ABOUTMEEMO: Zugzwang

Irlande, Rock (M&O, 2023)

Étonnant album que celui-ci… Déjà le titre – Zugzwang – peut se traduire de deux manières (somme toute similaires) : le mot allemand signifie être au pied du mur, mais le terme est également utilisé aux échecs pour désigner un coup contraint. Et l’artiste se nomme About Meemo. La lecture des crédits du CD indique que l’album a été « enregistré pendant la difficile période de 2022/2023 (…) La pire période de ma vie. Mais je suis encore debout ». Disque défouloir, exutoire? Le gaillard nous offre une introspection tout en douceur. Malgré l’avertissement qui pourrait laisser supposer un album sombre, ce Zugzwang s’avère en réalité plein de vie, et de chaque titre émane une lumière. Cet album est simplement rock et évoque parfois U2 ou Pink Floyd, mais l’ensemble reste très personnel. Sans être forcément joyeux, ce disque ne sombre jamais dans la plainte facile et gratuite et cherche bien plus l’optimisme et la résilience que le vide et l’oubli.

SAXON: More inspirations

Angleterre, Rock/Hard rock (Silver lining, 2023)

A peine deux ans après Inspirations, Saxon revient – est revenu, l’album étant sorti en mars dernier – avec une nouvel album de reprises, More Inspirations. Les Anglais ne misent certes pas sur ce disque pour remporter de l’or mais cherche simplement à se faire plaisir en reprenant ce qui, naguère et aujourd’hui encore, peut être considéré comme des standards ou des classiques du Rock avec un grand R. La première partie de l’album revisite ainsi The Animals (We’ve gotta get out of this place) ou The Sensational Alex Harvey Band (The faith healer). Le moins qu’on puisse dire est que Saxon interpelle avec sa version et c’est bien tout l’intérêt de ce type d’exercice. La suite est puisée dans un registre plus « dur » puisqu’on retrouve, en vrac, The Who (The subsitute), Alice Cooper (From the inside), Kiss (Detroit rock city), une superbe version du Man on the silver moutain de Rainbow, mais aussi Cream (Tales of brave Ulysses), Nazareth (Razaranaz) ou un clin d’oeil aux belles cylindrées avec ZZ Top et sa Chevrolet. En se faisant simplement plaisir, Saxon permet aussi à ses fans de (re)découvrir certains des classiques entrés dans l’histoire du rock. Sans prétention mais tellement rafraichissant, cet album ouvre-t-il la voie à une troisième source d’inspirations?

SANG FROID: All-nighter

France, Cold wave (Frozen records, 2023)

Amoureux de rock sombre et gotique, entrez. Entrez et venez découvrir Sang Froid. Tout au long de All-nighter, son premier album, le groupe nous invite à pénétrer son univers sombre, à l’accompagner dans un monde qui guidera et hantera vos nuits blanches et semées de doutes… Au travers de 8 titres, le trio explore des univers aussi obscurs que ternes et froids. Le chant et les arrangements évoquent les meilleures heures de la new wave – je pense notamment à Orchestral Manoeuvres in the Dark ou, dans une moindre mesure, Tears For Fears. La voix de TC est grave et profonde, le débit lent apporte cette touche de gravité à l’ensemble (sauf sur Nightline, un instrumental…), un ensemble bercé de sonorités électro et hypnotiques çà et là bousculé par de furieuses guitares. All-nighter est, comme son nom l’indique, un album pour noctambules, ces nuits où l’on se retrouve seul avec soi-même, moment privilégié de réflexions pas toujours agréables. Mais ce disque parvient plus à donner envie d’agir que de sombrer dans une mélancolie qui pourrait devenir destructrice. Il y a de la lumière, même dans les lieux les moins éclairés. Que donne le groupe sur scène? Il sera à découvrir, notamment au Hellfest 2024 (dimanche 30 juin en début de matinée, sous la Temple ). Un concert en plein jour pour les All-nighters? Un contraste intriguant…

DOKKEN: Heaven comes down

USA, Hard rock (Silver lining, 2023)

Il y a trois ans, Don Dokken s’était rappelé à notre bon souvenir en publiant la compilation de démos The lost songs: 1978-1981, relatant les débuts de son groupe, Dokken. Avant cela, il faut remonter à 2012 pour trouver trace d’un album studio, le bien nommé Broken bones. Bien nommé parce que depuis, le chanteur a connu des déboires de santé qu’on ne souhaite à personne. Paralysie du bras, reconstruction, doute… Le voici cependant de retour avec un groupe reconstitué. Le chanteur s’est entouré du guitariste Jon Levin, du bassiste Chris McCarvill et du batteur B.J. Zampa, le quatuor nous offrant aujourd’hui Heaven comes down, un album que les fans n’espéraient plus. Tu m’étonnes, plus d’une décennie s’est écoulée depuis le dernier méfait discutable de Don, et la compilation de raretés ne s’adressait vraiment qu’aux fans ultimes. Il était alors facile de penser que Dokken, le groupe, était fini. Seulement, voilà… Avec ces 10 nouveaux titres, Dokken se retrouve, sans se réinventer. Il nous propose des compos efficaces et rentre dedans, dotées de refrains accrocheurs. Le sens de la mélodie du gaillard n’a rien perdu, autre que sa voix. C’est sans doute le plus gros défaut de cet album, un chant un peu trop doux, presque faiblard même, au regard de l’énergie développée par Levin and Co. Musicalement, Dokken propose des pépites de mélodies qui nous replongent dans les meilleures années des 80’s. Du heavy très mélodique (Fugitive), du hard rock racé (Gypsy, Is it me or you?, Over the mountain…) et les incontournables ballades (I’ll never give up et I remember), un ensemble que vient conclure l’acoustique Santa Fe, ville où le chanteur a élu domicile. S’il n’est pas révolutionnaire, Heaven comes down est plus qu’une agréable surprise. Une douceur à consommer sans modération.

KONTRUST: Madworld

Autriche, Metal Electro et folklorique (Napalm records, 2023)

il aura fallu près d’une décennie aux Autrichiens de Kontrust pour donner un successeur au remarquable sinon remarqué Explositive. Entre temps, le groupe de yoddle metallique aura vu l’arrivée de Julia, la voix féminine complémentaire de Stefan, et celle d’un nouveau batteur, Johannas. Certains auront pu découvrir le groupe qui a mis en joie le Hellfest en 2022, d’autres pourront le découvrir avec Madworld, le nouvel album aux forts relents électro. Car, oui, un groupe évolue avec le temps et si la folie rock et l’entrain folklorique de Kontrust sont toujours là, la formation a également volontairement inclus une forte dose de sonorités électroniques. Et ça marche, croyez-moi! De I physically like you à I can’t control it, en passant par ce qui sera bientôt un hymne en concert, Lederhosen overkill, ou le plus sombre Blacksoul, Kontrust parvient à transformer un parterre metalleux en dancefloor de rave party. Ne nous y trompons pas, les guitares sont bel et bien de mise, mais se font plus discrètes e=tout en visant l’efficacité brute. Si Madworld porte bien son titre, il n’en reste pas moins un album tellement plein d’énergie qu’il en est totalement réjouissant. Fun et réjouissant.

GIRLSCHOOL: WTForty five

Angleterre, Heavy metal (Silver lining, 2023)

C’est toujours un plaisir de retrouver les écolières. Surtout que là, elles ont fugué quelques temps avant de se rappeler à notre souvenir… Le dernier album de Girlschool, Guilty as sin, remonte quand même à 2015. Il était donc grand temps, huit années après, que Kim Mc Auliffe (guitare et chant) et sa complice de toujours Denise Dufort (batterie) reviennent avec un nouvel album. Toujours de la partie, la guitariste Jackie « Jacks » (note: ceux ont eu l’occasion de lire mon interview du groupe parue en 2015 sur un autre webzine comprendront) Chambers se voit depuis 2019 rejointe par Tracey Lamb, bassiste originelle de Rock Goddess. Avec un tel line up, un vent de fraicheur peut souffler – la photo intérieure du livret est d’ailleurs explicite de bonheur. WTForty five? le démontre brillamment, dès It is what it is au refrain d’une simplicité exemplaire qui sera immanquablement repris en chœur sur scène. Si les filles ne réinventent en rien a machine à courber les bananes, elle se montrent très en forme et nous proposent 11 chansons célébrant le heavy rock festif qui a fait leur légende. Si certains thèmes abordent l’état de notre (in)humanité et de la planète (It’s a mess) mais également la période de crise sanitaire (Invisible killer), l’ensemble reste toutefois positif, enjoué et entrainant. Joe Stump fine gâchette de la six cordes, co-compose et enregistre avec les filles le très festif Are you ready. L’album se termine par un hommage à Lemmy – les filles lui sont, ainsi qu’à tous les membres de Motörhead d’ailleurs, éternellement reconnaissantes – avec la reprise de Born to raise hell, titre sur lequel on retrouve naturellement Phil Campbell et l’autre grand ami qu’est Biff Byford, emblématique chanteur de Saxon. WTForty five? On a surtout beaucoup de plaisir à retrouver Girlschool aussi en forme et on espère bien pouvoir aussi les retrouver en salles en 2024 (et à Clisson en juin prochain…) Girl power!

BAD RAIN: Room to breathe

Allemagne/Royaume Uni, Hard rock (Ep, Fastball music, 2023)

Ces quatre là ont grandi au son du classic hard rock qui a égayé nos années 80! Tout au long des 5 titres de Room to breathe, Bad Rain propose un condensé de ce qui les a inspiré: un heavy rock franc du collier qui donne irrésistiblement envie de bouger avec le morceau titre, du hard rock classieux et quelque peu langoureux avec Afterlife, de la tendresse avec les ballades/heavy ballad Your chains et Kingdom et du hard rock pur jus avec Twisted love. On ne cherche pas trop loin au niveau des thèmes abordés, ce n’est pas le sujet. Bad Rain pousse le « vice » jusqu’à s’offrir un son vintage qui colle parfaitement au genre. Voici exactement le genre d’Ep qu’on souhaite voir rapidement être suivi d’un album. Un groupe à découvrir.

DUSK OF DELUSION: Try your freedom

France, Metal (FantaiZic, 2023)

A peine un an après avoir proposé Corosys, album dystopique, les Lorrains de Dusk Of Delusion reviennent avec un Ep qui continue d’explorer cet univers futuriste à la Blade runner meets Terminator. Try your freedom continue donc d’explorer l’univers des corollaires, ces créatures robotico-humaines, dont le sort doit désormais être décidés par la politique et les sentiments individuels… Rien ne change, donc dans le futur, et certains thèmes (la haine de l’autre, partout, toujours…) font résonner l’actualité contemporaine. Après une intro « journal télévisé » expliquant la situation en 2080, le groupe propose 5 titres qui puisent autant dans le thrash old school que dans un metal electro plus moderne. La variété des style et les sonorités apportent à l’ensemble de cette intrigue des couleurs qui donnent envie de se plonger dans les textes. On ne regrettera d’ailleurs que cette difficulté à comprendre l’anglais de Benoit Guillot nous forçant à nous plinger dans les textes de ce disques. Les guitares de Matthieu Morand et Jean Gabriel Bocciarelli ont ce mordant, cette incisivité et cet entrain qu’on attend dans ce type de metal, largement soutenues par une rythmique aussi solide que variée proposée par Julien Sorska, le bassiste, et son compère batteur Nathan Gengenbacher. Maintenant, direction la scène! Car le concept abordé, au delà de l’intérêt musical, mérite d’être visuellement travaillé pour proposer un vrai show au public. il y a de quoi faire!

IN THIS MOMENT: Godmode

USA, Metal (BMG, 2023)

Les fans le savent, In This Moment ce n’est pas que du metalcore comme on aime à le penser. Godmode, le huitième album des Américains est là pour nous le rappeler. S’il commence brutalement avec le morceau titre et The purge, ce disque alterne les tempi et varie les plaisirs tout au long des 10 morceaux. Maria Brink s’y montre très en voix et passe d’un chant enragé à une bienveillante douceur. Elle est en cela soutenue par son complice de toujours, le guitariste Chris Howorth qui démontre, si besoin était, sa versatilité guitaristique. Sans être un spécialiste du groupe, je me prend au jeu d’une écoute continue et la variété des styles m’accroche de bout en bout. Chaque titre parvient à surprendre et interpeller. Il y a plus à ce Godmode que du simple metalcore, In This Moment évitant de se répéter et parvenant à se renouveler.

Interview: KONTRUST

Interview KONTRUST. Entretien avec Julia (chant) et Manuel (percussions). Propos recueillis le 13 novembre 2023.

Metal-Eyes : Avant de commencer, comment se porte la famille Lederhosen (ndMP : nom du pantalon typique du folklore autrichien)

M : Ah, ah ! on est encore en mode festif… Nous venons de sortir l’album, il y a une dizaine de jours, et c’est génial. On a de super retours tant de la part des fans qui se sont montrés vraiment patients que de la part des médias. Pour nous, c’est très encourageant. Presque émotionnel…

« Patients » est le mot approprié puisque votre précédent album, Explositive, date de 2014, bientôt 10 ans. Entre temps, la fille aux cheveux rouge a rejoint le groupe. Que s’est-il passé avec Agata, votre ancienne chanteuse ? Et nous parlerons de ton arrivée juste après, Julia…

M : Simplement, elle a fondé une famille, donc elle a priorisé ça et a préféré quitter le groupe. Je suis certain qu’elle a une super vie avec ses deux enfants. Elle a pris du recul ?

Julia, comment as-tu rejoint Kontrust ? Connaissais-tu le groupe avant ou l’as-tu découvert à cette occasion ?

J : je ne connaissais pas le groupe avant. Je l’ai découvert par le biais d’amis communs et j’ai décidé de tenter une audition pour devenir la nouvelle chanteuse. Il y avait d’autres candidatures, j’ai enregistré certains extraits des chansons les plus connues de Kontrust, les ai envoyées au groupe. Quelques temps plus tard, j’ai reçu une invitation me disant « ok, on souhaite te rencontrer, on aime vraiment ce que nous avons entendu ». On s’est rencontré, le courant est passé et il me semblait évident que ça fonctionnait bien entre nous. Ça sentait bon dès le départ et ça continue dans ce sens.

Tu as intégré le groupe quand, précisément ?

J : Je dirais il y a environ deux ans et demi…

Donc avant la pandémie…

J : oui, un peu avant mais pendant la pandémie, nous ne pouvions pas travailler ensemble. Ce n’est qu’après que nous nous sommes mis au travail.

M : C’était en effet avant la pandémie, donc, oui, on a vraiment commencé à travailler ensemble fin 2020, début 2021…

Manuel, il y aussi eu un autre changement important puisque vous avez recruté un nouveau batteur, exact ?

M : Absolument. Nous avons beaucoup de chance d’avoir Johannas avec nous. Il est vraiment au point, il fait un super boulot et il est très précis. Pour moi, particulièrement, c’est très important : je suis percussionniste et nous devons vraiment coller l’un à l’autre. Tout fonctionne presque parfaitement, aussi bien d’un point de vue musical que personnel.

Etait-ce un critère de sélection important que ces deux nouveaux membres aient un prénom débutant par un J ?

Les deux : Ah, ah !

M : C’est comme ça qu’on les a choisis, en effet !

J : C’était le plan !

Kontrust n’a jamais beaucoup tourné en France. Cependant, vous avez enfin pu jouer au Hellfest en 2022. Quels souvenirs en gardez-vous ?

M : Il faisait chaud et c’était un jour très spécial pour nous : le Hellfest est un des festivals les plus importants en Europe et c’était le second concert que nous donnions avec Julia et Johey (Johannas). Nous avions joué au Grasspop la veille. Ces deux shows leur ont permis de montrer ce dont ils sont capables et ils ont visiblement su nous démontrer que nous avions fait le bon choix.

J : C’était vraiment cool !

Dans quel sens ? Parce qu’il faisait chaud, ce jour-là !

J : Alors imagine, jouer en portant des Lederhosen quand il fait 45° !

J’étais présent, j’ai non seulement vu le groupe jouer dans les tenues traditionnelles mais je t’ai aussi vue dans cette épaisse robe…

J : Imagine la chaleur en plus !

Venons-en à votre nouvel album, Madworld. On ne va pas s’étendre sur le titre du disque parce que nous vivons dans un monde de plus en plus dingue, mais qu’avez-vous mis dans ce disque pour qu’il soit différent du précédent ? j’imagine, Julia, que tu as pu apporter ta personnalité à l’ensemble…

J : Oui, j’y ai mis tout de moi ! Travailler avec un nouveau groupe… Il fallait que je montre ce dont je suis capable, alors il y a ma voix, bien sûr, mais aussi… ma folie et mes cheveux rouge (rires). J’y ai mis mon expérience pour avoir un cocktail un peu dingue…

Et toi, Manuel, comment décrirais-tu l’évolution musicale de Kontrust entre Explositive et Madworld, en dehors du fait d’avoir intégré deux nouveaux membres ?

M : La différence principale est que Madworld est, pour nous tous, le premier album que nous avons entièrement autoproduit, sauf pour le mastering que nous avons fait en France. Tout le reste a été fait par nous. Personnellement, j’ai commencé à composer du nouveau matériel pendant la crise sanitaire, à peu près au moment où nous avons accueilli Julia et Johey. A ce moment-là, j’écoutais beaucoup de musique électronique, du hip-hop, aussi. Je pense que sur Madworld, tu peux vraiment entendre les influences électro, surtout quand tu le compares à nos anciens albums… Selon moi, Madworld est un pont vers notre style futur, nous nous sommes réinventés. Nous continuons de placer des percussions et instruments plus rock mais on a inclus plus de programmation, ce que nous ne faisions pas autant dans le passé. C’est vraiment l’évolution la plus remarquable, et le plus important contraste.

Il y a beaucoup de différences entre ces deux albums. Avez-vous, comme tant d’autres, utilisé les moyens technologiques modernes pour l’enregistrement ou vous êtes-vous retrouvés en studio pour enregistrer ensemble ?

M : Les deux en réalité. Pour nous, il était important que tout soit fait manuellement par nous, en partant de rien. C’était un défi parce que là où se trouvait le studio, il y avait des constructions qui devaient débuter pendant que nous enregistrions. Il a fallu qu’on se dépêche, qu’on trouve un autre studio… C’était désordonné mais au final, on a vraiment tout fait nous-mêmes. En même temps, nous avons pu utiliser la technologie moderne pour obtenir des choses que nous ne pourrions pas faire autrement…

Julia, en tant que membre la plus récente du groupe, comment décrirais-tu la musique de Kontrust à quelqu’un qui ne vous connais pas ?

J : Ouf… Je dirais que c’est une… combinaisons de genres et de sons qui ne sont habituellement pas associés. Un mélange un peu dingue entre des sons électroniques et des percussions, deux chanteurs un peu dingues… Plein de contrastes, en fait. Tu entends ça une fois, tu ne confondras jamais Kontrust avec autre chose (rires).

Et toi, Manuel, que dirais-tu à ces gens qui ne vous connaissent pas ?

M : Que nous proposons une musique très colorée, avec plein d’influences et d’éléments de différents genres musicaux. Parfois même des influences extérieures à la musique et le résultat est un… oui, un contraste permanent. Ce n’est pas une voie à sens unique, c’est plein de couleurs, de styles…

Comment des artistes comme vous parviennent-ils à imaginer des paroles aussi profondes que « Riggiriggiding » ou « Jo didl jo, didl didl jo »… ? (Rires des deux) Vous cherchez avant tout la tonalité pour que ça colle à la musique de Kontrust ?

M : Clairement, sinon ça ne collerait pas à l’esprit…

Si chacun de vous devait ne retenir qu’un titre de Madworld pour expliquer ce qu’est l’esprit de Kontrust aujourd’hui, lequel serait-ce et pour quelle raison ? (Silence de quelques secondes) Euh, il y a quelqu’un, vous êtes encore là ?

M : Julia ?

J : Je pensais que tu commencerais…

M : Non, non… Honneur aux dames, Julia…

J : Ah, d’accord, mais ne dis pas la même chose que moi (rires)… Je dirais I physically like you, la première chanson. A cause de ses « Riggiriggiding », justement ! C’est assez dingue pour définir l’esprit de Kontrust. C’est aussi un titre heavy, dansant, groovy… Il y a tout dans cette chanson.

M : Pour moi… J’ai eu beaucoup de mal à choisir lorsque notre label nous a demandé quelle chanson devrait faire office de single. Il devait y avoir 3 singles avant la sortie de l’album et sur les 11 titres, il y en a 7 qui sont mes préférés. Alors si tu me forces à me limiter à un seul titre, c’est compliqué…

Dans ton état d’esprit d’aujourd’hui, laquelle est représentative de l’esprit du groupe ?

M : Ouais… Si tu veux une réponse vraiment concrète à cette question, je… dois… dire… Black soul. C’était le premier titre que nous avons enregistré, environ 6 mois avant d’enregistrer les autres titres, et c’est une des premières chansons que j’ai composées et elle s’est avérée très efficace, dès le départ. Tout semblait si évident… j’aime son groove, elle est plus heavy que les autres chansons et contient les nouvelles influences. Il y a des percussions très sympas aussi… Oui, ce serait Black soul.

Est-ce que Kontrust parvient à vivre de sa musique désormais ?

M : Partiellement.

Je pose la question depuis la crise sanitaire car beaucoup de musiciens ne vivent pas de leur musique. Quels sont vos métiers respectifs dans votre autre vie ?

M : On est nombreux à avoir un job régulier, mais également lié à la musique. Julia, par exemple, est une chanteuse professionnelle, donc, elle fait du chant à temps plein. Je m’occupe de tout le travail de back office et du management de Kontrust, donc j’en tire un peu d’argent aussi, Stefan et Johey ont d’autres métiers : Stefan travaille pour une boite de marketing, Johey travaille dans l’industrie automobile, Mike est technicien de studio – il a son propre studio où nous avons pu enregistrer et mixer l’album – et Gregor est prof de musique.

Y a-t-il des thèmes que vous ne souhaitez pas aborder dans vos chansons parce que vous estimez que ça n’a rien à faire dans la musique de Kontrust ? Ou pensez-vous que Kontrust peut parler de n’importe quel sujet ?

M : Désolé Julia, je vais commencer… En général, les musiciens et les artistes devraient pousser les limites. A mon sens, ils devraient être autorisés à dire ce qu’ils veulent. Ce n’est pas spécifique à Kontrust. Donc si la question est de savoir si les artistes devraient pouvoir tout dire, ma réponse est clairement « oui ».

J : Je ne peux répondre que de mon point de vue… Mais si les autres me demandent ce que je ne voudrais pas chanter, ce serait au sujet de la politique ou de la religion. Je préfère en rester éloigner autant que possible, il y a tant d’autres sujets à traiter…

Avez-vous quelque chose à ajouter pour conclure ? Julia ?

J : Ah, « les femmes d’abord » (rires) ! Peu importe ce qu’il se passe dans ce monde de dingues, soyez vous-mêmes, aimez et vivez votre vie, écoutez de la bonne musique, écoutez Kontrust, et profitez de chaque jour de la vie. Restez Rock n roll.

M : Je suis impatient de revenir en France, on y a toujours passé de super moments… Jusque-là, écoutez l’album, streamez le, regardez les vidéos, achetez-le si vous le pouvez, et on se retrouve sur scène.