AMON AMARTH: The great heathen army

Suède, Heavy metal/Death mélodique (Metal blade, 2022)

Depuis la parution en 2013 de Deciever of the gods, c’est avec la  régularité d’un coucou suisse que les Suédois d’Amon Amarth publient un nouvel album studio tous les 3 ans. Si Jomsvikig, en 2016, les avaient vu royalement changer de statut et est en quelque sorte devenu la pierre angulaire de leur carrière,, Berserker, en 2019, avait confirmé l’orientation plus heavy que purement death metal du précédent album et avait pu étonner, voire déstabiliser, par ses aspects plus grand-public Et bien que ce dernier ait pu être un peu défendu face au public, Amon Amarth s’est retrouvé comme tout le monde dans l’impossibilité de tourner pendant plus d’un an. Une période qui a pu être mise à profit pour concocter ce nouveau CD, The great heathen army, paru en plein milieu de l’été, dommage (mais il n’est pas trop tard pour bien faire), sorte de concept de fiction historique narrant, après le post apocalyptique Get in the ring qui introduit mélodiquement l’album, l’histoire de vikings (tiens donc? Etonnant…) partant, en l’an 865, à la conquête de la perfide Albion. Lors de notre rencontre en 2019, le guitariste Olavi Mikkonen pensait que son groupe avait désormais trouvé le parfait équilibre entre heavy metal, thrash et death, alors pourquoi changer une recette qui fonctionne? Les thèmes guerriers incitent à des rythmiques martiales, de marche cadencée ou de marins aux rames (The great heathen army, Oden owns you all) mais également des moments de relâche et plus joyeux, (Dawn of Norsemen) voire même décalés (Heidrun, son break irlandais et ses bêlements de chèvre -« et la question « who’s the goat? »!) On retrouve aussi les habituelles influences des Suédois que sont Metallica, Slayer, Iron Maiden ou Judas Priest un peu partout ainsi que celle de Saxon sur Find a way or make one, titre parfait pour le live et pour faire participer le public avec ses « Stand tall and fight ». Mieux encore, Saxon est convié à prendre part, grandement, à Saxons and vikings, Paul Quinn et Doug Scaratt partageant les guitares sur le solo, tandis que le chant de cette pièce met face à face les Nordiques menés par Johann Hegg et les Anglais dirigés par un Biff Byford majestueux. Le titre démarre de manière saccadée et épurée avant la rencontre entre les deux clans qui se fait plus virulente et virile. On se prend à rêver de retrouver les deux formations le même jour en juin prochain vous savez où… Johann nous démontre aussi pouvoir brillamment utiliser une voix claire sur le dernier titre, The serpent’s trail, dans une narration conclusive qui, là encore se fait plus puissante en avançan, mais est tout de même bien plus à l’aise et créddible avec sa voix gutturale, reconnaissons-le! Bien que plus court que son prédécesseur, même s’il est compliqué de donner un successeur du même niveau que JomsvikingThe great heaten army propose des chansons très solides qui, certes, reprennent une méthode qui a fait ses preuves mais qui sont travaillés pour la scène. Et là, on le sait, Amon Amarth n’a rien à craindre. Un bel album à vivre et à voir.

THE FOXY LADIES: Not sorry

Heavy rock/Punk, France (Autoproduction, 2022)

Ils sont quatre, viennent de Lyon et visiblement, se foutent royalement des codes et des règles, voire de l’ordre établi. The Foxy Ladies – si le nom évoque un certain Jimi Hendrix, rien d’étonnant – déboulent en force avec Not sorry, leur troisième livraison (après Ignition en 2015 et Backbone en 2017). La nouvelle offrande mélange avec un réel bonheur puissance et irrévérence au travers de 11 titres explosifs et rageurs. Les guitares de Lucianne Wallace évoquent autant Motörhead  (voire Iron Maiden sur l’intro du premier titre, Blossom with the moon) que les grandes heures du punk ou du ska (Vulture dance), allant droit au but sans fioriture soutenues par une rythmique solide signée Emilie Mathey (batterie) et Alexis Parison (basse). On remarquera également le chant parfois enragé, parfois taquin, voire coquin, de Gabi Sam à qui on pourrait demander de travailler un peu sa diction anglaise, mais c’est bien tout tant elle éructe et dégueule avec bonheur sa rage. Au delà des groupes mentionnés, le résultat final fait aussi penser à Girlschool ou Siouxie and the Banshees. C’est crade – à l’image de la pochette – et généreux. Du rugueux simple comme « on n’en fait plus ». La preuve que si, on en fait encore, c’est ce Not Sorry des Foxy Ladies à découvrir d’urgence.

NHIMALIA: Rules of the game

France, Rock (M&O, 2022)

Dans le marasme actuel, écouter un EP comme ce Rules of the game fait du bien. Nhimalia, l’auteur de ces 5 titres, nous propose un rock à la fois énervé et calme, puissant et relaxant. La voix alterne entre chant narquois et rassurant proposant sur chacun des morceaux des ambiances entrainantes et joyeuses. Démarrant avec Don’t cry, un morceau énergique qui fait office de menu: au programme, des guitares claires, enjouées et entraînantes, un chant anglais déterminé et une rythmique solide. Les guitares trépidantes sur le morceau titre évoquent aussi bien AC/DC qu’Iron Maiden (écouter ce final, vous comprendrez) en moins hard. Leave me and pray se fait doux et  presque tendre, avant que And you’re dancing, le titre le plus long, ne s’oriente vers un peu de mélancolie avec ses accents hispanos. Help me clôt cette carte de visite en introduisant piano et cordes pour un morceau tendre et presque triste. Nhimalia montre avec cet Ep un groupe multifacettes qui s’adresse de fait à un public varié. Une jolie introduction qu’on espère voir rapidement suivie d’un album complet.

VOLBEAT live à Paris, le 31 octobre 2022 – avec Bad Wolves et Skindred

Retrouvez ici la galerie du concert

C’est un Zénith en petite configuration qui accueille ce soir une affiche internationale. Toute petite configuration, même, puisque la scène dispose d’une gigantesque avancée dans la fosse allant presque toucher les premiers gradins… C’est dire si les groupes seront ce soir au contact du public, tous s’appropriant avec plaisir cette massive excroissance. La scène est déjà presque entièrement installée, les 3 sets de batteries déjà en place réduisant quelque peu l’espace.Seulement… Si les concerts en plus petites salles auxquels j’ai récemment assisté ont affiché complet, ce n’est pas le cas du Zénith où l’on circule ce soir très facilement.

BAD WOLVES

Les Américains de Bad Wolves, qui se sont fait remarquer avec leur reprise de Zombie (The Cranberries) ouvrent le bal à 19h dans un Zénith tristement vide. A peine 1500 personnes sont déjà sur place, mais il est encore tôt en cette soirée d’Halloween (on croise des spectateurs maquillés, mais rien sur scène n’indique quel jour on est), et nul doute que le public va arriver. Chauffer la petite foule présente est toutefois compliqué pour Daniel Laskiewicz, nouveau chanteur du gang qui remplace depuis 2021 Tommy Vext (de nouveau récemment parti remplacer Ivan Moody au sein de 5FDP). Une petite demi heure à tenter de fédérer par ses harangues et invitations à jumper. Ca doit faire bizarre de se retrouver là face à nombre de sièges vides, mais les gaillards s’en sortent finalement bien, et pas seulement grâce à la reprise mentionnée plus haut, n’hésitant pas à arpenter la plateforme centrale. Sympathique entrée en matière même si pas mémorable.

BAD WOLVES

SKINDRED

Il faut peu de temps pour changer le plateau afin qu’à 19h45 le délirant Benji Weeb débarque de son univers sur fond de BO de La guerre des étoiles et embarque ses compères anglais de Skindred dans une (re)conquête du public. Le ragga metal du groupe n’est pas forcément celui que tout un chacun écoute à la maison mais en concert, avec la prêche du grand chanteur noir, ça le fait de bout en bout. La salle est désormais plus correctement remplie et le public est assez réactifs. Si Benji hésite à s’aventurer sur l’avancée de scène, préférant poser un pied sur sa plateforme perso, ça ne dure pas. Il y va, se l’approprie et fait participer le public dès que possible.

SKINDRED

Oh, cette rage, cette énergie communicative, que ça fait du bien, surtout agrémentées de cet humour pince sans rire du gaillard comme lorsqu’il revient sur scène avec un mini claviers aux couleurs tant aimées d’Eddie Van Halen faisant croire qu’il joue l’intro de Jump… à un doigt (en faut-il vraiment plus?) On retiendra aussi le duel vocal côté cour et côté jardin en plus de la bonne humeur communicative tout au long de ce show. Skindred remporte la palme du groupe bulldozer du soir. Un retour au Hellfest en juin prochain? En attendant, ils ouvriront en janvier 2023 pour la tournée de Royal Republic qui passera par la France.

SKINDRED

 

VOLBEAT

Difficile d’imaginer un demi Zénith pas complet pour accueillir les danois de Volbeat, mais pourtant. Ce ne sont qu’environ 2500 personnes qui sont ce soir présentes pour acclamer Michael Poulsen et ses compagnons, dont un Rob Caggiano qui a enfin lâché ses cheveux se transformant par instants en capitaine Caverne. La scène est vaste, les lights superbes et les écrans s’animent ici d’images variées (photos, dessins animés, extraits de clips), là des images captées live du public et des musiciens. Ouvrant comme c’est désormais son habitude avec The devil’s bleeding crown, le groupe enchaine sur un autre désormais classique, Pelvis on fire, issu de son précédent album, avant d’enfin commencer à présenter son dernier né, Servant of the mind (« un album vraiment metal« , comme le précisera Michael Poulsen) via Temple of Ekur.

VOLBEAT

Trois titres, et le public est déjà conquis, tant les musiciens se donnent – tranquillement, le concert de ce soir ne verra pas trop de sueur – pour chacun, et savent aller à la rencontre de tous. Le chanteur guitariste remercie le public présent d’être venu et rappelle les moments difficiles que nous avons tous vécus et les difficultés à retrouver des salles pleines. Mais il faut continuer.

VOLBEAT

Le dernier album sera au final représenté par 5 morceaux dont un The devil rages on précédé d’un discours de Poulsen, clair dans ses idées: « Oh, oui, le diable existe. Et il est Russe… » Aucun doute de qui il vise mais heureusement, le concert est teinté de bonne humeur, de convivialité et de sourires. Avant de lancer Shotgun blues, il demande au public qui a le dernier album de Volbeat et compte… 5 mains levées, et fait mine d’être dépité, mais il y en a heureusement plus.

VOLBEAT

L’humour est au rendez-vous d’ailleurs, lorsqu’il évoque sa fille qui lui demande s’il peut jouer je ne sais pas quoi, (mais un truc de son âge) avant d’avouer qu’il ne devrait pas dire ça en tant que père mais… « non, je ne peux pas« … « Papa… tu peux jouer Johnny Cash? – Johnny Cash? Putain, ça oui, je peux! » et c’est parti pour un peu de rock vintage. Jerry Lee Lewis nous ayant quittés il y a peu, on aurait apprécié un peu de spontanéité avec ce même type d’hommage, mais bon…

VOLBEAT

Doc Holiday vient majestueusement clore ce concert avant que Volbeat ne revienne pour un unique rappel. unique mais comprenant tout de même 4 titres – Sacred stones, dernier extrait de Servant, Die to live, For Evygt et l’incontournable et intemporel Still counting. S’ils nous ont offert un concert carré, chaleureux aux lights impeccables, bien que sans réelle surprise, Volbeat est une vraie machine de scène qui se donne comme il faut. Malgré le public qu’on aurait souhaité plus nombreux, c’est une très belle soirée que Volveat nous a offert. Merci!

VOLBEAT

Merci à Olivier Garnier (Replica promo) et Olympia production d’avoir rendu ce report possible.

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VOLBEAT live à Paris – 31 octobre 2022: la galerie

Retrouvez ici le live report complet

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SAAR / MAUDITS

France, Metal instrumental (Split ep, Source Atone records, 2022)

Voici un disque intéressant et intriguant. Un Split Ep, 2 titres instrumentaux présentés par deux groupes français. On commence avec le metal atmosphérique des quatre Parisiens de Saar et leur titre Loved, un morceau qui mélange légèreté et nervosité pendant près de 9′. C’est frais, aérien et organique. Le titre est composé de plusieurs actes ce qui permet de retenir l’attention de l’auditeur sans lassitude. Ca commence plutôt bien. Maudits prend la suite avec Breken, un titre décomposé en 3 parties distinctes. Eux sont trois, et leur morceau évoque tout autant la mélancolie que la puissance, piochant des inspirations metalliques ou orientales, voire slaves. Là encore, la construction du morceau maintient l’intérêt, alternant entre temps calmes et parties puissantes, cinématiques ou encore techniques. Maintenant, on peut se demander pour quelle raison ces deux formations ont opté pour un split Ep de moins de 30′, eux qui sont loin d’être novices. Saar a en effet, depuis sa naissance en 2010, publié 3 albums, tandis que Maudits, plus jeune, en a déjà sorti 2. On retiendra cependant le superbe résultat qui mérite qu’une bonne féee (le public, en l’occurrence) se penche sur le travail de ces formations.