Interview: TARAH WHO?

Tarah Who? au Hellfest 2024

Interview Tarah Who ? Entretien avec Tarah (chant), Nico (batterie), Ash (basse) et Vincent (claviers, percussions). Propos recueillis au Hellfest le 29 juin 2024.

Ça a donné quoi votre concert d’hier sur la Hell stage ?

T : C’était bien fun…

Même si un peu en retard ?

T : Mais, c’est pas nous !

A : Il y a eu un peu de retard sur la journée, mais c’était bien cool d’être présents sur la Hell stage, vraiment !

Une question pour toi, Tarah, puisque la dernière fois qu’on s’est rencontrés, ici-même, le groupe n’était pas du tout le même. Alors que s’est-il passé et comme as-tu déniché ces quatre musiciens ?

T : En fait, on était toutes les deux à Los Angeles et Coralie est rentrée en France. Moi, j’avais écrit un nouvel album, The collaboration project, et quand on a eu la tournée avec Life Of Agony, je cherchais déjà quelqu’un à la batterie. J’ai demandé à Ash s’il voulait tenir la basse, le sortir un peu de son projet personnel… Explique lui, Ash…

A : Ça fait des années que je connais Tarah, on bossait ensemble, on s’est rencontrés, sur d’autres projets il y a plus de dix ans, moi à la basse et elle à la batterie. On a tout de suite accroché et on a continué de jammer ensemble avec des projets qui ont plus ou moins abouti. On est restés en contact et, quand elle est repartie aux Etats-Unis, elle m’aproposé de venir aussi et c’est comme ça que j’ai intégré la première fois Tarah Who ? Mais à ce moment, j’avais aussi mon projet et elle a trouvé un autre bassiste à ce moment. Et Nico…

Ben… Nico va parler de lui alors… (rires)

N : Ce qui est drôle, c’est que Tarah et moi on a joué ensemble il y a une dizaine d’années, mais on s’est un peu perdus de vue. On s’est recroisés au Hellfest – c’est pour ça aussi que c’est un festival un peu particulier pour nous – elle jouait au Off il y a deux ans, et je faisais des verres avec Kraken, entre autre au VIP et on s’est recroisés à ce moment-là et on a gardé contact. Dans l’évolution de nos projets, on a pu recommencer à jouer ensemble.

Et toi, Vincent ?

V : On s’est rencontrés il y a un peu plus d’un an, Tarah et moi. On est partis en tournée ensemble en mars 2023. Je suis batteur à la base et ils avaient besoin d’un batteur, donc j’ai été sorti de mon groupe du jour au lendemain et j’ai eu 7 morceaux à apprendre en un week-end. On a répété 3 jours et on est partis en tournée pendant deux semaines. Après ça, j’avais du travail à la rentrée et je n’ai pas pu assurer la tournée avec Life Of Agony et Prong. C’est Nico qui a absolument assuré…

T : Et L7 aussi…

V : Aussi… Après, j’ai toujours voulu pouvoir jouer des synthés, et Tarah aime bien ma présence, mon humour douteux et je ne sais pas quoi d’autre… (Tarah confirme) et elle m’a proposé de rejoindre le groupe sur des sets un peu plus longs. Il y a eu une tournée à la fin du mois d’avril 2024 et je suis venu en support avec des claviers, des textures pour les morceaux. Une tournée qui s’est terminée assez magnifiquement par un plateau Tarah Who ? Patron et Alain Johannes au Petit Bain à Paris (NdMP : le 30 avril 2024) et maintenant… I’m around s’il y a besoin !

L’actualité c’est aussi un album à venir, The last chase, qui sort le 20 septembre. Tarah, comment analyserais-tu l’évolution musicale de Tarah Who ? entre The collaboration project et The last chase ?

T : The collaboration project, je l’ai beaucoup plus fait toute seule, Coco étant partie. Même quand delle était encore là, je travaillais beaucoup plus en amont les démos parce qu’elle était à côté. Je lui présentais ce que je voulais à la batterie, et quand on arrivait en studio, tout était déjà prêt. Là, on a tout fait à distance : je leur envoyais les démos, Vince ou Ash me renvoyaient leurs versions avec des idées qu’ils avaient eues en plus. Ensuite, on les jouait pour la première fois en studio. La patte d’Alain a beaucoup joué aussi, Alain Johannes. Après The collaboration project, je voulais travailler avec une productrice, et finalement, avec l’écriture, je me suis rendue compte que ce que je voulais c’était plus un style que je savais qu’Alain allait comprendre. Quand je l’ai contacté pour demander quand on allait pouvoir le faire, c’était trop loin – il était en tournée, nous, on avait des dates en Europe… Donc on a fait quelques jours là et là, à Lisbonne et Barcelone. Le courant passe vraiment entre nous, c’est très naturel. Il a tout de suite compris ce que je voulais faire et rester fidèle aux démos. J’avais suffisamment confiance en lui pour le laisser faire, et c’est vraiment un poids en moins pour moi. Sur The collaboration project, quand Coco est partie, j’ai dû me mettre à la guitare, batterie et la basse, et c’était trop. En plus, il fallait que je sorte l’album à une certaine date… Là, le fait d’avoir Vince et Ash m’a vraiment permis de me décharger.

C’est sans doute la plus grosse évolution, ce travail partagé…

T : Oui, complètement. Parce que je n’ai pas eu à m’occuper des basses, de la batterie. Alain, je savais que je n’avais pas besoin d’être là…

Je n’ai pas pu écouter l’album dans son intégralité, mais ce que j’ai entendu est à la fois très rock et très varié. Comment décririez-vous la musique de The last chase ?

T : J’écris toujours au ressenti, je n’ai pas d’intention au départ. Si ça sort punk ou grunge… Par exemple, il y a une chanson que j’avais plus écrite en pensant à la tournée qu’on va faire avec The Exploited parce que je ne veux pas jouer que des anciennes chansons, il faut qu’on soit un peu plus punks dans notre approche pour cette tournée. Finalement, ce qui est sorti, c’est un album beaucoup plus rock que punk… J’aime beaucoup la direction que ça a pris naturellement…

Vous rejoignez ce que dit Tarah ? Vous aviez connaissance de ce qu’elle faisait précédemment, j’imagine…

A : Oui, et comme le dit Tarah, on ne se soucie pas vraiment du genre qu’on fait. Ce qui est important, c’est ce qu’elle a envie de sortir comme émotion sur ses chansons, de se fier à ça. Si c’est du punk qui se transforme en grunge ou un autre style de rock… Moi, je dis qu’on fait du rock, du rock énervé et ça, ça englobe beaucoup de choses. Je préfère que les autres jugent du style.

T : De toute façon, à la base je ne me suis jamais sentie punk dans le sens où on ne fait pas du poum-tchack poum-tchack… On a été catégorisés punk juste parce que quand on nous voit live, c’est beaucoup plus vénère, mias ce qui est enregistré, pour moi, ça n’a jamais été punk UK…

Ce n’est pas non plus le premier mot qui me serait venu à l’esprit…

T : Pourtant, les reports de nos concerts, ce n’est que ça.

A : Je pense qu’il n’y a jamais une voloté de jouer un style en particulier quand tu fais de la musique. Effectivement, ça s’inscrit dans une veine rock, parfois grunge, parfois punk…

N : Et sur scène, il y a une énergie différente. Tarah, effectivement, s’entoure de gens qui ont des expériences différentes, et quand ça fonctionne bien, ça délivre une énergie au-delà d’un message ou de ce qu’il se passe sur scène. Je pense qu’il n’y a jamais une volonté de vouloir correspondre à tel style ou rentrer dans telle case.

En tous cas, pas en ce qui vous concerne. Pour certains, c’est une marque de fabrique…

A : Oui, mais dans notre cas… Nous, on fait de la musique, si ça doit partir dans un autre sens, on ne va pas se freiner sous prétexte que ce n’est pas ce qu’on voulait…

Justement, est-ce que vous avez eu chacun votre mot à dire dans le processus d’enregistrement et de finalisation de ce disque ? La matière brute, c’est toi, Tarah, qui la crée et l’envoie (elle confirme). Est-ce qu’ensuite, pour les arrangements ou différentes choses, vous dites « ça, ça ne va pas passer, on pourrait le faire comme ça » ?

T : Juste avant, je peux dire un truc ? S’ils sont là, ce n’est pas par hasard, c’est parce que j’aime leur personnalité en tant qu’humains, mais aussi, quand ils jouent, j’entends vraiment la différence. Ils sont là, pour une raison…

Ecoutez-bien, hein ! C’est là qu’on cite La Fontaine : Tout flatteur vit au dépend de celui qui l’écoute (rire général, l’un d’eux ajoutant « du coup, on l’écoute ! »)

A : maintenant, on la connait, on sait à quoi s’attendre. Il n’y a pas d’égo de musicien en mode « si j’enregistre, il faut que j’ai mes lignes et ce sera comme ça ». En revanche, elle propose des démos, on les écoute, on essaie de reproduire et si on a des idées par rapport à ça on lui présente. Ensuite, c’est elle qui nous dit « oui », « non », « ça c’est cool », « ca, on verra », « peut-être pas » ou d’autres un non catégorique. L’idée, c’est qu’on échange, qu’on puisse proposer des trucs mais en tant que musicien, sur la partie studio, enregistrement, on est là pour reproduire ce qu’elle veut et ce qu’elle entend. On propose, il y a un échange, mais on ne cherche pas à imposer parce qu’on pense que c’est mieux ou que…

Sur The last chase, si vous ne deviez retenir qu’un titre pour expliquer à quelqu’un ce qu’est Tara Who ?, ce serait lequel ?

T : Je dirai Safe zone, parce que c’est un message qui dit : « venez comme vous êtes et éclatez vous ». En fait, tous les messages de Tarah Who ? c’est plus ou moins pour expliquer qu’il faut arrêter de se cogner dessus, c’est débile…

A : Je suis d’accord, et c’est un titre qui représente bien la musique du groupe

V : j’aime bien Do you believe in Santa Claus parce qu’est c’est très fun. Mais c’est vrai que j’aime beaucoup Safe zone pour ce que ça veut dire… Live, Santa Claus va être très fun à jouer !

N : Je dirais aussi Safe zone, c’est un morceau très rock, avec des parties très énervées, mais au final, il y a des parties presque disco à la batterie, quelques éléments presque électroniques qu’il y avait déjà dans d’autres titres. Je pense que ça couvre très largement l’univers de Tarah Who ?

Avez-vous quelque chose à rajouter avant qu’on ne termine ?

A : Simplement, continuez à nous soutenir en venant nous voir en concert et en achetant nos albums. Dont The last chase

TWO TRAINS LEFT: Probably for nothing

France, Post punk (Autoproduction, 2024)

Elle est toujours bien présente, l’influence du punk US festif des années 90/2000! Normal, me direz-vous, les musiciens actuels ayant souvent été nourris par les Blink-182 ou autres Foo Fighters, sans doute bien plus que The Offspring. Quoique… Two Trains Left fait partie de ceux-là et se réapproprie le genre. Formé à Paris en 2016 par Dimitri Benhamou (chant et guitare) et Tom Bessah (basse), Two Trains Left (2TL pour les intimes) est complété par le guitariste Julien Debruyne et le batteur J-B Paon et publie en 2018 Sorry & pathetic, un premier Ep qui leur permet de tourner avec rien moins que Anti-Flag. Mais la crise sanitaire arrive avec son lot de freins et de frustration. Pourtant, 2TL parvient à maintenir la tête hors de l’eau en publiant quelques singles avant de revenir aujourd’hui avec ce premier album, Probably for nothing (bonjour l’optimisme du titre!) qui nous replonge dans ce rock festif des années 90. Retour direct sur nos canapés à écouter le générique de Beverly Hills ou de Friends! Les titres rock côtoient des morceaux plus tendres dans un ensemble entrainant et réussi. Le chant anglais est parfaitement maitrisé ouvrant ainsi des possibilités à l’international – ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Huey Lewis himself a posté sur ses réseaux leur version de Stuck with you, titre de HL and The News paru sur Fore! en 1986. S’il manque encore un peu de maturité, et d’identité sonore propre à 2TL, Probably for nothing porte sans aucun doute mal son nom tant il y a d’envie et de soleil tout au long de ces 12 titres (dont une reprise de Chunk! No Captain Chunk) alors n’hésitez pas à les découvrir.

SEX SHOP MUSHROOMS: God doesnt exist

France, Grunge (Autoproduction, 2024)

Grunge’s not dead! Nirvana non plus! Enfin, pas dans l’esprit des Français de Sex Shop Mushrooms qui, avec leur premier album, God doesnt exist, cherchent sans jamais s’en cacher, à faire revivre cet esprit de révolte rock’n’roll que les trois de Seattle avaient insufflé. Oui, c’est toute une génération, et plus, qui fut marquée à vie par Cobain et consorts. Même la photo du livret évoque un concert de Nirvana! Mais non, c’est bien un quatuor de trublions parigots qui nous sert cet album sans fioriture, direct et dans ta face. C’est en 2022 que Timothée Leporini (chant / guitare), Giulia Vinciguerra (batterie), Victor Cresseaux (Guitare) et Cyprien Ortuno (basse) décident de former Sex Shop Mushrooms et rendent ainsi un véritable hommage à Nirvana. Car, oui, il s’agit clairement plus d’hommage que de plagiat même si le chant torturé, les titres titres simples et directs, les guitares saturées sont toujours plus qu’inspirés des grand frères. Aucun des onze titres de ce premier album ne peut laisser indifférent, et l’on se surprend à replonger dans ces années irrévérencieuses à souhaits. On imagine aisément que peu de scènes puissent résister à ces quatre là tant ça déboite sévère!

ASYLUM PYRE live à Orléans (Dropkick bar, le 27 septembre 2024)

Asylum Pyre au Dropkick bar (Orléans), le 27 septembre 2024

C’est dans le cadre de la mini tournée itinérante Triple Metal Storm (vraiment mini avec une date la veille à Paris!) qu’Asylum Pyre fait enfin halte à Orléans. Quel autre lieu que le très convivial Dropkick Bar pour accueillir des formations toujours prometteuses? Si l’affiche de ce soir est alléchante – sont également au programme les locaux de Chaos Rules et Parallel Minds – des obligations m’empêcheront d’assister à l’intégralité du concert. Alors, égoïstement, heureusement que Asylum Pyre passe en premier…

Asylum Pyre au Dropkick bar (Orléans), le 27 septembre 2024

Après une rapide interview – compliquée (avec les balances en bas, pas forcément évident que je puisse tout retranscrire) – je reviens place du Châtelet pour le concert mais tourne tant pour trouver une place que je rate le premier titre, l’intro Lullaby for the clairvoyants suivi de One day (les deux morceaux d’ouverture de leur précédent album, N°4). Si les gens ont décidé de sortir ce soir, on circule assez facilement dans la salle investie par un peu moins de 100 personnes et le groupe est visiblement en forme.

Asylum Pyre au Dropkick bar (Orléans), le 27 septembre 2024

Tellement, d’ailleurs, que rapidement la petite foule se met à trépigner et danser. Si le second guitariste, Pierre Emmanuel Pélisson, est absent, il est remplacé avec brio par Clément Botz, chanteur et guitariste au sein de Attractive Chaos. Il se donne tant qu’on le croirait membre permanent d’AP.

Asylum Pyre au Dropkick bar (Orléans), le 27 septembre 2024

Au-delà d’être en forme, le groupe est totalement complice, et l’on sent que la bonne humeur règne à tous les étages. Même quand un incident vient couper l’alimentation de je ne sais quel appareil de Johan (Cadot, guitare et chant), Oxy Hart (AKA Ombeline Duprat, la chanteuse) vient le taquiner en attendant que le jus revienne.

Asylum Pyre au Dropkick bar (Orléans), le 27 septembre 2024

La setlist est quant à elle entièrement axée sur les deux derniers albums en date (N°4, donc, et Call me inhuman, deux indispensables du genre). Les titres enjoués ne cèdent la place qu’à des morceaux de bravoure et hymnes que le public reprend avec cœur et en choeur. les Lady Ivy, There I could die, Fighters côtoient les zombiesques Cemetery road ou les imparables Sex, drugs and scars et Virtual guns qui vient clore un concert d’un peu plus de 45′ dans une superbe ambiance, une partie du public venant même chanter au micro d’Ombeline.

Asylum Pyre au Dropkick bar (Orléans), le 27 septembre 2024

Asylum Pyre fait incontestablement partie de ces groupes à qui il ne manque qu’un coup de pouce du sort pour exploser. Pro, festif et joyeux, ce concert a montré une formation au meilleur de sa forme. Un très beau début de soirée que je dois malheureusement interrompre ici, mais un groupe à revoir d’urgence!

Asylum Pyre au Dropkick bar (Orléans), le 27 septembre 2024

MY OWN PRIVATE ALASKA: All the lights on

France, Metal (Autoproduction, 2024)

Etrange sinon bizarre. Interpellant et intriguant aussi. A l’écoute de All the lights on, leur second album, il est impossible de faire entrer les Français de My Own Private Alaska dans une case, de leur coller une étiquette. Metal? Certes, extrême en plus, dans le chant plus qu’ailleurs. Progressif? Oui aussi, les compositions à tiroirs et les étonnement se trouvant un peu partout. Jazz? Certaines structures l’évoquent également. Pop? Oui, encore, certaines mélodies se faisant volontairement quelque peu acidulées. Bref, Cet album est riche et inventif. Pas facile d’accès, il a avant tout le mérite d’éveiller la curiosité et d’interpeller. On aime ou pas, mais on ne peut certainement pas rester indifférent. L’introduction dans le groupe d’un clavier change certainement les couleurs musicales du groupe d’origine, l’enrichissent pour le meilleur. Les plus curieux et ouverts d’esprit prendront le temps nécessaire pour intégrer et digérer tous les éléments de ce disque à la fois dense et léger. Sans doute une des surprise de cette fin d’année.

LOCO MUERTE: Parano booster

France, Hardcore (M&O, 2024)

Los Locos, Los Chicanos du 91, ou un truc comme ça…, reviennent avec Parano booster qui… booste et ravage tout sur son passage. Démarrant sous de faux airs de douce chanson latino, B91 dévie rapidement vers du hardcore sans concession. Si l’énergie est de mise chez Loco Muerte – un peu d’irrévérence et beaucoup de 36ème degré aussi, tant mieux – les Franciliens savent parfaitement varier les plaisirs. Ainsi, si le hardcore enragé et direct est de mise, le morceau titre s’approche du thrash old school tandis que Demonios se fait plus foncièrement heavy. Trois mamelles que le groupe exploite avec bonheur et envie sur cet album qui transpire de sincérité, d’envie et de fun latino (tout est chanté en espagnol). L’album tout entier speed et charcute (Pura violencia est explicite) et si les Loco changent de tempo, ils semblent ne jamais vouloir mettre le pied sur le frein. On transpire et on gueule de plaisir tout au long de cet album d’une remarquable et brutale festivité. Ils sont de retour et c’est pour mieux nous démonter les cervicales!

Interview: LAST TEMPTATION

Interview LAST TEMPTATION – Entretien le 11 septembre 2024 avec Peter Scheithauer (guitares)

Avant de parler de votre nouvel album, Heart starter, je voulais commencer par ta santé. Lorsque nous nous sommes vus à Nancy, lors du Heavy Week End, tu me disais avoir récemment subi une opération à cœur ouvert, quelques semaines avant…

Même pas, un mois avant à peine…

Que s’était-il passé et, surtout, comment vas-tu aujourd’hui ?

Je vais très bien, merci. Ce qu’il s’est passé, c’était un problème de naissance : une valve qui était dysfonctionnelle de naissance. Je pensais que j’avais encore du temps devant moi et, pour des raisons médicales que personne ne connait – c’est comme ça – ça s’est calcifié un peu plus vite que prévu parce qu’elle travaillait un peu plus qu’une valve normale. Je pensais que je me ferai opérer vers 70, 80 ans, pas grave. Je suis revenu des Etats-Unis, j’ai fait des tests et le médecin m’a dt que je devais me faire opérer. « Oui, d’ici dix ans… » Il me répond que non, « c’est dans les deux mois » (rires)

Ça a dû te mettre un coup de pression…

Oui, en plus, il y a quelqu’un qui rentre dans la salle et qui me dit : « ah, la douche froide, hein ! » (rires). Super… En même temps, je n’avais pas trop le choix. Ça a repoussé tout ce qu’on avait de prévu pour l’été, mais c’est pas grave. C’est des choses qui arrivent et le plus important, c’est que je sois en forme.

Ce qui est intéressant aussi, ce sont tes tatouages sur les avant-bras. Je n’y avais pas fait attention : Heaven et Hell. Tu es passé par les deux, là…

Ouais (rires). Mes tattoos, ils sont tous un peu en face à face, un effet de miroir. Mais pour ces deux-là, tu ne peux pas les avoir à l’envers. Ce sont deux opposés.

Venons-en au groupe : Last Temptation a radicalement changé. Que s’est-il passé ?

Oui, c’est vrai… Disons que je voulais aller dans une certaine direction qui n’était pas commune à tout le monde – je voulais un retour aux sources – et j’ai décidé de continuer ailleurs et de ne pas… (Peter reste évasif). C’est comme ça que ça s’est passé, aussi simple que ça, on n’allait plus dans la même direction.

On ne peut pas parler de divergences musicales, simplement de visions différentes (Il confirme). Tu viens de parler de « retour aux sources », quelles sont-elles, ces sources ?

Ah ! J’ai grandi avec Van Halen, Kiss… Il y en a tellement, mais tous les groupes des 70’s, de ZZ Top, Cheap Trick à Kiss, un peu plus tard, aussi, Pantera…

Un peu plus brutal aussi…

Oui, mais ils ont commencé avec ces mêmes sources. Il y avait des choses plus rock aussi, Aerosmith, Bryan Adams, Foreigner, des trucs plus heavy, Black Sabbath, bien sûr, même s’ils sont Anglais. Mais il y a énormément de musique américaine qui m’a influencé, notamment, je viens de le dire, Van Halen qui, lorsque le premier album a paru, a foutu une claque à tout le monde. Tu sais, j’ai grandi avec Ted Nugent, Billy Gibbons, Ace Frehley, de très grands guitaristes dans leur style. Mais Van Halen, même s’il était influencé par ces gens-là, a mis la guitare tout à fait ailleurs, à un autre niveau. Il a autant révolutionné que Jimi Hendrix à son époque.

Heart starter est votre troisième album. Avant que nous ne parlions de son contenu, comment définirais-tu la musique de Last Temptation à quelqu’un qui ne vous connais pas ?

Ah, ah ! Heavy rock, hard rock au départ, même à tendance rock parce qu’il y a des choses similaires. Rock et hard rock sont très proches. Si tu écoutes Def Leppard et Bryan Adams, il y a plein de similitudes…

On fera le lien avec des gens comme Jim Vallance et Mutt Lange, des producteurs communs…

Oui, bien sûr. Maintenant, je voulais retrouver ce côté fun des débuts. Il y a aussi l’influence de Black Sabbath, mais je pense qu’on le ressent moins sur cet album que sur les deux précédents. On est un groupe de hard rock, même si je n’aime pas les étiquettes. On n’est pas metal, même si on peut jouer dans des festivals metal…

Vous l’avez déjà fait, d’ailleurs…

Oui (il sourit). Je dirai qu’on est simplement un groupe de hard rock, ça va de AC/DC à Van Halen, en passant par Cheap Trick.

Quand et où avez-vous composé et enregistré Heart starter ?

Toutes les batteries ont été enregistrées en Italie, chez Flavio Alessandrini, toutes les voix ont été faites à Toulouse où vit Loup Maleville, le chanteur, les prises guitare et basse ont été faites chez moi, dans mon studio.

Il y a dix titres sur cet album. J’aime bien le titre d’ouverture : Get on me… Vous auriez très bien pu l’appeler Turn me on (excite moi), mais là, vous passez directement aux affaires avec « grimpe moi dessus » (il rit). Pour moi, ce titre est purement rock’n’roll, il est direct avec ses trois syllabes qui accrochent et vont droit au but. Qu’as-tu voulu mettre dans cet album ?

Tu parles de Get on me : on a tourné le clip aux Etats-Unis et Loup est très influencé par la country. Il est à moitié Canadien et sa voix m’a tout de suite parlé dans la mesure où tu as l’impression d’écouter du classic rock. Je ne sais pas comment l’expliquer, mais c’est une des choses que j’ai aimé dans cette voix : tout de suite, elle m’a renvoyé à mon enfance de radio US. Même si c’est vintage, il y a du fun et du renouveau dans notre musique, plutôt que de simplement vouloir être… je sais pas, brutal. On essaie d’apporter un peu de fraicheur.

Ce que je ressens en écoutant l’album, c’est une musique très festive, très… « highway song music » : tu es au volant de ta voiture, tu glisses le CD dans le lecteur – quand il y en a un… – et tu roules.

C’est ça, exactement ça…

On ne va pas faire un titre à titre, mais il y en a un qu’on ne peut pas éviter, c’est Born to be alive (il rit). Vous avez transformé, malaxé ce titre en version rock. Pourquoi avez-vous décidé de participer à la continuité des royalties de Patrick Hernandez ?

(Rires) Pas mal ! En fait, on voulait quelque chose qui représente une époque qu’on aime beaucoup, énormément, même, et qui soit festif. C’est un titre que tu ne peux pas louper, il fait taper du pied, que tu sois dans ce style de musique ou pas. On avait envie de faire une reprise, et en en parlant, on se disait qu’il n’y a aucun intérêt à reprendre un morceau rock. Même si les musiciens sont meilleurs, ça ne veut pas dire que la reprise soit meilleure que l’originale. On voulait quelque chose de français, mais anglais. Ça commence déjà à être un peu plus rare. Il fallait quelque chose que tout le monde connait. J’ai regardé des interviews de Hernandez et, je ne le savais pas, mais ce titre était rock en 1974, et personne n’en voulait. Par la force des choses – et, je pense, des producteurs qui l’ont un peu poussé – il a fini par devenir disco. Au départ, ça n’a pas pris comme il le voulait, mais c’est parti ensuite d’un coup. Il y a ce côté festif qu’on retrouve dans le rock, et on a voulu l’adapter pour que ce soit Last Temptation qui interprète Born to be alive et pas une interprétation un peu trop proche de l’originale. Ça ne nous aurait pas collé, ce côté paillettes, même si c’est festif.

Ça démontre simplement, un nouvelle fois, qu’une chanson, quand elle est bonne, quelle que soit l’interprétation, ça passe.

C’est ça, tu peux faire tout ce que tu veux, du rock, du thrash, du rap, de la pop… tout repose sur les morceaux. Si tu as un bon morceau, il est bon. Tu peux avoir un super batteur, un super guitariste, c’est le morceau en lui-même qui est important. On peut aussi parler des albums de 15 ou 20 titres qui ne servent pas à grand-chose : dans le rock, je préfère un album de 10 titres que j’ai envie de remettre plutôt qu’un album où au bout de 15 titres tu te dis « ouais, OK, il est bien, mais on aurait pu se passer de certains morceaux… »

Nous qui avons grandi avec les vinyles, un album de rock c’est maxi 40’. Sur deux faces… Sur Heart starter, justement, il y a dix titres. Si tu devais n’en retenir qu’un pour expliquer ce qu’est aujourd’hui Last Temptation, ce serait lequel ? Pas ton préféré, celui qui vous représente le mieux aujourd’hui…

Ce serait Get on me… Tu en as parlé, c’est pour ça qu’il ouvre nos concerts et l’album. Les deux premiers même, ils sont très représentatifs de là où on veut aller. Plus que d’autres… Ah, c’est dur, très dur comme question… C’est comme si tu demandais à un père lequel de ses enfants il préfère !

C’est la question « choix de Sophie » !

Ah, ah ! Je reste avec Get on me, alors !

Revenons au groupe : comment as-tu dégoté ces musiciens ? Fabio est connu pour avoir sa participation, entre autres, avec Jeff Waters dans Annihilator, mais Loup et Franz ?

Franz était déjà notre bassiste sur la tournée 2022. C’est Loup qui me l’a présenté en me disant qu’il ne pourrait pas assurer toutes les dates de 2022. Il avait un choix à faire. Je ne savais pas que je serai hors compétition six mois plus tard, on a fait des tests, et c’est venu très naturellement avec Franz. Fabio, ça fait très longtemps qu’on se connait, qu’on parle, on avait déjà fait des démos beaucoup plus heavy. Ça ne s’est pas fini comme on voulait puisqu’il y a eu le Covid… mais on voulait faire des choses ensemble. Loup, en fait, c’est une vidéo que j’ai vue. J’ai fait « waow, je voudrais bien que ce groupe soit en France ! » Je ne savais pas qu’il était ici, de par l’accent de Loup. J’ai découvert qu’il vit à Toulouse, on s’est appelé, il est venu ici, on a vite accroché et on a commencé à bosser ensemble.

Je sais que de toute façon – Butcho me l’avait dit lors de la promo de votre premier album – que tu voulais un chanteur français mais qui soit parfaitement bilingue, sans accent. Ce qui reste la grande faiblesse de nombreux groupes français qui chantent en anglais…

Dans des styles plus heavy, ça peut passer, mais si tu veux chanter une ballade… Scorpions, il a un accent Klaus Meine, et c’est aussi ce qui fait le charme de Scorpions, on ne peut rien dire, ça a marché (rires) ! Mais à la base, c’est très dur quand tu entres dans le hard mélodique : s’il y a le moindre petit accent, ça passerait très mal, même en Allemagne où on dirait que ce n’est pas un groupe de rock… On n’a pas encore démontré avoir un groupe comme Scorpions. On a Gojira, certes, mais on n’a pas Scorpions.

Gojira, ce n’est pas le même chant… Tu écoutes sans comprendre les paroles, comme dans ce genre-là…

Ça n’a rien à voir… Et tu ne distingues pas si c’est anglais ou non. C’est très bien fait, c’est une grosse machine, mais ce n’est pas du tout le même genre.

Je crois que c’est Doro qui disait avoir adoré Trust, mais uniquement en français, elle trouvait les versions anglaises affreuses…

Oui, Anthrax aussi, d’ailleurs… (rires) C’est difficile.

Tu parlais plus tôt du clip de Get on me. Où a-t-il été tourné ?

Il a été filmé dans une ghost town à 30’ de Las Vegas. On a trouvé cette place absolument fabuleuse. Même si c’est dans le désert, quand on l’a filmé, il faisait super froid (rires). On l’a filmé en janvier, il y avait du soleil, mais c’est tout ce qu’il y a de « chaud » dans ce clip….

Ça, on ne le ressent pas sur la vidéo. En revanche, ce qu’on constate, c’est qu’il y a une chorégraphie : l’angle change mais les gestes sont les mêmes, synchronisés… Quelle était la volonté derrière cette chorégraphie ?

Simplement de voir que le décor change, pas le groupe. Les décors, on est sur la même place, tout le temps.

J’ai l’impression que vous avez à peine tourné la caméra.

Exactement. En fait, on ne le savait pas à l’époque, mais il y a des films qui ont été tournés là-bas. On a discuté avec les propriétaires, déjà pour leur demander si on avait le droit de tourner là. Ils nous ont dit que oui, que d’autres avaient tourné ici. Kevin Costner, je crois, il fait exploser un avion, des clips, des séances photos de Journey… On a essayé d’utiliser toutes les scènes présentes. On n’a pas tout fait, mais c’était vraiment impressionnant. On voulait différentes scènes, mais que ça reste le même groupe. C’était marrant à faire.

D’autres clips sont prévus ?

Oui, mais pas avant octobre. Il y aura des clips, et d’autres surprises. Peut-être un clip de Born to be alive, on verra…

La pochette de Heart starter est rose foncé, il y a une boule à facette… C’est tout sauf rock’n’roll…

Elle est rouge en fait… Mais non. Elle est au milieu du désert, il y a cet objet que tout le monde connait mais qui n’a rien à faire là. C’est presque une affiche de film de science-fiction. Elle dit « c’est là, mais c’est pas forcément là »…

On pourrait en effet penser à une lune qui n’est pas tout à fait à sa place. Elle m’évoque un peu Rencontre du troisième type…

C’est un peu ce qu’on voulait. Un peu décalé.

Autre sujet : tu as décidé de travailler cette fois avec Angie de NRV promotion qui s’occupe plus, habituellement, de groupes émergents. Or, c’est votre troisième album. Pourquoi ce choix ?

On a discuté, on a bien aimé ce qu’elle nous a proposé, ce qu’elle envisageait de faire. Après, cet album c’est un peu un renouveau. D’ailleurs, Heart starter n’a rien à voir avec ce qui m’est arrivé, mais tout est un renouveau. On va relever de nouveaux challenges, pour l’instant ça marche bien, très bien même, mais on avait envie de quelque chose de frais. Elle ne s’occupe que de la promo, en France, pas du management ni de la promo internationale.

Un groupe de rock, c’est aussi un groupe de scène. Même si tu ne peux pas tout dire- j’imagine que tu as interdiction de dire que vous allez refaire le Hellfest (il sourit) – mais il y a des projets de tournées ?

Oui, en France, mais on a aussi eu des opportunités pour tourner en Europe, Allemagne, Suisse, Autriche… En plus avec un groupe – je ne peux pas dire qui, mais un groupe des années 80 qui était connu – le tourneur travaille avec eux et il nous a demandé si ça nous convenait de tourner avec eux dans des pays où on n’a pas encore joué. Ce sont des marchés très rock, comme la Suède et les pays nordiques, mais ça, ce sera plus tard. On commence par Suisse Allemagne Autriche parce que le label est basé là-bas, en Allemagne. Et la France, on est impatients de jouer en France aussi. Peut-être avec ce même groupe, d’ailleurs… Les premières dates confirmées sont en mai, mais ça vient à l’envers, donc on devrait en avoir avant… Ce qui nous permet aussi de travailler la logistique, une tournée comme ça, ça se prépare, pas comme une première partie de dernière minute…

En même temps, le mois de mai, c’est la période où débutent les festivals européens. Ça peut s’enclencher… On vous verra à Nancy ?

J’espère… ah, ah, ah ! Oui, oui, j’espère !

De ton point de vue, en dehors du changement de line-up, quelles sont les évolutions principales de Last Temptation entre Fuel for my soul, paru il y a deux ans, et Heart starter ?

Déjà, l’interprétation. Fabio apporte énormément au niveau batterie. Il a cette frappe forte très seventies mais il a aussi une vraie finesse. Il a l’intelligence de ne pas trop en mettre, mais d’en mettre là où il faut. Loup amène une grosse différence au niveau mélodies vocales. Ça vient aussi du fait que les riffs sont un peu différents. On avait repris sur scène Fuel for my soul quand on a ouvert pour Hollywood Vampires, donc il peut mettre ce genre de titre à sa sauce. Il y a moins de lourdeur, il est plus… je n’aime pas dire « joyeux » …

Je le trouve très festif.

Voilà, « festif », c’est le bon mot.

En dehors du groupe, avez-vous d’autres activités professionnelles ?

Loup est intermittent, Fabio aussi, il ne fait que ça. C’est pour ça qu’on le retrouve dans d’autres groupes, Bonfire, d’autres… Hanz est photographe de métier. Et moi, je ne fais que de la musique aussi.

Quels sont les 5 albums que tu as le plus écouté dans ta vie ?

Waow… Pour commencer, sans doute celui qu’on n’attend pas : Wish you were here, de Pink Floyd. Cet album m’a emporté… Quand tu l’écoutes, tu ne peux pas n’écouter qu’un morceau, tu es obligé de tout écouter… C’est ce que j’aime avec ce disque. Après, l’album qui m’a vraiment donné envie de faire de la musique, c’était Kiss Alive ! La folie qu’il y a sur cet album, même s’il n’est pas vraiment live… Tu sens qu’il y a derrière quelque chose, un vrai groove… Je pense que c’est le début de tout le hard rock américain qui a suivi. Même Aerosmith n’était pas aussi fou ! Troisième… Ah, c’est dur… Très très dur (rires). Je dirais l’album 4 de Foreigner. Il n’y a pas de « bon » titres, ils sont tous excellents, il n’y en a pas un – même si tout le monde connait Urgent et Juke box hero – pas un qui ne passerait pas en radio. Et la voix de Lou Gramm… Van Halen, forcément. Woment and children first

Bien, j’adore cet album !

Moi aussi, on retrouve… Il est encore plus réel que le premier, je ne sais pas comment l’expliquer. Au niveau rythmique, il y a quelque chose de phénoménal… Et le dernier… Ouais… J’écoute quoi dernièrement qui est vieux ? Même si je l’écoute moins aujourd’hui, je dirai le deuxième Ozzy Osbourne, Diary of a madman. Il y avait des morceaux dessus…

Pour terminer, quelle pourrait être aujourd’hui la devise de Last Temptation ? Et ne me dis pas le dollar américain, s’il te plait !

Ah, ah, ah ! Il faut aller voir les concerts. Mais avoir du fun dans ce qu’on fait et dans ce qu’on veut. Si tu écoutes cet album, c’est pour être de bonne humeur. Allez voir les concerts et amusez-vous ! Et soutenez les groupes. En une devise ? Get on me ou Get it on !       

HEADCHARGER: Sway

France, Metal (At(h)ome, 2024)

Trois ans après un Rise from the ashes remarqué, les Caennais de Headcharger reviennent avec Sway, un nouvel album de 10 titres forgés dans ce metal qui leur est typique. Car, oui, c’est la grande force du groupe mené par Sébastien Pierre que d’être parvenu à trouver ce son qui mélange metal, groove, rock, calme et tempête. Une recette que Headcharger reprend aujourd’hui tout en l’agrémentant de sonorités nouvelles pour le groupe et de retours vers les racines. A ce titres, Sébastien, le chanteur, retrouve le chemin du chant hurlé et contrôlé à la fois qu’il avait commencé à délaisser sur Slow motion disease (2012). Lui qui avait par la suite complètement opté pour le chant clair revient à ses premières amours et « hurle » souvent, brièvement, sur des passages plus calmes, apportant à l’ensemble de l’album une sorte de dualité contradictoire sonore. Cependant, si Sway transpire de cette identité musicale unique, on a parfois l’impression, sur la seconde partie de l’album, que Headcharger se répète sans parvenir à trouver ce petit truc qui transformera sa musique en incontournable du metal. On reconnait le son Headcharger, certes, mais rien ne me reste durablement en tête comme ce fut le cas avec des albums comme Black diamond snake (2014) ou Hexagram (2017). Un album cependant riche qui nécessite sans doute plusieurs écoute pour se l’approprier entièrement. Reste que Sway est un album qui s’écoute facilement et marque le retour d’un groupe malheureusement trop rare sur scène, un lieu pourtant vital pour un groupe de rock.

LAST TEMPTATION: Heart starter

France, Hard rock (Golden robot rec, 2024)

Last Temptation en a connu, des remous, ces derniers mois. Peter Scheithauer, son fondateur de guitariste – qui, me disait-il il y a quelques semaines, a récemment subi une opération à cœur ouvert – a en effet décidé de remanier tout le groupe et s’est adjoint les services de fines gâchettes, connues ou en devenir, du hard rock classieux: Fabio Alessandrini à la batterie (qui a notamment fait un passage dans Annihilator) et Franz OA Wise à la basse accompagnent désormais le chanteur Loup Maleville. C’est cette équipe qui nous propose aujourd’hui de découvrir le nouveau visage de Last Temptation avec son troisième album, Heart starter. Peter l’a bien compris: inutile de faire de l’esbrouffe. Le propos musical est parfait pour une évasion estivale le long des interminables highways américains. Un riff et trois syllabes simples et immédiatement mémorisables – Get on me – et le morceau titre (deux mots et un riff direct) lancent cet album de la meilleure des manières. Le son, généreux et gourmand, évoque immédiatement le hard US des grand jours, celui qui mélange énergie et mélodie, pioche autant du côté du heavy ensoleillé et permanenté de Los Angeles que de celui du rock sudiste entrainant. Les riffs sont directs et sans chichis soutenus par une rythmique des plus efficaces. La vrai surprise, cependant, c’est la voix de Loup, rauque et profonde à la fois, forgée dans les clubs des bas fonds d’on ne sait où, ces lieux qui puent la bière renversée et la cendre froide. Avec ce type de formule, on n’est guère étonné que de glorieux invités aient répondu « présents » à l’invitation de Peter Scheithauer. Quelques noms? Billy Sheehan, Kenny Aronoff, Vinny Appice, Rudy Sarzo et Don Airey sont venus apporter leur touche sur un petit tiers des morceaux (All in all out, I won’t love you et Wildfire). Et on se délecte aussi de cette reprise inattendue et très entrainante de ce tube mondial qu’est encore aujourd’hui Born to be alive. Patrick Hernandez a-t-il écouté cette version très rock’n’roll et fidèle à la fois? Cet album est une parfaite bande son pour tailler la route en été, certes… mais au moment où l’on reprend le chemin du travail et de l’école, on se contentera de ce disque pour nous donner la pêche matinale! Classe. Tout simplement.

A suivre: interview fleuve de Peter Scheithauer

MURDER AT THE PONY CLUB: A human story

France, Rock alternatif (Ep, M&O, 2024)

Formé à Montpellier au milieu des années 2010, Murder At The Pony Club (l’oubli du « e » de poney est ici volontaire) publie un premier album, A true story. Inspiré par des formations telles que Queens Of The Stone Age, Foo Fighters ou encore Royal Blood, le groupe se taille une assez solide réputation scénique avec des concerts plus que dynamiques. Avec A human Story, MATPC évolue quelque peu au travers de ces 6 nouveaux titres, qui semblent offrir une continuité à l’histoire entamée plus tôt. Si on retrouve les principales influences, le groupe lorgne également cette fois du côté du punk US à la The Offspring ou Sum 41. MATPC cherche à proposer un rock festif et parvient à créer des ambiances de continuité de vacances. Seulement, voilà… Aussi bien faits soient ces 6 titres, on reste dans du déjà entendu. Si je tape volontiers du pied, rien ne me scotche vraiment ni ne me surprend. Bien fait, dynamique, jovial, entrainant… Tous les ingrédients sont là mais il manque ce quelque chose qui permet à un groupe de se démarquer de la concurrence…