Séance de rattrapage: PANDORA’S KEY: Yet I remain

Pays-Bas, Metal symphonique (Autoproduction, 2024)

Forcément, avec un morceau introductif intitulé 1779, on a de quoi s’interroger, et aller explorer le net en quête de réponses. A quoi cette année correspond-elle donc du côté de nos amis néerlandais? Il semble qu’il s’agisse d’un traité signé avec la France révisant les limites territoriales des deux pays. Je n’en suis cependant pas certain, les bruits de canonnades et les chœurs d’église présent tout au long de cette introduction évoquant plus la guerre que la signature d’un tel document, mais la formation semble également, à la lecture des titres des chansons, versée dans l’histoire à plus, sur plus, même, d’un titre. Rapidement, on est plongé dans l’univers musical des Hollandais de Pandora’s Key qui, avec ce premier album, Yet I remain, propose une musique qui, naturellement pourrait-on penser, évoque un croisement entre Nightwish et Epica. Du metal symphonique à deux voix, celle féminine douce et bienveillante contrebalancée par une autre, masculine, plus sombre et rugueuse. De bockereyder démarre avec la narration d’un texte dans la langue natale du groupe avant d’introduire un chant anglais que Pandora’s key ne quittera plus. Tour à tour épique ou plus rentre dedans, les 10 morceaux de cet album varient les plaisirs et vont au-delà de la simple inspiration des groupes mentionnés. Parfois symphonique avec ses claviers et ses chœurs puissants, à d’autres moments plus foncièrement heavy, par instants plus soft folk, le groupe sait aussi casser les rythmes, démarrant pied au plancher pour appuyer brutalement sur le frein. La variété des compos empêche l’auditeur de se lasser et permet de remarquer quelques astuces originales, telles ce passage de relais entre The flying dutchman et, l’une des très grosses réussites de l’album, l’entrainant et metal Icarus – un enregistrement de l’autorisation de mise à feu d’une fusée, comme un lien futuriste entre modernité passé et mythologie ancienne. Avec Yet I remain, Pandora’s Key démontre que, non, le metal symphonique n’a pas encore dit son dernier mot! Une très belle découverte.

Hellterview: DARKEN

DARKEN @Hellfest 2024

Interview DARKEN. Entretien le 29 juin 2024 au Hellfest avec Lorenzo (guitare) et HP (basse)

Pour commencer, quelles sont vos premières impressions sur votre prestation de ce matin ? Humide, certes, mais au-delà ?

HP : Mouillés. Mouillés, mais très contents. On attendait ce moment avec impatience et, malgré la météo capricieuse, on a eu du monde. Les gens étaient là, plus le concert avançait et plus il y avait de monde et on a fait un bon set, le son était bon… très, très heureux.

L : Des conditions énormes malgré le temps, et j’ai kiffé ! J’ai pris un pied… Je serais bien resté sur scène toute la journée !

Un concert comme celui-là se prépare comment pour un groupe comme Darken ?

L : Beaucoup d’appréhension au départ, mais beaucoup de travail…

HP : On a beaucoup travaillé, beaucoup de répètes, il y  eu un gros travail de son depuis longtemps. On a fait des résidences tous les mois avec un plateau retour… On s’est donné les moyens tous les mois pour nous donner au mieux.

L : Et les ears aussi. Quand tu commence à faire ce genre de plateau, l’idéal c’est quand même de passer aux « ears », le système d’oreillettes pour les retours.

HP : Avec mon autre groupe, j’utilise ça depuis des années, Liam, à la batterie, aussi. Par contre, tous les membres du groupe n’avaient pas pris le pli de ce système, et il a fallu trouver ces nouvelles habitudes, de nouveaux automatismes et il a fallu travailler tout ça. Donc, oui, beaucoup de boulot de préparation avec nos techniciens, nos ingé son…

L : On ne voulait pas planter ce concert…

Pour quelle raison ? Je ne comprends pas…

L : On sait qu’il y a du monde, des journalistes, des pros qui sont dans le coin, on ne pouvait pas se planter…

Ça semble logique…

L : Oui, mais il y en a qui peuvent arriver la fleur au fusil, pensant que ça va être facile…

HP : Personnellement, je n’aime pas faire de mauvaise prestation, on a bossé comme des chiens et c’était super cool.

Quelque part, ce n’est pas dans votre intérêt de donner un mauvais concert…

L : Oui, mais si tu ne travailles pas…

Vous avez aussi sorti un album il y a quelques mois. Quels retours en avez-vous eu, avec du recul ?

L : Ils sont toujours bons, et le fait qu’on décroche des dates sur des festivals comme le Hellfest démontre que l’album plait aux gens.

Il y a une suite prévue ?

HP : On va continuer de le faire vivre parce qu’on a encore plein de choses à exprimer, et on est déjà en train de nous projeter sur l’avenir avec de nouveaux morceaux. Bien sûr, l’objectif c’est un nouvel album…

L : Il y a déjà 4 morceaux qui sont déjà maquettés…

Il y a une méthode de travail particulière chez Darken ?

HP : Complètement… Lorenzo compose et crée la musique chez lui et travaille ensuite en binôme avec Stéphane au niveau du chant pour tout ce qui concerne les arrangements et lé mélodies, et après il nous exposent tout ça en répète et on fait les arrangements, les structures, tous ensemble.

L : C’est une méthode qui est partie du Covid, on ne pouvait pas se voir… Finalement, ça fonctionne comme ça.

HP : Moi, ça me va très bien dans la mesure où j’ai déjà un groupe à côté et je ne me voyais pas… J’avais peur de ramener trop d’influences dans la composition, de la musique. Je voulais vraiment plus être simplement un interprète de quelque chose déjà très bien construit. J’arrive, je pose ma basse…

Tu as ton mot à dire ?

HP : Complètement ! On a tous notre mot à dire.

L : Les morceaux ont déjà une base que HP a déjà redécoupée. Son expérience dans son autre groupe fait qu’il nous dit que c’est trop long, qu’on va se faire chier à écouter ça… Tout le monde a son mot à dire dans le groupe.

Et sur scène ? Votre discographie n’est pas très grande, alors y a-t-il des morceaux dont vous étiez persuadés qu’ils allaient super bien marcher et finalement vous les avez retirés parce que, finalement, il n’y avait pas le retour public attendu ?

HP : Alors, « retour public », pas forcément. Je pense que c’est plutôt par rapport aux affinités de chacun : il a fallu faire un choix – on peut jouer quasiment une heure. Pour le hellfest, il nous a fallu choisir que 7 morceaux…

(NdMP : A ce moment…. Gros « plouf »…)

HP : Ah… Le dictaphone est tombé dans la bière (rires)…

On va voir… Il y a encore du rouge, il semble vouloir continuer… On va voir ce que ça donne… Allez, je sors le téléphone au cas où, et on passe à la seconde partie. Si vous étiez un animal, ce serait lequel ?

HP : Je serai un corbeau. Je ne saurai pas te dire exactement pourquoi, mais un corbeau…

L : Je serai un aigle, parce que voler, c’est magique…

Un roman ?

L : Alors, je ne serai pas la Bible…

HP : C’est pas un roman !

L : Je sais, mais c’est mon petit délire…

HP : Je vais botter en touche sur cette question parce que je n’ai absolument pas cette culture. Moi, c’est plus BD…

Justement : si vous étiez un héros de BD ?

HP : Spawn. C’est un personnage qui m’a toujours fasciné, qui a vendu so =n ame au diable pour pouvoir revenir et il s’est complètement fait avoir. Il a des pouvoirs incroyables mais il est toujours torturé par son ancienne vie et il capable de faire quasi bien de superbes choses que des choses cruelles et dramatiques. Au final, je trouve que c’est un côté très actuel, très humain. L’(humain est capable de faire des choses démoniaque aussi bien qu’exceptionnelles.

L : Moi, je serai The walking dead.

Toute la BD? J’ai demandé un personnage…

L : Un personnage ? Ah, ah ! Il est pas dans la BD… J’aime bien Daryl dans la série… Sinon, je vais dire Vegan, il est pas mal aussi… Il n’est pas si méchant que ça… C’est celui qui a sa bate de base-ball avec le barbelé.

HP : C’est vraiment un gros connard, mais en fait, c’est le genre de qu’on se déteste d’aimer… On l’aime parce qu’en fait, il est super attachant…

Un film ?

L : Alien, parce que quand j’ai commencé à découvrir cette série de film – et pourtant, je ne suis pas films d’horreur – j’ai adoré.

HP : Il faut qu’on s’apparente à un personnage du film ?

Non, simplement l’ensemble, l’esprit du film.

HP : Alors : L’armée des morts. Je suis un gros fan de ce qui est horrifique, j’ai une grosse culture des films d’horreur des années 80/90. J’aime beaucoup les personnages de ce film, le remake par Zack Snyder, le rythme, l’esthétique, le grain, la violence des zombies… Pour moi, c’est un des premiers films de zombies qui aurait pu être tiré de mes cauchemars…

De tes cauchemars… Là, ça nécessite une visite chez un spécialiste…

L : Mais à ton avis… Pourquoi on l’appelle « HP » ? (rire général)

Haut potentiel ? Non, c’est l’uatre…

HP : Harry Potter (rires) ?

Si vous étiez un peintre ?

L : Ce serait Giger…

On reste dans le même univers !

L : J’aime beaucoup son univers, aussi bien en peinture qu’en sculpture. Ca peut déranger, mais j’aime beaucoup. Ma belle sœur est allée visiter son musée en Suisse, elle est ressortie de là outrée… Elle était… dérangée. Si je peut aller le voir, j’irai sans hésiter.

HP : Je ne vais pas être original, mais : pareil. Son univers est incroyable, il a vraiment créé quelque chose d’unique et ce côté sombre me touche beaucoup.

Un personnage historique ? (Lorenzo se marre…)

HP : C’est très compliqué… On va découvrir et aimer quelqu’un et quelques années plus tard découvrir des trucs sombres sur lui, et on va se dire « j’adorais ce mec-là, mais en fait je n’aurai pas dû » !

Pendant ce temps, Lorenzo peut réfléchir !

L : Non, moi, j’allais te sortir une grosse connerie ! On est des blagueurs…

HP : Des blagueurs de merde ! Du politiquement incorrect !

L : Nous, on parle souvent de trucs pas forcément rigolos… Je t’aurai dit, ben… Adolf (rires)

Ca s’approche de l’esprit Harry Potter, quand Hollyvander lui tend une baguette : « il a fait de grandes choses. Terribles, certes, mais…

L : Mais c’est juste du second degré, hein…

HP : Voire troisième ou quatrième !

L : Plus sérieusement… C’est pas évident, je ne suis pas forcément intéressé opar ce genre de choses. Il y a pas mal de personnages historiques qui peuvent être intéressant mais je ne sais pas vraiment.

HP : Moi, ce serait Toutankhamon.

Si vous étiez un pays pour terminer ?

HP : Je serai la Suède. Parce que j’y suis allé. Musicalement, j’ai toujours adoré ce qui vient de là-bas, de Nazum en passant par Abba. Ils ont une culture musicale incroyable et une ouverture d’esprit… Je suis tombé amoureux de ce pays, de l’esprit des gens…

L : Ça dépend… J’aime beaucoup la Californie, mais ça a l’air compliqué de vivre aux Etats-Unis. La nouvelle Zélande est vraisemblablement plus facile à vivre.

Pour terminer, comme on est au Hellfest : si vous étiez un des sept péchés capitaux ?

L : On n’a pas droit aux 7 (rires) ?

HP : Ce serait l’envie. Parce que j’ai toujours envie de plein de choses, j’ai des rêves plein la tête, en musique, en dessin…

L : Je serai un peu comme HP, l’envie… Mais le fait d’envier quelqu’un, mais pas la jalousie, ça je ne veux pas en entendre parler ! Le pays… J’aurai dit la Suisse, un pays cool.

Note : non seulement le dictaphone a pu enregistrer la suite de l’interview mais en plus, il a survécu !

Hellterview: CHARCOAL

CHARCOAL @Hellfest 2024

Interview CHARCOAL. Entretien avec Stéphane Labas (guitare) et  Cyrille Hawlicki (chant, basse). Propos recueillis au Hellfest le 29 juin 2024.

Après les présentations d’usage, Stéphane commence en présentant Cyrille :

S : Toi, tu es la rock star de Charcoal. Voilà.

Il n’y en a pas 4, des rock stars ?

S : Non. Lui, c’est la seule. C’est lui qui porte tout, comme ça, on bosse moins ! (Cyrille se marre)

Alors, je ne te parle pas à toi, je ne m’adresse qu’à la rock star…  Parlons de votre Ep, comment a-t-il été reçu ?

S : Alors, pour le moment…

Pas toi… la rock star !

S (rires) : Je me suis fait avoir !

C (rires) : Pour le moment plutôt bien. On a eu de super critiques, un très bon accueil. En même temps, on a cherché à livrer quelque chose de sincère, qui nous corresponde avant tout. Je pense que les gens l’ont senti.

S : En fait, si je peux…

Oui, quand même !

S : on est super touchés de toute la bienveillance que les gens ont par rapport à ce disque, aux concerts qu’on donne… C’est fou !

Justement, les concerts, ça donne quoi ?

S : Les gens sont là, ils reviennent. On a été super étonnés : on a fait une release party dans une salle de 150 places…

C : On était 200…

S : On a un peu pété la jauge. C’était blindé. Les gens en Ile de France sont vraiment au rendez-vous. Ailleurs, c’est pareil : quand on est venus faire le Off du Hellfest, il y a des gens qui ont pris un jour de concert supplémentaire pour venir nous voir !

C : Certains ont même fait un aller retour dans la journée !

S : Ca, pour nous, ça n’a pas de prix. Ce qui est bien avec la musique, c’est que c’est fait pour être partagé. Quand les gens te font un retour en direct, restent, reviennent…

C : Adhèrent…

S : Tu te dis que c’est ça. Tu fais de la peinture, tu mets ça dans une galerie, ce n’est pas la même rapport… Le live, c’est notre ADN. Beaucoup de radios passent notre single, voire même passent un autre titre – Summer shine, c’est une surprise, passe aussi en rotation sur certaines radios. On est très flattés.

Votre musique, on est d’accord, c’est du rock direct, sans fioritures, ce qui facilite sans doute aussi le partage…

C : Oui, ça parle à tout le monde…

En tout cas, aux amateurs de rock.

C : Même de metal en général… On a eu la chance, au mois de novembre, de faire la première partie de nos copains de Loco Muerte à la Boule Noire… Mélanger du hard rock avec un public de hard coreux… L’accueil a été fou, parce qu’à la fin… Même un hard coreux, à la base, c’est un hardos !

S : On a eu un super accueil, et ça nous a beaucoup aidés. Ils nous ont appelés 3 jours avant. C’est des amis, c’est la famille, Loco Muerte. Ils n’étaient pas obligés de faire ça… Je leur ai dit que hard rock et hard core c’est pas pareil – je leur ai même dit qu’il y a une faute d’orthographe dans hard core !

C : Sur cette date, on a eu des retours incroyables. Devant, il y avait tout Lofofora, Black Bomb A, ils nous ont tous fait des retours exceptionnels.

S : C’était un grand moment.

Pour un démarrage, il y a plein de côtés positifs…

S : Il n’y a que ça !

Ce qui sous-entend que derrière, il va y avoir un album…

S : Complètement, oui !.on a pas mal de boulot, cet été, on va q$maquetter 8 titres, on va tourner le deuxième clip, on va essayer de travailler et de monter le troisième, on enregistre au single inédit, le single de Noël – comme tout bon américain de Seine et Marne on fait un single de Noël. On prévoit de faire une émission de Noël et on va repartir… Aud épart, on voulait repartir sur un Ep pour créer de la demande, mais comme on a pas mal de choses sous le pied…

C : On va partir directement sur un album. On espère une sortie fin 2025.

S : Mais en attendant, il y aura un single inédit qui, d’ailleurs, ne sera peut-être même pas sur l’album. On vise 10 titres. M&O est fantastique, Alexandre Saba fait un super boulot…

Tu dis ça parce qu’il est juste là, à 2 mètres…

S : Même pas, il n’entend pas. Je pense qu’au bout de 3 jours de fest, il n’entend plus !

Attention, il arrive ! (Rire général) Passons à autre chose : si vous étiez un animal, vous seriez quoi ?

C : Un chat. Parce qu’un chat, il s’en bat les couilles !

S : Il se les lèche, même !

C : Il se les èche, et il est souple (rires) !

S : Moi, je serai un tigre. Un gros chat, un peu plus vénère…

Un roman ?

S (sans hésiter) : Le talisman des territoires de Stephen King, tout simplement parce que c’est un des romans qui m’a le plus marqué.

C : J’irai cracher sur vos tombes. J’aime bien l’histoire. Je suis métis, et dans chaque pays de la terre, il y a toujours eu des difficultés à se faire accepter par d’autres…

S : Putain, j’étais persuadé que tu faisais de la cabine UV ! Tu me l’as jamais dit, t’es vraiment un bâtard !

C : Eh, attend : (Il montre son T-shirt) Sexy chocolat, c’est quoi ?

S : Ah ben voilà, voilà tout s’explique !

Un héros de BD ?

S : Ah ! Je serai le shérif de The walking dead. Dans le comics, parce que ça ne se termine pas de la même manière que dans la série.

C : Je lis pas de BD… Je serai le héros de la playlist de By Zégut… Je t’embrasse Francis !

S : Ah ouais ! Pourquoi je n’y ai pas pensé ! Tu vois, c’est pour ça qu’il est là, pourquoi tu me poses des questions, à moi ?

Un film ?

S : Star Wars.

Lequel ? Il y en a 9…

S : Alors, Le retour du Jedi, parce que c’est le premier que j’ai vu au cinéma. Et, bien sûr, je serai Luke Skywalker. Ce film m’a énormément marqué…

C : Moi, après 4 jours de fest comme ça, ce serait Marche à l’ombre. Parce que j’adore Michel Blanc et… j’ai les dents qui poussent !

Et tu vois des renards…

C : Et je vois des renards !

Un écrivain ?

S : Mon amour suprême : Tolkien. Le seigneur des anneaux, c’est ma bible. Et le film… J’adorais ce que faisait Peter Jackson dans le gore, mais là, ce qu’il a fait avec ce film, c’est incroyable…

C : Frédéric Beigbeder.

S : Oh, là ! Pourquoi ?

C : Parce que c’est toujours déjanté et je suis un fan de 99 francs. Et le livre est beaucoup mieux que le film !

Un peintre ?

S : Dali. J’adore. Je suis très fantasy, bouquin de genre, film de genre, et Dali, dès tout petit, m’a fait rêver avec ses peintures, son surréalisme…

C : Tu inclus l’art moderne ?

Tu peux même citer un peintre en bâtiments, si tu veux (rire général) !

C : Ok ! Banksy, j’adore le street art, je trouve ce quil fait complètement démentiel. Je me suis fait l’expo permanente à Paris, j’ai halluciné. Au boulot, mon tapis de souris, c’est le policier anglais qui fait un gros doigt !

Un personnage historique ?

S : Lui, c’est Napoléon. Je réponds à sa place parce qu’il habite à côté de Fontainebleau et tous les mecs qui habitent là-bas, ils sont Napoléon à fond. Mais en fait je me fous de lui !

C : C’était même pas ça (les deux explosent de rire). Personnage ? Je passe mon tour, Steph, à toi…

S : Je vais dire De Gaulle. Pas pour ses convictions politiques, mais parce que=’il est le symbole de la libération. Mon grand-père était prisonnier six ans, on l’a libéré, on est venu nous libérer du nazisme, et c’est le personnage français qui représente cette époque-là. Ne jamais oublier…

C : Alors moi, ce sera Bono.

S : Bono, un personnage historique ? Très fort !

C : Ben oui, il va le devenir !

Une toute dernière : puisque nous sommes au Hellfest, si vous étiez un des 7 pêchers capitaux ?

C : La gourmandise !

S : Je crois que moi aussi, je serai la gourmandise. Ça se voit, d’ailleurs… Il n’y a pas de video, mais je mange un peu trop !

Mais ça peut aussi être la gourmandise de la vie, de la scène…

S : C’est la gourmandise de tout ! un peu la luxure, aussi, c’est chouette…

Mais il n’y en avait qu’un…

S : Merde !

LAST ADDICTION: Downfall

France, Metalcore (Autoproduction, 2024)

La bande de copains lyonnais de Last Addiction, que nous avions découvert avec Inner abyss, un premier album plein d’envie, revient avec Downfall, une suite logique au metalcore sans concession, terrain de jeu de prédilection du groupe. Avec cet album, Last Addiction fait un grand pas en avant tant dans son travail sur ses compositions qu’au niveau des textes ou de la production. Comme nous l’explique Gaël Augier, l’un des guitaristes, dans l’interview à venir, Downfall explore l’univers de la collapsologie, soit, en d’autres termes, la fin d’une civilisation. Optimisme quand tu nous tiens… Les 10 titres de l’album mêlent avec bonheur la rugosité et la brutalité du metalcore à des moments plus subtils et plus foncièrement heavy metal pur jus. Le chant de Dylan Fournet alterne entre rage et moments plus mélodiques, les riffs de Gaël et Vincent Delphin taillent dans le gras tout en explorant différentes couleurs de la palette metal tandis que la rythmique du bassiste William Guinet et du batteur Thomas Chaverondier pose les bases d’une structure solide. Bien que le metalcore ne soit plus totalement d’actualité, Last Addiction propose un album qui ravira les fans du genre et saura faire s’agiter les crinières grâce à des morceaux explosifs comme Burn the shell, Terror, Ghost, ou d’autres plus variés et « ouverts » comme Dead soul sisters ou Last sunset. Last Addiction est sur de bons rails, il lui faut maintenant confirmer et trouver son public, ce qui se fera à force de volonté et de concerts. A suivre.

Hellterview: EIGHT SINS

EIGHT SINS @Hellfest 2024

Interview Eight Sins. Entretien avec Arnaud (guitare), Loic (chant) et Mike (basse) le 28 juin 2024 au Hellfest (Clisson)

Pour commencer, une question toute simple : quel est votre retour de votre prestation de ce matin ?

Arnaud : C’était… mortel…

Mike : C’était incroyable…

Loïc : On a ouvert la Warzone à 11 heures, et c’était… incroyable !

Vous avez réveillé la Warzone.

L : Exactement, on leur a mis un bon coup de trique ! Le public était mortel. Magnifique ! Une warzone pleine, donc…

A : Et un public fou, aussi ! Ils ont fait des doubles circle-pits… Merci le Hellfest, c’était incroyable !

Pour vous, c’est une expérience unique, alors ?

Tous : Ah, ouais, c’est sûr !

L : C’était les montagnes russes de l’émotion. Surtout à peine réveillés !

A : On s’est levés à 6 heures…

Vous n’êtes pas arrivés directement de Grenoble ?

A : Non, on est arrivés mercredi.

(A Loïc) : Comment tu as appelé Grenoble ?

L : « La cuvette de chiottes de la France ». Géographiquement, c’est une cuvette, on est entre les montagnes, donc, c’est notre petite blague, on l’appelle la « cuvette de chiottes » entre nous. Mais c’est des toilettes sèches parce qu’on a un maire écolo (rire général) !

Ceci étant, après cette belle presta, quels sont les retours que vous avez eu depuis la sortie, il y a quelques mois, de votre album, Straight to Namek ?

L : On s’était parlé au téléphone à ce moment, et on a eu de bons retours depuis. Le fait qu’on soit là aujourd’hui te prouve qu’il a plutôt tapé là où il fallait. On a plein de festivals prévus, ça bouge beaucoup… De beaux retours !

La suite de cet album est déjà en préparation ?

L : Bien sûr ! On a déjà des compositions prêtes, ça va arriver tranquillement. On y va tranquillement, à notre rythme, parce que ça ne sert à rien de se presser. Chi va piano va sano !

Quand on manie à ce point l’humour sur scène, comme vous l’avez fait ce matin, ça demande beaucoup de travail, de réflexion en amont ?

Mike : Là, tu sais à qui t’adresser (il désigne Loïc)…

Vous avez bien joué le jeu, aussi…

L : C’est mes potes ! On est vraiment un groupe d’amis !

M : On est bon public aussi !

L : C’est mon caractère, je suis quelqu’un de rebondissant, dans tous les sens du terme : rebondi et rebondissant ! Ils me laissent faire, je ne sais pas comment te dire : c’est pas un truc qu’on travaille plus que ça, c’est juste nous… Si on se recroise tout à l’heure, je te raconterai aussi plein de conneries, j’arrive pas à m’en empêcher. C’est peut-être une maladie (rires).

Et au boulot, ça donne quoi ?

L : Ben, heureusement que je fais du tatouage, parce que je peux rigoler avec mes clients. Mais si je devais travailler pour une banque… Je suis un calvaire pour ma collègue de travail – que je fais beaucoup rire et que j’embrasse. C’est compliqué de travailler dans la même salle que moi, mais on se débrouille.

Allez, quelques questions Hellfestives : si vous étiez chacun un animal, vous seriez quoi ?

L : J’aime bien ces questions chelou… Un pangolin. Un genre de pomme de pin mais qui bouge !

A : Et qui refourgue des virus !

L : C’est pas pour les virus, c’est parce que c’est le chainon manquant de la vie, le truc il est chelou. Moi aussi !

M : Comment tu m’appelles, Loïc ? Le suricate ? Parce que j’observe tout… Ça me faisait chier au début mais je crois que ça me va bien, en fait !

L : Il est là, sur son petit terrier… Il scrute…

A : Je sais pas, la bête du Gévaudan…

Un diable de Tasmanie…

L : Ouais, c’est plus un diable de Tasmanie, Arnaud ! En tout cas, c’est un animal !

Si vous étiez un roman ? On passe aux choses sérieuses…

L : Je vais pas te dire Roman Polanski, ça va m’attirer des ennuis…

M : Un Romans sur Isère !

L : Putain, il me l’a piquée ! On a un consortium d’humoristes ! Je crois que je serai un truc que j’ai lu quand j’étais gamin, sur les momies, qui m’avait passionné, je l’avais lu en une heure de temps. Sans doute Victor Hugo, je ne sais plus…

M : Je le dis sinon je vais oublier : je pense que je serai Bilbon le Hobbit.

L : Ouais, c’est un gars de la nature…

A : Tu vois sa barbe ? Il a la même aux pieds…

M : Je suis un peu Gandalf en version comique…

L (à Arnaud) : Et toi, quel roman ?

A : Moi ? Je sais pas lire, alors je ne peux pas répondre à cette question (rires)…

Là, c’est un peu plus dans l’esprit du groupe : si vous étiez un héros non pas de BD mais de manga ?

L : Ah, ça restreint mon choix, du coup !

M : Moi, je serai Vegeta, un personnage de Dragon Ball Z. L’anti héros, en fait…

L : Je serai aussi dans Dragon Ball, je serai Boo, parce que c’est le gars sympa, il mange tout, il est drôle… Et toi ?

A : One Piece, obligé : je serai  Sanji.

Et si vous étiez un film ?

L (sans réfléchir) : je serai Priscilla, folle du désert. Mon film préféré pour les meilleures punchlines du monde ! C’est une histoire de transformistes sur les routes en Australie, et à chaque fois qu’ils ouvrent la bouche, c’est pour recaler quelqu’un. C’est phénoménal ! Du talent à l’état pur.

A : Jurassic parc. Ca m’a tellement marqué quand j’étais gosse…

L : Depuis, il a un kif sur les reptiles…

M : Moi, je serai l’alarme fatale, la parodie de L’arme fatale. Incompréhensible et drôle à la fois.

Si vous étiez un plat alimentaire ?

L : Oh, putain…

A : Un tajine ?

L : Non, pas un tajine, c’est pas mon truc… Ce que je préfère, c’est les ribs. Je dis ça, parce qu’on les voit pas mes ribs, mes côtes, je suis jaloux !

M : Je serai un rougail saucisse, parce que c’est ma spécialité. Ma femme confirme. Pimenté à souhait !

A : Mais faut nous inviter ! Moi, je dirai un Bo Bun, parce que j’adore ça, j’adore la bouffe asiatique !

Une boisson ?

A : Un Jack Daniel’s

L : Un Bloody Mary, bu à la paille. A siroter en soirée, au calme, avec une paille et une ombrelle !

On m’en a filé un, un matin, croyant que j’avais une gueule de bois en me disant « ça va te soigner ».

L : Ça t’a soigné ?

Non… J’avais pas de gueule de bois !

M : Je serai une limonade, référence à Afro Samourai, pour ceux qui connaissent. J’adore la limonade…

Un objet ?

L : Une cuvette de chiotte… Pour voir des visages toute la journée…

A : Une table… Parce que je suis con comme une table, il parait !

M : Un (Note : un truc pas compréhensible à l’enregistrement)

L : Parce qu’il travaille le bois comme personne… Il a touché ma poutre…

Un pays ?

A : La France… J’aime bien la bouffe française aussi.

L : Moi je serai neutre, je serai la Suisse. Parce que c’est joli et ils ont plein de thunes !

M : Je crois que je serai le Guatemala, par ce que… c’est le premier pays qui me vient à l’esprit…

Un monument ?

L : La tour Perret à Grenoble. C’est un peu comme la tour de Sauron, il ne manque que l’œil qui flambe. C’est une belle tour de notre ville.

A : Un monument… Le pont de la Bourg à Bourgoin Jallieu (Note : aucune trace de ce pont trouvée, sans doute une appellation locale ?)

M : je ne sais pas… Un truc transparent…

L : Une vitre ! Il a pas d’idée…

Une devise ?

L : On peut la faire à trois, celle-là : Beers and moshpit  (ils approuvent)

Mais pourquoi la bière ?

M : Parce que tu ne vas jamais dans un moshpit sans ta bière.

L : Tu pogotes et tu la renverses. Après, tu vas en acheter une autre. C’est ça, l’économie de festivals, ils le font exprès !

Séance de rattrapage: TIM’S FAVOURITE: Amaconda

Belgique, Metal (Autoproduction, 2024)

Amaconda – l’orthographe est ici volontaire – est le quatrième album des Belges de Tim’s Favourite. Né au début des années 2000, le quatuor (Jan Pauwels à la guitare et au chant, Tim Pauwels à la guitare, Wolf D’haese à la basse et Ele De Backer à la batterie) puise son inspiration partout où il en a envie. Le résultat est un condensé de Metallica, de Tool, de Prong, de Messhugah et d’autres encore. Trois albums sont ainsi proposés (Noises from the dark room en 2003, Geometry for the selfish herd en 2009 et We, the willing en 2018) avant que ne nous soit offert ce Amaconda qui déboule en janvier 2024. Nous passerons sur la production qui ne rend pas hommage à la musique – trop sèche avec trop peu de rondeurs (j’ai pris le temps d’écouter l’album sur différents lecteurs avec les mêmes conclusions). Les 11 titres de l’album sont cependant pleins de volonté et varient les plaisirs. On a seulement parfois l’impression d’écouter un patchwork d’idées collées sans forcément de liant. Sur fond de riffs puissants qui se veulent hypnotiques, le chant évoque tour à tour James Hetfield ou Kurt Cobain. On a les références, certes, mais là encore, il manque une touche de personnalité qui ferait passer cet album à un autre niveau. Tim’s Favourite définit sa musique comme du « zen metal »… C’est plutôt du « brutal zen » (bel oxymore, n’est-ce pas?) que nous propose le groupe, un metal hybride qui ne parvient pas à m’interpeler vraiment. Même si certains passages sont intrigants et quelque peu barrés, je reste sur ma faim. Sans doute l’oreille extérieure et la vision plus globale d’un producteur serait elle utile pour faire passer le groupe à un autre niveau, car les bases, elles, sont là, l’envie de proposer du matériel différent aussi.

VERSO: Eclats

France, Metal (Autoproduction, 2024)

Il y a des surprises comme ça… Verso s’était présenté au public en 2020 avec la publication d’un premier Ep, Inéluctable et revient aujourd’hui avec Éclats, son premier album paru juste avant l’arrivée de l’été. Originaire des Hauts de France, le combo se distingue de plusieurs manières. Tout d’abord, c’est une mère, Sardinas (chant clair) et son fils, RoyalG (chant enragé, guitares et synthés) – dans la vraie vie Frédérique et Gauthier Delbarre – qui en sont les fondateurs. Musicalement, ensuite, Verso proposant un rock dans l’ensemble doux et attirant, parfois aux relents new/cold wave, très souvent brutalisé par des apports proches, vocalement tout du moins, du black metal – on ne trouve cependant pas ici de blast beat ni de guitares ultra speedées. La dualité entre ombre et lumière, douceur et rage, donne un résultat dans l’ensemble intriguant et attirant. Accompagné par le bassiste Vincent Vieville et le batteur Sylvain Lenne, la formation se distingue également par l’ajout de violons tenus par Constance Eve et Yvain Delahousse (également à la viole d’amour) proposant ainsi un univers musical très coloré. Quelques fulgurances guitaristiques rappellent cependant qu’il s’agit bien d’un groupe de rock énervé (Eternel, Ad vitam, Kikazaru, Cicatrices) mais l’ensemble reste très accessible pour peu que l’on apprécie le chant extrême et enragé, celui-ci étant toujours contrebalancé par la douceur maternelle vocale. En explorant divers univers, sans se poser de limites, Verso propose une musique riche, variée, parfois proche de la BO de cinéma (Hallucinations et ses cordes qui pleurent) ou du doom lumineux (je sais, c’est un oxymore…) un groupe dont on parlera certainement dans les années à venir…

HRAFNGRIMR: Niflheims auga

France, Pagan/Neo Nordic (Autoproduction, 2024)

La musique pagan ou le folk inspiré des cultures scandinaves a encore de beaux jours devant lui. Nouveau venu sur la scène hexagonale, Hrafngrimr (prononcez: Raven Grimer, c’est, somme toute, assez simple non?) est un projet monté par Mattjö, ex-membre de Skald féru de culture nordique. Après avoir envisagé Hrafngrimr comme un collectif où les musiciens pouvaient entrer et sortir en fonction de leurs disponibilités, il a finalement décidé de structurer un vrai groupe auquel, à la suite d’une jam, il a inclus sa conjointe, la chanteuse Christine Roche, tous deux formant ainsi un duo vocal aux tonalités radicalement différentes. Avec Niflheims auga, Hrafngrimr propose un album de ce qu’il nomme du neo nordic. Au travers de 9 titres, le groupe explore la culture musicale viking tout en abordant des thèmes d’actualité. La lenteur rythmée de chaque chanson est mise en lumière par la lourdeur et la gravité des instruments typiques du genre – c’est à dire souvent créés pour un usage spécifique – et le mélange, la complémentarité des voix, celle profonde et grave de Mattjö et l’autre plus chaleureuse, voire rassurante de Christine – se révèle efficace de bout en bout. Avec ce premier album, Hrafngrimr nous invite à un voyage initiatique dans un univers encore méconnu. Laissez-vous tenter…

DYSCORDIA: The road to Oblivion

Heavy metal, Belgique (Autoproduction, 2024)

Loin d’en être à leur coup d’essai, les Belges de Dyscordia reviennent, quatre ans après leur troisième album, avec The road to Oblivion, un album composé de 8 titres forgés dans un metal moderne. Mêlant avec bonheur des sonorités rugueuses à des tonalités plus soft, le groupe explore aussi bien le heavy metal dit traditionnel qu’il s’aventure aux limites du metal progressif. Tout au long des The Passenger, Oblivion (et son chant aux limites du black), de l’instrumental Interlude ou de The demon’s bite, Dyscordia, sans renier son identité musicale, égrène discrètement ses influences – qui vont d’Iron Maiden (via quelques cavalcades rythmiques) à Soen (quelques lignes de chant me rappellent Joel Ekelöf), en passant par Metallica ou Dream Theater, c’est dire la variété musicale du combo – au travers de guitares rapides et furieuses – au nombre de trois: Stefan Segers (qui growle aussi), Guy Commeene et Martjin Debonnet – et de fondations rythmiques puissantes forgées par le bassiste Wouter Nottebaert et le dernier arrivé, le batteur Chevy Mahieu. bien que puissant et déterminé, le chant de Piet Overstijns aurait mérité d’être mieux mis en avant par la production, par ailleurs moderne et efficace. Malgré cette faiblesse, The road to Oblivion a tout pour faire s’agiter les crinières et taper du pied. On comprend bien que Dyscordia, au fil des ans, ait su séduire le public de festivals aussi prestigieux que le PPM fest ou le Grasspop Metal Meeting. Il faut maintenant franchir les frontières du Bénélux, les gars!

HEAVY WEEK END: le report – Vendredi 21 juin

Le Heavy Week End… Une affiche de rêve que nous propose Gérard Drouot Productions une semaine avant le grand pèlerinage annuel des métalleux de l’autre coté de la France. Un festival qui se veut plus soft, et bien moins éreintant puisqu’on nous promet que le Zénith de Nancy n’aura qu’une seule scène, permettant ainsi au public de pouvoir profiter pleinement de chacun des 11 concerts de ce week end.

Contrairement à nombre de Zéniths de France, celui de Nancy présente la particularité d’être modulable. Ainsi, en retournant la scène, une ouverture à son arrière permet d’accueillir, en configuration mixte (gradins et fosse) environ 15.000 personnes dans un véritable écrin de verdure. Le Heavy Week End se veut ainsi un festival à taille humaine. Las, a peine trois semaines avant le coup d’envoi, de nombreuses places restent libres. La conjonction prix du billet – un peu cher, 111€ le jour en fosse – et le Hellfest la semaine suivante a sans doute freiné les potentiels festivaliers. Résultat, GDP annonce, le 10 juin, un nouveau tarif exceptionnel en fosse de… seulement 21€ par jour, ce ci « pour fêter l’été ». Une réduction de 80% qui vise, naturellement, à la remplir, cette fosse, mais un nouveau tarif qui pourrait aussi, on peut aisément l’imaginer, faire bondir ceux qui ont acheté leur(s) place(s) au prix fort. Sera-ce suffisant pour attirer plus de monde et éviter que les géants du métal ne jouent face à un parterre vide? La promotion disparait cependant rapidement, une opération éclair qui n’a sans doute pas assez duré.

Après une longue route sous une pluie battante – la météo annonce cependant des accalmies- c’est le soleil qui accueille notre arrivée à Nancy. Le temps de poser mes affaires, et me voici parti en direction du Zénith. La route est limitée à une voie, ce qui rend la circulation dense mais également fluide. L’accès aux parkings est aisé.

The Last Internationale @HEAVY WEEK END

J’ai le plaisir de retrouver bon nombre de copains d’un peu partout, dont certains que je n’ai pas vus depuis des lustres. L’ambiance générale est détendue tant au niveau du public que chez les autres intervenants – ou presque. Mais c’est sous un ciel grisonnant, devant un parterre dégarni et des gradins encore peu remplis que les New Yorkais de The Last Internationale investissent la scène. Nous avions pu découvrir le groupe lors de son passage au Hellfest en 2022 et la prestation avait emballé le public. Las, ce groupe fondé par la chanteuse Delila Paz et le guitariste Edgey Pires il y a maintenant plus de 15 ans va avoir le plu sgrand mal à dynamiser un public épars et peu réactif malgré les remarques qu’égrène Delila (faisant référence à Tom Morello qui dit que « ça n’a pas besoin d’être bruyant pour être heavy » ajoutant « mais ce serait bien que vous fassiez plus de bruit quand même » ou encore « c’est le festival le plus calme que je connaisse »…) Même quand Delila évoque Nina Simone, la gigantesque chanteuse de jazz américaine, elle ne reçoit que quelques retours polis… Et pourtant, la brune chanteuse possède une voix suave et puissante…

The Last Internationale @HEAVY WEEK END

Pas encourageant comme attitude, mais il en faut plus pour décourager le groupe qui affiche son humeur du moment – un drapeau palestinien sur le côté de la scène et la peau de grosse caisse flanquée d’un Cease fire en lettres capitales. Pour terminer le concert, Delila se saisit de la basse tandis que son bassiste s’installe aux claviers pour une fin simplement rock et énergique. Une mise en bouche sympathique maisun public pas encore très chaud.

The Last Internationale @HEAVY WEEK END
Extreme @HEAVY WEEK END

On passe à la vitese supérieure avec Extreme, que je n’ai pas vu depuis des lustres. Comme une première fois en somme. Et le message est clair à peine Gary Cherone monte-t-il sur scène: on va avoir droit à du show tant le chanteur se tord tel un Gary latex! Clairement, on change de registre et le festival monte en puissance devant un public plus dense sinon imposant.

Extreme @HEAVY WEEK END

Le fond de scène est explicite: l’illustration de la pochette du mythique Pornograffitti indique que le groupe souhaite mettre en avant son album le plus connu. Et ça démarre avec la triplette It(‘s a) monster et Decadence dance suivi de Kid ego issu du premier album des Américains.

Extreme @HEAVY WEEK END

Nuno Bettencourt est aussi bavard que démonstratif – sans frime aucune – alignant ses riffs et soli avec une diabolique précision, Pat Badger (basse) s’appliquant sous son Stettson tandis que, plus discret, Kevin Figueiredo martèle ses futs tenant la structure.

Extreme @HEAVY WEEK END

Le public n’a d’yeux pourtant que pour la paire Cherone/Bettencourt qui se donnent comme de beaux diables, ne laissant aucun instant de répit au public (sauf un moment moins intense sur , avec qui les deux communiquent beaucoup. Après Hole hearted, Nuno annonce que voici son « moment préféré du concert: je vais pouvoir m’asseoir! Et quand tu arrives à 58 ans, s’asseoir c’est aussi bon qu’un orgasme! » Il attaque alors un impressionnant solo à l’issue duquel il est rejoint par Gary Cherone qui annonce avec gravité: « je sais que c’est sensé être un concert heavy, mais le monde a aussi besoin d’amour » pour entamer More than words que le public connait par cœur. Les téléphone se lèvent pour immortaliser l’instant et, devant moi, j’aperçois Matthieu Drouot qui filme aussi, se tournant pour capter tout le public mais… Je crois apercevoir un regard interpellé. Rapidement, l’organisation décide de faire tomber le barriérage invitant le public assis à investir la fosse, ce qu’il ne se fait pas répéter.

Extreme @HEAVY WEEK END

Cherone rappelle au public qu’ils sont en mode « festival », avec un show écourté, souhaitant cependant pouvoir revenir rapidement avec un show complet. Extreme termine son show avec l’incontournable Get the funk out et un extrait du tout récent Rise. Voila la machine Heavy week end lancée, et la suite promet d’aêtre tout aussi belle.

Extreme @HEAVY WEEK END
Scorpions @HEAVY WEEK END

Ceux qui ont pu voir Scorpions ces dernières années savent que le groupe est en forme. Les Allemands sont de retour pour célébrer les quarantième anniversaire de Love at first sting, alors on sait déjà qu’on va avoir droit à une setlist de rêves.

Scorpions @HEAVY WEEK END

Un nuage de fumée envahi l’espace scénique, pendant que les premières mesures de Coming home ne se fassent entendre alors que la scène est encore vide. Dans la fumée, côté cour, apparait un Klaus Meine hésitant, qui a du mal a marcher. Il rejoint le centre de la scène avant que ne déboulent avec énergie ses compères.

Scorpions @HEAVY WEEK END

Après Gas in the tank, seul extrait du dernier album, Rock beleiver, Scorpions nous assène une collections de hits et de raretés (dont Crossfire, interprété pour la première fois sur toutes les dates de cette tournée ou The same thrill jamais interprété depuis 1984!).

Scorpions @HEAVY WEEK END

Les lumières sont au top, les illustrations qui animent l’écran de fond de scène superbes, et les instrumentistes sont vraiment en forme, Rudolf Schenker et Matthias Jabs investissant généreusement l’avant scène.

Scorpions @HEAVY WEEK END

Seul Klaus, s’il est en voix, confirme avoir pris un coup de vieux. S’agrippant au pied de micro, il se déplace lentement et, lorsqu’il s’adresse au public la voix chevrotante, il semble avoir besoin du soutien de son pied de micro, ne balançant plus – heureusement! – des baguettes par forêts entières.

Scorpions @HEAVY WEEK END

La foule compacte – on remarque ce soir que même les gradins sont désormais bien fournis, bien qu’on circule aisément – est toutefois à fond derrière ses héros légendaires acclamant aussi bien les classiques que sont Make it real, The zoo, Bad boys running wild que les attendues ballades Delicate dance, Send me an angel ou la nouvelle version de l’incontournable Wind of change dont le premier couplet a été modifié, ne parlant plus de la Moscova pour dénoncer l’agression russe envers l’Ukraine.

Scorpions @HEAVY WEEK END

Après The same thrill, Mikkey Dee nous assène un monstrueux solo de batterie d’une bonne dizaine de minutes qui, bien que totalement intégré à Scorpions, évoque, par le biais du juke box projeté, son glorieux passé avec Motörhead avant que Rudolf ne redéboule armé de sa guitare à fumée pour un Blackout (seul extrait de l’album éponyme) suivi de Big city nights, doublette annonciatrice de l’approche de la fin du concert.

Scorpions @HEAVY WEEK END

Etonnamment, le pubic commence à quitter les lieux lorsque le groupe quitte la scène avant de revenir pour un – court – rappel. Ben oui, il manque un titre quand même… Scorpions revient pour le très attendu et incontournable Still loving you qui voit, comme toujours, les couples s’enlacer, avant une superbe interprétation de l’explosif Rock you like a hurricane venant conclure un superbe concert. Nos héros vieillissants ont encore des choses à dire, alors profitons en.

Scorpions @HEAVY WEEK END

Au final, malgré une faible fréquentation globale – le public a miraculeusement grossi pour le concert de Scorpions – cette première journée a rempli toutes ses promesses. Celles d’un festival convivial, à taille humaine et permettant surtout, c’est bien le principal, de pouvoir assister à l’ensemble des concerts dans leur intégralité. Vivement demain!

Merci à Anne-Lyse Rieu et Nicolas Le Bouedec (Gérard Drout Productions) et Olivier Garnier d’avoir rendu ce live report possible.