Séance de rattrapage: EXA: Left in shards

Allemagne, Thrash (Autoproduction, 2024)

Ils ne sont pas là pour rigoler, nos amis allemands de Exa! Dès les premières mesures de Return to madness, les Berlinois nous font entrer dans leur boucherie sanglante. Le riff est tranchant autant que rapide et précis, le chant rugueux et la rythmique martèle sans relâche. On pense immédiatement à une rencontre entre Slayer, Exodus et Testament pour les (une partie des) influences d’outre-Atlantique, et à Sodom ou Kreator, grands pourvoyeurs et défenseurs du thrash teuton. Exa sait cependant varier ses plaisirs – et le notre – en proposant des titres aux tempi variés, et cette alternance permet de ne pas fatiguer l’auditeur trop rapidement. Formé au lycée en 2016, le groupe sort Ignite en 2018, Ep leur valant d’être élu meilleur espoir par les lecteurs de Metal Hammer et lui donnant par la suite l’opportunité d’enregistrer un premier album, Cut the past. Aujourd’hui composé du guitariste chanteur Tom Tschering du guitariste rythmique Johannes Lortz, du bassiste Tamino Bosse et du batteur Leon Pester (aucun lien familial connu avec notre Lorie nationale !) Exa démontre, et avec quel brio, sa maitrise et son amour du thrash old school. La production sans faille est moderne tout en rendant hommage à l’esprit conquérant 80’s, Exa apportant sa personnalité (une basse slappée dans le thrash, pas si fréquent, hein?) Le sérieux du groupe lui a permis de signer avec un tourneur en 2023. Espérons que ce dernier permette au quatuor de franchir les frontières afin de nous rendre visite. Un espoir à prendre très au sérieux. EN tous cas, la relève est assurée!

DEATH DECLINE: Patterns of an imminent collapse

France, Death metal (Autoproduction, 2024)

Pourquoi changer une formule qui marche, hein? La brutalité des Français de Death Decline est toujours de mise sur leur quatrième album, Patterns of an imminent collapse – tout un programme… Alors, OK, ce n’est pas du tout mon style de prédilection mais il nous faut bien reconnaitre une chose: c’est que, tout aussi brutal et direct puisse-t-il être, Death Decline (permettez que nous les nommions affectueusement DD) sait aussi proposer une variété sonore qui donne à sa musique plus de couleurs que la simple violence recherchée. Au contraire, le groupe a bien compris l’importance d’explorer divers horizons, tant dans sa musique qui sait se faire plus… mélodieuse et se rapproche même parfois d’un esprit progressif, notamment sur Towards void and oblivion, sans doute la pièce maitresse de cet album qui, avec ses plus de 8’30, peint plusieurs tableaux dans un seul cadre. Même le « chant » se diversifie et, s’il est majoritairement rageur, puissant et hurlé, on trouve ci et là des passages plus tendres et clairs, parfois aussi graves et profonds. Patterns of an imminent collapse est un album direct et dans ta face, sans concession qui sait interpeller quand il faut. Pas mon genre, certes, mais bigrement efficace!

VYSION: Master of laws

Belgique, Power metal (Ep, M&O, 2024)

Fondé en Belgique en 2019, son line-up modifié et complété en 2022, Vysion s’attelle à l’enregistrement de son premier Ep, Master of laws, un Ep 5 titres aux textes basés sur la culture sumérienne. Le groupe propose une musique très inspirée par le power metal épique de Powerwolf (les « ooh, ha!…ooh, ha! » typiques des Allemands sont là pour le prouver) et par le metal symphonique nappé de claviers « religieux ». Puissant et épique, le chant partagé entre douceur déterminée féminine et rugosité malsaine masculine donne une dimension particulière sinon originale à l’ensemble. Clairement, sans rien réinventer, on sent que Vysion a envie de proposer un concept fort et entrainant. Pour se démarquer, cependant, il sera nécessaire que les Belges s’éloignent de ce son trop évocateur du loup mentionné plus haut pour trouver leur identité sonore et musicale. L’envie est pourtant là, bien présente et il reste à transformer l’essai.

HEADCHARGER: Sway

France, Metal (At(h)ome, 2024)

Trois ans après un Rise from the ashes remarqué, les Caennais de Headcharger reviennent avec Sway, un nouvel album de 10 titres forgés dans ce metal qui leur est typique. Car, oui, c’est la grande force du groupe mené par Sébastien Pierre que d’être parvenu à trouver ce son qui mélange metal, groove, rock, calme et tempête. Une recette que Headcharger reprend aujourd’hui tout en l’agrémentant de sonorités nouvelles pour le groupe et de retours vers les racines. A ce titres, Sébastien, le chanteur, retrouve le chemin du chant hurlé et contrôlé à la fois qu’il avait commencé à délaisser sur Slow motion disease (2012). Lui qui avait par la suite complètement opté pour le chant clair revient à ses premières amours et « hurle » souvent, brièvement, sur des passages plus calmes, apportant à l’ensemble de l’album une sorte de dualité contradictoire sonore. Cependant, si Sway transpire de cette identité musicale unique, on a parfois l’impression, sur la seconde partie de l’album, que Headcharger se répète sans parvenir à trouver ce petit truc qui transformera sa musique en incontournable du metal. On reconnait le son Headcharger, certes, mais rien ne me reste durablement en tête comme ce fut le cas avec des albums comme Black diamond snake (2014) ou Hexagram (2017). Un album cependant riche qui nécessite sans doute plusieurs écoute pour se l’approprier entièrement. Reste que Sway est un album qui s’écoute facilement et marque le retour d’un groupe malheureusement trop rare sur scène, un lieu pourtant vital pour un groupe de rock.

LAST TEMPTATION: Heart starter

France, Hard rock (Golden robot rec, 2024)

Last Temptation en a connu, des remous, ces derniers mois. Peter Scheithauer, son fondateur de guitariste – qui, me disait-il il y a quelques semaines, a récemment subi une opération à cœur ouvert – a en effet décidé de remanier tout le groupe et s’est adjoint les services de fines gâchettes, connues ou en devenir, du hard rock classieux: Fabio Alessandrini à la batterie (qui a notamment fait un passage dans Annihilator) et Franz OA Wise à la basse accompagnent désormais le chanteur Loup Maleville. C’est cette équipe qui nous propose aujourd’hui de découvrir le nouveau visage de Last Temptation avec son troisième album, Heart starter. Peter l’a bien compris: inutile de faire de l’esbrouffe. Le propos musical est parfait pour une évasion estivale le long des interminables highways américains. Un riff et trois syllabes simples et immédiatement mémorisables – Get on me – et le morceau titre (deux mots et un riff direct) lancent cet album de la meilleure des manières. Le son, généreux et gourmand, évoque immédiatement le hard US des grand jours, celui qui mélange énergie et mélodie, pioche autant du côté du heavy ensoleillé et permanenté de Los Angeles que de celui du rock sudiste entrainant. Les riffs sont directs et sans chichis soutenus par une rythmique des plus efficaces. La vrai surprise, cependant, c’est la voix de Loup, rauque et profonde à la fois, forgée dans les clubs des bas fonds d’on ne sait où, ces lieux qui puent la bière renversée et la cendre froide. Avec ce type de formule, on n’est guère étonné que de glorieux invités aient répondu « présents » à l’invitation de Peter Scheithauer. Quelques noms? Billy Sheehan, Kenny Aronoff, Vinny Appice, Rudy Sarzo et Don Airey sont venus apporter leur touche sur un petit tiers des morceaux (All in all out, I won’t love you et Wildfire). Et on se délecte aussi de cette reprise inattendue et très entrainante de ce tube mondial qu’est encore aujourd’hui Born to be alive. Patrick Hernandez a-t-il écouté cette version très rock’n’roll et fidèle à la fois? Cet album est une parfaite bande son pour tailler la route en été, certes… mais au moment où l’on reprend le chemin du travail et de l’école, on se contentera de ce disque pour nous donner la pêche matinale! Classe. Tout simplement.

A suivre: interview fleuve de Peter Scheithauer

MURDER AT THE PONY CLUB: A human story

France, Rock alternatif (Ep, M&O, 2024)

Formé à Montpellier au milieu des années 2010, Murder At The Pony Club (l’oubli du « e » de poney est ici volontaire) publie un premier album, A true story. Inspiré par des formations telles que Queens Of The Stone Age, Foo Fighters ou encore Royal Blood, le groupe se taille une assez solide réputation scénique avec des concerts plus que dynamiques. Avec A human Story, MATPC évolue quelque peu au travers de ces 6 nouveaux titres, qui semblent offrir une continuité à l’histoire entamée plus tôt. Si on retrouve les principales influences, le groupe lorgne également cette fois du côté du punk US à la The Offspring ou Sum 41. MATPC cherche à proposer un rock festif et parvient à créer des ambiances de continuité de vacances. Seulement, voilà… Aussi bien faits soient ces 6 titres, on reste dans du déjà entendu. Si je tape volontiers du pied, rien ne me scotche vraiment ni ne me surprend. Bien fait, dynamique, jovial, entrainant… Tous les ingrédients sont là mais il manque ce quelque chose qui permet à un groupe de se démarquer de la concurrence…

Séance de rattrapage: BONE RIPPER: World ablaze

Pays-Bas, Thrash/Hardcore (Autoproduction, 2024)

Amis mélomanes amateurs de douces harmonies, laissez moi, je vous prie, cordialement vous inviter à passer votre chemin. Car en à peine 25′, les Néerlandais de Bone Ripper – un nom parfaitement adapté – parviennent à transformer votre salon en antre des enfers. Comment ça tabasse sévère! Composé de 10 titres ravageurs, World ablaze a tous les ingrédients pour briser des nuques: des titres expéditifs – pas un n’atteint les 3′ – savamment brutaux et entrainants à la fois, un chant rugueux et rageur, des riffs qui cisaillent et taillent dans le gras… Si le groupe des frères Glashouwer (WD au chant, Jeljer à la guitare et Kees-Jan à la batterie) se définit comme hardcore, les références au thrash des vieux jours sont omniprésentes et parfaitement intégrées. On pense en effet à plus d’une reprise à Slayer (cette batterie à la Dave Lombardo!), Testament , Death Angel ou encore Exodus. L’album laisse l’auditeur exsangue… et on en redemande, un peu frustrés par cette fin qui arrive aussi brutalement que les morceaux nous démontent la tête. Il va sans aucun doute falloir suivre de près ce groupe à qui on ne peut que souhaiter un avenir musical sanglant.

THE DEAD DAISIES: Light ’em up

Australie/USA, Hard rock (Autoproduction, 2024)

Après le retour salué de John Corabi au micro du groupe de hard rock le plus malléable et protéiforme qui soit, après avoir publié un double Best of et retrouvé la scène de manière assez intensive, The Dead Daisies retrouve le chemin des studios pour nous proposer enfin un nouvel album. Comme un clin d’œil (enflammé) au dernier effort studio avec Corabi (Burn it down en 2018), Light ’em up remet le groupe de David Lowy sur des rails solides. TDD ne cache plus ni ses origines, ni ses influences australiennes. Démarrant pied au plancher, le groupe nous propose des moments d’un rock dur direct aux relents AC/DCiens (Light ’em up, I’m gonna ride, la reprise de The Angels/Angel City Take a long line) et sait aussi varier ses plaisirs. Parfois narquois (Times are changing), à d’autres moments plus mystérieux (Back to zero) ou simplement et directement rock (Way back home) sans oublier un peu de sentimentalisme (la ballade Love that’ll never be), ou de blues (Take my soul), je retrouve les Daisies que je préfère avec ce son et cette accroche particuliers. Light ’em up est l’album du plaisir retrouvé, celui d’un groupe à l’unisson qui a envie de vivre et s’éclater. Chacun est à sa place, complémentaire des autres, de la paire de bretteurs désormais si complice (David Lowy et Doug Aldrich) à la section rythmique (la basse ronflante de Michael Devin et la frappe infaillible de Tommy Clufetos) et un Corabi particulièrement en voix, rien n’est à jeter. Vivement la scène!

Séance de rattrapage: TRANSPORT AERIAN: Live in Ghent

Belgique, Progressif (Melodic Revolution Records, 2024)

Formé en 2009 en Belgique, Transport Aerian délivre un rock progressif aux évidentes influences jazzy qu’il transcrit au travers de ses premiers albums studio – Bleeding (2013), Darkblue (2015), Therianthrope (2017) et Skywound (2021) – avant de proposer un premier album enregistré en public (lors d’un « concert privé »). Live in Ghent nous fait découvrir un groupe au propos musical captivant et intrigant à la fois. Torturée et sombre, la musique de Transport Aerian ne peut laisser indifférent. Si le groupe semble parfois intellectualiser son propos à l’envi, sa vision musicale interpelle, évoquant tour à tour Van der Graf Generator ou Magma, le chant rappelle par instant Geedy Lee (Rush) en plus torturé, mais il y a plus encore. Etonnamment, l’intro de Shall not be m’évoque The eagle has landed de Saxon, deux univers sans conteste radicalement opposés. Tout au long des 11 titres de l’album, Transport Aerian peint des tableaux étranges, aussi envoutants qu’ils peuvent être inquiétants, à l’image de ce Smirking sirens aux intonations orientales, rythmé comme une marche d’esclaves enchainés. Pas facile d’accès, ce Live in Ghent – dont le public se fait si discret qu’on ne l’entend guère – mérite plusieurs écoutes pour être totalement apprivoisé. Les amateurs du genre seront sans conteste ravis.

Interview: FIREMASTER CONVENTION

FIREMASTER CONVENTION 2024 : Entretien avec Joffrey, Directeur programmateur de Tonnere Live (propos recueillis le le 31 mai 2024)

Cette année, Metal-Eyes est fier d’être partenaire de la nouvelle édition de la nouvelle édition de la Firemaster Convention, qui quitte Châteauroux (36) et se relocalise à Issoudun (36), siège de Tonnerre Live, l’asso organisatrice. Joffrey, son directeur et programmateur nous dit tout sur cette nouvelle convention qui se tiendra au Palais des Expositions et des Sports d’Issoudun (PEPSI, ça ne s’invente pas !) du 25 au 27 octobre 2024 et qui accueillera en concerts pas moins que GBH, Gorod, AirForce, Nightmare, Tagada Jones et d’autres encore.

Avant de rentrer dans le vif du sujet de la Firemaster Convention qui revient en octobre prochain, peux-tu te présenter en quelques mots ?

Bien sûr : je suis directeur de Tonnerre productions qui est une association basée à Issoudun et qui existe depuis 2012. L’objet de cette association est l’organisation et la promotion d’évènements culturels, notamment de musiques actuelles. Depuis 12 ans, on organise des concerts principalement sur le Cher et l’Indre. A l’époque on était très éclectiques, c’est-à-dire qu’on pouvait organiser des événements aussi bien reggae qu’electro, metal ou rock, et depuis quelques années on porte un nouveau projet, la Firemaster Convention, sur lequel j’interviens en tant que programmateur musical mais aussi sur d’autres activités qu’il y a sur cette convention. On en parlera après j’imagine. En tant que directeur, je gère une équipe de permanents, d’intermittents et de bénévoles. J’essaie de fédérer, de faire en sorte que tout ça fonctionne. Je suis une pièce importante mais je ne suis pas seul sur le bateau, il y a toute une équipe derrière moi.

Une équipe de combien de personnes ?

Sur la structure, nous sommes 5 permanents – même si on ne fait pas que de la production musicale, on fait aussi d’autres choses. Après, en fonction des événements, on peut monter à 15/15 salariés avec une centaine de bénévoles. Une équipe qui s’agite principalement le jour du montage et du démontage, mais c’est ce que j’aime bien : gérer un projet sur ses différentes étapes jusqu’au jour où tout s’agite et où on partage avec le public.

Tu t’étais occupé des précédentes éditions qui avaient eu lieu à Châteauroux ?

Tout à fait, oui.

Pourquoi avoir changé de lieu, être passés de Châteauroux à Issoudun ?

C’est principalement pour une question, logistique. On a l’habitude de travailler avec plusieurs villes, plusieurs lieux sur les départements de l’Indre et du Cher, donc on n’a pas de problématique particulière. Ça n’a rien de politique, on travaille avec tout type de villes sans contraintes particulière. La question principale c’était de gérer la logistique de ce genre d’évènement, comment rendre la gestion plus facile. La structure est basée à Issoudun, une ville de15.000 habitants pas très loin de Châteauroux, mais à une trentaine de kilomètre, donc, d’un point de vue logistique il fallait tout déplacer. On a pas mal de scénographie, de structures à aménager pour cette convention, donc c’était assez complexe. Après, le hall des expositions de Châteauroux est une très grande salle, difficile à exploiter…

… et à chauffer. Ceux qui ont assisté à la première édition s’en souviennent…

(Rires) Oui, difficile à chauffer. En plus, la première édition a eu lieu au cœur de l’hiver et c’était un peu absurde un lieu aussi grand… On n’avait pas non plus beaucoup d’alternative, on voulait que la première édition ait lieu à Châteauroux, qui est la préfecture de l’Indre, une ville moyenne avec 100.000 habitants. La salle est très grande, elle est difficile à aménager et, comme tu le dis, il y a d’autres contraintes : la chauffer, mettre en lumière la scénographie, etc. Là, à Issoudun, il y a une salle qu’on connait bien puisqu’on y a déjà travaillé, qui s’appelle le Pepsi – le Palais des Expositions et des Sports d’Issoudun – une salle un peu plus petite. On va limiter la capacité à 1.000 personnes par soir, mais on a déjà organisé des choses avec 2.700 personnes ou même 3.000 personnes sur une autre esthétique.

Ce qui permet aussi de voir la convention grandir et pouvoir accueillir un public croissant.

Oui, ce qu’on veut avant tout, c’est proposer un bel accueil. Ce qu’on veut organiser, c’est un peu ce qu’on voudrait trouver en tant que festivalier ou public. Ce qu’on regrette un peu sur certaines grosses machines, c’est parfois la trop forte affluence et le fait de ne pas pouvoir assister aux spectacles et aux activités dans de bonnes conditions. Alors on n’a pas la prétention de faire une salle pleine dans tous les cas, on est aux débuts du projets. Mais même si on pouvait accueillir une grosse affluence de 2.000 personnes, on n’accepterait pas forcément tout le monde. Notre objectif, c’est de proposer une expérience de festivalier de haute qualité.

Une première édition avait eu lieu à Châteauroux, en hiver, en février 2020. Une seconde édition a été quant à elle quelque peu tronquée par une certaine crise sanitaire et qui s’est faite à distance. Un retour au live en 2022 toujours à Châteauroux. Sur chacune de ces éditions, vous avez eu au minimum un groupe, un artiste international, le reste étant consacré à la scène française. Comment sélectionnez-vous les artistes qui vont jouer à cette convention ?

Déjà, on essaie d’avoir des artistes internationaux. On a la chance de pouvoir travailler sur une esthétique très dynamique à l’échelle internationale – et qui nous vient, aussi, de la culture anglo-saxonne. C’est normal d’avoir des groupes mythiques anglais, américains… Pour nous, c’est important d’avoir une diversité d’origines au niveau des groupes. Bien sûr, il y a une majorité de groupes français, il y a une scène actuelle très créative, surtout sur la scène djent, hardcore… on essaie d’avoir une programmation équilibrée entre la scène française et la scène internationale. Ce n’est pas toujours très facile de programmer des artistes internationaux parce que ça coûte cher de les faire venir en France, surtout quand ils sont hors tournée. La programmation se fait aussi en fonction des esthétiques : on essaie de programmer une soirée avec une thématique – hard, heavy, death sur une soirée et un peu plus punk, hardcore, metal core sur une autre. La scène punk est aussi très marquée et reconnue en France, on n’a pas trop de mal à trouver des artistes dans cette mouvance (rires). Il y a aussi l’Angleterre qui n’est pas trop loin et qui est un vivier historique…

Tu parles de l’Angleterre. Cette année, vous faites venir AirForce. Le point marketing principal, parce qu’il reste un groupe assez peu connu sauf d’une frange un peu plus « pointue » – c’est le groupe du tout premier batteur d’Iron Maiden. Pourquoi les avoir sélectionnés eux plutôt qu’un autre groupe – sachant que sur la troisième édition, il y avait Phil Campbell, presque le guitariste historique de Motörhead, en tous cas, celui qui aura passé le plus de temps dans le groupe, l’année d’avant il y avait le gigantesque dans la taille Chris Holmes, premier guitariste de W.A.S.P. Il y a un lien qui se fait avec les groupes d’origines de ces groupes qui viennent…

Tout à fait. Il est important pour nous de faire venir des personnes, des personnalités, qui ont eut un impact non négligeable dans le développement de cette musique. C’est déjà un plaisir d’accueillir ces légendes, ensuite, d’un point de vue musical, c’est l’histoire de beaucoup de choses, et, surtout, on n’est pas sur du tribute band. Il peu y avoir  de temps en temps des reprises, mais ce sont surtout des artistes qui composent et qui ne sont pas restés figés sur leur passé de « musicien de… » C’est ça qui est intéressant : on a des artistes qui sont passés dans des groupes qui sont mythiques, mais qui ont aussi leur carrière, qui ont eu mleur propore histoire et qui continue de la faire vivre. C’est hyper important pour nous. Je ne pense pas que, dans le cadre de la Firemaster, on fasse venir de tribute band. Même s’il y a eu des réflexions autour de ça. Peut-être à l’extérieur de la convention mais pas dans son cadre. On cherche avant tout de la création originale, et on a vraiment plaisir à accueillir ces icônes-là.

En parlant d’icône… Il y a Tagada Jones qui, au-delà d’être un des groupes phares de la scène punk/rock alternatif français, célèbre cette année ses 30 ans d’histoire. Sais-tu si certaines choses particulières sont prévues pour fêter cet événement avec eux ?

Ça… il faudrait demander au groupe s’ils préparent quelque chose de spécial. Nous, on n’a rien prévu si ce n’est que de les faire jouer. C’est un groupe qu’on a déjà reçu dans la programmation « traditionnelle » de Tonerre, et c’est un groupe qu’on a toujours grand plaisir à accueillir. Ce sont de personnes humaines, qui ont des thématiques touchantes et d’actualité – ils ont sortis des albums revendicatifs contre les conflits, et en ce moment, c’est pire. Malheureusement le groupe est encore plus d’actualité, et c’est un groupe dont la carrière s’est faite progressivement.

A la force du poignet…

Exactement ! Ce n’est pas un groupe qui est arrivé comme ça en haut de l’affiche comme on peut en voir aujourd’hui – on ne sait pas d’ailleurs si la longévité sera là pour ces groupes… Tagada Jones, c’est vraiment l’histoire, du punk, du metal. C’est un style hybride, un peu compliqué à catégoriser. On appréciera aussi toujours ce chant en français de Niko, avec cette plume qu’on lui connait bien. C’est un groupe qui fait partie du patrimoine français.

Tu n’as naturellement pas répondu à ma question, et c’est normal, j’imagine que certaines choses restent confidentielles. As-tu cependant des anecdotes concernant des demandes surprenante, étonnantes, inavouables de certains artistes qui venaient participer à la convention ?

Eh bien, écoutes : dans le metal, pas forcément, pas trop de choses surprenantes. Bien sûr, il y a de la logistique un peu compliquée comme aller chercher tel artiste à telle heure à tel aéroport… La scène metal est de plus en plus végane, donc ce sont aussi des choses à gérer, mais c’est normal.  

Pas de « caprice de stars » sous prétexte d’être la tête d’affiche, donc…

Non, non. La Firemaster est jeune, il y a des trucs un peu particuliers, comme des artistes qui ont signé un contrat et, finalement, le jour même, il faut les payer en liquide… Ils annoncent ça avant de monter sur scène « sinon on ne joue pas ». C’est gênant sur le moment parce que ce sont des choses qu’ils auraient pu prévoir avant. Des choses complètement illégales, d’ailleurs. Je ne citerais personne, mais c’est surtout les artistes étrangers…

Ça limite déjà le nombre !

(Rires) Oui, ça limite ! Sur d’autres productions, ça nous est déjà arrivés, avec des artistes reggae, Jamaïcains, qu’un bon quart soit donné dans une mallette. C’est souvent désagréable, surtout quand ils le disent au dernier moment. Maintenant, on connait la règlementation sur le paiement en liquide des choses… on a quand même globalement des artistes qui sont respectueux. C’est pour ça que j’aime travailler des projets metal, parce que les choses sont relativement franches : on a à faire à des gens qui n’ont pas peur de dire les choses, qui sont peut-être un peu moins… hypocrites que dans d’autres styles de musique.

Depuis le démarrage de la convention, y a-t-il des groupes que tu es particulièrement fier d’avoir accrochés à ton palmarès ?

Oui, complètement ! Déjà, je suis très fier de tout ce que nous avons fait. Venom Inc., pour moi, était très important. Déjà d’un point de vue qualitatif – les albums qu’ils ont sortis sont de haute volée, et là aussi, c’est l’histoire des origines du black metal. Les artistes sont d’une gentillesse incroyable – Démolition Man, le bassiste était tellement heureux d’être avec nous qu’il s’est même fait tatouer le logo de la Firemaster sur le bras ! Sur l’événement, on a une tatoueuse, Lucette, il est allé la voir en lui disant qu’il était très content parce que c’était leur premier concert post-Covid, et que pour lui, c’était important, et il se faisait tatouer les concerts, les festivals, les dates où il était bien accueilli, où il était heureux. Effectivement, il y avait sur son bras tout un tas de concerts et de festivals, et il s’est fait tatouer le logo de la Firemaster et celui du Hellfest ! Il est reparti avec son bras tatoué, on en a une photo. Quand on voit ça, on est aux anges : non seulement il nous a marqués en venant sur place, mais nous aussi, on l’a marqué, Tony !

Cette année, yves Campion, le bassiste fondateur et seul membre originel de Nightmare, va jouer le jour de son anniversaire.

(Il rit) Il va donc falloir lui préparer un gâteau !

Ce genre de chose, vous le savez, j’imagine qu’un truc sympa peut se produire…

Oui, il y a des choses qui peuvent se faire. On est en contact avec les groupes, il y a des choses à voir ensemble. Evidemment, on ne peut pas tout dire, il y a des choses qui vont se passer pendant la convention qui restent un peu secrètes. On veut créer quelque chose d’un peu inattendu.

La convention se passe sur 3 jours. Pour les personnes qui viennent, y-a-t-il des solutions d’hébergement que vous allez proposer ?

Il y a des infrastructures hotellières non loin de la salle. Il n’y aura pas de camping parce que je ne pense pas que ce soit très demandé et il n’y a pas d’espace pour pouvoir accueillir du monde. On l’avait fait sur un événement où il y avait 3.000 personnes, seulement 50 ont campé. Donc là, non, ça ne vaut pas le coup, pas au mois d’octobre. Mais il y a un énorme parking en face de la salle, donc les camions aménagés peuvent facilement s’y installer.

En matière de condition d’accueil la Firmaster se distingue depuis les débuts en proposant 2 tarifs : un « jour » et un « nuit » permettant pour le second d’assister à tous les concerts, le premier permettant d’assister à tout sauf les 2 ou 3 concerts du soir.

Absolument. Pourquoi ? Simplement pour pouvoir faire son programme à la carte. On peut être fan de metal mais pas forcément apprécier la prog de la soirée. Donc on peut profiter de toutes les activités de la journée, d’autant plus que le programme de la journée est varié. On peut faire son petit parcours de… non, pas festivalier, comment on pourrait dire ? Conventionneur ?

Allez, oui, un néologisme, il sonne bien.

Les gens qui ont pris leur place pour le soir, on met la journée dans le pack, on ne va pas les faire attendrez dehors pour n’entrer que pour le concert ! L’idée c’est que chacun puisse profiter de la journée complète.

En revanche, le public « jour », qui est déjà à l’intérieur, doit quitter les lieux. Comment faites-vous sortir les gens qui n’ont que le pack journée ? Je me souviens que la première édition, vous aviez fait sortir tout le monde pour faire re-rentrer le public « soir »…

Oui, on a rectifié la chose sur seconde édition avec des bracelets. Les gens qui avaient le bracelet journée étaient invitées à sortir. On fera pareil. Ceux qui auront le bracelet « soir » seront invités à aller patienter dans une autre zone, avec bar et tout, on ne va pas les parquer ! Des bracelets, tout simplement.

Quelles sont les activités prévues pour l’édition 2024 ?

Comme les années précédentes : de la masterclass, des ateliers, des conférences, des tables-rondes, des rencontres, des projections et des animations. Ça va être un gros calendrier d’animation, dont le bingo du dimanche avec des lots sympa à gagner. Le thème de l’édition de cette année, c’est arts visuels et metal avec des animations et des ateliers qui traiteront de l’influence des arts visuels sur le metal et l’inverse.

As-tu quelque chose à rajouter sur cette édition qui se tiendra à Issoudun les 25, 26 et 27 octobre prochains ?

Je crois qu’on a fait le tour, on peut trouver toutes les informations sur le site www.firemaster-convention.fr