GRAND MEDIA BLACKOUT

grand-media-blackout-2016Hard rock, France (Autoproduction , 2016)

Charlie Fabert a su dignement s’entourer pour la réalisation de ce premier album de Grand Media Blackout, que vous me permettrez d’appeler simplement GMB. Outre lui à la guitare, on retrouve Gus Monsanto au chant, qui s’est notamment fait connaitre au sein d’Adagio ou de Revolution Rennaissance. La basse est quant à elle tenue par Philippe Dandrimont et la batterie assurée par Guillaume Pihet. Le quatuor nous propose un hard rock très 70’s, proche du sudiste qui dès le morceau introductif, You can’t quit rock’n’roll, délivre un message clair. C’est direct, la voix puissante prend parfois des intonations de dandy et sait entraîner l’auditeur dans son sillage. Les rythmes varient, maintenant ainsi l’attention, GMB évitant de lasser l’auditeur. Drugs and pills est mid tempo, Time for revelation plus down tempo flirtant avec le blues, Never come back home plus rock, Downward slope très bluesy fait place à The black flask, morceau en deux partie – d’abord un instrumental démonstratif d’une guitare au top devenant une chanson bluesy, rock et rapide. I’m back est un titre purement hard rock et Holy grail, un blues lent vient conclure cet album. S’il est varié, ce premier essai n’invente rien, et ce n’est pas le but à vrai dire. L’album pourrait être scindé en deux fois 5 titres aux rythmes différents, ce qui peut parfois être redondant même si la seconde partie est plus hard que blues. Malgré de belles échappées de guitare, l’impression de déjà entendu altère légèrement le plaisir du début. Un bel essai avec quelques inégalités dans les compositions qui auraient sans doute mérité plus de cohérence. Mais dans l’ensemble, ce premier essai est plein de belle promesses.

Note: 7,5/10

Titre que je retiens: The black flask (parties 1 et 2)

ARKAN: Kelem

arkan_kelemFolk metal, France (Overpowered, 2016)

Hilal, en 2008, puis, plus encore Salam, en 2011 avaient présenté Arkan comme un groupe de death folklorique, un groupe multiculturel qui place l’esprit oriental en acteur majeur de son esprit musical. J’ai raté Sofia (2014) et depuis, Sarah Layssace a quitté le groupe, remplacée par Manuel Munoz pour ce nouvel album, Kelem. Limiter Arkan à l’univers du death est réducteur. Car, si la musique est imprégnée de cet esprit extrême, Arkan explore et diversifie son propos, notamment en allant chercher du côté des racines orientales de ses musiciens. Alors bien sûr, on pense à Myrath, autre groupe de metal typé, ou, bien sûr, à Orphaned Land. Mais chacune de ces formations se distingue des autres par une approche différente et personnelel. Arkan est, de loin, le plus rugueux des trois, à l’opposé des tonalités popisantes de Myrath. Le chant clair est largement présent et les growls, qui n’apparaissent qu’une fois le premier morceau terminé, ne dénaturent pas l’esprit général. Bien que foncièrement metal, aucun titre, cependant, ne semble se détacher du lot, et si les compositions sont efficaces, aucune en particulier ne m’émerveille. C’est la grosse faiblesse de cet album, plaisant sans être transcendant.

Note: 7,5/10

Titre que je retiens: Kelem

FLAYED: XI million

flayed-xi-millionHard Rock, France (Kaotoxin, 2016)

Monster man, en 2015, démontrait la détermination rock n rollesque des Français de Flayed. Le groupe revient aujourd’hui avec XI million, un Ep 5 titres d’une puissance à nulle autre pareille. Chacune des chansons est une déflagration bienfaisante, une claque rafraîchissante. Porté par la voix rauque et puissante de Renato, ce disque ne peut laisser indifférent, ne peut que séduire, plaire, par sa puissance et sa simplicité. Pas de place pour les fioritures ici, on parle de Rock, bordel! Flayed passe un cap, franchi un seuil et s’impose – en seulement cinq trop courts morceaux – comme un des plus importants challengers de la scène hexagonale actuelle. Eh! Le slogan du groupe – Rock or die – ne dit-il pas tout? Le groupe assume pleinement ses influences, parfaitement digéréesd’ailleurs, que sont AC/DC (les guitares y sont pour quelque chose), Deep Purple (un constant hommage à Jon Lord et son orgue Hammond, dirait-on), voire même Saxon (la basse de Fortunate son, reprise de Credence Clearwater Revival, fait penser à Dallas 1pm). Foncez, foncez vous dis-je. Flayed mérite toute notre attention car on ne peut lui faire aucun reproche. Certains ne s’y sont pas trompés en les accueillant en première partie de leurs concerts. On attend maintenant de retrouver le sextet sur scène, justement. Rock on!

Note: 8,5/10

Titre que je retiens: XI million

GHOST: Popestar

ghost-2016Hard rock, sU7DE(Ep – Spinefarm, 2016)

Après l’engouement suscité par son dernier album, le très réussi Meliora et la confirmation de son potentiel scénique (même si on voudrait bien que Papa Emeritus III soit moins bavard…), Ghost revient avec Popestar, Ep au titre facile mais de circonstances. Car ce Ep est constitué d’un titre original et de 4 reprises, des classiques du rock et de la pop. Ce sont ces dernières qui sont l’objet de toutes les attentions. Si l’on connait la capacité de Ghost à écrire des chansons hard et pop sur fond de textes subversifs, nous ne pouvons guère nous étonner de les voir s’attaquer à des classiques. Revisiter Echo and the Bunnymen (Nocturnal me) ou Eurythmics (Missionnary man) pour les plus populaires, ou Simian Mobile Disco (I believe) et Imperiet (Bible) apporte-t-il quelque chose au groupe? Non, en fait. Si les morceaux sont parfaitement interprétés, on n’y voit guère d’intérêt. Enfoncer le clou de Meliora? Une confirmation par le biais de nouveautés eut été préférable. Ici, on a plus l’impression d’opportunisme visant à séduire un autre public. Démarche commerciale logique mais guère appréciable tant cela ressemble à du racolage. Se pourrait-il que Ghost ne soit pas si subversif que ça, que le groupe soit simplement opportuniste? Attendons le prochain album…

Note: 6,5/10

Titre que je retiens: Missionnary man

LEAVING PASSENGER: When it’s done

leaving-passenger_2016Rock, France (Autoproduction, 2016)

Scream démarre avec de grosse guitares, un riff pêchu et gras. Puis Leaving Passenger recentre son propos en jouant sur les rythmes et ambiances. Déterminé, le groupe l’est sans aucun doute. Le chant est parfois mélancolique, ou plutôt romantique. Jamais rageur, jamais trop doux non plus. Les mélodies sont efficaces sans pour autant trouver le riff qui permettrait à Leaving Passenger de se démarquer des autres groupes du genre. I don’t care propose un temps de répit, plus aérien avant un moment plus léger avec Better place, puis un retour à l’énergie pure du rock, avec le quelque peu étrange Lies on the floor. Bien fait et varié, ce When it’s done, s’il se laisse facilement écouter d’une traite, ne parvient cependant pas à trouver « le » truc qui le transformerait en une expérience auditive à part. Il y a de belles mélodies mais rien qui (m’)accroche dès la première écoute.

Note: 7/10

Titre que je retiens: Running back to me

LOST OPERA: Hidden sides

lost-opera-2016Heavy metal, France (Dowweet, 2016)

Alchemy of quintessence, le premier album de Lost Opera paru en 2011, me laissait perplexe: à mes oreilles, le chant hurlé venait dénaturer un esprit musical progressif, recherché et élaboré. Cinq ans plus tard, le groupe revient avec un nouvel opus composé de 12 chansons forgées dans ce metal puissant, qui se veut envoûtant et entraînant. Musicalement aboutit, Hidden sides pourrait être prometteur, vocalement aussi, par la plus grande place accordée au chant clair en alternance avec d’autres tessitures. Oui, la construction, l’architecture de cet album pourraient « le faire ». Seulement, de nouveau, le chant en anglais n’est pas à la hauteur de mes attentes.Oh, l’alternance de chant clair et guttural pourrait faire illusion, mais l’ensemble est gâché par un accent qui décrédibilise le tout. Les participations extérieures, si elles sont agréables (Lucia Ferrera d’Akentra, Pascale Gronnier) n’apporte guère plus à cet ensemble instable. La priorité aujourd’hui est de travailler cet anglais qui ne saura passer les frontières.

Note: 7,5/10

Titre que je retiens: Betrayal

SCORES: The gate to leave

scores-2016Hard rock, France (Auto production, 2016)

Voici exactement le genre de disque qui me met dans l’embarras… Scores est un groupe français, auteur d’un Ep, On the road, paru en 2014, qui lui permet de tourner avec Sticky Boys, Headcharger ou encore les Anglais de Desolation Angels. Emplis d’une légitime confiance, les cinq proposent aujourd’hui The gate to leave, nouvel Ep 4 titres bourré de rockn’roll. Typé 70’s, empreint de Led Zeppelin ou d’AC/DC, les guitares, le groove et les rythmes sont efficaces, rentre dedans et, simplement roots. Les premières secondes de Good night émerveillent et font taper du pied. Les trois autres titres (Leave me now, très rock, et deux titres plus lents, proches de la ballade, What about your dreams et That’s the girl) sont tout aussi prometteurs. Mais… Passés les premiers accords, Benjamin Blot-André prend le micro. Et là, tout fout le camp. Le « chant » est plat, sans aucun trémolo, sans relief, sans âme. Une platitude linéaire doublée d’un anglais incompréhensible qui gâchent absolument tout. Je n’ai pas réussi à aller au bout d’un seul morceau tellement je trouve cette voix pénible… Bref, voici un groupe musicalement prometteur qui, selon moi, ne pourrait trouver une voie qu’avec une autre voix…

Note: 4/10

Titre que je retiens: aucun

SONIC WINTER: Party war on the killing floor

sonic-winter-2016Rock, France (Autoproduction, 2016)

Que voici une bizarrerie… Un ovni déjanté qui intrigue, interpelle et est à la fois étonnant et familier. Etonnant car Sonic Winter ose tout. Familier parce que les 14 chansons puisent dans la culture populaire, rock, hard, dance et plus encore. On y trouve des influenceS 70 (Black Sabbath ou Deep Purple sur Year zero, Straight in your face ou Beautiful queen of the golden east), 80’s avec des inspirations new wave et new age (Dead brain century carnival, I lose control), une époque où l’on découvrait les immenses possibilités offertes par l’abus de claviers et de synthé… Le chant est doux, pas vraiment rock, d’ailleurs, mais suffisamment agréable pour accrocher l’auditeur, bien que parfois on puisse se poser des questions (comme sur Saturday on Earth). Oui, Sonic Winter est un ovni musical, inclassable, voulu par les maîtres penseurs du groupe que sont Jean-Marc Millière (chant et guitare) et Francis Girola (claviers et chant) mentionné comme sound designer. Là, pardon, mais l’ensemble est sourd, mais on s’y fait. Les deux se sont entourés d’une pléiade d’invités venus de France, d’Ecosse, de Suède, d’Ukraine, du Canada, de Géorgie ou d’Italie. Z’imaginez bien que chacun a dû apporter sa touche pour créer un ensemble varié. Bizarre, vous avez dit bizarre? Et, finalement, fun. Eh, il y a même une reprise du Fils de Lucifer, titre culte de Vulcain, tout autant revisité que respectueux de l’original! Musique de boite de nuit et de concerts mélangés à recommander à tous les curieux.

Note: 8/10

Titre que je retiens: Le fils de Lucifer (forcément…)

RANGER: Speed and violence

ranger-2016Speed metal, Finlande (Spinefarm, 2016)

Les speedeux/thrashers finlandais de Ranger sont tombés dans la marmite du speed metal naissant des années 80. Speed & violence, leur second album en est la preuve par 9. De l’illustration de la pochette qui rappelle celle du Heavy metal maniac des Canadiens d’Exciter au contenu musical, on peut se demander si cet album n’est pas, en réalité, une trouvaille de fonds de tiroirs, au bon sens de l’expressiondu terme. Les 9 titres qui suivent l’intro sont taillés dans le moule du speed metal allemand et du thrash américain d’il y a 30 ans : rapide, agressif, fait de sang et de sueur, sans compassion ni compromis. tout ici parraitvolontairement « cliché ». Même la production sonne d’époque, ce qui peut soit être considéré comme nostalgique ou, au contraire – ce qui semble être le cas – totalement et volontairement minimaliste. Les textes sont empreints de cet esprit « satanique » (Demon wind, Satanic panic, Evil barrier) ou sanglants et guerriers (Speed & violence, Without warning, Lethal force, Night slasher, Shock troops, Last breath) qui fit tant couler d’encre. Après une grosse vague de groupes typés 70’s, Ranger marque-t-il le retour (encore) d’un esprit 80’s, décennie extraordinaire d’exploration et d’anticonformisme musical ?  Si l’énergie et l’envie sont bien présents, on a malheureusement l’impression d’avoir déjà tout entendu. Pour se démarquer, Ranger doit trouver son originalité, ce qui, tout en restant ancré dans ses influences 80’s, lui forgera une identité propre. Speed & violence reste cependant un album à découvrir et Ranger un groupe à suivre.

Note : 7/10

Titre que je retiens : Night slasher

EKPYROSIS: The taste of shadow

ekpyrosis-2016Metal, France (Autoproduction, 2016)

Elle est pratique cette dénomination, cette étiquette de « metal moderne », non? On peut tout y mettre et son contraire. Seulement, bien qu’étant une simple étiquette, on y trouve souvent des formations qui naviguent aux limites du Heavy metal, du thrash, du death et du hard core. Ekpyrosis fait partie de ces formations et propose avec son album The taste of Shadow un mélange joyeusement bordélique et déterminé, puissant et alambiqué. Si, souvent, le propos est direct, on remarquera toutefois des guitares fines et précises de Julian Sendra et Fabien Espèche. Il suffit pour s’en convaincre d’écouter l’intro et le pont de Selfish suicide, véritable petit travail d’orfèvre ou de prêter une oreille aux différentes constructions, variées, osées, que l’on rapprochera de l’esprit progressif. Un esprit metal et jazzy, en somme. Si on ne peut reprocher grand chose d’un point de vue musical ou technique, il faut en revanche noter le chant clair d’un Aurélien Renoncourt très limite, presque faux parfois, qui est doublé de hurlements issus de la gorge de Gabriel da Silva. Ombre et lumière, des entités qui clashent mais ne choquent plus tant c’est aujourd’hui courant. C’est donc bien plus sur la musique que je porte mon attention, un ensemble risqué, osé sans jamais tomber dans la démonstration. Une belle introduction.

Note: 7,5/10

Titre que je retiens: Selfish suicide