BLACK 7: The 2nd chapter

Allemagne, Heavy rock instrumental (Autoproduction, 2023)

Il y a deux ans, j’avais trouvé ce mystérieux album dans ma boite aux lettres. Quelle bonne surprise ce fut que la découverte de Black 7, le projet monté par le multi instrumentiste allemand Lars Totzke. Le genre de surprise qui te fait dire, en recevant le nouvel album « chouette! » et te donne très vite envie de pouvoir glisser le cd dans ton lecteur. The 2nd chapter démontre qu’en deux ans, le gaillard a su développer son style – ses styles, même – et se défaire de certaines influences aujourd’hui totalement assimilées et bien moins évidentes que sur son premier essai. Lars parvient à composer et proposer des titres suffisament varié pour ne jamais lasser l’auditeur. On est loin de la démonstration et bien plus dans le feeling et l’entrain. Avec The 2nd chapter, il parvient à alterner et varier les tempi, se faisant ici rentre dedans Driven, Push, Wide eruption) et là plus sentimental (For this moment, Tortured souls). Si Dark hope commence calmement, le morceau monte dans une puissance optimiste et certains passages, comme sur le quelque peu new wave électrisé Light flow, donnent tout simplement envie de chanter en chœur et de l’accompagner vocalement. Black 7 est un projet à découvrir d’urgence pour tous les amateurs de heavy rock instrumental festif, mélodique, parfois sombre ou frôlant le symphonique, mais jamais prise de tête. Pour soutenir Lars, il suffit de visiter son site avec ce lien: https://www.black-seven.net/

Daniele MAZZA: Immortals

Italie, instrumental (Limb music, 2021)

Les amoureux de grandes épopées et d’heroic fantasy vont craquer avec ce « filmscore », cette œuvre épique de Daniele Mazza. Immortals, c’est le type de BOF qui n’en est pourtant pas une qui s’écoute comme une grande œuvre, avec plaisir et entrain. Tous les ingrédients sont réunis pour entrainer l’auditeur dans de grandes chevauchées et cavalcades terrestres, dans des fuites et batailles navales, le perdre au milieu des forges d’un village… Les aspects symphoniques rappellent à la fois Nightwish et (ses inspirations…) l’opéra. A ce titre, In the heart of the battle réunit tout ce qui fait une grande oeuvre: des tempi et ambiances variés, un partage judicieux du rôle de chaque instrument – ces soli et envolées de guitares ! – et la visualisation de décors qui vont de ma mythologie grecque à l’univers des supers heros de Marvel. Les 11 titres de cet album (plus deux bonus pour la version CD) qui constituent Immortals sont une totale réussite pour un album qui accompagnera nos jeux de plateaux lors de ces belles et longues soirées de fin d’année.

Interview: Ludovic Egraz (UNITED GUITARS: Vol. 3)

France, Instrumentaux (Mistiroux, 2021)

A peine un an après la parution du second volet de son projet dingue, voici que Ludovic Ergaz réussit l’exploit de réunir de nouveau pléiade de guitaristes venus apporte compos originales et touche singulière au Vol. 3 de United Guitars. Moins d’un an, c’est rapide! « Oui, mais c’est l’objectif qu’on s’était fixés, un album par an. On arrive à tenir la cadence, et c’est vrai que ça demande beaucoup de boulot et d’abnégation, mais voilà, pour l’instant on y arrive« . Pour ce nouveau volet, les musiciens ont-ils pu se réunir à plus que 5 en studio sans pour autant tous y faire la foire ensemble? « Ca a été un entre deux: c’était beaucoup moins contraignant parce qu’on avait pas besoin de mettre des masques tout le temps. On était un peu limité en nombre – pas plus de 10 dans la cabine. C’était gérable. L’essentiel c’est qu’on ait pu enregistré tranquillement« . Toujours produit d’excellente manière avec un son pur et puissant à la fois, ce nouveau volet propose une diversité de genres, du jazz au metal en passant par la world ou le rock. Ludovic et ses participants s’adressent ainsi au plus grand nombre, sans jamais tomber dans le piège de la frime démonstrative. Chacun, amateur de guitare ou guitariste chevronné, peut ainsi y trouver plus que son compte. « A chaque fois, on veut faire monter le niveau, avoir des musiciens de plus en plus pointus dans des styles différents. Il y a des dérivés du funk et de new soul sur deux morceaux. Cet album démontre qu’on peut proposer de la guitare dans divers styles tout en restant ancrés dans l’air du temps. On a surtout cherché à éviter de tomber dans le piège de la démonstration pour super geek de guitare, de virtuosité ou de shred. C’est avant tout une collection de bons morceaux axés autour de la guitare. J’ai même la prétention de croire que même un public non averti et à priori pas intéressé par la guitare pourra apprécier cet album« . La variété des titres – tous des compositions originales encore une fois – et des musiciens – 34 guitaristes, deux bassistes et deux batteurs pour un total de 20 morceaux – fait que United guitars s’adresse à tous public. « On n’est pas intéressés par les reprises… Il y a plein de gens qui font ça très bien sur internet, mais notre ambition c’est d’apporter des compos originales portées par des gens créatifs. » Loin d’être un projet paritaire, Ludovic a tout de même réussi à doubler le nombre de femmes présentes. United Guitars passe ainsi à 2 guitaristes féminines. On avance! Reste qu’il n’a toujours pas réussi à décrocher la participation de Steve Lukather: « On est toujours en pourparlers avec lui, il fait partie des guitaristes qu’on connait bien et qui feront un jour partie du projet, comme George Lynch avec qui on discute. Il faut attendre le bon moment, celui où il ont moins d’activité. C’est ce qui s’est passé l’an dernier avec Doug Aldrich qui avait deux semaines de vacance chez lui. Il avait des travaux chez lui, il était même un peu désœuvré, et il était content de faire United Guitars. » Il y a quand même un certains nombre de nouveaux, dont, justement « George Lynch, une de mes idoles d’enfance, Franck Gambalé, Poppa Chubby, guitaristet de blues américain qui fait essentiellement carrière en France et que je connais depuis très longtemps. Tora Dahle Aagard une guitariste norvégienen qui est un peu la M de son pays, c’était le bon moment de lui demander de participer. C’est vraiment chouette d’avoir ces gens là sur l’album« . La présence d’autant d’étranger pourrait laisser imaginer que United Guitars jouit d’une certaine aura hors de nos frontière, mais non. « Ca reste très confidentiel à l’étranger. Le covid nous a un peu freiné à ce niveau là mais on espère qu’on pourra bientôt distribuer nos albums sur d’autres marchés« . Pour les amateurs de Heavy, sautez sur le titre de Neo Geo Fanatic (ADX) qui « croit beaucoup au projet et nous a toujours suivi ». Le vol. 2 était également sorti en triple vinyle, quid pour celui-ci? « C’est compliqué, principalement à cause de la pénurie de matière première. Les usines ne prennent même plus de commandes pour la fabrication de vinyles! Outre le format CD, ce nouveau volume sera en distribution sur toutes les plateformes« . Une grosse vague promo arrive avec un clip par titre, soit une vingtaine, ce qui « demande un gros investissement, avec en plus la préparation du live. On voudrait bien pouvoir jouer en 2022 ou 2023« , ce qui n’empêchera pas la préparation d’un volume 4. « On se penchera dessus en mai« . Cool, mais surtout, on vous attend sur les routes!

Propos de Ludovic Ergaz recueillis le 30 novembre 2021.

OWL CAVE: Broken speech

France, dark instrumental (Time Tombs Production, 2021)

L’antre d’un hibou, animal nocturne et nyctalope par excellence, est forcément un lieu sombre et, pour certains, inquiétant. C’est ce que l’on se plait à imaginer à l’écoute de Broken Speech, premier album de Owl Cave, projet d’un homme – S. en guise de fiche d’identité… – multi-instrumentiste qui aura mis pas moins de trois années à finaliser cette longue pièce hypnotique, intrigante et envoutante. Tout est dans le détail – même le CD est noir! – et l’alternance d’ambiances, lourdes, lointaines, fantomatiques ou désertiques, n’est tenue que par une maitrise parfaite des transitions. Ainsi, de 6 parties, le projet s’est transformé en une piste fascinante de bout en bout. Une œuvre d’un artiste prometteur à découvrir d’urgence.

BLACK 7: Look inside

Allemagne, instrumental (Autoproduction, 2021)

Black 7, c’est le projet du guitariste et multi instrumentiste allemand Lars Totzke. Originaire de Hannovre (oui, comme… mais qui n’est pas une influence), le gaillard a grandi dans les années 80 et 90 au son de ceux qui ont fait du hard rock et du metal ce que le genre est devenu. Au travers de Look inside (une belle invitation que ce titre…) ce premier album de 14 titres – un multiple de 7… – Black 7 (un hommage à la guitare noire 7 cordes de Lars) explore divers univers, ici influencé par Iron Maiden, là par Dream Theater, tout en incluant des touches de Slipknot ou korn. Unleashed ouvre le bal avec force mélodie, suivi d’un Lead the way qui évoque autant Ritchie Blackmore qu’Iron Maiden. Le plus soft Lift up, léger et aérien est une pause qui arrive un peu tôt mais en trois titres, le ton est donné: Black 7, c’est la recherche de la mélodie et de l’énergie. Awakening cumule tous ces plaisirs, tout comme le bien nommé In my dreams. Discover lorgne quant à lui du côté hispanique avec brio tandis que Out of the box nous replonge dans le son des boites à musiques de notre enfance. Bref, Lars Totzke se fait plaisir, évoque ceux qui l’ont influencé – même le grand Gary Moore semble revenir du royaume des morts – et explore des univers aussi lumineux que parfois sombres et lourds (le morceau titre). Une très belle réussite d’un musicien expérimenté (il a fondé Madrigal au milieu des 90’s, un trio acoustique au début des années 2000) tente de nouveau sa chance avec ce projet instrumental de très bonne facture à découvrir. Toutes les infos sur www.black-seven.net15

Kiko LOUREIRO: Open source

Metal instrumental, Brésil (Autoproduction, 2020)

Malgré son intégration remarquable et remarqué au sein d’un Megadeth en pleine forme (Dystopia a fait l’unanimité), Kiko Loureiro, l’ancien guitariste d’Angra a trouvé le temps de composer et produire (via une campagne de crowdfunding version éclair) un nouvel album instrumental. Je me livre ici à une séance de rattrapage, l’album étant sorti au mois de juillet dernier. Le guitariste se livre ici à un exercice d’un nouveau genre, puisque, comme le titre – Open source – l’indique, il compte sur la communauté métal et ou musicienne pour améliorer son oeuvre qu’il a mis à disposition du public sur le net. Onze titres qui résultent d’un travail d’orfèvre, et démontrent, si besoin était, la classe du musicien. De Overflow à Du monde (un clin d’oeil à la France?), la finesse de ses errances sur le manche ont de quoi dégoûter les guitaristes en herbe. Cependant, malgré tout, Loureiro parvient à ne jamais tomber dans le piège de la démonstration pure et dure. Loin de la technique et de la frime, la mélodie reste le maître mot de cette oeuvre riche et complète que chacun aura plaisir à découvrir encore et encore. Allez voir sur le net ce que certains morceaux sont devenus, fruits des ajouts de fans… Et même sans ces ajouts, cet album est une merveille du genre. Quand, en plus, sans rien avoir demandé, tu reçois cet album signé de la main du maître…

PAUL GILBERT: Behold electric guitar

Instrumental, USA (Music theories, 2019)

Je n’ai jamais vraiment su comment aborder les albums instrumentaux. Souvent, fut un temps, proposés par des musiciens qui s’adressent à des musiciens, mais certains, Satriani ou Vai en tête, ont réussi à rendre l’exercice accessible, voire populaire. Paul Gilbert, évidemment connu et reconnu pour son travail avec Mr. Big, n’en est pas à son coup d’essai en solo. Ce Behold electric guitar a donc tout, normalement, pour séduire un large public. Le gaillard n’est jamais dans la démonstration gratuite, et flirte avec tout ce qu’il peut et sait faire. Du soft aérien à la débauche de notes, du pop au heavy, tout y passe. La guitare est claire, Paul insufflant de la joie et du soleil dans chacune de ses mesures. Tout est enjoué, et jamais aucun passage ne ressemble à de la pure frime démonstrative. Et pourtant, c’est une véritable leçon que nous donne Paul Gilbert tout au long de ces 12 titres, dont certains passages évoquent des airs connus de tous. Un album de plaisir, à écouter sans modération tant il fait du bien!

STÖMB: Duality

Metal (semi) instrumental, France (Autoproduction, 2017)

Difficile travail que celui de l’instrumental. Il faut réussir à capter l’auditeur en ne répétant pas ce que d’autres font déjà très bien. Depuis sa création en 2012, c’est le travail auquel s’est attelé le quatuor parisien de Stömb, déjà auteur d’un Ep (Fragments en 2014) et d’un album (The grey en 2016). Duality, dès son ouverture The dark admirer, cherche à nous entraîner dans un univers aérien et planant qui se fait, au fil des morceaux, plus lourd et oppressant, tout du moins sur la première moitié, triptyque qui monte en puissance. Étiqueté instrumental, Stömb inclut pourtant des textes, dont l’incompréhensible et cependant bien nommé A voice in my head, ainsi que The other me adapté d’un poème de Khalid El Morabethi. Stömb parvient, grâce au format Ep, à séduire en ne lassant pas. Un voyage envoûtant.

HELL OR HIGH WATER – Vista

HELL-OR-HIGHWATER_Vista 2017Heavy instrumental, USA (Spinefarm, 2017)

Etonnant album que ce Vista des Américains de Hell Or High Water. Une visite sur le site du groupe montre en effet le visage d’une formation complète, guitare basse batterie et … chant. Alors que HOHW entame son nouvel opus avec un Colors instrumental, proche du doom et très énergique, saturé, pourquoi pas ? Puis arrive Walk out in the rain que ne renierait pas, n’était-ce une saturation trop forte pour le maitre, Joe Satriani (voire Dame également). Puis les relents presque death de Don’t hate me se transforment en une douceur bienveillante. Les rythmes alternent évoquant divers univers – dont celui de jeff Buckley sur Lighter than air – et plus généralement le heavy rock contemporain. Mais… toujours pas de chant !Peu importe au final, car ces 12 morceaux nous offrent un voyage sonore attirant alliant rock, heavy, intonnations plus electro et groovy (belle conclusion que ce Revolution moins revendicatif que son titre).. . Un album efficace, varié qui revisite les codes du rock instrumental avec bonheur.

Note : 8/10

ALEX CORDO: Origami

AlexCordo-2017Instrumental, France (M&O music, 2016)

Vous connaissez les origamis, cet art, ce jeu, ce passe temps qui consiste à créer des personnages, animaux ou autres objets à base de savants pliages d’une feuille de papier? Pas facile, ça demande de la patience et de l’attention. Pas facile non plus, aujourd’hui, de se lancer dans le rock instrumental pur sans qu’automatiquement Joe Satriani, Steve Vai, Patrick Rondat et consorts ne soient évoqués. C’est pourtant le parti pris et le pari pris par Alex Cordo avec son album Origami. 9 morceaux aériens, légers ou rapides, d’une durée parfaitement raisonnable pour éviter de tomber dans la démonstration inutile (le plus long, Himalaya, dure un peu plus de 6′). Bien sûr, Straight, Above the clouds ou Prism évoquent les maîtres mentionnés plus haut. Seulement, Alex Cordo pose sa patte, son toucher et sa personnalité. Chaque titre se distingue du précédent, évitant sagement la lassitude de l’auditeur. C’est toute la générosité musicale du guitariste qui est ici exploitée pour un rendu simplement convainquant car le musicien évite de ne s’adresser qu’à ses pairs. Au contraire, c’est à un public bien plus vaste qu’il offre ces mélodies, et ça, ça fait du bien.

Note: 8/10