Interview: MASS HYSTERIA

MASS HYSTERIA @L’astrolabe, Orléans, 1er fév 2024

Interview MASS HYSTERIA. Entretien avec Mouss (chant) et Fred Duquesne (guitare). Propos recueillis le 1er février 2024 à l’Astrolabe d’Orléans

Après avoir reçu un appel de l’attachée de presse du groupe m’annonçant que Mouss et Yann sont tous deux HS et préfèrent se reposer et me proposant de faire l’interview avec un autre membre du groupe, c’est finalement le chanteur de Mass Hysteria qui insiste pour cet échange. Il est finalement en forme, même s’il veut préserver sa voix pour cette date de reprise. Il n’en est pas moins bavard qu’à son habitude, et c’est tant mieux ! Et quand tu discutes avec Mouss, tu es certain qu’on va aborder des sujets variés, de la musique, à la politique. Engagé ? Non, si peu… Le recadrer, parfois ? Pour quoi faire ?

Mouss, vous donnez ce soir le premier concert de la seconde partie de la tournée Tenace. Tout d’abord, comment s’est déroulée cette première partie ?

Wouah ! C’était intense… En fait, avec cette tournée, on vit quelque chose qu’on n’a jamais vécu avant : des salles complètes tous les soirs… Il n’y a peut-être que 3 ou 4 dates qui ne le sont pas encore. C’est honteux de dire ça, presque : avant c’était le contraire, il y avait 3 date complètes sur 30 et on disait « waow ! C’est cool ! » (rires).  En 2023, toutes les dates étaient complètes. Première partie, excellente, complètement folle. Au-delà de ça, il y a l’énergie qui s’en dégage. Quand une date affiche complet, il y a les gens, le public qui dégage cette énergie, il y a une dimension supplémentaire, tu ajoutes une étincelle et tout peut s’embraser…

Justement, y a-t-il ce soir, parce que c’est la première date de l’année, un peu de pression ?

Non, en tout cas, pas moi. Je n’angoisse jamais avant un concert, que ce soit l’Astrolabe ou le Hellfest, je n’ai jamais de crampe d’estomac avant de monter sur scène. Jacques Brel, il vomissait de trac avant chaque concert… dans Mass Hysteria, il y en a quelques un qui ont le trac, pas jusqu’à vomir…

Mais j’imagine que c’est un trac sain…

Exactement. Moi, j’arrive à ne pas y penser, je n’anticipe rien, je rentre dans l’arène. Une fois que je suis sur le plongeoir, ben… je vais plonger !

Avez-vous apporté quelques modifications par rapport à la première partie de la tournée, dans la setlist, le jeu de lumières, de scène… ?

Oui, notre lighteux a apporté quelques modifications, il a changé le… comme on dit maintenant, le light design. Un tableau, comme ils appellent-ça. Il y a des créations pures pour certains morceaux. Et on a intégré deux nouveaux morceaux, qu’on a encore répétés là, il n’y a pas un quart d’heure. Deux morceaux de Tenace 2 : Le triomphe du réel et L’émotif impérieux. On les a rajoutés à notre setlist, c’est la première fois qu’on va les jouer ce soir.

Parmi les nouveaux titres de Tenace 1, y en a-t-il que vous avez décidé d’écarter parce que vous vous êtes rendu compte qu’ils ne fonctionnent pas aussi bien que ce que vous souhaitiez ?

J’ai une très mauvaise mémoire… Si Rapha était là, il te le dirait immédiatement, c’est lui qui se charge de la setlist. Mais oui, c’est arrivé qu’on se rende compte que sur ce titre ça prend moins, alors on l’écarte. Souvent, c’est un vieux morceau qu’on n’a pas joué depuis longtemps.

Je pensais plus aux nouveaux titres…

Sur les nouveaux titres ? Non. On a eu une appréhension pour Le grand réveil, parce que c’est très chanson française, un peu guinguette, accordéon. On avait un peu peur de la réaction du public, et en fait, non, c’est passé. Mais ça n’a pas pris tout de suite, cet esprit guinguette/metal/guinguette…

Mais ça apporte une variété qui permet de casser le rythme, aussi.

Exactement, c’est le plaisir dans la diversité. Mais ce morceau ne s’est pas imposé tout de suite. Il a mis un peu de temps avant de vraiment prendre.

On ne va pas revenir sur le choix de faire Tenace en deux parties, n sait que la première est plus sombre, la seconde plus lumineuse. Mais il y a un fait : cinq ans séparent Tenace de Maniac. Cinq années pendant lesquelles on a aussi eu deux années de crise sanitaire. Cette crise sanitaire, cette pause forcée, a-t-elle influencée la composition et l’écriture de Tenace ? Est-ce que ce temps qui nous a été « accordé » vous a permis d’améliorer vos compos ?

Les deux à la fois ! Ça m’a influencé, même galvanisé. Ça m’a influencé comme jamais depuis… je vais te dire : depuis 2005. J’avais voté « non » pour l’Europe, pour le traité de Maastricht. 2005 : 58% des Français disent « non ». Sarkozy, lui, dit « ben oui, en fait ». Mais… Ça va pas ou quoi ? On fait un référendum, c’est un vote, souverain… Il a craché dessus. Là, je n’ai plus cru à la politique. On appelle ça une apostasie, tu ne crois plus en la religion ou autre… J’étais un apostat, je ne crois plus du tout à la politique. Même les journaux que je lisais étaient « oui, bon d’accord… » Mais vous rigolez ou quoi ? J’avais 30 ans… La crise sanitaire a révélé encore plus que je n’imaginais à quel point les politiciens de cette Europe là – je parle de l’Europe parce que je m’en fous de Donald Trump, Poutine, Ping et les autres dictateurs. On nous dit de faire gaffe à ces dictateurs mais, avant, on peut parler de ton bilan avant de faire celui des autres ? il faut avoir le cul propre avant de vouloir torcher celui des autres, tu vois ce que je veux dire ? J’ai l’impression que cette Europe… Le bloc de l’Est s’est effondré avec le mur de Berlin, maintenant, j’ai l’impression qu’on a créé le bloc de l’Ouest, avec une Kommandantur – Bruxelles, c’est le parti… On ne peut même plus décider qui rentre en France, ou pas…

Pas que, on le voit aujourd’hui avec les agriculteurs…

Exactement, ils sont en train de tuer les agriculteurs comme ils ont tué le système hospitalier. Macron, depuis 10 ans, avec Hollande… faut pas oublier que Macron il bossait pour Rothchild avant… Il a fait des allers retours entre le privé et le public. Quand il était à Bercy, il a vendu la France en pièces détachées, Thalès aux Américains, Alsthom…

Maintenant, en quoi tout cela t’a-t-il influencé pendant les années de crise sanitaire ?

Je fais un petit flash-back : 2005, on s’est assis sur notre droit souverain de vote et de référendum. 2010, je fais L’armée des ombres. C’est toute l’époque 11 septembre, guerre en Irak – une guerre illégitime, il n’y a jamais eu d’armes de destruction massive. Il y a plus d’un million d’Irakien qui ont été tués… Toute cette clique qui est allée en Irak méritait d’être jugés par la Cour pénale internationale. On tue des hommes, des femmes et des enfants… C’est pas un match de foot avec des hooligans débiles qui se tapent dessus, là on parle de guerre et de mort. Il n’y a pas de mort légitime, quoi…

Sauf la mort naturelle…

Sauf… oui, exactement, merci de me reprendre ! Donc 2010, je dresse un constat assez noir avec L’armée des ombres. Je demande ce qu’ils veulent, nous mettre des puces sous la peau, des QR Code ? Jusqu’où vont-ils aller ? Après le 11 septembre, il y avait le Patriot act, on pouvait venir chez toi si on te soupçonnait de terrorisme… Pas besoin de mandat, tu peux te faire balancer par un connard et être emmerdé… C’était mortifère et stressant. Moi qui ne croyais plus à la politique, j’y croyais encore moins, encore moins les Américains. Je me disais qu’il fallait être en mode résistance, dissidence. Je suis contre la violence, contre le vandalisme, contre cramer des magasins, des banques, des poubelles, des voitures… Ça, pour moi c’est des débiles qui font ça. Vraiment, ces gens-là, je les déteste, c’est de la racaille, des sans cerveau. J’ai eu des problèmes avec ça, il y a des mecs qui sont venus me voir à la sortie d’un concert. Des « antifas »… Je les avais insultés au Hellfest – je crois que c’est dans le DVD – et les mecs il viennent m’emmerder : « ouais, t’as quoi contre les antifas ? » Quoi, les antifas ? Déjà, montre moi où est le fascisme, il est où Mussolini ? « Oui, Le Pen… » Mais arrête, Le Pen, c’est pas un fachiste, c’est une tête de mort, si tu veux, une tête de con, c’est un mec que t’aimes pas, d’accord, mais il n’est pas pour les chemises brunes, il n’a jamais dit vouloir pendre les gens sur la voie publique, place de la Concorde… Il ne pourrait pas faire ça ! Et s’il était fasciste, il n’aurait pas de parti, il n’aurait jamais eu le droit de se présenter, tu vois ce que je veux dire ?

On pourrait en parler pendant des heures…

Des heures ! bon, depuis 2010, ça boue dans ma tête, et là… arrive le covid. Tout le monde flippe, moi le premier. Mais d’où ça vient ? On ne sait pas, d’un laboratoire… On n’en sait rien. D’ailleurs, ils ne cherchent même plus… Normalement, tu cherches la souche, mais là, non… Après il y a eu toute ces mesures. Alors est-ce que le covid a eu une influence ? Oui, il a même rajouté une dimension supplémentaire à ce que je pensais depuis 2010. Et tout s’est articulé. Même si je ne sais pas si tout ça était voulu ou pas, il y a un putain de virus qui nous a fait chier et il y a eu des conséquences. On était tous en danger. Il y a eu des lois liberticides, mais en même temps, on ne savait rien… Ça a été fait dans l’urgence, d’accord. On ne pouvait pas faire des études pendant 6 mois ? Il y a toujours des volontaires pour faire ce genre de choses. Il y a toujours des gens prêts à subir des tests pour la science. Pas moi ! Ah, non, à moins qu’il y ait un groupe placebo et qu’on me dise que j’en fais partie. Mais ça ne marche pas si tu le sais ! Aujourd’hui, il y a des études qui ont été faites qui ont prouvé que la distanciation sociale ne servait à rien. Les Japonais ont fait une étude sur le port du masque : au bout de 4 heures, je ne te dis pas ce qu’ils ont trouvé dedans. Le masque, c’est pour les malades. Celui qui est en bonne santé, il veut porter un masque ? Pas de soucis !

Comme les Japonais, ils portent un masque pour protéger les autres…

Exactement. Maintenant, je comprends qu’on l’ai demandé dans l’urgence, mais il y a des décisions aberrantes… rappelle-toi, à un moment, tu pouvais aller boire un verre au bar. Mais « si vous buvez debout, c’est bon, mais pas assis ». Donc, si tu es un nain, tu ne peux pas aller dans les bars… Je ne connais pas les solutions, mais je demande juste qu’on nous donne des faits.

En tous cas, cette période a impacté ton état d’esprit, ta façon d’écrire, et le résultat c’est en partie Tenace.

Ça m’a rendu fou, oui ! Tenace, ça signifie « toujours là, toujours debout », et encore plus résigné à résister. Le covid m’a amené à cette réflexion : on était à l’apogée de ce qu’on peut appeler « l’état profond », cette espèce de main invisible qui gouverne et qui place ses pions. C’est pas un mal d’avoir de l’argent et de vouloir placer les gens qu’on apprécie à certains postes. Macron, Schiappa et tous ceux-là font partie d’un club qui s’appelle Young Global Leaders, les jeunes leaders du monde. En Angleterre, partout dans le monde il y en a. C’est une élite choisie par qui ? Par le forum économique mondial.

Stop ! Pause, sinon on est là jusqu’à la fin du concert ! Et j’ai d’autres questions…

Oui, tu as raison ! Mais allez faire des recherches sur ce forum et ce « club ». Ils ont dit, écoute-moi bien « en 2030, vous ne posséderez plus rien et vous serez heureux ». En fait, ce qu’ils veulent, c’est que tu sois locataire à vie de tout ce que tu as. Voiture, maison…

Revenons à Mass Hysteria. Le groupe est assez stable depuis quelques années, depuis l’arrivée de Jamie. Comment analyserais-tu l’évolution du groupe entre vos deux derniers albums, Maniac et Tenace ?

Alors… Avec l’arrivée de Jamie à la basse il y a plus de 5 ans et celle de Fred il y a bientôt dix ans… Là, c’est notre dixième album. Au huitième, Matière noire, je pensais arrêter. Je venais de perdre mes parents, c’était le huitième album, pour moi le 8 c’est le signe de l’infini. Je me disais que, symboliquement, il pouvait se passer quelque chose, on a un disque d’or – on est les seuls à en avoir reçu un dans ce style de musique en France avec Trust et No One, je crois. Donc, Matière noire, c’était en… 2012 ? 2014 ?

Non, c’était en 2015… Il y a L’enfer des dieux, titre tristement prémonitoire…

Oui, merci… C’est vrai, il y a des repères mnémotechniques en plus ! Sur cet album, Jamie venait d’arriver, et je dis à Yann, avant le début de la tournée, que je pense que c’est ma dernière. Je sortais d’une période pas facile, j’avais plus mes parents, et je lui dis que c’était peut-être la fin de quelque chose, que je devais peut-être passer à autre chose… C’est une aventure de 20 ans, quand même, ça se réfléchit… Yann me dit « OK, je respecte, pas de soucis… » et tous les week ends, il me pose la question : « alors, tu es sûr, tu arrêtes ? » Oui, oui. Et puis, ça s’est emballé, il y a eu une espèce de truc avec cet album, les salles ont commencé à plus se remplir, c’était le début de ce qu’on connait aujourd’hui… Là, je me suis dit qu’il y avait peut-être un signe… Je suis dans un esprit un peu dissidence, tu sais.

Non, c’est vrai ?

(Rires) oui ! Et donc je me suis dit que ma place était peut-être toujours là. Yann vient me voir au bout de trois ou quatre mois et me demande « alors, tu en es où ? Tu arrêtes toujours ? » Ah, ta gueule, me fais pas chier ! (Rires) Ben non, j’arrête pas ! Là, je planais, j’étais sur un tapis volant, à 30 cm du sol ! J’avais besoin de ça, j’avais perdu mes parents – je n’en parle jamais, ça fait bizarre…

Tu en parles parce que ça explique un état d’esprit, tu vivais quelque chose de difficile, tu avais besoin de remettre les compteurs à zéro, ce qu’il s’est passé…

Grâce au public, et grâce à mon groupe, oui. J’étais porté par le public et mes gars. Dans ma tête, j’avais trouvé mon envie. Je ne veux pas faire de psychologie de bazar, mais quelque part j’avais perdu mes parents et je les ai retrouvés : le public, c’est mon père, le groupe ma mère. Je me suis demandé pourquoi j’avais pensé un jour arrêter. Qu’est-ce qui m’est passé par la tête ?

En fait, la plus grande évolution, c’est plus entre Matière noire et Maniac qu’entre Maniac et Tenace ?

Ouais, absolument !

Entre ces deux derniers, il y a plus une sorte de stabilité, de continuum qu’il n’avait pas sur les albums précédents.

Voilà, c’est ça !

Si tu devais aujourd’hui ne retenir qu’un seul titre des deux volets de Tenace pour expliquer à quelqu’un qui ne vous connais pas ce qu’est Mass Hysteria aujourd’hui, lequel serait-ce ?

De Tenace ? un seul titre ? C’est dur, parce qu’il y a un titre qui nous représente au niveau de l’état d’esprit mais pas forcément au niveau musical : L’art des tranchées. J’explique ce qu’on est, ce que le public metal est. « On ne connait pas l’art, l’art ne nous connait pas ». Le metal n’a pas besoin de télé, de radio, ça n’empêche qu’en France, il y a un des plus gros festivals de metal. Dans les années 90, il y avait encore du metal à la télé, plus maintenant. Pour moi, L’art des tranchées, c’est un des morceaux qui nous représente le plus. Et en plus le titre, c’est aussi l’histoire du metal, qui a avancé pas à pas et creusé son sillon… Metallica a fait beaucoup, c’est un peu les Beatles du metal…

Les Beatles avaient leur album blanc, Metallica (il termine avec moi)…

Leur album noir ! Absolument, merci !

Mass Hysteria est aujourd’hui l’un des plus importants groupes en France. L’industrie musicale est en crise depuis quelques années. Est-ce que ça a eu un impact sur le financement de Tenace ? Est-ce que, comme ce fut le cas il y a encore peu, vous avez un label, Verycords, qui a financé l’enregistrement ou avez-vous dû mettre vos deniers pour cet enregistrement ?

Non. On aurait aimé s’autoproduire, financièrement, on ne l’a jamais fait. Mais on a la chance d’avoir un label qui nous finance. Pas avec des budgets pharaoniques, mais assez confortables. On est entré chez Verycords en 2010 pour L’armée des ombres, album qui a rencontré un certain succès. Ils étaient contents, on a resigné pour un autre album, Matière noire qui a très bien marché, et on a continué. On a un rapport de confiance avec eux depuis cinq albums, même si on n’a pas un budget illimité non plus, il y a une vraie symbiose. Je reviens à ta question de savoir en quoi le covid a influencé Tenace: on a eu plus de temps pour réaliser cet album, d’où les 14 titres. Si on n’avait eu moins de temps, on n’aurait pu enregistrer que 10 morceaux. On a eu plus de temps, et grâce à notre label, on n’a pas eu à s’autofinancer. On gagnerait plus d’argent, en s’autofinançant. Soyons clairs : moins il y a d’intermédiaires, plus il y a de bénéfice. Mais on n’est pas assez bons pour épargner (je ris). C’est vrai, c’est un cauchemar ! Par exemple, le cachet du Hellfest, la dernière fois – en 2019 – on a tout mis dans le show du Hellfest : la vidéo, la pyrotechnie, on avait une équipe de 24 personnes alors qu’en tournée, on est 12. On jouait une heure, on avait 24 techniciens, ça nous a coûté un bras, des dizaines de milliers d’euros. Au lieu de faire un peu moins, de garder un peu de bénéfice, on a tout claqué !

Aujourd’hui, Mass Hysteria a une position enviable, voire enviée, alors est-ce que vous vivez de votre musique ou avez-vous des activités complémentaires annexes. Je sais que Yann a une activité sportive, mais les autres ?

Oui, Yann est coach sportif. Il n’y a que Rapha, le batteur, et moi, qui n’avons pas d’activité annexe. Je suis avec ma femme depuis 30 ans et je pense que si j’étais seul, je serai obligé d’avoir un taf à côté. Grace à elle, je n’en ai pas besoin. On vit raisonnablement. On vit bien avec Mass Hysteria, mais pas assez bien pour vivre à Paris. Si on n’avait pas 2 salaires, on ne pourrait pas vivre à Paris. En plus, la qualité de vie… Je suis Breton, et j’ai envie de rentrer en Bretagne. On est en train de faire les démarches, ça va nous prendre deux, trois ans… Mais oui, on vit de notre musique mais certains ont des activités annexes parce qu’on ne gagne pas assez pour vivre à Paris.

Fred est aussi producteur, très actif dans son domaine. Que fait Jamie ?

Je ne sais pas si j’ai le droit de le dire mais il est technicien à la télé. Pour la Star Ac’, The Voice, par exemple. C’est lui qui se charge d’installer le matos, batterie, guitare…

Le chanteur de Disconnected a aussi d’autres activités de chant hors metal, il est prof et interviens, je crois, dans des comédies musicales plus pop…

Ah ouais ? C’est cool !

Est-ce qu’on parle du 29 juin ?

(longue pause)…Le 29 juin ?

Oui, le 29 juin 2024, Mass Hysteria sera de retour au Hellfest et va jouer avant Metallica. Je dis bien avant, vous serez sur la même scène, Main 1, et pas intermédiaire sur la Main 2… Comment se prépare-t-on à jouer en « ouverture » de Metallica ?

Alors, déjà qu’on s’était mis une pile sur le Hellfest 2019, là on a un cachet confortable donc on va faire pareil. On ne peut pas faire moins, en plus, on va jouer plus longtemps. On est en train de réfléchir à la scénographie.

A ce moment Fred arrive dans la pièce. Je l’invite à nous rejoindre

La question que je posais à Mouss est : comment on se prépare pour une date comme celle du 29 juin qui arrive ? J’imagine que ça met une certaine forme de pression…

Fred : On se prépare déjà un peu mentalement ! On le sait depuis un moment, mais, oui, il y a une pression. On n’a pas encore entamé la partie technique, mais c’est dans 6 mois…

Moins de 5…

Ah, oui, moins de 5 ! Le temps passe vite (rires). On l’a déjà fait, donc on n’est pas perdus, mais oui, tu as raison, il y a une certaine pression. Ça augmentera sur le mois précédent le concert. Mais on a une équipe technique qui est super, à fond sur les lights, la scénographie. La technologie fait qu’on peut préparer un show en avance. Thomas, notre lighteux, bosse beaucoup sur ce genre de choses. On peut voir la gueule du show avant de l’avoir fait. Et avant le concert, on va faire une résidence dans une sorte de hangar assez grand. Je ne sais pas s’il y aura des particularités, des featurings. On va faire le show de Mass Hysteria, point.

Il y a un autre concert qui est important, c’est celui que vous donnerez le 25 janvier 2025 au Zénith de Paris. C’est quand même assez exceptionnel pour un groupe français, dans ce style de musique, d’annoncer un tel concert plus d’un an à l’avance. Ce sera la fin de la tournée, est-ce que pour l’occasion, vous prévoyez quelque chose de particulier ?

On l’avait déjà fait sur la tournée d’avant, mais malheureusement, ce jour-là, il y a eu la grève des transports… On a fait un score malgré tout correct. Les gens sont venus à pieds, se sont débrouillés… On avait fait quelque chose de particulier. Tu sais, ce n’est pas des plateaux qu’on fait tous les jours, mais quand c’est notre show sur une grosse scène, pas un festival, il faut qu’on intègre des choses spéciales. Techniquement, ça nécessite un peu plus de mise en place, mais nous, on déroule le show comme d’habitude. On reste nous-mêmes ? Est-ce que c’est pour ça qu’on arrive à des plateaux aussi gros, je ne sais pas… Je me méfie clairement de la technologie.

C’est bien, c’est le producteur qui dit qu’il se méfie de la technologie !

Je vais voir des groupes modernes, Architects et d’autres il y a peu, et je me suis emmerdé… Le son est parfait, ça part dans tous les sens, il y a 50 voix en même temps, c’est du play-back, c’est froid, il n’y a pas de contact avec les gens. C’est notre maitre mot, le contact humain, ce que ces groupes-là ont un peu oublié. C’est bien beau la technique, d’avoir de belles lumières et tout, mais sans le côté humain, ben… Tu t’emmerdes… C’est quelque chose qui ne se travaille pas, tu l’as ou pas.

Mass Hysteria est suffisamment important aujourd’hui pour s’offrir une tournée des Zéniths. Pourquoi ce choix de tourner intensivement dans des petites salles ?

Mouss : Je ne crois pas qu’on puisse autant remplir les Zéniths que ça. On va faire celui de Paris, l’Arena de Brest, aussi, peut-être celui de Lille. Mais, pour nous, les petites salles ça reste notre format maximum. Tu es proche du public. Si on ne faisait que des Zéniths, ça m’embêterait. Ce n’est pas pareil de faire que des Zéniths ou que des SMAC. On a fait les deux… Par exemple, avec Le gros 4, on n’a fait que des Zéniths, c’était mortel parce qu’il y avait 4 groupes.

Et ce n’était pas tous les soirs la même tête d’affiche…

Voilà, et il y avait une ambiance, on s’est éclatés !

Fred : Et les gens venaient participer à une grosse fête.

Mouss : C’était après le covid, c’était un peu compliqué. On faisait 3.000 personnes par soir il y avait quatre groupes. Je ne sais pas si Mass Hysteria, tout seul, pourrait le faire.

Fred : C’est pas sûr, non… Là, on passe dans les salles locales, avec une moyenne de 1.000 places. Si c’est complet, on est déjà contents. Passer à 6.000, de temps en temps, OK…

Mouss : Comme on fait pour la date à Paris. C’est presque un Zénith pour nos 30 ans. Plus qu’un Zénith pour la tournée Tenace, celui-là va clore la tournée mais il célèbrera aussi nos 30 ans.

Je reviens à une question que j’ai déjà posée à Mouss : Fred, si tu devais ne retenir qu’un seul titre de Tenace 1 et 2 pour expliquer ce qu’est Mass Hysteria aujourd’hui, ce serait lequel ?

Fred : Un seul sur les 14 ? C’est compliqué… Il s’est passé tellement de choses dans le studio que c’est difficile… Tenace, quand on l’a fait (Mouss réagit avec un « aah ! Pas mal, pas mal » approbateur), on sentait qu’il se passait quelque chose de particulier il est accordé comme on ne l’a jamais, fait, il a une texture particulière… Il y a des morceaux, comme L’enfer des dieux, tu les fais et dans l’après-midi, tu sais que tu tiens quelque chose. Oui, Tenace

Mouss : Oui, Tenace, dans le fond et dans la forme, ça peut le faire. Moi, j’ai dit L’art des tranchées, mais je pensais plus au fond, au texte…

Si vous deviez maintenant penser à une devise pour Mass Hysteria, ce serait quoi ?

Mouss (sans hésiter) Positif à bloc…

Fred : Oui, très bien !

Sans surprise… une dernière chose : si aujourd’hui Mass Hysteria devait – pas pouvait, « devait » – réenregistrer avec le line-up actuel un des albums de Mass, ce serait lequel ?

Fred (il rit) : Alors, je sais ce que Yann voudrait…

Mouss : Oui, moi aussi !

Mais vous ? Yann n’est pas là…

Mouss : Ça tombe un peu sous le sens… l’album noir (2005), le quatrième album, celui qui a suivi De cercle en cercle (2001)

Fred : Effectivement, c’est la vision de Yann. Moi, je l’aime bien tel qu’il est. Il aurait voulu que ce soit un son plus moderne, machin truc…

Mouss : Moi aussi, je l’aime bien. Entre nous, je suis sûr que, si on le refaisait, il ne serait pas aussi bien que l’original… (Fred confirme) Rappelle-toi : Suicidal Tendencies, leur premier album avait un son naze. Ils l’ont refait quinze ans après, avec des zicos de ouf… mais… Il n’y a plus le même son, c’est moins bien. Il n’y a plus l’authenticité d’avant.

Mais si tu devais…

Ah, je ferai celui-là !

Fred : Moi, je referais Une somme de détails (2007), parce que c’était ma première fois avec eux en production et que j’entends ce que je pourrais faire sonner mieux. Mais je pense qu’il faut aussi laisser les choses là où elles sont. C’est un peu le syndrome de la démo : tu t’y habitues pendant un an, après tu l’enregistres avec un super son… Oui, mais c’était mieux à tel endroit… Tu l’as écouté plus que l’album, en fait. Il n’y a pas le même charme, tu t’es habitué aux défauts de l’album. L’album noir, pour moi, il n’a pas de défauts, il a une couleur. C’est aussi une partie de l’histoire du groupe, ça monte et ça descend. C’est bien, dans la vie d’un groupe qu’il y ait des hauts et des bas…

Mouss : Au moment d’enregistrer un morceau, tu es en pleine création, dans la psychologie de l’enregistrement de l’album. Si tu le refais 10 ans après, tu ne pourras pas être dans cet état d’esprit, l’intention ne sera pas pareille, ton humeur non plus, tu feras peut-être ça avec un peu de distance… Après, il faudrait qu’on essaye quelques titres pour voir. Après, se lancer sur un album entier ? Ou alors, faire un best-of, mais tu réenregistres tous les morceaux du best-of.

Fred : Ce que vient de faire Tagada Jones…

Mouss : Mais non ?

Fred : Si, je viens de faire 15 titres avec eux, il n’y en a qu’un de nouveau et ils ont réenregistré les 14 autres. Il y en a qui rendent super bien… Certains, ça marche mieux, même !

Avez-vous quelque chose à rajouter, tous les deux ?

Mouss : simplement merci Metal-Eyes, merci aux lecteurs du webzine. Merci de suivre la scène française et les actus musicales. Et, surtout : restez positifs à bloc !

Fred : Très bonne fin…

MASS HYSTERIA live à Orléans (L’Astrolabe, le 1er février 2024)

Retrouvez ici la galerie photos du concert.

Après une pause bien méritée de pas loin de deux mois, Mass Hysteria reprend le chemin des salles pour la seconde partie de la tournée Tenace. une tournée qui débute ce 1er février par un Astrolabe d’Orléans archi-complet.

Quelques heures avant le concert, alors que je me rends à la salle pour une interview, je reçois un appel de Sabrina, l’attachée de presse du groupe, m’informant que Yann (guitare) et Mouss (chant) sont « patraques, et ils préfèrent se reposer à l’hôtel…Tu peux faire l’interview avec Fred, Rapha ou Jamie, ou… on annule? » Peu importe, je suis à quelques minutes de l’Astrolabe, et mes questions sont prêtes. L’important est qu’ils se remettent en forme pour ce soir. Cependant, arrivé à la salle, c’est bien Mouss qui insiste pour faire cette interview, à découvrir sous peu. Il semble en forme, mais ce n’est pas le cas de Yann. Forcément, on s’interroge sur le maintien ou non de cette date.

Fort heureusement, on a affaire à des pro, et une première date ne s’annule ni ne se reporte aussi facilement. La salle est déjà bien pleine lorsque nous arrivons sur les lieux et Patent investit la scène.

Patent @L’astrolabe, Orléans, 1er fév 2024

Le groupe orléanais offre au public un metal rageur et énergique. Sa particularité est d’avoir en son sein deux chanteurs aussi énervés l’un que l’autre. Patent propose un metal brutal, explosif doté de vocaux plus hurlés que chanté dans un registre, sonore et visuel, qui parfois m’évoque Barney, le vocaliste pile électrique de Napalm Death.

Patent @L’astrolabe, Orléans, 1er fév 2024

Le public, cependant, reste assez passif et semble peu séduit par cette déferlante sonore. On n’aperçoit guère de bras levés dans la fosse . Il y a la queue au bar, d’ailleurs. Patent, toutefois, se donne autant que possible mais ne (me) laisse guère de souvenirs. Le public de Mass Hysteria peut certes se montrer exclusif, mais ceci explique-t-il à lui seul le manque de retours des spectateurs? Pas certain.

Patent @L’astrolabe, Orléans, 1er fév 2024

Les techniciens finissent de s’affairer sur la scène entourée d’un M et d’un H gigantesques alors qu’il est plus de 22 heures. Quinze minutes plus tard, les lumières s’éteignent et les cinq investissent les lieux, accueillis par les cris du public. Sous une lumière rouge, Mass veritas, premier extrait de Tenace, dernier « album » (un double Ep, en réalité) de Mass Hysteria, ouvre les hostilités.

MASS HYSTERIA @L’astrolabe, Orléans, 1er fév 2024

Qui a déjà vu le groupe en concert le sait: Yann est concentré à fond sur son jeu, et sa posture en impose, tout simplement. Ce soir, son comportement ne laisse en rien présager qu’il puisse être souffrant. Il attaque son manche et ses cordes avec rage et détermination jusqu’à tomber le sweat.

MASS HYSTERIA @L’astrolabe, Orléans, 1er fév 2024

Si, naturellement, la setlist met en avant Tenace part 1 et 2 (L’art des tranchées, Encore sous pression, tenace, L’inversion des pôles, Encore sous pression, ainsi que, joués pour la première fois sur cette tournée, Le triomphe du réel et L’émotif impérieux), le groupe se concentre également, surtout, sur ses dernières productions.

MASS HYSTERIA @L’astrolabe, Orléans, 1er fév 2024

Avec 4 titres chacun, Maniac et Matière noire sont largement représentés (Vae soli, Nerf de boeuf, Reprendre mes esprits et Se brûler sûrement pour le premier, Vae soli, L’enfer des dieux, Tout est poison et, pour clore la soirée, Plus que du metal du second) qui sont aujourd’hui des hymnes incontournables que le public reprend avec force voix.

MASS HYSTERIA @L’astrolabe, Orléans, 1er fév 2024

On retrouve aussi d’autres extraits, aujourd’hui des incontournables de Mass, tels Chiens de la casse, Positif à bloc et Plus que du metal. Si toute la discographie n’est pas représentée ce soir, on apprécie les lumières qui, elles aussi, sont aussi à la fête, chaque titre bénéficiant d’une scénographie, ou plus exactement d’un light design soigné et personnel. Le décor, sobre et travaillé à la fois, en bénéficie autant que les musiciens qui se prêtent au jeu des mises en ombre et en lumière.

MASS HYSTERIA @L’astrolabe, Orléans, 1er fév 2024

Mouss est bavard, comme à son habitude, remerciant – peut-être un peu trop – le public avec des « c’est grace à vous qu’on est ici, vous qui bossez, c’est un honneur, un privilège d’être là ce soir« … et en profite pour expliquer que Yann est malade comme un chien, avec « 49°3 de fièvre« ! Il a même failli ne pas pouvoir jouer ce soir. « On a demandé à notre technicien, Charles d’apprendre les lignes de basse. Comme ça, Jamie aurait joué à la place de Yann. Oui, il est bassiste mais il joue aussi de la guitare. Mais finalement Yann est là! Merci Charles! On ‘a fait bosser pour rien! » Le chanteur joue également, comme il aime le faire, avec le public, l’invitant à tourner, même à « tourner en rond » et on lui souffle à l’oreille de… « hein? Un circle pit en sortant par cette porte et vous revenez par l’autre!« , idée insufflée il y a 18 mois par Crisix mais qui surprend Mouss. Et voilà une chenille qui s’élance par une porte pour revenir par l’autre, envahissant au passage l’espace bar dans un joyeux bordel!

MASS HYSTERIA @L’astrolabe, Orléans, 1er fév 2024

Le concert continue aussi bouillant qu’il a commencé, avec des slammers qui montent sur scène, certains ayant du mal à la quitter, même si gentiment invités par un des roadies. Mouss se prête même au jeu sur les rappels, proposant d’y aller avec l’un des gaillards. Allez, un, deux, trois, et… le chanteur reste derrière.

MASS HYSTERIA @L’astrolabe, Orléans, 1er fév 2024

Mass Hysteria, bien qu’une des formations les plus influentes du circuit français, sait rester simple et proche de son public. C’est un des éléments qui fait la force de ses concerts. Ce soir ne déroge pas à la règle, Mass nous ayant offert un show puissant, humain et mémorable. Un concert qui se termine d’ailleurs avec une scène sur laquelle grimpent des ados que Mouss invite, les présentant comme la génération de notre avenir. On attend maintenant de les retrouver au Hellfest et, plus tard, au Zénith de Paris qui promet d’être une grande fête célébrant les 30 ans du groupe. Superbe soirée, de bout en bout!

MASS HYSTERIA @L’astrolabe, Orléans, 1er fév 2024

Merci à Sabrina Cohen Aiello et Veryshow d’avoir rendu ce report possible

Retrouvez ici la galerie photos du concert.

MASS HYSTERIA live à Orléans: la galerie

Retrouvez ici le live report complet

Retrouvez ici le live report complet

MASS HYSTERIA: Live Hellfest 2019

France, (plus que du) Metal (Verycords, 2019)

N’ayant pu assister au concert parisien de Mass ce 6 décembre à Paris à cause de la grève des transport, et n’ayant pas encore pris le temps d’en parler, sans doute est-il temps de revenir sur ce Live Hellfest 2019. Annoncé depuis 2018 comme le plus grand concert de Mass Hysteria de tous les temps, la formation de Mouss ne pouvait se permettre de ne pas immortalisé l’événement. La scène cachée derrière un énorme ride blanc flanqué du logo du groupe, le public s’impatiente et exulte lorsqu’est annoncé le nom du groupe. Reprendre mes esprit installe le quintette avant un explosif Positif à bloc sur lequel Mouss invite le public à « tournez, tournez et ramassez ceux qui tombent ». Et d’enchaîner avec World on fire, qu’il dédie « aux gilets jaunes authentiques, et pas à ces enfoirés de black blocks ».
Mass Hysteria bénéficie d’un avantageux créneau – de 22 à 23h05 – lui permettant de jouer alors que la nuit ne s’est pas totalement installée et que le public n’est pas encore tout à fait cramé. Mais cette grosse heure force le groupe à proposer une setlist qui va à l’essentiel. Tous les plus importants titres y passent. De Vae Soli à Contradiction en passant par L’enfer des Dieux (toujours dédié aux victimes du terrorisme et qui me file toujours autant le frisson) et Chiens de la casse, rien n’est laissé au hasard, certainement pas le final composé de Plus que du metal et Furia, classique certes, mais toujours aussi efficace. Les moyens techniques sont sortis pour capturer le plus de scènes possible: chaque musiciens, comme toujours au Hellfest, est au centre des images, au même titre que le public grâce à de belles plongées de Louma et des vues de la grande roue. Mouss cherche le public avec énergie. Une énergie décuplée grâce à des effets de lumière, de fumées et une pyrotechnie omniprésents. Le feu et le Hellfest, c’est une longue histoire, et à la tombée de la nuit, le rendu est encore plus impressionnant.
Si ce CD/DVD est indispensable ne serait-ce que par sa puissance de feu et parce que Mass est aujourd’hui un des meilleurs groupes français de tous les temps, le DVD propose également le concert de Mass au Hellfest en 2013 ainsi qu’un lien vers le concert de 2019 en réalité virtuelle. Une expérience unique qui attirera les plus curieux. Et comme les fêtes approchent eh bien, ce Live Hellfest 2019 constitue un cadeau idéal pour tout amateur de décibels.

MASS HYSTERIA live à Blois (le 28 février au Chato d’O)

Mass Hysteria, live, c’est toujours explosif. Pas étonnant que les fans soient surnommés « les Furieuses et les Furieux ». Et cela semble une telle évidence pour qui a déjà assisté à un show des parisiens… Même si on se frotte les mains à l’idée de retrouver Mouss et sa bande en juin au Hellfest, comment rater le passage des 5 à Blois, à côté de chez moi, hein? Petite mise en jambes pré-estivale qui permet de prendre la température.

Prévu à 20h30, le groupe de première partie m’est, comme à beaucoup d’autres semble-t-il, inconnu. Sbrbs – pour « suburbs », les voyelles en moins comme vous l’aurez compris – est un trio breton basé à Rennes. Musicalement, le groupe surprend dès le départ car il est à l’opposé de ce que propose la tête d’affiche: un rock doux et léger. Le public reste quelque peu à l’écart de la scène, en observation, et approuve poliment ce qu’il entend.

Si Sbrbs est « tout petit », la chanteuse est à l’aise malgré un trac palpable. Ce qui ne l’empêche nullement d’aller chercher le public, de le remercier ou de lui raconter son histoire. Celle quand, habitant chez ses grands parents, elle trouve des CD dans une boite, parmi lesquels Master of puppets, Gojira, Lofofora et… Contradiction de Mass Hysteria. « Et maintenant on est là! » Le trio, après ce petit speach, propose un final de deux titres plus brutaux, plus foncièrement rock et rentre-dedans avant de quitter la scène, tout sourires. Une mise en bouche étonnante et néanmoins sympathique.

 

Le staff s’active pour le changement de plateau cependant que le public comble le vide et s’amasse devant la scène. Les « ego risers », ces estrades sur lesquelles les Mass Hysteria aiment se positionner tout au long de leurs prestations, sont placés derrière les retours. C’est une scène sobre qu’investissent les 5 musiciens à 22h – eh, oui, nous sommes en province, à l’écart des habitations. On joue un peu plus tard, ici! Et les gaillards attaquent fort, avec un Reprendre mes esprits qui dynamite le public. Mouss, qui a naturellement salué « les Furieux et les Furieuses », arpente la scène de long en large, Yann est toujours aussi concentré et agresse son instrument pour le moment encore caché sous la capuche de son sweat (il ne tardera pas, tout comme Mouss, à s’en défaire, tant la chaleur monte).

Les (2) photographes sont mis à l’épreuve, la scène baignée de lumières bleues et rouges – tout ce qu’on n’aime pas – et les musiciens étant haut perchés obligeant les dos, nuques et épaules à forcer dans des positions contraintes inhabituelles. Mais on fait avec et on s’adapte. Fin de parenthèse.

Après Vae soli!, le chanteur offre une bière à un spectateur puis va en chercher plusieurs qu’il distribue tout en remerciant le public d’être aussi nombreux. « Vous êtes vraiment des Furieux pour venir ici un jeudi soir! » Une somme de détails suit, et Mass Hysteria nous offre un défilé de classiques mêlés à ses plus récents morceaux extraits de Maniac, dernier album en date (Reprendre mes esprits, Chaman acide, Se brûler sûrement, Arômes complexes).

Mouss est en forme, comme toujours, et offre quelques saillies à la politique actuelle (Chaman acide est « une spéciale dédicace à Trump, Macron et tous les cons qui nous gouvernent », tandis que Positif à bloc est sujet à faire un mini Hellfest avec un mini circle pit (dans une salle de 600 personnes, c’est un peu le rayon d’un compas de collégien!). Après Se brûler sûrement, Mouss interpelle avec le sourire le chef plateau, lui réclamant des bières: « Faut dire, j’ai tout distribué sur les premiers titres. Le con, il donne tout dès le premier morceau! Maintenant j’en ai plus! » L’enfer des dieux est quant à lui dédié « à tous ceux qui sont partis trop tôt parce qu’ils étaient libres ».

Ne faisant pas comme tout le monde, Mass place un de ses nouveaux titres au cours du rappel (Arômes complexes) suivi de l’incontournable Plus que du metal. Le public qui a encore de l’énergie à revendre continue de sauter sur Donnez vous la peine et Furia qui vient conclure un concert, le quatrième passage de Mass Hysteria dans cette salle depuis les débuts du groupe, qui n’est qu’une mise en bouche: vivement que l’on retrouve Mass Hysteria au Hellfest,  pour une journée du vendredi 100% metal français, avant de retourner le Zénith de Paris le 6 décembre prochain. En attendant, Mass continue de sillonner la France, il y en aura donc pour tout le monde, dont une « Nuit de l’enfer » qui viendra cloturer le Warm-up Hellfest le 30 avril prochain au Zénith de Nantes.

 

Merci à Verycords d’avoir rendu ce report possible.

 

HELLTERVIEWS – Spécial Interviews @Hellfest 2016

Au delà des concerts, le Hellfest est aussi un club de rencontres et le lieu révé pour faire, même rapidement, connaissance avec des artistes qui y donnent, ou non, un concert. Cette première vague de « Hellterviews » vous propose de retrouver les joyeux drilles d’Audrey Horne ainsi que les Frenchies de Mass Hysteria, Sidilarsen et Nightmare. A vous!

 

AUDREY HORNE

Rencontre avec Toschie (voc) et Isdal (gtr). Propos recueillis au Hellfest le 17 juin 2016

Audrey Horne

Metal-Eyes : Quelles sont vos premières impressions après ce concert matinal au Hellfest ?

Toschie : C’était fun… Il y avait du monde. D’habitude, quand tu joues aussi tôt à un festival, tu te demandes s’il va y avoir des gens ou pas, mais il y avait du monde. Le public a eut l’air d’aimer, nous avons aimé… C’était une bonne journée.

Isdal : Vous vous levez tôt, en France !

Metal-Eyes : Oui, et le premier concert a lieu à 10h30 ici.

Isdal : Je sais ! En Norvège, personne ne viendrait aussi tôt

Toschie : Si tu organises un festival en Norvège, à 10h30, il n’y aura personne. Peut-être qu’à 20h le public viendra.

Metal-Eyes : N’est-ce pas un peu frustrant pour une formation comme Audrey Horne d’être programmée aussi tôt ?

Isdal : Bien sûr, on préfèrerait jouer plus tard, mais c’est un festival important. Mais on a une place assez bonne : on joue sur une des main stages, les gens sont là, devant.

Toschie : Si tu joues tard, les gens risquent de ne pas s’en souvenir… « Tu as vu Audrey Horne ? Euh… Je sais plus, j’étais bourré ! » Mais ceux qui viennent le matin, oui ! « Je m’en souviens, yep ! C’était bien ! »

Metal-Eyes : Quelles sont les nouvelles du groupes ?

Isdal : Nous terminons la tournée de Pure heavy, qui est sorti il y a bientôt 2 ans. On fait quelques festivals, puis on retourne en Norvège pour quelques concerts, et on se remet au travail. On a les nouvelles compositions. Voilà les plans : finir la tournée et enregistrer un nouvel album.

Toschie : Quelqu’un doit s’attaquer aux lignes de chant, c’est ça ? On a une cinquantaine d’idées de nouvelles chansons. Comme une sorte de compte bancaire pour les nouvelles chansons, et on y puise tout. On y place tout : il a une idée de riff, on le joue et on garde. 20 seconde de musique, qu’on place dans notre banque d’idée. On e s’assied pas pour écrire une chanson de A à Z, on prend les idées, on voit ce qui marche, et ce sur quoi on peut travailler un peu plus, ou pas. On procède ainsi tout au long de l’année, et pendant l’été, au début de l’automne, on se concentre sur ces idées. On devrait avoir suffisamment de chansons pour enregistrer l’année prochaine.

Isdal : En gros, on écrit beaucoup, des riffs, des idées, et il (Toschie) peut nous dire « non, je ne peux pas chanter là-dessus. Ecris autre chose », alors on écrit autre chose. Encore…

Metal-Eyes : Quand vous tournez, en dehors des shows en tête d’affiche, comment décidez-vous de la setlist ?

Isdal : On se bat jusqu’à ce que l’un gagne !

Toschie : Oui. Et quand on n’a que 30 minutes, on sélectionne : celle-ci est rapide, celle-là est une ballade, donc on la vire. On n’a qu’une demi-heure, et un set comme aujourd’hui, beaucoup de gens ne connaissent pas le groupe. Il faut que ça soit punchy, percutant. Et bien sûr, nous devons prendre du plaisir, aussi ; Quelles chansons voulons-nous vraiment jouer ? J’aimerai vraiment faire celles-ci. Ok, jouons-les, alors.

Metal-Eyes : Vous vous souvenez du premier festival où Audrey Horne à joué ?

Toschie : C’était un petit festival, en Norvège. Mais

Metal-Eyes : Le plus gros festival auquel vous ayez participé ?

Toschie : Je dirais le Hellfest et le Grasspop, en Hollande. On a joué en ouverture d’AC/DC, mais ce n’est pas un festival.

Metal-Eyes : Quel est l’endroit le plus étrange où vous vous soyez produits ?

Isdal : Il y en a plein en Norvège…

Toschie : Oui, mais tu te souviens cette salle à Manchester, je crois ? Il n’y avait pas de scène, ce n’était pas une salle. Il y avait ces portraits d’horreur… Un peu flippant, et certainement étrange.

Metal-Eyes : Merci pour cette interview vraiment express et j’espère que votre prochain album sera aussi bon que Pure Heavy!

Toschie : Merci, nous aussi, on l’espère (rires)

H – H – H – H – H – H – H – H – H – H – H – H – H – H – H – H – H – H – H – H – H – H – H – H 

MASS HYSTERIA

Rencontre avec Yann (Mass Hysteria), propos recueillis le 18 juin 2016 à Clisson (Hellfest)

Metal-Eyes : L’actualité de Mass Hysteria c’est une grosse tournée des festivals, vous étiez la semaine dernière au Download, hier au Hellfest. Il y a quelques concerts à la rentrée également, ainsi que la sortie d’un nouveau CD/DVD live. Dans quelles circonstances ce disque a-t-il été enregistré ?

Yann : On l’a fait sur notre date au Trianon. Il n’était pas du tout prévu qu’on l’enregistre, et quelqu’un nous l’a proposé, et le résultat est super bien.

Metal-Eyes :J’imagine qu’en plus du concert, ce DVD propose quelques bonus ?

Yann : Il n’y a pas grand-chose, en fait. A ce concert-là, on a joué tout l’album, Matière noire, en entier. Et il y a un petit reportage sur ce qu’il s’est passé l’après midi.

Metal-Eyes : Parlons un peu de la scène: hier vous avez voulu faire le plus grand Wall of death que le Hellfest ait connu. Mais un peu avant, vous êtes descendus, Mouss et toi, dans le public, ce que vous ne faites pas tout le temps.

Yann : C’est quelque chose qu’on a mis en place il y a quelques années et qu’on fait quand on trouve l’événement assez fort. C’est excitant de faire ça.

Metal-Eyes : Et ce Wall of death, vous êtes satisfaits du résultat ?

Yann : Oui, je n’ai pas encore vu d’images, mais on voulait un peut marquer le truc. Ca avait l’air assez cool. Celui de Dagoba était assez fort.

Metal-Eyes : Mass Hysteria est un groupe très engage. Comment faites vous pour entretenir cette rage qui vous anime ?

Yann : C’est la passion, après, ça vient naturellement. C’est une telle chance d’avoir Mass Hysteria qu’on n’a pas envie que ça s’arrête. Du coup, on ne se pose pas la question, on avance. Tant que les gens seront là.

Metal-Eyes : Mais d’un point de vue engagement politique, j’imagine qu’avec l’actualité que nous vivons en France, la loi El Komri, les attentats de l’an dernier, tout ça participle. Mais y a-t-il d’autres choses dans lesquelles vous puisez votre énergie ?

Yann : Mouss, il écrit des choses, il fait des bilans, et il essaie de dire aux gens de ne pas se laisser emmerder par tous ces soucis. Ce qui nous motive, c’est de dire aux gens de rester positifs. Tu peux rester positif, si tu éteins ta télé, passer du bon temps avec ta famille, aller à des expos, les cultiver, faire des choses. Si tu passes ta vie à regarder BFMTV, tu déprimes. Evidemment, il y a plein de choses qui vont mal, mais il faut voir autre chose aussi.

Metal-Eyes : Revenons à votre label, Verycords : j’ai l’impression qu’ils veulent tabler sur des produits CD/DVD. N’est-ce pas un peu risqué pour des groupes de faire ça étant dopnné l’état actuel du marché du disque ou est-ce, au contraire, un moyen de lutter contre cette morosité.

Yann : On fait pas attention à ça, parce qu’en effet, le marché du disque est catastrophique. C’est plus histoire de faire plaisir aux gens qui nous écoutent. Ce CD/DVD, on sait qu’on n’en vendra pas beaucoup, mais on sait que ça plaira aux gens qui étaient à ce concert. C’est des souvenirs qu’on aime bien garder, et quand on a la possibilité de les enregistrer, ça reste gravé. Un Olympia ou un Trianon sont des moments assez forts pour nous qu’on est fiers de pouvoir sortir en DVD et montrer aux gens.

Metal-Eyes : Revenons un peu en arrière, à des événements qui nous ont tous marqués, les attentats du mois de novembre 2015. Mass Hysteria a été parmi les premiers groupes à réagir, à vouloir continuer de faire du bruit. Est-ce que ça a impacté votre approche de faire de la musique ? Est-ce que ça a eu une influence sur votre manière de composer, ‘écrire vos chansons ?

Yann : Pas à ce niveau-là, non. On avait écrit un morceau avant qui s’appelle l’Enfer des dieux et qui parle exactement de ça. Le 13 novembre, c’était le jour du premier concert de notre tournée. On é tait dans le sud, et le lendemain on jouait à Toulouse. Quand on est arrivés au Bikini, le patron nous a demandé si on voulait jouer ou pas et nous a dit qu’il nous suivait, qu’on joue ou pas. On l’a fait, et je pense qu’on a eu raison parce que les gens en avait besoin. Quand on a joué L’enfer des dieux c’était assez fort, c’était un concert assez spécial.

Metal-Eyes : La semaine dernière vous avez joué à la première édition parisienne du Download. Quelles sont tes impressions au sujet de ce festival ?

Yann : J’ai été très agréablement surpris, je pensais que d’organiser ça une semaine avant le Hellfest c’était très risqué, en termes d’affluence. Mais il y avait beaucoup de monde, du coup on a été super bien accueillis, et le concert s’est très bien passé.

Metal-Eyes : Le lendemain, Reuno de Lofofora a fait une remarque quand il s’est rendu compte qu’il jouait en face des tours de la Défense. Vous y avez pensé ?

Yann : Je n’y ai même pas pensé…

Metal-Eyes : Pour terminer, quelles sont tes premières impressions concernant ce nouveau passage au Hellfest ?

Yann : Ca a été super. Tu sais, tu arrives ici, c’est un peu un rendez-vous spécial. On y a déjà joué deux fois, ça s’est super bien passé, et on se dit qu’il faut qu’on soit meilleurs. C’est un festival où je viens même quand on n’y joue pas. Ça fait une dizaine d’années que je viens tous les ans. Les gens étaient super réceptifs. Maintenant, continuez de soutenir les groupes français, d’aller aux concerts – pas tous, mais sortez – et achetez des disques.

H – H – H – H – H – H – H – H – H – H – H – H – H – H – H – H – H – H – H – H – H – H – H – H 

NIGHTMARE

Rencontre avec Nightmare – Yves Campion (basse) et Magali (Chant). Propos recueillis au Hellfest, le 18 juin  2016

Nightmare

Metal-Eyes : Avant que nous n’entrions dans le vif du sujet, je voudrais que nous revenions sur ce quo a motivé le départ des frères Amore.

Yves : Les raisons, c’est à eux qu’il faut les demander. Je n’aime pas trop m’étendre sur le sujet, c’est une longue histoire… Il y a 30 de boulot, ce n’est pas comme si on avait joué ensemble 2 mois. Ce qui est important, c’est le rebond, aujourd’hui. On aurait pu être très mal, mais on a pu rebondir grâce à Magali et trouver une nouvelle énergie.

Metal-Eyes : Qu’est-ce qui a motivé le fait de choisir une chanteuse pour Nightmare, qui a toujours eu un vocaliste masculin ?

Yves : Parce qu’on a une chanteuse qui chante du rock. On n’a rien contre les chanteuses qui chantent dans un registre opéra, Magali, elle, c’est une chanteuse qui chante avec des couilles. On la connaissait déjà, elle avait participé à un titre. Et c’est la meilleure chanteuse, capable de s’imposer dans Nightmare. C’est la numéro 1, autrement, il aurait fallu choisir un mec.

Metal-Eyes : Et toi, Magali, qu’est-ce qui t’a motivée dans ce choix de rejoindre Nightmare?

Magali : Il y a plusieurs choses qui m’ont motivée. D’abord, j’avais déjà travaillé avec eux comme Yves l’a mentionné. Humainement ça s’était bien passé et musicalement, j’avais kiffé. Donc le fait de pouvoir être à plein temps dans ce genre de musique, c’est un peu ce que j’attendais. Je me suis aussi rendue compte que j’aimais beaucoup la musique, et mes chanteurs d’influence, ce sont des hommes. Donc je suis très attirée par du chant puissant, avec du grain, mais pas que ça : j’aime pouvoir moduler aussi. Et dans Nightmare, j’ai cette possibilité. Je m’épanoui dans Nightmare.

Metal-Eyes : Quel est ton parcours, ton cursus musical?

Magali : Au niveau apprentissage ? Autodidacte et très fière. Passée par toutes les erreurs possibles et imaginables, dont les extinctions de voix, mais c’était il y a longtemps et j’ai fini par apprendre plusieurs technique pour pouvoir m’autogérer. Quand on est limité – et on l’est toujours – on ne profite pas pleinement de ce que l’on peu faire. Donc, autodidacte, et je me suis formée au fur et à mesure sur le terrain, et je fais aussi du coaching vocal. En apprenant aux autres à bien faire les choses, j’apprends aussi. C’est un échange.

Metal-Eyes : Vous allez jouer demain au Hellfest, assez tôt. Ce n’est pas un peu frustrant pour un groupe comme Nightmare, qui a une carrière de 30 ans, de jouer aussi tôt ?

Yves : Non. Après, si tu vois le line up des Main stages, après nous, il y a Orphaned land et DragonForce, on est assez bien lotis. Mieux qu’après King Diamond. On est très contents de jouer, et on ne va pas rentrer dans ces considérations.

Metal-Eyes : Que pouvez-vous nous dire de l’album que vous venez d’enregistrer ? Il est prévu pour quand ?

Magali : Il est prévu pour novembre. Je pense qu’il est très cohérent, c’est une suite logique de la série Nightmare, avec une voix différente. Des influences différente aussi. On a travaillé en symbiose en studio, on a beaucoup créé en studio de façon très spontanée, vraiment ensemble. On a balancé des idées et « que le meilleur gagne ». Au final, on sait plus qui a fait quoi parce que tout se tient et on s’en fiche.

Metal-Eyes : En quoi est-ce que l’arrivée de Magali a changé votre manière de composer ?

Yves : Déjà, je ne m’occupe pas des riffs de guitare. Mais la manière qu’elle a d’approcher une chanson, son timbre, sa voix, on était en phase. C’est un peu compliqué d’en parler, mais tu entendras le résultat.

Metal-Eyes : Tu le positionne comment cet album par rapport à l’ensemble de la discographie de Nightmare ?

Magali : Pour moi, il se distingue principalement au niveau des textes. J’y ai mis mon cœur, et je ne pourrais jamais ne pas mettre mon cœur dans les chansons. Je peux interpréter, chanter les anciennes chansons, mais ce n’est pas moi. La différence principale elle est là.

Metal-Eyes : De quoi parlent ces textes ?

Magali : C’est la surprise…

Metal-Eyes : Y-a-t-il des thèmes que tu refuses d’aborder ?

Magali : Oui, des choses dans lesquelles je ne crois pas. Qui me feraient sentir mal ou pas fidèle à moi-même. Des choses qui me mettraient mal à l’aise.

 

H – H – H – H – H – H – H – H – H – H – H – H – H – H – H – H – H – H – H – H – H – H – H – H 

SIDILARSEN

Rencontre avec Didou (chant) – Sidilarsen. Propos recueillis au Hellfest, le 17 juin 2016 2016

Metal-Eyes : ça fait quelques temps que Sidilarsen existe. Où se situe aujourd’hui le groupe sur la scène hexagonale ?

Didou : On se considère avant tout comme un groupe de rock. Mais on appartient à la scène metal parce qu’on a toujours eu un héritage metal. C’est difficile de parler de notre musique parce que c’est un métissage d’indus, d’électro, de metal, de rock… On fait partie de la scène metal française aujourd’hui, mais pour nous, le metal, c’est du rock. On aime bien dire qu’on est un groupe de rock français. Mais de rock dur, qui envoie, quoi !.

Metal-Eyes : Par rapport aux autres groupes, vous vous situez où ? Sidilarsen est encore très underground…

Didou : On reste un groupe indépendant. L’année prochaine, ça fera 20 ans qu’on tourne, on en est au 6ème album. On est au sein de la scène française avec No One Is Innocent, Mass Hysteria, Lofofora. Et on a la chance d’avoir un 6ème album, et ça n’a jamais marché autant, d’être signés chez Verycords qui le label de Mass Hysteria, The Arrs, No One, L’Esprit Du Clan… On est bien reconnu sur cette scène aujourd’hui, même s’il y a quelques médias, les « puristes », qui ont du mal, qui bloquent encore un peu parce qu’on n’arrive pas à mettre Sidilarsen dans une catégorie. Les gens aiment bien ranger dans des genres, sous genres et catégorie.

Metal-Eyes : Puisque tu en parles : vous avez été signés par Verycords qui est un label encore assez récent en France, mais qui bénéficie de la force de distribution de Warner. Comment avez-vous négocié ce contrat avec eux ?

Didou : Ca s’est fait naturellement. Pour nos deux premiers albums, on était signés sur des maisons de disques. On a voulu arrêter ce système, reprendre les rennes, car dans la façon de communiquer, de faire de la promo, on avait des idées, une vision, et on avait besoin de mener le bateau. On l’a faitr pendant plusieurs années, le groupe est devenu plus fort, on a beaucoup tourné – on est forts en live, on a un bon tourneur – et du coup on a eu de nouveau besoin de déléguer. On travaillait trop, avec mon frangin, le batteur. On ne peut pas avoir toutes les casquettes sans arrêt, tu t’épuises, et ça peut être au détriment de la musique. On avait besoin de se recentrer sur l’énergie de ce qu’on fait, de notre musique. De là, on démarché Verycords qui a vu le parcours du groupe, qui avait une assise, qui, sur le terrain, a un vrai écho. On a démarché, comme ferait n’importe quel groupe, et ils ont dit OK.

Metal-Eyes : Vous avez sorti, il y a quelques semaines Dancefloor bastards, qui porte très bien son nom d’après moi. Comment le décrirais-tu en comparaison du reste discographie ?

Didou : On aime bien dire, et penser, que c’est un album qui a été fait dans l’urgence. Mais la bonne urgence. C’est-à-dire que pour cet album, on n’a pas pris de recul : on a composé et on est tout de suite rentrés en studio, et on a mixé dans la foulé, alors qu’en général, avec Sidilarsen, on est soigneux, assez perfectionnistes, on aime bien enregistrer, prendre quinze jours de repos, revenir pour le mixage. Là on l’a réalisé avec Plume, qui avait fait Chatterbox, l’album précédent, qui était très léger, avec du gros son bien propre. Pour Dancefloor bastards, on voulait quelque chose de plus organique, sale, un peu plus vivant, rock n roll. Après, la prod reste soignée parce que Plume, c’est un mec qui aime bien rentrer dans les détail. Mais on n’a pas pris de recul : on a enregistré, tour à tour, chant, batterie, guitare, encore du chant, de la basse… On avait une configuration alterné, ce n’était pas le schéma habituel, l’usine. L’idée était de capter l’énergie de l’instant présent. On a beaucoup gardé les premières prises, les imperfections, pour garder cette énergie. Le public qui nous connait bien nous dit souvent que sur album, on ne retrouve pas l’énergie du live. Je pense qu’elle y est, sur Dancefloor bastards. Maintenant, c’est un album, du studio… J’invite quand même les gens à venir nous voir sur scène.

Metal-Eyes : Quels sont les projets immédiats de Sidilarsen en matière de tourné ? Car cet album, il faut le défendre !

Didou : La tournée démarre cet été avec une dizaine de dates en festival, ensuite, à l’automne, il y a une tournée ne France avec une vingtaine de dates, dont une à Paris, au Divan du Monde, et il y aussi une tournée en Russie, c’est la petite nouveauté. Et en 2017, on va continuer. On va bien le défendre cet album, je pense qu’on est parti pour deux ans.

Metal-Eyes : C’est une vraie tournée ou plutôt ce que j’appelle une tournée « des week ends » ?

Didou : A l’automne, c’est compact, il y a de gros enchainements, oui…

Metal-Eyes : C’est ce qui manque selon moi, en France, où beaucoup de groupes ne jouent que les samedis et dimanches…

Didou : Oui, il a beaucoup de groupes qui ménagent boulot et musique, ce qui est très compliqué. Nous, on est intermittents du spectacle, et on a la chance de pouvoir se consacrer quasi à 100% à Sidilarsen, parfois on fait des plans à côté, comme beaucoup, pour pouvoir faire les heures. Je pense qu’en France, il y a un peu moins cette culture, comparé à d’autres pays. Par exemple, en Allemagne, c’est normal d’organiser un concert un lundi ou un mardi, en France, moins. Ça se fait, mais c’est plus difficile de remplir une salle et il y a aussi les enjeux économiques.

Metal-Eyes : Ne faudrait-il pas voir les choses de l’autre côté, et se dire que c’est le public qui trouve « anormal » de sortir un lundi ou un mardi ?

Didou : Oui, bien sûr, mais le programmateur, le tourneur, il raisonne, il fait des équations… Les locations sont chères, il faut payer les musiciens, donc l’équation c’est : un lundi soir est plus compliqué qu’un vendredi soir. Mais ça se fait quand même : on sera à Paris un mardi, le lendemain, on sera à Limoges, ensuite, Toulouse, Lyon…

Metal-Eyes : Si tu devais ne retenir qu’une chanson de Dancefloorbastards qui serait représentative de ce qu’est le groupe aujourd’hui, tu retiendrais laquelle ?

Didou : Dancefloor bastards. Parce que au niveau du texte, elle est plus légère que le reste de l’album, et elle défini bien Sidilarsen : elle dit « on est resté au Sud sous vos sirènes ». A un moment donné, dans la carrière d’un groupe, on peut se demander s’il vaut mieux s’installer à Paris pour gagner du temps, et en fait, on a une qualité de vie à Toulouse qu’on apprécie beaucoup et qui fait partie de notre identité. On a un son spécifique te sur ce titre il y a cette alchimie entre l’électro, le côté dansant, un peu imparable au niveau de l’efficacité. Cette chanson nous défini bien, dans un an, on fête nos 20 ans, un moment clé de la carrière du groupe, et on a eu envie de redéfinir, de réaffirmer ce que l’on est. Les salopards du dancefloor, ça nous défini bien…

Metal-Eyes : Une des influences de Sidilarsen est Rammstein. Tu as pu les voir, hier ?

Didou : Oui, oui, bien sûr ! C’est vraiment du très bon spectacle, ça me fait plaisir de les voir revenir. Il y aura un album l’année prochaine, je ne sais pas. C’est un groupe que je respecte parce que, elles ne sont pas si nombreuses les têtes d’affiches, à tout réinvestir dans le show, la générosité. Parfois, il y a des groupes qui proposent des gros shows, mais des shows un peu m’as-tu-vu, pas assez pensés. Le show industriel. Eux, c’est démesuré, mais c’est un des plus grands groupe metal au monde. Et ils donnent tout. Quand je vois leurs visages sur scène, c’est un travail énorme, et il faut en prendre conscience.

Metal-Eyes : Là-dessus, même si je ne suis pas entièrement pour, les écrans servent vraiment : on voit toutes les mimiques…

Didou : Oui, dans un concert comme hier, les écrans servent énormément…

Metal-Eyes : un dernier mot pour les lecteurs de Metal Eyes ?

Didou : Je vous invite à être curieux de la scène française. Et j’invite les métalleux à ne jamais se recroqueviller : quand j’ai sombré dans le metal, à 16-17 ans, j’ai écouté des choses différentes. J’aime quand les groupes innovent, j’aime quand ils apportent soit quelque chose de très personnel, soit d’innovant. Alors restez curieux et ouverts. Pendant quelques années, le metal s’est recroquevillé et est resté sur ses acquis. Je pense que ça rassure les gens, que les gens ont besoin, dans une période tellement chaotique, avec l’actualité mondiale, la révolution d’internet, le climat qui part en couilles… les gens ont besoin de se rassurer. Et le metal, ça rassure, ça fait du bien, c’est un exutoire, mais il doit aussi se réinventer régulièrement, se mettre en danger. Sans prétention, nous, on a toujours été en marge, et on essaie d’apporter un son particulier. Certains puristes, ça peut les gêner. Alors, j’invite les gens à venir découvrir les groupes en live. Après, vous pourrez juger, mieux que sur album !

HELLFEST 2016: Back from hell (Clisson les 17,18 et 19 juin 2016)

SONY DSC

Ouf, on l’a échappé belle… En ce lundi 20 juin, le retour du Hellfest – à la météo bien plus clémente qu’annoncée  malgré un vent froid, très froid, en soirée, c’est sous une pluie battante et irrégulière que je rentre à Orléans. Mais n’allons pas trop vite, revenons sur trois jours de fête du metal et commençons par le commencement.

Jeudi 16 après midi, me voici reparti pour une nouvelle aventure clissonnaise. Je dois avouer que lorsque l’affiche fut révélée, j’ai fait la fine bouche. Puis, au fur et à mesure que les infos tombaient, que j’organisais mon planning perso, les créneaux disponibles pour me poser un peu fondaient comme neige au soleil.  En tout cas les vendredi et dimanche, et, au final, ma moue s’est transformée en sourire de satisfaction: oui, c’est encore une superbe et riche affiche que nous propose le Hellfest pour sa onzième édition, intitulée Bloody Hell. Mais une inquiétude vient gâcher ce plaisir: la météo, de nouveau capricieuse et qui a quelque peu perturbé les festivités parisiennes une semaine plus tôt. Le trajet jusqu’en Bretagne est aujourd’hui régulièrement entrecoupé de gros épisodes pluvieux mais j’arrive sans encombre ni  embouteillage au parking que j’appelle « des vignes ». De nombreux véhicules, camping-cars et tentes sont déjà présents et installés.

Une fois mon bracelet récupéré, je me dirige vers le Metal Corner pour changer et charger mes cartes Cashless. Un peu d’attente, et c’est parti pour une première prise de température du site, dont la rue donnant accès à la cathédrale a été repensée, et présente un premier hommage à Lemmy. Puis je fais un tour à l’extreme market où, comme d’habitude, je ne cherche rien de particulier et, donc, risque fort de trouver quelque chose, et m’en retourne tranquillement vers mes pénates faire connaissance avec mes voisins avant de prendre un peu de repos. Place maintenant au Hellfest.

SONY DSC

VENDREDI 17 JUIN 2016

SONY DSCBloody Hell, c’est parti. Trois journées de fête du metal sous toutes ses formes. Car c’est bien ce qui rend le Hellfest particulier, tant pour les festivaliers que pour les musiciens: tout le monde trouve sa place, tous les styles sont représentés. Cette année, si la fête bat son plein, je relève un point de frustration et de déception: les grosses, énormes difficultés que les photographes accrédités rencontrons pour accéder aux deux Main Stages. Plus a journée avance, plus, naturellement, le public se fait dense et plus il est difficile et, surtout, désagréable de se frayer un passage, devant même subir les insultes des festivaliers pour qui ces bousculades n’ont rien de plaisant non plus. Ainsi, nous sommes plusieurs à partir de 16h à faire l’impasse sur tel groupe pour patienter – en discutant, piquant un roupillon, ou rigolant – afin de pouvoir shooter tel autre groupe. Ainsi, donc, cette difficulté de circulation (que l’organisation n’a, semble-t-il, guère envie de changer) nous force à faire l’impasse sur un certain nombre de groupes. Notons tout d’abord que le site a pensé à améliorer un point clé: l’accès à la Warzone. Loin du goulot d’étranglement de l’an dernier, l’accès est large, facile. Une statue à l’effigie de Lemmy domine la zone réaménagée en une sorte de camp de prisonniers ou punks et coreux de tout genre se réunissent dans un esprit toujours bon enfant. Hormis ce gros chantier, la déco reste plus ou moins identique, sauf pour l’apport de The Descent, un traversée en tyrolienne qui passe devant les mainstages et du côté VIP/Espace média où quelques nouveautés sont apportées. On peut comprendre que certains comparent le site du Hellfest à un Disneyland du metal,simpelment, c’est l’esprit de ce festival qui met en avant le travail de certains artistes qu’on ne pourrait voir ailleurs. Au moins, le site se renouvelle d’année en année.AMBIANCE 17-Marc-Patrick-Gatling

AMBIANCE 04-Marc-Patrick-Gatling

Witches

Witches

Reste que, ce Bloody Hell, d’un point de vue artistique, tient toutes ses promesses.  Hellfest 2016, ce sont bien sûr des concerts. En nombre, et peu m’ont déçu.  Vendredi matin, après être allé retrouver The Shrine, trio américain de heavy 70’s, largement influencé par Black Sabbath (écoutez The Vulture et vous comprendrez) que j’ai découvert une semaine plus tôt et qui termine aujourd’hui son set avec Waiting for the war, une reprise interprétée par Sagy (?), sorte d’Iggy Pop à la française « que vous connaissez tous! ». Euh, non, pas moi… Entre temps, , j’opte pour une douce fin de réveil avec les Français de Witches. Direction la Altar pour un décrassage auditif en règle. Les quatre sont en forme, ce que j’avais déjà constaté lors de l’Ultim Fest deux semaines plus tôt mais aujourd’hui, une petite demi-heure n’est sans doute pas suffisante pour convaincre, d’autant que le public n’est pas encore massif.

Je file ensuite, sous un soleil radieux, rejoindre la Main stage 1 et à quelques exceptions près, je resterais là aujourd’hui (la plupart du festival, en fait), le programme m’attirant plus qu’ailleurs. Je profite donc d’un temps un peu plus calme que nous propose Delain. Calme mais très enjoué, le groupe, qui occupe parfaitement la scène, est mené par une Charlotte qui s’adresse en français au public, séduit par une prestation trop courte et trop matinale. Delain nous promet toutefois un nouvel album pour la fin de l’été ainsi qu’une tournée à suivre.

Delain

Delain

Première déception du festival, pour des questions logistique et de sécurité, le set de Tremonti est annulé. Il semble que le groupe ait eu des difficultés à rejoindre le site, et, finalement, son set se voit recalé sous je en sais quelle tente plus tard dans la journée. Je passe donc au Hard Rock’n’roll de Nashville Pussy. Blaine Cartwright, chanteur et guitariste, annonce tout de go: « We are Nashville Pussy, and the party starts now! », Ruyter Suys, au T-shirt soigneusement découpé, fait le show, et la nouvelle bassiste, Bunny Buitrago, passe légèrement inaperçue au milieu de ce show simplement rock.

Nashville Pussy

Nashville Pussy

Tandis que je suis en interview avec Delain, j’entends Le Bal Des Enragés qui propose une set très metal, avec notamment une reprise de Ace of spades, Killing in the name et Antisocial et ne voit que la fin du set, animé, entre autres, par un Stéphane Buriez impérial. Naturellement, le groupe rend hommage à son cher Schultz disparu il y a peu.  Je reviens cependant pour découvrir un Halestorm au hard rock bluesy et racé généreusement offert par une Lzzy Hale à la voix rauque. Cependant, le solo de batterie est-il vraiment une nécessité lorqu’on bénéficie de moins d’une heure de jeu?

Mass Hysteria investit la Main 2 rapidement après. Déjà,sur facebook, circule la consigne de ne pas rater le neuvième titre, sur lequel Mouss et sa bande envisagent le plus grand Wall of death de l’histoire du Hellfest. Forcément, ça attire les curieux, d’autant que Mouss et Yann ont déjà chauffé le public en venant faire un tour en son sein réclamant un gigantesque circle pit autour d’eux. L’épreuve est difficile, et il faut quelques instants à Mouss pour reprendre son souffle (« eh, on n’a plus 20 ans! ») avant d’attaquer Une somme de détails.

Mass Hysteria

Mass Hysteria

Après cette chaude prestation, le soleil décide de venir saluer Anthrax qui offre une prestation similaire à celle d’une semaine plus tôt. Pas de surprise ici, le set est rodé et efficace, le public est massif, mais on est en droit d’attendre un peu mieux de la part des New Yorkais. Je refile ensuite en direction de la Main 2 où Turbonegro nous invite au royaume du mauvais goût et de l’approximation vestimentaire. Ici, rien de sérieux, etc’est bien ce qui fait le charme de cette formation à part. La vulgarité élevée au rang d’art, il fallait oser, peu s’y risquent, encore moins avec le savoir faire de Turbonegro dont les Turbojugend ne ratent pas une seconde.

Turbonegro

Turbonegro

Une petite escapade du côté de Altar me permet de voir pour la première fois Sacred Reich, un des éternels espoir de la scène thrash US. Ca commence tendrement pour finir en explosion sonore sur fond d’embrassades. Car dans ce monde de brutes, le chanteur fini par demander à chacun de se tourner vers son voisin pour lui offrir la douceur d’un câlin. Comme à la messe, et cette fête de l’enfer devient un havre de paix. Moment d’émotion tandis que pas très loin, The Melvins nous souhaite la bienvenue à sa façon (« Welcome to this concentration camp you call Hellfest! ») et nous propose un concert baigné de lumières rouges omniprésentes. Je n’ai jamais vraiment compris ce groupe,et ressort dubitatif pour retrouver une pluie qui tombe dru.

Sacred Reich

Sacred Reich

The Melvins

The Melvins

Après une petite pause me permettant de récupérer mon fils qui vient de passer sa dernière épreuve de bac, je file voir Bobby Blitz et son Overkill explosif. Rotten to the core, Feel the fire ou Fuck you font toujours le même effet, celui d’un poing reçu en plein ventre qui te coupe le souffle.

Overkill

Overkill

Puis vient le gros morceau: Rammstein. On ne circule plus sur le site tant la foule est dense au moment où commence le décompte de la dernière minute. Y a-t-il seulement encore du monde près des autres scènes? Un tel groupe propose un spectacle réglé au millimètre près, et c’est sans surprise que l’on retrouve les mêmes artifices qu’une semaine plus tôt. Et tout reste aussi intense et efficace, malgré un froid prenant. Les lights, la pyrotechnie, les artifices, les mimiques, et, surtout, la setlist… Tout fait mouche et vient compléter une première journée riche.

Reste, pour conclure, un Offspring à la setlist imparable, certes, mais que je trouve peu convainquant sur scène. Les punks US n’ont plus rien de dangereux, et je ne reste pas jusqu’au bout. Une collation chaude, et hop, au dodo. Retour demain.

SAMEDI 18 JUIN 

DSC_0360

Cette seconde journée est la moins chargée. Peu de groupes m’attirent vraiment et j’en profite pour effectuer quelques interviews. Lorsque j’arrive, c’est pour voir Loudness. Les Japonais ne se sont produits qu’une seule fois en france, à Paris, au milieu des années 80 en première partie de Saxon. Alors cette venue hellfestive prend la forme d’un happening et attire une belle foule. Le hard rock est typé 80, les guitares évoquant Eddie Van Halen et autres cadors du genre. Une belle réussite.

Loudness

Loudness

Voir The voice of rock se produire en matinée est injuste. Lunettes de soleil calées sur le nez, basse ronflante bien accrochée, Glenn Hughes fait son entrée au son d’une valkyrie conquérante et nous offre une flopée de classiques dont un superbe Mistreated. Le bassiste chanteur mérite toujours son surnom.

Glenn Hugues

Glenn Hugues

Je rate ensuite une bonne partie du set de Foreigner pour cause d’interview avec Loudness.  Je n’avais pas prévu d’assister à la prestation de Sick Of It All, mais les gaillards foutent un joyeux bordel, rendant même hommage à Twisted Sister.

Dans sa veste argentée, aussi brillante que le surfer d’argent, Joe Satriani vient donner une nouvelle leçon de guitare. Impeccable et appliqué, le guitar hero dispense ses morceaux les plus connus. Et si l’on peut se lasser de ce style qui s’adresse souvent plus à des musiciens qu’au grand public, on ne peut qu’être admiratif devant ce géant de la six cordes.

Joe SATRIANI

Joe SATRIANI

Sur la Mainstage 2, Disturbed surprend avec une reprise de The sound of silence et invite les trois membres fondateurs de SIXX: A.M.  à les rejoindre le temps d’un Shout at the devil repris par une foule enthousiaste. Et comme ça fonctionne, pourquoi se priver? Baba O Riley, popularisé par la série Les Experts Manathan, interprétée avec, en guest Glenn Hugues, avant une troisième reprise, Killing in the name (de Rage Against The Machine) qu’on entendra plus d’une fois ce week end. Une presta forte, des invités de marque, Disturded a su séduire.

Visiblement attendu, Within Temptation investi les lieux. Grosse scène, plateforme en hauteur, lights  et backdrop impeccable, le set est efficace et Sharon del Aden très en voix. Sans surprise, mais pour le plaisir de tous, elle s’offre un duo en compagnie de Tarja (qui passe le lendemain) sur Paradise (what about us). Décidément, les invitations aujourd’hui sont nombreuses, et c’est pas fini! Sharon est heureuse d’être là, partageant son admiration pour ce site à part.

Within Temptation

Within Temptation

Bring Me The Horizon connait un retard d’une quinzaine de minutes. Dès son arrivée pourtant, le vocaliste demande au public de se séparer pour un nouveau Wall Of Death. Brutal, criard, je ne trouve que peu d’intérêt à cette formation qui, d’ailleurs, n’attire que peu de photographes, qui préfèrent attendre la venue de Twisted Sister. Le public le sait: c’est la dernière tournée de Dee Snider et sa bande. Le blond chanteur est en forme et il mène son groupe à la baguette. bien que court, ce set couvre 40 ans de carrière, une vraie, pas comme, il n’a jamais eu la langue dans sa poche, ces « stars » de télé crochets. The Price est dédié à AJ Pero, qui, si Twisted avait dû choisir un autre batteur, ne voyait que Mike Portnoy pour le remplacer. Et Dee de continuer: « demain, c’est dimanche! Vous allez à la messe? Non c’est le Hellfest, vous êtes à la messe de Twisted Sister! » Après avoir fait chanter le public sur I wanna rock, plutôt qu’un rappel, le groupe invite Phil Campbell pour un Shoot ’em down et un Born to raise hell d’anthologie avant d’annoncer « nos adieux au Hellfest » avec SMF. Voilà. Twisted Sister vient de donner son ultime concert en France. Comme un clin d’œil à Motörhead, ce dernier show s’est tenu au Hellfest.

TWISTED SISTER

TWISTED SISTER

Quelques instants plus tard, c’est le feu d’artifices. On nous promet quelque chose de spécial, de particulier. Se pourrait-il que ce soit plus impressionnant encore que celui du dixième anniversaire? Court, dense, et de nouveau intense, le bouquet final en impose, tirant des ah! et des oh! du public. Et ce cadeau se termine avec deux « Lemmy » gravés en lettres de poudre qui scintillent brièvement dans les cieux. Puis, sur la mainstage 1, Phil Campbell s’adresse de longues minutes au public. Emu et émouvant. Un moment rare que seul le Hellfest semble pouvoir nous offrir.

Korn, qui clôt cette journée, ce n’est pas trop mon truc. Les ayants vus ici même l’an dernier et à Paris il y a une semaine, je décide de chercher à comprendre ce que mon fils trouve de si génial à Dark Funeral. Un peu de Black pour finir une belle journée, pourquoi pas? Seulement, décidément, je n’y pige rien… En plus, les musiciens me semblent trop statiques. Maintenant, le public semble enchanté, et c’est bien là le principal.

Dark funeral

Dark funeral

 

SONY DSC DSC_0882

DIMANCHE 19 JUIN 2016

Allez, hop, debout! C’est reparti pour une troisième journée, et celle-ci est prévue chargée. Avec en ligne de mire nos salutations à Black Sabbath qui dit donner son dernier concert français ce soir. Que de départs, dis donc! Ayant chroniqué le premier Ep de Raveneye, je décide d’aller voir ce que les gaillards donnent live. Et le trio se bouge, séduit un public encore épars. Le guitariste/chanteur s’offre même une rapide escapade dans la fosse sans oser aller dans le public. Il m’expliquera plus tard ne pas avoir osé car il s’est déjà fait remonter les bretelles par la sécu de certains pays. Une belle entrée en matière pour une journée qui s’annonce prometteuse.

Raveneye

Raveneye

Direction ensuite MS2 où Nightmare donne son premier concert avec Magali, sa nouvelle chanteuse. Force est de constater que la remplaçante de Jo Amore en a sous le capot et se donne à fond. « Il y a des Belges parmi vous? » Étonnante question d’un groupe grenoblois au public clissonnais, sauf que la demoiselle est, justement, Belge. Elle se rattrape et le public suit. Bon choix, bonne pioche et espérons que l’avenir sourit bellement à Nightmare

Nightmare

Nightmare

Je file pour une rapide interview avec Raveneye et revient pour le thrash punkisant de Municipal Waste. Ah, ah, ces gars sont décidément irrespectueux de tout, et lorsqu’ils annoncent au public qu’il leur reste 3 chansons à jouer, je regarde ma montre et me dit qu’elles seront très courtes. Mais non… Le second titre déborde sur leur horaire, et lorsque le chanteur annonce le dernier morceau, Municipal Waste se voit coupé de tout son, un organisateur faisant signe que non, définitivement non. Ils quittent la scène furieux, mais le Hellfest est réglé comme du papier à musique.

Enter donc, dans la foulée les Israéliens de Orphaned Land. « Shalom Hellfest », et c’est parti pour 40′ d’un hard folk enjoué et pacifique. « On s’en fout des politiciens, je vois un drapeau d’Israël et un autre du Liban. C’est ça qu’on souhaite » sont en gros les propos du chanteur. Il a raison, mais n’entrons pas ici dans un débat stérile. Laissons nous simplement emporter par ce moment de paix, festif et joyeux.

Orphaned Land

Orphaned Land

J’en ai déjà entendu parler, et je découvre aujourd’hui Vintage Trouble. Un mélange de Blues Brothers et de James Brown, une sauce rock meets funk qui prend immédiatement. Alors oui, cent fois oui, ce groupe m »rite d’être connu et reconnu. Une musique intemporelle offerte avec toute leur âme par des musiciens qui se donnent à fond. Ça groove, ce’est rck, c’est soul, et c’est émouvant lorsque le chanteur rend un bel, très bel hommage aux victimes des attaques d’Orlando et de Paris, ainsi qu’à toutes celles qu’il y a eu entre ces deux attaques ignobles. Vintage Trouble est mon coup de cœur de ce Hellfest 2016.

Vintage Trouble

Vintage Trouble

Je file ensuite jeter un œil à Dragonforce qui s’éclate sur scène. On le sait, le groupe international se vante d’être le plus rapide du monde mais ne confond jamais vitesse et précipitation. Tous prennent du bon temps, Frédéric Leclercq, le français du lot, est bavard s’amuse avec l’un des guitariste autant qu’avec le public à qui il rappelle que c’est aujourd’hui son anniversaire et qu’il faut lui offrir des bières. Bon enfant, la prestation n’en oublie pas pour autant le côté technique et pro des grands.

Dragonforce

Dragonforce

Ce week end aura vu passer la fine fleur de la rage et de la colère made in chez nous. Après Mass, c’est au tour de No One Is Innocent de venir hurler sa colère, la libérer. Ceux qui ont écouté ou vu Barricades Live, le dernier album du groupe, ne sont guère surpris de retrouver, bien qu’écourtée, une setlist quasi identique. Salvatrice, cette prestation explosive l’est assurément.

No One Is innocent

No One Is innocent

Je rejoint les photographes qui ne veulent pas rater Tarja, qui se présente sur scène toute de noir vêtue. Pas besoin d’être de fins observateurs pour remarquer un line-up à moitié remanié: plus de Mike Terrana à la batterie, seuls demeurent son guitariste et son violoncelliste. Un nouvel album arrive et une nouvelle tournée est promise par la belle qui ne se lasse pas de haranguer la foule toute à sa cause acquise.

Tarja

Tarja

La galère commence, et les photographes se mettent à faire le pied de grue. Je laisse passer Gojira qui propose le même set qu’une semaine plus tôt. Alors je patiente, prends mes aises  (je m’endors presque même, en tout cas pique du nez) en attendant que passe le temps. Puis me décide: après Blind Guardian, je ne refais plus la queue quand bien même j’eu souhaité en shooter quelques uns. Je profite donc, après un Blind Guardian qui ne me convainc guère (trop carré, sans doute, mais je ne suis pas assez fan non plus), de retrouver mon fils au milieu d’une foule de plus en plus dense.

Blind Guardian

Blind Guardian

La suite est vue de loin: Megadeth, impeccable, malgré, une nouvelle fois, un set identique à celui de Paris. Les classiques restent intemporels et je m’en délecte tout autant. Amon Amarth, propose aussi le même spectacle qu’à Longchamp. Et donc m’impressionne moins. Je trouve même les vikings moins convaincants qu’une semaine plus tôt. Sans doute l’effet de surprise n’est-il plus là. En revanche, Slayer, RAS. On sait à quoi s’attendre et le mur du son proposé en guise de claque fait toujours autant de bien. Enfin, la grand messe, ou son hors d’oeuvre, plutôt. Ghost propose ce soir un spectacle repensé par rapport à celui de Paris. Et la petite ville de Clisson peu glousser d’effroi ou hurler au scandale. Car ce soir, ce sont des nonnes qui viennent distribuer des capotes (noires, naturellement) au public, un Papa Emeritus 3 qui a retrouvé sa voix et qui dispense la « bonne » parole, et de chœurs d’enfants qui envahissent la scène. Tout est là pour faire de ce spectacle un des plus marquants – côté main stages – de ce Hellfest 2016.

Cependant, la grand messe a lieu maintenant: Black Sabbath vient faire ses adieux à la France. The end, pour Ozzy Osbourne, Tony Iommi et Geezer Butler. Démarrant avec le doomesque Black Sabbath, les Anglais délivrent un set simple, sans réelle surprise. Les classiques sont naturellement de mise, et Ozzy, toujours frappé, cherche à faire se lever les mains. Tony et Geezer, quant à eux, semblent simplement être là. Présents. ils jouent, sans extravagance. Chacun sa place. Heureusement, Ozzy est égal à lui même. Peut être même en fait-il un peu trop, souhaite-t-il trop que le public frappe des mains toutes les deux minutes…. Au final, ce sont de triste adieux que l’on nous propose. Et puis, franchement, pourquoi proposer un aussi long solo de batterie? S’il s’agissait de Bill Ward, soit, mais, malgré toutes ses qualités et tout son talent, Tommy Clufetos n’est pas un membre originel. Le mettre ainsi en avant permet sans doute aux autres de reprendre leur souffle… Alors oui, on a plaisir à écouter, chanter, une dernière fois Fairies wear boots, Iron Man, Paranoid, Children of the grave et halluciner sur Into the void, Snowblind, Dirty Women. Pour moi, cependant, malgré une setlist irréprochable, Black Sabbath fait bien de prendre sa retraite.

Scotché là depuis des heures pour ces adieux, la faim nous tiraille et nous en ratons ensuite King Diamond. Dommage. Le Hellfest se termine ainsi, avec en guise de souvenirs des décors revus et améliorés, des duos en veux-tu en voilà, des groupes au top. Et un agacement lié à une trop longue attente. L’année prochaine, on verra ce que ça donne. D’ici là, Bloody Hell, ça va saigner!

AMBIANCE 15-Marc-Patrick-Gatling

Merci à Hellfest production, Roger Wessier, Olivier Garnier et les équipe du point médias, Elodie Jouault, Charles Provost, les gars de la sécu qui jamais ne se défont de leur bonne humeur!

DSC_0751

DOWNLOAD FESTIVAL PARIS du 10 au 12 juin 2016, hippodrome de Longchamp

Pour cette première édition hexagonale, l’incontournable festival anglais a choisi l’hippodrome de Longchamp pour y accueillir, l’espace de trois jours et sur trois scènes, une quarantaines de groupes d’horizons divers. Et pas des moindres, le festival invitant Iron Maiden et Rammstein pour attirer du monde. Avec une capacité d’accueil frôlant les 60.000 spectateurs/jour, le Download Lire la suite