MESSALINE: Vieux démons

France, Heavy metal (Brennus music, 2022)

Chronique/Interview MESSALINE – Entretien avec Mathieu (guitare) réalisé le17 octobre 2022

Messaline n’a pas sorti d’album studio depuis Illusions barbares en 2015, et son line-up a depuis fortement évolué. Ne reste en place que son fondateur, le chanteur Eric Martelat qui s’est entouré, notamment, d’un vieux briscard de la guitare, Mathieu, qu’il connait depuis le lycée. Leurs chemins se recroisent en 2010 via un tribute à Black Sabbath, puis plus tard, en 2017, avec une formation hommage à HF Thiéfaine. Ce n’est qu’en 2018 qu’il intègre Messaline en tant que guitariste accompagné d’Alain Blanc, le nouveau batteur. Vieux démons déboule avec un line up nouveau qui intègre également 2 choristes et fleure bon le vintage. « Il y a beaucoup de chœurs féminins sur l’album et on veut que ce soit une dominante en live. Aujourd’hui, Messaline, c’est donc 6 personnes. Un groupe qui a fait peau neuve. Le groupe continue ce qu’il faisait avant, mais avec de nouvelles couleurs du fait qu’il y a de nouveaux musiciens.» Vieux démons est un album résolument orienté rock et hard rock 70’s. Ce que Mathieu confirme : « Eric considérait être arrivé au bout de certaines choses et a voulu revenir aux fondamentaux des années 70. On s’est dit qu’on allait rendre des hommages à tous ces groupes avec qui on a appris la musique, les Led Zep, Deep Purple, en allant chercher dans leurs répertoires des riffs emblématique qu’on a remanié à notre sauce. L’idée c’était que les gens se disent « Merde, ça me dit quelque chose mais j’arrive pas à savoir quoi ! » »  Des références totalement assumées, donc, pas du pompage pur et simple…  C’est souvent d’ailleurs tellement évident qu’on ne peut se tromper : on retrouve l’esprit de Black Sabbath sur Black shaman, les envolées de Robert Plant sur Immigrant song sur Je voulais te dire, Le jardin des délices a des touches de rock sudiste, un clin d’oeil tout aussi évident à AC/DC avec un « Highway pour l’enfer »… Les amateurs du groupe retrouveront même des références à… Messaline, puisque sur le morceau titre, Eric chante les mots « Eviscérer les dieux » qui est aussi le titre d’un ancien album du groupe. « Il y a des récurrences dans tous les albums de Messaline de tout ce qui a été fait avant, et on n’a pas voulu déroger à la règle, donc il y a aussi, des références à Messaline sur cet album ! »

Le nouveau line-up a-t-il apporté une nouvelle façon de composer ? « Une guitare sèche, le chant… On a vraiment composé à l’ancienne : j’enregistrais chez moi des parties de guitare, on est parti sur une base de, je crois, 24 à 27 riffs ou morceaux différents – on est assez boulimiques de travail avec Eric – on a pris les morceaux qui semblaient le plus inspirer Eric au niveau du chant mais aussi qui soient en lien avec ce que faisait Messaline avant. On a fait des prémaquettes, on a élaboré le squelette de l’album, enregistré basse et guitares, envoyé tout ça au studio avant de tout réenregister. » Ça reste donc assez organique comme façon de procéder, à l’ancienne, comme les références qu’on retrouve sur cet album. Dès Les 3 stryges, une ambiance est posée, un peu « fin de vie » avant un retour à la vie assez jazzy, prog à la Magma et Ange (référence ultime pour Eric Martelat) dont le fondateur, Christian Descamps intervient sur Black Shaman. Il y a d’autres invités, sur ce disque : « il y a des invités qui interviennent sur endroits : d’abord des invités qui n’ont pas forcément une grande reconnaissance, des gens avec qui on a joué dans des groupes, de très bons musiciens qui ont apporté des couleurs qu’on recherchait sur divers morceaux : de la guitare flamenco, de l’orgue Hamond, du slide, de l’harmonica… C’est vraiment des potes qui sont venus nous prêter main forte. Après il y a un instrumental qui fait une transition, et à la fin il y a la reprise de Ange qui est en fait un medley de 4 morceaux qu’on a réassemblés, réorganisés pour pouvoir faire cet hommage. Et puis il y a ces chanteurs : Jo Amore de King Crown, renaud Hantson, Christian Descamps… » Il y a également deux interludes, deux « marque page » qui permettent à l’auditeur de souffler un peu. Maintenant, quel est le morceau le plus représentatif du Messaline de 2022 selon Mathieu ? « Sans hésiter, Les 3 stryges. Parce qu’il y a un riff mémorable, résolument rock hard. Et puis un refrain très progressif qui devient de plus en plus grandiloquent avec l’avancée du morceau, et surtout, il y a cette espèce d’introduction qui dure 2’ et qui annonce les thèmes abordés dans le morceau. Ce titre a une vraie plus-value sur son ensemble ». On remarquera aussi la pochette – une nouvelle œuvre signée Stan W. Decker – où les membres de Messaline se mettent également en scène : « On a voulu aller jusqu’à la référence sur la pochette où il y a des clins d’œil à Rainbow, au Love gun de Kiss, et à la peinture de la fin du XIXème. Eric, qui est prof de dessin, avait fait le croquis de base de ce qu’allait devenir la pochette. Il était déjà en contact depuis un certain temps avec Stan qui a accepté de faire cette superbe pochette, à l’image de ce qu’on voulait véhiculer. » Un groupe c’est aussi la scène, et si quelques concerts sont prévus, Messaline devrait retrouver la route à partir du mois d’avril. Terminons avec le classique de Metal-Eyes : quelle pourrait être la devise de Messaline, selon Mathieu ? « Ouh, là…. Allez, Carpe diem » lâche-t-il en riant. Ce qui ne devrait pas s’avérer trop compliqué, Messaline s’étant toujours adressé aux amateurs de mélodies puissante et de riffs efficace. Le retour à un esprit « classic hard rock » développé sur Vieux démons saura trouver son public.

Interview: RED MOURNING

Interview RED MOURNING – Entretien téléphonique avec JC (chant) le 11 octobre 2022

En regardant votre discographie, on se rend compte que vos 3 derniers albums sont séparés de 4 ans. Tu ne peux pas utiliser l’excuse Covid pour les précédents, alors c’est dû à quoi ? De la flemme, manque de créativité, autre chose ?

Non, non (il rit)… Ce n’est pas de la flemme… On est plutôt des bosseurs, des compositeurs acharnés. Nous, ce qui nous intéresse, c’est de sortir de beaux albums. On passe beaucoup de temps à fignoler, on est extrêmement exigeants avec nous-mêmes, on bosse avec Francis Caste qui est lui-même exigeant… On ne se permet pas de dire tous les ans ou tous les deux ans on va sortir des morceaux au kilomètre, on en peaufine un ou deux et le reste c’est du « filler ». On préfère prendre plus de temps et faire les choses bien.

Peux-tu nous raconter la genèse de ce nouvel album, Flowers and feathers ?

C’est le 5ème album du groupe, et c’est un peu la continuité du reste. Comme je te le disais, on compose beaucoup, on a continué à avancer, à sélectionner nos morceaux – on compose pas mal, mais on en jette pas mal aussi. Et puis, on a bien réfléchi aux différents arrangements – pendant la période de confinement, on s’est bien concentrés là-dessus. A un moment, comme on a fait sur les précédents, on s’est arrêtés, regardés et on s’est dit « ok, là on a vraiment de quoi faire un bel album ». Il fa fallu ensuite booker le studio, voire quand Francis était disponible et mettre tout ça en boite avec les changements qu’il peut y avoir en enregistrant aussi.

Tu dis que vous prenez le temps nécessaire pour fignoler et donc être totalement satisfaits de votre album (il confirme). Le précédent, Under punishment’s tree, est sorti il y a 4 ans – devrais-je le rappeler ? Comment analyserais-tu l’évolution de Red Mourning entre ces deux albums, Punishment et Flowers and feathers ?

Chacun d’entre nous a évolué, dans sa pratique et dans sa vie perso, naturellement. Mais au-delà, il y a eu un changement de line up il y a maintenant 5 ans. Ce nouvel album est le premier qu’on a composé et enregistré avec le nouveau guitariste, Alex. Forcément, ça change les choses… Aurélien aussi, notre batteur, s’est beaucoup plus impliqué dans la phase de composition, donc avec des compositeurs un peu différents on retrouve des structures de morceaux qui sont aussi différentes avec notamment des structures rythmiques un peu plus complexes, des structures de morceaux un peu plus progressives, plus compliquées… Et on a aussi continué d’expérimenter avec différents instruments comme l’harmonica, l’orgue, le piano, le banjo, etc. On a aussi ajouté de nouveaux instruments. Ce sont des « petites » choses qui font qu’on a un album qui marque une vraie évolution par rapport au précédent. En tout cas, c’est notre ressenti.

Je ressens une plus grande liberté d’expression dans des tonalités bluesy. Sur les albums précédents, c’était plus « doom des bayous ». Il y a ici des morceaux plus blues tout comme ton chant, tu te permets plus de variété et d’exploration vocale.

Oui… avec la maturité, personnelle et de groupe, on se laisse plus de libertés, les barrières, souvent psychologiques, tombent les unes après les autres. On se rend compte que, parfois, on s’obligeait à faire comme ça parce que c’est les codes du metal. Mais en fait, il n’y a aucune raison de se restreindre et il faut se libérer de ces carcans et expérimenter, faire avancer le schmilblick…

Pour ces nouvelles expérimentations, vous avez changé votre manière de composer au cours de ces 4 dernières années ?

Oui, ça a un peu évolué. Aurélien et Alex on beaucoup plus composé sur cet album et leur manière de faire c’est de composer un morceau en entier chez eux. Après, il y a des phases d’adaptation, de retravail, mais ils ont plus l’habitude d’arriver avec des choses toutes faites. Dans le passé, on composait beaucoup en répètes, on jamait et il en ressortait des choses qu’on modifiait sur place. Là il y a peut-être une approche plus réfléchie, un peu moins…

Bourrine…

(Rires) oui, moins bourrine, moins « on fait les choses au hasard et on verra ce qu’il en ressort ». Je caricature, mais il y a un peu de ça, c’est une approche différente.

J’ai écouté l’album plusieurs fois et, pour moi, il y a10 titres et 10 ambiances différentes. C’est très varié, d’où une question pas évidente : si tu devais ne retenir qu’un titre de Flowers and feathers à faire écouter à quelqu’un qui ne vous connais pas, lui dire « écoute ce morceau, c’est ce que nous sommes », lequel serait-ce ?

Ah, ah, ah ! Bon, dans ta question, il y a une partie de la réponse…  C’est forcément impossible. Il y a des questions de préférence, d’ambiance…

Au-delà de tes préférences… Tu as 5 minutes pour me convaincre d’écouter le reste…

Elle est très difficile ta question… Je vais essayer de te répondre quand même : un titre comme Six pointed star, je le trouve très original : il est entièrement joué au lap-steel, y compris les parties metal. Il y a des harmonies vocales, de la violence aussi, donc je mettrais sans doute celui-là… Mais, comme tu le disais, l’album est très varié, donc la réponse est difficile.

Je suis assez d’accord avec toi, il vous représente bien. En revanche, un morceau qui n’est pas représentatif de l’esprit Red Mourning mais qui peut indiquer ce vers quoi vous tendez, c’est Blue times…

C’est marrant, parce que ce morceau-là est le seul qu’Aurélien a composé de A à Z, y compris les paroles. C’est moi qui le chante, mais oui, il change un peu. On s’autorise l’acoustique, et on aime intégrer ce genre de choses de plus en plus. Il est beau, ce titre…

Et ton chant est beaucoup plus « passe partout », ta voix est plus douce…

Oui, je me suis aventuré un peu sur d’autres façons de chanter. D’ailleurs, on sort un clip pour ce morceau en novembre.

La pochette également est assez sobre. Il y a une volonté de votre part de montrer une Red Mourning plus sobre ?

Oui, tout à fait. On avait envie aussi de montrer qu’on explore autre chose dans notre identité visuelle, que là aussi on veut s’affranchir des codes. On a voulu quelque chose de plus clair tout en restant organique, quelque chose de simple et agréable, qui soit chaud, on en sent la matière. On a travaillé avec Morgane qui est graphiste et qui avait déjà fait des designs pour nous, des T-Shirts… Oui, il y a une volonté d’aller vers quelque chose de plus clair et différent.

Au niveau des textes, il y avait un thème assez clair sur l’album précédent, y a-t-il ici aussi un thème, y a-t-il des choses qui ressortent plus particulièrement ?

Oui, il y a des thèmes qui ressortent. Ça reste principalement des sujets de préoccupations personnelles qu’on retrouve sur tous les albums. Les textes sont écrits par rapport à des expériences personnelles à différents moments de ma vie, qui tournent autour de choses qui changent, qui disparaissent, qui n’ont plus de sens… Avec l’expérience du Covid, il y a plein de gens qui se sont posés des questions sur leur vie, sur ce qui avait du sens pour eux… et c’est un questionnement qui peut toucher tout le monde : qui on est, pourquoi on accorde de l’importance à certaines choses.

Et y a t-il, au contraire, des thèmes que vous n’aborderiez pas, qui n’ont pas leur place dans le groupe ?

(Il réfléchit) En fait, on ne s’est jamais vraiment posé la question… C’est moi qui arrive avec mes textes et, systématiquement, quand j’écris, c’est toujours sur des ressentis personnels. On n’est pas un groupe politique, donc on ne va pas aborder de thématiques politique contemporaine, même si on a naturellement nos convictions – là, j’ai mon T-shirt Ukraine, je le porte sur scène mais ce ne sont pas des sujets que j’aborde.

Pour terminer, quelle pourrait être la devise de Red Mourning ?

Euh… « Soyons fidèles à nous-mêmes ». Cette musique qu’on fait, on s’exprime et on laisse s’exprimer qui nous sommes. Il faut se regarder en face et pas essayer d’aller reproduire autre chose que ce qui nous correspond.

 

Interview : MALEMORT

Interview Malemort, entretien avec Xavier Malemort (chant). Propos recueillis au téléphone le 9 septembre 2022

Metal-Eyes : Comment se passe cette journée de promo, le jour de la sortie du troisième album de Malemort ?

Xavier Malemort : Ça se passe très bien, c’est en effet aujourd’hui que sort Château-Chimères, et c’est le jour de la promo, comme quoi, les choses sont plutôt bien faites ! C’est un peu comme une libération, on arrive à ce moment où le disque arrive au stade pour lequel il a été fait, c’est-à-dire être écouté. En plus, ces dernières années ont été compliquées pour tout le monde et pouvoir faire parler la musique, oui, c’est assez libératoire.

Nous nous étions rencontrés la première fois au Glazart, à Paris, puis lors de votre passage remarqué au Hellfest en 2018. Il y a eu beaucoup de changements au sein du groupe depuis. Que s’est-il passé pour qu’il y ait une telle implosion ? L’impact du Hellfest ?

Je ne pense pas que ce soit le Hellfest, non. C’est surtout des histoires de groupe… Un groupe, c’est des musiciens, des caractères et quand on est mis à l’épreuve des difficultés, il y a des choses qui se font et se défont. Là, ça s’est plutôt défait, donc pour la santé du groupe et surtout pour pouvoir un jour créer un troisième album, il n’y avait pas d’autre solution que de se séparer d’un certain nombre de personnes du groupe. Il reste avec moi les deux Sébastien avec qui j’avais déjà écrit Ball Trap. La base des musiciens qui ont créé l’album précédent est là. Après, c’est comme dans les couples : un groupe, c’est parfois des moments difficiles à passer et là c’était devenu indispensable. Mais pour nous tous.

Peux-tu justement présenter tes nouveaux partenaires de jeu ?

Alors… C’est très particulier… Sur cet album-là, on a décidé de ne pas avoir à nous limiter en termes d’écriture du fait du choix de tel ou tel musicien. Donc on a travaillé avec des gens qu’on connait et dont on connait le talent depuis longtemps. On a donc travaillé avec des gens qui ont une histoire avec Malemort et qui étaient très bon sur ce qu’on voulait. Aurélien Ouzoulias, par exemple, était très intéressé par la tournure que prenait cet album et Shob à la basse nous avait été chaudement recommandé, notamment par Aurélien. On avait là des partenaires de jeu hyper solides, ce qui nous a laissé carte blanche pour penser l’écriture du disque et ne pas se limiter.

Est-ce eux qu’on aperçoit sur la vidéo de Je m’en irai ?

Non, pas du tout (rires) ! Ceux que tu aperçois, ce sont deux personnes qu’on aime beaucoup et qui pourraient… On verra bien, mais en tout cas, c’est une incarnation possible live de Malemort. Il y a Romain qui est le batteur de Bukowski et Joe qui joue aussi avec Romain dans un autre groupe. On est tous du Val d’Oise, c’est toute une bande de musiciens, on se connait, on se croise depuis des années. On savait qu’ils feraient super bien l’affaire, au-delà du côté humain.

Puisqu’on parle de clip, il y a aussi le premier, Quelle sorte d’homme, où on te voit marcher seul – ou presque puisqu’il y a des accessoiristes qui sont là pour t’aider. L’idée de ce clip c’était quoi ?

L’idée était d’illustrer la vie de Michel Magne, qui est celui qui a créé le studio dans ce château d’Hérouville assez mythique et qui est un immense compositeur de musique de films, notamment. J’ai illustré ça par des allusions à des titres de films dont il avait écrit la musique. C’est beaucoup de films des années 50, 60 et début des années 70. Il y a aussi beaucoup de musique de polar, et c’est un esprit que j’ai voulu illustrer, mais avec un côté second degré. Il y a ce type qui se voit en héros de polar et que tu retrouves à la fin en train de lire un OSS 117, à moitié à poil.

Tu l’as dit, Château-Chimères est un album concept qui traite de la vie de Michel Magne qui a donc transformé ce château en studio. Qu’est-ce qui a inspiré ce concept ? Le château d’Hérouville est dans le même département que vous…

Tu ne crois pas si bien dire ! Il est à 3 km de chez moi. Quand je suis arrivé dans la région il y a une dizaine d’années, j’ai découvert l’histoire du château, ça m’a passionné et j’ai toujours senti qu’il y avait quelque chose à faire avec cette histoire. Mais en même temps, j’avais peur d’abimer les choses par une annotation maladroite, par exemple. A l’époque de Ball Trap je me posais la question de savoir si je tentais le coup, mais je ne le sentais pas. Je me suis donc laissé tenter par mon autre passion que sont les années folles.

Et là, tu t’es senti suffisamment adulte et mûr pour aborder l’histoire du château d’Hérouville…

Adulte et mûr, je ne sais pas (rires), en tout cas, artistiquement, j’ai trouvé quel angle prendre. Le problème c’est que c’est un studio dans lequel on a enregistré de la musique des années 70, qui n’est pas celle que joue Malemort. Il n’était pas questions qu’on fasse de la pale copie de la musique des années 70. J’ai donc trouvé l’idée de ces vignettes, 12 épisodes qui racontent en filigrane l’histoire du château à travers les personnalités fortes qui ont marqué son histoire, mais en fantasmant un peu tout ça, tout en faisant en sorte que l’auditeur qui n’aurait pas forcément envie de se plonger dans cette histoire – il aurait bien tort, même si ça peut se comprendre – ne soit pas obligé de le faire non plus. Tu peux très bien écouter le disque en interprétant les paroles différemment. Pour bien comprendre les paroles, il faut avoir le grimoire qui va avec.

Comment le décrirais-tu ce nouvel album ? On reconnait ta marque vocale, ton écriture. Mais comment vendrais-tu cet album à quelqu’un qui ne connait pas Malemort ?

Je lui dirais qu’on navigue entre le metal, le rock et la chanson. Pour quelqu’un qui connait déjà un peu Malemort, je lui dirais qu’on a voulu mettre dans ce disque plus de profondeur que dans le précédent. On en était très contents, mais on avait le sentiment de ne pas être totalement au bout. Là, je pense que c’est un album qui pourra résister à beaucoup d’écoutes et qui pourra distiller des saveurs pendant longtemps.

Il y a quand même de grosses différences entre Ball Trap et Château-Chimères. Comment décrirais-tu, en dehors des changements de musiciens, l’évolution de votre musique entre ces deux disques ?

Elles se lisent à plusieurs niveaux, et des choses assez paradoxales : il y a une place qui est faite à la guitare et aux soli qui est plus grande, mais on a veillé à ce que cela serve le propos. On a beaucoup plus arrangé l’ensemble, et on s’est interdit moins d’influences… Je crois qu’il y a plus d’influences variées que sur Ball Trap, on n’a pas le sentiment de se limiter. Même lorsqu’on va au-delà de ce que les gens peuvent imaginer, la production permet d’éviter un côté hétérogène. Du côté du chant, j’ai beaucoup travaillé le phrasé, des textes un peu plus concis et légers… Ça a l’air d’être une somme de détails, mais c’est un peu ça… Toi, comment tu l’as vu, comment tu l’as perçu ?

Vu… Je le vois en noir et blanc (il rit). Comment je l’ai perçu ? Comme un album très varié – encore une fois, on reconnait ton chant qui reste assez unique, et il y a une variété de morceaux comme Pyromane blues qui sont assez explosifs là où d’autres, Magnitude pop ou La garçonne, ont des airs plus funs et pop. Il y a une belle variété de styles tout en restant dans l’esprit de Malemort et cohérent.

Tu viens de le dire mieux que moi, en fait (rires) ! Tu sais, j’aime bien ces groupes qui sont capables d’avoir des propos variés sur un même disque, ça te permet de les écouter dans un état d’humeur différent. On peut parler des Beatles, de Queen. Dans les années 70, c’est fou ce qu’ils ont fait ! Les medias mainstream ont détesté Queen pendant sa carrière, mais les fans adoraient. Ils adoraient le fait que Queen puisse passer par tous ces styles, du hard rock au funk, et c’était Queen.

Revenons-en à Malemort. Pour quelle raison le château d’Hérouville est il nommé Château-Chimères sur cet album ?

Parce que je pense que « Château d’Hérouville » c’est un peu trop ciblé, ça nous éloigne du rêve…

Mais une chimère, c’est illusoire…

Oui, mais, même si les albums on les a toujours, le Château d’Hérouville, pour moi, représente cette décennie durnat laquelle on a cru que la musique allait révolutionner le monde, allait tout changer. Les musiciens étaient les premiers à le croire et les fans pensaient aussi que la musique allait changer leurs vies et la société. C’est une croyance fabuleuse qui a généré d’immenses albums et qui s’est écroulée avec l’arrivée des années 80 où finalement la réalité a repris le pas sur les illusions. Tu sais, c’est souvent les utopies qui finissent par foirer qui fascinent. Le château d’Hérouville, c’est ça. C’est un parc en pleine cambrousse où vont venir Pink Floyd, David Bowie, qui vont passer un temps à enregistrer des albums énormes et qui ont aussi eu une vie complètement folle là-dedans.

Si tu devais ne retenir qu’un titre de Château-Chimères pour dire à quelqu’un qui ne vous connait pas : « voilà ce qu’on fait. Malemort, c’est ça », ce serait lequel ?

Mmmhhh… C’est difficile, chacun des morceaux a été pensé et composé comme une entité différente… Non, franchement, je ne peux pas répondre à ça, c’est trop compliqué…Je suis désolé, je voulais faire l’effort mais finalement on induirait la personne sur une piste qui sera fausse. C’est pour ça aussi qu’on a sorti deux singles différents, pour représenter la variété de ce qu’on fait. Le troisième clip, si on arrive à trouver un peu de blé pour le faire, représentera une autre facette du disque.

« Un peu de blé »… Vous êtes passés par le financement participatif, est-ce que ça a répondu à vos attentes ?

On a eu beaucoup de chance, en plus c’était une période difficile pour tout le monde, mais il y a beaucoup de personnes qui nous ont fait confiance, qui nous ont soutenus. De notre côté, tout était prêt, je ne me voyais pas demander aux gens de participer si on n’avait rien, comme c’est parfois le cas dans ces trucs-là… Je savais qu’on avait un album de valeur, il était prêt, on avait tout enregistré, tout masterisé, on avait simplement ce problème de blé, qui est toujours un problème, d’ailleurs, parce que même si on peut dire que le crowdfunding a très bien marché, on est très loin des sommes qu’il aurait fallu récolter pour compenser ce qui a été dépensé. Mais je trouve ça magnifique ce qui s’est passé, ce rapport direct entre les artistes et leur public. On avait promis à ceux qui nous ont donné un coup de main de pouvoir découvrir le disque quelques jours avant sa sortie, et c’est le cas. On reçoit plein de messages, de témoignages de la façon dont les gens vivent leur découverte de ce nouveau disque. C’est ça qui est beau, là, tu te dis que c’est pour ça que tu fais ça, tu vois que tout ce que tu as créé contribue à apporter du plaisir à d’autres.

Et toi, quelle sorte d’homme voudrais-tu célébrer ?

Je dirai un homme qui croit encore un peu aux idéaux, qui pense encore que l’altruisme peut être une voie, qui pense qu’on peut encore faire des choses ensemble. Et puis, en tant qu’homme, un homme qui ont de l’allure, qui peuvent encore t’emporter quelque part, des Gabin, Ventura, Blier, quoi… Ca fait pas du tout 2022, mais personnellement, ce sont ces gens-là qui me font rêver.

J’ai le dernier Rock Hard en mains, je suis à la page 107, je vois Album du mois Megadeth avec 8,5/10. Je tourne 3 pages avant, page 104, je vois Malemort Album du mois avec 9/10. Deux choses : « album du mois », ça fait quoi ? Et avoir une note plus élevée que Megadeth, ça fait quoi ?

(Il rit) Alors là, tu vas toucher le point sensible… Tout le monde ne le lit pas forcément comme tu viens de le faire, mais… Depuis l’adolescence, j’ai toujours été un grand lecteur de la presse metal. C’est quel =que chose qui m’a forgé, qui a forgé ma culture, et les noms des journalistes, ceux qui écrivent ces articles, ça m’a toujours touché. J’ai un rapport très fort avec ça. Donc, pour moi, la presse papier – et Rock Hard a pris la suite de magazines qui ont disparu – je le lis tous les mois depuis le départ et pour moi, c’est une sorte d’accomplissement. Tu parlais « d’album du mois » … Je crois en la parole de ces gens-là, pour d’autres groupes que le mien, donc il n’y a pas de raison que je n’y crois pas lorsqu’il s’agt de Malemort. En plus, ce qui me fait plaisir, la chronique est co-signée par Phil Lageat et Arno Strobl alors qu’ils peuvent avoir des goûts très différents, à l’opposé l’un de l’autre… ce binôme là me parle beaucoup. Quant au 9/10, je suis suffisamment électeur de Rock Hard pour savoir que ce n’est pas une note attribuée en permanence. Donc, oui, j’en suis immensément fier, c’est le moment où je me suis dit « Allez, Xavier, savoure ce moment, pose toi 2 minutes et savoure l’instant … »

Un groupe de rock, c’est aussi la scène. Quels sont vos projets à venir ?

Les projets ? D’abord attendre que tout ce bordel se calme… On a un album qui, je le pense, est solide, qui va infuser et que les gens vont découvrir en profondeur. Je veux le défendre dans de bonnes conditions. Je n’exclus pas quelque chose d’un peu évènementiel, mais pour le reste, ce sera plutôt en 2023 avec quelque chose de solide sur printemps-été-automne. Il y a des choses envisagées, mais, aussi, la réception du disque aura un impact, ce ne sera pas anodin dans ce qui va se passer ensuite.

Une toute dernière chose : quelle pourrait être la devise de Malemort en 2022 ?

Euh… « Toujours plus libre ».

En 2018, tu disais « Liberté égalité fraternité et va te faire… » (rires) Tu concluais en disant « Metal libre ». Donc on rejoint aussi cette idée de liberté cette année encore.

Voilà, on y revient toujours !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

HELLTEVIEWS: retour sur les rencontres du Hellfest XV

S’il est un lieu privilégié pour faire des rencontres hors période de promo, c’est bien un festival. Le Hellfest fut l’occasion pour Metal Eyes d’aller questionner nombre de musiciens au cours de ces deux week ends. Retour sur une série d’interviews hellfestives quelque peu différentes d’une séance habituelle. Un exercice qui se fera de nouveau tant les musiciens se sont prêtés au jeu et ont semblé apprécier.

Au cours de ces sept journées, Metal Eyes a pu rencontrer des groupes espoirs autant que des valeurs sûres. Tous se sont prêtés au jeu du questionnaire chinois donnant des réponses aussi variées que, parfois, étonnantes ou, plus souvent, attendues. Pour d’autres (Manigance et Sortilège) le temps imparti n’a pas permis de poser ces questions à réponse spontanée. Nous avons cependant pu découvrir Black Beard (Julien et Jérémy), Tarah Who? (Tarah et Coralie), Heart Attack, As A New Revolt (Manu et Julien), Sorcerer (Anders, Peter et Justin) et Ensiferum (Petri), rediscuter avec Last Temptation (Butcho, Peter et Farid), Dirty Shirt (Leni et Christian), 6:33 (Rorscach, Nico et Vicken), Ayron Jones (punaise qu’il parle vite, celui-là!) ou encore Moly Baron (Camille, Sébastien et Steven) pour des moments de plaisir simple. Retour sur des hellterviews hellfestives! Note: les photos sont présentées dans l’ordre des rencontres. Vous pouvez les retrouver dans la galerie dédiée Hellterviews.

BLACK BEARD

Avant de démarrer ce portrait chinois, une première question est posée à pratiquement tous les musiciens rencontrés:

Dans ton autre vie, quel métier exerces-tu? En réalité, c’était plus « Dans la vraie vie, c’est quoi ton vrai métier, celui qui fait plaisir à ta maman? » Si les réponses varient, nous constatons sans surprise que, à l’exception de Petri Lindoos, leader d’Ensiferum et Farid Medjane, batteur de Last Temptation (et ex-batteur de vous savez qui), aucun ne vit de la musique de son groupe et tous ont une activité annexe. La majeure partie exerce un métier lié à la musique – 1 prof de guitare, 2 profs de batterie, 1 prof de chant/coach scénique – ou est intermittent du spectacle (3 techniciens son/video), certains ont une activité musicale annexe avec des side project (Butcho, chanteur de Last Temptation et l’un des membres de Moly Baron) ou connexe comme pierceur/tatoueur (Nico, guitariste de 6:33) et d’autres ont un métier totalement différent. Ainsi, si l’une des personnes rencontrées « cultive de la beuh« , l’immense majorité des autres a un métier plus reconnu par les autorités. Et cela va du responsable d’affaires dans la commercialisation de systèmes de sécurité (Anders, chanteur de Sorcerer) à intérimaire (Manu, chanteur de As A New Revolt – « parce que trouver un CDI et demander à partir régulièrement 3 ou 4 jours, c’est compliqué« ) en passant par responsable de rayon en grande surface (Chris, batteur de Heart Attack), fabriquant de bracelets pour les festivals (Peter, guitariste et fondateur de Last Temptation) à… médecin légiste pour un hôpital suédois (Justin, bassiste de Sorcerer).

TARAH WHO

Sans entrer dans une analyse psychologique, que peut-il bien se cacher derrière ces brutes de musiciens de hard rock/metal/indus/électro? Le portrait chinois nous révèle, nous le savons tous déjà, des cœurs tendres et amoureux de belles choses. Commençons par les questions posées à tous les musiciens et leurs réponses – parfois argumentées. Si tu étais…  (Note: pour plus de facilité, les deux Peter seront ci-dessous suivi des initiales de leurs groupes respectifs – « Peter LT » et « Peter S »)

HEART ATTACK

… Un animal

Ils ont la cote, nos animaux domestiques. Dans l’ordre des préférences, le chat détrône tout le monde (Butcho, Farid, Steven, Julien et Nico l’un d’eux précisant même être certains que « si tu as été bon dans la vie, je suis sûr que tu te réincarnes en chat« ) contre un seul chien (Petri « un grand chien!« ). Juste derrière nos ronronneurs arrive le singe (Camille, Christian, Julien et Rorschach « entre l’orang-outang et le gorille« ) – on peut même en ajouter un cinquième avec le paresseux (Sébastien) – suivi d’un autre félin, le tigre (Ayron Jones, Manu et Coralie) et de l’ours au caractère bien léché (Chris et Leni). Si, jusque là, il n’y a guère de surprise, certains artistes peuvent étonner: nous avons ainsi un aigle (Jérémy) et un condor (Justin) seuls animaux volants qui surveillent sans doute le seul aquatique cité, le requin (Peter LT qui n’est « pas trop fan de l’eau, alors je voudrais bien savoir ce que c’est de vivre dans l’eau« ). Plus surprenant, on trouve un élan (Peter S), une loutre d’Asie (Vicken) et un… rhinocéros (Anders).

ENSIFERUM

… Un roman

Les musiciens puisent souvent leur inspiration dans d’autres formes d’expression, dont la lecture. Mais pas tous. Ainsi, cinq d’entre eux se sont pas lecteurs du tout (Christian, William, Petri, Justin et Julien). Certains livres ont plus marqué que d’autres toutefois. En tête, l’univers clownesque et cauchemardesque de Ca de Stephen King est cité par Nico, Vicken et Steven. L’auteur est également apprécié pour les Evadés (Rorschach). On retrouve sans surprise l’univers de Tolkien et son Seigneur des anneaux (Chris et Sébastien). De grands classiques sont également cités tels Les Misérables (Julien), Rhinocéros (Peter LT qui avait commencé par citer Comment devenir millionnaire d’un certain Donald Trump avant de se rétracter aussitôt), La gloire de mon père (Manu), Le parfum (Butcho) ou encore Paradis perdus (Peter S) ou des œuvres plus récentes comme Les rivières pourpres (Farid) ou Monsieur Malaussène (Jérémy). Plus surprenant est le choix de Tarah qui opte pour Guérir le stress et l’anxiété sans Freud ni prozac ou celui, plus proche de nous, de son binôme Coralie plus portée sur une biographie de musicien.

LAST TEMPTATION

…Un héros de BD/comics

Ah, ah! On pourrait croire que les super-pouvoirs attireraient aisément nos héros musicaux. Eh bien… Il y en a, bien sûr, de Spiderman (Julien) à Hit Girl (Coralie) en passant par Spawn (Nico), Deadpool (Christian), Rorschach (devinez… Rorschach « C’est mon nom de scène, c’est pas un hasard« ) ou un autre personnage de Watchmen (Vicken), Batman (Ayron Jones, « celui des 90’s qui commence à devenir sombre« ). Visiblement, on lit plus de BD que de romans chez les metalleux dont certains puisent dans le passé avec Le Fantôme (Anders qui se souvient de « sa bague tête de mort qui laisse sa trace quand il cogne« ), le héros de notre enfance, Pif (William, parce que « Hercule, c’est un looser« !)ou plus récent avec Lanfeust de Troy (Camille a qui la référence « Prince Dhellu » a échappé), Thorgal (Jérémy) ou Obélix (Sébastien, « parce qu’il aime bien manger, comme moi« ). Mais ceux qui leur tiennent la dragée haute à tous, ceux qui ont été cités plus d’une fois, sont au nombre de 3 et attention! Nous avons le fils des âges farouches, Rahan (Farid et Leni) et un autre poilu en la personne de Wolverine (Chris et Peter S). Aurions nous pu cependant nous attendre à trouver sur le podium le héros de Franquin, j’ai nommé Gaston Lagaffe (Julien et Peter LT)?

AS A NEW REVOLT

… Un film

A nos classiques! Ils en sont amateurs, les musiciens, de ces films de grand écran. Et nous aussi, alors que partageons nous? Un seul film est répété, sans surprise au regard de l’univers historique: Braveheart (Chris et William). Les autres vont du musical Amadeus (Farid) à la SF avec l’incontournable saga Star Wars (Petri. Il suffit de regarder ses doigts!). On passe en revue la comédie avec The big Lebowski (Jérémy), Sacré Graal (Leni) ou encore La grande vadrouille (Sébastien) aux psycho pétés Iglorious Basterds (Coralie) ou Fight club (tiens, le même acteur principal pour Butcho), Pulp Fiction (tiens, un autre Tarantino pour Christian) ou encore The mask (Julien). Les classiques sont aussi de sortie avec Casablanca (Anders) et le plus récent Angel Heart (Peter LT). Le romantisme gothique de Tim Burton trouve une jolie place avec Edward aux mains d’argent (Nico) et Big Fish (Rorschach) tout comme le western avec Le bon, la brute et le truand (Justin) et Pour quelques dollars de plus (Peter S). Tarah elle préfère le documentaire sur Joan Jett tandis que Camille se projette dans la pellicule de Old Boy (la version coréenne).

DIRTY SHIRT

… Un écrivain

Sans réelle surprise, ceux qui ne lisent pas ne se projettent pas auteur. Pour les autres, ben… guère de surprise non plus. On retrouve naturellement Stephen King (Nico, Vicken, William et Butcho) et Bukowski est cité deux fois (Julien et Rorschach). On trouve un poète, Arthur Rimbaud (Farid qui cite Le dormeur du val, « je ne sais même pas si on l’étudie encore à l’école…« ), et beaucoup d’auteurs contemporains ou récents comme JK Rowling (Ayron Jones), Tolkien (Chris), Jules Verne (Christian), Marcel Pagnol (Manu), Isaac Asimov (Leni) ou encore Piers Paul Read (Sébastien);

6:33

… Un personnage historique

Allez, on se lance? On est au Hellfest alors c’est immanquable: certains seraient Lemmy (Jérémy et Julien) ou Ozzy Osbourne (Steven), là où d’autres seraient mieux dans la peau d’un dictateur: Néron (Farid, « il était dur, le contraire de moi, je suis gentil… »), Napoléon (Petri, qui hésite avec Jules César, et Coralie). Sans surprise, un de nos amis roumains (Leni) cite un certain Vlad , plus connu sous le nom de Dracula. Pas si morbide que ce que l’histoire raconte, mais autoritaire et intransigeant… « Si quelqu’un perdait une pièce d’or, il pouvait revenir une semaine ou un an après, il la retrouvait au même endroit« . Une certaine forme de politique qui en appelle d’autres. Ainsi, Peter LT cite Nixon « plus récent et controversé, mais une époque où on la relation au pouvoir était différente, et il en a payé le prix« , tandis que Rorschach s’imagine en Nelson Mandela. « Le mec, il passe 25 en taule, il sort, il n’est qu’amour. Il est élu et l’Afrique du sud remporte la coupe du monde de rugby… Extraordinaire!« . Peter S cite Olaf Palmer, ce politicien scandinave assassiné dont on n’a toujours pas retrouvé le meurtrier… Tarah, elle, s’imagine en RGB. Vous savez, Ruth Bader Ginsburgh. Allez, faites quelques recherches et vous découvrirez une féministe américaine hors du commun. Mais celui qui revient le plus n’est autre que William Wallace, héros de Braveheart (Julien et Chris). On ne saurait faire l’impasse sur l’apparition de Vercingétorix (Manu), les conquérants Genghis Khan (Butcho) et Christophe Colomb (Sébastien) ou le plus philosophe Homère (Justin). Mais surtout, surtout… rappelons nous de Godefroy de Montmirail (William) ou Jacky du Club Dorothée (qui a aussi co animé des émissions musicales avec Antoine de Caunes, au passage) cité par Nico personnages oh combien non historiques ! A nous de nous replonger dans la vie de tous ces personnages, maintenant!

AYRON JONES

… Un monument

On ne va pas vous faire l’affront de le garder jusqu’à la fin, le monument le plus cité au sein de ce Hellfest XV n’est autre que la statue de Lemmy (Tarah, Christian). Le reste navigue entre le mur de Berlin (« Mais détruit » pour Rorschach), des pyramides (celle de Ghisée pour  Camille et celle du Louvre pour Sébastien pour qui « mettre de l’art moderne au milieu d’architecture ancienne, c’est fabuleux« ), l’obélisque de Washington (Anders) ou Big Ben (« Ca fait du bruit, ça fait chier mais c’est joli quand même » selon Vicken) ou le Colisée (William). Certains se penchent plus sur des monuments naturels comme le grand Canyon (Steven), le mont Rushmore travaillé par la main de l’homme (Petri et Ayron Jones car « j’aime quand on me regarde« ). Manu, lui évoque le Palais idéal du facteur Cheval d’Hauterives dans la Drome tandis que Nico parle du site grec de Knossos (« Ils continuent de fouiller le site et de trouver des choses. « ). Plus proche de nous, Chris mentionne l’Arc de Triomphe « avant le passage des gilets jaunes » tandis que les autres n’ont guère d’idée…

SORCERER

 

… Un pays

On pourrait croire que les musiciens sont attachés à leur pays ou leurs racine, mais pas forcément. Naturellement, beaucoup le sont en ce qui concernent la France (Sébastien, Butcho, William ou Rorschach qui précise « à un moment j’ai eu des doutes, mais on a vraiment beaucoup de chance en France pour beaucoup de choses que les autres n’ont pas…). Les USA, pays de tous les possibles sont cités par trois (Farid, Peter LT – « plus le sud Californie » – et Manu – « j’aime et je déteste. Autant c’est un pays magique, autant, parfois, j’ai envie de les défoncer…« ). La Suède se retrouve aussi sur le podium (Nico et Peter S). De nombreux pays européens sont également cités avec, par ordre alphabétique, l’Allemagne (Camille), l’Autriche (Leni), la Belgique (Julien) la Finlande (Coralie), l’Italie (Jérémy), le Luxembourg (Anders), les Pays Bas (Ayron Jones)le Portugal (Chris) ou la Roumanie (Christian). On termine avec des paysages plus lointains et exotiques comme la Nouvelle Zélande (Steven)le Pérou (Justin), le Japon (Vicken) ou encore, paradis des surfers, Hawaii (Tarah). De quoi commencer à organiser ses prochains voyages…

MOLY BARON

Merci à Alexandre Saba (M&O music) Roger Wessier (Replica promotion), Romain Richez et Elodie Sawicz (Agence Singularités) d’avoir rendu ces rencontres, toutes plus que sympathiques, possibles et merci à l’ensemble des musiciens et artistes de s’être prêtés au jeu. On a vraiment passé des moments très agréables ensemble et j’ai fait de très agréables rencontres. Je n’ai cependant qu’un regrets: le trop faible pourcentage d’interviews de femmes alors qu’elles étaient assez nombreuses cette année sur le site. On verra l’année prochaine…

INSOLVENCY: Illusional gates

France, Metalcore (Autoproduction, 2022)

Nous avions déjà rencontré Insolvency en 2018 à la sortie de son premier album, Antagonism of the soul. Alors qu’est apparu en début d’année Illusional gates, le nouveau méfait des Troyens, Metal Eyes a pu s’entretenir avec Prosper, leur nouveau batteur qui a « trouvé le groupe complètement par hasard, sur annonce. Je suis allé voir ce qu’il font, et ça m’a beaucoup intéressé parce que je faisais déjà du metal ado. Je suis ensuite parti faire des études de musique pour voir d’autres styles, me diversifier et c’était un peu naturel pour moi de revenir au metal. J’ai intégré le groupe en 2020, en plein Covid. Le deuxième album était déjà écrit, également la batterie. je n’ai eu qu’à apprendre les parties en apportant quelques modifications, mettre ma patte. » Justement, comment lui, le dernier arrivé, analyses-t-il l’évolution de Insolvency entre ces deux albums?   » Du fait que je me suis formé à d’autres choses que du metal, je crois avoir apporté une sorte de diversification dans mon jeu. Je peux sans doute apporter quelque chose de plus moderne, dans d’autres styles. J’ai fait du jazz pendant pas mal de temps ce qui m’apporte un regard différent sur le style metalcore qui est déjà, à la base, assez codé. On est tous des individualités qui écoutons des choses très différentes, et on apporte des choses différentes dans la musique du groupe. »

La musique de Insolvency, il est vrai, reste très brute, même si le double chant hurlé et clair apporte une sorte d’équilibre. Seul quelques touches de piano en intro tentent de cacher le mur de brutalité sans merci qui suit. « Je pense que cet album a vraiment évolué. Ce n’est pas du compliqué pour faire compliqué. Il a une variété de styles, de la brutalité comme tu le disais mais aussi un équilibre avec de la mélodie. C’est un disque à écouter dans sa totalité« .

De quoi traitent les paroles? Le titre fait-il référence à la crise sanitaire? « Non, même si on peut le penser, mais l’album était déjà écrit avant et les thèmes abordés l’auraient été, Covid ou pas. On a dû dealer avec cette période, pour aller en studio, nus retrouver. Les thèmes sont plus personnels que sur le premier album, plus liés aux expériences de chacun, à des déceptions professionnelles ou dans la vie personnelle. Illusional gates, ça représente un peu une utopie qu’on se ferait de certaines situations. » Plongeons nous donc directement dans les textes de Mirage et Afterlight, ça nous donnera une idée du contenu! (devinez: ce sont les deux instrumentaux)

Si musicalement le groupe a évolué, visuellement, on reste dans le même esprit bleuté et brumeux avec des ombres fantomatique. « C’est un artwork assez sobre, pour illustrer ce qu’on fait en musique. Le choix des couleurs dit qu’on n’est pas ultra sombres ! On parle de choses qui nous sont arrivées et que d’autres ont sans doute vécues. Et on leur dit que malgré tout, on continue, on est là et on avance. »

Deux invités sont au casting de cet album: Ryan, de Fit For A King, et CJ, de Thy Art Is Murder. Autant dire deux grosses voix qui viennent se mêler à celle du bassiste chanteur Pierre Challouet et de son compère guitariste et chanteur Valentin Gondouin. « Tout s’est fait à distance, on était vraiment dans la période Covid, CJ est Australien, Ryan Américain, donc c’était compliqué d’organiser une vrai rencontre. On a envoyé des pistes, des morceaux, on a même testé plusieurs morceaux avec chacun d’eux, mais on n’a pas eu de vrai échanges humains. On a eu quelques exigences, mais le plus important, c’est que le morceaux leur ont vraiment plu. Ils ont pu apporter leur patte, on a, même à distance, fait un travail commun. Et pour nous, c’est top d’avoir la participation de gens comme ça. Ca nous donne une légitimité, le reconnaissance de nos pairs, si je puis dire. »

Pour me convaincre d’écouter cet album, lequel Prosper considère-t-il comme le plus représentatif de l’identité d’Insolvency qui me convaincrait d’en écouter plus? « Alors, c’est pas mon préféré, mais je pense que c’est le morceau éponyme, Illusional gates qui représente bien toutes les palettes de l’album, musicalement et dans les paroles. »

Avant de nous quitter, quelle pourrait être la devise d’Insolvency? « Attends… Je dirai « Stay strong ». Parce que, comme je le disais, malgré tout ce qu’on peut vivre, on est toujours là, on maintient notre projet, de faire la meilleure musique possible; Et c’est un message qui peut s’adresser à tout le monde« .

Entretien avec Prosper (batteur), propos recueillis le 22 avril au téléphone

 

FIREMASTER CONVENTION #3: vendredi 29 avril

Les 29 et 30 avril et le 1er mai 2022 s’est tenue la troisième édition de la Firemaster Convention de Châteauroux. Celle de l’an dernier s’était adaptée à la crise sanitaire et avait fait l’objet de diffusion de concerts à distance. Cette année marque le retour d’un accueil physique dans ce même hall des expos de la préfecture de l’Indre plus tardivement dans l’année que lors de l’édition de 2020 (qui, pour rappel, vit Vulcain donner son dernier concert – sans que le groupe ne le sache lui-même). Et c’est une bonne chose car cette fois, la température intérieure est normale, on ne se les gèle pas!

La site est une nouvelle fois divisé en deux: une grande partie réservée au market et activités annexes (projections de films – Metal hurlant et Lords of chaos – débat et conférences, jeux divers, photo booth), la salle de concert se trouvant dans le dernier tiers. L’espace occupé par la scène est plus vaste qu’il y a deux ans, les lights et décors clairement plus travaillés et professionnels. Pourquoi, avec une affluence à la base limitée, ne pas avoir proposé un point rencontre et dédicaces? C’eut été le lieu idéal pour tout le monde en cette reprise de concerts… A voir pour l’an prochain.

Dès mon arrivée, un triste constat s’impose: le public est absent… Dans un si grand hall, c’est flagrant. Maintenant, nous ne sommes que vendredi, certains travaillent encore, alors espérons que les concerts du soir attireront plus de monde. L’affiche de ce vendredi est pourtant alléchante proposant des styles variés, du metal sympho au thrash en passant par le hard rock.

Les concerts débutent avec les Lyonnais de Whyzdom, seul groupe à jouer pour tout public détenteur de pass « Day » ou « Night ». Devant à peine une centaine de spectateurs, Vynce Leef (fondateur, guitariste passé depuis à la basse) et ses comparses terminent de jouer un titre avant qu’il ne lance au public: « c’était le soundcheck! Maintenant, on sort, et on revient après l’intro! ».

La bonne humeur est visiblement de sortie, d’autant que, Marie, la chanteuse le dira plusieurs fois, c’est le premier concert que le groupe donne depuis 3 ans. Avec un set de 45′, Whyzdom propose 8 titres au public auxquels s’ajoute une sympathique mise en scène – le regard sévère de Marie maniant l’épée! une très agréable mise en bouche.

Ce sont ensuite les Grenoblois d’Amon Sethis qui viennent présenter leur dernier album en date, Part 0: the queen with golden hair (2020). Toujours inspiré par l’Égypte antique, Julien, le chanteur et dernier membre fondateur se présente masqué , enflammant son pupitre tel un rituel d’alors.

Le heavy presque prog fait son effet, malheureusement devant un public toujours peu nombreux, mais qu’importe. Les gars sont à la tâche et se font plaisir pendant les trois quarts d’heure alloués, distillant leur metal progressif sans être prise de tête et teinté de ces ambiances orientales qui font mouche. Un set efficace, un groupe au taquet, des musiciens qui semblent ravis de disposer d’une vaste scène. Julien arbore en fin de show son livre de chevet, « une édition de Champollion – celui qui décrypta les hiéroglyphes – trouvée dans un vide grenier pour à peine 50 centimes… » histoire de participer un peu plus à la culture du quidam châtellerain.

Le premier gros morceau du jour se nomme Titan. Reformé presque par hasard, le groupe de Patric Le Calvez a publié l’an dernier l’un des albums français les plus remarqués de 2021, Palingenesia. Prévu à l’affiche du « Firemaster à distance » de l’an dernier, le groupe n’avait pu se déplacer, car « on finalisait l’album. En plus, les conditions de circulations étaient telles qu’on a préféré se concentrer sur les derniers aspects du disque« .

La salle commence à bien se remplir, le nombre de T-shirts floqués du logo du groupe tendant à démontrer qui est la vedette du jour. Nous le savons, Titan sera également à l’affiche du Hellfest. Quand je leur demande comment on se prépare à un tel évènement, la réponse est simple « On ne se prend pas la tête. On connait nos titres, on ne va pas s’amuser à vouloir prendre toute la place au HF… Mais on y va, tranquillement. », au point qu’après son show, certains des musiciens concèdent ne pas avoir été vraiment en place. Pas si vrai, même si une moitié d’entre eux arbore un look cuir biker et l’autre est plus cool.

Mais scéniquement, rien à dire: Titan propose un heavy metal brut et thrashisant qui séduit de bout en bout. Le Calvez est en voix, on sent une formation complice et heureuse de profiter du temps présent quelque peu béni. Et si le public n’a pas encore entièrement assimilé ce dernier album, il reprend en chœur l’hymne L’Irlande au coeur. Et dans quelques semaines, avec quelques milliers de personnes, je dirai sans trop m’avancer que « frissons garantis ». Oh, oui, vivement le HF même s’il sera très tôt!

Trust, la légende, la fierté nationale qui a révolutionné le hard français est le groupe qui joue le plus longtemps. Une heure quinze allouée aux Parisiens et j’ai envie de dire: pour ça? Déjà, Trust est le seul groupe à n’avoir pas proposé de merch. Pourquoi? Mais plus encore, le groupe se contente, hormis Antisocial, de ne jouer que des titres de ses deux derniers albums en date, Dans le même sang (2018) et Fils de lutte (2019), deux albums pourtant de très bonne facture, sans véritable enthousiasme. Trust offre un concert… ennuyeux.

Bernie, d’ordinaire si engagé et harangueur, ne s’adresse au public qu’en donneur de leçons (« C’est bien d’accueillir les réfugiés ukrainiens, mais quand il s’agit des Syriens ou des Afghans, c’est une autre histoire… Ouais, ils sont blonds aux yeux bleus, ça fait un peu raciste, non? ») mais guère plus. Au nom de la rage? Elle est finalement loin. même sur Fils de pute, tête de liste, pourtant d’actualité, rien. On fait participer le public, un peu, mais la rage n’est pas là ce soir. David Jacob et Izo Diop, en dehors d’un moment sautillant, font de la figuration et Nono… le concert démarrant avec des problèmes de guitare, qu’il doit changer, a-t-il eu une influence sur le renfrognement général? Reste que le bulldozer est en panne. On se contente aujourd’hui de peluches posée en observatrices sur les amplis personnalisés. Décevant.

Phil Campbell and the Bastard Sons investissent la scène vers minuit. Le public est bien présent, se massant devant les planche pour voir l’ex-guitariste de Motörhead. Mais le Gallois est là pour son groupe et bien que des titres de son ancienne formations soient un passage obligatoire, les deux tiers du set voient le quintette proposer du matériel original et bigrement efficace. C’est simple, le bougon laisse place au sourire à plus d’une reprise, et ça fait du bien à voir.

Le rock, le vrai, un peu hard, un peu punk, direct et crasseux, c’est ça. inutile d’en faire des tonnes, les gars connaissent leur boulot et retournent rapidement la salle. Neil Starr (le seul qui ne soit pas un des ses fils mais en a une putain d’attitude!) se met le public dans la poche en un temps record, ne le ressortant que pour mieux le tenir dans sa main.

On pourra s’étonner que la première reprise de Motörhead fut un titre de l’époque de Fast Eddie, Iron Fist, mais on ne boude pas son plaisir. Quelle que soit la formule – originale ou passée – ça joue grave et ça regarde devant. Et, devinez quoi? devant, c’est un nouveau hellfest à ne pas manquer. Phil Campbell fait aisément oublié le concert d’avant et le public peut s’en retourner heureux. Bravo!

Metal Eyes ne fut pas présent pour les deux autres journées. Charge aux amis de United Rock Nation et de Live And Tracks – punaise, ça fait du bien de vous retrouver les gars! – de vous conter la suite des évènements.

A l’année prochaine, si tout va bien. Car sans soutien du public, ces initiatives sont amenées à disparaitre, alors, bougeons-nous, bougez-vous! Des concerts, fest et conventions pullulent, allez-y!

DISCONNECTED: We are disconnected

France, Metal (Autoproduction, 2022)

2018. Disconnected apparait dans le paysage metallique français avec un premier album de très haut niveau, White colossus. 2019, Paris, 27 janvier. Disconnected ouvre pour un Judas Priest au top de sa forme sur la toute première date de l’année du groupe. Une opportunité que le gang d’Adrien Martinot, guitariste fondateur, saisit à bras le corps et qui l’expose au grand public. Certains ne s’en remettent toujours pas, comme le raconte Romain Laure, le bassiste avec qui Metal-Eyes a pu échanger: « date mythique! C’est jusqu’ici notre plus gros show, et ouvrir pour des légendes comme Priest, c’est une sacrée expérience. » Disconnected revient aujourd’hui avec un second disque, simplement intitulé We are Disconnected. Quatre années se sont écoulées, la crise sanitaire est aussi passée par là. « L’album devait initialement sortir en 2020, deux ans après le premier, ce qui, en effet, est beaucoup plus cohérent. Mais avec le Covid, on voulait attendre le bon moment, d’autant plus que c’est le premier avec le line-up stable actuel, qui est en place depuis 2019. Ce qui donne une identité complètement différente au groupe comparé à White colossus. Les titres qui devaient sortir en 2020, on les a retravaillés. On a pris le temps de profiter de quelque chose d’assez négatif pour peaufiner ces titres et sortir le meilleur produit possible, maintenant, en 2022. »

Ce nouvel album comporte huit titres forgés dans un metal brut et direct. Avec deux « nouveaux » musiciens (le guitariste Florian Mérindol et le batteur Jelly Cardarelli) et avec cette opportunité que fut la crise sanitaire, comment Romain analyse-t-il l’évolution de Disconnected entre ces deux albums? « Rien que le processus de création est différent. Sur White colossus, c’est Adrian qui écrivait ces morceaux dans leur globalité. Nous n’étions, Ivan (Pavlakovic, chant), les autres et moi, que les musiciens. Là, c’est le groupe qui a composé. On a tous créé, on a chacun participé à l’écriture, d’où, aussi, ce titre We are Disconnected: « voilà, ça c’est Disconnected ». Cet album nous ressemble vraiment. C’est une unité. » La musique de Disconnected, si elle est brute, est varié. La décrire n’est pas évident: « C’est du metal moderne, on a des choses djent et du rock, du hard rock… Mais c’est difficile de mettre une étiquette sur le style. Mes influences? Il y a autant de Meshugah que de metal classique comme Iron Maiden, tandis qu’Adrian, lui, il est à fond dans le metal des années 80. Avec ce genre de contraste, il y a de quoi créer des choses sympa« .

On remarquera naturellement le premier morceau, Life will always find it’s way. Même si le lien avec l’ami Covid peut sembler évident, rappelons nous que l’album a été composé avant l’arrivée de ce virus. Le chant d’Ivan se révèle, comme sur l’album précédent, varié, se faisant ici agressif et rageur, là plus clair et passe partout. Le vocaliste propose une vaste palette qui colle parfaitement au genre développé par cette entité qu’est aujourd’hui Disconnected. Un album d’une brutale efficacité qui saura séduire un large public, tant en France qu’ailleurs.

Le plus gros show arrive, puisque Disconnected ouvrira le HF 2 sur la mainstage 2 le vendredi 24 juin (le groupe est également à l’affiche du WOA et du Rockfest de Barcelone). Si les 5 auront plus de temps pour se préparer qu’en ouverture de Priest (et faire imprimer un backdrop un peu plus grand, aussi…) nul doute que Disconnected sera l’une des sensation de cette nouvelle édition du Hellfest. Un grand groupe est en marche!

Propos recueillis au téléphone le 31 mars.

KOZH DALL: Deaf mute

France, Metal (Autoproduction, 2022)

Les amateurs de metal français auront sans doute eu connaissance de ce « groupe » quelque peu ovni de la scène extrême hexagonal qu’était Kozh Dall Division. On retrouve aujourd’hui ce même projet amputé de sa division. Pour quelle raison est-il devenu simplement Kozh Dall? Laurent Plainchamps, fondateur de ce projet et ancien membre d’Arsenic, Kristendom et même No Return qu’il a dépanné sur une dizaine de dates, s’en explique: « sur les deux premiers albums, il y avait beaucoup d’invités et le terme « division » impliquait le fait d’être plusieurs aux manettes, plusieurs musiciens de divers groupes et univers musicaux. En fait, le terme « division » ne me plaisait qu’à moitié. J’ai aussi changé le logo, et ce n’est pas tout à fait le même projet. » Ce projet est donc un ovni musical. Laurent en décrit simplement sa musique en précisant n’avoir « rien inventé. C’est un peu toutes les tendances du metal, des années 80, 2000, qui mixe du thrash, du death, du gothique, voire un peu de doom. Les voix sont variées, de claires, à death, thrash ou heavy, ce que j’adore faire. » C’est d’ailleurs une des particularités de cet album, ce chant varié, et Laurent s’occupe de toutes les voix, aussi bien rageuses que fluettes et « même presque féminines« . Intitulé Deaf mute, « sourd muet », traite du handicap sous diverses formes. « Oui, et ce pauvre gars n’a pas grand chose pour lui puisque Kozh Dall ça veut dire « vieil aveugle » en breton« . D’où cette pochette qui montre un visage saigner de ces trois sens… « Ca reflète aussi la difficulté d’exprimer son mal-être, pas seulement avec des mots, des textes ou un dialecte. C’est de la colère, de la tristesse, des émotions. Tout cela suffit à l’auditeur pour créer sa propre histoire« . En effet, on trouve beaucoup de choses dans cette musique: au cœur d’un titre thrash peuvent se trouver larsen et tapping. Laurent explique que « la musique, c’est des émotions qui viennent. Il y a a beaucoup d’improvisation, j’enregistre ce qui vient, et je laisse parler mes émotions. J’ai voulu enregistrer mes émotions sur le moment, ce n’est pas une interprétation, je ne pouvais pas faire autre chose à ce moment là« . En d’autre termes, cet enregistrement « one shot » a été très instinctif et organique. Les dix titres (de 1 à 10, titres simples au possible) reflètent cet état d’esprit. Les numéroter ainsi? « Il y a très peu de texte, en fait, donc c’était difficile de trouver un titre, j’ai laissé les émotions s’exprimer… Après, ça a été un peu compliqué pour la SDRM qui n’a pas compris que le titre 1 s’intitulait 1 et ainsi de suite (rires)! » Si Laurent devait n’en faire écouter qu’un pour nous convaincre de découvrir le reste il retiendrait « 6, par ce qu’il met un peu en avant ma voix et qu’il est assez facile d’écoute. c’est aussi l’un des deux clips. c’est un titre sur lesquels il y a un petit passage agressif mais aussi, j’ai réussi à faire des voix plus claires, presque cristallines. » Les amateurs de sensations fortes sauront trouver leur bonheur dans la variétés proposée par ce Deaf mute, brutal et introspectif dont la devise, conclut Laurent, pourrait être « les paroles ne sont que mensonge« . Un univers intrigant dans lequel l’auditeur pourrait aisément se noyer.

 

 

Entretien avec Laurent Plainchamps – propos recueillis le 1er avril 2022

Interview: KNUCKLE HEAD

Knuckle Head, c’est facile comme groupe. Ils sont deux. Pour cette interview, ma première question est de savoir auquel j’ai à faire, le beau ou le sympa? « Ben, c’est facile, je suis Jock Alva, le batteur, le tatoué« . Ok, un cogneur. Donc j’arrête mes vannes. Quoique…

Holsters and rituals est le second album du groupe. Sachant que le premier album s’intitulait 2, que le duo a également sorti un Ep faisant de ce nouvel album son troisième enregistrement… Faut vous suivre sur ce coup-là, dis… « Euh… oui, si t’a envie (rire)… Tu sais, tu es le dernier alors là je me lâche« . Aussi légère que puisse être cette interview, interroger Jock (ou joke?) se révèle simplement léger et plus que sympathique. Alors, commençons par le « simple » Knuckle Head, c’est quoi? « C’est un duo, gratte, batterie. Epuré au maximum. C’est du dark country… Te définir ce que c’est, c’est difficile. Tu écoutes et tu vas avoir du stoner, du sludge, du doom, du hard rock, de la country, du metal, du ard blues, du rock, du soft rock… C’est un énorme mélange et tu mixes tout. Tu rajoute, cerise sur le gâteau, un peu d’occulte, et tu sert ça avec un bon dessert et ça te donne Knuckle Head« . Le point commun entre tous ces style, c’est le côté US de la musique, très connotée west américain, avec les grandes étendues, le sable et le désert… « Absolument. On essaye vraiment, aussi, de mettre notre personnalité dedans« . Et c’est plutôt réussi.

« On a travaillé 3 ans sur cet album« , déclare Jock. Oui, mais il y a eu le Covid pour ça. « Ben justement… Il est très bien tombé, parce qu’on a vraiment pu prendre le temps de se concentrer à 200% sur ce disque. On sait que le mot Country touche à l’Amérique, mais on voulait mettre aussi le côté européen. Le côté château, un peu occulte des rituels, des forêts, sans compter que nous venons d’Alsace, là où ont été formées les sorcières… On voulait que cette country mette en valeur le côté européen. Il n’y a que les Américains qui puissent faire de la vraie country« . Country, oui, mais on reste très loin de Dolly Parton, heureusement… Le groupe a donc pu tirer profit de la crise sanitaire. En quoi le Covid a-t-il servi le duo? « On a pu prendre du temps, simplement. On a pu tout faire… On fait tout nou smême, de la gestion des réseaux sociaux à l’envoi des colis pour les commandes. Si tu dois tourner en même temps, aller en studio, sachant qu’à côté j’ai une entreprise de tatouage… Même si la musique reste au dessus de tout, tout ça prend énormément de temps, donc oui, bien sûr que le Covid nous a servis à beaucoup moins stresser, à travailler encore mieux l’album. Je penses aussi que l’expérience du temps nous a servis à nous trouver. Il y a plus d’harmonie. Je pense que Knuckle Head suivra cette voie sombre et lumineuse« .

L’album s’intitule Holsters and rituals. La pochette évoque ces derniers, à commencer par le côté sombre, le logo en cercle du groupe, les gens qui prient ces statues… Quels sont donc les rituels de Jock et Jack? « Je ne sais pas comment t’expliquer ça… En fait, l’artwork de l’album représente 2 statues qui, entourées de deux vitraux est exactement ce qu’on a reproduit sur scène. On a ces deux vitraux de 2 X 1 m sur scène qui sont une forme de bienvenue quand tu viens en concert. Quand tu nous vois sur scène, on te dit « bienvenu », et le chemin t’amène vers cette montagne, ce ciel, qui sont une invitation à une sorte d’évacuation totale« . mais eux, Johnson et Johnson, pardon, Jack et Jock, en ont-ils, des rituels, avant de monter sur scène, d’enregistrer? « Non, pas du tout. on n’est pas une religion, mais on prêche une forme de quelque chose. Ok, c’est une forme de rituel, mais quand tu rentre dans cet endroit, cette salle de concerts, c’est fait pour que tu oublies, que tu vives beaucoup mieux ce qu’il se passe autour de toi« . Donc, Knuckle Head apporte des ondes positives… « Exactement. Même si certains pourraient penser l’inverse en voyant la pochette« .

Tatouage, justement, Jock est tatoué partout. Que reste-il d’espace sur son corps qui ne le soit pas? « Euh… la voute plantaire (rires). Il me reste encore un peu de place« . Donc, pour Jock, le tatouage est un rituel. « C’est un rituel, oui, mais pas autant que la musique. C’est d’ailleurs, maintenant, le moyen que je préfère pour aller me vider la tête. Avant, ça passait par le tatouage qui est pour moi très personnel comme acte. c’est soit un moment très triste, sombre, ou très heureux. Je ne me marque que pour ça, pas pour l’art. C’est ma façon de m’exprimer, et maintenant, cette expression passe par la musique qui est mon exutoire. »

Kncuckle Head c’est également un groupe de rock, qui vit pour la scène. Le duo vient de retrouver le plaisir des salles qu’il vit, on l’imagine volontiers, comme une libération. « Oui, avec beaucoup de stress. Le peu de dates qu’on a eues, le Covid est arrivé. Là tout reprend à la normal, avec en plus la sortie de l’album. Il n’a en plus rien à voir avec l’album 2, qui est plus coloré, celui ci est beaucoup plus sombre. On s’est dit qu’on allait perdre une partie de notre fanbase. Peut-être pour en gagner une autre, mais en perdre une partie. Et en fait, pas du tout! C’est incroyable les retours qu’on a depuis trois jours, depuis le début de cette tournée. Des fans et de vous tous, au cours des interviews. On vous remercie plus que tout pour cette bonne ambiance, cette appréciation de ce nouvel album. On est vraiment très flattés par tout ça« .

Si Jock devait ne écouter qu’un seul titre de cet album pour expliquer ce qu’est Knckle Head, il retiendrait « le dernier, The sword. C’est pour moi l’aboutissement parfait d’une sonorité dark country. il y a cette sonorité d’énergie country un peu bizarre, on dirait qu’on a donné du Red B*** à la country et d’un coup tu passes sur ce riff stoner doom vraiment lourd, et cet énorme larsen de 30″ qui laisse place à cette espèce de pogo qui te fait headbanguer. Oui, c’est l’aboutissement de cet album. A écouter dans l’ordre! »

Pour conclure, pour Jock, la devise de Knuckle Head pourrait être « Ne jamais rien lâcher. Jamais abandonner« . En attendant, il tient à rajouter « profitez de chaque jour comme si c’était le dernier. Avec tout ce qu’il se passe, essayez de garder le sourire, d’être gentil avec les autres comme ça vous aurez un bon karma! »

Entretien téléphonique avec Jock Alva (batterie). Propos recueillis le 28 mars 2022

DEFICIENCY: Warenta

France, Thrash (Metal East, 2022)

Nous avions pu rencontrer, il y a 5 ans, Deficiency qui présentait alors The dawn of cousciouness, une tatane thrash qui enfonçait le clou de son prédécesseur, The Prodigal son, album très bien reçu. « On a pas mal tourné avec The dawn of cousciousness, jusqu’en 2019, nous explique Laurent Gisonna, chanteur et guitariste du quatuor. On a ensuite pu se concentrer sur la suite. On a pu capitaliser sur les bases de ce que nous avons vécu précédemment et travailler les bases de ce nouvel album, Warenta« . Les Lorrains de Forbach reviennent aujourd’hui avec Warenta, un concept album qui traite de ce monde rude des mines de charbon et de ses extracteurs, les mineurs aux gueules noires des années 40. On peut aisément imaginer que la diffusion récente de la nouvelle version de Germinal, une des chefs d’œuvre d’Emile  Zola, a pu inspirer Laurent Gisonna et sa bande, mais il n’en est rien. « L’histoire qu’on raconte concerne la mine et les mineurs mais ne traite pas d’eux. Ca concerne ces personnes-là parce que c’est la population qui habitait cet endroit et qui a vécu les évènements qu’on relate dans cet album, mais, en l’occurrence, ce n’est pas une histoire sociale qu’on veut raconter. On se détache de cet angle-là. Nous, ce qu’on a voulu raconter, c’est plutôt une histoire locale basée autour de légendes, croyances, superstitions… Il y a un fond de vrai, mais la mine est simplement le cadre, plus que le cœur de l’histoire. » Donc, Deficiency n’est pas encore le nouveau Zola…

Cependant, 5 années se sont écoulées entre les deux derniers albums du groupe, alors, comment Laurent analyse-t-il l’évolution de Deficiency? « Déjà, on a un « nouveau » batteur puisqu’on s’est séparés de Tom en 2018. Bon, il n’est pas si nouveau que ça, Benjamin (Jaksch)… Il n’est pas forcément influencé par les scènes extrêmes, mais il a su se mettre au diapason ». Il frappe fort, pourtant… « Oui, il frappe très très fort, confirme Laurent. Je pense qu’il a une autre sensibilité, il caresse son instrument différemment, il a plus de subtilité dans son jeu que nos batteurs précédents, et je pense que ça s’entend, que ça apporte quelque chose de plus musical dans l’identité sonore du disque. On a su, je pense , garder notre identité, même si la voix y fait beaucoup – j’ai quand même voulu tester des choses nouvelles; On a poussé le curseur un peu plus sur les ambiances, les structures, les côtés symphoniques. Les ingrédients étaient déjà tous réunis mais on les a travaillé de manière à ce que le tout soit plus fluide, qu’il y ait moins d’information et que ce soit plus cohérent. » La réalité c’est que Deficiency reste profondément ancré dans le thrash avec, également, ces breaks, ces moments plus soft éparpillés ici et là qui permettent de respirer, de se poser un peu. Il y a aussi, en effet, la voix de Laurent, qui alterne avec une facilité déconcertante entre rage thrash et grognements death, distingue le groupe de ses concurrents (et néanmoins amis). Comment la travaille-t-il pour alterner avec autant d’aisance. « La travailler, je ne sais pas… C’est quelque chose que j’ai toujours voulu faire. Peut-être que ça parait plus simple sur cet album, c’est lié à l’expérience, à l’âge qui fait que je peux toucher d’autres sonorités, d’autres fréquences que je n’avais pas l’habitude de chatouiller avant. Je crois avoir su garder mon identité tout en allant chercher de la nouveauté, et c’est un sacré défi! La voix c’est aussi un instrument, et ça se travaille, ça s’entretien de la même manière que la guitare ou la batterie. »

On ne passera pas à côté de l’invité de marque que le groupe « au delà des prières et des danses vaudou qu’on a pu faire quand on l’a abordé » a su convaincre de participer à I am the misfortune herald. « Bjorn « Speed » Strid, au delà de la musique de son groupe qui est dans la même ligné que nous, j’ai toujours apprécié son chant, il m’a beaucoup influencé dans sa manière de passer d’un état à un autre. Il recherche la mélodie, le refrain parfait qui s’ancre dans ton esprit. A mon modeste niveau, j’essaie de reproduire cet esprit. On lui a en fait simplement envoyé un mail, puis le morceau, ça l’a intéressé et _ça s’est fait. Simplement… Il y a aussi cette période de confinement qui fait que certains ont sans doute eu un peu plus de temps pour ce type de collaboration, pour tenter autre chose« . D’accord, mais si le thème de l’album n’avait pas été les mines, le groupe aurait-il invité quelqu’un d’autre que le chanteur de Soilwork, du « travail de la terre »? Il se marre: « Bien vu, mais, non! C’est indépendant de notre volonté. Ca se serait appelé Balais ou Poutre, on l’aurait quand même invité. C’est juste que, artistiquement, on les adore« .

Le groupe a pu enregistrer en studio, mais chacun son tour « On a voulu garder l’authenticité du studio. Le processus a duré quelque mois, mais au final, on est totalement satisfaits du résultat qui sonne moderne et ne vieillira pas avec le temps, je pense. » Justement, comment Laurent définirait-il la musique de Deficiency pour inciter quelqu’un qui ne connait pas son groupe à en écouter plus? « Ouh la! C’est compliqué comme question! Je ne suis pas forcément le plus objectif pour en parler… Mais disons que nous ne nous contentons pas de jouer du thrash pur et dur. On a une base de thrash moderne, mais nous ne nous donnons aucune limite d’exploration. C’est assez ouvert d’esprit, alors si tu es ouvert d’esprit en matière de metal, tu va t’y retrouver« . Il y a, c’est vrai, une belle variété de morceaux sur Warenta. Si Laurent ne devait en retenir qu’un seul pour expliquer à quelqu’un ce qu’est Deficiency aujourd’hui, lequel serait-ce? « Super dur… (rires) Chaque titre a son identité, si tu prends… » Je l’interromps alors qu’il commence à décrire les différentes chansons et le recentre sur un seul titre… « Je ne peux pas répondre… Bon, allez, je vais me lancer avec The feathers. C’est le morceau qui fait la jonction entre tout ce qu’il y a : des mélodies toujours prenantes, un refrain fort et fédérateur, un esprit un peu progressif et, aussi, les riffs qui vont vite et qui font secouer la tête (rires)« . Il se trouve aussi que c’est le titre le plus long (7’09), celui dans lequel le groupe a pu mettre un peu de tout (il confirme).

Terminons avec le classique de Metal Eyes: quelle pourrait être la devise du groupe? « Ah, elles sont compliquées tes questions, cher MP… « Du metal varié mais du metal quand même« , ça te va? » Oui, parce que Deficiency avec Warenta est définitivement metal. Du thrash qui dépote sans pour autant prendre la tête sauf pour la secouer. Alors inutile de se priver, réservons à Warenta un accueil digne de ce nom, d’autant que les dates commencent à être annoncées. Un groupe à ne pas rater sur scène!

Propos de Laurent Gisonna recueille le 15 mars 2022.