Ma tête pendant les 45 premières secondes d’écoute de cet album! « Mais, Andreas, tu m’as envoyé quoi là? Du disco? » Passé le cap des claviers typiques de la musique de boite de nuit des années 80, l’arrivée de guitares furieuses, aux cordes maltraitées rassure et me replonge dans un univers plus proche de mes aspirations metalliques. Transform the urge, titre d’ouverture de ce Nepenthes est une sorte d’introduction à l’univers de du trio allemand Seekers Are Lovers. Un univers à la fois électro avec ses claviers hypnotiques et spatiaux, et metal avec des guitares rageuses et discrètes à la fois. Le chant, s’il manque un peu de puissance, est clair, bienveillant et presque tendre parfois, bien qu’émotionnellement tristement chargé, voire torturé. On a souvent l’impression que le groupe veut nous entrainer dans l’espace, ou en tout cas dans un film de SF, avec ses synthés et ses rythmes hypnotisants. Intriguant et surprenant, la grande force de Nepenthes est de ne sonner comme personne d’autre aujourd’hui. Hier, oui, mais Seekers Are Lovers le fait aujourd’hui. Le titre de clôture va en ce sens, puisqu’il s’agit de Smalltown boy, reprise des Bronski Beat dans une version très ralentie et sombre qui interpelle. Une agréable surprise et un groupe à suivre…
Après m’être présenté 24 heures plus tôt pour le concert de ce soir (voir le report du concert de Sortilège au Bataclan), je reviens le bon jour pour assister – enfin – au concert de Rival Sons à l’Olympia. Mettons les choses au clair dès maintenant: la sécurité de l’Olympia, si elle reste courtoise et professionnelle, c’est du grand art dans le n’importe quoi… Ces derniers temps, les photographes sont accompagnés vers la sortie après les 3 premiers titres sauf s’ils ont une place. Mais ce soir, arrivés à la salle, les photographes ont l’agréable surprise de découvrir que, pour une fois dans ce lieu mythique, ils pourront shooter tout au long du concert. Deux groupes de dix, deux titres par groupe puis vous allez où vous voulez. C’est affiché à l’accueil et cela nous est confirmé par la manageure de Rival Sons tête d’affiche de ce soir. Seulement… Le groupe 1 peut shooter seulement 2 titres de la première partie, LA Edwards, avant de se faire éjecter par la sécu (on nous avait pourtant dit pouvoir shooter tout le set…) et se retrouve parqué à côté de la scène. Pas de second groupe de photographes pour la première partie… Ceux d’entre nous qui sont allés – espéraient en tout cas – prendre une bière ou aux toilettes sont rappelés par la sécu et concentrés dans un mini camp à coté de la scène. Stalag indiqué par une lampe torche par un autre agent… Avec un des mes collègues et amis, nous trouvons refuge dans le sas. Un des agents de sécu nous y retrouve, nous explique que nous sommes deux groupes de 10 photographes et que chacun, sauf si invité, sera raccompagné à la sortie après ses deux titres. « Euh, mais, le management nous a dit et confirmé et c’est écrit à l’entrée qu’on pouvait photographier tout le concert de la salle… » « Mais non, on n’a pas eu ces consignes. » Nous demandons si nous pouvons aller aux toilettes (!) et, OK, mais, il nous y accompagne. On est en taule ou quoi? On fait des prélèvement urinaires pour recherche de came? « On se retrouve dans 10 minutes dans le sas pour le briefing ». OK. Là, ce sont 20 photographes qui entendent les mêmes consignes. Rock Hard, My Rock, le Parisien, webzines, tout le monde réagit en expliquant que, à l’entrée, il est bien stipulé qu’on peut tout shooter. Quelqu’un envoie un SMS à la manageure pour lui expliquer la situation. Vérification de l’agent auprès de son responsable… (…) re… La manageure de Rival Sons passe devant nous et nous confirme que, oui, on peut tout photographier, d’où on veut, balcon inclus. l’agent de sécu n’a pas la même version: « OK, vous pouvez photographier tout le concert depuis le fond du hall » Hein? Vous allez vous mettre d’accord, bordel? Qui décide, le groupe ou la salle? Nous entrons dans le pit photo, et là, l’agent revient pour nous informer, bon et grand seigneur, que, oui, « vous pouvez photographier tout le concert d’où vous voulez ». Enfin! Oui, mais, après les deux titres, devine quoi? trois ou quatre d’entre nous nous rendons au balcon et là… « Non, les photographes vous ne rentrez pas »… Mais, mais, mais… Re vérification d’un autre agent de sécu (pas la sécu du public mais la sécu de la salle, va comprendre) qui revérifie avec son boss et… « Tout le concert? Même du balcon? Ok, c’est bon, vous pouvez y aller ». Alors, je ne suis pas dans le secret de l’orga des concerts, mais j’imagine qu’il y a un briefing avec les acteurs principaux, dont les représentants de la salle, de la prod et, peut être, éventuellement, possiblement mais c’est pas sûr, du groupe qui doit, possiblement peut-être donner ses instructions. Alors, merci à la sécurité de l’Olympia de nous avoir pourri un bon tiers du concert, d’autant plus nous qui nous chargeons de la photo et de la rédaction des reports. Ok, c’est écrit, pouvons nous maintenant parler du concert de ce soir?
LA Edwards live @Paris Olympia, le 27 oct 2023
Je serai bref sur la prestation de LA Edwards qui pratique un rock plus que teinté de country. Pendant 45′ les Américains donnent un set dont la musique ne me semble appropriée ni pour la tête d’affiche ni pour le public français. Trop « country western », trop club américain, et pas assez « chauffeur de salle » pour le groupe de rock bluesy enlevé qui assure la tête d’affiche. Les 45′ me semblent longues, d’autant plus en étant coincé dans le sas. La formation ne présente à mes oreilles que peu d’intérêt.
LA Edwards live @Paris Olympia, le 27 oct 2023
Le changement de plateaux se fait rapidement et, là encore, les informations sont contradictoires. On nous annonce, à l’accueil, l’arrivée de Rival Sons à 21h15, le running annonçait 21h, heure à laquelle le public commence à faire entendre sa voix.
Rival Sons live @Paris Olympia, le 27 oct 2023
Quelques instants plus tard, la salle est plongée dans le noir et les enfants rivaux investissent la scène. Tous les regards se portent vers Scott Holiday (guitares), sa moustache, ses lunettes et son chapeau et Jay Buchanan, le chanteur aux pieds nus tout de rouge vêtu. Dave Beste (basse) se meut discrètement, avec son éternelle casquette vissée sur la tête, tandis que, derrière sa batterie juchée sur une belle estrade, Michael Miley frappe avec sourire et assurance.
Rival Sons live @Paris Olympia, le 27 oct 2023
Parus à quelques mois d’écart, il n’est guère étonnant que Rival Sons axe sa setlist sur Darkfighter et Lightbringer dont 7 titres seront joués en tout. L’accueil du public, dès les premières notes de Mirrors est chaud et la température va monter en intensité tout au long de ces deux heures… Jay Buchanan est très en voix ce soir. Le hard rock bluesy teinté de soul fait des merveilles tout au long des Do your worst, Electric man, Rapture…
Rival Sons live @Paris Olympia, le 27 oct 2023
Le groupe semble ne vouloir laisser aucun temps mort jusqu’à ce solo de batterie comme on n’en fait plus qui permet aux autres musiciens, après Open my eyes, d’aller reprendre quelques forces. Un solo magistral, varié et superbement mis en lumières.
Rival Sons live @Paris Olympia, le 27 oct 2023
Le groupe reprend avec un Sweet life soutenu comme jamais par un public déjà conquis malgré le manque de communication de Buchanan qui conclu d’un simple « Merci, c’est très gentil ». S’il était resté jusque là discret, le chanteur se lance dans une émouvante explication pour présenter Pressure and time: « c’est un titre que nous n’avons pas mis dans notre setlist pendant longtemps » et lance un message optimiste à tous ceux qui vont mal: « Vous n’êtes pas seuls, nous sommes là, avec vous! » puis c’est un temps plus posé qui monte en intensité, Jay invitant le public à participer sur la fin du titre, fin sur laquelle il s’arrache les cordes vocales avant d’entamer un superbe Jordan.
Rival Sons live @Paris Olympia, le 27 oct 2023
Le groupe se lance dans des séances d’impro à l’ancienne, Scott Holiday sortant moulte guitares, simple et double manches, offrant au public solo électrique (sur Face the light) et acoustique (Shooting stars) avant que le groupe ne termine sur un superbe triplé composé de Too bad, Mosaic et d’un Keep on swinging qui retourne l’Olympia de fond en comble. Personne ne reste sans se dandiner sur cette fin de concert dont on ne pourrait qu’espérer qu’il s’étende sans fin. Royal Sons nous a ce soir offert un show magistral de bout en bout. Bravo et merci !
Rival Sons live @Paris Olympia, le 27 oct 2023
Merci à Valentin Gilet d’avoir rendu ce report possible
LA Edwards live @Paris Olympia, le 27 oct 2023LA Edwards live @Paris Olympia, le 27 oct 2023LA Edwards live @Paris Olympia, le 27 oct 2023LA Edwards live @Paris Olympia, le 27 oct 2023 LA Edwards live @Paris Olympia, le 27 oct 2023Rival Sons live @Paris Olympia, le 27 oct 2023Rival Sons live @Paris Olympia, le 27 oct 2023Rival Sons live @Paris Olympia, le 27 oct 2023Rival Sons live @Paris Olympia, le 27 oct 2023Rival Sons live @Paris Olympia, le 27 oct 2023Rival Sons live @Paris Olympia, le 27 oct 2023Rival Sons live @Paris Olympia, le 27 oct 2023Rival Sons live @Paris Olympia, le 27 oct 2023Rival Sons live @Paris Olympia, le 27 oct 2023Rival Sons live @Paris Olympia, le 27 oct 2023Rival Sons live @Paris Olympia, le 27 oct 2023Rival Sons live @Paris Olympia, le 27 oct 2023Rival Sons live @Paris Olympia, le 27 oct 2023Rival Sons live @Paris Olympia, le 27 oct 2023Rival Sons live @Paris Olympia, le 27 oct 2023Rival Sons live @Paris Olympia, le 27 oct 2023Rival Sons live @Paris Olympia, le 27 oct 2023Rival Sons live @Paris Olympia, le 27 oct 2023Rival Sons live @Paris Olympia, le 27 oct 2023Rival Sons live @Paris Olympia, le 27 oct 2023Rival Sons live @Paris Olympia, le 27 oct 2023Rival Sons live @Paris Olympia, le 27 oct 2023Rival Sons live @Paris Olympia, le 27 oct 2023Rival Sons live @Paris Olympia, le 27 oct 2023
Le revival 70 sourit plus à certains, et Greta Van Fleet fait partie de ceux-là. Avec Starcatcher, son troisième album, il y a fort à parier que les Américains vont continuer de faire parler d’eux, avec des pro et des anti… Car dès Fate of the faithfull, il est clair que le groupe évolue dans sa formule tout en conservant ce son vintagequ’il affectionne et n’est pas près de renier ses influences. Impossible sur Waited all your life de ne pas entendre le mimétisme avec Robert Plant lorsque Josh Kiszka implore avec tristesse ses « Please stay » répétitifs ou sur l’outro Farewell for now... Alors oui, GVF sont les dignes héritiers de certaines légendes (Led Zeppelin, évidemment, mais également The Who (Runaway blues, morceau expéditif s’il en est!), évoque les grandes heures du funk (le très groovy The indigo streak). Cependant le quatuor apporte sa personnalité avec des sonorités plus modernes. La production, brute et fine à la fois, renforce cet esprit volontairement vintage d’une musique qui se veut aérienne et planante, sentiment renforcé par l’apport de discrètes touches de claviers ou d’harmonica (The falling sky). On pourra regretter que certains arrangements n’apportent rien de particulier et peuvent parfois sembler trop faciles mais le résultat est là: cet album s’écoute de bout en bout sans lassitude ou temps mort. Greta Van Fleet continue de creuser son sillon et atteint ce stade envié d’une reconnaissance publique qu’il doit maintenir et préserver. Ce très bel album y contribuera sans nul doute.
C’est ça, la passion. Vaille que vaille, coûte que coûte, avec ténacité et persévérance, le labeur continue… Les trois compères de Stubora sont de cette trempe, celle de ceux qui œuvrent avec et par passion sans se laisser abattre par le manque de reconnaissance. Pourtant, les qualités musicales sont au rendez-vous, mais il manque sans doute, encore et toujours, ce petit quelque chose qui fera passer un cap aux Alsaciens. Depuis que je les ai découverts en 2015 avec l’album Résurrection, celui qui, de mémoire, accueillait le batteur Niala, Stubora propose des compos solides et actuelles. Alors, OK, on pourra prétexter que la doublette Horizon noir / Vision obscure (2019 et 2020) a dû traverser la période de crise sanitaire et que le groupe doit reprendre à zéro. Ce nouvel album propose dix titres solides, dix chansons qui donnent envie de taper du pied. Le chant partagé entre Cyril Beaudaux (guitare) et Mick Velasquez (basse, guitare) apporte une couleur particulière à l’ensemble. Les deux ont fait le choix, toujours depuis Résurrection, de s’adresser à l’auditeur dans la langue de Molière et traitent, au travers de Venin, Enfants de la haine, Ta Voie, Nouvelle génération, voire même Exode, de thèmes d’une cruelle actualité. Alors, maintenant signé par M&O et Season Of Mist, se pourrait-il que le groupe reçoive enfin l’attention qu’il mérite et que le grand public puisse enfin découvrir Stubora? Arrivé à son septième album, il serait temps, non?
Comme si les péchés capitaux, au nombre de 7, ne suffisaient pas, voici que les 4 brutes de Eight Sins (ouais, suivez ce décompte, on en reparlera!) en rajoutent un supplémentaire. En tout cas, rien qu’en regardant la pochette, on sait qu’on va bien se marrer avec ce Straight to Namek. Et quand tu ouvres le CD, tu les vois dans un caddie dans les rayons d’un supermarché… Je vous invite à lire les titres des chansons? Ok, trop sérieux, s’abstenir, svp! Seulement, voilà… Un clown, c’est un bosseur né, et ici, les apparences sont trompeuses. car les 10 titres (9 + 1 intro instrumentale) sont taillés dans un thrash metal qui dépote et qui arrache les têtes. Acid hole, Last action zero, San gueko, Street trash, Slice of doom… Ces titres d’un second degré assumé sont joués avec une brutalité et un sérieux irréprochables. Ca thrash sec et sévère, c’est efficace de bout en bout et ça fait secouer la tignasse. A ce niveau de qualité, un huitième péché est totalement bienvenu! Rock on!
Il se fait plaisir, le vocaliste de Slipknot et Stone Sour, et il a raison. Mais franchement, si quelqu’un laisse trainer ses doigts dans le rayon CD à la recherche de quoique ce soit, se laissera t-il séduire par cette pochette au goût douteux et plus qu’absent? Même le verso est discutable avec ce personnage plus qu’inspiré de Bowie. Et si le contenu de la galette est à cette image, il y a fort à parier que l’objet sera vite amené à prendre la poussière… Allez, soyons donc un peu curieux. Il ne faut pas aller bien loin pour faire le constat que Corey Taylor se laisse porter par ses envies musicale très variées. Tellement que l’on se demande si le chanteur a cherché un quelconque liant dans ces 13 titres. Tout y passe, avec la prod qui va et qui transforme chaque titre, pris indépendamment, en morceau taillé pour séduire radios et publics les plus vastes possibles. On trouve tout au long de ce CMF2 des références à la pop US, au punk tous public, au rock de toutes les époques, des années 80 à 2000, en passant par la demeure principale Slipknot et la résidence secondaire Stone Sour, faisant preuve au passage d’une impressionnante variété vocale… Mais à vouloir ratisser trop large, Corey Taylor ne risque-t-il pas de dérouter son public? C’est un risque qu’il prend avec ce qui, au final, se révèle un album plus qu’intéressant et dans l’ensemble très réussi. Tout le monde pourra trouver de quoi se satisfaire et ça, c’est aussi la marque des grands.
Note au lecteur: ce live report ne propose exceptionnellement aucune photo. La raison en est expliquée ci dessous.
C’est avec un plaisir non feint que je me rends ce soir, depuis Orléans, à Paris et me présente tranquillement à l’entrée de l’Olympia pour récupérer mon pass photo. C’est un regard interloqué de la personne à l’accueil que je reçoit, qui appelle quelqu’un et me demande: « vous êtes sûr qu’on vous attend? Etonnant, un magazine metal pour le concert de Sofiane Pamart…. » Euh, non, je viens voir Rival Sons… Et, moi qui suis ponctuel, je prends conscience que je n’ai que… 24h d’avance! Je me suis trompé de salle parfois, de jour, jamais!
Ok, retour à Austerlitz ou… « Coucou Sabrina, c’est un appel purement et totalement intéressé… Tu aurais une invit’ en rab pour Sortilège, ce soir? Me suis planté de date ». Vérification auprès de sa collègue qui est à la salle mais pas de pass photo possible ce soir… Normal en demandant alors que le concert a déjà débuté et que je n’ai fait aucune demande officielle. Moins de 5′ plus tard, je file donc au Bataclan pour assister à cette soirée imprévue. Imprévue car… Il y a eu quelques couacs préalables à ce concert. Déjà, aucune annonce de faite dans le plus important magazine metal dans les mois précédents le concert. Ce n’est qu’à peine 10 jours avant que je le découvre comme tant d’autres via une campagne sur les réseaux sociaux. Ensuite, l’affiche elle même prête à confusion: le nom de Sortilège est en bas, donc, logiquement, c’est le groupe d’ouverture. Les noms de Stratovarius et de Sonata Arctica eux, sont en haut. Têtes d’affiches logiques d’autant plus que la tournée s’intitule « Nordic Power Metal Titans »… Or, nous le découvrirons dès la publication du running order, c’est Sortilège qui est, ce soir, la tête d’affiche. Mais une grande partie du public est venue pour les scandinaves, ce qui va se voir assez tôt.
J’arrive au Bataclan après la prestation de Sonata Arctica et ne peux donc rien en dire. Stratovarius termine d’installer son matériel, les techniciens effectue les derniers réglages et le concert débute avec quelques minutes de retard. La salle est presque complète – sans doute la communication trop tardive en est elle la cause – et se frayer un chemin nécessite quelque peu de coude.
La salle est plongée dans le noir avec une dizaine de minutes de retard et la scène se drape d’un rideau de lumière bleue. Les musiciens montent sur scène l’un après l’autre sous les acclamations du public, visiblement déjà acquis à sa cause. Il lui faut d’ailleurs peu de temps pour se faire entendre et participer à Survive, titre d’ouverture suivi d’un magistral Eagleheart. Puis Timo Kotipelto prend la parole pour introduire le titre suivant qui « a une résonance particulière de nos jours » et lance ainsi World en fire qui enflamme le public.
Les musiciens sont appliqués et concentrés, assez peu mobiles même sur cette scène réduite – la batterie de Sortilège est déjà installée, bien que caché par un drap noir, au centre de la scène, entourée de celle de Rolf Pilve et des claviers de Jens Johansson. Timo entraine le public avec le groupe, l’invitant régulièrement à chanter et taper dans ses mains. Public qui ne se fait pas prier, de la fosse aux gradins et qui exprime toute sa joie de participer à Paradise (« Tonight, we are in heavy metal paradise! ») et de découvrir en live un titre du dernier album, un peu long », Frozen in time qui, pourtant, passe comme une lettre à la poste sans temps morts. La nature faisant bien les choses, Timo annonce enfin que « certains d’entre vous ont sans doute remarqué que ce soir, ce n’est pas notre bassiste habituel qui joue avec nous. Lauri (Porra) vient de devenir père il y a une semaine et demie » – qui se voit remplacé au pied levé par Jari Litmanen, ex guitariste de Sonata Arctica – introduction idéale à un superbe Father time.
Après Black diamond, Timo annonce « il nous reste 2 chansons à vous jouer » et le public clame sa frustration… « Vous voudriez qu’on joue plus longtemps, nous aussi… Mais… Il y a un autre groupe qui joue après nous » continue-t-il sur un ton quelque peu frustré. On peut le comprendre. Cependant, terminer avec les incontournables Unbreakable et Hunting high and low fait sauter le public, deux titres qui viennent clore un concert dont ma seule frustration, en dehors d’un temps de jeu trop court – 55′ – est le peu de mobilité des musicien. Le reste fut impeccable, de l’interprétation à la mise en lumières.
Depuis sa reformation, sa déformation et son retour avec pour seul maitre à bord le chanteur Christian Augustin, dit Zouille, Sortilège cherche à imposer de nouveau son heavy metal 80’s. Avec deux albums de cette formation au compteur – Bruno Ramos et Olivier Spitzer aux guitares, Sébastien Bonnet à la basse et Clément Rouxel à la batterie qui ont enregistré Phoenix en 2021 et le plus récent Apocalypso en 2023 – la formation a de la matière à présenter au public. C’est tout le groupe, sauf Zouille, qui monte sur scène accompagné de quelques roadies pour installer le matériel le plus rapidement possible – des amplis à l’image de la pochette du dernier album, un gigantesque backdrop… Le couvre feu, en semaine à Paris, est désormais strict: plus de musique dès 22h30. Alors Sortilège s’active et n’attend guère avant de démarrer son set à 21h35.
Dès Amazone, on sent un groupe au taquet, Olivier Spitzer sautant et allant chercher le public, Bruno Ramos venant le narguer. Zouille s’impose comme le patron et est particulièrement en voix. Une maitrise impressionnante pour un vocaliste de 66 ans, et il ne montrera aucun signe de faiblesse ou de fatigue tout au long du set. Un second classique met tous les fans d’accord. Civilisation perdue permet au public de donner de la voix avant que Zouille ne rappelle que « ça fait 40 ans qu’on n’a pas joué au Bataclan. La dernière fois, c’était en première partie de Def Leppard! » Instant émotion avant de présenter Le sacre du sorcier, premier des 5 extraits du dernier album et le titre passe très bien le cap de la scène avec ses jets de fumée. Mais quelque chose ne va pas…
Sortilège ne s’en rend pas forcément compte depuis la scène, mais le public déserte petit à petit le balcon et la fosse… Ce public qui était à fond derrière Stratovarius semble moins attiré par le heavy metal chanté en français de Sortilège… Mais le public qui est présent est connaisseur et soutien les Parisiens, reprenant le refrain de Chasse le dragon sans hésiter. Puis Zouille l’incite à s’éclater: « Il n’y a qu’une heure de spectacle, il faut vous défouler! Voici Poséidon! » autre nouveauté suivi de près par le très oriental derrière les portes de Babylone.
Sortilège nous offre ensuite une pluie de classiques avec D’ailleurs, toujours aussi efficace et Délire d’un fou « un titre particulièrement d’actualité avec tous ces fous qui nous gouvernent ». Puis ce sont deux morceaux sanglant qui arrivent: Vampire tout d’abord puis, dixit Zouille, « un personnage qui m’a toujours fasciné; Il est un peu sourd, il faut l’appeler fort : Attila! » et voici que notre Bubu national – Stéphane Buriez, leader de Loudblast – vient taper le grognement avec Zouille.
Il n’y a guère de temps pour discuter, et le concert se termine avec Phoenix, un des deux inédits de l’album éponyme – Messager et l’incontournable Sortilège, repris en chœur par le public. Zouille invite tout le monde à se rapprocher de la scène pour la désormais incontournable photo de famille et le show prend fin. Ce soir, Sortilège a justifié sa place en tête d’affiche en offrant un concert énergique et sans fioriture, même si cette position a pu en surprendre certains, expliquant la désertion d’une partie du public. Ceux qui sont restés en ont eu plein les yeux et les oreilles. Une très belle soirée.
Mille fois merci à Sabrina « plus réactive que moi tu meurs » Cohen Aiello et Veryshow d’avori rendu ce report possible.
Hell Is Nothing… Autrement dit, « L’enfer n’est rien ». Ce nom va très rapidement prendre tout son sens à mes oreilles. Formé par le guitariste Thomas Michel, HIN trouve son line up « définitif » en 2022 et s’attèle à la réalisation de The Circle, un Ep de 5 titres aussi éprouvants que déroutants. Il ne faut pas être dépressif pour écouter ce disque dont le titre rappelle un film d’épouvante auquel on colle volontiers les deux adjectif mentionnés. Rising fear introduit ce disque avec une batterie épileptique et une rythmique syncopée. Le chant torturé d’un cochon qu’on égorge ajoute au sentiment de malaise qui s’installe. Ca va dans tous les sens et je ne comprends pas grand chose… La suite confirme ce sentiment même si le morceau titre débute plus calmement avec une ambiance plus aérienne qui rapidement est plombée par le tonnerre. C’est sombre, lourd, inquiétant et pas du tout mon style. Bien que présenté comme un groupe de metal progressif, on est plus proche d’un black metal bordélique, nihiliste et déconstruit. Ouais, l’enfer, à côté, ça doit être une bagatelle… Ceux qui comme moi préfèrent le metal vivifiant, avec du chant et des harmonies passeront leur tour. Les autres, public averti, y trouveront sans doute leur compte. Je leur laisse avec plaisir.
Depuis leur retour en 2009 avec Walk through fire, les frères Gallagher n’ont de cesse de redonner une vie à Raven. Ainsi, trois ans après l’excellent Metal city, le trio est de retour avec un nouveau batteur, Mike Heller, et un nouvel album, All hell’s breaking loose, paru au début de l’été. Dire que les inventeurs du Athletic rock sont dans une forme éblouissante est un euphémisme. De bout en bout, cet album est explosif, proposant des titres speed au possible, d’autres plus foncièrement heavy , mais toujours empreints de ces mélodies qui donnent envie de se casser la nuque (Surf the tornado ou le morceau titre). Marque de fabrique du combo, le chant de John Gallagher, également bassiste, est toujours aussi tordu, puissant et agressif, presque opératique tout en donnant envie de reprendre les refrains avec lui. Celui de Turn of the screw est imparable, et loin d’être le seul exemple en ce sens… Un chant particulier, certes mais qui donne ce style inimitable à Raven. Son frère, Mark, propose toujours des riffs directs qui cherchent l’efficacité avant tout. Quant au dernier arrivé, Mike Heller, il frappe à en démonter ses fûts et a totalement sa place dans le combo. De Medieval, agressif à souhaits, au saignant Go for the gold (ou « for the throat »?), Raven varie les plaisirs, casse les rythmes sans jamais relâcher la pression. Les amateurs de l’objet apprécieront également le livret du CD, richement illustré de dessins style comics dans lesquels les musiciens deviennent des héros combattant les démons échappés de l’enfer. Un peu à la manière de Charmed mais en plus sanglant. Raven est plus en forme que jamais et on voudrait bien les retrouver sur scène au début de l’été prochain. Les paris sont ouverts…