CARL PALMER’S ELP LEGACY: Live

Royaume-Uni, Prog (BMG, 2018)

Carl Palmer, mythique batteur du non moins mythique ELP, continue de porter la musique de son ancienne formation auprès de désormais 3 générations. Désormais accompagné par le guitariste Paul Bielatowicz et le bassiste Simon Fitzpatrick, c’est même bien plus que le répertoire d’Emerson Lake and Palmer qui est revisité sur scène. Ce Live est constitué d’un CD enregistré en novembre 2014 à New York et d’un DVD capté à Miami en juin 2016. Deux concerts différents et peu de points communs dans les setlists, hormis 21st century schizoid man et Knife-edge. Le reste est composé de reprise de morceaux de classiques (Rameau, Wagner, Bach, Prokofiev, Orff…) et quelques extrait du riche catalogue de chacun des membres de ELP. Si le CD se laisse écouter avec aisance et curiosité, le DVD – hommage à Keith Emerson disparu plus tôt en 2016 et dont le portrait accompagne le ELP Legacy au début du concert, enregistré dans ce superbe théâtre qu’est le Olympia de Miami  – nous montre un trio sobre et efficace. Quelques invités viennent égayer ce set joué face à un public particulièrement calme (celui des premiers rangs, assis, reste quasi immobile, étonnant pour un concert de rock) ne clamant son approbation qu’à l’issue des morceaux. Les images réservent également quelques étonnements, comme ces problèmes de micro que Carl ne parvient pas à régler à une hauteur suffisante pour être clairement entendu, ou ces danseuses pas vraiment gracieuse qui accompagnent l’invité Mark Stein sur Karn evil 9 (welcome back my friends). D’autres guests sont également de la partie puisque l’on retrouve Steve Hackett et David Fangioni. Naturellement, comme tout DVD aujourd’hui digne de ce nom, on se penchera également sur les coulisses de ce concert raconté par le batteur et ses complices. Un joli document qui rappelel à quel point le rock progressif de ELP a influencé des générations de musiciens en herbe.

AYREON: Universe

Metal Prrgressif, Hollande (Mascot, 2018)

« Ayreon n’est pas un projet pour la scène, je n’ai jamais joué live avec Ayreon. Mais, pour la première fois, nous avons décidé de donner quelques concerts avec Ayreon, en septembre 2017″ m’informait Arjen Lucassen le 22 février 2017 en interview. Ce Universe – Best of Ayreon live – est donc le résultat attendu d’un projet scénique rarissime. Personne ne s’étonnera donc que les 3 shows néerlandais affichent complets rapidement. La salle O13 a une capacité de 3000 places, et se révèle de la taille qu’il faut pour le projet, même si Lucassen aurait pu, fort probablement, attirer 5000 spectateurs. Cependant, le maître du contrôle réussit un exploit à plus d’un titre: d’abord, réunir le casting le plus complet possible des chanteurs ayant, à un moment ou un autre, collaboré au projet Ayreon. Bien sûr, tous ne sont pas là, mais quel casting! Et quelle mise en scène! Tout est prévu, planifié, tant visuellement que d’un point de vue sonore. Les écrans sont un véritable complément à chaque chanson, l’ensemble de la prestation est agrémentée d’effets, pyrotechniques ou fumigènes, variés et le temps passe à une allure folle. On s’étonne cependant de l’absence plus que remarquable du maître de cérémonie. Arjen Lucassen n’intervient que très tardivement, sur les deux derniers morceaux (sur les 28 de ce concert fleuve de presque 2h30). Timidité? Ce serait surprenant au regard de sa présence scénique, où il semble dans son élément. Mettre en avant les autres musiciens et artistes? Certes, mais ce Ayreon reste l’oeuvre de sa vie, alors? Il n’empêche, ce Universe retrace un exceptionnel moment de l’histoire de ce groupe à part. Moment complété d’un DVD bonus qui s’attache à évoquer dans le détail la genèse de ces 3 concerts, la logistique, l’organisation et les répétitions. Les témoignages des chanteurs – unanimes pour proclamer avoir dit « oui » sans réfléchir – sont nombreux. Un vrai document, riche d’information et de scènes « envers du décors ».  Universe – Best of Ayreon live est un must qui se décline également en version audio double CD. Nul doute que ce moment rare marque un tournant dans l’histoire de Lucassen et, a fortiori, entre dans l’Histoire d’Ayreon.

VON HERTZEN BROTHERS: War is over

AOR / Progressif, Finlande (Mascot, 2017)

Ils sont trois: Mikko, Jonne et Kie. Trois frères qui partagent la même passion pour le hard, ou plutot le rock progressif version Journey et l’AOR dans tous ses états. De la mélodie, beaucoup, des guitares aériennes, un chant pop et des refrains facilement mémorisables constituent la base de ce War is over (quelle bonne nouvelle! Ou quel optimisme…), nouvel et 7ème album des Finlandais de Von Hertzen Brothers. Loin d’être des novices les gars, et fiers d’avoir pondu rien moin que 3 albums qui se sont classés N°1 à domicile (et, accessoirement, un en N°2…) entre 2008 et 2015. Et le groupe reste pourtant méconnu chez nous. Oui, je découvre Von Hertzen Brothers et le morceau éponyme, long, est d’une festive luminosité. Le groupe alterne ensuite entre moments plus rock ou pop, toujours entraînants et joviaux. Les guitares parfois très saturées sont une façade cachant d’imparables mélodies, parfois un peu trop prévisibles. C’est sans doute la faiblesse de cet album par ailleurs enjoué, vivant et très bien produit. Même s’il est parfois – souvent – clairement destiné à la diffusion radio, War is over a tout pour se distinguer sur la scène prog/AOR où il a su se construire une personnalité à part.

STOLEN MEMORIES: Paradox

Progressif, France (Autoproduction, 2017)

Ils en ont perdu deux en cours de route… Stolen Memories, pour son troisième opus, se fait trio. Évoluant toujours dans un heavy progressif, les Français nous proposent avec Paradox 10 titres réfléchis et ambiancés. Si le rythme est souvent enlevé, si les influences jazzy et manouches sont aussi présentes que le rock, si l’ensemble se laisse aisément écouter, Stolen Memories (zavez remarqué les initiales? SM…) s’éparpille quelque peu en voulant explorer divers espaces et horizons musicaux. Baptiste Brun connait parfaitement son propos guitaristique, et le démontre avec aisance et brio. Et si le prog s’adresse souvent à une « élite » musicienne, les sonorités ici concoctées sont d’une approche généralement facile. ce qui rend, en revanche, certains passages plus difficiles, c’est l’accumulation de pistes rendant le sujet complexe. Stolen Memories nous tricote des chansons qui nécessitent souvent plus d’une écoute avant que l’on puisse véritablement se les approprier. Pas toujours facile, ce Paradox aime à jouer avec les couleurs et les sons, ambiances et rythmes. Interview à suivre.

ANTIGONE PROJECT: Stellar machine

Progressif, France (Autoproduction, 2017)

C’est un voyage stellaire, et donc spatial, auquel nous invite Antigone Project, groupe formé au début des années 2000 par le chanteur et multi instrumentiste Frédéric Benmussa. Le voyage sonore nous entraîné au confins des sonorités rock, progressives et électro. Le chant presque mélancolique nous replonge au cœur de la New wave des années 80, un genre que je n’ai jamais aimé. Cependant, cette impression mise à part, force est de reconnaître que c’est construit, réfléchi et abouti. l’ensemble est solide, sinon immortel comme l’était, selon la mythologie grecque, l’âme de la fille qu’Oedipe, roi de Thèbes, eut avec sa propre mère, Jocatse. poison, qui introduit le disque avec force sons électroniques (qui évoquent les transmissions radios vers l’espace) voit guitares et batterie s’embrasser. Puissant, le titre est également, par le chant, mélancolique. Contrairement au joyeux et dancefloor Schizopolis. L’étrangeté de Mantra nabulae au guitares saturées et agressives est contrebalancé par le souffrant et langoureux Raphe nuclei. explorant l’univers de sons inhabituel, Antigone Project dérange autant qu’il peut fasciner.

Note : 7/10

MARILLION: Marbles in the park

marillion liveRock progressif, Royaume-Uni (Verycords, 2017)

Les amateurs de prog vont être aux anges! Les fans de Marillion encore plus. Car non contents d’avoir frappé un grand coup avec leur dernier album studio en date – F.E.A.R, paru il y a à peine quelques mois et unanimement acclamé – les Anglais nous offrent aujourd’hui un double album live. Et pas n’importe quoi, s’il vous plait, un album enregistré en 2015 aux Pays Bas lors du « Marillion week end », au cours duquel, chaque soir, Marillion propose à ses fans un set différent. Marble in the park reprend dans son intégralité l’album Marbles, double album qui, lors de sa sortie en 2004, redonna une seconde jeunesse à un Marillion alors en proie au doute, le groupe délivrant des disques inégaux. Marbles, pourtant, redore le blason et c’est l’intégralité des 15 chansons  qui sont ici interprétées. Le son est clair, le public attentif et l’ensemble est plus que séduisant pour tout amateur du genre tant Marillion est ici irréprochable. Un beau produit, en somme, dont une des versions propose également un DVD/Blu ray retraçant ce même concert. Notons toutefois que ce DVD ne propose pas les trois derniers morceaux – Out of ths world, King et Sounds that can’t be made – extraits d’autres albums que l’on trouve sur le rappel de la version audio.

Note: 8/10

Sortie le 20 janvier 2017

EVENLINE: In tenebris

evenline-2017Metal progressif, France (Autoproduction, 2017)

Depuis ses débuts en 2010 avec son Ep The coming life, Evenline se forge une réputation de plus en plus solide. Si Dear Morpheus, son premier album paru en 2014, lui a permis de jouer en compagnie de groupes aussi variés que Alter Bridge, Seether ou encore Glamour Of The Kill, In tenebris devrait permettre au groupe de franchir un nouveau palier. Les dix titres de ce nouvel album parviennent à capturer l’essence du heavy melodique, progressif et extrême. Incontestablement heavy, des morceaux comme All against me, Silene Capensis ou Wasted Years (rien de commun à part le titre avec vous savez qui…) le sont. Directs, incisifs, ils entraînent l’auditeur dans une dimension pesante. Mélodique, on pense à des chansons entraînantes et chantantes comme Straightjacket. Enfin, extrême: s’il tarde à venir, le chant guttural est partie intégrante de cet ouvrage, et est savamment allié au chant clair, majoritaire. Les deux se complètent, tout simplement, sans que l’un ne prenne le pas sur l’autre. Malgré quelques légers décrochements, Evenline nous offre une oeuvre aboutie, parfaitement produite, que l’on espère voir toucher un nombre conséquent d’auditeurs.

Note: 8/10

VOLA: Inmazes

vola-2016Metal progressif, Danemark (Mascot, 2016)

Formé au Danemark en 2008, Vola publie son premier album en 2015. Repéré par Mascot records qui leur propose un contrat, Vola voit Inmazes, le susmentionné premier CD, reboosté en 2016 par ce label amoureux de belles et puissantes mélodies. Maintenant, Vola, c’est quoi? Musicalement, les Danois proposent un metal progressif rusé et intrigant. Hanté par l’esprit d’un Pink Floyd dans ses errances les plus planantes, on ne peut s’empêcher de penser bien souvent à Dream Theater sans ses circonvolutions parfois trop intellectualisées (Your mind is a hopeless dreamer), ou naturellement, Rush. Et par ses touches modernes, le groupe invoque aussi, assurément, Rammstein. Vola apporte toutefois sa personnalité, par un chant clair, parfois mélancolique, des guitares saturées et trépidantes, à la fois terriennes et aériennes (The same war, Owls) mais surtout grâce à l’apport de touches plus électro ou brutales. Le groupe cherche à sortir des sentiers battus, à séduire le public le plus large possible en le surprenant parfois, comme c’est le cas avec la très douce et épurée chanson d’amour Emily ou avec l’étonnant Feed the creatures. Une jolie et prometteuse découverte, en somme.

Note: 8/10

Titre que je retiens: Owls

THE RANDOM MONSTERS – We pretend it’s allright

THE_RANDOM_MONSTERS_2016Prog, France (Klonosphère, 2016)

3 titres. C’est ce que nous propose The Random Monsters sur ce Ep en guise d’amuse-bouche. Ou de mise en appétit. Car les 20 minutes que dure We pretend it’s allright filent à toute vitesse. On en redemande, on en veut plus, on devient, rapidement, gourmand, voire gourmet. Les monstres aléatoires, groupe hexagonal formé en 2011 et auteur d’un mini album paru en 2012,  parviennent à capter l’attention dès l’instrumental Mason’s moment (une référence à Hannibal Lecter?), un premier morceaux lent, lourd, qui monte en puissance, propose des guitares saturées sur rythme oppressant. Un peu à la manière d’un Smoke on the water, les instruments se succèdent créant une ambiance sonore de plus en plus hypnotique. Le break de mi-parcours est tout aussi intriguant, inquiétant malgré les ambiances aériennes, forestières ou aquatiques qui illumine l’ensemble. The winding way ensuite se distingue par le chant, torturé. Le titre, le plus court des trois, est quant à lui tout aussi ambiancé que son prédécesseur, tandis que le second instrumental, Father, démarre de manière légère et envoûtante, avec une guitare fantomatique, avant un retour d’énergie vers la 7ème minute. Vous l’aurez compris: The Random Monsters nous offre un disque aux ambiances variées et travaillées, et nous entraîne dans un univers particulier qu’on a envie de mieux connaitre.

Note: 8,5/10

Titre que je retiens: Father