Interview: ROLLYWOODLAND

Interview Rollywoodland. Entretien avec Rolly Wood (chant, basse) le 19 février 2024

Nous éviterons les détails du démarrage de cette interview totalement dans l’esprit de ce que le trio propose avec son nouvel album, Dark fate for judgement day, donc décalé et fun. Il y a des dossiers qu’on ne dévoile pas… Sauf si… Mais pas aujourd’hui. En plus, j’ai pas les images. Discutons, plutôt!

Rollywoodland

Le premier album de Rollywoodland est sorti il y a 12 ans. Que s’est-il donc passé depuis ? Ne me fait pas le coup de « la crise sanitaire » !

Ça en fait partie, mais pas que ça (rires). Disons qu’on a commencé à bosser sur cet album en 2013 et au moment où on allait commencer à enregistrer, ben… on s’est séparés. On a eu un break entre 2015 et 2018. On a retravaillé sur cet album, ensuite, il y a eu (il rit)… la crise sanitaire…

Il m’a fait le coup !

En fait, on habite assez loin les uns des autres, donc on ne pouvait pas se voir et ça a ralenti les choses…

Alors, justement, revenons en arrière. C’est la première fois qu’on discute, alors peux-tu me raconter l’histoire de Rollywoodland ?

A la base, c’était un projet solo que j’avais en tête en 2010 qui a débouché sur l’album Appetite for seduction qui est sorti en 2012. Il y a ensuite eu un changement de line-up et, ensuite, j’ai repris avec Ben Dog, le batteur d’un groupe que j’avais avant. On a commencé à bosser sur cet album et très rapidement on a eu 14 titres prêts. On a commencé à enregistrer la batterie et la basse en 2015. On a eu ce break dont je te parlais, on a recommencé à travailler dessus en 2018. Entre temps, il y a eu famille et bébés, donc tout était un peu en suspend sans être aux oubliettes…

Donc ce n’était pas la priorité non plus…

C’est ça, malheureusement. Si ça ne tenait qu’à moi, cet album serait sorti en 2015. La vie de groupe fait que parfois tu ne fais pas les choses quand tu veux, ou comme tu le veux. Ça nous a menés en 2020… J’ai réenregistré tout le chant chez moi pendant le Covid, les guitares de Yo Godon ont été enregistrées chez le guitariste entre 2020 et 2022. Entre temps, on a enregistré tous les instruments annexes, comme les shime, les percussions, les synthés… Ça faisait beaucoup de choses sur un album qui dure presque une heure, et, quand tu pars un peu de rien, ça fait beaucoup de travail ! Mener à terme un tel projet, c’est énormément d’investissement personnel et ça peut vite prendre du temps quand tu n’as pas de deadline. C’est un peu notre Chinese democracy, mais bien de chez nous (rires) !

D’où le groupe est-il originaire ?

On est en Rhône-Alpes. J’habite à côté de Genève, le batteur vit à Lyon et notre guitariste est en Savoie. On se retrouve à un point central pour répéter ;

Comment décrirais-tu la musique de Rollywoodland à quelqu’un qui ne vous connais pas ?

C’est du hard rock, tout simplement. Avec des influences diverses, Maiden, Mötley, Scorpions, Priest, Offspring, Kiss, beaucoup…

Donc on est bien ancrés dans les années 80.

Tout à fait. C’est un peu l’époque où j’ai découvert le monde. Ce qui sort, ce n’est pas réfléchi, c’est naturel et un processus spontané. On arrive à avoir des morceaux mid-tempo, des ballades, des titres plus rapides et au final, ça rejoint cette époque.

Il y a une touche supplémentaire : un côté humoristique, un peu décalé, mais pas un humour trash à la Ultra Vomit. Plutôt du détournement de références, comme les deux titres de vos albums – inutile de citer les références, je pense ! La pochette de ce dernier album, on sait tout de suite à quoi ça fait référence, on glisse le CD, le premier titre est limpide – le thème d’un fimm que tout le monde connait (il rit)… Il y a plein de références plus ou moins humoristique. Il y a une volonté de marquer les esprits ?

En même temps, on est sérieux dans notre démarche ! Pour moi, ce n’est pas qu’humoristique, c’est la vraie vie, les vrais films… C’est ce que je regarde et que j’aime. Je pense que l’autodérision est dans le sérieux de la situation. Pour moi, ça va au-delà de l’humour. Je l’annonce clairement, c’est ce que j’aime et ce qui fait foi pour moi. Ce sont de vrais hommages !

C’est pour ça que je parle autant d’humour que de référence, il y a un esprit bon enfant comme le hard rock des 80’s à la fois bon enfant et festif.

Souvent, en marchant dans la rue, j’ai une mélodie qui me vient à l’esprit, je siffle et ça me ramène à une scène d’un film, un moment de bravoure d’un héros… Du coup, je me mets naturellement à écrire un titre comme First blood, last cut en pensant à Rambo.

Dans ce cas, qu’est-ce qui t’a inspiré No dog shit (on the sidewalk) ?

Là c’est clairement une chanson engagée ! C’est le mal français, toutes ces merdes de chien qu’on ne ramasse pas ! Et il y en a marre.

J’imagine bien ce qui t’a inspiré dans la rue en marchant, alors !

Ah, putain ! tu sais, quand tu rentres de voyage et que tu essaies de slalomer entre toutes ces crottes avec ta valise, tu calcules l’espace en espérant que les roulettes vont passer entre et la valise au-dessus… Derrière, il y en a plein d’autres…. Marre, quoi (rires) ! Après, il y a d’autres morceaux engagés : Heaven for paradise ressemble à une ballade américaine, mais, en fait, c’est une chanson anti Jihad. Je l’ai écrite en octobre 2011, juste après les premiers attentats contre Charlie Hebdo. A l’époque, j’étais loin de me douter de ce qui allait se passer par la suite. Derrière le côté enfantin et doux du morceau, il y a des paroles qui sont très violentes.

Sachant que le Jihad, la « guerre sainte », c’est avant tout le combat intérieur mené pour lutter contre ses propres démons…

Ouais, moi, c’est clairement contre eux, contre tous ces mecs… Ce qui est fou, c’est de penser que ce titre date de bien avant tout ce qui allait suivre. Il y a aussi d’autres morceaux plus introspectifs comme Militaerritory, We all come from outerspace ou Love me, des thèmes plus personnels, des chansons d’amour, sur la place de l’humain dans le règne animal. Une façon un peu pudique pour moi de me dévoiler. C’est plus facile pour moi de chanter dans une autre langue parce que mon message sera moins compris par les gens de mon entourage.

Maintenant, si tu devais ne retenir qu’un seul titre de dark fate for judgement day pour expliquer à quelqu’un ce qu’est Rollywoodland aujourd’hui, lequel serait-ce ?

Je pense que ce serait Nunchaku, parce que c’est un morceau qui a un côté heavy, de bonnes parties instrumentales et qu’il reste facilement dans la tête. C’est pour ça qu’on l’a choisi en premier extrait. C’est un morceau assez court qui peut s’adresser à tout le monde. Même si aujourd’hui, je ne peux plus l’écouter (rires) !

Tu parlais de Rambo, mais il y a une autre référence évidente, et c’est un copain de Stallone, c’est JCVD…

Oui ! En fait, c’est tout con : c’est un morceau que Ben, notre batteur, a composé, et, un jour, j’étais en randonnée en montagne, je réfléchissais aux lignes de chant, aux paroles. Et le nombre de syllabes du refrain correspondait au nombre de syllabes de Jean-Claude Van Damme. Ça m’est apparu comme une évidence ! j’en ai parlé aux autres, ils étaient d’accord, du coup, j’ai écrit ce titre sur lui.

Vous lui avez fait écouter ?

Pas encore. C’est prévu, je réfléchi juste au meilleur moyen de procéder pour que ça ne tombe pas aux oubliettes… Je pense que c’est quelqu’un de très sollicité, donc je réfléchis à la meilleure manière de le faire… J’aimerai beaucoup tourner un clip avec lui, aussi, ce serait génial !

Ce serait un bon coup de marketing pour vous ! Un groupe c’est aussi la scène. Quels sont vos projets pour défendre cet album ?

On travaille dessus, on démarche pas mal. Après, ça demande beaucoup de temps et d’énergie pour faire bien les chose. Je pense qu’on va se tourner vers une boite de prod pour travailler ça pour nous. C’est très énergivore. Et je pense que quand tu passes trop de temps à faire ce genre de choses, tu t’éloignes de la musique… Si j’avais tout mon temps pour nous manager, je le ferais avec plaisir, mais je dois aussi gagner ma vie !

Justement, quels sont vos métiers respectifs dans vos autres vies ?

Ben travaille chez Enedis, Yo est ingénieur informatique à Genève où je travaille aussi, je suis conducteur de train pour les Chemins de Fer Fédéraux. En gros, la SNCF suisse…

Mais qui fonctionne plus souvent !

Oh, oui, nous on carbure ! Il y a des trains tout le temps !

J’ai bien circulé avec les trains suisses lorsque je travaillais pour Swissair. Les formations se passaient à Genève ou à Zurich, et je circulais souvent en train entre ces villes.

Ah ! J’habite dans le pays de Gex, pas loin de l’aéroport. Entre Ferney et Gex.

Revenons à vous. Quelle pourrait aujourd’hui être la devise de Rollywoodland ?

Ah, putain… Je sais pas, je dirais « fun rock ». « Rock and fun »

Est-ce que je garde le « putain » ?

Ouais, tu le gardes aussi (rires) !

Comment se traduit ce Rock and fun sur scène ?

Je pense qu’on dégage une énergie assez positive. Dans les vidéos que je peux voir – je n’aime pas trop regarder des vidéos de nous sur scène mais, bon… – globalement c’est ce qui ressort. On cherche à retranscrire l’énergie de l’album sur scène.

C’est pourtant un bon exercice pour corriger ses erreurs.

Oui, mais c’est tout un processus. C’est pas facile de se voir ou de s’écouter chanter. Maintenant, j’ai un peu franchi le cap, mais je n’aime pas ça.

Mais ça te permet de préparer l’avenir…

Oui, on devrait rentrer en studio en fin d’année, on a déjà assez de matériel pour le futur album. Une bonne partie des titres tourne déjà, donc j’espère qu’on aura quelque en fin d’année prochaine. J’ai déjà deux albums d’avance dans ma tête !

On en reparlera plus tard, alors ! As-tu quelque chose à rajouter pour conclure ?

Non, je ne sais jamais quoi répondre à ça… Si, que les gens achètent l’album, vraiment ! S’ils ne l’achètent pas, ils vont passer une journée de merde (rires) ! Ne pas l’écouter, ne pas l’acheter, c’est forcément perdre son temps. C’est le seul conseil que je puisse donner, un conseil avisé, hein ! Je l’ai déjà, donc je sais de quoi je parle…

ROLLYWOODLAND: Dark fate for judgement day

France, Hard rock (M&O music, 2024)

Ca commence avec une intro que les amateurs de SF – et des concerts d’Airbourne – connaissent bien. Le thème générique de Terminator ouvre ce Dark fate for judgement day des Français de Rollywoodland dont le premier album, Appetite for seduction, avait vu le jour en… 2012. Les voici donc qui reviennent, plus d’une décennie plus tard, avec un nouveau méfait sous les bras, un album de 15 titres (Judgement day, l’intro, inclus) dans un esprit potache et décalé. On sourit au démarrage avec les Ugly, No shit (on the sidewalk) – un coup de gueule personnel comme nous l’explique le leader du groupe (interview à suivre) – ou autre Nunchaku qui évoquent aussi bien Steel Panther (sans les références sexuelles) que les plus récents Princesses Leya. L’ensemble fleure bon l’amour du heavy rock 80’s, du hair metal, certes, seulement voilà… Rapidement la recette retombe comme un soufflé qu’on aurait trop fait attendre. Même si Rollywoodland n’a pas la prétention de renouveler le genre, et malgré la chasse aux références distillées tout au long de cet album, il manque ce petit grain de folie, cette étincelle, qui (me) donnerait envie d’écouter ce disque d’une traite. Même si le tout est très correctement produit, et réserve quelque très agréables surprises (comme cette reprise de Michael Jackson, Another part of me), je passe un bon moment sans que pour autant quoi que ce soit ne m’envahisse l’esprit. Dark fate est un album de pure détente qui donne envie d’être réécouté, et, finalement, on ne lui en demande finalement pas plus.

MESSALINE: Braconniers du silence

France, Hard rock (Brennus, 2024)

A ma connaissance, Braconniers du silence est le premier témoignage live des Burgiens de Messaline (bon, oui, j’ai dû chercher comment s’appellent les habitants de Bourg en Bresse…) Et il ne s’agit que d’un Ep. Enregistré le 30 août 2023 au Parc des Oiseaux de Villards les Dombes lors du festival les Musicales, ce live propose 5 titres (dont deux inédits) revisités et retravaillés à la guitare acoustique (deux en fait), donnant un résultat plus folk que hard rock. Le public connait déjà, tout du moins les amateurs de Messaline, Les 3 stryges, L’aimante religieuse (qui parle d’une nonne nymphomane) et Le jardin des délices qui sont tous trois extraits du dernier album studio de la troupe, Vieux démons, paru en 2022. Les deux inédits traitent pour l’un de l’alchimiste français Nicolas Flamel (Maistre Flamel) et l’autre de Geisha avec toutes les références possibles à la culture japonaise, des katanas aux mangas. Malgré l’omni présence des guitares acoustiques, l’ensemble est enjoué, chaleureux, plein d’entrain et groovy. Eric Martelat, chanteur et maitre d’ouvrage, porte bien son surnom de Chatos tant il communique avec le public, mais il maque dans son ton un peu de cette énergie qui va chercher et transformer son auditoire. Reste que ce dernier est réceptif à cette musique joyeuse et le fait savoir avec force applaudissements. Messaline, s’il a toujours été un groupe de hard rock, a également plus que souvent développé une approche progressive dans sa musique, et cela se ressent ici par la structures des morceaux et l’esprit d’un Ange qui flotte un peu partout. Il ne s’agit certes pas d’un concert de rock, mais bien du témoignage d’un groupe qui sait se réinventer. Prochaine étape, espérons le, un live explosif et moins sage!

PRISM A: Way of life

France, Hard rock (Autoproduction, 2023)

Le hard rock vintage, celui des 80’s, a encore de beaux jours devant lui tant il existe, en France et ailleurs, d’irréductibles inconditionnels du genre. Prism A fait partie de ceux-là. Fondé sur les cendres de Prism, le groupe orléanais (ou presque) a publié en 2020 ADN, un premier Ep de 4 titres forgés dans ce heavy rock entrainant et enjoué. Le combo revient aujourd’hui, fin 2023 en réalité, avec son premier album, le fort bien (sinon originalement) intitulé Way of life. L’album composé de 9 titres fleure bon les années 80 avec toutes ses références: du hard rock classieux avec ses guitares enjouées (Tell me why, Burn the ground, Pink mussels, Way of life), ses références aux grands du genre (Crazy night qui évoque un certain Kiss, l’indispensable ballade à mi parcours No more tears rappelle un autre certain Ozzy), son origine Made in France et ses – charmantes – fautes d’anglais (Fight all days – j’eus préféré « Fight every day »…) Si Prism A ne réinvente rien, on sent un groupe passionné qui cherche seulement, simplement, à se faire plaisir, sérieusement mais sans jamais se prendre au sérieux. Et de cette manière, le groupe a de quoi emmener l’auditeur avec lui. Nous irons avec plaisir découvrir ce que donne Prism A sur scène le 13 avril prochain à Cléry Saint André en ouverture des incontournables Sortilège. En attendant, on reprendra bien une dose de ce Way of life qui nous replonge dans nos années d’adolescence.

HIGH SCHOOL MOTHERFUCKERS: Trouble in Paradise

France, Hard/Punk rock (Shotgun Generation, 2023)

Faut pas être pressé avec ces enfoirés de lycéens… Le dernier album en date de nos Frenchies amoureux comme pas deux des Ramones et d’une certaines scène glam déjantée – je pense à Hanoi Rocks, Backyard Babies et consorts – remonte à 2013, avec un split en 2016 avec The Joystix. Ils sont enfin de retour avec Trouble in paradise, un « extended » EP de 7 titres. Enfin… 4 morceaux originaux et 3 reprises, pour être plus précis. En 10 ans, le groupe a eu le temps de grandir et de voir son line up encore modifié. Ne restent que Pamy à la batterie et Stuffy au chant et à la guitare, les compères étant ici rejoints par Carvin à la guitare et Steff à la basse. Les amateurs de High School Motherfuckers ne seront pas déroutés: on retrouve tout au long des 4 morceaux originaux des références aux groupes prémentionnés, punkisant et festif à souhaits , ainsi que des clins d’œil à des incontournables comme Motörhead. Kicked in the head évoque d’ailleurs directement les Ramones – tiens, donc, c’est étonnant, il y a même une reprise de leur Commando pour clore ce disque! – et fait également, dans son sous titre (Neverending hangover in Hungary), référence au Another hangover in Hungary qui figurait sur Say you just don’t care (2013). Boy in the city est un rock direct et franc du collier et là où Rockstar est gentiment crade, Water into wine se veut aussi direct que festif et dansant. Drunk like me (The Dogs d’Amour – notez ce judicieux enchainement entre ces deux morceaux!) est l’ovni du disque, interprété plus que chanté par Steff mais entre bien dans l’esprit général, tout comme le quelque peu plaintif Gina (Last of the Teenage Idols), rock et oldie, au même titre que le sus mentionné Commando. Avec cette nouvelle galette, HSMF se fait plaisir et continue de dispenser un rock irrévérencieux et enjoué à la fois. Rien de nouveau sous le soleil si ce n’est l’amour de la musique qui fait bouger.

BLACK 7: The 2nd chapter

Allemagne, Heavy rock instrumental (Autoproduction, 2023)

Il y a deux ans, j’avais trouvé ce mystérieux album dans ma boite aux lettres. Quelle bonne surprise ce fut que la découverte de Black 7, le projet monté par le multi instrumentiste allemand Lars Totzke. Le genre de surprise qui te fait dire, en recevant le nouvel album « chouette! » et te donne très vite envie de pouvoir glisser le cd dans ton lecteur. The 2nd chapter démontre qu’en deux ans, le gaillard a su développer son style – ses styles, même – et se défaire de certaines influences aujourd’hui totalement assimilées et bien moins évidentes que sur son premier essai. Lars parvient à composer et proposer des titres suffisament varié pour ne jamais lasser l’auditeur. On est loin de la démonstration et bien plus dans le feeling et l’entrain. Avec The 2nd chapter, il parvient à alterner et varier les tempi, se faisant ici rentre dedans Driven, Push, Wide eruption) et là plus sentimental (For this moment, Tortured souls). Si Dark hope commence calmement, le morceau monte dans une puissance optimiste et certains passages, comme sur le quelque peu new wave électrisé Light flow, donnent tout simplement envie de chanter en chœur et de l’accompagner vocalement. Black 7 est un projet à découvrir d’urgence pour tous les amateurs de heavy rock instrumental festif, mélodique, parfois sombre ou frôlant le symphonique, mais jamais prise de tête. Pour soutenir Lars, il suffit de visiter son site avec ce lien: https://www.black-seven.net/

SAXON: More inspirations

Angleterre, Rock/Hard rock (Silver lining, 2023)

A peine deux ans après Inspirations, Saxon revient – est revenu, l’album étant sorti en mars dernier – avec une nouvel album de reprises, More Inspirations. Les Anglais ne misent certes pas sur ce disque pour remporter de l’or mais cherche simplement à se faire plaisir en reprenant ce qui, naguère et aujourd’hui encore, peut être considéré comme des standards ou des classiques du Rock avec un grand R. La première partie de l’album revisite ainsi The Animals (We’ve gotta get out of this place) ou The Sensational Alex Harvey Band (The faith healer). Le moins qu’on puisse dire est que Saxon interpelle avec sa version et c’est bien tout l’intérêt de ce type d’exercice. La suite est puisée dans un registre plus « dur » puisqu’on retrouve, en vrac, The Who (The subsitute), Alice Cooper (From the inside), Kiss (Detroit rock city), une superbe version du Man on the silver moutain de Rainbow, mais aussi Cream (Tales of brave Ulysses), Nazareth (Razaranaz) ou un clin d’oeil aux belles cylindrées avec ZZ Top et sa Chevrolet. En se faisant simplement plaisir, Saxon permet aussi à ses fans de (re)découvrir certains des classiques entrés dans l’histoire du rock. Sans prétention mais tellement rafraichissant, cet album ouvre-t-il la voie à une troisième source d’inspirations?

DOKKEN: Heaven comes down

USA, Hard rock (Silver lining, 2023)

Il y a trois ans, Don Dokken s’était rappelé à notre bon souvenir en publiant la compilation de démos The lost songs: 1978-1981, relatant les débuts de son groupe, Dokken. Avant cela, il faut remonter à 2012 pour trouver trace d’un album studio, le bien nommé Broken bones. Bien nommé parce que depuis, le chanteur a connu des déboires de santé qu’on ne souhaite à personne. Paralysie du bras, reconstruction, doute… Le voici cependant de retour avec un groupe reconstitué. Le chanteur s’est entouré du guitariste Jon Levin, du bassiste Chris McCarvill et du batteur B.J. Zampa, le quatuor nous offrant aujourd’hui Heaven comes down, un album que les fans n’espéraient plus. Tu m’étonnes, plus d’une décennie s’est écoulée depuis le dernier méfait discutable de Don, et la compilation de raretés ne s’adressait vraiment qu’aux fans ultimes. Il était alors facile de penser que Dokken, le groupe, était fini. Seulement, voilà… Avec ces 10 nouveaux titres, Dokken se retrouve, sans se réinventer. Il nous propose des compos efficaces et rentre dedans, dotées de refrains accrocheurs. Le sens de la mélodie du gaillard n’a rien perdu, autre que sa voix. C’est sans doute le plus gros défaut de cet album, un chant un peu trop doux, presque faiblard même, au regard de l’énergie développée par Levin and Co. Musicalement, Dokken propose des pépites de mélodies qui nous replongent dans les meilleures années des 80’s. Du heavy très mélodique (Fugitive), du hard rock racé (Gypsy, Is it me or you?, Over the mountain…) et les incontournables ballades (I’ll never give up et I remember), un ensemble que vient conclure l’acoustique Santa Fe, ville où le chanteur a élu domicile. S’il n’est pas révolutionnaire, Heaven comes down est plus qu’une agréable surprise. Une douceur à consommer sans modération.

BAD RAIN: Room to breathe

Allemagne/Royaume Uni, Hard rock (Ep, Fastball music, 2023)

Ces quatre là ont grandi au son du classic hard rock qui a égayé nos années 80! Tout au long des 5 titres de Room to breathe, Bad Rain propose un condensé de ce qui les a inspiré: un heavy rock franc du collier qui donne irrésistiblement envie de bouger avec le morceau titre, du hard rock classieux et quelque peu langoureux avec Afterlife, de la tendresse avec les ballades/heavy ballad Your chains et Kingdom et du hard rock pur jus avec Twisted love. On ne cherche pas trop loin au niveau des thèmes abordés, ce n’est pas le sujet. Bad Rain pousse le « vice » jusqu’à s’offrir un son vintage qui colle parfaitement au genre. Voici exactement le genre d’Ep qu’on souhaite voir rapidement être suivi d’un album. Un groupe à découvrir.

THE DEAD DAISIES live à Paris (La Machine du Moulin Rouge, avec Spike, le 5 novembre 2023)

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Voilà un des concerts que je ne voulais pas rater, d’autant plus depuis le retour de John Corabi dans la famille The Dead Daisies. Si le groupe à entrées et sorties permanentes a toujours suivi les aspirations du commandant de bord David Lowy, j’ai, malgré deux bons albums, moins accroché à la période Hugues. Et puis, le alors quatuor n’a jamais vraiment posé ses valises chez nous avec « The voice of rock » – deux concerts en 2022 (à Vienne et Pennmarch), un Hellfest annulé en dernière minute… Bref, après la crise sanitaire, le capital sympathie est à reconstruire. Et ça, c’est quelque chose d’inné avec Corabi.

Spike live@La Machine du Moulin Rouge, le 5 oct 2023

Ce soir, la Machine du Moulin Rouge est plus que correctement remplie et le public accueille un Spike, ex chanteur de The Quireboys, qui propose ce soir un set acoustique; Seul en scène, accompagné de sa guitare et entouré s’un chevalet et de ce qui fait office de mini bar avec deux verres, le chanteur est de très bonne humeur. Tout au long de son set, il ne fera que blaguer, évoquer des souvenirs entre deux chansons. Sa démarches se faisant moins assurée au fil des minutes, nous sommes quelques uns à nous demander quel est exactement le contenu de son verre à bière…

Spike live@La Machine du Moulin Rouge, le 5 oct 2023

Le gaillard sème quelque peu le doute évoquant régulièrement un nouvel albu de « The real Quireboys »..; Serait-il donc de retour au bercail? Non, il a désormais son propre groupe qu’il a nommé The Real Quireboy. Est-ce le meilleur choix de patronyme? Permettez moi d’en douter, mais l’avenir sera plus explicite.

Spike live@La Machine du Moulin Rouge, le 5 oct 2023

Son set est composé de classiques des Quireboys et de quelques reprises, mais il est surtout composé de souvenirs qu’il évoque, des ces moments passés sur la route avec Whitesnake et Aerosmith (c’est la plus belle année que j’ai vécue. On n’a touché aucune drogues cette année là, non, non, rien du tout! ») et partage facilement, toujours avec le sourire et sa bonne humeur communicative, anecdotes sur anecdotes. Le public se marre, et tant mieux. Car le set musical en lui même peut, sans ces intermèdes, sembler un peu longuet, même si le public reprend en chœur certains des titres les plus connus. Mais le gaillard, malgré les signes du staff lui indiquant qu’il est temps d’arrêter, continue de jouer, cherchant un titre dans son classeur… Un set dont on se souviendra plus pour la déconne simple que pour le contenu musical, aussi sympathique soit-il.

Spike live@La Machine du Moulin Rouge, le 5 oct 2023

Un pupitre, un pied de micro et une caisse, c’est assez rapide à sortir de scène. A peine 15′ après la fin du set de Spike, la Loco… euh, la Machine est replongée dans le noir. The Dead Daisies déboulent pied au plancher avec Resurrected. Un choix de titre d’ouverture qui sonne comme les meilleures augures et qui, je le pense, n’est pas un choix fait à la légère. D’ailleurs, la tournée elle-même s’intitule Resurrected Tour…

The Dead Daisies live@La Machine du Moulin Rouge, le 5 oct 2023

Il faut peu de temps à Doug Aldrich et John Coraby pour saisr le public à la gorge, public qui découvre ce soir le « petit nouveau », le bassiste Michael Devin, presqu’un clone de Marco Mendoza en plus… concentré. C’est aussi le cas du capitaine David Lowy qui se lâche au fil des titres.

The Dead Daisies live@La Machine du Moulin Rouge, le 5 oct 2023

Corabi est ce soir très en forme, et communique très facilement avec le public. Il est visiblement heureux d’être de retour au bercail. Si, ce soir, TDD fait naturellement la part belle à sa discographie avec Corabi, le groupe n’écarte pas la période Hugues dont trois petits morceaux sont joués (Unspoken et Bustle and flow de Holy ground et Born to fly de Radiance).

The Dead Daisies live@La Machine du Moulin Rouge, le 5 oct 2023

Le public reste cependant particulièrement réceptifs aux désormais classiques du groupe qui défilent les uns après les autres. Les musiciens occupent chaque espace de la scène, allant chercher e public autant que faire se peut.

The Dead Daisies live@La Machine du Moulin Rouge, le 5 oct 2023

Brian Tichy nous gratifie d’une superbe et puissant solo de batterie avant que Corabi ne prenne le temps de présenter chaque musicien, prétexte à mini medley. « Si vous aimez ce que vous entendez, c’est grâce à moi! Si vous n’aimez pas ce que vous entendez, c’est de sa faute » dit-il en désignant David Lowy qui entame Highway to hell (AC/DC). Puis vient le tour de Brian Tichy (Living after midnight, Judas Priest) et du nouveau venu… « Je suis allé chez mon ex-femme, un jour, et dans mon canapé, ce mec était assis. Je t’ai déjà remercié de m’avoir soulagé d’elle? » demande-t-il à Michael devin avant que ne résonnent les premiers accords de Heaven and hell (Black Sabbath). « L’homme aux cheveux dorés » c’est naturellement Doug Aldrich, désormais le plus ancien membre « permanent » de TDD (Smoke on the water, Deep Purple). Puis c’est au tour du chanteur de se voir présenté avec We’re an American band (Grand Funk Railroad).

The Dead Daisies live@La Machine du Moulin Rouge, le 5 oct 2023

La tension est telle qu’on sent l’approche de la fin du concert. Mais avant cela, toujours de bonne humeur, Corabi vient taquiner le public: « Vous avez ce truc en France avec le vin. Mais aimez-vous la bière? Et le whisky? Vous aimez la tequila? Voulez-vous faire un tour au Mexique? » et c’est parti pour un explosif Mexico baigné de lumières vertes, rouges et blanches, au couleur du drapeau mexicain.

The Dead Daisies live@La Machine du Moulin Rouge, le 5 oct 2023

TDD quitte la scène après sa version de Midnight Moses avant de revenir pour offrir l’incontournable Long way to go – plus que jamais d’actualité… – et de conclure avec sa dernière reprise en date, Slide it in. Marrant quand on pense que deux des membres actuels des Daisies sont passés dans le giron du Whitesnake de Coverdale…

The Dead Daisies live@La Machine du Moulin Rouge, le 5 oct 2023

Ce soir, si la Machine n’affichait pas complet (faut dire que cette salle est tout sauf pratique pour circuler ou voir correctement), The Dead Daisies nous a offert un concert chaleureux, nous montrant un groupe très en forme – mais ne s’est pas prêté à son habituelle séance de dédicaces après son show… Avec une telle énergie, nul doute que le groupe sera bientôt de retour avec un nouvel album et de nouvelles dates. En tout cas, la soirée fut à l’image du groupe: rock’n’roll et chaleureuse!

The Dead Daisies live@La Machine du Moulin Rouge, le 5 oct 2023

Merci à Olivier Garnier d’avoir rendu ce report possible.

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