some truth de Lennon aussi électrifiée, la chanson en devient rageusement séduisante, au même titre que For what it’s worth (Buffalo Springfield) et Surender (Cheap Trick). Judicieux et efficace, comme choix qui permet à ce disque de se démarquer de la concurrence. American reckoning, s’il doit être la conclusion d’une trilogie, vient superbent la clôre.

ANTI-FLAG: American fall

Neo punk, USA (Spinefarm, 2017)

Ils ont quoi, tous ces groupes US nés dans les 90’s qui se disent issus de la mouvance punk à nous pondre des albums aujourd’hui tout sauf dangereux? Anti-Flag semble suivre les traces des Sum 41, The Offspring ou autres Green Day. C’est efficace, certes, mais trop popisant pour être vraiment l’oeuvre d’un groupe encore en colère. Attention: le chant de Justin Shane a toujours ces intonations narquoises et irrévérencieuses, les influences punks ou ska sont bien présentes un peu partout, cependant le son est trop propre pour le genre, manque de crasse. Selon mes critères, évidemment! Les Ohohoh que l’on retrouve partout sont toutefois une invitation à faire la fête et foutre un gentil bordel. American fall est un album festif, efficace, loin du punk mais, après tout, bigrement entraînant.

BABYLON PRESSION: Heureux d’être content

Punk, France (Autoproduction, 2017)

Formé en 2007 à Marseille, Babylon Pression revient avec Heureux d’être content, son 6ème album, taillé dans un punk explosif, enragé, aux paroles totalement décalées. Les guitares thrash évoquent naturellement le metal, mais la rage vocale et les propos je m’en foutistes sont clairement un héritage des Pistols et autres anarchistes de la fin des 70’s. Violent, direct, et, somme toute, distrayant – si je puis dire – on se laisse emporter par cet ensemble brut, brutal aux éructations et crachats (ah, ce glaviot qui introduit Toutes des mères sauf ma pute!) d’un autre temps! La production est, en revanche, totalement d’actualité, claire, grasse et d’une incontestable efficacité. Elle fait ressortir le côté crade et la volonté de Babylon Pression de déranger. Ca ne va pas bien loin, mais c’est globalement réussi.

Note: 7,5/10

BAGDAD RODEO: Trois

Rock, France (Autoproduction, 2017)

Impertinent, fun, engagé, enragé, décalé… Rock, punk, alternatif… Autant d’adjectifs qui ne donnent qu’une brève idée de ce qu’est ce troisième album (ah, bon? Il s’intitule Trois?) des Français de Bagdad Rodeo. On se croirait repartis dans les années 80 lorsque les groupes hexagonaux de rock dit alternatifs, ou neo punk, osaient. Jouer des accords simples rythmés par la rage et la joie de foutre le bordel, éructer des paroles engagées et réfléchies. Cracher à la gueule d’un système immuable… cette impertinence et cet engagement, Bagdad Rodeo s’en fait le digne héritier, ajoutant le ridicule à son analyse sociétale, tout en s’inspirant d’autres grands plus contemporains, dont un Tryo qui semble évident. Au milieu de chansons « à textes » on se – je me – délecte de paroles rigolotes et décalées, et on se – je me – poile avec cette reprise inattendue du Jésus reviens immortalisé par le film La vie est un long fleuve tranquille d’Etienne Chatilliez.

Note: 9/10

UNION JACK: Supersonic

union-jack-supersonic 2017Punk, France (Beer records, 2017)

un groupe français qui prend le nom du drapeau anglais, Union Jack, on pourrait hurle à la trahison! Ou simplement se dire que le trio puisant ses racines et son inspiration dans le punk des origines se réfère directement au pays qui a vu naître ce genre excentrique, irrévérencieux et irrespectueux. Ici, on reprend la « recette » des Sex Pistols ou autres Exploited, avec quelques touches de Ska et un esprit un peu Mod’s: ça crache, c’est hargneux, direct et engagé. Si Cynical sound club démarre de manière assez metal, dès Oh boogie, le ton change: ça crache et vomit à deux voix rappelant celle d’un certain Johnny Rotten. L’énergie dégagée rend le tout fun, ok, impertinent aussi… Et c’est emplit d’une débilité volontaire, d’enfantillages et de je m’en-foutisme absolu. A un point que l’accent franchouillard, ben… m’en fous! Une seule règle semble guider Union Jack: l’éclate. Et, franchement, même si c’est pas mon trip, il y a tellement de cœur dans ce Supersonic que ça le fait. Les mecs envoient le bois sans se soucier des autres. Ca chante, ça gueule, ça râle et ça nous replonge dans une certaine idée de ce que fut, jadis, l’Angleterre des Pistols. Fuck off! Et ressortez les crêtes au passage.

Note: 7,5/10

Site web: www.unionjack.free.fr 

 

BARB WIRE DOLLS: Desperate

Barb-Wire-Dolls-2016Metal/Punk (?), Grèce (UDR, 2016)

Barb Wire Dolls, un nom qui vous est sans doute déjà familier? Le groupe formé en Grèce vient de publier son 3ème album, Desperate, après Fuck the pussies en 2011 et Slit en 2012. Il aura donc fallu 4 années à Isis Queen et sa troupe, repérés par Mr Lemmy himself, pour nous offrir cet album paru chez UDR qui, décidément, a décidé de se diversifier. Personnellement, je ne sais pas si c’est la meilleure politique commerciale, mais cela, l’avenir nous le dira. Revenons au sujet principal: ce Desperate nous présente des aspects grungy , Isis adoptant un chant punkisant, hargneux, qui se veut quelque peu irrespectueux. Le look des musiciens est à l’identique. Jusque là, BWD n’invente rien. Musicalement… non plus, l’ensemble manque de pêche, reste dans une veine pop rock ou gentiment punk. Si Drown est une ouverture joliment entraînante, la suite évoque ici Police (Surreal), un sombre Nirvana (Desperate, ça tombe bien!). C’est sympathique, mais… il faut attendre Darby crash, qui suit une ballade 1000 fois entendue (I will sail), pour qu’enfin les choses commencent à bouger sérieusement avec ce titre ouvertement punk. Dommage, c’est le 8ième… Quelque chose cloche, car, dans le fond, les guitares sont bien présentes et cherchent à tout ravager, et le groupe veut marquer. Mais, quoi? C’est sans doute la faute à une production qui rend cet album quelque peu trop « radio friendly ». Dans l’ensemble, ce Desperate se laisse donc écouter aisément sans toutefois être vraiment marquant. Sans être un faux pas du label, c’est un pari qui me semble sans grand intérêt.

Note : 6/10

Titre que je retiens; Darby crash

BLINK-182: California

Blink-182_-_Calfornia 2016Punk pop, USA (BMG, 2016)

Si depuis sa formation en 1992 les Californiens de Blink-182 se revendiquent « punk », c’est de plus en plus du pop rock que le trio nous propose. California, leur dernier album, n’a plus rien de dangereux, malgré certaines tentatives rythmiques qui figurent ici et là (Los Angeles). Oh, comprenez moi bien: les compositions sont carrées, accrocheuses, et, somme toute, efficaces. La production de John Feldman (on ne compte plus ses participations!) rend l’ensemble facilement écoutable. C’est ça! on est dans l’empire du « easy listening »! Ca tchaque, ça boume, ça chante des « na nana na na na » que le public se fera une joie de reprendre en concert, ça évoque Green Day et The Offspring… Bref, c’est cool, mais, comme un costard de star du petit écran, taillé sur mesure et sans faux plis. Blink-182 va encore cartonner, c’est sûr, et c’est prévu pour, mais, au final, on en retient quoi?

Note: 7/10

Titre que je retiens: Left alone