AQME

Metal, France (At(h)ome, 2017)

Pour son nouvel album, annoncé un peu partout dès l’été dernier via affiches et pubs diverses, Aqme a décidé de remettre les compteurs à zéro avec un album sans titre. Comme un retour à la case départ, ce qui est étrange dans la mesure où il s’agit du second disque avec ce line-up: l’indéboulonnable duo des origine composé de la bassiste Charlotte Poiget et du batteur Etienne Sarthou (également responsable du son de ce disque), pour la seconde fois accompagnés du chanteur Vincent Peignart-Mancini et du guitariste Julien Hekking. Nouveau départ donc, pour lequel Aqme se fend d’un album superbement produit et surtout composé de 12 titres explosifs. Vocalement, Vincent a parfaitement trouvé sa place, entre rage et mélancolie. On s’amuse du choc lorsqu’il partage le micro avec Reuno (Lofofora) sur Rien ne nous arrêtera. Aqme a toujours su allier colère et groove, rage et crasse dans sa musique et franchit ici encore un nouveau pas. La variété fait plaisir à entendre: Aqme navigue entre lourdeur pachydermique et sombre mélancolie, heavy riffu et couillu et moments plus popisants. Bref, Aqme, en se renouvelant tout en restant lui-même, nous offre sans aucun doute un de ses meilleurs albums à se jour.

JOE BONAMASSA: Live at Carnegie Hall – An acoustic evening

Blues, USA (Provogue, 2017)

Après un superbe Blues of desperation, Joe Bonamassa nous offre un album live acoustique enregistré au cours de la tournée qui a suivi. Et c’est un double album, paru fin juin, qui nous apporte le plein de blues et de feeling. A ce niveau, c’est un minimum. Démarrant avec le dynamique This train, suivi d’un Drive tout en émotion, Bonamassa se livre très vite à l’exercice du blues acoustique avec une aisance et un bonheur sans pareil. Sa voix chaleureuse sublime le travail de son doigté unique, magique. Les cordes sont léchées, aimées, les choeurs profonds et envoûtants, la sélection des chansons impeccable. Du blues des champs de coton (partout) aux sonorités irlandaises (Black lung heartache), du rock retravaillé à la chanson populaire (Blue and evil), tout y passe avec un extraordinaire feeling. Ce gars est un magicien de la six cordes. Et un double album n’est guère suffisant pour assouvir le fan. Ce Live at Carnegie hall, produit de main, pardon, d’oreille de maitre, par Kevin Shirley, est présenté sous divers formats, du CD au DVD ou Blu Ray, sans compter le triple vinyle. Il y a de quoi faire pour satisfaire tout le monde. Musicalement, s’entend!

VANDENBERG’S MOONKINGS: MK II

Hard rock, pays bas (Mascot, 2017)

Démarrant sur des intonations AC/DCesques, Thightrope, qui ouvre ce MKII, second disque du Moonkings d’Adrian Vandenberg, donne le ton. Pas de surprises ici, on est en plein hard rock puissant, bluesy et empli de feeling. On n’en attend pas moins de celui qui, après quelques fulgurances sous son nom propre au début des années 80, s’est distingué au sein du Whitesnake de David Coverdale. On a d’ailleurs parfois l’impression de l’entendre chanter, mais, non, c’est bien Jan Hoving qui officie tout au long de ce disque. 12 chansons taillées dans le rock, efficaces en diable. Les références culturelles sont nombreuses. Si AC/DC est évoqué à plusieurs reprises, on trouve également des traces du susmentionné serpent blanc, ainsi que quelques clins d’œil à Jimi Hendrix (All or nothing) parmi d’autres incontournables. Mais point trop, Vandenberg ayant depuis longtemps trouvé sa voie propre. Le groupe qui l’entoure (outre le chanteur Jan, Sem Christoffel s’occupe de la basse et Martin Jenes de la batterie) est resté stable depuis la création de Moonkings en 2013. Cette stabilité se ressent dans les compositions, hautes en couleurs, même si la ballade What doesn’t kill you est quelque peu prévisible. Ce titre mis à part (et encore…), on a de quoi s’émerveiller tout au long de ces 12 morceaux traditionnels et entraînants. J’adore! On pourra dire que 4 ans, c’est long, cependant, vous aurez bientôt en quasi exclu webzinesque (la plupart étaient consacrée aux magazines de guitare…) l’interview de Monsieur Adrian Vandenberg qui revient sur cette si longue absence due à la contraction de la maladie de Lyme. Il va bien, et est prêt à reprendre la route. On l’attend impatiemment !

DAISY DRIVER: Nulle part

Rock, France (Autoproduction, 2017)

Forcément, les plus cinéphiles d’entre vous ont fait le lien avec le film Miss Daisy et son chauffeur. Et le titre de ce t album arrive comme un clin d’oeil: « On va où Miss Daisy? » « Nulle part« … Daisy Driver s’est formé en 2015 et les quatre ont mélangé leurs influences, variées, pour concocter cet album enlevé, diversifié, enragé et tendre à la fois… Le quatuor français nous offre une jolie plongée dans des univers torturés à la Noir Désir et enjoués et directs à la Rolling Stones, première période. C’est un ensemble prenant, principalement chanté (avec quelques intonations torturées à la Bruel!) en français auxquelles viennent, de temps à autres, se greffer quelques paroles en anglais. Un voyage sonore qui fait mouche, une invitation à parcourir un bout de chemin avec ces gars. Du beau travail qu’on espère voir sublimé par les gros médias… A noter, deux reprises figurent sur ce disque: Morgane de toi de Renaud et Elle a les yeux revolver de Marc Lavoine. Quand on vous disait que les influences de Daisy Driver sont variées…

DREAMCATCHER: Blood on the snow

Heavy metal, France (Autoproduction, 2017)

Si vous aviez accroché à Emerging from the shadows, le premier album du groupe paru en 2012, vous avez sans doute cru Dreamcatcher disparu depuis belle lurette… Sauf que Chris Garrel, son chanteur, fondateur et unique membre d’origine a plutôt la passion chevillée au corps. La passion du metal en général (et de Maiden en particulier) et de son groupe, son bébé. Et s’il a pris son temps pour écrire et composer, avec la participation de Geoffroy Lacarrière, ce second album, Blood on the snow, c’est pour y mettre tout ce qu’il avait en lui. Si Blood on the snow, le morceau titre, traite d’un des massacres subis, au même titre que Dreamcatcher qui clôt le disque, par les indiens d’Amérique, les thèmes des chansons sont variés. On passe ainsi d’histoires vraies à d’autres inspirées par l’univers fantastique (The Werewolf, Curse of the vampires..) ou d’actualité (Mother earth, dont on regrettera seulement quelques paroles trop faciles et qui est également lié aux indiens d’Amérique) sur fond musical déterminé et puissant. Bien sûr, on retrouve des traces des géants du genre, Iron Maiden (un peu partout) ou Scorpions (Curse of the vampires), voire Metallica/Slayer, mais Dreamcatcher s’efforce d’ajouter sa propre touche, mélangeant heavy pur jus, parfois limite thrash, et prog. Ainsi, les ambiances inquiétantes sur le pont de The werewolf – et son chant black en fond – ou les cavalcades guitaristiques de Dark is my soul sont particulièrement réussies. Le mix final d’Alex Wursthorn est, comme à son habitude, efficace. Dreamcatcher doit maintenant passer à la vitesse supérieure en s’attaquant sérieusement à la scène. Mais ça, c’est une autre histoire…

STOLEN MEMORIES: Paradox

Progressif, France (Autoproduction, 2017)

Ils en ont perdu deux en cours de route… Stolen Memories, pour son troisième opus, se fait trio. Évoluant toujours dans un heavy progressif, les Français nous proposent avec Paradox 10 titres réfléchis et ambiancés. Si le rythme est souvent enlevé, si les influences jazzy et manouches sont aussi présentes que le rock, si l’ensemble se laisse aisément écouter, Stolen Memories (zavez remarqué les initiales? SM…) s’éparpille quelque peu en voulant explorer divers espaces et horizons musicaux. Baptiste Brun connait parfaitement son propos guitaristique, et le démontre avec aisance et brio. Et si le prog s’adresse souvent à une « élite » musicienne, les sonorités ici concoctées sont d’une approche généralement facile. ce qui rend, en revanche, certains passages plus difficiles, c’est l’accumulation de pistes rendant le sujet complexe. Stolen Memories nous tricote des chansons qui nécessitent souvent plus d’une écoute avant que l’on puisse véritablement se les approprier. Pas toujours facile, ce Paradox aime à jouer avec les couleurs et les sons, ambiances et rythmes. Interview à suivre.

TYLER BRYANT & THE SHAKEDOWN

Hard rock, USA (Snakefarm records, 2017)

Tyler Bryant & The Shakedown serait-il logé à la même enseigne que The Answer ou The Treatment? Tout semble le laisser penser. Malheureusement pour les jeunes Américains. Car, comme leurs ainés irlandais et les jeunes Anglais, TB&TS (faisons simple, voulez-vous?) a ouvert pour de grosses pointures telles AC/DC ou Guns ‘n Roses, en France, mais aussi pour d’autres géants tels Deep Purple ou Aerosmith (OK, le guitariste Graham n’est autre que le fils de Brad Whitford, mais le groupe reste discret à ce sujet, ce qui est tout à son honneur. Mais ça peut aider quand même). Au-delà de ces prestations, ces trois groupes ont en commun de pratiquer un hard rock vintage carré et ultra bien fichu.  ‘Scusez du peu, mais normalement, ça devrait être des gages de qualité et permettre d’ouvrir les portes du succès. Sauf qu’aujourd’hui, dans le monde de la musique, plus rien n’est normal. Et même si, je le reconnais, j’ai eu du mal avec les premières livraisons de TB&TS, cet album éponyme sonne comme le véritable début d’une carrière qu’on souhaite explosive. Tout y est, des guitares old school au chant langoureux, des riffs et rythmes qui te rentrent dans la tête, des effets parfois psychédéliques, des références à Hendrix, à toute la scène blues du Sud des USA ou aux Black Crowes, sans parler de ce look et ces poses lascives… Voici une formation prometteuse qui mérite le plus grand soutien public et médiatique. Spinefarm, est-ce un hasard, a décidé de lancer sa nouvelle branche – Snakefarm records – avec ce CD, c’est un beau pari sur l’avenir. En tout cas, si le hard rock vintage, teinté sudiste, vous plait, vous savez vers qui vous tourner!

MIGASO: MeKaNiKa

Rock, France (MML music/Socadisc)

Pour moi, c’est une découverte… Antonio Martino est à l’origine de Migaso, groupe rock multi facettes dont l’une des plus intrigantes reste cet usage de l’italien pour le chant tout au long de ce MeKaNiKA qui a tout d’un futur classique. Intrigante tout  autant qu’attirante, aussi. Car l’italien a ce charme naturellement chantant et entraînant qui colle ici parfaitement au rock de Migaso. Chaque titre ressemble à un récit poétique ou mélancolique sur fond musical varié, alliant rock n roll, hard rock ou metal moderne à des sonorités plus proche du folk italien et ses incontournables sérénades ou de ce que certains désignent comme le blues de Calabre. C’est cette singularité culturelle, ce mélange des genres, des codes et des cultures musicales qui fait de ce disque un album à part. Et l’on vient d’apprendre que Migaso est triplement nommés aux Victoires de la musique. Pas étonnant, et une affaire à suivre.

Interview: DREAMCATCHER

Interview DREAMCATCHER : rencontre avec Chris (chant) et Geoffroy (guitare). Entretien mené le 26 septembre 2017 au Dr Feelgood des Halles

Tous ceux qui le connaissent le savent: Chris, le chanteur et fondateur de Dreamcatcher est un des plus gros fans d’Iron Maiden. Alors il n’est guère surprenant de le voir débarquer au Dr Feelgood vêtu d’un T-Shirt West Ham United. Ceux qui ne comprennent pas peuvent aller lire n’importe quelle bio consacrée à Steve Harris. Mais le gaillard n’est pas là pour parler de Maiden (quoique… Lancez le sur le sujet pour voir) mais pour présenter, avec son guitariste Geoffroy, son nouvel album, chroniqué ici même la semaine prochaine. Bavard, le Chris? Beuh non… Faut simplement savoir l’arrêter parfois!

Dreamcatcher

metal-eyes: Alors, tout d’abord, Chris… la remarque s’adresse à toi : Dreamcatcher a été formé en 2001,, vous avez publié un premier Ep en 2007, le premier album est sorti 5 ans plus tard, en 2012, et aujourd’hui, en 2017, arrive Blood on the snow. On ne peut pas dire que tu sois un foudre de travail…

Chris: Euh… je ne suis pas un foudre de travail… Disons qu’en fait, je suis peut-être quelqu’un qui est difficile à vivre. Depuis 2001, il y a eu beaucoup de changements de line-up, pour plusieurs raisons. D’abord, il y a un aspect économique : la scène metal, en France… au mieux, on est des semi-pro, mais la plupart, on est des amateurs. On est des artisans… C’est-à-dire qu’on a tous des boulots à côté, des vies de famille. Même si ce projet de Dreamcatcher me tient à cœur, ça fait 17 ans que ça existe, ben… Il y a plein de contingences autour, et ce n’est pas évident. C’est un groupe qui aime bien faire les choses, et on préfère, c’est facile à dire, la qualité à la quantité. On aime bien prendre notre temps et que ce soit bien fait.

metal-eyes: Toi qui est l’unique membre survivant des débuts, comment décrirais-tu l’évolution de Dreamcatcher entre Emerging from the shadows et Blood on the snow ?

Chris: La grosse différence entre les deux albums, c’est que Emerging from the shadows était déjà écrit quand il a été enregistré. Les membres qui m’ont rejoint on dû se l’approprier pour ensuite l’enregistrer.

Geoffroy: Il n’y a pas eu un travail de composition de groupe à proprement parler. Le line-up s’est recréé en 2008, et je suis le seul de cette époque. Tous les morceaux étaient déjà écrits, et, oui, il a fallu qu’on se les réapproprie avec notre style. C’est ce qui a amené à faire l’album : on avait déjà des colorations pour ces morceaux, qu’on a affinées avec nos influences personnelles. Tandis que ce nouvel album, on ne part plus avec des morceaux existants, il s’agit d’un véritable travail de composition de groupe.

Chris: On est parti d’une feuille blanche. Même si les gars avec lesquels je joue sont dans Dreamcatcher depuis un moment, ils ont mis leur style, leur patte et ont créé Dreamcatcher tel qu’il est aujourd’hui, ils n’avaient jamais écrit. Ce n’est plus la même façon de travailler… Il faut prendre en compte les influences, les avis de tout le monde et apprendre à travailler et composer avec d’autres…

Geoffroy: Sans perdre l’âme du groupe. Le son qui avait été fait doit évoluer.

metal-eyes: On est dans un monde de consensus et de compromis, donc…

Geoffroy: Exactement.

Chris: Ce qui est surtout intéressant, c’est qu’on a tous grandi ensemble. Et qu’à un moment donné on a arrêté de jouer, et on laissé de côté les batailles d’égo. Dans le groupe, il y a effectivement quelques forts tempéraments, mais on a décidé de mettre nos compétences, notre sensibilité artistique au service de la musique. Il n’est pas question de faire un solo, une ligne de chant, un cri simplement pour épater la galerie, ou pour la performance, l’idée étant, effectivement d’être dans le compromis, sans que ce soit du compromis : c’est un échange, on se nourrit des influences de l’autre pour créer quelque chose. La grosse différence, je la ressens comme ça, c’est le son que je trouve plus costaud. Globalement, l’album est sans doute plus sombre que le précédent, les textes sont plus travaillés, et l’album est plus thrash. Faire matcher les deux, ça correspondait à cet esprit progressif.

metal-eyes: Parlons justement des textes : d’où vient votre inspiration ? Es-tu le seul à les écrire ou, là aussi, c’est un travail de groupe ?

Geoffroy: Musicalement, c’est un travail collectif. Les textes c’est Chris.

metal-eyes: Alors ils viennent d’où ces textes : l’album commence et termine en parlant d’indiens, il y a du fantastique…

Chris: On s’auto inspire… C’est-à-dire que c’est la musique, les ambiances de Dreamcatcher qui peuvent parfois m’amener à écrire certains morceaux, et d’autres fois, c’est l’inverse, parce qu’ils savent les thèmes que j’aborde qu’ensemble…

Geoffroy:  Il y a des composantes musicales qui vont être en rapport, en tout cas l’image qu’on en a, avec des thèmes. Par exemple, The werewolf, on connait la thématique même si on ne sait pas ce qu’il a écrit. Donc on va commencer à composer. On a voulu ce morceau un peu progressif, c’est ce qu’il m’inspirait, et Chris a écrit tout un texte et quand on a

Chris: Ce qui m’inspire pour écrire ? C’est l’idée de raconter des histoires, comme pouvait le faire, je ne sais pas… Peut-être Iron Maiden…

metal-eyes: Tiens ? Chris qui parle d’Iron Maiden ?

Chris: Ou Phil Lynott avec Thin Lizzy, aussi… Ensuite, tu ne te refais pas, tu parles des choses qui t’intéressent, qui te passionnent… ça fait des années que je suis passionné par la culture amérindienne, d’où le nom du groupe, Dreamcatcher, et un jour je me suis regardé dans la glace et je me suis dit : « Chris, tu es un imposteur. Parce que tu appelles ton groupe Dreamcatcher, que ça fait des années qu’il existe et que tu n’as jamais eu le courage de prendre une plume et d’écrire un texte sur les amérindiens ». Et un jour, j’ai passé le cap, et le premier morceau qui est arrivé, c’est Blood on the snow, qui parle du massacre de Wounded knee.

metal-eyes: Thème qu’avait aussi abordé Satan Jokers, d’ailleurs ?

Chris: Oui, sauf qu’eux, ils parlent de Wounded Knee 73, c’est-à-dire le réveil de la conscience amérindienne qui correspond à toute cette montée du réveil de toutes les minorités : les black panthers, et autres… Wounded Knee 73 est très symbolique parce que les gens ont occupé la place où s’est déroulé le massacre de 1890. Il y a deux autres morceaux qui sont en relation avec les Amérindiens : Mother Earth, qui a une dimension plus écologique. On y dit que la terre ne nous appartient pas, qu’il faut la respecter sinon, un jour, elle nous le fera payer.

metal-eyes: Ce qu’elle est en train de faire…

Chris: C’est malheureusement un sujet d’actualité, oui. Quand on l’a écrit, il y avait aussi ce projet d’oléoduc… Et il y a aussi le morceau Dreamcatcher qui fait aussi référence à ce peuple et à la difficulté pour un Amérindien de s’adapter à la vie moderne tout en restant attaché à ses racines. S’agit-il d’un concept album ? Je ne sais pas, même avec 3 titres qui parlent des Amérindiens… Il y aussi 3 autres titres qui font référence à un autre de mes intérêts : les films fantastiques des années 50, 60, les films de la Hammer. The werewolf, Curse of the vampires et Dark is my soul. Ce morceau, Dark is my soul, est également inspiré par les choses qui m’intéressent et me passionnent, et dans ce cas, c’est la série Supernatural qui est une série avec des chasseurs de monstres, l’apocalypse, le combat entre le bien et le mal…

metal-eyes: Sur ce titre, il y a des guitares trépidantes qui m’ont particulièrement marqué. Je me suis dit « houla ! Là, il y a quelque chose ! ». Là, pas ailleurs, hein… (Rire général)

Geoffroy: Le reste est merdique… (rires) L’idée, avec cette thématiques de monstres en général, qui sortait complètement de la thématique des Amérindiens, on voulait avoir quelque chose qui soit musicalement cohérent avec l’ambiance du thème, et on a eu l’idée de faire de ces 3 morceaux un triptyque, et que la composition soit axée sur  cette notion, de passer d’un morceau à l’autre comme si c’était une seule et même pièce.

Chris: C’est pour cette raison qu’on s’accorde deux petites pauses avec deux titres qui sont moins « d’un seul bloc ». Il ne s’agit pas d’un concept album, mais toutes ces chansons ont un lien entre elles : le sang.

metal-eyes: Que pourriez vous me dire pour me convaincre de foncer acheter l’album dès sa parution ?

Geoffroy: Si tu as apprécié le premier album, tu vas adorer celui-ci. Je sais, ça fait tras cliché mais tout le travail a été beaucoup plus réfléchi, la production est meilleure, on a un ingé son qui a fait un boulot extraordinaire… On a vraiment le son qu’on espérait avoir, on n’a pas les erreurs d’un premier album… Aujourd’hui, on a un produit qui est beaucoup plus abouti, une musique qui nous parle beaucoup plus…

Chris: Et on a la prétention d’avoir quelque chose d’un peu différent : on est sur du heavy, sur du thrash, avec un chant clair, ce qui n’est pas forcément le cas d’autres groupes de ce style, et on a cette touche progressive qui est, je pense qu’on peut le dire, caractéristique du style Dreamcatcher

metal-eyes: Quel a été votre premier choc musical, et quel a été l’artiste ou le groupe qui vous a fait dire « voilà ce que je veux faire »

Geoffroy (Discrètement): Allez : 3… 2… 1…

Chris: Iron Maiden, en 1980… Je dirais même que Steve Harris est la personne qui m’a donné envie de faire de la musique, qui m’a inspiré…

metal-eyes: Attends, explique-moi : Steve Harris, bassiste, est celui qui t’a donné envie de chanter ???

Chris: Non, pas forcément (rires). Non, c’est plus sa volonté : c’est un type qui ne lâche jamais, qui maintient le cap. Avec le premier album, je me suis dit « cette musique, c’est moi, c’est mon groupe ». Il n’y avait rien autour qui aurait pu me détourner de ce style.

Geoffroy: Moi, ça a été Iron Maiden, aussi, mais le morceau Fear of the dark qui a été une grosse claque à un moment où je ne connaissais pas le metal. « C’est quoi ce son, non, ça, c’est un accident ! » UN copain m’a fait écouter ça, m’a rété l’album et j’ai trouvé ça démentiel. Du coup, j’ai foncé chez le disquaire du coin et j’ai acheté tout ce que je pouvais du groupe. Après, j’ai tellement écouté ça… Je voulais comprendre comment ces gars pouvaient obtenir un son pareil… Je suis devenu un énorme fan de Dave Murray, je suis devenu passionné de guitare grâce à ça. Je fais un peu de lutherie et je me suis fabriqué la guitare avec laquelle je joue dans Dreamcatcher, qui est une réplique de celle de Dave Murray.

metal-eyes: Maintenant, si vous ne deviez retenir qu’un seul titre de Blood on the snow pour définir ce qu’est Dreamcatcher aujourd’hui, ce serait lequel ?

Chris: Je pense que ce serait Blood on the snow. Parce qu’il y a tout : l’ambiance, la référence aux amérindiens, l’aspect épique, heavy, thrash aussi, qu’on avait déjà mais qui est plus affirmé. C’est pas par hasard que l’album porte ce titre, et qu’il ouvre l’album…

Geoffroy: Je partage complètement cet avis, même si Dreamcatcher a aussi ces ambiances qu’on recherchait. En plus, en tant que guitariste, je suis forcément très mégalo, et Blood on the snow… Il n’y a pas de solo dessus… Forcément, je dois te parler d’un morceau avec un solo.

metal-eyes: Quelle pourrait être la devise de Dreamcatcher ?

Chris: (longue réfléxion…) Pfui…. Je ne m’y attendais pas à celle là !

metal-eyes: Alors là, tout d’un coup, il ne s’attendait pas à une question et il est beaucoup moins bavard, le gars… C’est un peu le but des interviews aussi… Pour vous laisser le temps d’y réfléchir, ceci : quelle a été la meilleure question qu’on vous a posée aujourd’hui, la plus surprenante, la plus marquante ?

Geoffroy: La question précédente… (rires) Sauf que je n’ai toujours pas la réponse !

Chris: C’est des clichés, mais j’ai vraiment l’impression qu’on est honnêtes dans notre démarche….

metal-eyes: Donc il n’y a pas eu de question qui se démarque ?

Chris: Qui se démarque ? Euh, non, j’essayais de répondre à l’autre question !

metal-eyes: Faut suivre !

Chris:  Un truc qui nous a interpellé et fait plaisir ? Déjà, celles des gens qui ont pris le temps d’écouter l’album et qui ont compris qu’il se passe quelque chose. Si, une que personne ne nous a posée : quelqu’un a comparé cet album à un disque de Black Sabbath. C’est quelque chose qui nous a interpelés parce que…

Geoffroy: C’est pas quelque chose qu’on aurait pensé comme ça, et ça amène à réfléchir…

metal-eyes: Allez, la devise : ce serait quoi ?

Geoffroy: On a essayé d’être vrais, d’être nous-mêmes. Alors « Soyez vrais, restez vous-mêmes ».

Chris: Quand je pense à tout ce que nous avons traversé depuis la création du groupe, de Dreamcrasher… de Dreamcatcher, pardon…

metal-eyes: Oh, le lapsus ! (rire général)

Chris: Dreamcatcher… Ma devise serait : « ce qui ne te tue pas te rend plus fort »

metal-eyes: Merci pour cette interview, et je vous souhaite bonne chance avec ce nouvel album!

 

EUROPE: The final countdown 30th anniversary show

Hard Rock, Suède (Hell & back recordings, 2017)

Europe, entre 2015 et 2017, a intensivement tourné à travers le monde, en invité « de luxe » de Scorpions, tout d’abord, puis en tête d’affiche afin de promouvoir, d’une part, son dernier album studio, War of kings, mais surtout pour célébrer le trentième anniversaire de son plus gigantesque et éclatant succès, The final countdown. Quelle meilleure occasion, en effet, que cette célébration pour remettre Europe sur les rails du succès que le groupe suédois retrouve depuis quelques années? Ce live, enregistré au Roundhouse de Londres le 12 novembre 2016, est divisé, comme ce fut le cas tout au long de ladite tournée, en deux parties distinctes: le premier CD se consacre au dernier album studio, dont tous les titres sont interprétés, les 5 premiers dans l’ordre du disque – le morceau éponyme étant réservé pour la fin – la suite étant mélangée. Le son est parfait, au point de se demander quelles retouches a subi ce concert. Le second CD reprend quant à lui l’intégralité de The final countdown, dans l’ordre initial de l’album. Autant dire que le succès est garanti, le public répondant présent à chacun des hits de 1986, c’est à dire la presque totalité de l’album. Inutile de vous expliquer la folie qui s’empare de la salle dès que retentissent les premières notes du clavier de Mic Michaeli… Europe a naturellement profité de cette tournée anniversaire pour mettre en boite un BluRay live. Nous ne reviendrons pas sur le choix des titres. Les images rendent justice à chacun des musiciens. Comme je l’avais constaté lors du passage à Bercy fin 2015, c’est véritablement Joey Tempest qui, en poseur connaissant son affaire, fait le show, John Norum, excellent guitariste s’il en est, et le bassiste John Leven se démenant assez peu, ce qui est dommage à ce niveau. Heureusement, les éclairages sont simplement superbes, le public du Roundhouse (d’une capacité de 1700 personnes) est tout acquis au groupe. Les deux écrans, postés de chaque côté de la scène, diffusant, sur la seconde partie moult photos d’poque dans une jolie et longue séquence nostalgie. Europe fait, avec ce nouveau live, honneur à son statut et honore son public avec un produit dont on ne pourra que déplorer le manque de bonus. Un beau live, en somme, avec des morceaux qui presque tous, les plus récents inclus, semblent intemporels (un ou deux ont mal vieilli…) De la belle ouvrage.