Interview: WITHIN TEMPTATION

Interview WITHIN TEMPTATION. Entretien avec Rudd Jolie (guitare) et Martin  Spierenburg (claviers). Propos recueillis à Pantin le 15 novembre 2018

Initialement prévue le 14 décembre 2018, ce n’est qu’à l’issue de cette interview que nous apprenons que la date de sortie de Resist était repoussée au 1er février 2019. Cela ne change rien au plaisir de cette interview avec des musiciens qui en présenteront quelques extraits le lendemain, au Zénith de Paris.

 

Metal-Eyes : 4 ans après sa sortie, quel regard portez-vous sur Hydra, votre précédent album ?

Rudd : Je l’aime encore beaucoup, vraiment. En fait, lorsque The reckoning est sorti, le nouveau single, j’ai lu certains commentaires de gens qui disaient… J’ai lu beaucoup de choses négatives au sujet de Hydra, de nombreux fans qui semblaient ne pas l’apprécier, mais il reste un album encore très fun, parce que très orienté guitares. Et d’un point de vue purement égocentré, c’est toujours plus fun pour un guitariste quand un album est orienté guitares, soyons réalistes ! Toute cette période était plaisante, la tournée, tout…

Martin : Pour moi, c’est pareil…

Metal-Eyes : En tant que guitariste ? D’accord… (rire général)

Martin : Oui ! Mais en tant que claviériste, c’est pareil, en fait ! Ce fut un travail très intéressant à fournir, et il y a des choses incroyables. Par exemple, notre collaboration avec Exhibit, ce qui est assez inhabituel quand tu réalises à un album metal. Il y a eut des choses vraiment intéressantes que j’aime encore beaucoup.

Metal-Eyes : Comment définiriez-vous l’évolution de Within Temptation entre Hydra et ce nouvel album, Resist, qui sort dans quelques jours ?

Rudd : C’est encore assez différent. Et c’est ce que nous cherchons à faire, proposer un album qui soit différent du précédent. J’ai toujours tendance à dire que nous ne sommes pas AC/DC, sans leur manquer  de respect parce que c’est ce qu’ils font, que je les adore et que c’est ce que leurs fans attendent. Personne ne peut  dire que ça n’a pas marché pour eux, ils ont pas mal de succès (rires). Nous sommes le genre de groupe qui aime tenter différentes choses, et par conséquent, tous nos albums sont différents. Ce nouvel album est peut-être un peu moins orienté guitares, bien que Stefan et moi avons approché l’enregistrement différemment : des guitares à 8 cordes, une accordée plus bas, des sons un peu moins agressifs. Des choses un peu inhabituelles pour cet instrument. C’est ma contribution en tant que guitariste dans l’évolution du groupe. Je ne compose pas, donc je ne peux parler de l’évolution musicale, mais du jeu et des arrangements de guitares. (A Martin) : je ne sais pas ce que tu en penses…

Martin : Je pense que faire un disque différent à chaque fois est la base, une règle pour des musiciens, ceux de Within Temptation, afin d’évoluer. C’est une des raisons qui font que notre groupe continue d’exister. Parce que, musicalement, nous avons un très large spectre, si je puis m’exprimer ainsi. Nous nous intéressons à plein de genres musicaux différents. Je suis sûr que le groupe existerait encore si nous faisions depuis 20 ans la même chose, mais… on s’ennuierait ! Je pense que nous avons besoin de cette variété pour continuer de tourner, de nous amuser. C’est aussi un moyen, quand on sort des écrans radars et que nous faisons notre truc, de revenir, de retrouver de l’inspiration, de l’énergie.

Metal-Eyes : Ce qui se produit avec vous tous les 4 ans environ, comme un cycle…

Martin : Oui, absolument. Autrement, je pense que le groupe ne serait plus là.

Rudd : Ou alors, nous aurions perdu certains membres…

Metal-Eyes : J’ai écouté une partie de Resist qui n’est pas encore sorti. Alors que pourriez-vous en dire afin que les fans se précipitent pour l’acheter à sa sortie ?

Rudd : C’est un nouveau chapitre de Within Temptation. Je crois que c’est la chose la plus importante car, bien sûr, il y a de nouvelles choses musicalement, mais c’est toujours le cas. Donc, oui, c’est un nouveau chapitre.

Martin : Et je pense que c’est un album 50/50, en tout cas pour moi. Je peux toujours y penser objectivement, car il est encore assez neuf à mes yeux. Je crois que 5 chansons sont plus dans l’esprit de « l’ancien » Within Temptation, avec une approche un peu plus heavy, et les 5 autres sont plus fraiches…

Metal-Eyes : Poppy ?

Martin : Oui, « poppy »… J’ai toujours quelques appréhensions à utiliser ce mot dans la communauté metal, mais je pense que cela plaira à un large groupe de nouveau auditeurs, une large foule.

Metal-Eyes : Il semble que les textes restent proches de l’actualité. Certains titres parlent d’eux-mêmes, comme Endless war ou Mad world, mais il reste également une large place à l’optimisme, au positivisme. De quoi traite cet album ?

Rudd : Alors, tout d’abord, que ce soit clair : nous n’avons pas pris part à l’écriture des textes. C’est en général Sharon et Robert qui s’en chargent. Mais je pense que ce qui est sympa avec les textes, c’est qu’il y a souvent différentes interprétations possibles. Chacun peut y voir un message différent. Bien sûr, il y a certaines choses qui sont claires, mais… Tu sais, personnellement, je ne m’informe pas : je ne lis pas les journaux, je ne regarde pas la télé, je fais en sorte de rester aussi éloigné des infos que possible, parce qu’aujourd’hui, la manière dont sont présentées les infos rendent les choses très tristes… Tout est fait pour attirer l’auditeur, le lecteur, et les choses sont plus « sensationnelles » qu’humaines. Il y a 3 ou 4 ans, en prenant mon petit-déjeuner, je me suis rendu-compte, avant de terminé que je me sentait déjà déprimé, même si le mot est un peu fort, de toute cette merde qui nous entoure. Tu sais, c’est terrible qu’il y ait un tsunami quelque part, mais je ne peux rien y faire. Peut-être donner de l’argent, qui ne fini de toute façon pas là où il devrait se trouver… Un crash d’avion… Je ne peux rien y faire, même si c’est terrible. Je me sens simplement mal toute la journée, alors… Fuck it !

Metal-Eyes : Tu parles-là d’accidents, nous pourrions aussi évoquer les actes humains, les guerres, l’économie, la violence…

Rudd : C’est vrai… C’est à ce moment-là que j’ai réalisé que je ne peux rien y faire… Je m’intéresse à la politique au moment des élections, parce que je sais qu’à ce moment je peux m’exprimer. Autrement, je ne veux rien savoir. Parfois, je me sens vraiment stupide quand j’entends les autres parler de ceci et cela. « Hein ? Non, j’en sais rien. De quoi tu parles ? » (rires) Mais au moins, j’ai fait un vrai travail sur moi.

Martin : Nous réalisons de pus en plus que les médias sont comme une loupe : ils ont accès aux informations et ils décident où placer la loupe, quoi nous dire… Un crash d’avion ou un millier de personnes tuées en Afrique, qu’est-ce qui est le plus important ? Quelles sont les vraies informations ?

Metal-Eyes : Ils ont le pouvoir de…

Rudd : Oui, de me faire savoir ce qu’ils veulent, et de me cacher le reste. Je déteste ça de plus en plus !

Metal-Eyes : Il semble que sur The reckoning il y ait des trompettes, il y a des inspiration amérindiennes sur Firelight. Y a-t-il une signification particulière ? Car les trompettes peuvent être interprétées comme celles de l’Archange Gabriel, l’apocalypse, tandis que l’inspiration indienne apporte beaucoup de lumière…

Rudd : Oh ! Je n’avais pas pensé à ça ! Une approche très intéressante…

Martin : Oui, mais je ne pense pas que ce fut l’idée au départ, cette approche.

Rudd : La chanson Firelight est en fait un reste du projet solo de Sharon, mais ne convenait pas à son album. En revanche, je trouve qu’elle colle parfaitement à Resist

Metal-Eyes : Vous allez de nouveau jouer au Zénith demain soir (le 11 novembre 2018). L’album n’est pas encore sorti, mais vous allez le présenter au public. Combien de chansons allez-vous en jouer ?

Rudd : 5.

Metal-Eyes : Vous allez les tester, voire en changer, en fonction des réactions du public ?

Martin : Non, elles font partie de la setlist régulière.

Rudd : On en a répétées 6, mais une, je ne sais plus pourquoi, a été mise de côté. Sur Firelight, nous avons un invité, qui vit en Belgique. Alors nous la jouerons probablement là-bas exclusivement. Mais les 5 autres font partie du set.

Metal-Eyes : Si vous deviez ne retenir qu’une chanson de Resist pour exprimer ce qu’est aujourd’hui Within Temptation, laquelle serait-ce et pour quelle raison ?

Martin : Pour moi, ce serait The reckoning, pour la puissance qu’à toujours développé Within Temptation. Elle est puissante mais aussi plus directe, il y a moins de choses, elle va droit au but.

Rudd : Je suis d’accord, et c’est le titre d’ouverture. C’est une chanson très heavy, ce qui est dû aux guitares très graves. Un morceau explosif qui, en plus, fonctionne super bien sur scène.

Martin : Et ce rythme de batterie : simple et direct. Quelque chose de très simple mais les gens savent ce qu’ils vont avoir. C’est une chanson puissante, avec la voix de Sharon… C’est une bonne représentation de cet album et de ce qu’est aujourd’hui Within Temptation.

Metal-Eyes : Vous avez-joué à Paris à plusieurs reprises. Quel est votre salle préférée ? Vious avez joué à La Locomotive, Le Zénith, l’Elysée Montmartre, et aussi en ouverture d’Iron Maiden au Parc des Princes

Les deux : ah, oui, oui, oui !

Metal-Eyes : Des lieux différents, avec différentes capacités. Lequel a vos faveurs ?

Rudd : Je préfère le Zénith. Je trouve que ce type de salle, 6.000 personnes, est parfait pour nous. Nous pouvons offrir un gros show, très visuel, et pour le public, ce n’est pas trop gros. Si on joue dans un stade et que tu es assis au fond, tu vois ce petites figurines… (rires)

Metal-Eyes : Ou tu regardes les écrans…

Rudd : Oui, aussi, mais dans ce cas, reste chez toi, et regarde un DVD…

Martin : Je me souviens au Parc des Princes, j’ai eu le sentiment, alors que nous étions sur scène, que les gens à l’autre bout étaient ailleurs, à une fête foraine… Qu’ils s’intéressaient à autre chose que ce qu’il se passait sur scène. Comme un festival. Une salle de 6.000 personnes conserve cette intimité avec le public. Tu construis quelque chose avec les gens. Maintenant, je crois que ma salle préférée a été La Locomotive, petite, mais surtout parce que c’était la première fois, très excitant ! Première tournée en France, avec un bus qui avait fait le Paris-Dakar, que nous avons pu louer pour pas grand-chose. C’était super ! C’était la minute « retour dans le passé » !

Metal-Eyes : Un peu de nostalgie…

Rudd : Qu’en est-il de l’Elysée Montmartre ? Il a été détruit dans un incendie ?

Metal-Eyes : Oui, et il a réouvert il y a environ deux ans.

Rudd : Dans le même esprit ?

Metal-Eyes : Le même, la même architecture, rénovée, et le tout plus blanc et propre.

Rudd : J’ai parlé du Zénith, mais l’Elysée Montmartre est très chouette aussi. On y a joué, quoi ? 2 ou 3 fois, je crois…

Metal-Eyes : Maintenant, quel est l’endroit du monde où vous n’avez pas aimé joué, où vous ne retourneriez pour rien au monde ?

Rudd : Avec Within Temptation ou peu importe le groupe ?

Metal-Eyes : Peu importe, mais là où même avec une formation telle que la votre vous diriez « non ! » même si on vous payait…

Rudd : Alors… Je joue parfois avec un groupe acoustique Tribute à Iron Maiden qui s’appelle Maiden United, un de mes autres projets. J’ai joué dans un endroit qui s’appelle De Virlichte Geest à Roeselvare, en Belgique (NdMP : il le prononce avec un accent incompréhensible, je le regarde avec des yeux ronds…)

Metal-Eyes : OK, pourquoi j’ai posé cette question ? (rire général)

Rudd : Ah, ah ! Je te l’écrirais après ! Il y avait des fuites dans les loges, des trous dans les murs, il nous a fallu mettre un chauffage électrique… C’était pourri, sale, une vraie merde ! Tu sais, on ne peut pas faire grand-chose pour de vieux endroits, mais un endroit sale peut être nettoyé, tu vois… Il aurait suffit de deux ou trois personnes et d’un après-midi pour rendre cet endroit bien mieux, mais ils n’ont rien fait. Et je pense que c’est un vrai manque de respect. Jamais plus je n’y mettrais les pieds, jamais…

Martin : Avec Within Temptation, il y a eut un festival, je ne sais plus lequel, il n’y avait pas de loges pour les artistes. On a dû se changer derrière les arbres…

Rudd : Quoi ? J’étais là ?

Martin : Oui, je crois que tu étais là… Même Sharon, je me souviens de Robert qui tenait une grande serviette devant elle. Pas de loges ! Et la nourriture… On nous a remis des coupons pour la nourriture et on n’a eut droit qu’à du pain blanc ! Pas de boisson, rien du tout…

Rudd : Je crois que je m’en souviens, oui…

Metal-Eyes : Vous avez parlé de festival, y a t-il déjà des festivals prévus pour 2019 ?

Rudd : Oui, certains. On aura la tête d’affiche du Grasspop, il y a Wacken qui a été confirmé. On travaille sur quelques autres mais, honnêtement, je ne suis pas certains de ceux qui ont été confirmé. Il y en a mais certains n’ont pas encore été annoncés, alors nous ne pouvons rien en dire…

Metal-Eyes : J’aurai essayé…

Rudd : Mais c’est raté ! (rire général)

Metal-Eyes : Quelle pourrait être la devise de Within Temptation pour 2019

Martin (sans hésiter) : Resist !

Rudd : Oui, « resist ! »

Metal-Eyes : Facile, c’est le titre de votre nouvel album…

Rudd : Euh… On approche de l’hiver, et je cite toujours Frank Zappa : « regarde où vont les huskies », où se trouve la neige… Mais ça ne fait aucun sens non plus (rires) !

Martin : C’est une question difficile…

Metal-Eyes : J’aime bien poser des questions difficiles…

Rudd : Et tu te débrouilles bien ! « Aime ton voisin » ? Non… Je reste avec Resist !

Metal-Eyes : On en reparlera une prochaine fois alors. Terminons avec ceci : quelle a été, jusqu’à présent, la meilleure question qu’on vous a posée, la plus étonnante ?

Rudd : « Quelle pourrait être la devise de Within Temptation » ! (rires)

Metal-Eyes : Tu sais quoi ? Mes prochaines interviews, je vais inverser ces questions !

Rudd : Non, sérieusement, j’ai bien aimé ta vision des trompettes de l’archange Gabriel. Ce n’est comme ça que je voyais les choses… Peut être que c’est ce que Daniel, le producteur avait en tête… Ou c’est toi qui y a pensé dans les arrangements ?

Martin : Je ne sais plus… Je fais tellement attention aux détails, je ne sais plus forcément qui a eu quelle idée. Peut être que j’ai posé ces trompettes, je ne sais plus.

Rudd : Pareil avec les guitares, on rajoute des choses, mais je ne sais plus…

Metal-Eyes : Il s’agit de toute façon d’un effort collectif.

Rudd : Absolument, nous faisons les choses ensemble.

Metal-Eyes : Merci à tous les deux pour cette interview, et bonne chance pour votre show de demain. Vous savez comment vous allez occuper votre soirée ?

Rudd : Peut-être que je vais faire un tour… On est où dans Paris ?

Metal-Eyes : Paris est juste de l’autre côté du pont. On voit le Zénith d’ici…

Rudd : Ah oui ? (Je lui montre par la fenêtre) On n’est même pas dans Paris ? Ben… Je crois que je vais rester ici et récupérer un peu de sommeil, alors…

Martin : Moi aussi, je n’ai pas bien dormi la nuit dernière, alors, un peu de repos fera du bien. En plus, il a fallu qu’on se lève au milieu de la nuit pour le contrôle de passeport en Angleterre… un bon dîner à l’hôtel et une bonne nuit !

 

NIGHTWISH live à Paris Bercy (le 10 novembre 2018) – avec Beast In Black

La dernière fois que je suis allé voir Nightwish à Bercy, la salle était presque à moitié vide. Depuis, le groupe a changé de chanteuse, est parvenu à re-séduire son public et r- attirer les foules devant les scènes. Pour ce nouveau show, célébrant sa compilation Decades, les Finlandais rempliront-ils notre Bercy? LA réponse est « presque »: la fosse est blindée, les gradins se remplissent rapidement. Seule la partie haute reste vide. On peut donc estimer une affluence proche de 16.000 personnes, ce qui est plus qu’honorable.

Beast In Black, gros espoir du heavy finlandais, ouvre les hostilités. En guise d’intro, le groupe passe Night crawler de Judas Priest. Ce titre qui doit être celui annonçant son imminente arrivée sur scène est extrait de Painkiller et son refrain dit « Night crawler, beware of the beast in black ». Pas la peine de leur demander d’où leur a été inspiré leu nom du groupe. Ni à quel point Judas Priest est une influence. Pour preuve, les panneaux scéniques sur lesquels est écrit « The beast is back ». Ça vous rappelle quelque chose?

En tout cas, les 5 ont bien appris leurs leçons. Heavy metal et headbanging sont au programme, les poses qui vont de pair aussi. Ainsi que quelques surprises. Rien d’étonnant venant de l’ex-Battle Beast Anton Kabanen qui tient à prouver qu’il est loin d’être fini… Le chant haut perché de Yannis Papadopoulos fait des merveilles, tout autant que le metal ultra festif proposé. Le public, d’ailleurs, parait réceptif. Le chanteur s’exprime parfois en français, mais pas longtemps.

Beast In Black prend même le temps de proposer Ghost in the rain, une ballade pour laquelle Yannis demande au public d’allumer briquets et portables… Un moment romantique avant qu’il ne propose une autre chanson. « Peut être pas la plus heavy, ni la plus lente. Mais certainement la plus dingue que nous ayons écrite » annonce-t-il en intro de Crazy, mad, insane, titre plus dance floor qui voit les musiciens revêtir des lunettes noire à led. Immobiles et robotiques, on les croirait sortis de Kraftwerk meets Daft Punk.

Voilà une prestation qui ne laisse pas grand monde indifférent. Beast In Black aura sans doute marqué quelques points à Paris, ce soir. Yannis annonce d’ailleurs un retour l’an prochain, en tête d’affiche cette fois, et la sortie, en février de leur second album.

Sur l’écran géant qui trône en fond de scène, un message. Des images du passé. Un narrateur qui explique que, fut un temps, on regardait les concerts avec nos yeux. Apparaît un téléphone portable barré. En gros, « merci de les laisser dans vos poches… Profitez de ce que vous voyez et entendez ». « Etes-vous prêts à faire un voyage dans le temps? Alors préparez-vous » annonce la voix du narrateur. Nightwish nous invite à faire un voyage dans le temps et à dire « non » à l’esclavage numérique. Un compteur digital affiche 30 secondes. Puis le public compte à rebours, 5. 4. 3. 2. 1! Troy Donockley est seul sur scène avec sa flûte. Il sera présent tout au long de ce set, notamment à la seconde guitare. Une intro en douceur avant l’explosion.

Tout feu tout flamme… La pyro est impressionnante, cachant à peine l’arrivée de Floor Jansen – toujours vêtue comme une amazone, guerrière du metal, et du reste de la troupe. Dark chest of wonders ouvre les hostilités, et le public réagit comme un seul homme. Nightwish, ce soir, vient fêter 20 ans d’une carrière quasi exemplaire, déjà honorée avec cette double compilation Decades. Pourtant, contrairement à ce à quoi on pouvait s’attendre, cette compilation ne sera pas jouée dans son intégralité.

Chaque album, à l’exception de Dark passion plays est visité, Once particulièrement à l’honneur avec 4 extraits (Dark chest of wonders, Wish I had an angel, Nemo et le final Ghost love score qui clôt la soirée) ainsi que Oceanborn et Wishmaster qui voient chacun 3 extraits proposés. Nightwish nous offre ainsi certains de ses morceaux les plus emblématiques et forcément efficaces, exception faite, sans doute, de The carpenter qui laisse le public assez froid. Sans doute trop ancien et moins connu, ce titre offre toutefois un temps calme bienvenu.

Le groupe semble ici en forme. Floor Jansen est heureuse, souriante et dansante – particulièrement sur I want my tears back, très folk – sa complicité avec Marco Hietala semble évidente. Voire avec Tuomas Holopainen lorsque, sur la fin du set, elle va trinquer avec lui. Ce n’est pas un verre de vin rouge qu’il lui sert, mais 2. Et voilà qu’on discute un ballon à la main, comme si on était au bar du coin… Complicité mise en scène et téléphonée qui se passe au fond…

Pourtant, malgré les apparences de cette formation pro jusqu’au bout des ongles, je me demande jusqu’à quel point Nightwish est encore un groupe. Car, malgré l’excellence du spectacle – la pyro, le son, les animations et les effets sont simplement irréprochables – les musiciens semblent souvent en mode « automatique ». Malheureusement, aussi, sans doute est-ce lié à la saison, la voix de Floor semble s’affaiblir au gré des minutes qui passent. Espérons qu’il ne s’agissent que d’une faiblesse passagère tant la chanteuse est sympathique, toujours souriante et enjouée.

Au final, malgré l’ambiance et les confetti, c’est un bon concert que nous ont ce soir offert les Finlandais. Bon, mais pas, à mes yeux, excellent. Des musiciens pas aussi naturels et spontanés qu’on aurait pu le souhaiter malgré une setlist impeccable et une mise en scène irréprochable. Et puis, à titre personnel, je regrette que Nightwish n’ai pas proposé plus que 2 d’extraits de Endless forms most beautiful

ELYOSE: Reconnexion

Metal, France (Autoproduction, 2018) – sortie le 27 septembre 2018

Pour son troisième album (après Théogyne en 2012 et Ipso facto en 2015), les Parisiens de Elyose profitent de Reconnexion pour repenser leur approche musicale et offrir un son à la fois plus brut et direct et des mélodies pensées pour faire mouche. Elyose ne se contente en effet pas de chercher un style qui lui soit propre mais explore divers horizons, du metal symphonique aux intonations death metal, ou encore, à l’opposé, en visant la pop énergique. On reconnaîtra, naturellement l’influence d’Evanescence (le refrain de De tout là-haut semble plus qu’inspiré par un certain Wake me up inside…) ou d’Epica dont le guitariste chanteur Mark Jansen partage le chant sur le très énergique – et chanté en anglais – Psychosis. Les invités sont nombreux, d’ailleurs, puisque figurent rien moins que Raf Pener (T.A.N.K) sur Asyme’trie (qui me semble s’engager sur le terrain de la Syrie – dommage que les paroles ne soit pas plus compréhensibles, une des faiblesses de cet album…), Aurel sur Mes 100 ciels – premier single – ou encore Flo Lemonnier sur Les mots qui me viennent. Varié, enjoué, ce troisième album d’Elyose pourrait faire ressortir le groupe du lot des nombreux challengers, en tout cas, le placer dans le peloton de tête.

Michael ROMEO: War of the worlds PT.1

Metal symphonique, USA (Mascot, 2018)

Le guitariste de Symphony X, quand il n’enregistre ou ne tourne pas avec son groupe – absent depuis quelques temps déjà – se fait des petits plaisirs. Généreusement, il les partage avec nous, et c’est fort bien ainsi! Car ce War of the worlds – pt.1 est une opetite merveille de mélodie et d’efficacité. Bien sûr, on retrouve les clichés cher au metal symphonique, et Michael Romeo ne se renie en rien. Au contraire, il explore des univers très cinématographiques au travers de ces 10 morceaux, rendant un hommage à peine voilé aux géants de l’illustration sonore du cinéma tels John Williams. Rien de surprenant ici, le titre de l’album étant piqué à La guerre des mondes, roman de SF de HG Wells, qui est un terrain parfaitement adapté aux délires musicaux de Romeo. Fear the unknown, F*cking robots, War machine, Oblivion, s’ils évoquent aussi la dextérité d’un Malmsteen ou rappelle le… Symphony X du début du siècle, se révèlent d’une puissance et d’un envoûtement imparables. Jamais trop brutal malgré la rapidité d’exécution, ce disque est la perle de ce début d’été. Reste que ce disque s’intitule « pt. 1 », et cela laisse sous entendre une suite prochaine. Pourvu que ce soit plus rapidement!

MELTED SPACE: Darkening light

Metal symphonique, France (Sensory, 2018)

Il est vraiment épatant, ce Pierre LePape, jamais il ne lâche l’affaire. Son Melted Space revient aujourd’hui avec un 4ème album à l’ambition intacte, celle de produire un opera rock de haute, très haute volée. Comme à son habitude, Pierre s’est entouré d’une équipe tant de fidèles (Adrian Martinot, Brice Guillon, Mike Saccoman, Guillaume Bideau, Manuel Munoz, Ailyn Gimenez Garcia,Clémentine Delaunay et d’autres) que de nouveau venus parmi lesquels on remarque Jeff Scott Soto ou Black Messiah, sans oublier Pierre LePape him self qui, ici, s’invite pour la première fois au chant en interprétant le rôle pas pompeux pour un rond de l’Espace. On n’est plus étonné des arrangements et de l’orchestration de l’ensemble qui, bien que complexe, se révèle rapidement fascinant. Difficile de tout digérer en une seule fois, de reconnaître, repérer qui fait, qui chante quoi sans s’aider du livret. C’est ce type d’album qui nécessite une immersion, un disque qui exige de l’attention et du temps, et qui, une fois ce temps accordé, se transforme en un plaisir à partager. Un projet ambitieux, certes, et, au final, un projet réussi et fascinant.

 

ONIRIK ILLUSION: The 13th hour

Metal symphonique, France (Autoproduction, 2017)

Belle jaquette, beau livret, un groupe paritaire (3 hommes et 3 femmes le composent) qui travaille son image autant que sa musique. Ça commence plutôt bien. Après un prélude nous entraînant dans cette rue qu’illustre la pochette, Onirik Illusion, formé en 2006, entre dans le vif du sujet: The 13th hour est un condensé de metal symphonique qui évoque – naturellement – Nightwish, Evanscence, Lacuna Coil ou Within Temptation, avec ses grosses guitares, son chant lyrique qui rencontre la rage de growls, auxquels le groupe ajoute la mélancolie des violons et la douceur des marteaux du piano ou les bruitages d’ambiance. On retrouve aussi des traces des premières amours des fondateurs, Theater of Tragedy pour ne citer que les plus connues. Mais… Malgré le vrai et remarquable travail de composition, ce The 13th hour arrive peut être au mauvais moment, car, sans être dépassé, le genre n’est plus tout à fait d’actualité. Reste que cet album, sans révolutionner le genre, est plus qu’agréable et se laisse aisément écouter et place Onirik Illusion dans le peloton de tête des formations hexagonales du genre, et rien que pour ça, il mérite notre attention.

EDENBRIDGE: The great momentum

edenbridge 2017Metal symphonique, Autriche (Steamhammer/SPV, 2017)

Edenbridge revient avec un neuvième album studio. The great momentum est en réalité un album dédoublé puisqu’il est présenté sous deux formats : en versions électrique et instrumentale. 9 morceaux qui démarrent avec un Shiantara (sans doute la chanson la plus immédiatement mémorisable de tout le disque) introduit à la batterie aquatique et aux guitares tranchantes. La voix de Sabine Edelsbacher, cristalline et sensible, apporte toujours les accents pop  aux ambiances travaillées comme des BO de James Bond ou autre films d’action. On pense naturellement à la construction de Live and let die, mais pas que. La construction des chanson est souvent complexe, alternant entre une certaine furie des guitares au grain saturé de Dominik Sebastian et Arne Stockhammer et les paysages dessinés aux claviers par ce dernier. Et lorsque l’on sort de ces ambiances cinématographiques, on se retrouve ici plongé dans des paysages ensoleillés et là projetés dans l’espace, voire en orient (les accents prononcés de Return to grace). Deux chansons ralentissent nettement le tempo, In the end of time, tout d’abord avec son duo vocal sur lequel Sabine chante avec Erik Martensson, un air au piano qui monte en puissance, et A whiff of life, basé sur le même modèle voix/claviers. Seulement, si la production est claire, limpide, l’ensemble parfaitement réfléchi et interprété est trop propre. Le chant est sage, et manque d’une certaine singularité. Sabine est appliquée et semble éviter un petit grain de folie… C’est dommage car, bien que The great momentum soit bien fait, et survolé de l’esprit de 007 meets Nightwish, il reste trop traditionnel. Maintenant, le piège réside aussi sur le second CD qui n’est autre que la version instrumentale de l’album. Sans le chant, donc, ce qui approte uine réelle dimension cinématographique au disque. De là à dire que Edenbridge pourrait envisager un nouvel avenir, il y a un pas que je ne franchirais pas. Mais la démarche est pour le moins surprenante et le résultat agréable et intéressant.

Note: 7,5/10

BEYOND THE BLACK: Lost in forever – Tour edition

BEYOND-THE-BLACK_Lost-In-ForeverPower Symphonique, Allemagne (UDR, 2016)

Formé en Allemagne en 2014, Beyond The Black a déjà publié un album – Songs of love and death, en 2015 – avant ce Lost in forever, originellement paru sur AirForce1 Records il y a tout juste un an. Aujourd’hui, le sextet nous offre une réédition doté d’une nouvelle pochette et de 4 titres bonus. C’est l’occasion de découvrir ce qui, sans l’ombre d’un doute et si le destin le veut bien, l’un des futurs grands de la scène metal symphonique. Car tout est là, des compositions percutantes au mélodies irréprochables à la production riche et lumineuse. Beyond The Black propose un album varié, riche de mélodies immédiatement mémorisables sur des tempi variés (Lost in forever, Dies irae, Beautiful lies…) et alterne les plaisirs. Entre puissance pure et simple ballade pour guitare et voix (Love’s a burden). Les quatre titres bonus sont un peu moins intéressants, plus pop que metal, sauf qui mélange les voix masculine, féminines, des growls et des chœurs, pour conclure cet album sur un esprit épique. Mais Beyond The Black ne lasse pas. Si l’ombre de Nightwish, Epica ou Within Temptation plane un peu partout (dont Heaven in hell) il semble que White Lion soit aussi présent (Against the world). Beyond The Black offre de belles mélodies, attirantes et taillées pour séduire, un album ambitieux à l’efficacité indéniable. Lost in forever une véritable machine à hits. Imparable.

Note: 8,5/10

Live report: EPICA au Zénith Paris la Villette (le 4 février 2017) – avec Powerwolf et Beyond The Black

Epica sold out

Lors de notre entrevue, Mark Jansen et Simone Simons expliquaient qu’Epica travaillait sur le prototype d’un nouveau type d’éclairages pour la tournée The holographic principle. Depuis quelques temps, la technologie holographique est mise en avant et, au lendemain de ce concert, un candidat à la présidentielle se dédouble pour envoyer son égo holographique à un endroit où il ne se trouve pas. Alors, cette nouvelle technologie promise par Epica est elle basée sur l’utilisation d’hologrammes qui permettraient aux musiciens de se projeter dans la salle ? Patience

Pour le savoir, il faut que le public du Zénith, complet ce soir – une première pour un show des Hollandais jusque là habitués à des Elysée Montmartre et Bataclan, même si ce Zénith est en petite configuration – suivent les prestation des nouveaux Beyond The Black et de Powerwolf, très attendu.

BEYOND THE BLACK

BEYOND THE BLACK

Beyond The Black a donc pour mission de chauffer la salle, une demi heure durant. Bénéficiant de bonnes, d’excellentes conditions (les lumières sont généreuses et le son bien meilleur que pour nombre de premières parties) le sextet allemand signé par Universal et UDR propose un heavy symphonique assez efficace bien que classique. Et si l’envie est là, BTB a encore besoin de s’affirmer scéniquement. Sans doute la demi heure impartie est elle trop courte pour permettre au public de totalement apprécier la musique de Beyond The Black qui ne propose que 5 chansons. La chanteuse Jennifer Haben a beau sourire et posséder une belle voix, les cordistes (comprenez guitaristes et bassistes) afficher une belle complicité, bien que le groupe soit carré et bien en place, il manque cette petite étincelle qui ferait succomber le public. Pourtant, musicalement, le groupe en impose. Si l’ombre de Nightwish plane, la formation s’en distingue en apposant sa propre touche (l’album sera prochainement chroniqué) et pourrait devenir un futur grand du metal symphonique. Mais ce soir, malheureusement, avec ce qui arrive juste derrière…

BEYOND THE BLACK

BEYOND THE BLACK

 

POWERWOLF

POWERWOLF

Changement de plateau rapide, les techniciens font monter un rideau noir flanqué des lettres PW- pour Powerwolf. Derrière, on aperçoit un joli décor médiéval. Je n’ai jamais vu Powerwolf sur scène. Pire: je n’ai jamais écouté sa musique non plus. Je n’ai que vu des photos et lu des reports souvent enthousiastes. C’est donc une grande première. Dans le pit photo, la sécu demande aux photographes de ne pas s’approcher car il va y avoir des flammes. Inquiets, les gars? C’est prometteur. Et vlan!, le groupe monte sur scène sous le feu des flammes.

POWERWOLF

POWERWOLF

Pendant une heure et quart, les Allemands nous offrent une prestation tout simplement exemplaire. Parfaitement en place, chacun des musiciens connait son rôle et sait comment aller chercher ce public qui lui mange littéralement dans la main. Attila Dorn possède une voix puissante et lyrique et fait preuve d’un charisme sans pareil. S’adressant au public dans un français qu’il estime ne pas être bon, il fait tout pour que la température et les décibels augmentent. « Nous avons besoin d’une armée de heavy metal! Serez vous notre armée de Heavy metal? » annonce Army of the night, « Nous sommes ici car nous sommes possédés par le heavy metal! Etes-vous possédés par le Heavy metal?« . Très communicatif, il n’hésite jamais à faire participer le public et manie l’humour avec brio: « Je chante et vous répétez… Non, tu n’as pas compris: d’abord je chante, ensuite vous répétez!« . Falk Maria Schlegel, dont deux claviers entourent le set de batterie, descend dès qu’il le peut haranguer la foule, l’exciter.

POWERWOLF

POWERWOLF

Avec Attila, ils prennent quelques minutes pour faire chanter la foule divisée en deux, sur des « Ouh! Ah! » explosifs. Puis viennent les remerciements à l’équipe pour la scène et les éclairages et le chanteur annonce enfin que « nous sommes Powerwood… What, Powerwood? Powerwolf » et explose de rire. Setlist impeccable, mise en son et en lumière splendides, scénographie et attitude irréprochables… Powerwolf a ce soir donné le concert parfait et a recueilli nombre de nouveaux fans. Vivement le Hellfest!

POWERWOLF

POWERWOLF

Après une telle prestation, le pari est difficile pour Epica. On est à deux doigts d’une vedette volée de manière magistrale. Le décor est installé – des pyramides transparentes, backdrops et autres spots composés non pas de leds mais d’une multitude de bulles permettant de jouer sur l’orientation et la puissance des faisceaux. De nouveau, les photographes sont maintenus à l’écart de la scène et pour cause: les lumières éteintes, Epica débarque sur scène sous des explosions et jets de flammes. Pour sa première dans une salle de cette taille à Paris , la formation batave semble avoir mis les petits plats dans les grands.

EPICA

EPICA

The holographic principle, son dernier album, est particulièrement bien représenté avec 8 extraits (sur les 12 que comporte l’album), soit plus de la moitié du concert (bon, ok, si l’on excepte Eidola, l’intro, tout juste la moitié du show…), ce qui indique le niveau de confiance des 6 musiciens. Très vite on remarque que Coen Janssen s’amuse avec ses claviers, le kit installé sur des roulettes lui permettant de se déplacer de chaque côté de la batterie et de s’exposer à l’ensemble du public. Les guitaristes, Mark Jansen et Isaac Delahaye, sont en forme, souriants et… Simone Simons semble avoir quelque problèmes avec son retour interne. Et malheureusement, on constate que le son, s’il est puissant sans être trop fort, n’avantage pas le chant. Mal mixé, les voix de Simone, principalement, et de Mark ne sont pas assez en avant, quelque peu étouffées par les claviers et la basse… De plus, le chant de Simone est particulièrement aigu ce soir, ce qui n’est pas des plus agréables sur la longueur…

EPICA

EPICA

Et surtout, si les bretteurs s’amusent – Mark s’adressant régulièrement au public avec des « Vous en voulez plus? Nous sommes tous ici pour la liberté et le métal! » – il n’y a guère de folie dans ces crinières qui s’agitent en cadence, un mouvement trop conventionnel, calculé et qui manque de vie. Simone glisse sur scène dans des gestes eux aussi précis, trop précis… Heureusement, les lumières sont belles – jolis effets lasers au travers des pyramides – et la pyrotechnie irréprochable. Les flammes mobiles, les explosions d’artifices et de fumigènes, tout y est. Ce n’est cependant pas suffisant pour faire de ce concert un moment vraiment spécial, malgré la séquence émotion lorsque la chanteuse annonce vouloir porter un toast, une bouteille d’eau à la main: « depuis nos tous débuts, la France a toujours soutenu Epica. Je veux vous remercier pour cela!« . Tous quittent ensuite la scène, laissant le public éclairer la salle en brandissant portables et allumant briquets avant un solo de Coen muni de son clavier en arc de cercle. Solo qui se termine par les premières notes de notre hymne; il n’en fallait pas moins pour que le public chante une Marseillaise toujours aussi émouvante en ces conditions. Une bonne prestation mais pas exceptionnelle. Et un Powerwolf qui, sans conteste fut le roi de la soirée, et la découverte pour bon nombre de spectateurs.

EPICA

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TARJA live au Casino de Paris (le 9 novembre 2016)

tarja-paris-2016

Deux jours après avoir redécouvert cette belle salle qu’est le Casino de Paris – et pour un style à l’opposé de celui de Tarja (cf le report d’Amon Amarth), de nouvelles surprises attendent le public. Il avait été annoncé que les portes ouvraient à 18h30 pour un début de concert à 20h00. Qui ouvre? Aucune idée, mais je ne me suis pas particulièrement renseigné non plus. C’est donc, tranquillement, que j’arrive à la salle un peu après 19h00 pour découvrir le public dehors devant les rideaux toujours baissés. Ben… à quelle heure ils ouvrent? ers 19h30, le rideau se lève enfin, et, place en main, je me rends, avec les amis photographes vers les portes où un ouvreur nous demande d’attendre. Ce soir, le concert est assis, et placé. Pas complet, d’ailleurs. On nous rappelle gentiment que « les ouvreurs ne sont payés qu’au pourboire », phrase qu’on entendra plus que régulièrement. Mais quid pour les photos que nous devons faire? Depuis les sièges, éventuellement dans les allées mais sans gêner le public. OK, on se débrouillera. La sensation d’un concert de rock assis est étrange, d’autant avec un public bigarré – du couple sexagénaire de cadres au metalleux de base, tatoué, veste à patches et bière à la main, c’est un univers de contraste.

The Shiver

The Shiver

20h00, les lumières s’éteignent, des sons électroniques envahissent la salle. Un intro étrange qui cède la place à un groupe de rock qui est direct et énergique. The Shiver est un quatuor italien (semble-t-il) menée par Faith, chanteuse, occasionnelle guitariste et claviériste. Le groupe bénéficie de lights généreux et d’un son équilibré, et séduit rapidement le public. Le set d’une demi heure se termine comme il avait commencé, avec des sonorités électro, avant que les musiciens ne viennent saluer le public en lançant quelques T-shirts, baguettes et médiators. Sympa, d’autant que ce soir, sans explication, il n’y a aucun stand de merchandising.

SinHeresy

SinHeresy

Quinze minutes plus tard, la scène changée, floquée de chaque côté du logo du groupe, SinHeresy déboule. Etonnant de voir deux chanteurs littéralement opposés en tout sauf vocalement: une chanteuse, Cecillia Petrini, tout en finesse et un chanteur, Stefano Sain, une boule énorme. La surprise du clash physique passée, c’est la musique qui parle. Le groupe italien (encore? Oui) propose un heavy metal symphonique qui met largement en avant les voix puissantes et complémentaires de ses deux chanteurs, . Les autres musiciens occupent parfaitement un devant de scène en changeant de place, offrant des duos, présentant, tous, une belle complicité. Cecillia s’adresse au public avec quelques mots de français mais fait surtout souvent part de sa joie et s’enthousiasme facilement, comme après ce titre acoustique (aucune idée de la setlist, pardon) quand elle lance un « I’m happy! » le sourire jusqu’au oreilles. Sinheresy constitue ce soir une belle découverte qui donne envie d’en connaitre plus sur ce groupe prometteur. A suivre, donc.

TARJA

TARJA

Le public, toujours assis, accueille la maîtresse de cérémonie, qui, toute de noir vêtue, arrive après ses musiciens et ouvre son concert avec No bitter end. Comme à son habitude, Tarja sait, par sa gestuelle et l’expression de son regard, faire comprendre très rapidement au public à quelle point elle est touchée, heureuse d’être là, émue. Et le public lui donne raison, même s’il reste poliment assis! Il y a un peu de changement, toutefois à noter, principalement dans la disposition scénique puisque Max Lilja, le violoncelliste est désormais placé au centre de la scène, sans siège ce qui le rend plus mobile et visible. L’espace qu’il occupait précédement est quand à lui occupé par la claviériste Ckristian Kretshmarr. Tous deux, ainsi que l’inusable Alex Scholpp à la guitare, sont les plus fidèles lieutenants de Tarja. Car, oui, l’immense batteur Mike Terrana a quitté le navire et le bassiste est également nouveau. Huit titres extraits de son dernier album, The shadowself, sont proposés ce soir, c’est dire la confiance qu’a la belle en ce dernier album (No bitter end, Demons in you, The living end, Calling from the wild, Love to hate, Undertaker, Too many et Innocence), faisant la part belle au précédent opus également (500 letters, Lucid dreamer, Victim of ritual et d’autres sous forme de medley). Soit 11 titres plus deux medleys – dont un composé de 4 titres de Nightwish –  sur un total de

15 chansons interprétées. Reste 2 morceaux de ses autres albums. La mise en lumières est parfaite, le son, excellent sans être trop fort – agréable d’assister à un concert sans bouchons d’oreilles parfois… – et la complicité avec le public forte. Tarja aime lui parler, expliquer, comme pour introduire Calling from the wild, une chanson « pour notre

TARJA

TARJA

mère nature qui ne va pas bien. Je peux faire quelque chose pour l’aider, nous pouvons tous faire quelque chose pour l’aider ». Calling… se termine par un long final instrumental, brutal qui permet à la chanteuse d’aller se changer une première fois. Elle conserve son rythme de 3 tenues par concert, et ce soir (trois tenues sombres), en robe, parviendra, en sautant sur Victim of ritual, à casser un talon pour finir pieds nus. Le temps d’installer le set acoustique, Tarja remercie Paris de l’accueillir depuis 20 ans. Puis, après Too many, les musiciens quittent la scène l’un après l’autre avant de revenir l’espace d’un rappel de trois chansons qui, enfin, voit se lever le public. L’ambiance devient, enfin, celle d’un vrai concert de rock. Une nouvelle fois, Tarja a offert un beau concert, chaleureux et réussi.