BROKEN WITT REBELS

Rock sudiste, Royaume-Uni (Snakefarm, 2017)

Allez, on va faire un joli package de rock sudiste moderne… Au regard du nombre de sorties récemment proposées, on pourrait monter un festival « Spinefarm/Snakefarm »! Attention à ne pas faire une overdose. Heureusement, Broken Witt Rebels, nouveau venu sur la scène southern rock, varie les plaisirs, piochant autant chez les indispensables Lynyrd Skynyrd, Blackfoot ou Molly Hatchet que dans le rock énervé des 60’s époque Woodstock, que dans le blues ou la soul pur jus. On pourrait même croire à un clin d’œil à Joe Satriani sur les premières notes de Guns, qui devient pourtant rapidement plus rock pop. Cette variété assumée – qui provient sans doute des origines britanniques du groupe – enrichi ce premier album au chant embué (ah cette voix ravagée par la clope et le mauvais whisky!), aux guitares enlevées, simples et sans fioritures, aux rythmes d’une redoutable efficacité. Si la ballade Getaway man est plus traditionnelle, on admire le groove des Loose change, Georgia pine, Breathless… La surprise nous attend aussi avec ce Wait for you inspiré que ne renierait sans doute pas Coldplay, en énervé… Snakefarm se fait décidément, semble-t-il, un devoir de nous trouver des groupes qui jouent avec leur tripes, à l’ancienne et sans prise de tête…

ROYAL REPUBLIC live à Paris (le 2 décembre 2017 au Cabaret Sauvage)

 

Le Cabaret Sauvage affiche ce soir complet pour le second passage parisien des Suédois de Royal Republic. Et ce n’est que justice tant le quatuor met le feu à chacun de ses concerts.

En ouverture, Aaron Buchanan and The Cult Classics est un groupe anglais qui donne dans un rock puissant et tendu. Le chanteur, Aaron, est une pile électrique qui cherche à chauffer le public. Si, musicalement, il n’y a guère de nouveauté, le gaillard et son bassiste atteignent aisément cet objectif. Mais les deux guitariste, dont miss Buchanan – sa sœur, je crois, visage planqué sous un chapeau – restent assez statiques… Dommage, d’autant plus lorsque, en fin de set, le chanteur annonce – pas démago – que Paris est le meilleur public et qu’il demande à ce même public de s’approcher pour tenter quelque chose de jamais encore fait: Aaron, tel Frank Carter (il en a le look, pas encore les tatouages) marche sur le public qui tend les bras pour le porter… Rouler-bouler, retour sur scène, le gaillard s’est bien débrouillé, son groupe a offert une sympathique prestation amuse-gueule. Mais, honnêtement, avec ce qui arrive ensuite…

 

Les lumières s’éteignent alors que résonnent les premiers accords de When I see you dance with another. Royal Republic sur scène, c’est la garantie d’une ambiance du feu de diou. Sapés comme des princes, Adam et sa bande jouent face à un public déchaîné. Au point que les barrières crash, vraisemblablement non scellées, avancent, forçant un agent de sécu à les repousser. Seul… Pendant une heure trente, le groupe évolue sous de superbes lumières (comme quoi, même au Cabaret Sauvage c’est possible!) et toujours plein d’humour.

En introduisant Make love not war – je vous fait grâce de la fin du titre – Adam annonce avoir besoin d’un homme, français. « Quelqu’un qui s’appelle Gaston. Tu t’appelles Gaston? Toi? Non plus… » expliquant ce qu’est un Weekend man: « c’est ce qui te donne la force, plutôt que de boire une bière… d’en boire deux! Ce qui te fais aller au lit à 10h plutôt qu’à 9h »…  Il dédouane son groupe prétendant qu’aucun autre groupe n’écrit aussi lentement que RR. « Mais certaines chansons viennent naturellement. Celle-ci, par exemple, c’est moi qui l’ai écrite… Elle parle de… moi » et c’est parti pour un People say I’m over the top explosif.

Le groupe se fend d’une superbe version acoustique de Addictive, pile dans l’esprit de la soirée: variée, dansante, lumineuse – les éclairs qui entourent la batterie sont du plus bel effet – et surprenante car très crooner et dans l’esprit de Noël. Autre moment fort, alors que Jonas m’avouait en interview (que vous découvrirez la semaine prochaine) que le concert de la veille au Koko de Londres l’avait vu vivre sa pire expérience, il se retrouve plongé dans la même situation: Per lui tend ses baguettes, forçant le bassiste à s’asseoir sur le tabouret, s’empare d’une guitare tandis qu’Adam se saisit de la basse sur je ne sais plus quel titre… Bon, tant pis! C’est significatif de l’état d’esprit du quatuor qui puise on ne sait où cette énergie communicative.

Adam évoque ce moment, vers minuit, lorsque tes doigts ressentent ce besoin de heavy metal… Le public hurle son approbation et le chanteur offre le choix entre Iron Maiden et Metallica. La veille, à Londres, RR a interprété un extrait de Fear of the dark, ce soir, la clameur publique impose les horsemen. Va pour un rapide et efficace Battery, suivi du plus que fédérateur Roxanne de Police avant de conclure avec le méga funky rock Full steam spacemachine sur lequel le public continue de danser.

 

Bien sûr, ce n’est pas fini, Royal Republic revenant pour un gigantesque rappel de 5 (cinq!) titres dont une reprise de X qui sonne comme un message puisqu’il s’agit de I don’t wanna go out. Ben nous non plus, et on en reprendrait bien une dose! Baby vient pourtant mettre un terme à cette soirée simplement gigantesque, cette fête comme on en souhaite plus. Ça, c’est un concert de rock, dans les règles! Quelle soirée, mais quelle soirée!

THE WIGGAR OVERDOSE: Bwesh

Fusion, France (Autoproduction)

Les gars viennent de New York sous Bois. Autant dire la banlieue parisienne qui a grandi au son du rap enragé US et des grosses guitares. Et, malins, The Wiggar Overdose risquent fort de profiter de l’effet Prophets of Rage pour se faire un nom. Le chant en français et en anglais est hargneux et agressif, limite punk, les rythmes concoctés rapent et frappent. On appréciera les textes à la fois directs et réfléchis, ainsi que les références à l’univers du funk de James Brown, par exemple. Plein d’arguments qui, sans surprise, ont su séduire Francis Caste, qui a joyeusement mis en son ce Bwesh, Ep 5 titres franchement réussis. Une curiosité qui sonne comme une jolie promesse. Vivement la suite et la scène!

RUFUS BELLEFLEUR: Electricity for the Coliseum

Crossover, France (Dooweet, 2017)

Que voilà une jolie surprise! Rufus Bellefleur fait partie de ces groupes qui osent braver les interdits et parviennent, chemin faisant, à se distinguer d’une scène aujourd’hui trop sclérosée par des étiquettes malvenues. Avec Electricity for the Coliseum, RB nous plonge dans les USA des années d’entre deux guerres avant de se lâcher et de nous offrir des escapades dans divers univers musicaux. Tout y passe, musicalement, rythmiquement et visuellement. Car le groupe parvient, à partir de ses chansons, à nous plonger dans un certain cinéma noir. Musicalement, on trouve des traces de rock, de heavy, de blues des bayous, de hip hop, et RB ne se prive pas pour utiliser des instruments inhabituels. J’ai même l’impression d’entendre du kazoo par instants! Une petite merveille d’originalité qui se déguste sans modération.

DARK REVENGES

Heavy metal, France (autoproduction, 2017)

Amoureux ou nostalgiques de la scène metal française des années 80, je vous invite à prêter une oreille à ce premier mini album de Dark Revenges.  Un coup d’œil aux crédits et tout est dit: la famille Guadaguino est aux commandes. Souvenez-vous, Philippe fut, est encore, le bassiste de Blasphème. Ici accompagné de ses fils Aldrick à la guitare (et accessoirement dernier batteur de… Blasphème, qui sévit également chez Klone) et Kylian, qu’on découvre à la batterie. Papa a bien éduqué ses fils, y pas à dire. Patricia Demarthe est en charge du chant. Si sa voix est puissante, le chant anglais est abominable. Une patate dans la bouche que je préfère occulter, mais qui rappelle le ridicule de certains albums de cette période dorée qui firent rirent nos chers voisins (cf. les écrits de Martin Popoff…) Passons donc, car la dite Pat possède une voix puissante, hargneuse qui colle bien à la musique volontairement passéiste. Les références sont nombreuses, que ce soit au heavy metal de Maiden, Priest ou Saxon, au thrash naissant de Metallica ou Slayer, ou à certains compatriotes de la trempe de Sortilège. Une belle palette qu’on retrouve tout au long de ces 6 titres, dont une semi ballade (Fly away) et un morceau presque doom (A star for hell). Les autres morceaux sont taillés dans le metal pur jus, franc, puissant et mélodique. Même la pochette, volontairement minimaliste, semble d’époque. Une belle initiative que l’on pourra soutenir ici: www.difymusic.com/dark-revenges

ALTAVILLA: The conquest of gravity

Rock, France (Autoproduction, 2017)

Voilà un album singulier, original s’il en est, qui se laisse écouter avec une déconcertante facilité, exception faite d’un chant anglais à chier car incompréhensible. Ce premier album des Français d’AltavillaThe conquest of gravity navigue quelque part entre  le jazz, lerock 70’s, la new wave, l’électro, le rock 80’s, toujours en gardant cet esprit simplement rock qu’on retrouve chez Blur ou Metronomy. Les intonations vocales sont à la fois légères et mélancoliques, évoquent  par instants The Cure tandis que les guitares légères, aériennes, trépidantes ou sautillantes échangent intelligemment avec les claviers, bavards sans être gonflants. Les 12 chansons explorent, ratissent, innovent sans inventer, et donnent simplement envie d’avancer et d’écouter.

MY TICKET HOME: Unreal

Metal, USA (Spinefarm, 2017)

Formé en 2008 dans la tristement célèbre ville de Columbus, dans l’Ohio, My Ticket Home propose un metal alternant entre heavy et neo. Se rapprochant parfois du metalcore, surtout dans les lignes de chant, Unreal, s’il est dans l’ensemble carré et réfléchi, ne parvient que rarement à se démarquer du reste de cette scène qui commence à se répéter. Les guitares sont, à mon goût, sous mixées, pas assez mises en avant pour être vraiment percutantes, et le chant, alternant entre agressivité et clarté, manque de ce quelque chose qui ferait la différence, alorsque les mélodies présentent de nombreux atouts, dont une réelle capacité à faire se bouger les corps. Seulement, l’impression de déjà entendu, de tourner en rond, de répétition du genre s’impose rapidement. Un essai sympa, mais qu’il faudra distinguer de tout ce qui peut se faire dans le genre.

STEVE’N’SEAGULLS live à Paris (Le Cabaret Sauvage, le 23 novembre 2017)

Très peu de monde attend à l’entrée du Cabaret Sauvage ce soir à 18h. Bon, il est un peu tôt mais moins de 50 personnes, ce n’est guère rassurant quand même… Pourtant, la salle finira bien remplie, sinon bondée comme on a pu la voir. Heureusement, car les amateurs de metal et de bonne humeur le savent: les reprises version country énervé de standards du metal par Steve’n’Seagulls font toujours du bien.

Mr Yéyé a pour mission de chauffer la salle, encore vide à 19h30. N’ayant aucune info concernant ce groupe, la surprise sera d’autant meilleure dès les premières notes. Mr Yéyé n’a rien à voir avec les 60’s… Il s’agit d’un quatuor qui mélange allègrement rock, punk, chanson populaire , reggae, le tout avec une extraordinaire énergie scénique. Se prenant parfois pour un GO d’un club de vacances, le chanteur au look de clodo altermondialiste échappé de la ZAD de ND des Landes fait bouger le public dès que possible. Les 4 revêtent un T-Shirt rouge, dont 3 sont flanqués d’une étoile noire. Celui du chanteur, barbu, est, quant à lui, floqué des mots « femme à barbe »… Bonne humeur garantie sur final Wall of death sur Mr Le Clown! Tout un programme et une jolie découverte à revoir.

Les amateurs du groupe de tête d’affiche le savent: Steve’n’Seagulls passe à la moulinette country certains grands standards du metal, du rock et du hard rock. AC/DC, Iron Maiden, Metallica, Led Zeppelin, ils sont nombreux à avoir cet honneur. Sans nouvel album à présenter, il n’est guère étonnant d’avoir une setlist quasi identique à celle du dernier passage français. Mais ce soir, ce sont 3 titres de moins (pas de Wishmaster, ni de Out in the fields, et pas de morceau original, Fill up the tank, de mémoire).

Comme l’an dernier, la troupe est joyeuse, et le chant est partagé principalement entre Remmel et Herman, de nouveau héros de la soirée. Puikkonen se fend d’un joli et rapide solo de batterie sur Aces High et partage également le chant sur The Pretender.

La surprise du soir, c’est cette attendue reprise d’Antisocial, chanté, en français s’il vous plait, par Pukki, le contrebassiste qui profite de l’espace pour se promener avec son imposant instrument. La bonne humeur est de mise, le public réceptif comme il se doit. D’autant plus lorsque Remmel dédie You shock me all night long, l’un des trois morceaux d’AC/DC, à la mémoire de Malcolm Young.

La suite nous plonge dans les 70’s avec Black dog, puis dans les 90’s via November rain. Remmel propose ensuite un morceau de 1983, acoustique et idéal pour un moshpit. Enter Seek and destroy avec un pont rappelant Enter sandman et un final anarchique. Si ça commence à sentir la fin de concert, il reste encore un Thunderstuck d’une effroyable efficacité.

Le groupe quitte la scène quelques instants pour entamer un rappel composé d’un seul morceau, l’indispensable Born to be wild. Si la soirée a été dans l’ensemble d’excellente facture et très joyeuse, et si le plaisir d’écouter ces reprises est toujours réel, la prestation de ce soir pourrait montrer les limites de Steve n Seagulls. Mêmes costumes, mêmeschansons, même prestation: si la formation ne se renouvelle pas, si elle ne parvient pas à surprendre son public pour le renouveler, et malgré la bonne humeur dégagée, on est en droit de se demander combien de temps elle pourra durer. Les limites sont des barrières qu’il faut repousser, alors, Messieurs…

 

Merci à Veyshow et Olivier Garnier d’avoir rendu ce report possible.

GALACTIC COWBOYS: Long way to the moon

Heavy metal, USA (Mascot, 2017)

Ils reviennent de loin, ceux-là, dis donc! 17 ans après avoir disparus des écrans radar, après une carrière prometteuse musicalement mais trop tôt avortée, les Américains de Galactic Cowboys réapparaissent comme par magie. Et, hasard ou volonté, c’est le 17 novembre 2017 qu’ils ont décidé de lâcher leur nouveau bébé. Ça en fait des 17, non? Serait-ce leur triple 6 à eux? Si AC/DC chantait « it’s a long way to the top », Galactic Cowboys vise la lune. Pourquoi pas après tout? Sauf que, aussi sympathique que puissent être les 13 morceaux de ce Long way to the moon, une étrange sensation s’impose rapidement: le quatuor est resté scotché au son des années 90. Et, forcément, ce n’est plus d’actualité, malgré la bonne volonté affichée des compositions. L’ensemble fait daté et prête quelque peu à sourire. Bien sûr, nos cowboys ne cherchent pas à réinventer la machine à courber les bananes et se fait avant tout simplement, et principalement, plaisir. Tant mieux, surtout si cela nous permet de les retrouver live. Amusez-vous, c’est fun, sans prétention, même si c’est daté.