Interview: ONE LIFE ALL IN

Interview One Life All In. Entretien avec Clem (guitares) le 13 juillet 2023

Trois ans entre vos deux derniers disques, c’est assez long… En dehors de la crise sanitaire, que s’est-il passé ces trois dernières années ?

Ça a été principalement l’enregistrement de l’album, justement ! On a passé pas mal de temps dessus : on est rentrés en studio courant 2021 et on vient de terminer en janvier ou février dernier. Beaucoup d’échanges avec le studio et entre nous… On est restés en studio jusqu’à la phase de mix et, malheureusement, le mixage ne s’est pas passé comme on le souhaitait. On a récupéré les prises qu’on avait faites au studio et on a finalisé le mix à la maison. On y a passé pas mal de temps parce qu’on n’avait pas toutes les compétences et connaissances pour le faire nous-mêmes. Il nous a fallu apprendre – c’est même plutôt moi que nous, puisque c’est moi qu’i m’en suis chargé…

Comment s’est passé l’enregistrement ? Vous avez pu vous retrouver en studio ou avez-vous travaillé à distance ?

Pour tous les instruments, on s’est retrouvé ensemble, à Lyon. Don a enregistré ses parties chez lui, il a le studio et le matériel pour pouvoir le faire. Il a fait ses prises, nous les a envoyées et on a tout rajouté à ce que nous avions enregistré.

La dernière fois que nous avions parlé, je t’avais demandé si Don vous envoyait parfois des lignes de chant pour que vous travailliez la musique autour de ce tte base. Tu me disais que non, mais que vous souhaitiez pouvoir le faire plutôt que de commencer par la musique pour ajouter le chant ensuite… Ça a pu se faire ?

On n’a pas changé notre méthode, non. On n’a pas travaillé comme ça pour cet album mais c’est certainement quelque chose qu’on va faire pour le prochain pour lequel on a déjà du matériel. Notamment un morceau que Don a composé de son coté, qui est un peu différent. Là, on va travailler autour de sa version pour rajouter les instruments.

Que peux-tu me dire au sujet de Eye of the storm pour me convaincre d’aller l’acheter ?

Eye of the storm, c’est un album de punk hardcore mais pas que (rires). On va piocher dans nos influences, parfois un peu thrash, parfois un peu plus aérien ou mélodique… tout en gardant une ligne directrice qui est le hardcore. On vient de là… On a un morceau « clin d’œil » à SOD qui fait un peu moins de 10 secondes… On a des morceaux un peu plus mélodiques, plus posés, Life of dreams qui fait un peu ballade, qui débute avec une guitare acoustique, un autre, War, qui commence un peu plus post rock et qui évolue vers d’autre choses et on a des morceaux vraiment très hardcore, mais d’autres un peu plus progressifs dans lesquels on essaie de rajouter d’autres nuances… On des morceaux qui peuvent évoquer Suicidal Tendencies ou Life Of Agony…

S’il te plait… Evitez de jouer en concert le morceau de moins de 10 secondes dans les trois premiers titres. Pensez aux photographes !

(rires) Oui ! On l’a déjà joué mais je pense qu’on ne va pas le garder dans le set…

Comment analyserais-tu l’évolution de one Life All In entre Letter of forgiveness et Eye of the storm ?

Entre les deux derniers, on est à peu près sur la même « recettes ». je vais plutôt comparer les deux dernier au premier, The A7 sessions. Sur le premier, on avait des morceaux qui avaient chacun une identité propre. Il n’y avait pas vraiment d’unité. 6 morceaux, mais 6 morceaux différent sans vraie cohésion. A partir de Letter of forgiveness, on a réussi à mettre toutes nos influences dans un seul morceau. On n’a pas six morceaux distincts mais on a un Ep avec une certaine cohérence. Sur l’album, on est parti de notre base, le punk hardcore et on a rajouté toutes nos influences. Il y a des groupes sur lesquels on se retrouve tous : Biohazard, Madball, Sick Of It all, ce sont des classiques, mais chacun a ses influences autres : je suis influencé punk rock, Don, punk hard core, Kevin c’est le metal extrême, Frank c’est du thrash, heavy… on a un point de départ qui est le hardcore et chacun ajoute sa touche aux morceaux.

L’album est assez varié, maintenant, si tu devais ne retenir qu’un seul titre de Eyes of the storm pour expliquer ce qu’est One Life All In aujourd’hui, ce serait lequel ?

Je dirais Despair. Je crois que c’est le plus représentatif parce qu’on a tout dedans. Le hardcore, la mélodie, le solo, il y a tous les éléments qui font One Life All In.

Il y a une autre évolution, cette fois visuelle : la pochette précédente avait une illustration très arty, celle de Eye of the strorm est dans l’esprit du titre et m’évoque aussi bien l’œil du cyclone, avec ses courbes, que le film Inception et un monde post apocalyptique.

Je suis d’accord avec ce que tu dis. On a voulu un peu changer, comme à chaque fois, d’ailleurs. On cherche à aller un peu plus loin. Il a fallu trouver quelqu’un et il y a un illustrateur français que j’aime beaucoup, qui s’appelle Aurélien police qui fait des illustrations de livres de science-fiction. J’ai demandé aux autres membres du groupe ce qu’ils pensaient de son travail, si ça pouvait coller pour la pochette de l’album et ils ont répondu pourquoi pas… je l’ai contacté, je lui ai demandé si ça l’intéressait, je lui envoyé nos idées, les paroles… et il nous a rapidement proposé quelque chose qui reprend le titre Eye of the storm. Il y a l’effet circulaire et l’œil du cyclone c’est aussi là que tout explose. Ce que dit Don dans ses paroles, c’est qu’aujourd’hui on vit dans un monde où il y a partout et entre tout le monde de s problèmes de communication. On est tout de suite dans le jugement, la prise de position, la confrontation… Il n’y a pas de vrais échanges, communication, discussion… on le voit de plus en plus, notamment sur les réseaux sociaux… Derrière ça, on en arrive à des émeutes, les gens ne se parlent pas, ils cassent… on est en plein dedans aujourd’hui. Après la destruction, il faut reconstruire… L’idée c’est comment faire ressortir le positif de toute cette négativité, réussir à reconstruire quelque chose avec d’autres valeurs, en tout cas, ne pas reproduire ce qui n’a pas fonctionné.

Ce qui est intéressant, c’est que lui vivant aux Etats Unis fait le même constat que ce que nous voyons en France.

Oui, absolument…

Si tu devais penser à une devise pour One Life All In, ce serait quoi ?

Euh… « Qui ne tente rien n’a rien » … Pourquoi ? Parce qu’avec One Life All In c’est un peu ce qui se passe. Quand on a commencé avec Frank, on avait besoin d’un chanteur. On pensait à Don, on n’osait pas lui demander et finalement, on lui a demandé, ça l’a intéressé, il nous a rejoint. La même question s’est posée avec le batteur, on a demandé à Kevin… et il a accepté. Si on n’avait pas tenté, on ne serait pas là aujourd’hui.

Vous avez la difficulté d’être des deux côtés de l’Atlantique. Vous prévoyez des concerts ?

C’est vrai que ce n’est pas évident de se retrouver. Mais on a la chance d’avoir des contacts des deux côtés. On a fait deux dates à Philadelphie et à New York, grâce aux contacts de Don. Aujourd’hui, on travaille sur une petite tournée, courant novembre, aux USA, mais aussi sur une tournée européenne début 2024. Pour le moment, rien de confirmé, mais c’est en cours.

Interview Festival 666

Interview : Festival 666. Entretien avec Victor PÉPIN, propos recueillis le 3 juillet 2023

Juste avant de parler de la nouvelle édition du festival 666, peux-tu faire un retour sur la précédente édition de 2021 ? Quelles sont tes points de satisfaction, d’insatisfaction et autres ?

La précédente édition s’est déroulée en 2021 dans un contexte post covid. On était l’un des seuls festivals rock/metal à avoir été maintenu en France. On a eu un franc succès mais un succès tel que le festival a eu raison de ma Licence 1 en fac de droit. Le festival m’a demandé beaucoup de temps dans son organisation et j’ai dû redoubler ma licence 1. Mon but était aussi d’avoir un diplôme et ma place dans le cursus universitaire. J’ai décidé d’alléger le format du festival et de ne pas l’organiser en 2022 à part une soirée Off qui s’est déroulée le 19 août dernier au Crossroads, une salle à la Rochelle. On a accueilli Sick Of it All, Loudblast et Mobutu. De là, j’ai enfin pu passer en licence en fac de droit et on peut enfin organiser notre quatrième édition comme elle se doit.

Quelles sont tes satisfactions de l’édition 2021 ?

La première satisfaction est d’avoir réussi à réunir de nouveau tout ce petit monde. Les festivaliers n’avaient pas été en concert depuis deux ans, les artistes n’étaient pas montés sur scène depuis deux ans, donc on était super fiers de pouvoir réunir ces gens entre eux. C’était une belle communion, les artistes étaient émus d’être de nouveau sur scène et les festivaliers contents de sentir les basses faire vibrer leur corps, d’aller pogoter… On sentait que Cercoux était l’endroit où être en France le temps d’un week end. C’était vraiment génial !

J’imagine qu’une des insatisfactions c’est l’annulation en toute dernière minute de Phil Campbell…

C’est en effet la plus grande déception… Il a dû annuler la veille pour le lendemain son show pour cause de Covid. L’enjeu a été de pouvoir trouver en 24 heures une tête d’affiche pour remplacer Phil Campbell and the Bastard Sons. Ça a bien fonctionné puisque Bukowski a pris la relève de la plus belle des manières.

La nouvelle édition va se tenir du 11 au 13 août prochain. Y a-t-il des évolutions notables que le public va pouvoir constater ?

Il n’y a pas d’évolution majeure sur le site du festival, tout simplement parce que le public a apprécié le site et nous n’avons pas été désireux de le changer. On garde le même site. Simplement, en 2021, les scènes étaient face à face, cette année, nous allons les mettre côte à côte, ce qui permet de gagner du terrain et de pouvoir accueillir 2.000 personnes par jour au lieu de 1.500.

Il y a donc une évolution dans l’utilisation de l’espace et l’accueil du public. Camping, sanitaires… c’est toujours les mêmes que vous utilisez ?

Oui, toujours les mêmes. Le parking et l’aire de repos sont adjacents l’un à l’autre, le tout étant à moins de 300 m du site du festival.

Que donnent les relations avec les riverains à Cercoux ?

Les riverains accueillent très bien le festival et les festivaliers. Il y a tout un travail en amont puisqu’on va frapper chez les gens, on les prévient qu’il y aura du monde dans Cercoux ce week end là… Au-delà de ce travail en amont, les habitants sont maintenant habitués à voir arriver une fois par an des metalleux arriver. Ils sont contents, en fait, une fois par an, ça fait une animation dans Cercoux ! C’est un tout petit village, et pendant le festival, la population double, voire triple.

Quels sont les groupes à l’affiche, cette année ? j’ai vu pas mal de groupes français mais aussi quelques étrangers…

Notre objectif premier est toujours de promouvoir la scène française, que je trouve très belle et très qualitative. Il faut la promouvoir, et on essaie d’avoir le plus de groupes français à l’affiche tous les ans. Cette fois, nous avions pour objectif de faire passer le festival à une étape supérieur – sans être offensant envers les têtes d’affiches précédentes…  On voulait pouvoir accueillir plus de monde et faire grandir le festival. Pour ce faire, il faut inévitablement accueillir des groupes internationaux. Du coup, on est allé les chercher et, pour être honnête, c’était, de loin, la  programmation la plus difficile à mettre en place. Pour aller chercher des groupes internationaux, il faut être compétitif, savoir bien se vendre pour que l’agent envoie son groupe chez nous plutôt que dans un autre festival européen qui qe déroule en même temps. En plus, nous n’avions que trois éditions à notre actif, il faut donc vraiment que l’agent nous fasse confiance.

Tu es particulièrement fier d’avoir décroché qui ? Si tu es fier d’avoir décroché un groupe plutôt qu’un autre…

Ah, si ! Je suis très fier d’avoir pu décrocher Alestorm. Je trouve que pour une quatrième édition, les avoir en tête d’affiche, et avec une programmation aussi qualitative, c’est super ! Un ou deux groupes manquent à l’appel et je vais tout faire pour les avoir en 2024.

Ah ? On peut savoir ?

Ben non, pas tout de suite ! (rires)

Vous avez aussi décroché un groupe très en vue en ce moment : les Espagnols de Crisix qui, comme Alestorm, sont un gage de bonne humeur.

Tout à fait. Pour la petite histoire, Crisix est sur l’affiche depuis que nous avons eu l’annulation de Novelists, qui a annulé toute la tournée estivale à cause d’un changement de line up. J’ai dû passer quelques appels pour trouver un bon groupe pour les remplacer, et j’ai trouvé Crisix et je les ai tout de suite pris.

Cette édition s’intitule Look into your sins. Peux-tu nous en parler ?

Tu vois notre affiche ? Elle reprend Charlie, notre clown maléfique. Il est dans une position de Jésus en transe, un Jésus qui prêche. Afin d’être légèrement encore plus provocateurs, on a rajouté ce titre, Look into your sins, ce qui signifie Repentissez-vous. Ça tombe bien, notre festival s’appel 666, il y avait tout un univers à créer… Comme, cette année, on commence à recevoir des groupes internationaux, c’est le bon moment pour développer ce monde-là.

 Il y a donc tout un univers visuel que tu souhaites pouvoir développer à l’avenir ?

Exactement. Le clown, le petit diable qu’on voit tous les ans sur l’affiche est là. On reprend un peu le rituel d’Iron Maiden qui a toujours Eddie sur ses visuels… Charlie sera toujours là et évoluera avec le temps. On a également pour la première fois proposé un teaser pour lequel on a fait appel à un réalisateur, des acteurs… On a publié ça en décembre, on a vu Charlie personnifié dans un très beau petit film.

Pour pouvoir se procurer les places, il y a la billetterie en ligne (https://my.weezevent.com/festival-666-2023-4), mais peut-on les acheter ailleurs ?

Pas à ce jour à moins d’être de Cercoux, où les places vont être mises en vente à la superette qui se trouve à 50 m du festival. Sinon, tous nos billets ne sont en vente que sur le site internet. Aujourd’hui, on est à 65% de billets vendus, ce qui est rassurant à un mois du festival. Nous sommes en avance sur la billetterie par rapport à 2021, donc, a priori, on devrait finir sold-out. La fête va être belle !

Le seuil de rentabilité se situe à combien de spectateurs ?

Comme on a une capacité maximale de 2.000 spectateurs, on devrait égaliser vers 1.600 billets vendus.

Tu as obtenu ta licence, envisages-tu de faire de ce festival un évènement annuel ?

Oui, maintenant, je dois aussi obtenir ma licence 3… J’attends les résultats le 13 juillet, en espérant avoir réussi pour ne pas redoubler une nouvelle fois (rires) ! J’ai envie de faire progresser ce festival qui a le vent en poupe.

Le faire progresser, jusqu’à combien de personnes ?

A Cercoux, on peut, en fonction des aménagements du site, aller jusqu’à 4.000 personnes par jour. Donc on peut encore faire progresser le festival dans Cercoux, changer de champs et des choses comme ça, on peut aménager le site différemment… En tout cas, on a encore une belle marge de manœuvre pour atteindre ce chiffre.

Combien de temps te prend l’organisation d’un tel festival ? Tu prévois déjà 2024, penses-tu aussi à 2025 ?

2025, ça fait beaucoup ! 2024, c’est largement suffisant pour moi. Il faut 13 mois pour organiser le festival, le treizième mois, c’est maintenant, le mois de juillet. C’est maintenant que débute la programmation, j’ai déjà envoyé quelques offres à quelques têtes d’affiches. Si elles répondent « oui », tant mieux ! Le vrai festival, on va commencer à l’organiser vers septembre ou octobre.

Sans dévoiler les têtes d’affiche de 2024, y a-t-il un ou des groupes que tu voudrais vraiment pouvoir avoir à l’affiche du 666 ?

Il y en plein ! J’ai à cœur de promouvoir la scène française, donc, inévitablement, le groupe que je suis désireux d’accueillir, c’est Gojira. Je vais tout faire pour être un jour suffisamment crédible aux yeux du groupe pour les accueillir chez nous. Ça demande beaucoup de travail. C’est mon objectif final. Sinon, il y a des groupes que je voudrais vraiment pouvoir accueillir, comme Hatebreed, que j’adore.

Pour terminer, as-tu une ou des anecdotes à partager sur les éditions passées ?

On peut reprendre dans l’ordre… 2018, je n’ai pas d’anecdote si ce n’est le fait que Nico (Tagada Jones) m’expliquait comment organiser un festival. Je n’avais que 15 ans, on était en septembre 2017, le festival allait se passer en août 2018 et j’étais en contact avec lui pour que Tagada Jones vienne jouer chez nous. Il m’a prévenu qu’un festival, ça demande des fonds, des choses à prendre très sérieusement ; Il a été très bienveillant avec moi, il m’a aidé à monter ça… Ensuite, en 2021, ce qui m’a surpris c’est que c’est Phil Campbell lui-même qui a demandé à venir jouer au festival. Il m’a envoyé un message sur Instagram… J’étais honoré, tout simplement ! je ne pouvais pas refuser une telle demande et on l’a intégré au line-up. Le souvenir qui restera le plus marquant pour moi, je pense, c’est quand je suis monté sur scène en 2021 pour remercier les festivaliers d’être venus après autant d’absence et de nous avoir fait confiance. Je ne suis pas habitué à tenir un micro, j’étais stressé, j’avais peur de bégayer, mais les gens étaient très réceptifs. Juste après, je suis allé pogoter avec eux pendant le concert de Mass Hysteria. C’est un très bon souvenir !

Une dernière chose avant de terminer ?

Oui : on est une bande de jeunes qui nous démenons, avec les bénévoles, pour organiser une fête les 11, 12 et 13 août prochains. Ça tombe bien puisque le 15 août est férié, les festivaliers pourront faire le pont pour se reposer après 3 jours de festival. Et comme on est à 20’ de Saint Emilion, on pourra faire les vignes tous ensemble pour déguster du bon vin !

Victor PÉPIN, fondateur et organisateur du festival 666

LES ACTEURS DANS L’OMBRE, part 2: Roger WESSIER – Where The Promo Is

Acteur incontournable de la scène hard rock en France depuis de nombreuses années, amoureux des groupes français (il a notamment participé à l’organisation et la promotion de la plupart des PMFF, aux concerts des come back de Vulcain ou Blasphème, a mis en avant des Malemort, Smash Hit Combo, Asylum Pyre et des dizaines d’autres), et des étrangers aussi (c’est grâce à lui que le public parisien a pu découvrir ou retrouver sur scène des formations comme Black Stone Cherry, Royal Republic, Girlschool, Raven…), Roger Wessier, que les journalistes professionnels comme amateurs connaissent plus que bien, a récemment ouvert sa structure, Where The Promo Is (WPTI), dont il nous parle aujourd’hui.

Roger, on se connait depuis de nombreuses années, et tu es dans ce milieu depuis plus longtemps encore, donc on ne va pas revenir sur ton parcours. Simplement, tu viens de te lancer dans l’aventure de la promo seul en montant ta structure, Where The Promo Is. Quels sont les objectifs que tu te fixes avec ce nouveau challenge ?

Hello Metal-Eyes, merci de me donner la parole (enfin l’écrit 😊) Mon objectif est de contribuer au développement du rock & metal français, de faire découvrir des talents, des groupes, les Français ont largement le niveau à l’international, on le voit de plus en plus

Combien de personnes font-elles partie de ton équipe ?

Je suis tout seul 😊

Quelle est la vocation première de WTPI ?

Le soutien à la scène française.

Et sa stratégie sur ce marché, comment touches-tu les groupes, vas-tu les chercher ou sont-ce eux qui te contactent ?

J’en connais beaucoup et il y en a toujours plein à découvrir, donc on me contacte et je contacte également

Comment sélectionnes-tu ceux avec qui tu vas travailler ? As-tu des styles de prédilection et, au contraire, y a-t-il des styles musicaux, des groupes, avec lesquels tu ne souhaites pas travailler ?

Rock et metal et déjà là-dedans, il y a de multiples styles, donc tant que c’est pêchu, ça le fait pour moi 😊

Concernant les médias, même question : comment les « sélectionnes »-tu ?

La porte est ouverte, et chacun a son rythme évidemment. La plupart des gens étant bénévoles, je n’effectue une sélection que si je me trouve avec une bande de branleurs, évidemment 😊

Tu as toujours soutenu les groupes français et il semble que tu sois parti pour continuer sur cette voie. As-tu un lien particulier avec cette scène ou est-ce simplement le business qui guide tes choix ?

J’ai un lien particulier avec cette scène, moi-même issu de plusieurs groupes auxquels j’ai participé dans les années 80. Le travail de répet, compo, studio, concerts, relations, je connais bien…

Souhaites-tu accompagner également des groupes étrangers, et, si oui, as-tu des premières pistes ?

Dans l’immédiat, non, mais on verra selon le développement. Tout seul, il faudra bien que je gère au mieux et en étant le plus organisé possible… A voir, donc.

Justement, par quel biais les groupes peuvent-il contacter WTPI ?

Par ma page facebook https://www.facebook.com/wherethepromois/ ou via email : roger@wtpi.fr

Que cherche un groupe qui signe avec toi ? Quels services lui propose WTPI ? Est-ce un package ou individualises-tu les demandes ?

C’est un peu à la carte, soit de la news à publier, soit une promo globale avec l’envoi de CDs… Oui je travaille à l’ancienne car maintenant tout se fait via des liens tandis qu’avec un envoi de CDs, il est sûr qu’on aura plus d’impacts et de chros qui vont tomber

Quel budget un groupe qui fait appel à tes services doit-il prévoir et pour quel(s) service(s) ?

Je n’évoquerai rien de financier mais je suis là pour aider avant tout, donc même pour l’aspect financier, je reste arrangeant 😊

Sur ton segment, quels sont tes concurrents – et néanmoins amis, naturellement – et que proposes-tu de différent de ces derniers ? En d’autres termes, quelle est la valeur ajoutée de WTPI ?

Je dirai que je reste le seul à travailler sur des groupes que d’autres qualifieraient de « sans potentiel »

Le logo de Where The Promo Is, s’il évoque Beetlejuice, Scooby-Doo, les Contes de la crypte et les séries/films d’épouvante des années 60/70 contient aussi une toile d’araignée. Doit-on comprendre que 1/ tu travailles à l’ancienne et que 2/ la promo mérite d’être dépoussiérée ?  

Oh je n’ai pas eu ce genre de réflexion là-dessus, non ! Le logo est le même que Where The Action Is (société d’un ami qui loue des vans et véhicules de tournées pour les groupes et artistes), j’aimais beaucoup son logo et le nom, et on a fait une déclinaison, voilà tout 😊

Pour presque conclure, ton parcours t’a amené à rencontrer certains des plus grands artistes du metal contemporain. Qui es-tu particulièrement heureux d’avoir rencontré ?

Oui j’en ai rencontré pas mal, mes plus belles rencontres : Rob Halford donc, Geoff Tate, Dave Mustaine, Billy Idol, les Madness, The Selecter, The Stranglers, Def Leppard, Danko Jones, Royal Republic, Helloween, Sabaton, Amon Amarth…

Et, classique, as-tu une anecdote croustillante à partager ?

Après 2 jours de promo avec SLAYER, ils sont partis à la gare pour aller en Angleterre; Ils ont été infoutus de prendre leur Eurostar malgré 2 personnes de leur encadrement… Ils ont redéboulé à l’hôtel et il a fallu leur trouver des chambres en urgence 😊

Est-il exact que Rob Halford s’est un matin retrouvé à l’arrière de ta voiture avec toi en guise de chauffeur et ta fille sur ses genoux ?

Pas tout à fait exact: je faisais une journée promo avec lui et ce matin-là, en partant de chez moi, j’ai dû amener ma fille car pas d’école, personne pour la garder. J’étais à l’avant et il y avait un chauffeur et ma petite s’est retrouvée assise à l’arrière de la limousine entre Rob Halford et son manager 😊

Question que je pose à tous les groupes en interview : quelle pourrait être la devise de WTPI ?

A l’approche de mes 60 ans, j’ai encore le temps de faire beaucoup de choses, d’aider le plus possible

Les derniers mots sont pour toi…

Merci beaucoup pour ce joli coup de projecteur ça fait plaisir 😊

C’est un plaisir partagé !

Roger Wessier par Julien Lachaussée

Interview découverte: KRASHKARMA

Interview KrashKarma. Entretien avec Niki (batterie, chant) et Ralf (Guitare/basse et chant)

Il y a des groupes comme ça, tu n’en as jamais entendu parler et tu te demandes comment ça se fait. Quelques heures avant le début du la 12ème édition du festival Rock In Rebrech, je contacte KrashKarma pour demander une interview. A l’improviste et à l’arrache. La réponse arrive rapidement avec une affirmation enthousiaste. Sur place, Metal-Eyes découvre un groupe, un duo, aussi charmant et bavard que scéniquement imparable. Interview découverte d’un groupe à l’avenir certain avant un concert qui restera – devrait rester – dans mon top 3 de cette année.

C’est la première fois que nous nous rencontrons, alors que pouvez-vous me dire au sujet de l’histoire de KrashKarma ? Je sais que le groupe s’est formé aux alentours de 2005…

R : Non, plus tard… KrashKarma s’est formé vers… 2009. Nous nous sommes rencontrés en 2005, nous avons commencé à jouer ensemble en 2006, et ensuite on a débuté KrashKarma en 2009.

Sous forme de groupe, vous étiez 4 ou 5, je crois ?

Tous deux : nous étions 4.

Et maintenant, vous êtes un duo… Entre temps, vous avez enregistré 3 albums et il y a un nouveau qui arrive…

N : Il sort le 23 juin, absolument !

R : On a sorti notre premier Ep – 7 titres, on peut presque dire un album – en 2007 et notre premier vrai album de 12 titres en 2010. Le suivant est sorti en 2015, un autre en 2018 et un dernier Ep en 2020. Le nouvel album arrive enfin maintenant.

N : le dernier album, Morph, est le premier album en tant que duo. Les autres albums étaient ceux d’un groupe.

Qu’est-ce qui vous a amenés à passer d’un groupe à un duo ?

R : Tout d’abord, en tant que groupe, on devait beaucoup voyager. On voyage beaucoup entre les USA et l’Europe. Nous vivons à Los Angeles mais réussir à avoir tout le monde au même moment aux USA ou en Europe était compliqué. On a fini par avoir des équipes différentes en Europe et d’autres aux USA.

N : Ralf et moi sommes ceux qui avons toujours écrit et composé la musique, en fait.

R : Nous avions des équipes à faire voyager des deux côtés et à un moment, on a décidé de ne rester qu’à 3. Sur scène, je voulais toujours mettre le feu et avoir quelqu’un pour jouer les parties compliquées (Niki rit). Plus le temps a passé, plus nous devions voyager et plus il est apparu évident que je devais jouer toutes les parties de guitares. Nous sommes passés de 4 à 3. Puis en 2015 on a sorti Paint the devil. On a eu beaucoup de promotion à la radio, on a fait une grande tournée des Etats-Unis, et notre bassiste d’alors n’a pas pu obtenir un visa pour venir d’Europe. Nous avons embauché un nouveau bassiste pour la tournée mais ça n’a pas fonctionné… On a recruté un autre bassiste en vue de cette grosse tournée. Et ce dernier, le premier jour de la tournée (Niki rit)…il s’est blessé le dos !

En fait, c’est de là que vient votre nom ! Vous crachez le karma des gens ! (rire général)

R : On a dû conduire de LA à Chicago. 30 heures de conduite ! Arrivés à Denver, il ne pouvait plus sentir ses jambes…

N : On a dû porter notre matériel pour la première fois en début de tournée, et je pense que la blessure qu’il avait a simplement empiré… Quand tu restes assis dans un van pendant 15 heures, tu peux ressentir ce genre de choses. On a su que ça n’allait pas fonctionner.

R : On est arrivés à Chicago, on l’a déposé, puis on a appelé tous ceux que nous connaissions mais personne n’était disponible. On a décidé que je devais aussi tenir la basse… J’enregistre toutes les basses sur les albums, donc je savais déjà quoi jouer. Pour la première fois sur cette tournée, nous avions des enregistrements. Je ne jouais pas de la basse, mais on a décidé de placer le kit de batterie de Niki à l’avant de la scène, elle chante et je chante. C’est comme ça que nous avons fait cette tournée. Et puis, pour pouvoir jouer de la basse, j’ai créé cet instrument : j’ai mis toute la basse sur une seule corde et j’ai pu créer Ms Frankenstein. C’est vraiment là qu’est né KrashKarma, et c’est comme ça que les gens ont vraiment commencé à nous connaitre : nous deux.

N: On a eu un tel retour des gens. On a joué devant les plus larges audiences que nous ayons connues, juste après avoir conceptualisé et créé cette image. On l’a imaginée et on a joué pour la première fois devant 5.000 personnes. Après, nous voulions simplement faire mieux encore, ne pas jouer avec des bandes, que les gens puissent voir ce que deux personnes seules peuvent réaliser en simplifiant les choses au maximum. C’était notre vision de notre groupe. Quelque chose d’unique, que nous n’avions pas encore fait…

R : Aussi, l’enregistrement de nos albums doit être représentatif de ce que nous faisons sur scène. On a super producteur qui réussi à reproduire tout ça !

Vous jouez du metal. Clairement (ils approuvent). Habituellement, un groupe de metal c’est guitare/basse/batterie, parfois des claviers, mais vous non. Tout ce qu’on entend sur scène, c’est vous et rien d’autre ?

Tous deux : oui.

Comment décririez-vous la musique de KrashKarma à quelqu’un qui ne vous connais pas ?

N : Comment la décrire ? Déjà, nous sommes deux. Quand tu écoutes de la musique, tu ne sais pas combien de personnes il y a dans le groupe. Nous sommes avant tout des compositeurs, et en tant que tels nous voulons que notre musique botte des culs ! Créer de la musique que les gens vont adorer. Ce que nous voulons, c’est que l’on puisse retrouver en live ce qu’il y a sur disque. Avec un chanteur et une chanteuse, nous pouvons créer le son que nous voulons dans ce genre, et jouer avec nos voix. Nous avons beaucoup de liberté bien que nous soyons réduits à un duo. Très intéressant. Notre jeu de scène est aussi important. Tout ne tourne pas qu’autour de nos chansons, le show est important également ! Je viens à l’avant, il saute de la batterie, on saute partout et on passe du bon temps ! Beaucoup d’énergie que nous voulons partager avec toi !

Vous avez des voix différentes : toi, Ralf, une voix puissante et parfois hurlante, Niki une voix plus douce mais pas toujours. On pourrait vous comparer à la belle et la Bête ?

N (elle rit) : Oui, mais qui est qui ? On ne le sait jamais, ça dépend de notre humeur ! C’est la même chose avec le Krash et le Karma, le Yin et le Yang…

R : Tout tourne autour de la dualité…

Que pouvez-nous dire au sujet du nouvel album ? Comment s’appelle-t-il ?

N : Il s’appelle Falling to pieces, comme la première vidéo, il y en a une autre.

R : Quand on a commencé, à 4, j’étais au centre et Niki chantait aussi. Depuis que nous  nous travaillons à 2, il est évident que nous nous partageons le chant : Niki chante 50% et moi aussi. Je présentais aussi toute la musique et les chansons, alors j’ai voulu mettre Niki en avant. Après tout, nous sommes le seul groupe à avoir une batteuse et chanteuse, personne d’autre ne le fait dans le metal ! Le premier album que nous avons enregistré à deux s’appelait Morph, mais le titre complet était Morph into a monster. C’est l’idée du voyage que nous avons fait jusqu’à devenir ce monstre qu’est KrashKarma. Ce soir, tu va voir notre nouveau backdrop avec une représentation de Frankenstein, et un corps avec 4 bras et 2 jambes, ce qui, en gros, représente le monstre que nous sommes. Il y a un peu de Shiva qui danse et quand elle arrêtera de danser, ce sera la fin du monde ! Avec ce nouvel album, nous avons voulu pousser les limites de ce que deux personnes peuvent faire. On ne voulait pas ajouter encore et encore des guitares.

N: On utilise la technologie pour ce qu’elle nous apporte aussi.

R : On se lance aussi des défis pour aller plus loin.

Comment décririez vous l’évolution du groupe entre Morph et Falling to pieces ?

N : On est clairement plus heavy, et nous sommes plus techniques aussi.

R : Nous sommes plus techniques, oui ! Nous aimons les chansons accrocheuses, avec un couplet sympa, un refrain entrainant… On aime aussi la musique suédoise, comme In Flammes, Soilwork, le death mélodique. On en écoute beaucoup, comme des nouveaux styles.

N : Je crie aussi plus, ce qui est nouveau pour moi. Je n’étais pas familière de ce style de chant avant et c’est aussi une nouveauté pour cet album.

Qu’avez-vous appris à votre sujet en enregistrant ce nouvel album ?

N : A croitre et à grandir, ne pas être effrayé de tester des choses. On a toujours des craintes mais ce que la vie nous apprend c’est à aller de l’avant et grandir, mûrir.

R : Avec chaque album, on enregistre un paquet de chansons. Pour celui-ci, on a dû en composer environ… 30, il y en a donc certaines qui ne finissent pas dessus. Parfois, on trouve une chanson bonne mais il manque quelque chose, alors on y revient quelques jours plus tard pour tenter de nouvelles choses. Chaque album est une nouvelle expérience, on ne s’assied pas pour répéter ce que nous avons déjà fait, nous tentons de nous améliorer.

Vous sélectionnez aussi les chansons qui finissent sur l’album en envisageant la scène, donc ?

R : Oui. Quand tu verras le show ce soir…

Non, je ne reste pas ! (rire général)

R : Au revoir, alors ! Tu verras un show avec beaucoup de choses et quand tu te réveilleras demain matin, tu vas te souvenir de certains moments et de certains airs (NdMP : tu ne crois pas si bien dire, Ralf !) C’est notre objectif en montant sur scène. Quand on écrit une chanson, on se demande ce qu’on va pouvoir faire sur scène. Par exemple, il y a sur le nouvel album cette chanson, Tap dancing through minefields. Niki sait faire des claquettes, alors on a pensé à une chanson sur laquelle Niki pourrait en faire, sauter de sa batterie et faire un solo de claquettes.

C’est vraiment un show visuel…

R Totalement. C’est comme cette chanson, Fireball : je joue de la guitare et de la basse tout en jouant aussi de la batterie. Niki joue d’un vieil instrument du 16ème siècle…

Ne me dites pas tout, je veux des surprises aussi !

R : elle là on ne la jouera pas ce soir, on n’a pas ce qu’il faut. Mais il y a Girl with a hammer qu’on va jouer : Niki est à la batterie, elle chante, et elle saute par-dessus avec un marteau. Il y a aussi…

N : Ne lui dit pas tout, il l’a demandé ! (rires)

Vous avez déjà, je crois, joué une fois en France…

N : Nous avons déjà fait une petite tournée en France, on a donné 9 concerts. Mais c’est notre première fois dans la région orléanaise. On a rencontré notre manageur qui a eu cette idée de nous faire venir dans un pays comme la France. Pourquoi pas ? Allons-y, et c’est comme ça que nous avons commencé en France. La tournée de janvier était super, les Français sont adorables et on a envie de grandir ici aussi. Il y a une bonne connexion.

Et qu’en est-il aux USA ? Vous vivez de votre musique ?

R : Oui, on en vit, les Etats Unis, c’est très grand, et on a un bon following qui fait que nous pouvons tourner régulièrement.

N : Les USA sont tellement vastes qu’on peut ne pas jouer au même endroit deux fois dans l’année…

Si vous deviez ne retenir qu’une chanson de votre nouvel album pour expliquer aux gens ce qu’est KrashKarma aujourd’hui, laquelle serait-ce ?

N : Je dirai Voodoo devil drums. Parce que je suis batteuse (rires), il y a un solo de batterie au milieu, c’est un titre heavy, on peut danse r dessus, je crois que c’est le titre que tout fan de KrashKarma aimera et qui nous représente le mieux aujourd’hui.

R : Aussi, ce titre parle d’une épidémie de peste à Strasbourg au 16ème siècle. Une autre connexion avec la France ! Il semble que les malades dansaient jusqu’à la mort…

N : Tout nous fait revenir vers la France ?

Quels sont vos prévisions de tournée ?

N : Nous allons beaucoup tourner cette année, nous allons faire la navette avec les USA deux fois !

R : On va jouer en Europe, beaucoup, on va ouvrir en Allemagne pour Butcher Babies, on va faire le Metal Cruise en Norvège, revenir en Allemagne, on a des dates aussi en Finlande, et tout commence aujourd’hui ! Aujourd’hui, c’est la première date de la tournée !

Un peu de stress, surtout avec le nombreux public présent aujourd’hui (les deux rient) ?

R : La pression, elle est surtout avant, avec la préparation, le backline, les instruments, l’équipe, les aspects légaux, le merch…

N : Mais une fois que nous sommes sur scène, dans notre élément, le stress disparait.

R : pour moi, le stress a disparu hier quand nous sommes montés dans le bus. Je suis vraiment heure car maintenant, je vais pouvoir me lâcher !

Une dernière chose : quelle pourrait être la devise de KrashKarma ?

R : Vit l’instant et sois quelqu’un de bien. Si tu es une mauvaise personne, ça va vite se retourner contre toi : ton karma va revenir avec un crash !

N : Vit l’instant et apprécie le voyage, c’est tout !

R : c’est comme notre nouveau single, I survived the afterlife. Qui sait ce qu’il y a dans le monde d’après ?

Ça me fait penser à une autre chanson : quand avez-vous commencé à penser à ce nouvel album, avant ou après la pandémie ?

R : Avant, bien avant !

N : Avant, mais beaucoup de choses ont changé. On envisageait un Ep au départ, mais ensuite on avait du nouveau matériel, d’autres idées…

R : Nous voulions sortir ce disque à l’été 2020…

N : Mais il ne s’appelait pas Falling to pieces

R : Pas encore, mais on avait le principal. On a renoncé à sortir un album en pleine crise sanitaire. Alors, on a sorti des singles. Ce faisant, on composait d’autres titres. Puis on avait une tournée, on a préféré ne pas sortir l’album à ce moment… Et on a écrit de nouvelles chansons qui sont devenues Falling to pieces

Avez-vous quelque chose à ajouter pour terminer ?

N : Que tout le monde aille nous découvrir sur les réseaux sociaux, suivez-nous, et venez nous découvrir sur scène. Venez nous rencontrer, nous adorons parler avec nos fans ; Au-delà de tourner, nous aimons rencontrer des gens, tout simplement.

R : Vous nous trouverez toujours à notre stand de merch !

 

Interview KORITNI

Interview KORITNI – entretien avec Lex Koritni (chant) – propos recueillis le 16 mai 2023

Koritni 2023 © Nidhal Marzouk

Lex, nous échangeons aujourd’hui pour que tu puisses nous parler du – enfin, après 5 ans d’attente – nouvel album de Koritni, Long overdue. C’est bien ça ?

Exactement ! Ça fait 5 ans, en effet ! Je n’étais pas en train de méditer en forêt…

C’est pourtant ce qu’on m’a dit…

(Rires) J’étais peut être en forêt saoul et inconscient, mais pas en méditation. Même si, parfois, j’aime prendre le temps de méditer…

Long Overdue arrive 5 ans après Rolling, ton précédent album. Entre-temps, il y a eu le passage du Covid, qui a sans doute affecté la conception de ce nouvel album, et du groupe qui a vu de nombreux changements. Comment as-tu vécu ces 2 années de crise sanitaire ?

En réalité, le Covid a été incroyable pour moi ! J’ai apprécié chaque minute de la crise sanitaire, vraiment. A la fin de 2019, j’ai acheté une maison, j’ai quitté un appartement de merde à Paris, et je suis arrivé en pleine forêt, à côté de Saint Germain en Laye. Je pensais qu’il me faudrait un an et demi, deux ans pour rénover cette maison. J’ai un jardin, je suis à 2 minutes à pied de la forêt. Le Covid m’a donné la possibilité de travailler dans la maison. Personne ne pouvait travailler… Si… mon épouse pouvait travailler de la maison, moi pas. J’ai pu tout rénover en 6 mois au lieu de deux ans. J’ai pu installer un barbecue, j’ai acheté un chien, je me suis occupé de son dressage, ce qui n’était pas pénible parce que j’étais présent H24 pendant 2 ans, on a fait un bébé et j’ai une fille, ce qui est génial, et… J’ai fait un album ! Ça m’a donc permis de me poser, réapprendre la guitare – j’ai toutes les infos sur comment jouer dans la tête mais mes muscles et mes mains sont si paresseux qu’ils ont tout oublié ! Ça m’a donné plein de temps pour me réentraîner et composer un nouvel album. Si tu peux écouter cet album c’est grâce au Covid (rires) !

Le groupe a changé depuis Rolling. Comment analyserais-tu l’évolution du groupe entre ces deux albums ? j’imagine que l’apport de nouveaux musiciens a eu un impact sur le processus d’enregistrement…

Pas vraiment, en fait… Je suis un super enfoiré de dictateur totalitaire…Il y a une raison pour laquelle je produis chacun de mes albums… C’est moi qui suis en studio pour enregistrer, pour obtenir le son. C’est la raison pour laquelle cet album sonne comme un disque de dictateur, je suis le capitaine du navire. J’ai tout écrit, j’ai programmé la batterie, j’ai enregistré la basse… puis j’ai tout donné aux musiciens. Heureusement, la batterie sur l’album est meilleure que ce que j’aurai pu programmer, car il y a aussi la personnalité du batteur. Ce qui importe pour moi, en matière de batterie, c’est la construction du rythme, le groove de la basse et les riffs de guitare. Les musiciens ont apporté leurs couleurs mais ça sonne toujours comme un album de Koritni car je suis le maître à bord et… c’est mon nom sur le disque ! Si je faisais partie d’un autre groupe dont je ne serai que le chanteur, ça pourrait sonner différemment. Pour ce nouvel album, j’ai tout écrit à l’exception de Funny farm qui a été composé avec Tom Frémont – c’est un super guitariste et un très bon ami. Pour le prochain album, on travaillera différemment, je pense. Je trouve que ce groupe sonne vraiment bien, on a répété ensemble et tout le monde est plus que compétent. Donc le prochain album, nous le travaillerons ensemble, ce ne sera plus seulement moi en tant que trou du cul totalitaire ! Tom et moi avons déjà écrit deux morceaux ensemble, et on va continuer avec le groupe.

Donc il y aura un peu plus de démocratie sur le prochain album…

Va te faire foutre, non, il n’y aura pas de démocratie ! (Rires) Mais il y aura plus d’apport et d’échange d’idées. Les paysans lèveront la main mais je les écraserai quand même (rires) !

Et ton évolution entre ces deux albums ?

Je n’en vois pas vraiment, il y a toujours une partie de titres électriques, d’autres plus soft… Je ne réfléchis plus en termes de satisfaction des fans, je cherche d’abord à me faire plaisir, et c’est déjà assez compliqué ! Si ça plait aux fans, tant mieux, sinon… Je fais de mon mieux, en tout cas. Ce n’est qu’un moment de ma vie, de ce que je vis. La seule véritable évolution musicale, si tu compares à Green Dollar Colour, mon premier groupe, ou Lady luck, mon premier album avec Koritni… J’étais un gamin, tu écoutes certains titres, et tu te dis : « ok, sympa ». Il y a plus de maturité et, depuis Game of fools, je crois que j’ai trouvé mon identité vocale. Depuis, je continue sur le même chemin musical, et c’est toujours la même destination. Je crois que je n’ai pas tant évolué, j’ai plutôt trouvé une méthode qui me convient pour écrire de la musique avec mes tripes et mon âme et me donner à 100% pour ceux qui apprécient ce que je fais.

Imaginons que quelqu’un découvre Koritni aujourd’hui, comment lui décrirais-tu ta musique pour le convaincre d’écouter Koritni ?

Hum… Je crois que je commencerai par lui dire d’aller chercher une bière fraiche, qui est indissociable du rock – un peu comme cette putain de musique électro l’est de l’ecstasy… On a besoin de drogues pour écouter de la musique de merde un peu comme on a besoin de bière pour écouter du rock et du blues. Prends une bière, monte le son, et laisse-toi porter ! C’est l’esprit de Koritni, et de n’importe quel groupe de hard rock, Airbourne, AD/DC, The Poor, Angel City, Rose Tattoo… Si tu n’aimes pas la bière et le rock, ce n’est pas une bonne idée ! Le rock et la bière, c’est un peu comme des patates et du fromage à raclette : ça fonctionne à tous les coups !

Tu l’as précisé : tu as acheté une maison en France, où tu vis depuis plus de 10 ans. Comment va ton français aujourd’hui ?

(En français) C’est pas mal. Cette année j’ai fait toutes mes interviews en français… sauf avec toi !

(Reprise en anglais) Si tu devais ne retenir qu’un titre de ce nouvel album, Long overdue, pour expliquer à quelqu’un ce qu’est Koritni aujourd’hui, lequel choisirais-tu ? Pas ton préféré, simplement celui qui vous représente le plus ?

Je dirai No strings attached, qui est aussi un de mes préférés. Parce qu’il débute avec Tom Frémont qui joue un putain de blues lent, un peu comme une chanson de Popa Chubby avant de monter en puissance. Je trouve qu’il y a du blues, un putain de rythme, une mélodie au top, et tu ne peux pas t’empêcher de taper du pied. Et tu ne peux pas t’empêcher d’aller ouvrir ton frigo et choper une bière (rires). Je pense que c’est une bonne introduction pour n’importe qui ne connait pas Koritni. C’est à la fois basique et technique.

L’album contient 12 titres et débute justement avec No strings attached. Est-ce aussi un moyen de dire « bon vent » à tes anciens compagnons de jeu ?

Non, mais c’est un point de vue intéressant, une bonne analogie. Je la garde, j’aime bien l’idée ! Ce n’était pas mon idée à la base, mais, oui ! c’était bien mon message (rires) ! En anglais, « no strings attached » signifie plutôt la liberté sexuelle, le libertinage. Mais mon idée c’était plutôt qu’on est comme des marionnettes, alors coupons nos liens et vivons librement. Il y a plusieurs interprétations possibles, mais ce que j’avais en tête c’était plutôt ça. Il y a des journalistes qui ont mis le doigt sur d’autres interprétations auxquelles je n’avais pas pensé, et elles fonctionnent aussi. C’est bien là le but d’écrire des chansons, de l’art en générale : une fois que j’ai terminé ma chanson, chacun l’interprète comme il le souhaite. Parfois mieux que moi ! Je préfère largement ton interprétation qui est bien plus intelligente que ce dont j’avais l’intention (rires) !

No strings attached peut aussi faire penser aux cordes de guitares. Mais s’il n’yen a pas, sur quoi joues-tu ?

Je suis le chanteur, alors j’en ai rien à foutre (rires) ! Maintenant, on peut aussi penser aux cordes : power chords, cordes vocales, allez, on peut explorer cette idée aussi !

Quelle pourrait être la devise de Koritni en 2023 ?

La devise de Koritni ? Ah… Tu a des questions emmerdantes, mec ! Je dois étudier pour répondre à ce genre de connerie ! Je n’ai pas de réponse toute faite… « Entrons tous dans cette pièce, jouons de la musique, donnez-moi la chair de poule et buvons un coup après la répétition ! » On n’a pas de devise, même si à la fin de chaque concert je termine en disant « Vous avez été géniaux, nous avons été Koritni ». Le public est toujours au top, et c’est à lui de décider qi on a été bons ou pas.

Un concert est prévu aux Etoiles à Paris le 2 juin. Quels sont vos autres projets de concerts ?

Après ce concert, on file en Espagne pour un festival à côté de Bilbao, un autre à Mulhouse… Ce sont pour le moment les seules dates annoncées mais d’autres sont en cours. Je suis mauvais avec les chiffres, je suis musicien, je ne sais compter que jusqu’à 4 ! On a un groupe WhatsApp et notre management nous propose des dates. Chacun répond OK ou pas en fonction de ses disponibilités. Il y a cependant d’autres dates qui arrivent.

Vous êtes toujours signés par Verycords, avec qui vous travaillez depuis 2012…

Oui, à peu près. Je ne suis pas capable de compter aussi loin ! Mais c’est une super équipe ! Un journaliste m’a rappelé il y a peu que nous étions la première signature de Verycords ! Les gens qui travaillent là-bas, les filles, l’équipe, ce sont vraiment des gens super, ils nous ont toujours soutenu depuis le premier jour. Pas de pression, un appel de temps en temps pour vérifier si je suis toujours en vie, et je pense que notre relation est faite pour durer. Je ne peux rien dire de négatif à leur sujet.

As-tu quelque chose à ajouter pour conclure ?

Non… Je crois que nous avons fait le tour… Tu m’as posé quelques questions agaçantes, qui m’ont donné l’impression d’être naze, mais je t’en remercie, ça change des questions de merde habituelles ! Encore une fois, si tu veux découvrir Koritni, commence par quelque chose de cool, du blues, Gary Moore, et monte en puissance avec AC/DC, Airbourne puis nous, et va choper une bière !

 

 

 

Interview ASTRAYED PLACE

Interview ASTRAYED PLACE – entretien avec Maxime (guitare rythmique) le 5 mai 2023

Astrayed Place vient de sortir son album Edge of the mist. C’est la première fois que nous parlons, alors que peux-tu me dire au sujet de l’histoire et de la formation du groupe ?

Je vais te résumer le parcours parce que je suis arrivé plus tard… Astrayed Place est un groupe qui s’est formé au lycée vers 2015 et s’est stabilisée avec 7 membres qui ont sorti un Ep, Memento mori. Un Ep assez juvénile, avec des aspirations très Linkin Park, ce qu’on pouvait écouter à l’époque. Je suis arrivé au moment de l’Ep The fall, sur lequel je n’ai pas trop mis ma patte. Il est sorti en 2020… Après, il y a eu le confinement. On commençait à travailler sur Edge of the mist et le confinement nous a bien freinés… On en a chacun profité pour s’améliorer et on est revenus avec plein d’idées, de technique… Edge of the mist est un album assez complet. On pourrait croire que ça part dans toutes les directions, mais ce sont plutôt des dérapages contrôlés. On ne voulait pas s’enfermer dans un style contrôlé mais plutôt montrer les différentes facettes des styles qu’on veut faire.

Alors, justement : comment décrirais-tu la musique d’Astrayed Place à quelqu’un qui ne vous connait pas et qui voudrait vous découvrir ?

Alors, ça, c’est la question difficile aujourd’hui… Décrire le style est compliqué parce qu’on a tellement d’influences différentes… C’est vraiment un mix de choses calmes et énervées, mais on n’a pas de style vraiment défini. S’il faut vraiment ettre une étiquette, je pense que Metal alternatif çapasse bien.

Oui, un peu passe partout, en fait. C’est plus que ça : quand j’ai écouté l’album, j’ai entendu du prog, du heavy traditionnel, du death, du thrash (il approuve) … Bref, vous ratissez assez large…

On n’a pas voulu s’enfermer dans un style. On a voulu garder une ligne directrice, mais si on a envie que l’album sonne thrash, on y va !

Tu as un peu plus participé à la composition de l’album. As-tu apporté quelque chose de plus au groupe depuis ton arrivée, selon toi ?

Quelque chose de plus ? Non, je ne pense pas. On propose des démos, tous, et soit la démo est validée par l’ensemble du groupe et on y apporte plus de chose, notamment du chant, soit elle reste dans les tiroirs et on peut la ressortir plus tard en la retravaillant. Il n’y a qu’un morceau qui ait été fait à l’envers, l’exception à la règle : Broken flower est le seul morceau pour lequel on a eu les paroles et on a mis la musique après. D’autres, comme Voices, sont simplement sorti d’un riff au cours d’une jam, et le reste est venu après. Mais certains, on a mis des semaines avant de les finaliser…             

Donc, il n’y a pas de règle particulière… Puisque décrire la musique est assez complexe, si tu devais ne retenir qu’un seul titre de Edge of the mist pour décrire à quelqu’un ce qu’est Astrayed Place, ce serait lequel ?

Alors là, la réponse va changer en fonction du membre à qui tu poses la question. Pour moi, celui qui serait le plus représentatif, c’est Waves of pain. C’est vraiment la fusion de tout ce qu’on peut faire : il y a de la mélodie, du growl, du chant plus cool, ça booste, c’est plus lent, on y trouve vraiment tout.

Vous avez un chant double…

Sur l’album, il y a même un chant triple… Sur Reflections, on a trois chanteurs, mais malheureusement, un des chanteurs a quitté le groupe après avoir enregistré toutes ses parties. Il a préféré ne pas continuer l’aventure… Il ne reste plus que deux chanteurs, et on est bien à 6. Et franchement, on est un petit groupe, et trouver des salles où on puisse avoir de la place à 7, c’est pas évident…

Et ça fait moins de frais en hôtel et en nourriture (il se marre). Comment, en dehors de la perte d’un chanteur, comment analyses-tu l’évolution du groupe entre The Fall et Edge of the mist ?

La courbe est vraiment montante. Il n’y arien à voir entre les deux, on a beaucoup pris en maturité, chacun de notre côté, que ce soit au niveau personnel ou instrumental. J’aime bien dire que c’est comme un escalier : en bas, il y a Memento mori, on commence à monter et il y a The fall et en haut, on a Edge of the mist.

Mais vous n’êtes pas encore arrivés en haut de l’escalier… Pour le moment, il y a ce Edge à défendre

On veut d’abord le défendre, on y a mis beaucoup de temps et d’énergie, c’est un projet dont on est vraiment fiers.

Un groupe de rock c’est également la scène. Quels sont vos projets pour défendre cet album ?

On a déjà une date le 28 mai au Klub, à Paris. On attend d’autres dates, et on a vraiment envie de le présenter. On adore être face au public, et déjà avant la sortie, on en jouait deux ou trois morceaux et les gens ont vraiment aimé.

Tu te rends compte qu’une date au Klub, à 6, vous remplissez déjà la salle ?

(Rires) Ah, donc tu connais ? Oui, en effet, mais on a l’habitude des petites salles, et le Klub, l’ambiance monte vite. On trouvera bien quelque chose pour être à l’aise…

Si tu devais penser à une devise pour Astrayed Place, ce serait quoi ?

Euh… Pas facile… Il y a un truc qu’on se dit, et ça pourrait être ça : Between soft and fury, cross the mist.

Donc la brume est quand même dangereuse (il rit). As-tu quelque chose à rajouter pour conclure cet entretien ?

Pas spécialement, mais si vous voulez nous faire des retours ou des commentaires à l’écoute de l’album, n’hésitez pas à nous contacter sur nos réseaux, ça nous fera très plaisir de vous répondre !

 

Interview: CARCARIASS

Interview CARCARIASS – entretien avec Pascal (guitare) le 28 avril 2023

Retrouvez aussi la chronique d’Afterworld ici

Avant de parler du nouvel album de Carcariass, je voudrais faire un rapide retour en arrière. Planet chaos était sorti fin 2019, j’avais pu en parler avec Raphaël (basse) fin janvier/début février 2020 à Paris et puis, personne ne la vue venir, il y a eu la crise sanitaire. J’imagine que, pile au moment de soutenir un album, ça a dû vous frustrer, ce Covid…

Ça, on peut le dire… C’est arrivé pile au mauvais moment, on avait pas mal de dates de bookées, on était fins prêts pour démarrer les concerts et tout s’est arrêté d’un coup. Maintenant, tous les groupes étaient logés à la même enseigne, bien sûr, mais ça nous a bien frustrés, pas mal démotivés, aussi, surtout que personne ne savait comment ça allait se terminer… Je ne me suis pas découragé, j’ai commencé à travailler sur de nouveaux morceaux, j’ai repris ma gratte, j’ai bossé sur l’ordi… J’ai composé tout Afterworld en quelques mois… C’était assez incroyable, d’autant que je suis vraiment parti d’une page blanche. Autant Planet chaos était plus l’accumulation de plans que j’avais gardés pendant nos 10 ans de break, là c’était la page blanche. Tout est sorti comme ça, c’était incroyable. Comme si j’étais possédé, je ne sais pas ! Quelque chose de magique.

Avant de parler du contenu musical, est-ce que le titre, Afterworld, a quelque chose à voir avec la crise sanitaire ?

Consciemment, je ne sais pas. Inconsciemment, je pense que oui, on a tous vécu la même chose, les mêmes doutes. C’est vrai que le titre et les paroles… Tout a été quelque part influencé par la situation. La musique, aussi, peut-être, pour le côté plus dépressif qu’il y a.

Je n’ai pas vraiment ressenti d’aspect « dépressif ». Tu le traduis par quoi ?

(Il rit) Ok… alors, c’est un échec (rires). C’est un peu lié au feedback que j’ai eu, si tu ne le trouve pas dépressif, tant mieux. C’est plus dans les compositions un peu plus tristes, mélancoliques…

Mélancoliques, peut-être… Mais « dépressif » n’est pas le premier adjectif que j’aurai utilisé.

Chacun a son ressenti. Je le vois un peu dépressif, les autres membres du groupe le verront différemment.

Au-delà de ce terme « dépressif », comment analyserais-tu l’évolution de Carcariass entre vos deux derniers albums ?

Je pense qu’il y a une certaine continuité entre ces deux albums. Sur Planet chaos, la grande nouveauté c’était l’arrivée de Jérôme. Pour celui-ci, on a vraiment exploité ses capacités de chanteur. Quand Jérôme est arrivé pour Planet Chaos, l’album était presque terminé. Ce qui s’est passé, c’est qu’on a fait un test pour un morceau avec lui, et on a été assez enthousiastes par rapport à ce qu’il avait fait et on lui a demandé s’il voulait essayer d’autres morceaux, ce qu’il a accepté. Du coup, on a tout enregistré avec Jérôme, on l’a intégré au groupe. Il ne s’y attendait pas, et ensuite, on a raté plein de concerts, on a travaillé sur cet album et cette fois, j’espère qu’on va pouvoir l’exploiter et le défendre sur scène.

Pour quelqu’un qui ne connaitrait pas Carcariass, comment lui décrirais-tu votre musique pour l’inciter à vous écouter ?

Déjà, il ne faut pas nous coller d’étiquette… On essaie avant tout d’accentuer le côté musical des choses, ce qui passe avant tout. On cherche à faire une musique qui inspire des images aux gens, tout en gardant un certain punch pour que les gens ne s’endorment pas.

On a non seulement ce titre d’album, Afterworld, qui est également la chanson qui clôt l’album, l’illustrations très post apocalyptique, les titres eux-mêmes – No aftermath, Angst, Fallen empire… Quels sont les thèmes principalement abordés par Carcariass dans cet album ?

En règle générale, ça tourne autour de la SF, de la maladie, la drogue, des trucs très joyeux… On n’a rien inventé, on n’essaie pas de faire passer de message particulier.

Dans ce cas, prenons les choses dans le sens inverse ; y a-t-il des thèmes qui n’ont pas leur place au sein de Carcariass ?

Alors, là, oui… Il y a quand même quelques règles : tout ce qui est politique, religieux, qui pourrait être sujet à conflits, on essaie d’éviter. On est là pour faire de la musique, pas pour se prendre la tête. On reste dans un cadre assez neutre, liés à la SF, ce qu’on partage avec tous les membres du groupe. Le sujet est assez vaste…

Est-ce que le fait d’intégrer un nouveau membre a changé votre façon de composer ?

Oui, clairement. Déjà, à l’époque de Planet Chaos j’avais un peu changé mon approche : je composais la musique entièrement et ensuite, avec Raphaël, on posait les lignes de chant. Je cherchais un semblant de structure… Pour le dernier, avec un super chanteur, il fallait vraiment l’impliquer et le mettre en avant. J’ai fait des compos un peu plus « classiques » dans la structure, tout en gardant pas mal de parties mélodiques, et Jérôme a apporté ses lignes. Avant, Raphaël, qui est bassiste, avait une approche plus foncièrement death. Et c’est pas facile de concilier le chant et son instrument. Là, il se concentre sur sa basse et Jérôme se charge du reste, vocalement. De temps en temps, en live, il fait les backing vocals et ça donne un résultat sympathique.

Tu parles de la scène… Quels sont vos projets ?

Pour le moment, on n’a rien de confirmé. La reprise est un peu compliquée, surtout depuis Covid… S’intégrer dans les festivals, c’est difficile, ils sont complètement full… La dernière date qu’on a faite, c’était à Genève en première partie de Samael. C’était très cool, la première fois qu’on présentait Afterworld sur scène et on a eu des retours très positifs du public. Je pense que ça va être encore difficile cette année, peut-être l’année prochaine et pour tous les groupes.

Si tu devais ne retenir qu’un titre de Afterworld pour expliquer à quelqu’un ce qu’est Carcariass aujourd’hui, celui qui est le plus représentatif, ce serait lequel ?

Là c’est difficile… L’album est assez varié ? Lequel serait le plus représentatif ? Je dirais – c’est aussi mon préféré, mais je pense que tu vas aussi me demander quel est mon préféré…

Non, pas du tout, seulement le plus représentatif, c’est tout !

Alors je dirais Identity, parce qu’il a toute la structure des anciens morceaux de Carcariass et tout ce qui fait le Carcariass d’aujourd’hui, avec le chant de Jérôme et des structures actuelles. No aftermath, c’est un titre avec deux plans, ce qu’on n’a jamais fait avant, mais il n’est pas représentatif de l’esprit d’aujourd’hui. Identity est plus adapté. Et c’est celui que je préfère…

Si tu devais penser à une devise pour Carcariass, ce serait quoi ?

« Toujours s’améliorer ». Ça a toujours été le cas, et ça le reste : je travaille toujours mon instrument, je veux que les autres dans le groupe le fasse aussi pour être toujours meilleurs. Toujours faire mieux, et j’espère qu’on ne s’arrêtera pas de si tôt.

 

 

Interview PRAETOR

Interview PRAETOR. Entretien avec Alex (guitares, le 24 avril 2023)

Commençons avec une question originale et décalée, peut-être même la trouveras-tu impertinente : quelle est l’histoire de Praetor, qui vient de sortir son premier album ?

C’est tout simplement l’histoire de gens qui jouent ensemble dans d’autres groupes et qui ont envie de faire quelque chose ensemble et de jouer quelque chose qui leur plait, à savoir du thrash. Donc on s’est réuni et on a monté un groupe. C’est simple !

Le groupe est formé en 2019. Vous êtes 4, venant de Lost In Pain, Kryzees… (Il confirme). Tu disais à l’instant vous être réunis pour jouer de la musique qui vous plait, ça veut dire que ce que vous jouez avec les autres groupes ne vous plait pas ?

(Il rit) Non, absolument pas ! Hugo joue du thrash avec Lost in Pain, mais un thrash vraiment… « gentil », Kryzees c’est du heavy plutôt rock, Noémie c’est du… hard rock féminin… Et ce qu’on avait envie de faire, c’est du thrash violent. On voulait faire notre propre musique, simplement.

Vous vous connaissiez déjà avant ?

Oui, je joue dans différents tribute, Metallica, Megadeth, Sepultura, Pantera et chacun des autres joue dans l’un d’eux.

Donc vous vous connaissiez plutôt bien et ça semble assez naturel de monter un groupe avec des compos originales…

C’est exactement ça. Avec les 4 tribute, on est 10 musiciens, parfois ont partait en tournée ensemble. Et on s’est simplement retrouvé autour d’un groupe commun. Il y a eu des aléas, mais…

Le groupe ayant été formé en 2019, parmi les aléas, j’imagine que le Covid est passé par là…

Ah, carrément ! initialement, on devait donner notre premier concert je crois deux semaines après le confinement. On nous a coupé l’herbe sous le pied. Comme tout le monde, en fait.

Si tu devais décrire la musique de Praetor à quelqu’un qui ne vous connais pas, que lui dirais-tu ? Tu as beaucoup utilisé le mot thrash, mais est-ce tout ce qu’il y a ?

Oui, en partie… Dans le groupe, on a balayé entre guillemets toutes les autres influences. On entend régulièrement thrash death, crossover avec un chant plus punk… Nous on est, je crois, plus dans le thrash traditionnel : c’est très frontal, droit au but, les morceaux sont courts et, j’espère, efficaces.

Votre bio citre des influences assez classiques, comme Slayer, Metallica, Testament ou Anthrax. Lorsque j’écoute, j’y trouve aussi des choses plus rugueuses, comme Death Angel ou Nuclear Assault. Ils font partie de vos influences ?

Honnêtement, non. J’écoute Death Angel, Noémie aussi, mais ça ne fait pas partie de nos groupes phares. Tu n’es pas le premier à dire que ça ressemble aussi à Death Angel ou Nuclear Assault, donc c’est probable. Mais c’est plus un concours de circonstances mais ça ne fait pas partie de nos influences prédominantes. Ce qui nous fédère, qui nous a passionnés, c’est Metallica, Slayer, le thrash américain des années 80 à 90.

Revenons à votre album : il comporte 10 titres. Comment avez-vous procédé pour la composition ?

Il y a deux façons de faire : d’une part, Noémie qui vient avec des riffs, me les montre et on les travaille tous les deux en répèt, on en fait un morceau. Après, Hugo ramène son chant, deux trois bricoles et Seb pareil avec des ajouts à la basse. D’un autre côté, Hugo arrive avec des morceaux quasiment finis et là, on travaille beaucoup moins ensemble sur la compo. C’est sa composition et on vient simplement rajouter des détails par-dessus.

Vous êtes un groupe de thrash et le premier morceau de l’album s’appelle No return. Un lien avec le groupe français ?

(Il rit) Alors, ça n’a rien à voir, même si naturellement on les connait. Avec Noémie, on a une asso qui produit des concerts et on a déjà produit No Return, on se connait, mais, non, c’est simplement le premier morceau de l’album. C’est Hugo qui écrit les paroles et qui décide des titres. Je ne sais même pas s’il les connait, il n’est pas Français, il est Luxembourgeois.

Comme tu viens de le dire, c’est Hugo qui écrit les paroles, Hugo serait sans doute mieux placé pour me répondre : quels sont les thèmes abordés dans les textes ?

Globalement, on parle des maux de la société. Il y a une certaine esthétique, maintenant chacun pourra en tirer son interprétation, on n’est pas là pour donner des leçons non plus. Donc on parle des maux de la société, du monde moderne et de ses dérives. Le sujet est assez inépuisable (rires) !

Et y a-t-il des sujets que vous ne souhaitez pas aborder, qui n’ont pas leur place dans Praetor ?

On n’en a pas discuté… On est tous plus ou moins engagés, on a plein de valeurs en commun. On laisse Hugo totalement libre d’écrire ce qu’il souhaite et je ne vois pas pourquoi on se, on le briderait.

Si tu devais ne retenir qu’un titre de ce premier album pour inciter quelqu’un à se plonger dedans, un morceau qui soit vraiment représentatif de ce qu’est Praetor, lequel choisirais-tu ?

Je pense que ce serait Mass extinction. Parce que c’est un titre qui est très frontal, qui a un riff simple qui reste en tête, qui va vite. C’est très représentatif de ce qu’on fait, je pense.

Avec vos autres expériences, vous êtes habitués à la scène (il confirme). Y a-t-il des choses prévues en matière de concerts pour défendre cet album ?

On est fait pour la scène, c’est notre point fort. Là où on peut se distinguer, c’est justement la scène où on est super énergiques. Notre idée, c’est de faire un maximum de concerts. Je n’ai pas les dates en têtes, mais on a des dates au Portugal, en Hollande, Belgique, Allemagne, république tchèque, certainement en France aussi… On peut trouver les dates sur nos réseaux sociaux.

Si tu devais penser à une devise pour Praetor, ce serait quoi ?

(Il rit) la devise des Mousquetaires : « un pour tous, et tous pour un ! » On forme un groupe, on est potes, on s’entend bien, on s’aime, tout simplement. Au niveau position, il n’y a pas de qui fait quoi, tout ce qu’on peut toucher, c’est divisé par quatre. On est l’entité Praetor.

Tu parles des Mousquetaires… Vous êtes quatre, ils sont quatre, alors… Qui est qui ?

(Il se marre franchement) Alors, le gros, c’est Seb, ça doit être Portos… le blond, Aramis, ça doit être moi… D’Artagnan, c’est plutôt Noémie et Athos, le Portugais, c’est notre ami c’est Hugo !

STORMHAVEN: Blindsight

France, Metal (M&O, 2023)

Avec sa pochette très SF, son logo, bref, son visuel très attirant, pas étonnant que je glisse ce Blindsight de Stormhaven dans mon lecteur CD (eh, oui… Il y en a encore…) Mais dès les premiers hurlements enragés de Fracture, le morceau qui introduit cet album (car il s’agit bien d’un album malgré ses seulement 6 titres), je fais demi tour. Cependant, quelque chose me retient… Et rapidement, Stormahaven me surprend. Par la diversité des instrumentations qui composent ce premier titre, par la variété des styles musicaux explorés, aussi. Le death ou le black ne sont jamais loin, certes, mais le groupe démontre rapidement naviguer avec bonheur non pas en eaux troubles mais d’univers en univers variés (certains passages m’évoquent même Rush!) Le brutal frôle souvent le power metal, voire le progressif – ah, tiens, je viens d’en citer un des maitres…). Le prog n’est pas du tout une évidence avec le premier titre, Fracture, remarque qui fait rire Zach (guitare et chant): « en effet, oui! Il faut s’accrocher! Ce que je voulais pour cet album, c’est quelque chose qu’on n’avait pas fait avant: pas d’intro, une explosion et c’est direct dans la gueule. On voulait mélanger ça avec quelque chose de plus énervé que ce qu’on avait fait jusque là, avec des morceaux plus longs, développer des histoires avec le chant tout au long de l’album. L’album précédent, Liquid imagery, je l’avais plus pensé comme un long morceau d’une heure. Là, même si j’ai voulu une cohérence dans l’ordre des titres, chacun peut être pris séparément et tient la route seul« . Le groupe toulousain formé en 2010 pourrait franchir un pas supplémentaire avec ce quatrième album varié et entrainant. Jamais avare de démonstration (dans le bon sens du terme, svp), ce disque est empli de ces petites trouvailles qui font la différence. La période de crise sanitaire a-t-elle d’ailleurs eu un impact sur le groupe qui  n’a pu correctement défendre Liquid imagery, sorti en 2019? « Pas vraiment, je n’attends pas de défendre un album sur scène pour continuer de composer. Blindsight était prêt assez rapidement après Liquid imagery. Mais on ne savait pas trop si on attendait ou pas pour le sortir. Personne ne savait ce qui allait se passer. On a décidé d’avancer, de passer à autre chose. On avance et on vise un peu plus haut en matière de production, de com et de promotion. » Le titre de l’album, Blindsight (aveuglement) fait-il référence à ce manque de vision que nous a offert la crise sanitaire ou est-ce autre chose? « Il se trouve qu’on peut faire pas mal de parallèles, mais ce n’était pas pensé ainsi. L’idée c’est qu’on suit un personnage qui a subi un accident, un évènement marquant assez violent – d’où le premier titre, Fracture. Ensuite, il perd la vue et il développe des pouvoirs un peu plus mystique de clairvoyance et autres. On ne sait pas trop s’il voyage mentalement ou physiquement, il rencontre des personnes… On suit ce voyage tout au long de ‘album« . Bref, une approche conceptuelle qui se rapproche de l’esprit prog. Quand on lui demande comment le groupe a évolué entre ses deux derniers albums, Zach répond d’un « Ouh la!… je dirai que j’assume sans doute plus mon approche rock prog, qui est, pour moi, l’influence majeure que je revendique et que je ne mettais pas autant en avant que je l’aurai voulu. Et d’un point de vue humain, il y a eu un changement de line-up avec l’arrivée d’un nouveau batteur et d’un nouveau claviers, donc un changement d’équilibre, une organisation différente à trouver. Comme je le disais, on se concentre plus sur la promo, la communication, alors qu’à la base on est une bande de mecs qui aiment jouer de la musique ». Zach approuve entièrement le terme de professionnalisation que je lui propose en résumé de ses propos. « On s’est posé la question, au bout de 4 albums: on veut faire quoi? On reste comme ça ou on évolue? Si on veut évoluer, il y a plein d’autres choses à côté qu’il faut faire« . Un groupe qui a donc simplement mûri. Tout au long des titres, longs – tous tournent autour des 7’30, exception faite de Dominion qui culmine à 24′! – on trouve les inspirations aussi brutales que progressives du groupe. Je lui cite le nom de Rush…  Mais il y a plus que de la brutalité et de la technique dans ce disque, bien plus. Si Zach devait ne choisir qu’un seul titre de Blindsight pour expliquer ce qu’est aujourd’hui Stormhaven, lequel retiendrait-il pour inciter quelqu’un à écouter le reste? « Bonne question… Sur ce nouvel album, je choisirai Hellion, un morceau qui permettrait sans doute de toucher un public plus large. On n’a pas l’effet coup de massue qu’il y a avec Fracture. D’ailleurs, il y a un clip qui sort dans quelque semaines. Hellion a une approche moins death, plus prog avec plus de chant clair, plus de place pour les claviers aussi. » Je lui cite le nom de Rush que certains passages de ce même titre m’évoquent. Ils font partie des inspirations de Stormhaven? « Ah, oui! A 100%! Même si on a l’étiquette de metal prog, mon inspiration vient plus du rock progressif que du metal. Du Rush, Kansas, Deep Purple… le tout mélangé à des touches de death » Sera-ce cependant une approche suffisante pour extraire Stormhaven de la masse? Un groupe de rock, c’est aussi la scène, alors, quoi de prévu? « On a pas mal de dates qui sont prévues, principalement dans le sud, en fin d’année et en 2024 on devrait aller en Espagne et dans le nord de la France, là où on n’a pas encore beaucoup joué. Et on vise aussi les festivals d’été… » C’est sans doute en effet là que le groupe pourra le mieux se faire connaitre, aller au contact de son public et faire connaitre son death prog, alors attendons de voir les dates que Stormahaven affichera bientôt sur son site et ses réseaux sociaux.

LES ACTEURS DANS L’OMBRE : Angie – NRV Promotion

Metal Eyes a décidé de se pencher sur certains acteurs de l’ombre. Ou plutôt, les acteurs dans l’ombre. Dans l’ombre des artistes qu’ils mettent en avant. Dans l’ombre volontairement, donc, mais qui pourtant, jouent un rôle primordial. Car si on connait les musiciens qui nous font rêver, leurs managers ou certains géants de l’organisation de concerts ou de festivals, et encore…, d’autres restent plus discrets, se mettant entièrement au service de ceux qu’ils représentent. Il en va ainsi des agents qui prennent sous leur aile nombre d’artistes. Et là, tout le monde est sur le même pied d’égalité car la notoriété d’un artiste ne se fait pas sans travail. Les seuls réseaux sociaux ne suffisent pas, un réseau relationnel adapté est plus que nécessaire. Nombreux sont les groupes à envoyer liens et/ou CD sans savoir exactement à qui il s’adressent, sans savoir exactement sur quel créneau tel média intervient ou pas? Un bon agent, un bon représentant saura quoi envoyer à qui  et inversement, se tissant un réseau de fidèles chroniqueurs, de relais d’information, tissant une toile solide. C’est ce qu’il se passe avec Angie, fondatrice de NRV promotion qui, du haut de son même pas quart de siècle, nous raconte son parcours. Une première d’une, espérons le, longue série.

J’ai reçu un premier album de NRV promo fin 2021, mais nous n’avons jusqu’ici jamais eu l’opportunité de nous rencontrer ou d’échanger. Alors, commençons par ceci : Angie, peux-tu te présenter : qui est-tu et quel est ton parcours ?

Hello ! Je suis Angela Dufin (Angie), j’ai 24 ans et je suis manageuse et attachée de presse pour des groupes de rock / metal en développement. Le nom de ma structure que j’ai créée en 2019 est NRV Promotion. Au départ, je suis musicienne (batteuse principalement mais j’ai aussi fait du chant, du piano, de la guitare…). Je ne me voyais pas vraiment en faire mon métier, et je me suis dirigée vers une école de commerce après le BAC pour faire de la finance… et j’ai vite déguerpi car je n’y ai pas trouvé ma place ! Je me suis donc renseignée sur les métiers qui existait autour de la musique (ce à quoi je n’avais jamais pensé avant, autre que le métier de musicien) et j’ai compris que la communication pouvait me mener à plusieurs métiers dans ce secteur, j’ai donc fait un BTS Com’. C’était vraiment top, j’ai appris beaucoup là-bas et j’ai pu faire mon premier stage en tant qu’attachée de presse dans la musique. En parallèle, j’étais aussi bénévoles dans une association de concerts dans le 92, je m’occupais de la com’ et j’ai rencontré de nombreux groupes aussi par ce biais qui ont commencé à me demander de m’occuper d’eux. Et ça a commencé comme ça. J’ai créé NRV à la fin de mon BTS, en développant ensuite mon activité en parallèle de la suite de mes études à la FAC. J’avais un groupe qui s’appelait SLURP aussi à cette période et donc qui me prenait aussi du temps, on faisait beaucoup de choses ! J’ai terminé mes études l’an dernier avec un master spécialisé dans les industries culturelles, que j’ai conclu avec un dernier stage chez PIAS, en tant qu’attachée de presse également. Aujourd’hui je vis entièrement d’NRV Promotion, et je fais toujours un peu de musique à côté pour le plaisir !

 Combien de personnes composent-elles l’équipe ?

Je suis toute seule.

Quelle est la vocation première de NRV ?

Je veux accompagner des groupes à se développer, à franchir des étapes. Ayant déjà été plusieurs fois à leur place, je trouve essentiel d’avoir parfois quelqu’un d’extérieur au groupe pour s’occuper des choses que l’on a envie de déléguer en tant que musicien, ou bien trancher sur certains choix … En promo, c’est différent. Je suis là vraiment pour défendre un album pour qu’on en parle et pour aider le groupe à gagner en crédibilité ! J’ai aussi cette envie hyper forte de valoriser la scène française et soutenir le rock ici. On a vraiment de supers groupes ici, et je veux contribuer à faire connaître cette scène et l’aider à perdurer et si possible s’exporter également.

Et sa stratégie ? Comment touches-tu et sélectionnes-tu les groupes ? Vas-tu les démarcher ou est-ce eux qui te contactent ?

Ce qui est important pour moi c’est de garder une cohérence dans les esthétiques musicales et de continuer à faire ce qui me plaît. Essayer aussi de fédérer la scène de l’intérieur, entre les groupes, pour créer des liens et s’entraider. J’ai eu plutôt de la chance car la plupart des groupes avec qui je travaille aujourd’hui’ sont venus me chercher en entendant parler de ce que je faisais. Ça se fait vite via le bouche à oreille, les réseaux sociaux etc… Pour le management, je fonctionne vraiment au coup de cœur. Il faut que la musique me touche aux tripes au point que j’ai envie de remuer ciel et terre pour faire connaitre un groupe et bien sûr, il y a l’humain. Il y a des groupes que j’ai rencontré et j’ai su instantanément que ça allait fonctionner. Pour la promo, pareil j’écoute l’album et s’il me plaît et que le planning colle avec le mien je vais dire oui, sinon je vais passer mon tour ! C’est dur de défendre un projet pour lequel on n’a pas eu de coup de cœur soi-même. Ça m’est arrivé aussi d’aller vers des groupes moi-même, après un concert que j’ai aimé par exemple, mais ça reste plus rare.

 Concernant les médias, même question : comment les « sélectionnes »-tu ? Plus particulièrement, comment as-tu connu Metal-Eyes et qu’est-ce qui t’a donné envie de m’envoyer un premier CD, puis de continuer ?

Je cible les médias en fonction des groupes et de leurs styles. Au fil du temps, je commence à connaître aussi les goûts des différents journalistes pour savoir ce qui leur plaira ou non (même si on a quand même souvent des surprises !). Je t’avoue ne plus me souvenir de comment j’ai découvert Metal Eyes car ça commence à faire un bout de temps mais il y a eu une grosse partie « dénichage » de médias dans notre métier, surtout au début pour construire notre base de données. Sur internet d’un webzine à un autre, les recommandations sont plutôt bien faites et ça nous aide à trouver de nouveaux médias ! Quand c’est le cas, je leur écris et présente ce que je fais puis j’envoie des CDs en fonction si je vois qu’on me le demande. Ensuite, on continue en fonction de l’implication / les retours des médias. Avec Metal Eyes, ce qui est cool c’est que tu as chroniqué quasiment tous les CDs que je t’ai envoyés il me semble donc que forcément je ne m’arrête pas ! 😉

 J’imagine que NRV, pour une visibilité maximale, est présent sur les réseaux sociaux. Où peut-on s’informer au sujet de NRV et te contacter ?

Oui bien sûr ! Sur Facebook, Instagram et Linkedkin également au nom d’NRV Promotion. Pour me contacter, par mail : angie.nrvpromotion@gmail.com avec une demande précise, liens d’écoute, planning, bio etc …

 Que recherche un groupe qui signe avec NRV, que lui proposes-tu comme accompagnement ?

Ça va dépendre des groupes, ils ont plus ou moins des besoins différents auxquels je vais m’adapter. Je propose deux types d’accompagnement : le management et les relations presses. Par contre, je m’occupe aussi de la RP des groupes dont je fais le management !

Les RP consistent à promouvoir une sortie (single, clip, ep ou album ou une tournée) auprès des médias adaptés sur une période donnée. Je travaille toujours en amont de la sortie d’un disque évidemment

Le management c’est vraiment un accompagnement global qui consiste à développer le groupe par tous les moyens possibles : définir une stratégie / un planning, démarchage pro (pour trouver d’autres partenaires type tourneurs, labels etc), gestion avec des échanges avec des prestataires, la communication (réseaux sociaux, pub digitale, création de contenus type photos/ vidéos /bannières promo …), rechercher des dispositifs d’accompagnements / financements … C’est hyper vaste ! Je suis là à toutes les étapes du projet.

Comme je n’ai plus de places en management, il m’arrive maintenant de faire des séances de conseil d’1h en visio avec d’autres groupes qui cherchent des réponses, conseils en stratégie / communication / planning etc… Ce sont des séances ponctuelles et je ne m’engage pas en dehors de celles-ci.

Je propose aussi depuis peu, avec un partenaire réalisateur (Rolling Ferret Films, Simon Dagallier), la production / réalisation de clips et de live session. C’est une autre branche d’NRV, on a fait des clips pour Liquid Bear, Howard, Kugelblitz …

Quels sont tes concurrents (et néanmoins certainement amis) sur ce marché ?

C’est dur de parler de « concurrents », haha ! Je vois plus ça comme des confrères / collègues ! Je pense à Yann Landry et Eloa Mionzé avec qui je m’occupe en ce moment de la promo du Motocultor. Ou encore à Elodie Briffard, Floriane Fontaine, Clément Duboscq.

Qu’est-ce qui te distingue de ces amis concurrents ?

Chacun a ses propres goûts musicaux surtout puis aussi le réseau peut différer selon les attachés de presse. Certains sont plus « généralistes », d’autres plus « niche », ou les deux ou encore certains d’entre nous ne s’occupent que de la France, d’autres de l’Europe. Evidemment, comme on est tous indépendants, chacun a aussi sa manière de travailler et de voir les choses, j’imagine !

 Sans indiscrétion, financièrement, combien un groupe doit-il débourser pour ces services ?

Pour la promo d’un EP-album, il faut compter à partir de 1500-1700€, puis ça va varier en fonction du nombre de singles, du style du groupe (ciblage niche ou généraliste). Pour un single/clip, autour de 350€.

Par quel biais peut-on entrer en contact avec NRV promo ?

angie.nrvpromotion@gmail.com

Parmi les albums que tu m’as envoyés depuis deux ans, il y a une nette tendance au classic rock/ hard rock, ou rock vintage (Grandma’s Ashes, Red Cloud, Sweet Needles…) Est-ce un critère de sélection et y a-t-il des genres musicaux ou des groupes avec lesquels tu ne voudrais pas/pourrais pas travailler ?

C’est vrai qu’au fil des années, j’ai eu l’occasion d’affiner l’esthétique des groupes avec lesquels je travaille. J’aime rester dans ce registre car c’est la musique que j’écoute principalement mais je ne suis pas fermée. J’aime aussi beaucoup le garage / surf rock comme GURL que j’accompagne également ou encore Cheap Teen. J’accompagne aussi Sierra qui fait de la synthwave et qui est vraiment intéressant à travailler car ça parle autant aux médias électro que metal ! Globalement j’aime tout ce qui touche au rock et au metal, particulièrement le stoner/doom/ psych -prog rock, le rock alternatif, le blues rock, le garage … Par contre, tout ce qui est rap ou hip hop / pop / variété etc ., je ne pourrais pas le travailler car ce n’est pas le même réseau de médias.

 Tu viens également de signer ton premier groupe étranger, les Italiens de L’Ira Del Baccano. Comment cela s’est-il fait ? As-tu une démarche commerciale à l’international ?

« Signer », pas vraiment car c’est en promo donc une prestation auprès de leur label Subsound Records. D’habitude c’est Floriane Fontaine qui travaille avec ce label mais comme elle ne pouvait pas le faire cette fois-ci, elle a redirigé le label vers moi. Ça faisait longtemps que je n’avais pas travailler sur une promo Europe, d’habitude je préfère me concentrer sur les médias français. Comme je suis seule, ça fait une charge de travail conséquente supplémentaire de faire les médias européens également. Mais ici comme c’est un groupe de niche, instrumental doom, il y avait moins de cibles donc c’était faisable ! Et ça m’a fait super plaisir de le faire

 Quelles sont tes grandes fiertés jusqu’à aujourd’hui dans ce métier ?

Cette année je m’occupe de la promo du Motocultor ! Sinon, de manière générale ma fierté c’est les groupes dont je m’occupe qui me la font : par exemple les Grandma’s Ashes qui font une Maroquinerie en avril et qui cassent tout avec leur premier album et des dates qui pleuvent, Howard qui a rempli le Backstage à Paris en janvier pour sa release party, Decasia qui joue au Hellfest cette année … je ne vais pas tous les citer car il y a eu beaucoup de réussite cette année pour chacun des groupes mais c’est ce genre de choses qui me rendent vraiment fière du chemin qu’on a parcouru ensemble. Ensuite, bien évidemment, avoir de plus en plus de groupes qui me contacte pour leur promo notamment certains qui ont fait leur petit bonhomme de chemin comme Dirty Deep ou Les Lullies, ça me fait super plaisir !

 Enfin, question que je pose à tous les groupes avec lesquels je m’entretiens : quelle pourrait être – ou quelle est – la devise de NRV ?

Franchement je sais pas trop, aha! Je n’y ai jamais réfléchi … Je vais plutôt parler de valeurs comme la persévérance, la passion et la motivation 🙂

 Les derniers mots sont pour toi si tu as quelque chose à rajouter.

Merci beaucoup de t’être intéressé de si près à NRV et mon parcours, ça m’a fait plaisir de répondre à tes questions ! Ainsi que pour toutes les chroniques des albums que j’ai pu t’envoyer !

Slurp – Terrasse du Trabendo – 2020