BLINDING SPARKS: Renaissance insipide deluxe edition

blinding-sparks-2016Rock, France (Season of Mist, 2016)

Etrange double CD que ce Renaissance insipide – Deluxe edition. Au départ, il s’agit du premier Ep des Français de Blinding Sparks qui ont décidé de le ressortir agrémenté d’un disque bonus, BS Soldiers 1. Choix étrange car l’Ep contient 5 chansons tandis que le disque bonus est composé de 9 titres et 1 vidéo. Les choix de chacun ne sont pas toujours évidents. Musicalement, Blinding Sparks m’est tout aussi étrange. Renaissance et Insipide, les deux premiers morceaux sont à la fois doux et rock, romantiques et mélancoliques. Le chant est particulièrement dérangeant, souvent à la limite du faux et de l’inintéressant, n’apportant rien à cet ensemble décousu. « Heureusement »,  on retrouve également les versions instrumentales en fin de disque. La complainte de Jack, en revanche, m’éveille et m’émerveille. Monté comme une véritable pièce théâtrale d’un style déjanté, Blinding Sparks parvient enfin à titiller les esprits. Le chant n’est plus faux, il est simplement décalé et déjanté. La chanson se transforme en un univers digne de L’étrange de Noël de Mr Jack, le film d’animation de Tim Burton. Le second CD, Soldiers, évoque une certaine chanson française que je n’ai jamais su apprécier… Le chant « torturé »de Jérémy Conrad me gêne car il ne me semble jamais juste. Ni sur la déclaration Sandra, ni sur L’avocat, ou le plus punk Un jour je signerai, speedé et impertinent… En revanche, le dynamique et enjoué I regret my life me plait. Note: c’est un instrumental. Musicalement, le groupe se tient, alternant rock, punk, blues, bref, offrant une jolie variété. Vocalement, Blinding Sparks s’adresse à un public dont je ne fais pas partie. Un peu de folie, soit, de la rage, oui. Du chant aussi. Ce que je ne trouve pas ici. Dommage. Sans doute le groupe élargirait-il ses possibilité avec un vrai vocaliste, car Jérémy se révèle un guitariste fin et inspiré (X.X).

Note: 6,5/10

Titre que je retiens: La complainte de Jack

AVENGED SEVENFOLD: The stage

avenged-sevenfold-2016Heavy metal, USA (Capitol, 2016)

J’avais découvert Avenged Sevenfold il y a quelques années en ouverture d’un concert d’Iron Maiden. Je n’avais pas accroché. Mais pas du tout… Sans doute le côté exclusif des fans de la vierge de fer, mais pas que… Alors loin de moi l’idée de suivre de près la carrière de A7X, le petit nom intime des Californiens qui viennent de publier leur 8ème album, The Stage, sorti de nulle part et arrivé par surprise dans les bacs le 28 octobre dernier. Après un changement de batteur (exit Arin Ilejay, enter Brooks WAkerman qui a notamment sévit chez Bad Religion, Suicidal Tendencies ou Korn), Avenged Sevenfold s’est enfermé en studio pour nous offrir ce The Stage, album alambiqué de 11 titres ambitieux allant de 3’42 à 15’39. Le morceau titre qui introduit l’album évoque le metal classique, influencé par Helloween ou Iron Maiden – on croirait parfois entendre un Andi Deris à la voix étouffée, sentiment qu’on retrouve tout au long de l’album – ou par le côté progressif de Pink Floyd. La classe en moins. Car peu de moments entraînent l’auditeur dans cet univers somme toute conventionnel, qui, bizarrement, se termine en acoustique venu d’on ne sait où. Paradigm se fait plus thrash et débute réellement après une intro chant /batterie énervée. Sur fond de metal speedé, A7X parvient toutefois à surprendre, comme avec cette section de cuivres sur Sunny.Disposition ou sur le plus punkisant God damn, direct et explosif. Creating God est une invitation à headbanguer tandis que Angels est plus « lent ». Mais ce que l’on attend vraiment, en réalité, c’est ce Exist, morceau fleuve de plus de 15′, qui vient clore le disque. Qu’en dire? Epique, bien sûr, et dans l’esprit progressif par sa construction, titre semi instrumental (le chant n’arrive que passée la 7ème minute !) dans lequel on retrouve l’ensemble des éléments musicaux de ce disque et qui est, sans doute, le plus spatial de tous. En conclusion, si les influences 90’s sont bien présentes (on évoquera surtout Alice in Chains, Megadeth ou Metallica, dans une moindre mesure), A7X lorgnant aussi du côté plus classique que peut être Queen ou encore, de manière moins évidente, Cat Stevens, ce The Stage ravira les plus jeunes fans, sans doute moins un public plus âgé. Je reste moyennement convaincu malgré l’évident travail fourni par le groupe, notamment la paire de guitaristes plus que complémentaires que sont Zacky Vengeance et Synyster Gates, mais je n’aime pas le mix final ni ce mélange de’accent pop sur fond de double grosses caisses ou ces passages qui me semblent volontairement racoleurs ( les chœurs sur Higher….) Il est normal qu’un groupe évolue et tente de nouvelles expériences sonores, comme ces violons tire larme sur Roman sky, aux faix airs, sur la première partie en tous cas!, de Cat Stevens. Cet album devrait cependant permettre aux Californiens de remplir aisément ce Bercy – pardon, AccorHotels Arena – qu’ils convoitent tant. Rendez-vous en mars prochain?

Note: 7,5/10

Titre que je retiens: Exist

OUR BLOND COVERS: Die and retry

our-blond-covers-2016Rock, France (autoproduction, 2016)

Il y a quelque mois, nous découvrions Our Blond Covers par le biais de son premier effort, The lost side of the world (chroniqué ici même). Quelques mois à peine, là où la plupart des groupes mettent deux ans à sortir un nouvel album! Rien que pour cet effort « à l’ancienne » OBC mérite toute notre attention et nos félicitations. Maintenant, qu’en est-il musicalement? Le groupe évolue dans un registre rock 90’s dans lequel se glissent quelques influences new wave. OBC propose une variété de genres, alternant entre morceaux mid tempo ou lents et chansons plus hard, rapides et directes.  Le morceau titre, qui introduit cet album, est à la fois léger tout en proposant un refrain dynamique et chantant. Il est suivi d’un Maniac plus rentre dedans, plus hard, au chant rageur, tandis que Left away without a trace se rapproche de la ballade romantique US. Deaf tones mixe lourdeur et lenteur – sans que l’on puisse parler de doom, loin s’en faut! Artificial est syncopé et hypnotique avec ses parties répétitives, tandis que Something wrong tape à l’opposé avec ses aspirations plus jazzy. Enfin, Voices, s’il évoque ouvertement AC/DC au démarrage se fait rapidement simple et direct, allant à l’essentiel. Malgré cette variété qui peut en dérouter certains – prétextant que le groupe ne sait pas quel style choisir? – Our Blond Covers semble savoir où se diriger: vers un public large et varié, malgré un chant anglais difficilement compréhensible (bien que le phrasé soit agréable). Si l’on excepte un livret absolument inutile (seule la page 4 sert pour les crédits, le reste n’est même pas du remplissage), on appréciera justement cette variété et ces vocaux qui ratissent large. Il y en a pour tous les goûts. C’est, finalement, à la fois la force et la faiblesse de ce disque.

Note: 7,5/10

Titre que je retiens: Artificial

Interview: GOTTHARD

Entretien avec Leo Leoni (guitare). Propos recueillis à Paris le 15 décembre 2016

 

Leo Leoni est Suisse. Le pays aux trois langues officielles dont les citoyens sont naturellement (mais pas systématiquement) portés à être polyglottes, ce qui peut rendre un entretien quelque peu intéressant, le sympathique guitariste mélangeant parfois les langues, cherchant ses mots en anglais pour mieux répondre en français. Et pour la dernière entrevue de l’année, Metal-Eyes a été gâté tant le gaillard est simple et sympathique malgré 25 ans de carrière.

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Metal-Eyes : Leo, tu es à Paris pour la promotion de Silver, le nouvel album de Gotthard qui sort le 13 janvier prochain. Tout d’abord, Silver est un album qui célèbre les 25 ans de Gotthard…

Leo Leoni : Accidentellement! (rires)

Metal-Eyes : Pourquoi “accidentellement”?

Leo Leoni : Parce qu’on était en train de travailler sur l’album et on a pensé “ouh! Il va sortir l’année prochaine », on a commencé à calculer, et ça fait 25 ans… C’est un accident, mais c’est arrivé !

Metal-Eyes : C’est ce qui a induit le nom de Silver ?

Leo Leoni : A la fin, oui. Quand on a réalisé que ça fera 25 ans qu’on a commencé, on a pensé aux noces d’argent…

Metal-Eyes : Quand vous vous en êtes rendus compte, comment vous êtes-vous mis à travailler pour cet album pour fêter dignement ce 25ème anniversaire ?

Leo Leoni : En fait, quand on a réalisé ça, l’album était déjà fini, on terminait le mixage. Donc il n’y avait pas beaucoup à faire. La seule chose qu’il y avait encore à travailler, c’était la pochette de l’album.

Metal-Eyes : Il s’agit du 12ème album studio de Gotthard, et, aussi, du 3ème album avec Nic Mader, qui a remplacé Steve Lee, malheureusement et accidentellement décédé aux Etats Unis en 2010. Comment décrirais-tu l’évolution de Gotthard depuis l’arrivée de Nic, et surtout depuis Bang !, votre précédent album ?

Leo Leoni : L’évolution, c’est clair : le premier album qu’on a fait avec Nic, c’était juste après le décès de Steve. Nous on est là et il y a ce mec qui arrive. Malheureusement, dans cette situation, heureusement pour sa situation. Mais c’était quelque chose d’inconnu, si tu vois ce que je veux dire, lui avec nous et nous avec lui… Forcément, c’était nous qui voulions donner le La, comme ont dit. Avec Bang !, on se connaissait plus qu’avant, on avait fait une année de tournée, tu sais ce qui va marcher ou pas, ce qui est bien ou mois bien, on peut faire quelque chose en plus. Maintenant, après Bang !, c’est clair : ça fait 4 ans qu’on est ensemble, on a travaillé sur le nouvel album et il y a plus d’expérience, on se connait mieux. Je pense qu’avec cet album, on peut dire que Nic est là. Ce qui est passé est passé, on ne l’oubliera jamais, mais comme je dis, Firebirth était back to the roots, avec Bang !, on a commencé à adapter un peu pour Nic, et maintenant, on s’est trouvés, si tu veux.

Metal-Eyes : J’imagine que son implication est aujourd’hui plus importante dans le travail du groupe. En quoi a-t-elle permis au son de Gotthard d’évoluer ?

Leo Leoni : Pas plus…Elle était déjà importante… Bon, la première chose c’est qu’il est le plus jeune et c’est clair qu’il écoute sans doute d’autres musiques que celles avec lesquelles on a grandi. Je pense que Nic a une touche un peu plus jeune – je ne dis pas que nous, on est vieux (rires) – et il y a des mélodies qu’on aurait jamais touchées. Ce qui est intéressant, c’est même s’il apporte des mélodies – quand on commence à travailler sur un album, chacun apporte ses idées. Les idées de Nic étaient peut-être un peu différentes, mais quand on travaille dessus, ça sonne comme Gotthard. C’est ce qui est intéressant. Et peut-être que quelqu’un d’autre, lui, moi, les autres, est arrivé avec des idées qui n’étaient pas vraiment ce qu’il fallait pour l’album. Il vient avec quelque chose qui n’est pas vraiment lié à… notre back catalogue… Il est le moins Gotthard, mais c’est comme ça.

Metal-Eyes : Mais il arrive avec sa jeunesse, ses idées…

Leo Leoni : Carrément, et il arrive à être comme Gotthard, finalement. Nous aussi, on s’est peut-être ouverts un peu plus.

Metal-Eyes : Est-ce que ça vous a permis de changer votre façon de travailler ?

Leo Leoni : La façon de travailler n’a pas vraiment changée parce que tout le monde vient avec ses idées. Une partie de l’audition qu’on a faite… on voulait vraiment que ce soit comme ça, on ne cherchait pas seulement un interprète, on cherchait aussi un compositeur, qui puisse composer de la même façon que nous. Il est arrivé et il travaillait comme on a travaillé. On a commencé à travailler sur deux ou trois morceaux, pendant les auditions, qui se sont retrouvés sur Firebirth. Maintenant, c’est la même chose, ça n’a pas vraiment changé.

Metal-Eyes : Vous avez choisi comme premier single la power ballad Stay with me. Pourquoi ce choix en particulier?

Leo Leoni : Ben… Le choix, c’est qu’on voulait un morceau qui nous représente. Il y avait plusieurs sigles potentiels sur cet album. Ce morceau… La Suisse est un pays démocratique, donc Gotthard est aussi démocratique ! On s’est dit voilà les morceau, et chacun donne son avis. Moi, comme producteur, j’ai dit ce que je pensais, et, pour moi, Stay  with me représente le mieux ce qu’est Gotthard maintenant, et l’album Silver. Il y a des ballades, des soft ballads, et il y a aussi le blues, uhne super performance de Nic à la voix, des guitares, une guitare sèche, une guitare solo…. C’est Gotthard aujorud’hui. Sur l’album, il y a tout, des ballades, du rock, des chansons sans solo, aussi… Et là, on a voté et on s’est tous dit que c’est celle-là. Il y a des morceaux on était trois ou quatre, d’autres, deux, mais celle là a fait l’unanimité. La maison de disque n’a pas discuté. Le groupe a dit c’est ça, ils ont suivi.

Metal-Eyes : Tu parles de la variété des styles qu’on peut trouver. Comment, justement décrirais-tu cet album pour…

Leo Leoni : Gotthard ! (rires)

Metal-Eyes : Oui, bien sûr, mais il est un peu moins « hard rock » que ce à quoi on a été habitués…

Leo Leoni : Oh, je ne pense pas… Si tu regardes les 25 ans de carrière de Gotthard tu vois qu’il y a du rock, du heavy, carrément du pop, soft… Je pense qu’il est moins soft que d’autres disques. J’ose même dire que je pense que c’est notre deuxième troisième album. Parce que Nic est là, mais tu paux aussi placer ce disque dans la première partie du groupe, avant Defrosted, avant l’album acoustique. Je pense que c’est du 100% Gotthard en 2017.

Metal-Eyes : Old school 2017, donc.

Leo Leoni : Oui, Back to the roots !

Metal-Eyes : Y a-t-il sur Silver des choses que vous n’aviez jamais tenté avant ?

Leo Leoni : Non, je ne pense pas… Je ne pense pas qu’on n’a pas osé, on a continué de faire ce qu’on voulait. C’est clair que tu changes, tu évolues… Tu ne veux pas répéter ce que tu as déjà fait. Si tu te répètes, ce n’est pas juste, tu dois évoluer… J’ai utilisé la même Les Paul que celle que j’utilisais il y a quelques années, mais ça n’est pas osé… Peut-être mettre des mélodies avec des guitares plus puissantes…

Metal-Eyes : Quleque chose que vous n’aviez jamais fait avant ? Les violons, ce n’est pas nouveau…

Leo Leoni : Oui, il y en avait, il y a eu de l’accordéon… L’année passée, on a fait des shows avec un orchestre aussi… Il n’y a rien de nouveau, non.

Metal-Eyes : Si tu ne devais reten ir qu’un seul titre de Silver pour définir ce qu’est Gotthard aujourd’hui, ce serait lequel ?

Leo Leoni : (sans hésiter) Stay with me. Parce qu’il y a tout dedans, comme je le disait. Il y a ud blues, du soft, des mélodies, des guitares… Il y a une combinaison de tout !

Metal-Eyes : On connait ta passion pour Queen. Que penses-tu du fait, aujourd’hui, de retrouver Queen avec différents chanteurs ? Queen and Paul Rodgers, Queen and…Freddie Mercury est irremplaçable, pourtant ils continuent d’utiliser le nom de Queen…

Leo Leoni : Freddie Mercury est irremplaçable, comme Steve est irremplaçable, ou Bon Scott ou tous ceux qui ont disparu. Je pense que c’est bien qu’ils continuent. Ils ont fait un choix… Le premier choix, c’était Paul Rodgers après le tribute à Freddie Mercury. Tout le monde pensait que c’était George Michael, le chanteur après Mercury, et il y a eu Paul Rodgers et les gens se sont demandé « c’est quoi, ça ? », et maintenant, il y a ce chanteur et tu te souviens exactement de George Michael quand il a fait le tribute ! La dernière version, c’est la même chose… Le mec, il eszt habillé exactement comme George Michael ! La seule différence, c’est Brian May qui a maintenant des cheveux blancs… Mais je trouve que le sens de Queen est encore là, et que ce chanteur fait quelque chose de fantastique, avec un grand respect, comme Paul Rodgers, d’ailleurs. J’aime plus cette version que la précédente, mais je trouve aussi qu’il ne faut pas sous estimer ce Brian May fait, ce qu’il a toujours apporté à ce groupe. Tu le sens, et c’est incroyable. Et puis… respect, ce qu’ils ont fait est incroyable. Je trouve que ce serait bien s’ils sortaient quelque chose avec de nouvelles chansons, mais… Il y a quelque chose qui manque, peut-être qu’ils sont en train d’y travailler, on ne sait pas…

Metal-Eyes : Tu rencontres beaucoup de journalistes et de fans dans ton métier. Est-ce que, lorsque tu rencontres quelqu’un, tu as parfois l’impression de savoir ce dont la personne va vouloir parler avec toi, en dehors de la promo, bien sûr ?

Leo Leoni : (Il réfléchit) Parfois… Non, tu ne peux pas. En fait, tu commences à discuter avec quelqu’un et tu le sens que quelque chose va arriver. Mais pas comme ça.

Metal-Eyes : Qu’est-ce qui te fait ressentir ça?

Leo Leoni : Pzzt… Je ne sais pas, tu sens que ça arrive, là où la discussion va s’orienter. Quelqu’un qui va te demander un autographe, oui, tu le sens, on commence à parler de Gotthard… Quelqu’un qui est habillé avec une veste Harley Davidson, c’est clair qu’on va peut être plus parler de moto que de musique ! Mais autrement, non.

Metal-Eyes : Aujourd’hui, nous sommes à Paris, ville dans laquelle tu viens régulièrement. Y a-t-il un endroit à Paris que tu conseillerais à un ami qui y viendrait pour la première fois ?

Leo Leoni : un seul endroit, c’est difficile, parce que Paris, il y a tant de choses à voir, c’est fantastique. J’adore ! Montmartre, la petite île, là…

Metal-Eyes : L’Ile de la Cité ?

Leo Leoni : oui, j’adore, c’est fantastique. Il y a beaucoup d’endroits à visiter, les Champs Elysées…

Metal-Eyes : il y a un endroit où tu aimes particulièrement te rendre, aller dîner à Parais ?

Leo Leoni : Pas vraiment… Je trouve que c’est tellement particulier que tu rentres dans un bistrot, tu dis que tu voudrais un tartare, et un verre de vin… Tu sais exactement ce que tu vas recevoir. Je pense que c’est la meilleure pub que Paris peut recevoir. Montmartre, j’aime beaucoup, les artistes, cette ambiance. Je pense que c’est à voir, oui.

Metal-Eyes : Y a-t-il des sujets qui ne sont habituellement pas abordés avec des journalistes et dont tu voudrais pouvoir un jour parler ?

Leo Leoni : Une des choses dont je suis en train de parler en ce moment avec les journalistes, c’est important pour les artistes, pour la musique mais pas seulement, pour la littérature, aussi, c’est de redonner une valeur à la musique, à l’art. Aujourd’hui, tout le monde télécharge, et c’est ok pour eux, mais c’est rendre le futur pauvre. C’est une choses qui faut que les journaliste et les médias peuvent faire : réapprendre à la nouvelle génération qu’il y a une valeur dans cet art. Si tu penses aux grands musiciens comme Mozart, Beethoven… Ils étaient payés par les rois. Si eux le faisaient déjà, c’était parce qu’ils investissaient dans quelque chose d’important, l’art, la musique. Aujourd’hui, c’est un peu oublié parce que « c’est normal » d’écouter, de charger de la musique gratuitement, un livre, ou des photos… Le travail des autres…

Metal-Eyes : Tu penses qu’on peut faire comment ?

Leo Leoni : Ah… Eduquer. C’est l’éducation. Je ne dis pas à l’école, mais dans les medias. Il faut parler de ça, de la valeur de ce qu’est l’art. Il fallait commencer… hier…

Metal-Eyes : Mais on peut continuer demain.

Leo Leoni : Oui, on doit commencer à un moment

Metal-Eyes : Ceci dit, tous vos albums ont été certifiés or ou platine, les derniers sont entrés directement numéro 1 en Suisse. Ça veut dire que le produit a encore une certaine valeur, quand même…

Leo Leoni : oui, oui, mais je pense en général. Dans le monde entier, il y a beaucoup de musique, et c’est la façon dont la musique est donnée au monde qui n’est pas correcte. « If you want to eat a piece of bread, you have to buy a piece of bread or do it yourself”. C’est la meme chose: si tu veux écouter de la musique, tu dois comprendre que quelqu’un l’a écrite, l’a jouée, s’est investit dedans. Il faut donner une valeur à l’art.

Metal-Eyes : Lors de ton interview précédente, je t’ai entendu parler du Hellfest ; Quels sont vos projets de tournée ? Les festivals, c’est peut-être encore un peu loin…

Leo Leoni : On a notre tournée prévue en Europe, et ce qu’on va faire, c’est la tournée d’argent. On espérait pouvoir jouer au Hellfest cette année, mais les têtes d’affiches étaient déjà bouclées… On fera les festivals en 2018, je pense. On voudrait pouvoir jouer en France, mais c’est difficile : on ne veut pas jouer dans les petites salles, il faut trouver un promoteur prêt à investir, c’est difficile. Ils vont regarder la dernière tournée, il y avait du monde, mais… Il faut trouver une situation juste pour tout le monde : pour les fans qui ont droit à un show, pas seulement quelque chose dans une petite boite où tu ne peux même pas accorder ta guitare… On veut aussi donner quelque chose aux gens qui viennent. Je pense qu’on va beaucoup tourner avec ce Silver tour, en festivals où le programme va changer.

 

Merci à Olivier Garnier pour l’organisation de cette rencontre.

HARMONIC GENERATOR: Skull

harmonic-generator-2016Hard rock, France (Ep – autoproduction, 2016)

Cet Ep est estampillé #3. Ok… Je n’ai aucune idée de ce que peuvent être les #1 & 2, simplement il apparaît que Harmonic Generator ait décidé de proposer son album en le divisant en 4 Ep distincts: Heart, Flesh, Skull étant déjà parus, ne reste que Bones. Ce troisième volet regroupe 4 titres (mixés et masterisés par un certain Logan Mader) dont chacun présente une facette différente de ce qui fait vibrer les musiciens. Dreams and tears qui introduit ce disque est le plus explosif, le plus « punk » des quatre. Rythmé, le son étouffé, il évoque cette vague punk US somme toute assez commerciale et gentiment subversive. Things est plus foncièrement rock, plus lent malgré un chanteur enragé qui enchaîne avec un heavy rock teinté de Southern 70’s, Break my chains. Harmonic Generator conclue avec Supersonic riot, plus direct et saturé, énergique et énervé. Bien produit, cet Ep pourrait permettre à HG de s’imposer sur le marché si… Si le groupe 1 – propose un album complet et 2 – se produit sur scène. Car cette variété se doit d’être défendue live. Reste un bel espoir qu’on attend d’entendre confirmé.

Note: 8/10

Titre que je retiens: Break my chains

CHANVRE: Valkyrie mécanique

chanvre-2016Rock, France (EP – Autoproduction, 2016)

Après une courte introduction à la guitare – celle, pourrait-on croire – d’un débutant qui développe sa maitrise, Détritus town nous propose une première facette, rythmée et quelque peu furieuse, de Chanvre. Car le groupe francilien nous montre, au travers de 5 titres, ses différentes aspirations et inspirations musicales. Le chant, grave et profond sur ce titre devient parlé, puis mélancolique. Si Le mothership évoque ouvertement le Gorillaz qui interprétait Clint Eastwood, Sour kryp est, à mes oreilles, la révélation. Car, oui, en cinq trop courtes chansons, Chanvre parvient à envouter l’auditeur que je suis. Si le phrasé me rappelle souvent je ne sais plus quel groupe français des 90’s (ça, c’est de l’argument, hein?), l’ensemble de ce Ep est entraînant, voire envoûtant. Rock, pop, énervé, ce Valkyrie mécanique (nom d’une pièce mécanique, semble-t-il) est plus qu’une belle promesse. Maintenant, objectif album!

Note: 8,5/10

Titre que je retiens: Sour krypt

EYES WIDE SHOT: Back from hell

eyes-wide-shot-eaMetal, France (Autoproduction, 2016)

Agressif, puissant et globalement bien écrit, ce Back from hell à la pochette très colorée a été écrit sous le soleil de Californie nous explique le dossier de presse. Bon, d’accord, mais ça change quoi? Les 10 titres proposés forment un ensemble compact et puissant. Globalement bien écrit, souvent chantant, Eyes Wide Shot nous propose une variété de rythmes et d’ambiances sur fond de rock direct. My Redemption se démarque par ses côtés hypnotiques et cassant, par exemple. pourtant, au fil de l’écoute, quelque chose semble manquer. l’impression que Eyes Wide Shot passe à côté de quelque chose – du principal – m’envahit; sans doute trop réfléchi par instants; Car en se concentrant sur plus de simplicité, les français auraient sans doute pu se démarquer de la masse des groupes néo metal / metal alternatif. il y a de la matière, de la couleur pourtant tout au long des A glimpse of me, Back from hell  ou Under the knife. Et il ne fait guère de doute qu’en se recentrant sur un propos plus direct Eyes Wide Shot pourrait toucher un plus vaste public. A suivre.

Note: 7/10

Titre que je retiens: My redemption

THE ANSWER et THE DEAD DAISIES live (Paris, le Trabendo) le 8 décembre 2016

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C’est pas juste… Avec autant d’albums de qualité, The Answer devrait désormais être en mesure de jouer dans une salle comme le Trianon, l’Elysée Montmartre ou le Bataclan. Sur une base régulière. Et la même réflexion s’applique à The Dead Daisies dont la qualité des productions ne fait que confirmer l’importance du groupe protéiforme, aux musiciens échangeables – et échangés – en fonction des disponibilités de chacun. Pourtant, ce soir, le Trabendo n’affiche pas complet. On est serrés mais on circule…

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Il est 20h15 lorsque les lumières s’éteignent et que résonne Whole Lotta Sabbath, une fusion de Led Zep et de Black Sabbath tandis que Marco Mendoza, Doug Aldrich prennent place sur la minuscule scène. Au chant, John Corabi, le dandy déjanté, fiat le show. Le groupe, bien qu’à l’étroit, trouve facilement ses marques. Les vieux briscards que sont certains d’entre eux savant parfaitement saisir le public, le caresser dans le sens du poil. Peu importe la taille de la salle, semble-t-il, car après un Zénith puis un Divan du Monde (en ouverture de Kiss puis en tête d’affiche en 2015) ce Trabendo est un petit compromis.  The Dead Daisies est un vrai groupe de scène. Trois albums au compteur déjà, et pourtant, la bande table autant sur des reprises (presque la moitié de son set: Fortunate son – Creedence Clearwater Revival, Join together – The Who, Helker skelter -The Beatles puis deux autres en rappel) que sur ses propres compositions qui reflètent parfaitement cet esprit roots. Long way to go, Mexico, Make some noise, With you and I… Pas un faux pas dans ces choix. Même le solo de batterie, occasion de démontrer qui est ce Brian Tichy, est impeccable. La foule est dense, compacte et, surtout, réceptive. Un troisième album et une tournée en tête d’affiche dans de plus grandes salles. Voilà tout le mal que l’on peut souhaiter aux Dead Daisies. Superbe!

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dsc_0416La salle se vide, qui pour boire une bière, qui pour prendre l’air, fumer, qui pour… rentrer à la maison. Lorsque The Answer monte sur scène, la salle est en effet bien plus vide, le public moins dense que pour The Dead Daisies. Est-ce cela la malédiction que doivent subir les nord Irlandais? Ouvrir pour AC/DC – bonjour l’exposition – ou, plus récemment Whitesnake, avoir quelques splendides albums à son actif et ne pas parvenir à attirer plus de monde est incompréhensible. Pourtant, tout est là. La musique, bien sûr, The Answer démarrant par le morceau titre de son dernier album, Solas; un choix pas forcément évident tant cet album est plus sombre que ses prédécesseurs. La setlist, étonnamment, fait l’impasse sur Raise a little hell. Les titres les plus emblématiques du quatuor sont cependant de sortie (New horizon, Spectacular, Waste your tears, under the sky…) Scéniquement, ensuite, Cormac, le chanteur adorant être au contact du public, s’offrant à chaque fois un petit bain de foule, par exemple. il s’empare d’une guitare acoustique, et annonce qu’il a voulu apprendre mais que Paul Mahon n’a pas voulu lui enseigner. La seule chose que l’on puisse regretter c’est le côté assez statique de Paul et du bassiste Michael Waters. La prestation gagnerait en énergie à les voir plus souvent échanger leurs places. D’ailleurs, les prestations des deux groupes sont incomparables, et l’on se demande s’il n’aurait pas été préférable d’échanger les places sur l’affiche. The Answer termine son set sans effectuer de rappel, les lumières se rallument et la salle se vide. il y a comme une impression de manque, malgré la meilleure volonté de chacun de ces musiciens d’exception… Beau concert, belle soirée, mais maintenant, il faut passer à la vitesse supérieure.

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ULI JON ROTH: Tokyo tapes revisited

uli-jon-roth-2016Allemagne, Hard rock (UDR, 2016)

Uli Jon Roth a-t-il jamais réussi à se défaire de son passé avec Scorpions? A le mettre de côté pour se consacrer à sa carrière? On connait les qualités du guitariste qui nous a offert, sous son nom, de magnifiques albums. Mais cette année, il a décidé de célébrer le groupe dont il ne fait plus partie depuis bientôt 40 ans. Ne nous laissons pas arrêter par le titre de ce DVD/double CD publié par UDR. Car Tokyo Tapes revisited – c’est le nom de ce petit bijou, est un voyage dans le passé. Nostalgie? Peut-être. Celle liée à l’un des plus incontournables albums live de tous les temps. Passons. Les titres de ce live ont tous été composés par, entre autres, Roth. Et tous font partie de son histoire. S’il est la vedette incontestée de ce concert – naturellement bien plus éclairé que les autres musiciens (eh, c’est son nom sur l’affiche!) mais pas égocentré pour un rond, Roth, d’une voix douce et bienveillante, s’adresse souvent au public, s’enquérant de savoir qui était là en 78 (pas grand monde!) présentant les morceaux rares, comme ce Crying days jamais joué par Scorpions sur scène… On a autant de plaisir à les (re)découvrir qu’à retrouver les classiques que sont The sails of Charon, Virgin killer, We’ll burn the sky, In trance, Pictured life, parmi d’autres. Les images sont propres, les lumières chaleureuses, le son clair bien que parfois un peu sourd, et les musiciens en forme. On remarquera notamment Nathan James au chant, puissant et à fond dans son personnage,  ainsi que Jamie Little qui descend un travail titanesque à la batterie. Plus la lecture avance, et plus ce produit me séduit, par ses qualités visuelles et musicales autant que par la richesse de cette setlist impeccable. C’est un grand « bravo » qui s’impose.

Note: 8,5/10

Titre que je retiens : The sails of Charon

WOLVE: Lazare

wolve-lazareRock, France (Ep – Autoproduction, 2016)

Wolve, le nom idéal pour un groupe aux dents longues, au son tranchant et saignant, pourrait-on croire. Le trio s’est formé en 2014 et a déjà publié un premier album, Sleepwalker, remarqué par certains médias. Les franciliens reviennent aujourd’hui avec Lazare, un Ep 4 titres de 18′ qui propose de découvrir différentes facettes de la formation. Car Wolve peut se faire autant romantique et mélancolique sur le long et alambiqué, intrigant et accessible, Lazare, ou le délicat Porcelain que rageur sur l’expéditif Inferno (moins d’une minute!) qui pourrait servir d’introduction au Far, morceau qui démarre calmeent avant de monter en puissance et prendre un virage psychédélique et – logique – hypnotique. Quatre titres, c’est peu. S’il s’agit d’un amuse bouche en prévision d’un album, alors c’est réussi: on a envie d’en connaitre plus.

Note: 8/10

Titre que je retiens: Far