HEADCHARGER live à Orléans (Dropkick bar, le 8 mai 2025 – avec Yeti)

Week end du 8 mai oblige, le centre ville est quelque peu bloqué par les défilés et commémorations. Alors il faut tourner en espérant trouver une place… et une fois cela fait, longer les barrières jusqu’à pouvoir les franchir afin de traverser et rejoindre l’antre Dropkick où Headcharger doit se produire ce soir.

Heureusement, il fait beau, et, une fois arrivé sur place, l’ambiance est tout aussi chaleureuse. Le temps que Yeti, groupe orléanais qui joue ce soir les chauffeurs de salle, termine ses balance, je retrouve Romain Neveu, bassiste et membre fondateur de Headcharger, pour une interview des plus sympathiques – à suivre.

Yeti @Dropkick Orléans

Initialement annoncé à 21h30, Yeti investit la scène avec… une demi-heure d’avance. Le trio propose un rock varié qui se rapproche par instants d’un hard rock virulent. Pas bien grave, le public ayant déjà investit la petite salle. C’est donc devant une grosse poignée de spectateurs que le trio se démène.

Yeti @Dropkick Orléans

Ce n’est pas la première fois que Yeti joue au Dropkick et le groupe a visiblement quelques fidèles. Pendant pas loin de 45′, la bande chauffe salle et public comme il se doit au son d’une bonne quinzaines de titres qui piochent dans le rock, le grunge et le metal. Darken, The maze (qui n’ont, respectivement rien à voir ni avec le groupe ni avec le dernier album de Trank), Strong man ou encore un Yeti song repris par le public, le groupe fait le job. Un bien beau début de soirée, en somme.

Yeti @Dropkick Orléans
Headcharger @Dropkick Orléans

Changement de plateau, dernières balances… Le public revient tranquillement pour accueillir un Headcharger très en forme. Autant j’avais trouvé le groupe distant lors de leur dernier passage au Hellfest en 2022 – un certain Snakepit ne facilitant sans doute pas les choses – autant on sent ce soir les 5 au taquet. Si Sébastien Pierre (chant) et Romain Neveu (basse) sont les deux piliers fondateurs et immuables du combo, ils savent pouvoir compter sur le soutien des deux David (Rocha et Valléeà aux guitares et d’Antoine Cadot à la batterie.

Headcharger @Dropkick Orléans

Pendant un peu plus d’une heure, la vaste discographie des Caennais est passée en revue, du plus récent Sway (Insane, Wake up and run, Against the storm) aux plus ancien Watch the sun (Up to you) ou l’éponyme Headcharger (Falling asleep in masses). Le public est pris à la gorge dès le début, Sébastien et les siens ne relâchant la pression qu’en fin de set.

Headcharger @Dropkick Orléans

Pendant un peu plus d’une heure, le quintette offre un set puissant à un public plus que réceptif. Quand bien même la moyenne d’âge est élevée, ce dernier est le véritable sixième homme de la soirée, dansant, pogotant, se bousculant (se faisant bousculer, aussi) et répondant aux diverses demande d’un Sébastien très en voix.

Headcharger @Dropkick Orléans

Là le public s’accroupi pour mieux sauter, là, il se met à danser langoureusement ou encore furieusement sur You wanna dance qui vient clore de manière explosive ce concert plus que chaleureux, simple, enragé et efficace.

Headcharger @Dropkick Orléans

Malgré l’heure tardive, dès la fin du concert, c’est une jolie foule qui se masse devant le stand de merch attendant impatiemment l’arrivée des héros du jour. Headcharger a démontré ce soir être toujours habité et avoir besoin de cette proximité avec le public qui fait les grands souvenirs. Une très belle soirée comme on peut très souvent en vivre dans nos petites salles de province!

Headcharger @Dropkick Orléans

SPLEENBREAKER: Human comedy

France, Rock (M&O, 2025)

Quatre chiens tout de cuir vêtus autour d’une table, une bière à la main, les « shades » rivées sur le nez… Pas de doute, Spleenbreaker est un groupe de rock sans doute énervé. Clairement, leur album Human comedy ne cherche pas à réinventer la machine à courber les bananes tant le groupe semle vouloir se faire plaisir en nous replongeant dans un passé rock et allumé. Pas psyché, simplement allumé. Nombre d’entre vous me connait suffisamment bien aujourd’hui pour comprendre pourquoi je passe sur le chant en anglais… y a du boulot, mais bon… Si les deux premiers titres me laissent froid, le chant à la Jim Morrisson et les ambiances à la The Doors de Mainstream m’interpellent avant que le groupe n’appuie sur l’accélérateur avec un Lust lover pas piqué des hannetons (plus tard, c’est un ton horrifique à la Alice Cooper sur Purge your brain qui me rappellera à l’ordre). Seulement, rapidement s’installe l’impression d’un manque. Si l’envie est là, si la guitare est saccadée et entrainante, si le groupe puise dans le blues et le hard vintage, il me semble manquer ce truc en plus qui ferait passer Human comedy d’album gentiment plaisant à bon disque de rock. Un album à écouter entre potes autour d’un apéro pour passer une bonne soirée.

LADY AHNABEL: La bionique

France, Power metal (M&O, 2025)

Le power speed metal a encore de beaux jours devant lui! Made in France ou pas… Ne serait-ce le chant souvent trop haut perché et qui reste ici incompréhensible (ce grand mal que nombre de groupes français cherchent à combler…) – je ne sais même pas quelle langue est utilisée jusqu’à Jeux d’enfants, moment de pause qui arrive assez tôt dans ce disque. On pourra porter un attention particulière à La bionique, nouvel album de Lady Ahnabel qui démarre avec des ambiances de fête foraine pour foncer ensuite dans le tas avec une impressionnante maitrise instrumentale. Musicalement, La bionique se pose là et fait sans doute aucun le job. Une ambition musicale comme on en voudrait plus en France, certes, mais je ne parviens cependant pas à franchir le cap de ce chant trop haut et agressif pour moi. Chacun pourra cependant apprécier en fonction de ses goûts.

BASIC PARTNER: New decade

France, Rock (Daydream music, 2025)

Intrigant et attirant album que ce New decade des Français de Basic Partner. Après un premier Ep paru en 2023 (Insomnia’s road), le groupe nous plonge dans des univers sonores qui évoquent autant la postwave des années 90 que le bordel organisé d’un certain punk ou encore l’esprit cinématographique cher à feu David Lynch. Hormi un chant anglais à retravailler, les 9 morceaux de cet album nous entrainent dans un passé pas si lointain. Pas metal pour un rond mais totalement rock avec des (grosses) touches electro et synthétiques, Basic Partner se pose comme un sérieux challenger du genre – qui a déjà à son actif d’avoir marqué les esprits des Transmusicales en 2024. Plutôt encourageant, non?

CUTTING CORNERS: Trampoline park

France, Punk (Cutting Corner records, 2025)

Ils sont deux – Ricardo à la guitare et Tommy à la batterie, les deux se partageant le chant – et ils ont envie de foutre un joyeux bordel. Guitare, batterie et un chant énergique et entrainant, la recette est simple et bigrement efficace. Avec Trampoline Park, Cutting Corner scande sa joie de vivre et sa liberté. Les douze titres sont directs et d’apparente simplicité. Quoi de plus complexe que de reproduire à deux ce que des groupes complets font? Alors les deux ne se prennent pas la tête, vont à l’essentiel avec des mélodies chantantes et percutante. On trouve des traces de The Offspring ou de QOTSA et, plus proche de nous, certains passages évoquent Sticky Boys. Simple, sobre et efficace. Et si l’énergie est retranscrite de cette manière sur scène, on nous promet de bons, d’excellents moments.

REDEMPTION: The hard way

France, Heavy rock (Autoproduction, 2025)

Redemption, c’est une histoire de famille. Un père et ses deux fils unis par la passion du rock qui tâche, qui se lancent le défi de monter un groupe et qui se retrouvent sélectionnés pour jouer au Hellfest en 2018 avant de proposer un premier album, Three of a kind, en 2020. Le trio revient aujourd’hui avec The hard way, un nouvel album au titre explicite. La formation a muri son propos et propose des styles plus variés qui font toujours autant taper du pied. Malgré un anglais encore perfectible, Redemption développe et démontre tout son amour du gros rock, direct et franc. Si le trio nous replonge dans le heavy pur jus des 80’s, il le fait avec un son résolument moderne. Partout, on sent un inconditionnel amour pour les guitares grasses et les gros sons, les rythmes imparables, ainsi qu’un profond respect pour les anciens, d’AC/DC à Motörhead, le groupe rendant même une forme d’hommage à ces derniers en reprenant, accompagné d’une invitée de marque (Ruyter Suys de Nashville Pussy), un certain Overkill. The hard way est un album efficace de bout en bout. On les entend volontiers monter sur scène en scandant un graveleux: « Good evening! We are Redemption, and we are a familly. We also play rock’n’roll!« 

YOJIMBO: Cycles

France, Stoner (Autoproduction, 2025)

Si Cycles est le premier album des Strasbourgeois, Yojimbo – un rapport avec le film de Kurosawa? – a toutefois une petite histoire derrière lui. Formé en 2019, le quartet se lance dans un rock stoner teinté de touches progressives et publie un premier Ep éponyme en 2019. Et enchaine les concerts. Aujourd’hui, ce premier album nous montre un groupe qui maitrise son sujet et tout au long des 7 titres explore des univers variés. Si certaines influences sont évidentes – des riffs à la Black Sabbath early days, Queens Of The Stone Age – Yojimbo développe sa propre identité sonore et se lance dans des passages qu’on pourrait croire improvisés et qui nous renvoie aux plus belles heures du genre, celui d’un Blue Öyster Cult affiré ou d’un Pentagram. Un très jolie découverte à conseiller.

ASH TWIN PROJET: Tales of a dying sun

France, Metal progressif (Season Of Mist/Klonosphère, 2025)

Tales of a dying sun est le premier album des Français de Ash Twin Project. Le quintette originaire d’Agen évolue dans un metal progressif qui évoque aussi bien Opeth que Tool tout en explorant d’autres horizons. L’intérêt du projet réside en ses oppositions, des contrastes réguliers d’influences diverses. L’élégance qui évoque Soen se confronte à la virulence et la brutalité du metal extrême et du hardcore. Si on est aujourd’hui plus qu’habitués à la dualité vocale « la belle et la bête »(Eglantine Dugrand et son invité Nicolas Lougnon), Ash Twin Project surprend par la brutalité de certains passages comme si on venait à s’écraser contre un mur de son qu’on n’a pas vu arriver. Les guitares de Robin Claude et Romain Larregain, aériennes et rugueuses à la fois, se frottent à ce mur rythmique concocté par la basse de Stéphane Cocuron et la batterie de Thibault Claude. Malgré ses seulement 5 morceaux, Tales of a dying sun est à considérer comme un véritable album: seuls deux titres durent moins de 7′ (The wilds et Isolation – 5’58 et 6’50), Sunless city culminant même à 9’16. Un premier album (doté d’une production à la hauteur des exigences du genre) comme une belle promesse, à découvrir.

HOWARD: Oscillations

France, Rock (Autoproduction, 2025)

Howard fait partie de ces groupes nés à la fin des années 2010 et qui ont vus leurs espoirs stoppés nets par la crise sanitaire. Après avoir sorti un premier Ep en 2018 – Howard I – le trio a publié en mars 2020 son premier album, Obstacle – quel ironie sarcastique que ce titre quand on y repense! – impossible à défendre correctement pour les raisons que l’on sait. Sans se décourager pour autant, Howard publie en 2022 son second essai, Event Horizon. Le public découvre un trio plus qu’influencé par les géants du rock des années 70 et confirme cet état d’esprit tout au long de Oscillations, son nouvel album paru fin mars. Loin de ne ses contenter que de reprendre des formules ayant fait leurs preuves, les musiciens (Jimbo Canoville au chant et à la guitare, Raphaël Jeandenand à la basse, orgue Hammond… et Tom Karren à la batterie et aux percussions) intègrent avec bonheur de nombreux éléments modernes qui offrent des touches électro à l’ensemble. En modernisant son propos, le trio offre à l’auditeur une plongée dans diverses émotions qui vont du calme à la tempête, de la rage à l’apaisement. Le groupe sera à découvrir lors du prochain Hellfest le samedi en ouverture de la Valley.

MEDICIS: Where we dive

France, Rock (Day Dream Music, 2025)

La jolie surprise que voici! Where we dive est le premier album des Nantais de Medicis, groupe formé au début des années 2020 et qui a publié un premier Ep éponyme en 2022. Au travers de 8 titres proposés à l’ancienne sur les faces A et B (d’un… CD!), Medicis développe un univers éthéré, bienveillant et entrainant. La voix de Julien (également bassiste), douce et suave, est soutenue par Victor, co-chanteur, guitariste et claviériste de la formation. Dès Boxes, on est séduit par les ambiances rock quelque peu énervé et pop sans être acidulé qui se mettent à crisser ou s’adoucissent au gré des envies de Medicis. Le groupe, également composé d’un second guitariste, Nicolas, et du batteur, Thomas, a décidé de raconter l’histoire d’une œuvre de musée qui peu à peu, prend conscience d’exister et de son envie de s’échapper de son cadre pour vivre au delà des simples regards des visiteurs. Un concept quelque peu original qui permet à la formation de divaguer et se laisser porter par ses envies d’explorations sonores. Les Nantais utilisent cette envie d’évasion de l’œuvre comme prétexte à explorer divers sentiments. Le résultat, enregistré en conditions live en à peine plus de… 2 jours!, est plus que séduisant et réussi, et Where we dive fait partie de ces albums à découvrir d’urgence.