ORLÉANS METAL NIGHT: la galerie

Retrouvez ici le live report du concert

Retrouvez ici le live report du concert

GIRLSCHOOL: WTForty five

Angleterre, Heavy metal (Silver lining, 2023)

C’est toujours un plaisir de retrouver les écolières. Surtout que là, elles ont fugué quelques temps avant de se rappeler à notre souvenir… Le dernier album de Girlschool, Guilty as sin, remonte quand même à 2015. Il était donc grand temps, huit années après, que Kim Mc Auliffe (guitare et chant) et sa complice de toujours Denise Dufort (batterie) reviennent avec un nouvel album. Toujours de la partie, la guitariste Jackie « Jacks » (note: ceux ont eu l’occasion de lire mon interview du groupe parue en 2015 sur un autre webzine comprendront) Chambers se voit depuis 2019 rejointe par Tracey Lamb, bassiste originelle de Rock Goddess. Avec un tel line up, un vent de fraicheur peut souffler – la photo intérieure du livret est d’ailleurs explicite de bonheur. WTForty five? le démontre brillamment, dès It is what it is au refrain d’une simplicité exemplaire qui sera immanquablement repris en chœur sur scène. Si les filles ne réinventent en rien a machine à courber les bananes, elle se montrent très en forme et nous proposent 11 chansons célébrant le heavy rock festif qui a fait leur légende. Si certains thèmes abordent l’état de notre (in)humanité et de la planète (It’s a mess) mais également la période de crise sanitaire (Invisible killer), l’ensemble reste toutefois positif, enjoué et entrainant. Joe Stump fine gâchette de la six cordes, co-compose et enregistre avec les filles le très festif Are you ready. L’album se termine par un hommage à Lemmy – les filles lui sont, ainsi qu’à tous les membres de Motörhead d’ailleurs, éternellement reconnaissantes – avec la reprise de Born to raise hell, titre sur lequel on retrouve naturellement Phil Campbell et l’autre grand ami qu’est Biff Byford, emblématique chanteur de Saxon. WTForty five? On a surtout beaucoup de plaisir à retrouver Girlschool aussi en forme et on espère bien pouvoir aussi les retrouver en salles en 2024 (et à Clisson en juin prochain…) Girl power!

LOOKING FOR MEDUSA

Nouveau partenariat Metal-Eyes: l’année 2024 commencera sous les meilleures auspices puisque le Dropcick d’Orléans acceuillera une nouvelle affiche 100% française. En effet, le désormais mythique club sera envahi par DemonTool, Dreamcatcher et Looking For Medusa dès 20h.

Idéalement situé au cœur d’Orléans, le Dropkick, en plus de sa salle de concert pouvant accueillir quelque 200 spectateurs en sous sol, propose bar et restauration sur place. Le parking des Halles Chatelet est très facilement accessible pour qui vient en voiture.

A 10€, on ne rechigne pas, on vient soutenir les groupes locaux!

BLACK SPIDERS: Can’t die, won’t die

Angleterre, Heavy metal (Spinefarm, 2023)

Dans la veine « old school », ces dernières années nous ont plus habitués à un revival du southern rock ou du rock psyché/stoner. Avec Black Spiders, on replonge dans les premiers jours du heavy metal, celui auquel on ne collait pas encore systématiquement cette étiquette mais qui savait se faire aussi pesant qu’envoûtant avec ses relents psychédéliques qui sentent bon la consommation de certains produits. Les amateurs connaissent déjà cette formation qui n’a pu défendre son dernier album (Black Spiders, paru en 2021) comme elle l’aurait pu si la crise sanitaire n’avait bloqué le monde entier à la maison et rabattu les cartes du monde musical. Alors il est temps de se repencher sur le travail de cette brillante formation de Sheffield formée en 2008 et qui revient avec un album très justement et de manière très optimiste intitulé Can’t die, won’t die. Après une intro qui sonne comme une incantation hypnotique et répétitive invitant à assister à un cérémonial, Hot wheels lance la machine. Le rythme est enlevé, les riffs directs. Tout au long de l’album, on retrouve des rythmes enlevés, des riffs directs et un chant chaleureux, celui d’un Pete Spilby allumé. Sans jamais laisser tomber la pression, Black Spiders varie les plaisirs, passant d’un destroyer presque dansant à un Alright alright alright plus poppy, pour revenir à des règlements de compte (Traitor’s walk, A rat is a rat) ou terminer sur un explosif End of the world. Can’t die, won’t die est une nouvelle déclaration d’intention des Anglais qui doivent désormais trouver et consolider leur public. Quand bien même les Black Spiders ne réinventent pas le monde du metal, ils se donnent avec tant de belle et bonne volonté que l’on a envie de les suivre. Ils ne lâcheront pas l’affaire, et c’est tant mieux!

Interview: BLACK RIVER SONS

Interview BLACK RIVER SONS. Entretien avec Vincent (batterie) le 26 octobre 2023

Pour commencer, peux-tu me dire quelle est la question qu’on vous a le plus posée aujourd’hui ?

Ha, ha ! Cette question-là, justement (rires) !

OK, on a dû se mettre d’accord ! J’imagine alors que celle qu’on vous a le moins posée, c’est la plus originale qui soit pour moi qui découvre Black River Sons avec cet album, Skins : quelle est l’histoire du groupe ?

Black River Sons est un groupe qui existe depuis 2016, qui est basé sur la région lilloise. C’est un projet qui est à l’initiative d’Emeric, le chanteur, qui pendant une dizaine d’années a joué dans des tributes et des cover bands – Thin Lizzy, Led Zep, Lynyrd Skynyrd. En 2016, il en a eu marre de jouer les chansons des autres, il a eu envie d’écrire ses propres chansons, de les jouer en concert et de proposer, lui, ce qu’il avait à dire. Comme dans toutes les villes moyennes, dans le milieu de la musique, tout le monde se connait. Emeric, je le connais depuis une vingtaine d’années, on n’a jamais joué ensemble mais on s’est souvent croisés dans des concerts communs… On a joué un peu dans le cover de Lynyrd Skynyrd et quand il a voulu monter Black River Sons, il m’a contacté en premier, se doutant que ce serait le style de musique qui me conviendrait bien. On a monté l’équipe à deux, on a trouvé un bassiste, un guitariste. On a tout de suite voulu exister alors on s’est très vite mis en tête d’enregistrer un premier Ep histoire de pouvoir démarcher, gagner un peu de notoriété et se lancer dans la course aux concerts. Naturellement est venu l’enregistrement de notre premier album, Poison stuff en 2018.

Skins est votre second album, et votre chemin suit un chemin logique pour un jeune groupe composé de vieux briscards…

C’est ça, exactement, « un jeune groupe composé de vieux briscards » !

On ne pourra pas dire le contraire quand on voit vos… comment dire ? Quand on voit vos gueules de taulards chopés à la place de Trump avec vos mug shot (il se marre) … Comment décrirais-tu la musique de Black River Sons à quelqu’un qui ne vous connait pas ? Tu as parlé de Lynyrd Skynyrd, donc on a un indice, il y a du hard rock et du rock sudiste…

On peut effectivement dire que le socle commun à tous les musiciens du groupe c’est effectivement le rock sudiste, c’est ce qui nous a réuni, mais les influences sont bien plus vastes, avec des teintes de blues, du metal, du vieux hard rock, mais aussi du stoner, du grunge même dans certains morceaux. Mais, oui, le socle commun, c’est le southern rock avec les twin guitars, le questions-réponses. Ça va bien au-delà de ça dans la composition. Sur Skins, chaque morceau est différent. On peut passer comme Spit me out qui est très hendrixien, très « Kenny Wayne Sheppardien », à des morceaux beaucoup plus lourds et stoner…

On sent en effet une grosse influence des années 70 et 80, mais pas que ça.

Pas que ça, exactement. Il y a aussi des groupes comme Black Stone Cherry, beaucoup plus modernes, avec des sonorités plus actuelles, et, je trouve qu’ils sont beaucoup moins sudistes qu’à leurs débuts… Sur l’album précédent, on sonnait un peu comme Blackberry Smoke, pour Skins, on a modernisé le son, réactualisé l’écriture.

C’était justement ma question suivante : savoir comment tu analyses l’évolution de BLACK RIVER SONS entre ces deux albums…

Poison stuff, on était un peu dans le cliché rock sudiste, avec des chapeaux et des santiags. La pochette, c’est un tonneau… On a voulu sortir de ce carcan aussi bien au niveau de l’écriture que de la production et du son, tout en gardant notre identité, cette couleur rock sudiste mais on la voulait moins ostentatoire. Après Poison stuff, on a voulu durcir un peu notre musique en gardant le coté sudiste. C’était un choix artistique dès le départ.

Poison stuff est sorti mi 2019, ce qui signifie que vous avez eu 9 mois pour le faire vivre avant la crise sanitaire en mars 2020…

Exactement… Ça a été compliqué, très compliqué, mais comme ça l’a été pour tous les musiciens, tous les artistes… On a eu la chance d’avoir une bonne pub pour cet album qui marchait bien, on avait plein de dates programmées et, du jour au lendemain, on s’est retrouvés coincés chez nous. Là, le second album est là, on se dit qu’on va reprendre où on en était et même aller un peu plus loin.

Justement, pour aller un peu plus loin… Un groupe de rock doit défendre sa musique sur scène. Quels sont vos projets de concerts en dehors de votre région ?

On finit la saison tranquillement, mais cette année, on a vraiment donné beaucoup de concerts. Il nous reste 2/3 dates chez nous, et pour l’instant, il y quelques plans en pourparlers, notamment quelques festivals, et ça nous sortir de la région, ce qui est notre but : sortir du circuit habituel. Les concerts, on en donne beaucoup, mais toujours dans le même circuit. Maintenant, on a aussi pu jouer en Allemagne, dans différentes régions mais pas assez souvent à notre goût. Nous, ce qu’on veut, c’est pouvoir défendre notre album dans un rayon plus grand, aller plus loin et conquérir un autre public.

Vous n’avez pas encore la possibilité de vivre de votre musique, alors, quels sont vos métiers respectifs dans vos autres vies ?

(Il rit) Alors, Emeric vend des vêtements, Fred est prof de guitare – notre bassiste, mais initialement il est guitariste – Guillaume est musicien professionnel, il est intermittent du spectacle. Moi, je suis infirmier anesthésiste.

Si tu devais ne retenir qu’un seul titre de Skins pour expliquer ce qu’est l’esprit de Black River Sons, ce serait lequel ?

Oh… C’est une question tellement difficile parce que je pense que sur cet album il y a tellement de chemins, d’influences, de sonorités différentes… je dirai, s’il faut n’en retenir qu’un, ce serait Birds and beasts. C’est celui qu’on a choisi comme premier single, premier clip parce que c’est un morceau rentre dedans, qui groove, qui est dynamique mais qui a aussi ce côté un peu grand public. Sans se fourvoyer, sans dénaturer l’essence du groupe. Il y a toujours ce côté sudiste mais en plus moderne.

Je n’ai reçu que la version promo du CD, et je n’ai pas vu les paroles. De quoi traitent vos textes ?

C’est Fred qui est l’auteur de tous les textes. Il y a un fil rouge qu’on trouve sur tous les morceaux et qu’on peut expliquer avec les paroles de la chanson Skins : c’est un concept sur les apparences, les différents visages, les différents costumes qu’on peut porter pour se faire accepter de la société, arriver à ses fins… Entre celui que tu es vraiment et comment les autres te perçoivent, il y a une différence, une armure… A partir de quel moment tu dois changer de peau pour être en adéquation avec ton environnement… On parlait de nos métiers tout à l’heure : quand je suis le batteur de Black River Sons sur scène je ne suis pas le même que quand tu me vois dans un bloc opératoire, je n’ai pas le même costume… C’est un peu l’histoire de la dualité entre ce que tu veux être, ce que tu représentes et ce que tu es prêt à faire pour obtenir l’acceptation des autres.

Savoir se montrer sous son vrai jour… C’est un album qu’il faut présenter aux femmes en fait !

E fait, le titre Birds and beasts traite du néo féminisme, le féminisme à outrance, qui endevient peut-être même presque caricatural. Ce n’est peut être pas politiquement correct, mais on est dans une société où il n’y a plus de frontières, plus de limites, c’en devient ridicule, et c’est aussi le constat qui est fait dans cet album.

Et y a-t-il des thèmes que vous ne souhaitez pas aborder, qui n’ont pas lieu d’être dans BLACK RIVER SONS ?

On n’est pas un contest band, on n’écrit pas de protest songs… Le tout, c’est la façon dont tu vas dire, écrire les choses. Fred écrit toujours des paroles à double ou triple sens… On ne s’interdit rien mais on veut avoir une approche assez intelligente sur la forme pour que ce soit entendable. Ça peut être sujet à débat, ça laisse la porte ouverte au débat, à l’échange. Même nous, dans le groupe, on n’est pas toujours d’accord sur tout…

Comment procédez-vous pour la composition, le choix des morceaux ?

En fait, comme dans tout bon groupe, quand quelqu’un prend les clés du camion, s’il sait conduire, il faut lui faire confiance. Emeric avait tout écrit à 100%, là, le processus a été un peu plus démocratique : Fred, en plus d’écrire les paroles et de jouer de la basse, il compose, et chaque compositeur propose des morceaux quasi finis qui ne seront presque pas retravailler ensuite, après approbation collective. Les morceaux sont déjà bouclés quasi à 100%, maquettés quand ils sont proposés. Ensuite, charge à nous, avec nos instruments, d’apporter notre couleur qui fait que ce sera mieux avec un vrai musicien qu’avec une machine…

Comment avez-vous procédé pour l’enregistrement ? Vous avez tout fait en studio, utilisé les moyens technologiques modernes ?

On est allé dans un studio, le CNP studio à côté de chez nous. C’est le cinquième disque que j’enregistre chez lui. Les parties batterie, guitare acoustique et le chant ont été faits en studio pour des raisons logistiques et pratique, tout ce qui est guitares et basses, ça a été fait à la maison, envoyé au studio pour mixage. Pour des raisons de coûts et de charges financières… une journée en studio, ça coûte cher, donc ce qu’on pouvait ne pas faire en studio, on l’a fait nous même en donnant les clés du projet à notre ingénieur du son, qui nous connait bien maintenant puisque c’est le troisième disque qu’on enregistre avec lui. C’est quelqu’un qui est très à l’écoute, qui nous suit dans la direction qu’on a choisie. Si tu écoute les deux albums, ce n’est pas du tout la même production : Poison stuff est très roots, très naturel, Skins est plus rentre dedans, plus méchant. Il n’y a pas de triche sur la batterie, c’est le vrai son. On n’a pas voulu tomber dans le piège de tout trigger, éditer à la double croche près… on a gardé ce côté un peu roots, pas parfait… Enfin, quand je dis ça, il faut vraiment écouter de près pour se rendre compte des erreurs. Il y a un côté un peu organique dans cet album, et c’est ce qui est intéressant.

C’est aussi ce qui permet de garder encore le côté humain…  Tu parlais du contenu textuel de vos chansons, et il y a un lien direct avec la pochette. Qui l’a réalisée ?

Elle a été réalisée par François Parmentier, un infographiste de métier qui a travaillé sur de gros projets, avec des artistes de jazz américains, avec Manu di Bango et j’ai la chance de l’avoir dans mon entourage. Naturellement, je l’ai sollicité, je connaissais la qualité de son travail… Je lui ai fait écouter l’album, lui ai parlé du concept de dualité, d’opposition, de peaux… Je lui ai donné des mots clés et carte blanche. On voulait une pochette qui claque et qui, quand on la regarde de près, fasse dire qu’il y a des détails intéressants.

Quand j’écoute l’album, j’entends en effet du Black Stone Cherry, du Black Sabbath, tu parlais de Blackberry Smoke…  Vous vous appelez Black River Sons. Etait-il important que le mot Black fasse partie du nom du groupe ?

Quand on cherchait un nom, on s’était donné un cahier des charges : le nom devait comporter trois parties, comme Blackstone Cherry, Black Country Communion, Blackberry Smoke… On voulait un nom en trois parties qui commence par « black ». River, c’est en fait un affluent du Mississppi, la Black River, qui le rencontre dans l’Arkansas. Comme on joue du rock sudiste, ben, c’était logique : Mississippi, le sud, la Black river, c’est venu tout naturellement en rajoutant Sons. C’est moi qui ai trouvé le nom et on a trouvé que ça sonnait bien.

Si tu devais penser à une devise pour Black River Sons, ce serait quoi ?

(Il réfléchit) Nous, ce qu’on veut, c’est jouer sur scène, donc je dirais : Play or die ! joues ou meurs. Défendre notre album en concert, élargir notre champ d’action, faire découvrir Black River Sons au plus grand nombre.

BLACK RIVER SONS: Skins

France, Heavy metal (Music records, 2023)

Formé en 2016 dans le nord de la France, Black River Sons a déjà à son actif un Ep suivi d’un album, Poison stuff, paru en 2019. Quatre ans plus tard, le combo revient avec Skins, un album heavy qui puise ses aspiration tant du côté du rock sudiste que du metal des origines. Les 9 titres de ce nouvel album démarrent avec le morceau éponyme qui, rapidement, évoque Black Sabbath, référence que l’on retrouve tout au long du disque. Mais il y a plus, BRS lorgnant aussi du côté de Black Stone Cherry ou de Lynyrd Skynyrd, deux références de deux époques du southern rock. Tout au long des No pain no gain, Birds and beasts, Don’t tell it twice… les guitares sont de sortie accompagnant un chant chaleureux bien que dans un anglais difficilement compréhensible… C’est sans doute la grande faiblesse de BRS qui pourtant alignent les bonnes idées. Ceci mis à part, les vieux briscards qui composent le groupe savent écrire des chansons qui donnent envie de bouger, et on a envie de les soutenir. Car, oui, tout au long de ce disque, c’est l’amour du rock hard, du heavy rock, du southern rock carré et bien fichu qui transpire. Black River Sons serait-il, comme le fut Stocks en son temps, le plus sudistes des groupes lillois? C’est bien probable. Il serait regrettable de passer à coté de ce petit bijou made in chez nous.

SORTILEGE live à Paris (avec Sonata Arctica et Stratovarius) : Le Bataclan, 26 octobre 2023

Note au lecteur: ce live report ne propose exceptionnellement aucune photo. La raison en est expliquée ci dessous.

C’est avec un plaisir non feint que je me rends ce soir, depuis Orléans, à Paris et me présente tranquillement à l’entrée de l’Olympia pour récupérer mon pass photo. C’est un regard interloqué de la personne à l’accueil que je reçoit, qui appelle quelqu’un et me demande: « vous êtes sûr qu’on vous attend? Etonnant, un magazine metal pour le concert de Sofiane Pamart…. » Euh, non, je viens voir Rival Sons… Et, moi qui suis ponctuel, je prends conscience que je n’ai que… 24h d’avance! Je me suis trompé de salle parfois, de jour, jamais!

Ok, retour à Austerlitz ou… « Coucou Sabrina, c’est un appel purement et totalement intéressé… Tu aurais une invit’ en rab pour Sortilège, ce soir? Me suis planté de date ». Vérification auprès de sa collègue qui est à la salle mais pas de pass photo possible ce soir… Normal en demandant alors que le concert a déjà débuté et que je n’ai fait aucune demande officielle. Moins de 5′ plus tard, je file donc au Bataclan pour assister à cette soirée imprévue. Imprévue car… Il y a eu quelques couacs préalables à ce concert. Déjà, aucune annonce de faite dans le plus important magazine metal dans les mois précédents le concert. Ce n’est qu’à peine 10 jours avant que je le découvre comme tant d’autres via une campagne sur les réseaux sociaux. Ensuite, l’affiche elle même prête à confusion: le nom de Sortilège est en bas, donc, logiquement, c’est le groupe d’ouverture. Les noms de Stratovarius et de Sonata Arctica eux, sont en haut. Têtes d’affiches logiques d’autant plus que la tournée s’intitule « Nordic Power Metal Titans »… Or, nous le découvrirons dès la publication du running order, c’est Sortilège qui est, ce soir, la tête d’affiche. Mais une grande partie du public est venue pour les scandinaves, ce qui va se voir assez tôt.

J’arrive au Bataclan après la prestation de Sonata Arctica et ne peux donc rien en dire. Stratovarius termine d’installer son matériel, les techniciens effectue les derniers réglages et le concert débute avec quelques minutes de retard. La salle est presque complète – sans doute la communication trop tardive en est elle la cause – et se frayer un chemin nécessite quelque peu de coude.

La salle est plongée dans le noir avec une dizaine de minutes de retard et la scène se drape d’un rideau de lumière bleue. Les musiciens montent sur scène l’un après l’autre sous les acclamations du public, visiblement déjà acquis à sa cause. Il lui faut d’ailleurs peu de temps pour se faire entendre et participer à Survive, titre d’ouverture suivi d’un magistral Eagleheart. Puis Timo Kotipelto prend la parole pour introduire le titre suivant qui « a une résonance particulière de nos jours » et lance ainsi World en fire qui enflamme le public.

Les musiciens sont appliqués et concentrés, assez peu mobiles même sur cette scène réduite – la batterie de Sortilège est déjà installée, bien que caché par un drap noir, au centre de la scène, entourée de celle de Rolf Pilve et des claviers de Jens Johansson. Timo entraine le public avec le groupe, l’invitant régulièrement à chanter et taper dans ses mains. Public qui ne se fait pas prier, de la fosse aux gradins et qui exprime toute sa joie de participer à Paradise (« Tonight, we are in heavy metal paradise! ») et de découvrir en live un titre du dernier album, un peu long », Frozen in time qui, pourtant, passe comme une lettre à la poste sans temps morts. La nature faisant bien les choses, Timo annonce enfin que « certains d’entre vous ont sans doute remarqué que ce soir, ce n’est pas notre bassiste habituel qui joue avec nous. Lauri (Porra) vient de devenir père il y a une semaine et demie » – qui se voit remplacé au pied levé par Jari Litmanen, ex guitariste de Sonata Arctica – introduction idéale à un superbe Father time.

Après Black diamond, Timo annonce « il nous reste 2 chansons à vous jouer » et le public clame sa frustration… « Vous voudriez qu’on joue plus longtemps, nous aussi… Mais… Il y a un autre groupe qui joue après nous » continue-t-il sur un ton quelque peu frustré. On peut le comprendre. Cependant, terminer avec les incontournables Unbreakable et Hunting high and low fait sauter le public, deux titres qui viennent clore un concert dont ma seule frustration, en dehors d’un temps de jeu trop court – 55′ – est le peu de mobilité des musicien. Le reste fut impeccable, de l’interprétation à la mise en lumières.

Depuis sa reformation, sa déformation et son retour avec pour seul maitre à bord le chanteur Christian Augustin, dit Zouille, Sortilège cherche à imposer de nouveau son heavy metal 80’s. Avec deux albums de cette formation au compteur – Bruno Ramos et Olivier Spitzer aux guitares, Sébastien Bonnet à la basse et Clément Rouxel à la batterie qui ont enregistré Phoenix en 2021 et le plus récent Apocalypso en 2023 – la formation a de la matière à présenter au public. C’est tout le groupe, sauf Zouille, qui monte sur scène accompagné de quelques roadies pour installer le matériel le plus rapidement possible – des amplis à l’image de la pochette du dernier album, un gigantesque backdrop… Le couvre feu, en semaine à Paris, est désormais strict: plus de musique dès 22h30. Alors Sortilège s’active et n’attend guère avant de démarrer son set à 21h35.

Dès Amazone, on sent un groupe au taquet, Olivier Spitzer sautant et allant chercher le public, Bruno Ramos venant le narguer. Zouille s’impose comme le patron et est particulièrement en voix. Une maitrise impressionnante pour un vocaliste de 66 ans, et il ne montrera aucun signe de faiblesse ou de fatigue tout au long du set. Un second classique met tous les fans d’accord. Civilisation perdue permet au public de donner de la voix avant que Zouille ne rappelle que « ça fait 40 ans qu’on n’a pas joué au Bataclan. La dernière fois, c’était en première partie de Def Leppard! » Instant émotion avant de présenter Le sacre du sorcier, premier des 5 extraits du dernier album et le titre passe très bien le cap de la scène avec ses jets de fumée. Mais quelque chose ne va pas…

Sortilège ne s’en rend pas forcément compte depuis la scène, mais le public déserte petit à petit le balcon et la fosse… Ce public qui était à fond derrière Stratovarius semble moins attiré par le heavy metal chanté en français de Sortilège… Mais le public qui est présent est connaisseur et soutien les Parisiens, reprenant le refrain de Chasse le dragon sans hésiter. Puis Zouille l’incite à s’éclater: « Il n’y a qu’une heure de spectacle, il faut vous défouler! Voici Poséidon! » autre nouveauté suivi de près par le très oriental derrière les portes de Babylone.

Sortilège nous offre ensuite une pluie de classiques avec D’ailleurs, toujours aussi efficace et Délire d’un fou « un titre particulièrement d’actualité avec tous ces fous qui nous gouvernent ». Puis ce sont deux morceaux sanglant qui arrivent: Vampire tout d’abord puis, dixit Zouille, « un personnage qui m’a toujours fasciné; Il est un peu sourd, il faut l’appeler fort : Attila! » et voici que notre Bubu national – Stéphane Buriez, leader de Loudblast – vient taper le grognement avec Zouille.

Il n’y a guère de temps pour discuter, et le concert se termine avec Phoenix, un des deux inédits de l’album éponyme – Messager et l’incontournable Sortilège, repris en chœur par le public. Zouille invite tout le monde à se rapprocher de la scène pour la désormais incontournable photo de famille et le show prend fin. Ce soir, Sortilège a justifié sa place en tête d’affiche en offrant un concert énergique et sans fioriture, même si cette position a pu en surprendre certains, expliquant la désertion d’une partie du public. Ceux qui sont restés en ont eu plein les yeux et les oreilles. Une très belle soirée.

Mille fois merci à Sabrina « plus réactive que moi tu meurs » Cohen Aiello et Veryshow d’avori rendu ce report possible.

RAVEN: All hell’s breaking loose

Angleterre, Speed metal (Silver lining, 2023)

Depuis leur retour en 2009 avec Walk through fire, les frères Gallagher n’ont de cesse de redonner une vie à Raven. Ainsi, trois ans après l’excellent Metal city, le trio est de retour avec un nouveau batteur, Mike Heller, et un nouvel album, All hell’s breaking loose, paru au début de l’été. Dire que les inventeurs du Athletic rock sont dans une forme éblouissante est un euphémisme. De bout en bout, cet album est explosif, proposant des titres speed au possible, d’autres plus foncièrement heavy , mais toujours empreints de ces mélodies qui donnent envie de se casser la nuque (Surf the tornado ou le morceau titre). Marque de fabrique du combo, le chant de John Gallagher, également bassiste, est toujours aussi tordu, puissant et agressif, presque opératique tout en donnant envie de reprendre les refrains avec lui. Celui de Turn of the screw est imparable, et loin d’être le seul exemple en ce sens… Un chant particulier, certes mais qui donne ce style inimitable à Raven. Son frère, Mark, propose toujours des riffs directs qui cherchent l’efficacité avant tout. Quant au dernier arrivé, Mike Heller, il frappe à en démonter ses fûts et a totalement sa place dans le combo. De Medieval, agressif à souhaits, au saignant Go for the gold (ou « for the throat »?), Raven varie les plaisirs, casse les rythmes sans jamais relâcher la pression. Les amateurs de l’objet apprécieront également le livret du CD, richement illustré de dessins style comics dans lesquels les musiciens deviennent des héros combattant les démons échappés de l’enfer. Un peu à la manière de Charmed mais en plus sanglant. Raven est plus en forme que jamais et on voudrait bien les retrouver sur scène au début de l’été prochain. Les paris sont ouverts…

JUDAS PRIEST

Judas Priest est enfin sorti des studios et nous présentera bientôt son nouvel album, Invicible Shield dont la sortie est annoncée le 8 mars 2024. En attendant, Rob Halford et ses comparses ont dévoilé un nouveau titre lors de leur concert au festival Power Trip, Panik attack, à écouter en cliquant ci-dessous.

Rendez vous à Lyon et Paris les 5 et 8 avril 2024 – et pourquoi pas en festivals l’été prochain?

BODYGUERRA: Invictus

Allemagne, Heavy Metal (Fastball music, 2023)

C’est au début des années 2010 que le guitariste allemand Guido Stoecker fonde Bodyguerra. La formation enregistre plusieurs albums, connait divers changement de line up avant de se stabiliser Bref, la vie « normale » d’un groupe. Outre lui, Bodyguerra est aujourd’hui composé de la chanteuse Ela Sturm et d’une section rythmique composée du bassiste Robert Brenner et du batteur Jason Steve Mageney. C’est ce line-up qui nous propose aujourd’hui le dernier album en date, Invictus. Et, franchement, à un « ‘détail » près, ce disque fleure bon le heavy des 80’s. Les onze titres sont l’oeuvre d’instrumentistes qui maitrisent leur art et savent où ils veulent aller. Ca sent bon le shred, les titres sont clairement fédérateurs, enjoués et entrainant. Mais… comment dire? Si on aime les voix de canards plus exagérées que Vince Neil, alors ça passe. Mais Ela Sturm me hérisse le poil. Son chant criard n’a, à mon goût, rien de séduisant et vient même entacher ces Blood and stones, Troublemaker, Confident woman ou autre Devil’s eye qui évoquent tout autant le Ritchie Blackmore de Deep Purple ou de Rainbow que son fils spirituel Yngwie Malmsteen, tout en lorgnant du côté – tiens donc – de Mötley Crue ou encore de Whitesnake, voire Iron Maiden (sans parler de la pochette qui m’évoque W.A.S.P…) Oui, musicalement, les morceaux sont superbement composés et il est difficile de les prendre en défaut. Mais cette voix en fait une petite farce. Dommage, vraiment…