Interview: ASYLUM PYRE

Asylum Pyre: Fabien, Ombeline, Yohann, Clément et Thomas

Interview Asylum Pyre. Propos recueillis au Dropkick Bar d’Orléans le 27 septembre 2024. Entretien avec Ombeline Duprat (chant), Yohann Cadot (guitare, chant), Thomas Calegari (batterie) et Clément Botz (Attractive Chaos, remplaçant exceptionnel de Pierre Emmanuel Pelisson, guitare) et, à la fin, Fabien Mira (basse)

La dernière fois que nous avons échangé, c’était pour la sortie de votre précédent album, N°4. Le nouvel album, Call me inhuman est sorti il y a quelques mois. Quels sont les retours que vous en avez eus ?

OD : Globalement, très positifs et enthousiastes. Les gens étaient vraiment très contents…

« Ils étaient »… Ça veut dire qu’ils ne le sont plus ?

OD : Si, si, ils le sont toujours (rires) ! La sortie de l’album remonte déjà à l’année dernière. On a eu de très bonnes chroniques dans la presse, donc ça a été un succès critique.

YC : Album du mois dans Rock Hard, Italie et Allemagne, et quelques classements dans les meilleurs albums de l’année aussi… On n’a jamais eu ça avant…

Et on se sent comment dans ces moments-là ? Je ne le demande pas à Clément… (rire général)

YC : Ah… L’égo est satisfait, au moins du point de vue « travail bien fait ».

La suite est pour quand, alors ?

OD : Justement, ce matin encore, on était en train de travailler sur le prochain. Pas de date à annoncer parce que ça reste compliqué pour nous de se voir et d’avancer sur l’album… Mais qui sait ? L’enregistrement sera sans doute l’année prochaine ? On n’a jamais vraiment arrêté… De toutes façons, Yohann… On a coutume de dire qu’une fois qu’on en termine un, il a déjà dix autres albums prévus derrière. Un poil moins, mais il y en a trois ou quatre (rires)

YC : Oui, c’est un peu ça… Après, aujourd’hui se pose la question du format… Album ou pas ? Petite partie par petite partie ? Moi, je suis amoureux du format album, autour de 45/50’… Est-ce que c’est la bonne chose aujourd’hui ?

Aujourd’hui, peut-être pas, mais dans votre cas, il y a une histoire qui se suit, donc le format album parait logique…

OD : Oui, ça parait logique mais derrière… C’est la question de la pertinence de sortir un album… S’il n’y a pas de tournée derrière, un album a deux semaines de durée de vie, et encore ! Ça veut dire travailler dessus pendant 3 ou 4 ans sur quelque chose dont, au final, tu ne fais plus rien deux semaines plus tard…

Justement, vous avez fait quoi depuis la sortie de Call me inhuman ?

JC : On a donné quelques concerts, on n’a pas eu l’occasion de faire une vraie tournée de 10/15 dates, pour des raisons financières, d’organisation, de support… Sinon, on serait partis avec plaisir.

Visuellement, sur N°4, il y avait une princesse qui se protégeait avec un masque à gaz. Là, il s’agit de la même princesse devenue carnivore, anthropophage même ?

JC : Depuis le début, en fait, cette image féminine, c’est celle de Gaïa, Mère Nature. Elle est représentée avec le masque… D’ailleurs, on le rappelle à chaque fois, c’était bien avant Covid (rire général)…

OD : On aurait dû mettre un pangolin…

YC : Cette femme, c’est notre « mascotte » qui vit différentes aventures. Elle est plus apeurée sur N°4 tandis que sur Call me inhuman, on sent qu’elle s’énerve un peu.

Vous abordez quoi comme thèmes sur ce dernier album ? Toujours l’environnement, mais j’ai aussi l’impression que vous mettez un peu plus le doigt sur notre inhumanité…

YC : C’est ça. Déjà, c’est la suite des albums précédents puisqu’il y a une histoire depuis le début, on installe les personnages petit à petit. Il y a une sorte d’armée de résistants, les Fighters, avec d’autres gens autour qui nous aident. Là, le « inhuman » est résumé avec le dernier titre de l’album, Call me inhuman, dans lequel il y a cette phrase : « si tout ce que je vois est humain, alors je veux être inhumain ».

En gros, si Dieu a fait l’homme à son image, on peut se poser des questions…

YC : Voilà, exactement…

Il y a eu Covid entre temps, cependant, comment analysez-vous l’évolution du groupe entre ces deux derniers albums ?

TC : Je trouve que N°4 a défini une sorte de nouveau départ. Je suis arrivé pour défendre l’album en tournée et au niveau des gens qui sont restés dans le groupe, ça a amené Yohann à écrire la musique un peu différemment, lié avec les gens qui étaient là. Là, ça fait deux albums de suite avec une formation plutôt stable. Ça s’est affiné autour d’un noyau de gens qui sont là. Personnellement, j’amène ce que je peux, ce que je sais faire et Yohann se dépatouille pour faire quelque chose. Au final, ça donne deux albums cohérents avec une évolution. Il y avait une patte avant, il y a quelque chose de neuf sur N°4 qui reste sur Call me inhuman. Qu’est-ce qu’on va faire sur le suivant ? Yohann nous a parlé de séances de travail basse/batterie en plus de ses séances avec Ombeline, donc nous aussi on va faire des choses, se laisser porter.

Ombeline, on a suivi tes aventures bosniennes. Est-ce que ça a eu un impact sur l’écriture, la composition ou l’enregistrement de cet album ?

OD : Mmhh… Non, pas du tout je pense.

YC : Pour le prochain, probablement un peu, oui…

OD : Oui, parce qu’il y a des thématiques qu’on va évoquer, on va faire des parallèles avec des vies de personnes qui existent vraiment, mais en soit, non, ça n’a pas changé grand-chose.

Je trouve qu’il y a musicalement quelques influences de ce côté…

OD : Pour le coup, ça, ce sont mes propres influences musicales mais que j’avais bien avant d’aller vivre en Bosnie. Comme le disais Thomas, on vient chacun avec un bagage musical particulier, ensuite, on dit à Yohann « je voudrais essayer ça » et il se débrouille ! Parfois ça colle, d’autres fois, non…

TC : Il est plutôt preneur de propositions… Il fait avec et on voit ce que ça donne…

Donc, il y a une sorte de pot commun d’idées (Ombeline approuve) avec une sorte de chef d’orchestre qui met le tout en forme. Dictateur ou pas ?

Tous : Non… non…

Vous avez un discours très écolo, avec un discours proche de l’Homme. Y a-t-il des sujets particuliers que vous avez abordés sur cet album ?

YC : Oui, et qu’on va encore plus aborder sur le prochain album. Maintenant, c’est très, très compliqué d’en parler juste comme ça en quelques mots… Globalement, dit comme ça, ça peut paraitre simple : si tu prends The nowhere dance qui parle de gens qui vont être happés par certaines choses complètement futiles en dansant sur de futurs cadavres, c’est un peu ça la thématique. Maintenant, il y a une note d’espoir sur Virtual guns ou Fighters. Je ne suis pas super optimiste dans l’ensemble, mais il y a quand même des gens bien (il sourit). Autant essayer de construire avec ces gens.

Il y a un certain engagement dans les textes… Tout le monde participe à l’écriture des paroles ?

OD : Là aussi, c’est ouvert (rires) !

YC : C’est pareil, on discute beaucoup. Parfois on est d’accord, parfois pas, donc ça alimente les thématiques. Pour le prochain album, Ombeline m’a parlé de certaines personnes qu’elle a rencontrées, ce qu’elle disait tout à l’heure. Ça peut être vraiment inspirant de parler d’histoires ancrées dans le réel, de parler de vrais fighters…

D’autant plus avec des cultures différentes…

YC : Oui, il y a ce pont entre différentes cultures, c’est quelque chose d’imoirtant pour nous.

OD : Ça fait de vraies histoires à raconter. Ce qui a été écrit, cette espèce de dystopie, ça fait une histoire qu’on raconte depuis plusieurs albums, sauf que là on commence à varier avec des choses qui se passent dans la vie réelle. Alors, ce n’est pas dit tel quel, mais il y a une vraie inspiration, il y a des gens qui font des choses, vraiment. On trouvait intéressant d’ancrer ce réel dan la musique, de parler, de rendre hommage à ces personnes-là qui, du coup, risquent leur vie.

YC : Parfois, lorsque j’écris certaines choses qui peuvent être vues par certains comme extrêmes, je demande à Ombeline si elle se sent de chanter ça…

OD : Ah, c’est moi la caution ?

YC : Ouais (rire général).

Y a-t-il, au contraire, des thèmes que vous n’aborderez pas, qui n’ont pas leur place dans le groupe ?

YC : Ouais… des trucs à la con, « I love you machin, mon amour machin »…

OD : Tu vois, il est très optimiste !

YC : Des choses qui ont été faites 50 milliards de fois, des love ballads…

Il y en a qui marchent encore…

YC : Oui, mais ça a été fait et très bien fait par d’autres. On ne va pas refaire ce qui existe déjà. On veut faire quelque chose avec notre propre identité. C’est une thématique dont on pourrait se demander ce qu’elle vient faire chez nous…

Vous avez cet engagement sur disque. Est-ce qu’il se traduit aussi à l’extérieur ?

OD : Je l’ai fait pendant des années, avec le WWF et d’autres, et c’est vrai que je n’ai pas repris depuis que je suis partie en Bosnie.

YC : Encore une fois, c’est difficile à expliciter. Oui et non, on a tous nos contradictions… pour moi, c’est la limitation de la viande, des déplacements, même si ce sont des choses à faible impact. J’ai un travail scientifique à côté et je bosse sur des projets qui ont pour objectif de limiter certains impacts. On peut avoir des discours extrêmes, mais il faut aussi avoir des discours de réalisme. On ne peut pas dire demain aux gens que l’avion ou la voiture, c’est fini. Si on doit continuer de les utiliser, on peut peut-être le faire d’une autre façon, d’une meillleure façon, en limitant l’impact. Modestement, dans mon travail, j’essaie d’inclure ces limitations…

TC : Moi, je fais régulièrement des maraudes la nuit avec les gens de ma ville. On bosse avec une asso et on distribue de la nourriture, des boissons. Ça s’est présenté, et ce qui est marrant, c’est qu’il y a une grosse liste d’attente de gens qui veulent aller aider. C’est même pas évident de pouvoir aller faire ces maraudes !

Et toi, Clément ?

CB : J’ai un certain engagement dans la vie de tous les jours, plutôt vegan, et de façon générale, je fait tout en télétravail pour limiter au maximum mes déplacements (NdMP : à ce moment, le soudcheck baterie redouble) Ah, ouais, on entend bien la batterie, tu va pouvoir enregistrer ?

Normalement, oui, mais je ferai le tri si nécessaire, j’ai eu pire !

CB : Je fais donc en sorte de limiter l’impact de mes déplacements.

YC : Je voudrais rebondir là-dessus, parce que c’est vrai que la thématique sociale est peut-être moins évidente dans les paroles. Elle est liée aussi aux gens qui n’ont vraiment aps eu de pot… Si on pouvait aussi citer l’association Chapitre 2 qui œuvre pour les gens qui sont en très grande précarité. J’ai eu l’occasion de les côtoyer, ils sont vraiment très investis.

On a commencé à aborder le sujet, quelles sont vos autres activités ? Un groupe comme Asylum Pyre ne vit pas de sa musique.

OD : Je suis journaliste, et j’ai aussi d’autres projets à l’étranger, en Bosnie, dans le secteur culturel.

YC : Je suis architecte système et systémique.

TC : Je suis musicien professionnel, je fais des installations techniques vidéo et je bosse pour une municipalité, je gère le local de répètes.

CB : Je suis chef de projet numérique et développeur.

Concernant l’album, qui est sorti il y a quelques temps, si vous deviez ne retenir qu’un seul titre de Call me inhuman pour expliquer ce qu’est l’esprit de Asylum Pyre à quelqu’un qui ne vous connait pas, ce serait lequel ? Pas le meilleur, pas votre préféré mais le plus représentatif ? Et ce n’est pas forcément le même pour tous…

OD : Le plus représentatif ? J’aime bien The true crown (I seek your war), parce que d’un point de vue musical, il y a un peu de tout. Maintenant, je vais parler en tant que chanteuse, mais c’est aussi là que j’ai pu expérimenter différentes voix. J’ai une affinité particulière aussi avec ce titre, le fait que je vive en Bosnie, avec des gens qui ont tous connu la guerre… « I seek your war », je me le suis approprié différemment. Être avec des gens qui ont souffert, avoir des amis proches, je l’interprète différemment. Il y a une réalité qui s’est greffée sur ce titre qui n’était pas présente au début.

YC : Aujourd’hui, je vais dire Sand paths. Il est assez varié, un peu prog, il y a des passages plus soft, un passage plus dur. Il ne se sufift pas à lui-même pour l’ensemble de l’album mais il y a un peut tout…

TC : Pour moi, ce serait – on ne l’a pas jouée hier à Paris, d’ailleurs – There, I could die. Juste parce que je la trouve super belle. L’ambiance, la voix, c’est un titre un peu différent des autres, peut-être un peu moins violent, mais il y a une ambiance…

Il a fait l’objet d’un clip aussi.

TC : Absolument. C’est un titre très chouette, vraiment.

CB : Je trouve que celui qui est le plus représentatif, c’est Virtual guns. Il y a plein de choses, entre les ambiances, les riffs…

YC : Excellent choix, excellent ! Et Fabien, le bassiste est arrivé…

Alors, Fabien, je ne vais pas reprendre toutes les questions, simplement, quel est pour toi le titre le plus représentatif de l’album ? 5Ombeline se marre) Alors… Fabien s’en va…

YC : Attends, Fabien, reprend les titres !

OD : Bonjour Fabien !

FM : Virtual guns évidemment. C’est le plus varié, plein d’influences, le début est très tribal et après, ça s’énerve… C’est un condensé de tout l’album.

Profitons maintenant du silence qui revient pour une question plus personnelle : quels sont les 5 albums que vous avez le plus écoutés dans votre vie ?

TC : Iron Maiden, Killers, Queensrÿche, Rage for order, un album de Yes dont j’ai oublié le titre… (il le retrouvera plus tard : Big generator), King Crimson, Thrakattak et un des deniers lives de Frank Zappa, The best band you never heard.

YC: Cradle Of Filth, Cruelty and the beast

OD: Ah… Je voulais le citer aussi…

YC : Tu peux. Helloween, Keeper of the seven keys part 2, Blind Guardian, ah… j’hésite entre Somewhere far beyond et Imaginations from the other side… Loreena McKennitt, The book of secrets et Mistral gagnant de Renaud.

OD: Ben… Je ne connais pas le nom des albums… En gros : Mylène Farmer, Goran Bregovic, Champagen for gyspies, Cruelty and the beast aussi de Cradle Of Filth. J’aime beaucoup aussi Honeymoon de Lana Del Rey. Après, il y a des influences diverses, beaucoup de musique classique, surtout du baroque, mais je ne sais même pas quoi citer…

CB : Master of puppets de Metallica, euh… Ah, j’avais tout en tête, j’ai tout oublié (rire général) ! Images and words de Dream Theater, The perpetual motion de The Old Dead Tree, L’école du micro d’argent d’Iam et Sonder de Tesseract.

FM : Moi, c’est principalement helvétique, avec l’album qui s’appelle The origins (NdMP : va trouver de seul groupe il s’agit avec un titre aussi peu courant…), Epica avec The Quantum enigma, Nightwish avec Once, après, c’est différentes parties de vie… Il y a une époque j’écoutais énormément System Of A Down, Toxicicty, Bullet For My Valentine…

Maintenant, si vous deviez penser à une devise pour le groupe, ce serait quoi ?

YC : Ah, ben on l’a!

OD: Harder, faster, lourdeur (elle explose de rire) ! On en a plusieurs…

YC : Et celle qu’on écrit partout : Tree your mind.

OD : Ça, c’est la devise sérieuse !

SAINTSOMBRE: Earth/dust

France, Doom/Sludge (Rotten Tree, 2024)

Fondé sur les cendres de Sacrarium, groupe de black metal français auteur de deux albums parus en 2009 et 2013, SaintSombre s’éloigne de son style originel pour évoluer vers des ambiances plus lourdes et oppressantes. Préférant mener son projet en solo de bout en bout, Steve Renard propose avec Earth/dust un premier album mystérieux. Au travers de 6 titres, SaintSombre explore des univers différents. Reflection débute avec une intro sombre et mystérieuse avant d’introduire des percussions tribales et des powerchords très heavy. Le doom est bien présent, lourd et oppressant. Près de 3 minutes s’écoulent avant l’arrivée d’un chant growlé qui pose encore plus ces ambiances inquiétante. L’album continue sur cette même veine lourde et lente parfois rythmée par une boite à rythme au ton grave et martial et enrobée de claviers robotisants et hypnotiques. Des riffs répétitifs et une rythmique presque pachidermique, un chant qui se fait souvent attendre, nous accompagnent tout au long de ce gouffre sans fin qu’est Earth/dust. Un album à ne pas mettre entre les oreilles des plus dépressifs, il va sans dire… Les autres pourront découvrir un univers qui, s’il ne révolutionne pas le genre, se révèle dangereusement attirant.

Interview: THE DAWN RAZOR

Interview The Dawn Razor. Entretien avec Sylvain Spanu, le 27 septembre 2024

C’est la première fois que nous échangeons, Sylvain, alors peux-tu commencer par me présenter l’histoire de The Dawn Razor ?

Bien sûr : The Dawn Razor, c’est un projet solo que j’ai créé en 2016. La musique est une espèce de death/black avec quelques influences de musique classique. Le premier album, Renaissance, est paru en 2018, et aujourd’hui parait In sublime presence, disponible sur toutes les plates-formes

Pourquoi un projet solo ?

Juste avant, j’étais dans un autre groupe, dans le même style de metal. C’était très bien sauf que les compositions se faisaient à plusieurs et c’est très compliqué de terminer les morceaux en mettant tout le monde d’accord. A la fin, personne n’était content parce que tout le monde avait fait des compromis et personne ne pouvait aller au bout de ses idées. C’était dommage, mais au bout d’un moment, j’ai décidé de partir parce que j’avais les idées claires de ce que je voulais écrire en musique.

En d’autres termes, tu es le dictateur en chef de ton propre projet…

(rires) Ah, oui, là il n’y a pas de problème. Je suis totalement libre de ce que je fais, je dois simplement tout composer et m’occuper de tout. Ça prend simplement plus de temps, mais c’est ce que j’ai choisi.

Dans la bio, il est écrit que tu es « inspiré par les peintures du mouvement sublime de l’époque romantique » (il confirme). Peux-tu nous en dire un peu plus parce que c’est un mouvement qui ne me parle pas du tout…

Déjà, « sublime » n’est pas quelque chose de très beau, ce n’est pas dans ce sens qu’il faut comprendre le terme. Ce qui est sublime, comme les peintres et les poètes l’utilisaient à l’époque, c’est à la fois quelque chose qui fiat peur et qui rend admiratif, des choses que l’humain ne peut pas contrôler, comme les montagnes, la jungle, la traversée de l’océan en solitaire… Ce sont des éléments sur lesquels nous n’avons aucun contrôle. On a du respect et de l’admiration pour eux. Le « sublime » c’est donc à la fois ce sentiment de respect, de peur et d’admiration, le tout mélé.

En quoi ça se traduit dans ta musique ?

En fait, que ce soit sur le premier ou le deuxième album, chaque chanson que j’ai écrite, je l’ai considérée comme un tableau qui représente un thème sublime. Je parlais de l’océan, le premier single, Point Nemo, parle de la traversée en solitaire de l’océan par un navigateur qui passe par le point Némo, un endroit au milieu de nulle part, perdu dans le Pacifique sud… On le suit donc à travers les tempêtes, ses remises en question…

Quels sont les autres tableaux qui t’ont inspiré ?

Il y a la renaissance italienne, avec ce morceau Chiraoscuro italiano qui parle de cette période riche artistiquement et en même très troublée puisqu’il y avait beaucoup de guerres en Italie, des assassinats entre princes, des choses pas très reluisantes… C’est une chanson qui met vraiment en contraste ces deux aspects de cette époque.

Comment décrirais-tu ta musique pour quelqu’un qui ne connait pas The Dawn Razor ?

Je dirais qu’il y a des influences death/black – les groupes qui m’ont inspiré comme Dimmu Borgir, Children Of Bodom ou Gojira – et une musique toute en contraste, aussi bien au niveau de la rythmique que du chant ou la guitare. Il y a des parties que je veux rendre très lumineuses en contre partie de passage très sombres et violents.

Le coté black, on le ressent un peu dans le chant, mais ce n’est pas non plus un chant extrême de… comment dire ? de « cochon qu’on égorge ».

(Rires) Je vois ce que tu veux dire !

Il y a une certaine forme de… finesse, presque. Il y a différentes ambiances, puissantes… Qu’as-tu voulu mettre dans ta musique ?

C’est vrai qu’au niveau du chant, par rapport à l’album d’avant, j’ai testé d’autres choses. Il y a un peu plus de variété, avec certains passages où je crie un peu différemment – c’était d’ailleurs très drôle à faire à l’enregistrement – et un peu plus de parties chantées. J’ai testé des effets d’harmonies à la voix, des superpositions, des échos… Histoire de ne pas faire, comme tu dis, que du cri, un peu simple, un peu bête.

On est d’accord, il n’y a que toi qui joue sur les deux albums ?

Oui.

Alors comment analyses-tu ton évolution musicale entre Renaissances de 2018 et ce nouvel album, In sublime presence ?

Au niveau du chant, il y a ces variations dont on vient de parler. Renaissance était sans doute in peu plus brutal que In sublime presence. Il y avait pas mal de passages avec des blasts, des parties bien denses et sombres. In sublime presence est, je dirais, un peu plus aéré, un peu plus respirable. Et j’ai fait attention à ne pas toujours respecter la structure classique des morceaux, couplet/refrain.  J’ai voulu tester d’autres choses, j’ai évité de faire des copier/coller de riffs, de rajouter des variations, des subtilités, que ce soit à la batterie, au chant, à la guitare… C’est ce travail que je pense avoir ajouté en plus.

Et d’un point de vue personnel, elle se traduirait comment, ton évolution ?

Euh… J’essaie de ne pas me répéter, d’explorer d’autres choses. Il y a des riffs que j’ai déjà entendus quelque part, j’essaie de les faire différemment… Je n’ai pas mis de barrière spéciale, me disant que « non, c’est pas dans le style ». J’ai tenté d’autres choses…

Quelle est la signification du nom de ton… Projet ? The Dawn Razor, le « rasoir de l’aube », ça m’évoque Jack l’éventreur. Or, il n’assassinait pas que le matin…

Ah, ah, ah ! Je n’avais pas du tout pensé à ça du tout ! Ça évoque en fait la ligne d’horizon au moment du lever du soleil. Il n’y avait pas d’idée de meurtre du tout. Je trouvais que l’image de cette lumière, qui fait un contraste, collait bien à l’image que je veux avoir dans mes morceaux, le contraste entre parties très sombres et très lumineuse…

D’où le lien avec la pochette de l’album qui représente une montagne au lever du jour.

Tout à fait.

Donc rien à voir avec Jack l’éventreur…

Pas du tout, mais je vais m’y pencher pour voir si on peut creuser cette idée !

Il y a 14 titres sur l’album…

En fait, il y en a 10, le reste, ce sera des bonus.

Et ces bonus, ce sont des covers de Children Of Bodom, de Dimmu Borgir, de Samourai, aussi. Pourquoi avoir retenu ces morceaux – on connait sans doute plus les deux premiers que Samourai, d’ailleurs…

Déjà, je suis très fan des deux premiers qui sont de très grosses influences. Donc c’était un vrai plaisir de les reprendre, et j’espère que ça va donner des indices sur l’univers musical que j’ai créé. Pour Samourai… la musique est celle d’un groupe fictif d’un jeu vidéo, Cyber crime 2677, un jeu dont j’adore les personnages et l’histoire, et j’ai simplement eu envie de faire une cover de cet univers que j’ai adoré.

Parmi les autres titres -ceux-là ne sont pas de toi – si tu devais n’en retenir qu’un seul pour expliquer ce qu’est aujourd’hui The Dawn Razor, ce serait lequel ?

Je parierai sur Chiraoscuro italiano.  Parce que dès le début, on voit tous les contrastes dont j’ai parlé : dès le début, il y a un riff à la fois violent et harmonique qui s’enchaine avec un solo que j’aime beaucoup, sur lequel je me casse encore les doigts, d’ailleurs (rires) ! On enchaine ensuite avec la partie violente et la batterie. En très peu de temps, on a un aspect, une vision de ce que j’aime faire et qui va se développer par la suite.

Un projet rock, qui plus est metal, c’est aussi la scène (il confirme). Tout seul, ça parait un peu compliqué. As-tu pour projet de présenter ton album au public, sur scène ?

Oui, bien sûr. Je suis en train d’organiser ça, justement. J’ai déjà trouvé un bassiste et un batteur. Je suis en train de recruter le guitariste et on va pouvoir préparer des concerts, un pour la fin de cette année, un autre pour le début de l’année prochaine. Je confirmerai tout ça sur les réseaux.

Il y a donc aussi un projet de transformer ton projet en groupe ?

Oui. Déjà pour Renaissance, on avait tourné en France, en Belgique, en Suisse. Des moments très sympas.

Si tu devais maintenant penser à une devise pour ton projet, ce serait quoi ?

Comme un slogan de campagne politique (rires) ?

Non, c’est d’actualité, mais quelque chose qui représente The Dawn Razor…

Guitare metal en premier. J’aime le reste aussi, mais la raison pour laquelle je fais ça, c’est pour pouvoir faire de belles parties de guitare, en premier.

On sait tous qu’un groupe de rock ce n’est pas ce qui permet de mettre du beurre dans les épinards. As-tu une autre activité professionnelle ?

Bien sûr ! Je travaille dans l’informatique, je crée des applications, des sites web, des programmes.

Quels sont les 5 albums que tu as le plus écoutés dans ta vie ?

Bien sûr, d’ailleurs, je vais faire un article là-dessus sur mon site dans quelques temps. J’en ai fait un sur mes guitaristes préférés, il y en a un sur mes albums préférés bientôt… Je dirai : Dimmu Borgir, Puritanicaleuphoric misanthropia, Children Of Bodom, Hate crew deathroll, ensuite Train of thought de Dream Theater, From Mars to Sirus de Gojira et en cinquième… un live de Hypocrisy, celui qu’ils jouent en Bulgarie, Hell over Sofia.

Séance de rattrapage: DIESEL DUST: Just another day…

France, Rock sudiste (Brennus, 2024)

Après avoir mis le pied sur le frein pendant de nombreuses années – le groupe formé à Lyon en 2008 a publié deux albums en 2009 et 2011 – Diesel Dust est revenu aux affaires en 2021 avec Just before… et plus récemment (en mai de cette année) Just another day… un album de 11 titres aux évidentes influences sudistes. On y retrouve tous les éléments qui font la chaleur de cette musique et Diesel Dust ne cache jamais ses influences. Celles-ci vont, oh, surprise!, de Lynyrd Skynyrd aux Allman Brothers en passant par Blackfoot et autres Molly Hatchet. Just another day… voit les musiciens se faire simplement plaisir. Après tout, de vieux briscards comme eux n’ont sans doute pas envie de perdre du temps à prouver quoi que ce soit à qui que ce soit, alors ils vont à l’essentiel. Ou presque, car les morceaux durent rarement moins de 5′ (seul Women est « expédié » en 4 petites minutes et 53 secondes) pour un total avoisinant les 70′ (le groupe conclue avec le morceau titre, véritable montée en puissance et en groove qui frôle les 10′), ce qui rend l’ensemble long, peut-être un peu trop. Si l’accent de Maxime Guichardant est correct, le chanteur est à mes oreilles souvent difficile à comprendre, mais la chaleur de l’ensemble, qu’on à plaisir à écouter en une ou plusieurs fois, est présente partout, des titres plus rock aux plus tendres moments. L’ajout de choristes ne surprend pas – elles sont 4. Si l’harmonica est un instrument (soufflé par Nicolas Ciolfi) partout présent, le groupe (les guitaristes David Benon et Raphaël Porcherot, également aux claviers), le bassiste Mickaël Duvernay et le batteur Denis Josserand), les titres sont naturellement orienté vers ces guitares qui remuent la poussière des routes américaines et ces rythmes qui donnent envie de jouer des poings. Sans révolutionner le genre, Just another day… remet le southern rock au goût du jour.

ODA: Bloodstained

France, Stoner/doom (Autoproduction, 2024)

La pochette de Bloodstained dit tout, ou presque: une nature morte qui évoque l’univers des frères Le Nain, décor éclairé à la bougie, on va invoquer je ne sais quoi. Lorsque résonnent les premières mesures de Children of the night, on se retrouve plongé dans un univers lent, sombre et froid. Le son, crissant et craquant, sonne et résonne comme si l’on se trouvait dans une crypte. Les guitares saturées et le chant trainant presque mélancolique de Thomas Féraud, la basse ronflante tenue par Emmanuel Brège, la batterie lourde frappée par Cyril Thommeret, tout évoque une sorte de rituel. Les participants ont consommé on ne sait quoi et parviennent à proposer des morceaux lourds proches du stoner et du doom. Une fois ce morceau d’ouverture passé – moins de 4′ – Oda nous entraine dans des décors plus étranges qu’oppressants. Avec ses 11′, Zombi suivi de Inquisitor (même lié à) dépeignent plusieurs tableaux, proposent diverses ambiances que ne renieraient pas les grands du genre. Rabid hole et sa basse ronflante, Succubus, hypnotique ou la (légère) montée en puissance de Mourning star parviennent à séduire même si Oda ne réinvente pas le genre. En revanche, le groupe nous offre un premier album prometteur qui mérite qu’on se penche sur son cas.

MUHURTA: Tamas

France, Prog indien (M&O, 2024)

Etrange album que ce Tamas, œuvre signée des Parisiens de Muhurta. L’originalité du projet réside dans l’utilisation d’un instrument peu commun dans l’univers du metal. Le groupe parie en effet sur l’omniprésence du sitar indien pour apporter une tonalité nouvelle au genre. Alors, soyons clairs: je n’ai jamais été amateur de cet instrument ni de musique indienne… Les ambiances nous font cependant voyager. Partout, de la pochette à l’utilisation de cet instrument typique en passant par les ambiances musicales dépaysantes, le groupe cherche à entrainer l’auditeur en d’autres terres. Et là, clairement, sur Les chemins de Katmandou*, on s’arrête, on est accueilli et on s’installe ensemble dans des pièces où ce ne sont pas que des bâtons d’encens qu’on allume… Les ambiances folks proposées par Muhurta, qui évoquent parfois Pink Floyd, à d’autres moments Gojira, sont cependant cassées par des riffs de guitare puissants, un chant torturé et des rythmiques explosives. Quelques blast, quelques hurlements – on peut regretter le manque de finesse du chant – évoque le death ou le thrash le plus rugueux. Mais voilà, tout comme le roman (*) de Barjavel mentionné plus haut (celui qui m’a le moins plu de son œuvre que j’ai pourtant dévorée), je ne parviens pas à plonger dans cet univers sonore qui ne me parle pas. D’autres y trouveront toutefois de quoi se réjouir car, oui, avec Tamas, Muhurta fait incontestablement preuve d’originalité et se démarque du reste de la scène nationale.

INTERVIEW: Parallyx

Interview Parallyx. Entretien avec Lina (chant), Corentin (basse) et Adrien (guitare), le 16 septembre 2024.

Je vais commencer avec une question qu’on ne vous a certainement pas encore posée…

L : Ah ?

Vous pouvez me raconter l’histoire de Parallyx ?

L (rires) : Ah, c’est la première fois qu’on nous le demande ! Parallyx, c’est moi qui l’ai créé, je t’en avais certainement touché un mot l’année dernière au Hellfest. C’est venu de ma volonté de raconter des histoires et de créer une musique que j’aimerai moi-même écouter à la salle. Parce que j’écoute beaucoup de musique quand je suis à la salle de sports et que je cours. Pour une fois, j’avais envie de faire cette musique que j’aime beaucoup. De fil en aiguille, j’ai rencontré Robin qui a été le premier membre à rejoindre Parallyx et qui a ramené avec lui son copain Corentin avec qui ils avaient collaboré sur d’autres projets.

C : Quand j’ai rejoint Parallyx, on cherchait un guitariste et j’ai proposé Adrien avec qui j’avais déjà fait d’autres projet. Ensuite, Matthis (NdMp : j’imagine qu’il s’agit du guitariste…), on avait fait des plateaux ensemble.

La formation est née quand ?

L : Sous ce format, elle existe depuis janvier 2024. L’idée et l’identité officielle de Parallyx, c’était en aout 2023, donc à peine plus d’un an, mais la formation actuelle existe depuis plus d’un an.

Vous sortez un album, le processus de composition a été assez rapide, alors…

L : Oui. On a travaillé en résidence, en fait. On a travaillé pendant une semaine dans une grande maison en Suisse, on avait déjà deux morceaux et on a écrit les 7 restants pendant cette résidence. On est revenus et on a utilisé les deux mois suivants pour fignoler tout ça. On sortait les morceaux en même temps parce que ce qu’on voulait, c’était avoir des choses fraiches qui nous représentent sur l’instant… On n’avait pas envie de faire comme tant d’autres groupes en proposant un album 2 ans après l’avoir composé.

L’album s’intitule The cult – donc à ne pas confondre avec le groupe du même nom qui pourrait sortir un album intitulé Parallyx… Que pouvez-vous nous en dire ?

L : The cult s’adresse non seulement aux personnes qui s’intéressent à la musique mais aussi à celles qui s’intéressent aux paroles. Ce que je voulais, c’était raconter des histoires. Sur cet album, je raconte l’histoire d’une secte, la secte Magdalena Solice. Cette secte a une particularité : Magadalena Solice a été embrigadée par ses frères comme prostituée. Les frères sont arrivés au Mexique en se disant qu’ils allaient se faire de l’argent sur le dos des gens en faisant croire qu’ils avaient trouvé la réincarnation d’une déesse inca. Les gens de ce village sont très croyants et très crédules parce que peu éduqués. Ils ont donc mis en place ce système où les gens donnent de l’argent contre faveur sexuelle de Magdalena. Sauf que peu a peu, elle s’est mise à disjoncter et à croire à ces histoires, elle se pensait vraiment être la réincarnation d’une déesse inca. Dans The cult, je parle de cette descente aux enfers et de l’emprise qu’elle a eu sur les fanatiques de la secte, du moment où la secte a commencé à prendre forme jusqu’au jour où Magadalena a été emprisonnée. Il faut savoir qu’à ce jour, Magdalena a purgé sa peine mais elle a disparu… On ne sait pas où elle est !

Rassure-moi, ce n’est pas autobiographique quand même ? (Rire général)

L :  Non, non, pas du tout !

Ceci dit, il y a un côté qui résonne cruellement avec l’actualité puisqu’on parle énormément du procès des viols de Mazan… Il y a 9 titres sur l’album. Vous avez déjà testé cet album sur scène puisque vous avez pas mal tourné cet été. Il y a eu le festival 666 à Cercoux et le Furious Fest en aout. Quels ont été les retours de ces prestations ?

A : On les a très bien vécus. Le projet étant assez jeune, c’était notre première saison de concerts et de festivals et c’était un peu un challenge, techniquement… Il fallait composer les morceaux, les produire, finir de les enregistrer et en même temps préparer un show, ce qui est un travail complètement différent ! Il fallait faire tout ça en même temps et ça s’est plutôt bien passé…

C : On l’a très bien vécu parce que c’était nos premiers concerts, les retours de ces prestations on été très positifs, ce qui n’annonce que du bon pour la suitre, ce qui nous a donné envie de continuer à travailler notre live. 

A : De très bonnes expériences sur scène, avec le public au rendez-vous à chaque fois. C’est difficile parce que ce n’est pas parce qu’il s’agit de premières scènes d’un groupe qui sort un peu de nulle part que les gens n’applaudissent pas. Ça peut être risqué mais on s’est rendu compte que les gens on vraiment bien réagis au show. On a pu rencontrer les gens après les concerts. Ça a été de très belles opportunités, que ce soit le festival 666 ou le Furious fest, ou même les autres concerts qu’on adonnés…

L : En fait, notre nombre d’écoutes et de followers a doublé en moins de deux semaines. On le prend comme un bon indicateur.

Vous le dites tout les trois, un concert se prépare. Lina, on se connait déjà donc je ne te le demande pas, mais Adrien et Corentin, vous venez d’où ?

C : Moi, pour faire court, je viens du conservatoire classique. J’ai commencé très jeune et à l’adolescence, je suis passé de la contrebasse à la basse, j’ai monté mes premiers groupes de rock avec les copains et petit à petit, j’ai monté de plus en plus de projet tout en continuant le conservatoire. A un moment, je me suis dit que ce serait sympa d’en faire mon métier. J’ai monté plusieurs projets avec Robin, le batteur avec qui j’ai pu rencontrer Parallyx. J’ai donc pu travailler dans divers projets de types différents, du reggae, du ska punk, de la… Mais finalement, tous les chemins mènent au metal !

A : Moi, c’est un peu pareil : j’ai commencé au conservatoire où j’ai fait de la clarinette pendant quelques années. Ensuite j’ai fait de la trompette avant de découvrir la guitare vers 14 ans. J’ai continué tous ces instruments et j’en ai appris d’autres… Je suis multi instrumentiste ce qui me sert parce que je fais aussi de la composition pour d’autres dans d’autres styles. J’ai aussi la casquette d’ingé son en live et en studio. Toutes ces expériences me sont bine utiles pour monter le show de Parallyx, par exemple.

Vous avez déjà réalisé quelques clips, je crois…

A : Oui, je crois qu’on a déjà sortis 4 clips… Avec des esthétiques assez différentes. On voulait explorer des univers différents…

Il y a du feu, de la technologie pixélisée, des choses en effet différentes…

A : Oui, on voulait donner de l’importance à chacun de ces morceaux en leur donnant une esthétique particulière, ce qui va aussi bien avec le fait de sortir ces morceaux en singles plutôt qu’en album uniquement.

Comment décririez-vous chacun la musique de Parallyx pour quelqu’un qui ne vous connait pas ?

C : On va mettre en premier l’étiquette de « metal moderne », qui est en fait un mélange de metalcore, de djent sur certains aspects…

Quels aspects ? Dans ce que j’ai pu écouter, je ne le trouve pas…

C : Il y a quelques passages. Il n’ya pas de morceau purement djent, on retrouve des touches à quelques endroits dans Pandémonium, quelques lignes de basse…

A : C’est vrai que ce n’est pas ce qui ressort le plus de l’album… Il y a du metalcore, du hardcore aussi et tout un coté plus éthéré et pop avec les arrangements et les refrains un peu grandiloquents, de synthés et de couches de voix différentes.

L : On est entre énergie et mélodie, avec plein de choses dedans.

Le chant hurlé, c’est toi aussi, Lina ?

L : C’est moi ! Je fais toutes les voix et tous les bruits bizarres qui sortent par la voix…

Donc il y a une belle palette vocale aussi.

L : Merci !

A : Ce qui était très pratique pour la composition puisqu’on n’a pas eu à se mettre de barrières. Si on voulait un couplet très calme et un refrain qui screame, ou inversement, on pouvait tout faire… En fait, ce type de voix, c’est très pratique, très cool…

Varié et riche, mais ça ne doit pas être évident sur scène…

L : Non ! Je confirme ! C’est fatigant, et c’est très fun…

Si vous deviez, chacun, ne retenir qu’un seul titre de The cult qui soit le plus représentatif de ce qu’est Parallyx, ce serait lequel ?

A : Pour moi, ce sera Pandemonium…

L : Pour moi aussi !

C : Probablement moi aussi… Ou peut-être Matriochka… Est-ce que ça défini ce qu’est Parallyx ?

A : Non, il n’y a pas tous les éléments…

L : On adore le jouer sur scène, mais ce n’est pas celui qui regroupe tous les éléments. Pandemonium recouvre tout : le metalcore, le djent, l’aspect mélodique, un refrain super mélodique…

A : Ca screame sur certaines parties, il y a une petite partie en arabe, ça chante, il y a du gros riffing, des refrains qui font pleurer…

Justement, le côté arabisant vient d’où ?

L : De moi (rires) ! Il vient du fait que je suis Marocaine et du fait que je me dise que c’est dommage : le metal, au Maroc, et dans la communauté maghrébine… Il commence à se développer mais au niveau des femmes, j’ose dire que je tire une certaine fierté d’être une des seules femmes marocaines à faire du metal, en tout cas à mon échelle. S’il y en a d’autres, je voudrais bien qu’on me les présente. Je suis sure qu’il y en a… Mais je voulais faire quelque chose pour mettre cet aspect-là en valeur…

En matière de groupe de metal maghrébin, tout le monde connait Myrath, mais ce n’est pas du tout le même style.

L : Exactement, mais ce sont des garçons !

Il y a donc le côté féministe (elle approuve) mais ce n’est pas une musique propagandiste…

L : Non, pas du tout ! On essaye de véhiculer… Rien du tout en fait, on ne parle pas de nos valeurs, on raconte seulement des histoires. On se tient loin de toute forme de propagande.

Et, à toi toute seule, tu représentes déjà 3 femmes du metal avec tous tes projets…

L (elle rit) : Oui, mais Parallyx reste quand même celui que j’ai fondé… Les autres existaient déjà avant que je n’arrive. Là, Parallyx, on peut dire que c’est moi qui gère la stratégie du groupe, même si on est tous au même niveau dedans. Mais je gère le groupe…

On sait très bien, d’autant plus pour un jeune groupe, qu’on ne vit pas des activités du groupe. Quelles sont vos activités à tous les 5 ?

A : En fait, on vit tous de la musique. On est tous intermittents ou très proche de le devenir. On est à 100% dans la musique, que ce soit avec nos projets annexes, de l’événementiel, des prestations un peu partout…

L : Moi, c’est un peu à part puisque je suis prof de chant – j’ouvre d’ailleurs une école de chant avec des collègues, je donne des cours depuis quelques années. J’enseigne à pas mal de gens qui sont dans des groupes de metal. C’est ma principale source de revenus.

Quelle pourrait être la devise de Parallyx ?

L : J’en ai une, je peux la proposer, les gars me diront s’ils sont d’accord.

Ils peuvent en proposer une autre…

L : Oui. Moi, ma devise c’est « de l’égo mais pour le projet ». On aime bien dire que pour être musicien, et pour avancer dans ce milieu, il faut avoir de l’égo. Notre but c’est avant tout de servir le projet, donc pas d’égo mal placé. Il faut des idées pour des compos, mais si au final on ne le retient pas, il ne faut pas le prendre mal, c’est que ça ne sert pas le projet. On ne se met pas de limites non plus.

On termine avec ceci, et là, c’est vraiment individuel : quels sont les 5 album que vous avez le plus écoutés dans votre vie ?

L : Je sais qu’il y en a d’Avenged Sevenfold – City of evil et Nightmare, ça en fait déjà 2 – le premier album de Bloodywood, Rakshak, Welcome to horrorwood de Ice Nine Kills et… Techno, de Electric Callboy.

A : The way of all flesh, de Gojira. Peut être un album de Whitechapel. Ensuite… We like it here de Snarky Puppy dans une veine jazz. Il y aura aussi un album de reggae… ça va être dur de choisir ! sans doute un album de Max Romeo, Words from the brave. Ensuite, une petite OST de Ori and the blind forest.

L: Oh oui!

C: C’est dur… Je vais commencer avec Meteora de Linkin Park. The second law de Muse, l’intégralité des albums de Against The Current – je dirais Fever. Il m’en reste 2, c’est ça ? Sans doute Misery de The Amity Affliction et pour terminer… un album de Insane The rainy Music qui s’appelle Sinovation (Lina se marre). C’est un album d’arrangements, c’est un peu perché mais j’adore ça

Avez-vous quelque chose à ajouter avant de terminer ?

A : Oui, abonnez-vous, dans un premier temps, et, surtout, venez nous voir le 8 novembre à Anthony pour notre release party. On a des invités super cool et on va jouer tous les titres de l’album. Ecoutez l’album, on y a mis beaucoup de tripes, de cœur…

L : D’argent aussi !

A : Et pour cet argent, achetez notre merch, ça aidera pour le prochain album. Ecoutez le et dites ce que vous en pensez, même si vous n’avez pas aimé. Ecrivez le, dites que vous avez trouvé ça nul !

L : Carrément, on prend toutes les critiques ! Maintenant, ce n’est que le début !

TARAH WHO?: The last chase

France/USA, Heavy rock (M&O, 2024)

Après nous avoir présenté son nouveau groupe et, ensemble, parlé de son nouvel album lors du dernier Hellfest (cf. interview avec ce lien), penchons nous sur ce nouvel album de Tarah Who?, The last chase. Au travers de 10 titres (plus une intro nommée… Intro), la jeune femme livre sans détours ses aspirations Rock au sens le plus large. Tarah Carpenter nous avait montré une large palette musicale avec The collaboration project, et réitère aujourd’hui son propos tout en évoluant. Avec un nouveau logo à la Kiss, le message peut sembler évident: on va écouter du rock, heavy et entrainant. Certes, mais Tarah Who? va au-delà et, sans jamais tourner le dos à ses sources d’inspirations, sait varier ses plaisir en piochant tant du côté du rock groovy que du grunge plus énervé. Avec toutefois une ligne directrice: celle de mélodies entrainantes, presque dansantes, sans jamais tomber dans une sorte d’outrance gratuite et sans relief. Si, comme le dit la majeure partie des musiciens, Safe zone est une parfaite introduction à l’univers musical du groupe, les autres titres montrent l’ensemble des facettes d’un groupe au potentiel certain. Une formation qui mérite aujourd’hui plus que de simples premières parties. A ce titre, The last chase est un nom bien mal choisi tant on a envie de croire au départ d’une course de fond…

LOFOFORA: Coeur de cible

France, Rock énervé (At(o)me, 2024)

En ces temps troublés, l’arrivée d’un nouvel album de Lofofora est tout sauf une surprise. Notre monde offre un terrain idéal de thèmes d’inspirations autant littéraires pour le toujours très engagé chanteur Reuno et musicales pour Daniel Descieux (qui nous tricote des riffs bien plus fins que la brutalité du propos ne pourrait le laisser penser) ainsi que Phil Curty et Vincent Hernault qui, à la basse et à la batterie, nous concoctent des rythmiques aussi rentre-dedans et directes qu’entrainantes. Avec sa pochette rouge sang (frais, le sang… une pochette dont on avait eu un aperçu lors du dernier Hellfest) et son cœur percé de ces inventions de violence humaines, Coeur de cible nous entraine, au travers de 11 nouveautés en ces terres de fusion lofoforiennes énergiques et engagées, voire enragées. Si on a naturellement l’impression de naviguer en terrain bien connu, Lofo nous laisse parfois croire à des reprises retravailler de ses propres titres. Les paroles de Konstat 2024 (avec un K comme Kalash?), par exemple, m’évoquent par instants Les choses qui nous dérangent. Logique, me direz-vous, car comme évoqué plus haut, les temps se prêtent à ce type de réflexion depuis tellement longtemps que l’on ne peut que faire un constat qui se répète, à l’envi. Comme à son habitude, le groupe puise dans différents styles qu’il mélange et malaxe pour en faire sa propre mixture sur laquelle Reuno vient cracher sa colère. Avec le temps on aurait pu penser que Lofo perde en colère, mais non, bien au contraire. Engagé un jour, engagé toujours, c’est ce qui colle le mieux au Lofofora 2024. Coeur de cible est une réussite de bout en bout, rien moins.

KAMI NO IKARI: See you in hell

France, Deathcore (Dark Tunes, 2024)

Brutal de chez brutal, ce See you in hell, premier méfait des Français bien nommés de Kami No Ikari. « Bien nommés » parce que le nom du groupe signifie La colère des dieux. Et ils la traduisent avec force rage, cri et hargne. Clairement, le deathcore, qu’il soit mélodique ou direct, n’est pas du tout mon style de metal… Si je ne trouve aucun intérêt à cette brutalité malsaine et gratuite (ce que je préfère reste la pochette et son pendant intérieur que je trouve superbes), en tendant un peu l’oreille, on découvre une forme de volonté mélodique dans certains arrangements. Si le groupe formé à Paris en 2021 et déjà auteur l’année suivante d’un premier Ep (Hakai) se dit influencé par des formations comme Shadow Of Intent ou Fit For An Autopsy, le look et l’inspiration nippones ne peuvent qu’évoquer leurs compatriotes de Rise Of The Northstar mais, musicalement, dans un style beaucoup plus brutal. Pour cet album, le hurleur Amarino Barros et ses comparses (les guitaristes Rodolphe Brouat et Silvère Escandre, le bassiste Brice Baillache et le batteur Yohan Dieu) font appel aux conseil de Francesco Ferrini de Fleshgod Apocalypse, autre influence évoquée ainsi qu’à HK Krauss qui tient les manettes du studio. Si la rage est de mise tout au long de ces dix titres, on trouve ci-et-là une certaine forme d’apaisement, quelques moments d’accalmie au milieu de ce typhon sonore. On nous demande quel côté de la porte nous choisirions? Personnellement, ce sera la sortie, mais, encore une fois, je ne suis pas amateur de deathcore. Les connaisseurs et amateurs, eux, entreront sans nul doute par la grande porte.