ELFIKA: Secretum secretorum

Metal symphonique, France (Valkyrie rising, 2020) – Sortie le 28 février 2020

Quand on parle de metal symphonique, impossible de ne pas penser à Nightwish, Within Temptation ou encore Therion. Difficile également de ne pas penser au chant féminin. Et en France, on pense à qui? Adagio, aux sonorités parfois extrêmes? Benighted Soul, qui malgré la meilleure volonté du monde ne trouve pas son public? Tout comme Whyzdom? L’arrivée d’Elfika pourrait modifier quelque peu la donne. Lire la suite

BIFF BYFORD: School of hard knocks

Hard rock, Angleterre (Silver lining, 2020) – En bacs le 21 février 2020

Annoncé depuis un bout temps, le voici enfin arrivé ce premier album solo de Biff Byford, le mythique chanteur de Saxon. Ce School of hard knocks arrive à point pour rassurer les fans après les problèmes de santé qu’a connu le grand Biff. Car le gaillard et très en voix, qui se bonnifie avec le temps. Dès le premier titre, Welcome to show, et comme pour faire la nique à certains qui perdent un peu de puissance avec l’âge, il se permet même quelques envolées dans les aigus (il conclue de la même manière avec Black or white, d’ailleurs…) Puis entre dans une phase autobiographique avec le très rock titre éponyme, entraînant, évoquant autant AC/DC que le classic rock puissant des 70’s. C’est d’ailleurs une constante tout au long de ce disque qui regarde plus du côté du hard rock que du heavy metal de Saxon, même si la voix de Biff ne laisse aucun doute quant à savoir de qui il s’agit… Certes, les chansons ne correspondent pas entièrement à l’esprit Saxon, et sont l’oeuvre de diverses collaboration. On se plonge ainsi avec plaisir dans l’hispanique Inquisitor au texte d’Edgar Poe narré qui précède l’inquiétant The pit and the pendulum,  ou dans la version particulièrement chaleureuse de Scarborough fair (Simon & Garfunkel). S’il s’est entouré de nombreux invités – on retrouve notamment Frederik Akesson (Opeth) à la guitare et Christian Lundqvist (The Poodles) à la batterie, personne n’est surpris de la participation du fidèle Nibbs Carter, son habituel bassiste au sein de Saxon, sur Pedal to the metal et Hearts of steel, qui sont avec Worlds collide les morceaux les plus heavy du lot. On n’est pas plus surpris de la participation de l’ami de longue date qu’est Phil Campbell, parmis les noms les plus connus.  Comment, également ne pas être touché par Me and you, véritable déclaration d’amour qu’il fait à son plus fidèle compagnon musical, le guitariste Paul Quinn qui signe d’ailleurs la musique à la simple guitare folk accompagné d’une rythmique discrète. Biff Byford nous propose ici de découvrir d’autres inspirations musicales, sans toutefois s’éloigner fondamentalement de son terrain de prédilection. Un bel album, personnel et plus confidentiel que son habituel groupe, un intermède de remise en forme également. Le gaillard n’a, heureusement, pas dit son dernier mot!

ADX: Bestial

France, Heavy metal (Ultim records, 2020)

Les voici de retour nos défenseurs du speed metal à la française! Malgré de réguliers mouvements de personnels, ADX a toujours su maintenir le cap. Le départ de Betov, figure historique du groupe aurait pu marquer un vrai tournant mais il n’en est rien. Neo, le bien nommé nouveau guitariste qui le remplace, a aujourd’hui un vrai défi à relever. Mais on peut compter sur l’épine dorsale du combo que sont Dog et Phil, batteur et chanteur aux commandes depuis le début, pour ne pas faire un choix à la va-vite. Julien Rousseau (basse, arrivé en 2014 pour Ultimatum) puis Nicklaus (2016 sur Non serviam) ont tous deux su apporter leur personnalité et un vrai capital sympathie tout en donnant un nouveau souffle aux anciens et apporté un renouveau d’énergie scénique. Et voici que ça se répète avec Neo pour ce nouvel album Bestial qui n’est là que grâce à la levée de fonds réussie via Ulule. ADX sonne comme à ses débuts, speed, enragé, tout en ayant un son totalement moderne. Phil n’a rien perdu de sa voix, les guitares de Neo et Nicklaus rivalisent d’énergie, mélodie et vélocité, la basse de Julien claque et bastonne sec, et Dog… Punaise, rien ne va en venir à bout de ce batteur! Il bûcheronne et martèle comme un diable en cage! Il reste sans aucun doute un des plus efficaces et puissants batteurs en matière de metal et n’a rien à envier aux plus jeunes. Ce serait même plutôt le contraire! Le style d’ADX est certes immédiatement reconnaissable dès Au dessus des croix noires, mais on se plait à découvrir des rugissements proches du black en fond, des cris discrets et justifiés. Et textuellement, le groupe continue de diversifier son propos, explorant mythes et légendes (Au dessus des croix noires, Collecteur de chair au refrain pourtant d’actualité), de faits divers (Les sanguinaires) ou historiques (Overlord). Mais on se penchera également sur cette longue pièce qui a donné son nom à l’album: Bestial, conte d’heroic fantasy, est divisé en trois chapitres de deux parties chacun. Un morceau épique, varié, puissant et, parfois oppressant et inquiétant. Nos vétérans et ardents défenseurs d’une certaine idée du metal sont loin, très loin d’avoir dt leur dernier mot. Car Bestial porte bien son titre et se place dans la ligné de ses meilleures productions, toute époque confondue. Un must!

ANNIHILATOR: Ballistic, sadistic

Thrash, Canada (Silver lining, 2020) – Sorti le 22 janvier 2020

Comme depuis quelques années déjà, et malgré ce que peut laisser penser la photo de groupe à l’arrière du disque, Annihilator, sur disque, se résume à Jeff Waters. Cette fois-ci, alors qu’il avait programmé la batterie sur son précédent album, For the demented en 2017, son compagnon de scène, Fabio Alessandrini, se charge des parties de batterie. Waters, lui, est responsable de tout le reste: chant, guitare, basse, production, mixage… Et il a bien raison car on n’est jamais mieux servi que par soi même. Et si David Coverdale chantait – et le chante encore – qu’il marchait au milieu du Blues, Monsieur Waters pourrait sans complexe le paraphraser avec un joli « I’m walking in the middle of the thrash ». Car de nouveau, le voici qui nous délivre dix cartouche enflammées et enragées. Enragées par l’époque, qui fournit visiblement au Canadien toute la matière pour entretenir sa colère. Si la mélodie est omniprésente, la rage de ses guitares et la violence rythmique puisent aux sources du thrash d’antant, avec, qui en douterait, un son résolument moderne. Et verbalement, il y en a pour presque tout le monde, mais visiblement, la religion et les comportements extrémistes sont la première cible. Si les Armed to the teeth ou The attitude, qui introduisent l’album, sont rentre dedans comme on aime, Annihilator passe à la vitesse supérieure dès Psycho ward – et son remarquable « He’s a god and a savior, He belongs in the psycho ward » – qui déboulonne les cervicales. Mais ce n’est rien en comparaison de l’ultra speedé  Out with the garbage (quel travail à la batterie!), explosif de bout en bout. Forcément, la suite pourrait avoir l’apparence de calme mais il n’en est rien. Dressed up for evil, One wrong move ou encore The end of the lie sont tout aussi explosifs et entraînants faisant de ce Ballistic, sadistic une des meilleurs albums d’Annihilator de ces dernières années, qui étaient déjà très riches. Enfin la vraie reconnaissance internationale? Il serait temps, non?

NO MAN : Love you to bits

Royaume-Uni, Rock dancehall (Caroline international, 2020)

No-Man, ça vous parle? Aux amateurs de Steven Wilson, oui, certainement, car ce groupe fut créé en 1987 par lui et son ami Tim Bowness. Et les bougres sont des acharnés de travail, la preuve, ce Love you to bits, leur nouvel album qui a été enregistré en un rien de temps. Jugez plutôt: il est précisé que ce disque a été réalisé par intermittence entre 1994 et 2019. 25 ans, qui dit mieux? Il est vrai qu’il s’agit de leur 13ème album studio et qu’entre temps dix albums de No-Man ont été publiés. Mais celui-ci et ses deux titres de plus de 17′ chacun est étonnant pour le néophyte que je suis. La boule à facettes de la pochette indique clairement que l’on va avoir à faire à de la musique de boite. Love you to bits démarre en effet sur des rythmes électro avec sa batterie répétitive. Et à la manière du Boléro de Ravel, un thème central se répète presque inlassablement sur différentes tonalités jusqu’à l’introduction d’une furieuse guitare vers les deux tiers du morceau. Le chant est doux, romantique même. En lisant le titre de la seconde partie, Love you to pieces, je me dis qu’il doit s’agir de la version rock de ce même morceau. Que nenni, il n’en est rien! L’histoire d’amour continue mais cette fois, le refrain, presque identique au premier morceau est décliné au passé. Pas grand chose de rock finalement, cependant les amateurs de dancefloor sauront apprécier. Intriguant et surprenant.

 

DREADFUL HIPPIES: Rover

Heavy rock, France (Autoproduction, 2020) – Sortie le 7 février 2020

Bon, ok, en matière de groupes de heavy rock festifs et légèrement déjantés, la France s’y connait. Alors Dreadful Hippies qui débarque avec son premier album (que précédait, en 2016, un Ep, Burn it) peut-il envisager révolutionner le monde? Est-ce seulement son intention? Non, car visiblement les inventeurs du courant HRSE n’ont pour objectif que de s’amuser et de permettre à leur public de passer du bon temps. Euh… pardon, mais HRSE, kézako? Heavy Rock Simple et Efficace. Rover, le susmentionné premier album, est doté de dix titres variés et entraînants. OK, Derrick Green, pardon, Niko Green (excusez la confuse, mais il est marron foncé comme le hurleur de Sepultura et il a le même patronyme. Je sais, on a dû te la faire environ un million de fois, celle là, non, Niko?) est parfois difficilement compréhensible, n’empêche que sa voix puissante et rauque, genre forgée à la dure à coup de papier de verre, de houblon et de clopes dans des tripots malfamés) fait le job. Et la grande force de ce disque réside en une variété musicale qui maintient en éveil. Démarrant sur un Who? digne de Motörhead par sa puissance et sa détermination, le groupe (Eric Lorcey à la guitare, Stéphane Mugnier à la basse et Vivien Bénard à la batterie accompagnent le chanteur lui aussi sus mentionné) explore rapidement d’autres horizons, tels que le grunge de Nirvana, le psyché des 60’s, et ajoute une touche de stoner ci et là. Si l’ensemble est puissant et groovy, si le propos général passe facilement, il manque toutefois cette petite touche qui pourrait faire passer Rover du statut de simple disque à une oeuvre marquante. Ce n’est que le premier album (l’ai-je déjà écrit quelque part? La mémoire me lâche…) et les promesses sont là. A Dreadful Hippies de transformer cet essai.

 

FIREMASTER CONVENTION – Châteauroux, du 21 au 23 février

La capitale de l’Indre, Châteauroux, accueille du 21 au 23 février une convention dédiée à l’univers du metal. Pendant 3 jours, le metalheads comme les curieux pourront assister à des conférences, des animations et des concerts. Ainsi se succèderont Black Bomb Ä, ADX – qui célèbre la sortie de son explosif nouvel album Bestial – Vulcain, Chris Holmes, l’ancien guitariste de W.A.S.P. venu avec ses Mean Men. Les conférences porteront quant à elles sur des thèmes portant sur notre pélerinage annuel qu’est le Hellfest, le développement de la scène rock et metal en France, ainsi qu’un mode d’emploi du metal animé par rien moins que Steph Buriez et Fred Leclerq.

Comme toute conventions, les visiteurs trouveront également un market, pourront voir des expos, participer à différentes animations dont un incontournable concours de air guitar.

Le programme complet est consultable sur le site de la Firemaster Convention ainsi que toutes les informations nécessaire à votre bonne organisation. Rendez-vous dès le 21 février à 10 h au Hall des Expositions de Belle-Isle – 1, avenue Daniel Bernardet à 36000 Châteauroux. Et pensez à effectuer vos réservations sur le site qui propose différentes formules: convention 1, 2 ou 3 jours, concerts 1 ou 2 jours et autres possibilités de 5 à 30 euros.

DEWOLFF: Tascam tapes

Hollande, Hard rock (Mascot, 2020) – Sortie le 10 janvier 2020

Avec un rythme régulier, dans l’esprit 70’s que le trio hollandais continue de faire vivre, DeWolff nous propose ce Tascam tapes hors du commun à plus d’un titre. Tout d’abord, cet album a été enregistré sur la route avec un simple magnéto 4 pistes, un Tascam que les frangins Van de Poel mettaient en route dès que germait une idée. Le résultat est impressionnant, comme c’est écrit en gros sur la pochette: « it sounds like a million bucks ». Des guitares envoûtantes, un chant hypnotisant, un rythme d’une redoutable efficacité, DeWolff nous offre une douzaines de chansons inspirées de la soul de la Motown, du disco des années 70 et, naturellement, de ce rock blues oldie mais si goodie. Ecoutez simplement le contraste entre le dansant It ain’t easy et la mélancolie de Rain… Rien sur cet album ne se répète. Si Thrust avait fait passer DeWolff dans une autre catégorie, ce nouvel album risque fort de les propulser aux sommets tant la musique et les tripes sont de sortie. Les choeurs pourraient laisser croire que le trio a eut à faire à une aide extérieure, mais non: les trois se sont chargé de tout, de A à Z. Un album bluffant de bout en bout qui transpire le sud, les bayous, les champs de coton, et la sincérité. Un superbe début d’année que nous offre DeWolff. Vivement qu’on les retrouve sur scène ceux-là!