GHOST: Ceremony and devotion

Hard rock, Suède (Spinefarm, 2017)

Qui a déjà vu Ghost live le sait: le groupe frise la perfection à chacune de ses apparitions. Et après seulement 3 albums studio, les Suédois nous offrent enfin un album live, double qui plus est. Le tracklisting de Ceremony and devotion est impeccable, chaque album étant représenté, rien n’étant à jeter. Allez, la seule que l’on puisse regretter? Le public « capté » à San Francisco, trop parfait pour être honnête. Ca sent simplement le travail en studio, tant les interventions tombent pile comme il faut. Mais ne nous arrêtons pas à si peu, la technique a été utilisée tant de fois qu’on n’en est plus surpris. Le principal reste bien le plaisir qu’on a à écouter les Per aspera ad inferi, From the pinacle to the pit, Year zero, Mummy dust… On pourrait tous les citer tant la setlist resseble à un défilé de hits. Ceremony and devotion est le témoignage d’une formation qui, comme d’autres avant elle, a traversé des épreuves qui pourraient remettre en cause son avenir. A suivre lors du prochain Download Paris, en juin prochain, où Ghost nous montrera sans doute un nouveau visage. En attendant délectons nous de cet album délicieusement subversif qui se termine avec l’incontournable speach de Papa Emeritus III précédant Monstrance clock. A savourer vous dis-je!

STONE BROKEN: Ain’t always easy

Rock, Royaume-Uni (Spinefarm records, 2018)

Personne ne pourra nier l’influence de Nickelback sur ce second album des Anglais de Stone Broken (le premier est paru en 2016 ). La puissance, l’efficacité des compos, la production léchée tout est réuni sur Ain’t always easy pour séduire tant les radios que le grand public. Il y a juste ce qu’il faut de séduction dans le chant de Rich Moss – puissant et mélodieux, sans jamais trop en faire –  et un énorme sens du morceau accrocheur pour que succombent rapidement pucelles et tourtereaux… et nombre de médias en recherche d’audience. Worth fighting for, qui ouvre le propos promet de vivre de grands moments rock et Let me see it all, coquin en diable, confirme la bonne tenue de l’ensemble. En tout cas, sur la première partie de l’album. Car la seconde est plus téléphonée, classique et entendue. Comme me le confiait Rich, le chanteur, lors d’une récente interview, Stone Broken a placé, sur chacun de ses album, le titre le plus représentatif de la musique du groupe en premier. Doit-on alors s’attendre à moins d’inspiration par la suite? Ne parlons pas de la ballade racoleuse Anyone – déjà faite un million de fois, souvent en mieux. Si la recette est gourmande, on n’est guère plus surpris jusqu’au final The only thing I need qui relance la machine. En résumé, cet album s’écoute avec plaisir, malgré une baisse de régime qui pourrait presque faire penser à du remplissage. Il y a toutefois un incontestable savoir faire qui rappelle d’autres grands du genre : Alter Bridge, Volbeat ou même Black Stone Cherry font sans doute partie des influences alors ne boudez pas votre plaisir.

MY TICKET HOME: Unreal

Metal, USA (Spinefarm, 2017)

Formé en 2008 dans la tristement célèbre ville de Columbus, dans l’Ohio, My Ticket Home propose un metal alternant entre heavy et neo. Se rapprochant parfois du metalcore, surtout dans les lignes de chant, Unreal, s’il est dans l’ensemble carré et réfléchi, ne parvient que rarement à se démarquer du reste de cette scène qui commence à se répéter. Les guitares sont, à mon goût, sous mixées, pas assez mises en avant pour être vraiment percutantes, et le chant, alternant entre agressivité et clarté, manque de ce quelque chose qui ferait la différence, alorsque les mélodies présentent de nombreux atouts, dont une réelle capacité à faire se bouger les corps. Seulement, l’impression de déjà entendu, de tourner en rond, de répétition du genre s’impose rapidement. Un essai sympa, mais qu’il faudra distinguer de tout ce qui peut se faire dans le genre.

DIABLO SWING ORCHESTRA: Pastifisticuffs

Rock barré, Suède (Spinefarm, 2017)

Certains appellent ça du metal avant-gardiste, je dis que c’est un mélange complètement barré de différents genres musicaux. Incontestablement rock, Diablo Swing Orchestra, joue sur les genre en nous proposant sur ce troisième album, un joyeux mélange de genres. On retrouve un bel esprit country « à la » Steve’n’Seagulls, un chant féminin totalement énervant, des rythmiques enlevées, proche du ska, des influences slaves et tziganes, le tout dans un esprit très cirque et cartoonesque, inspiré par l’univers Disney des années 50 et 60. Le jazz est omni présent, les swing aussi. Remarquable, le chant, masculin et féminin, est aussi traditionnel que dingue – pas de hurlements, non, mais de la profondeur abyssale masculine à une certaine dinguerie narquoise féminine, tout y passe. Déjanté à souhaits, complètement décalé, ce Pacifisticuffs (c’est pas un titre à la Mary Poppins, ça?) s’écoute avec délectation et plaisir. Une joyeuse détente de 13 chansons destinées à égayer nos fêtes de fin d’années? Une chose est certaine: cet album donne la pêche!

ANTI-FLAG: American fall

Neo punk, USA (Spinefarm, 2017)

Ils ont quoi, tous ces groupes US nés dans les 90’s qui se disent issus de la mouvance punk à nous pondre des albums aujourd’hui tout sauf dangereux? Anti-Flag semble suivre les traces des Sum 41, The Offspring ou autres Green Day. C’est efficace, certes, mais trop popisant pour être vraiment l’oeuvre d’un groupe encore en colère. Attention: le chant de Justin Shane a toujours ces intonations narquoises et irrévérencieuses, les influences punks ou ska sont bien présentes un peu partout, cependant le son est trop propre pour le genre, manque de crasse. Selon mes critères, évidemment! Les Ohohoh que l’on retrouve partout sont toutefois une invitation à faire la fête et foutre un gentil bordel. American fall est un album festif, efficace, loin du punk mais, après tout, bigrement entraînant.

CYRHA: Letters to myself

Hard rock, Suède (Spinefarm, 2017)

Quand on prend un ex-Amaranthe (le chanteur Joacim Lundberg), qu’on ajoute 2 ex In Flames (le guitariste jester Strömblad qui a aussi sévi chez Hammerfall ou Dimension Zero parmi d’autres, et le bassiste Peter Iwers), pas étonnant que l’on écoute un album à la fois puissant et mélodique. Et « mélodie » semble êtyre le maitre mot de Letters to myself, le premier album de Cyrha, groupe formé il y a moins d’un an! Tout est ici attirant et suave sans tomber dans la guimauve… Les chansons sont entraînantes, parfaitement produites, et ne visent qu’à faire se trémousser et chanter le public. Karma, Heartrage, Muted life, Holding your breath… Tout est séduisant et carré (sauf la ballade trop prévisible Closure trop sirupeuse, mielleuse à mon goût…) La puissance que l’on retrouve généralement en ouverture cède la place à un chant très AOR, doublé d’une batterie effrénée sur fond de guitares rageuses, grasses et lorgnant parfois du côté du sleaze. Une recette qui a fait ses preuves et qui a encore de beaux jours devant elle. Car même une si cet album est une mer de bons sentiments, quand c’est bien fait, ben… ça le fait!

36 CRAZYFISTS: Lanterns

Metalcore, USA (Spinefarm, 2017)

Jamais je n’ai été un grand amateur de metalcore, ni de neo metal, les deux « étiquettes » qui collent comme de la glu au dos des Américains de 36 Crazyfists. pour son huitième méfait, Lanterns, Brock Lindow seul membre originel, semble toujours aussi déterminé. Si Death eater attque sévère, Wars to walk away from, explosif, est plus ambiancé, un signe encourageant. Mais on ne se refait pas: si 36 Crazyfists sait apporter une savante dose de mélodies à ses compos, le maître mot demeure « brutale efficacité ». Metalcore est sans doute restrictif, mais on reste dans le « core ». Même la power ballad Sea and smoke se fait brutale, contrairement à l’acoustique Where revenge ends, temps calme et doux avant le retour de la furie. Doté d’une belle production, l’album se laisse, finalement, écouter avec plasir. Même si des pauses sont, dans mon cas, nécessaires…

IN SEARCH OF SUN: Virgin funk mother

Rock, Royaume-Uni (Spinefarm records, 2017)

Quel nom judicieusement trouvé! Cela pour deux raisons: d’abord le groupe est anglais et tout le monde connait la météo outre-Manche (ah! c’te blague: la dernière fois que je suis allé à Londres le temps était radieux!). Ensuite parce que, ici, en France – dans sa majeure partie – ce soleil, on l’a cherché cet été… Passons sur ces conditions estivales, et revenons à l’objet du sujet: In Search Of Sun.

Formé en Angleterre en 2011 et déjà auteur d’un album (The world is yours en 2014), le groupe surprend, étonne, intrigue. Si les bases musicales sont clairement hard rock, In Search Of Sun teste et explore, inclut à sa musique divers éléments. La mélodie toujours présente est parfois agrémentée d’influences purement bruitistes (le pont sur Bad Girl) ou, à l’opposée, funky (Mother Funk, un titre qui parle de lui-même). L’esprit explorateur, pas forcément d’un abord aisé, fait par instant penser au rock progressif et/ou au jazz rock. On peut toutefois se demander l’utilité d’un titre comme Little wolf, composé de 55 secondes de… silence, suivies de sons étranges… Une intro à Never dont le groupe aurait pu se passer. Reste qu’en ratissant aussi large (il y a même un titre qui s’intitule In the garden…) pourrait attirer un large public, rock plus que metal, mais large quand même.

FLOGGING MOLLY: Life is good

Rock folklorique, USA (Spinefarm, 2017)

Flogging Molly, c’est qui? Formé à Los Angeles en 1997, Flogging Molly abandonne petit à petit ses aspirations punk originelles pour s’orienter vers un rock folklorique, inspirée autant par la musique celtique que par la country américaine.

Life is good, ça donne quoi? Une belle surprise pour qui ne connait pas le groupe. Life is good, c’est 12 morceaux qui célèbre la vie et la joie de vivre. Le folk celtique est partout présent, le fun aussi. Le groupe n’oublie cependant pas ses origines américaines par la présence – moins prépondérante – de country music. Mais, sous cette façade « la vie est belle » les textes sont graves, s’inspirant d’une actualité triste et sévère. LA mélancolie, c’est la force des violons et de l’accordéon, n’est jamais loin, cédant le pas à un rayon de soleil. Le chant fait penser à celui de Michael Slattery (souvenez vous de The Shoulders et leur superbe Trashman shoes en 92!) en moins… trash, justement. Voila un album qui ne peut laisser de marbre, pour peu qu’on apprécie un tant soit peu ce folklore irlandais qui respire la joie de vivre.

Flogging Molly sera en concert au Bataclan de Paris le 4 juillet 2017

Note: 8,5/10

Sortie: le 2 juin 2017

 

SEETHER: Poison the parish

Metal, Afrique du Sud (Spinefarm, 2017)

Seether, c’est qui? Formé en 2002 en Afrique du Sud par le chanteur et guitariste Shaun Morgan Welgemoed, Seether dispense un metal empreint de grunge. Malgré de nombreux changements de personnel, le groupe parvient à se forger une solide fanbase et propose aujourd’hui son 7ème album studio, auquel il convient d’ajouter un live.

Poison the parish, ça donne quoi? Varié, ce nouvel album est à la fois envoûtant, familier et inquiétant. Familier parce que le chant et les guitares (flagrant sur I’ll survive) évoquent Nirvana, la rage se dispute parfois avec la colère. Quelques hurlements sont ainsi évocateurs sur Stroke the fire ou Nothing left, mais la mélancolie, l’inquiétude (les paroles en général, qui me semblent dénoncer une certaine forme de superficialité de nos sociétés) ou la douceur (Against the wall, Sell my soul) trouvent également place tout au long de ce superbe Poison the parish. Les mélodies sont accrocheuses, les riffs mémorables et le refrains chantant sans être gnangnan. En gros, Seether signe un album riche, diversifié, un disque qui ne peut laisser aucun amateur de rock indifférent. Une invitation à un voyage sonore émouvant, entraînant et d’une remarquable efficacité.

Seether sera au Bataclan de Paris le 13 octobre 2017 pour une unique date en France!

Note: 9/10