Histoire d’une légende: METALLICA

www.metal-eyes.com vous propose une nouvelle rubrique non régulière. Histoire d’une légende vous propose de découvrir ou redécouvrir la carrière des groupes entrés dans la légende. Alors qu’ils seront bientôt – enfin – de retour à Paris, nous avons choisi de consacrer cette première biographie à l’un des groupes fondateurs du thrash: Metallica.  D’autres suivront, au gré de l’actualité. pour l’heure, bonne lecture!

= = = = = = = = = = = = = = = = = = = = = = = = = = = = = = = = = = = = = = = = = = = = = = = = = =

Evoquer Metallica, c’est (presque comme) passer en revue plus de trois décennies de souvenirs. De la découverte de Kill ‘Em All grâce à un ami qui le programmait en guise de réveil matin les lendemains de concerts parisiens à son grand renouveau avec son dernier né, Hardwired… to self destruct, les Four Horsemen ont rythmé une grande partie de mon quotidien. Si je conserve des souvenirs par dizaines (avoir vu Cliff live par deux fois, avoir presque pu les rencontrer et les photographier en février 1987 au Zénith de Paris alors que je collaborais au fanzine Mercenaire – non, Denis, je ne te remercie pas pour ce raté ! Mais je ne t’en veux pas. Ou plus… – avoir attendu la sortie de Load alors que je me trouvais en formation aux USA…), ils ne sont toutefois pas assez nombreux pour évoquer une saga longue de trente et quelques années. Alors je m’en tiendrais aux faits. Rien qu’aux faits pour que justice soit ici rendue à ces cavaliers de l’apocalypse.

Pas forcément toujours exemplaire, Metallica est toutefois parvenu à se hisser plus haut que le panthéon du Metal : devenu une véritable institution mondiale, le groupe fondé en 1982 par Lars Ulrich et James Hetfield peut aujourd’hui (presque) tout se permettre. Ce privilège, c’est celui réservé à ces élus qui ont su braver les années, les décennies et, bien que devenus multimillionnaires, le commerce à outrance. Car Metallica, dans son exubérance, a su rester proche de ses fans. Autant que possible, en tout cas, comme il l’a encore récemment prouvé. Mais avant, repartons dans le passé, celui qui a construit cette légende moderne, ce monstre vivant…

On pourrait dater les origines de Metallica au 26 décembre 1963, date de la naissance de Lars Ulrich près de Copenhague au Danemark.

Ou plus tôt, même, au 3 août 1963, date du premier cri de James Hetfield dans la banlieue de Los Angeles

Mais un groupe nait plus tard, lorsque la passion commune fait se rencontrer ceux qui en deviendront les têtes pensantes.

À l’âge de 10 ans, Lars accompagne son père, tennisman professionnel, à un concert de Deep Purple. Ce soir-là, une véritable passion nait. Le jeune Lars, entre deux cours de tennis, s’enquiert des dernières sorties Rock, et Hard Rock. Sa grand-mère lui offre même, en 1977, son premier kit de batterie. Mais, afin de lui donner toutes ses chances et lui permettre de progresser au tennis, sa famille au grand complet émigre en 1979 aux USA et s’installe à Newport Beach, en Californie, afin que Lars se professionnalise, comme son père, dans le tennis. Mais rien ne semble pouvoir entamer sa passion pour le Metal…

Alors que James Hetfield joue avec Leather Charms, Lars Ulrich se voit débouté du poste de batteur pour lequel il a auditionné en avril 1981. « Pas assez bon », voire « trop mauvais » est l’impression qu’il laisse après sa prestation… Il pourtant reviendra à la charge après avoir pris des cours et, surtout, après avoir passé l’été en Angleterre où il suit Diamond Head et se lie d’amitié avec eux. Lars revient de ce séjour les valises pleines de découvertes locales. Du bon gros Metal qu’on ne trouve que difficilement aux USA. Trop direct, trop crade, trop… punk.

A Los Angeles, son ami Brian Slagel vient de monter son label, Metal Blade Records. Il envisage de publier une compilation et propose à Lars d’y figurer à la seule condition que ce dernier lui propose un groupe. Le jeune et déterminé batteur contacte alors de nouveau James Hetfield et lui propose de se lancer avec lui dans l’aventure. Le guitariste, alléché par l’opportunité décide qu’il est temps de lancer sa carrière. Ils recrutent le guitariste Lloyd GRANT qui fait des allées et venues au sein de la formation et finalise Hit The Lights, la chanson qui figurera sur ladite compilation.

Parallèlement, Ron Quintina, un ami animé de la même passion, demande conseil à Lars pour trouver un nom pour le fanzine qu’il a décidé de créer. Un fanzine consacré au Metal florissant. Quelques idées retiennent l’attention du batteur qui convainc Ron de conserver Metal Mania plutôt que Metallica, que Lars « subtilise » pour son profit. Son groupe se nommera donc Metallica. Un autre Ron, Mc Govney, compagnon de James Hetfield au sein de Leather Charm, rejoint Metallica en décembre 1981 au poste de bassiste. Le groupe ainsi formé peut donc être présenté à Brian Slagel, qui retient Hit The Lights pour sa compilation.

Dave Mustaine répond à une annonce et intègre, après auditions, Metallica début 1982. La sortie repoussée de la compilation Metal Massacre permet à Mustaine d’ajouter quelques soli au titre. Le 14 mars, le quatuor donne son premier concert au Radio City d’Anaheim, en banlieue de Los Angeles puis enregistre une démo (qui comprend la version de Hit The Lights qui paraitra sur la compilation) afin de décrocher la première partie des Anglais de Saxon qui viennent défendre Denim and leather au mythique Whisky A GoGo les 27 et 28 mars. La chance s’en mêle, Metallica n’étant pas le premier choix de Saxon. Mais le groupe retenu ne pouvant jouer, c’est le quatuor qui est appelé à la rescousse.

Après avoir tenté – une semaine durant – la formule à 5, James se concentrant sur le chant, et donné sous une forme ou une autre plusieurs concerts, Metallica voit enfin ses efforts récompensés avec la sortie, en juin 82, de Metal Massacre, compilation réunissant, avec Metallica, d’autres jeunes formations énervées et prometteuses comme Black’n’Blue, Bitch ou Malice.

Au mois de juillet, le groupe enregistre sa troisième démo. No Life ‘Til Leather contient 7 des titres qui figureront sur le premier album du groupe et fera l’objet de nombreux échanges sur le marché du « tape trading ».

La fin de l’année est remplie de tensions, et Mustaine se voit même évincé du groupe pendant une semaine. À la fin du mois d’octobre, alors qu’il assiste au concert donné au Troubadour, autre club de L.A., par le groupe de San Francisco Trauma, Brian Slagel remarque le bassiste et envisage de faire figurer cette formation sur un futur « volume 2 » de sa compilation. Lorsque Lars Ulrich fait part de ses doutes au sujet de l’implication de McGovney au sein de Metallica, Slagel lui parle de Cliff Burton. Les deux hommes se rencontrent après un concert de Trauma au Whisky, mais le bassiste refuse catégoriquement de quitter son groupe. Tant pis…

Metallica se rend à San Francisco afin d’y donner son premier concert en tête d’affiche, le 29 novembre 1982, au Old Waldorf. La première partie est Exodus, dont l’un des guitaristes se nomme Kirk Hammett. Mais pour l’heure, Lars Ulrich en est convaincu, il faut changer de bassiste… A force de le harceler, Cliff Burton fini par céder aux demandes de Hetfield et Ulrich. Mais il pose ses conditions pour rejoindre Metallica, la plus importante étant que Metallica quitte Los Angeles, ville de poseurs, pour rejoindre San Francisco. Le bassiste obtient gain de cause et intègre officiellement Metallica après un concert donné le 28 décembre 1982. Le style de Burton dénote en effet complètement de ce que l’on trouve à L.A. : le gaillard est autant fasciné par la musique classique que par l’insolence des Misfits, adore les films d’horreur et la littérature de H.P. Lovecraft, et il semble être sorti des années hippies avec ses pantalons à pattes d’éléphant…

Metallica pose officiellement ses valises et flight cases à SF le 12 février 1983. Alors que le groupe vit ensemble, Dave Mustaine décide de s’installer chez la grand-mère du road manager. En mars, Metalllica enregistre une nouvelle démo deux titres. Whiplash et No remorse sont les premiers enregistrements avec Cliff Burton… et les derniers avec Dave Mustaine.

Ron Quintina, pas rancunier pour un rond que Lars lui ait piqué le nom de Metallica, met le quatuor en relation avec un correspondant new-yorkais, Johnny Z (John Zazula), disquaire underground, qui s’avère intéressé par la musique du groupe et souhaite les voir jouer sur NYC. Metallica n’ayant pas l’argent nécessaire pour faire le voyage, ledit Johnny Z leur envoie 1500 dollars pour que les quatre puissent faire le déplacement de SF à NYC en avril. Le voyage en camionnette ne se passe pas bien. Chacun se relaye au volant mais Dave Mustaine est constamment saoul, même lorsqu’il doit conduire.

Arrivés à New York, les quatre sont hébergés par les Zazula et vendent leur démo No Life ‘Til Leather pour financer les frais d’hébergement. Un concert est donné en compagnie de Vandenberg et de Venom le 9 avril au L’amour’s, un club réputé du quartier de Brooklyn. Ce même soir, James, Lars et Cliff décident que l’aventure avec Dave doit cesser. Ils contactent Kirk Hammett, guitariste d’Exodus, afin qu’il les rejoigne et, alors que ce dernier arrive sur New York, le 11, James annonce à Dave son renvoi et lui donne un billet de retour à San Francisco en car.

Kirk travaille d’arrache-pied pour intégrer le répertoire de Metallica avec qui il donne son premier concert le 16 avril, en ouverture de The Rods, au Showplace de New York. Puis, le quatuor enregistre son premier album, financé par les Zazula qui investissent quelques 15.000 dollars dans cette petite affaire. Metallica veut intituler son album Metal Up Your Ass, mais Johnny Z. les en dissuade arguant que l’album ne sera, avec un titre pareil, jamais distribué. Lars, déjà lassé parle business musical, propose alors Kill ‘em all , et l’album parait sous ce titre au mois de juillet 1983 aux USA.

Kill ‘em all deviendra bientôt une pierre angulaire du Heavy Metal. Brutal de bout en bout, Metallica propose une musique radicalement différente de ce à quoi les jeunes Américains sont habitués. Que ce soit au niveau de leur apparence – quatre jeunes boutonneux en jeans troués et crades – ou de leur musique – directe, violente, saturée et sans concession – Metallica pose les base d’un genre nouveau. Et effrayant. Des morceaux comme Seek and destroy, Hit the lights, Jump in the fire, The four horsemen, Whiplash ou encore le solo de basse Anesthesia-(pulling teeth), s’ils deviendront de véritables classiques qui vont révolutionner le genre, intriguent (au mieux, et effraient, au pire) une jeunesse assoiffée de décibels. Puisant son inspiration au cœur du mouvement désigné comme la NWOBHM, grande passion de Lars Ulrich, Metallica a l’intelligence d’associer à la vitesse et la violence de Venom ou Motörhead son approche mélodique, puisée chez Diamond Head, Saxon ou Iron Maiden, un ensemble qui mêle une remarquable précision d’exécution à un bordel punkisant totalement contrôlé. Une musique radicale et à l’opposé de ce que propose MTV avec des clips de hardos permanentés et de strass habillés… Tout ce qu’exècrent Lars & Co.

Le groupe s’embarque alors dans une tournée américaine en compagnie des furieux Anglais de Raven qui viennent de sortir All for one. Le Kill ‘Em All For One Tour débute le 27 juillet à New Brunswick (New Jersey) et se terminera le 18 décembre, à Cleveland, dans l’Ohio.

1984 est l’année de tous les défis. Metallica doit venir fouler quelques planches européennes en compagnie, entre autres, de Venom. Le public du vieux continent est plus réceptif, son attitude plus en accord et son oreille déjà plus habituée au style musical que propose Metallica. Mais tout son matériel est volé juste avant que le quatuor ne décolle pour cette aventure. Lars réussit à négocier la location du matériel à Londres, autorisant de fait la tenue de cette tournée qui démarre à Zurich (Suisse) le 3 Février et prend fin le 12 au festival belge de Poperinge. Les quatre se rendent dès le lendemain au Danemark, afin de prendre la température du studio Sweet Silence de Copenhague et y préparer leur second album. La localisation géographique est importante, symbolique même, pour Lars qui renoue ainsi avec ses origines, d’une part, mais peut enregistrer sur le continent dont nombre de groupes ont fait et font encore vibrer lui et ses compagnons.

L’enregistrement démarre au mois de mars 84 sous la houlette du producteur Flemming Rasmussen. Au cours du mois, le groupe se rendra à Londres pour jouer au Marquee à deux reprises, les 14 et 27 mars. Mais une personne fait part de ses inquiétudes : John Zazula qui voit l’enregistrement durer… et son budget passer de 20.000 à 30.000 dollars. Les sessions d’enregistrement prennent fin au mois de mai, puis le groupe investit de nouveau les scènes européennes, dont 5 dates allemandes et hollandaises avec Twisted Sister que suivra le Heavy Sound festival de Poperinge qui se tient le 10 juin devant 15.000 spectateurs venus applaudir Motörhead, Merciful Fate, Baron Rojo ou encore H-Bomb.

Après avoir été approchés par diverses organisations, Metallica signe un contrat de management avec Q Prime . Les enfants terribles seront désormais pris en charge par Peter Mensch et Cliff Bernstein, juste avant que ne sorte, en juillet, Ride the lightning. Le duo se charge déjà des affaires de groupes de l’ampleur de AC/DC, Def Leppard, Ted Nugent…

Ce second album voit Metallica faire un pas de géant. Si la brutalité demeure l’idée directrice, le son concocté par Rasmussen met en avant toutes les qualités techniques de ce groupe à part. C’est simple : la précision est chirurgicale. Cependant, et contrairement à ce que l’on serait tentés de croire, le feeling domine. Le résultat se traduit par des morceaux puissants et épiques, des épopées d’un genre nouveau qui se nomment Creeping death, For whom the bell tolls, les plus violents Fight fire with fire, Ride the lightning, ou le long et majestueux instrumental The call of ktulu. Le groupe est, de plus, parvenu à affiner des textes qui traitent gravement de thèmes aussi variés que la peine de mort (Ride the lightning) ou la religion (l’histoire de Pharaon et Moïse et les sept plaies d’Egypte sur Creeping death) ou, tout simplement, la bêtise vengeresse humaine (Fight fire with fire). L’ensemble est si compact et séduisant que l’album restera une année presque entière (50 semaines) dans le Billboard américain !

Après avoir marqué les esprits lors de son passage au Breaking Sound Festival de Paris – au Bourget, plus précisément (deux jours pendant lesquels défilent pas moins que Ozzy Osbourne, Dio, Blue Oyster Cult, Sortilege, High Power, Daytona, Heavy Pettin’…) le 29 août, Metallica retourne en ses terres assister à son triomphe. La signature chez Elektra records lui ouvre certainement des portes… En tout cas, le label est déjà alléché par les 75.000 exemplaires de Ride the lightning qui se sont écoulés en à peine deux mois sur le territoire américain…

Metallica sait cependant qu’il a tout pour rapidement faire tomber le public européen, plus naturellement disposé à accepter ce genre de musique extrême qu’outre-Atlantique. Le groupe revient pour une série de concerts sur le vieux continent, dont une belle tournée française de huit dates, avant de se rendre en Allemagne, en Scandinavie et en Angleterre.

À peine l’année 1985 démarre-t-elle que Metallica repart réchauffer le bitume pour une durée de trois mois (la tournée se terminera à Portland, Oregon, le 19 mars). Dès le 10, le groupe joue en compagnie de W.A.S.P (qui quittera la tournée courant février à causes de relations… difficiles) et d’Armoured Saint (qui restera grâce à des relations.. chaleureuses).

Après quelques semaines de repos, Metallica traverse de nouveau l’Atlantique afin de participer à l’incontournable festival anglais Monters Of Rock de Castle Donington. Il y figure comme Une sorte d’ovni. Seul groupe de sa catégorie à l’affiche, Metallica joue avec Ratt, Magnum, Marillion, Bon Jovi et ZZ Top et remporte un franc et vif succès. Après le carton plein, le quatuor participe à plusieurs festivals dont, de retour à la maison, le Day On The Green d’Oakland avec Ratt, Victory, Y&T, Yngwie Malmsteen et Scorpions. Là encore, les styles se mélangent étonamment et Metallica, avec sa brutalité naturelle, se démarque, parvenant ainsi à attirer de nouveaux fans.

Afin de donner naissance au successeur de Ride the lightning, Metallica retourne en septembre 85 au Sweet Silence de Copenhague et enregistre une nouvelle fois sous la direction de Flemming Rasmussen. L’enregistrement prend fin mi-décembre, les quatre s’accordant quelques jours de repos pour la période des fêtes.

La nouvelle année démarre (le 1er janvier, donc, de 1986 cette fois… Merci de suivre ! ) avec un concert donné à San Francisco en compagnie d’Exodus et Metal Church, concert auquel participe également Dave Mustaine avant que Lars ne s’envole pour l’Europe afin d’y assurer la promotion de Master Of Puppets qui y sera commercialisé le 7 mars, cependant que Michael Wagener finalise le mastering de l’album.

Dès sa sortir, ce nouveau méfait marque par une maturité et un professionnalisme qui n’entament en rien l’esprit thrash des débuts. Utilisant la même organisation dans l’agencement des morceaux que sur Ride the ligntining (un titre court et violent ouvre l’album totalisant huit titres dont un instrumental), Master of puppets se révèle bien vite un monstre d’efficacité. Démarrant sur les chapeaux de roues (Battery), Metallica propose de longs morceaux rentre dedans qui alternent vitesse d’exécution, mélodie et brutalité, le tout bénéficiant d’un son offrant à chaque instrument sa juste place. Les thèmes abordés continuent d’être sérieux (l’emprise des narcotiques – Master of puppets – l’imbécillité de la guerre – Disposable heroes – ou de la religion – Leper messiah…). En quelques mois, Master of puppets devient disque d’or aux USA en dépassant les 500.000 ventes.

Une nouvelle tournée démarre, en ouverture du mythe vivant Ozzy Osbourne, dans le Kansas, à Wichita, le 27 mars. Le périple américain continue jusqu’en juin 1986. En tout cas, la première partie de cette tournée. Car le groupe va faire une courte escapade en Europe afin d’y asseoir son statut.

La tournée européenne démarre en Finlande le 5 juillet et Metallica rentre (déjà!) aux USA après le concert danois du 6, y tourne pendant deux semaines avant que James, grand fan de planche à roulettes, ne heurte un mur et se brise la poignet le 26 juillet… Le concert prévu à Evansville (Indiana) le soir même est annulé, mais la tournée continue. James est remplacé à la guitare par John Marshall, roadie et ami de Kirk Hammett de longue date, et, accessoirement, guitariste de Metal Chrurch, tandis qu’il se « contente » de chanter. La tournée américaine se termine le 3 août en Virginie et Metallica se prépare pour ses concerts sur le vieux continent. Le tour y débute, à Cardiff, Angleterre, le 10 septembre, toujours sous forme de quintette et avec les moshers new yorkais d’Anthrax en ouverture.

Le Royaume-Uni cède sous les coups de boutoirs d’un groupe au meilleur de sa forme qui, après 10 dates se rend en Scandinavie. Metallica joue à Lund le 24, le lendemain à Oslo et James Hetfield reprend la guitare le 26 à Stockholm. Après le concert, le groupe repart sur la route en tour bus. Le matin du 27, près de la ville danoise de Ljungby, le bus glisse sur une plaque de verglas (semble-t-il), dérape et se retourne, éjectant ses passagers qui, choqués par ce réveil brutal, tentent de retrouver leurs esprits. Ils se rendent comptent, alors, qu’un des leurs est resté coincé sous le car. Le corps sans vie de Cliff Burton est retrouvé écrasé. Le reste de la tournée est dès lors naturellement annulé, et Metallica envisage sérieusement d’arrêter. Pourtant, c’est avec la conviction de rendre hommage à son défunt bassiste que le groupe continue et se remet rapidement au travail encouragé tant par son management que par les parents de Cliff.

La recherche d’un nouveau membre débute et Metallica annonce fin octobre avoir fait son choix, et intègre le bassiste de Flotsam & Jetsam, Jason Newsted, dans l’équipe. Dès lors, le quatuor douloureusement recomposé s’engage dans la suite de sa tournée en commençant par le Japon, et continue, en décembre, par les Etats-Unis et le Canada.

L’Europe est de nouveau investie, avec Metal Church (et Anthrax sur certaines dates), dès janvier 87. Metallica jouera, jusqu’au 13 février, en France, Espagne, Allemagne, Italie, Belgique, Danemark, Suède… et s’impose comme un groupe irréprochable sur scène. Jason passe haut la main, auprès du public en tous les cas, le test de la scène.

Sale gosse s’il en est, James Hetfield, de retour à la maison, a un nouvel accident de skateboard. Cette fois, c’est le bras qu’il se casse. Il est obligé de porter une broche afin de consolider ce membre trop sollicité. James Hetfield devra à l’avenir faire un choix : le skate ou sa carrière musicale… On connait la suite.

Pendant la convalescence de son frontman, Metallica monte son propre studio de répétitions. La rééducation de James se termine en juin et le groupe enregistre en l’espace d’à peine une semaine The $5.98 Ep – Garage days, composé de reprises. Mais plus que de sortir un produit pour son label, cet Ep est une sorte de test vinylique pour Jason Newsted.

Les cavalier de l’apocalypse sont une nouvelle fois invités à jouer aux Monsters Of Rock le 22 août. L’affiche est tout aussi surprenante puisque le nom de Metallica y côtoie ceux de Cinderella, W.A.S.P, Dio ou Bon Jovi. Heureusement, un autre représentant de la scène extrême est présent, les potes moshers new-yorkais d’Anthrax. De plus, les Monsters se déclinent désormais dans différents pays européens, et Metallica est à l’affiche à chaque fois.

En octobre, Metallica annonce la sortie prochaine d’un documentaire vidéo et trahit ainsi son engagement de longue date de ne pas utiliser ce moyen de communication à la solde de MTV. Car des leurs débuts, Lars ULRICH et James Hetfield ont préféré encourager leurs fans à pirater, enregistrer, photographier ou filmer leurs prestations, prétextant que le succès, un groupe doit l’acquérir live, face à son public. Arguant aussi, surtout, que l’utilisation de la vidéo commerciale diffusée en boucle sur MTV ne garantit rien d’autre qu’une belle augmentation des ventes d’un album. Et là, Metallica annonce commercialiser une vidéo? ! ? Sauf que Cliff ‘Em All a seulement pour objectif de rendre hommage à Cliff Burton par le biais des enregistrements vidéos pirates que les fans ont pu tourner au fil des ans. Le document parait en novembre 1987 et si la qualité (sonore ou visuelle) n’a rien de professionnel, l’hommage est unanimement salué tant par la critique que par les fans qui font de ce document un immense succès commercial.

Armé de nouvelles compositions, Metallica entre en studio, non pas à Copenhague mais à Los Angeles. Cette fois, Rasmussen est trop occupé pour pouvoir se libérer avant le mois de janvier 88 et Metallica engage Mike Clink, qui vient récemment de finir de travailler sur un certain Appetite For Destruction, pour superviser la production. L’année se termine, et, comme prévu, Flemming Rasmussen rejoint l’équipe pour finaliser, quelques mois durant, le travail sur ce nouvel opus.

Metallica se lance dans une nouvelle tournée qui débute les 27, 28 et 29 mai par trois Monsters Of Rock américains. Cette édition réunit Van Halen, Dokken, Scorpions et Kingdom Come. Puis, la tournée continue alors que la sortie de l’album, prévue en juillet, est repoussée.

… And Justice For All parait enfin en septembre 1988, précédé, le 23 août, d’un premier extrait : Harvester Of Sorrow. Le 17 septembre, soit neuf jours à peine après sa sortie, Justice trouve une belle 4ème position dans les charts anglais. L’album profite des nouvelles technologies que propose l’époque, et parait dans tous les supports imaginables: double vinyle, cassette et CD. L’œuvre est longue (plus d’une heure) et surprend par son côté froid, voire glacial. La basse de Jason Newsted est étonnamment absente, comme effacée, alors que les morceaux, épiques et presque progressifs – dont tous sauf deux dépassent les 6’ – exigent la présence de cette partie rythmique. Ce n’est là qu’un des aspects du « nouveau » Metallica qui explore subtilement de nouvelles possibilités musicales, souvent moins axées sur la vitesse. Ce nouveau départ du quatuor est également marqué par la diffusion, dès septembre, de la toute première vidéo commerciale illustrant One, chanson inspirée par le film Johnny got his gun – Johnny s’en va-t-en guerre.

Sans surprise, désormais c’est la routine, Metallica repart une nouvelle fois sillonner l’Europe et lance sa tournée par un concert à Budapest le 11 septembre, avant de retourner aux USA en décembre où il reçoit sont tout premier disque de platine récompensant plus d’un million d’exemplaires vendus de … And Justice For All qui atteint la 24ème place du Billboard. Metallica, dès lors, commence à prendre conscience de l’impact que peut avoir la diffusion sur MTV d’une simple vidéo. Le mnde change, les gens aussi.

Surfant sur son succès, Metallica, toujours en tournée aux USA, est nominé aux Grammy Awards dans la catégorie « meilleur groupe de Metal ». Le quatuor commence à fréquenter les notables mais voit, le 22 février1989 la récompense lui échapper au profit de Jethro Tull.

La tournée continue, entraînant Metallica plus loin que jamais : les nouveaux maitres du Metal mondial découvrent ainsi la Nouvelle Zélande, l’Australie, le Japon avant de revenir aux USA pour y assurer une tournée estivale, puis se rendent au Brésil et en Argentine après avoir annulé leur venue européenne. Mais le groupe promet d’y revenir. Pour l’heure, il est temps de songer à alimenter la faim des fans, de plus en plus nombreux, avec un nouvel album. A concevoir, et à enregistrer…

Cependant, avant de retourner en studio, Metallica annonce les dates d’une mini tournée européenne. Le vieux continent est donc investi au cours du mois de mai 1990. L’Angleterre, l’Allemagne, la Hollande, la France auront les honneurs de quelques rares concerts avant que Metallica ne s’envole de nouveau pour les USA et le Canada.

En moins d’une décennie, Lars Ulrich et James Hetfield sont parvenus à imposer Metallica, un groupe immature composé de sales mômes irresponsables, hargneux bruyants et loin d’être des sex symbols, aux côtés de Judas Priest, Iron Maiden , Black Sabbath ou Motörhead, comme une formation majeure du monde du Heavy Metal. Les années 80, pourtant, ne furent qu’un début… Metallica n’aura de cesse, au cours des années à venir, de s’imposer comme Le groupe de Metal, LA référence mondiale.

Nous sommes au mois d’août 1990. Lars Ulrich et James Hetfield ont un rendez-vous des plus surprenants. Ils se rendent à Vancouver afin de rencontrer le producteur Bob Rock, notamment connu pour son travail avec Bon Jovi ou Mötley Crüe. Pas tout à fait le même style que ceux que l’on surnomme les Four Horsemen… Les fans les plus acharnés commencent à remettre en cause l’intégrité de leurs héros qui, après avoir quitté L.A., la ville des poseurs, engagent celui qui a donné tant de platine à ces mêmes poseurs…

Au mois de septembre parait une double compilation mise sur pied depuis le mois d’avril par Lars Ulrich et Geoff Barton, rédacteur en chef de la bible anglaise du Metal, Kerrang !! NWOBHM, ’79 revisited retrace sur un double album (ou double CD, incluant des titres supplémentaires) l’aventure des débuts du mouvement anglais en compilant divers morceaux rares et démos de Saxon, Jaguar, Def Leppard, Iron Maiden, Venom, Angel Witch, ou encore Diamond Head, évidemment… Totalement culte et introuvable aujourd’hui !

Les discussions avec Bob Rock ont abouti, et le groupe tout entier se retrouve au studio One on One de L.A. au mois d’octobre afin d’enregistrer le successeur de Justice. Les sessions s’étalent jusqu’en mai 1991. La sortie de Metallica, le titre de l’album bientôt rebaptisé le Black album, est annoncé pour le milieu de l’été, alors que Metallica participera, le 17, une nouvelle fois aux Monsters Of Rock en compagnie d’AC/DC, Mötley Crüe , Queensryche et The Black Crowes. Cependant, Metallica a décidé d’offrir une pré-écoute de l’album le 3 août au Madison Square Garden de New York (en petit comité : près de 20.000 fans y assistent !) et au Hammersmith Odeon de Londres. Sans doute les rumeurs ont-elles été à l’origine d’une telle opération… On subodore que Metallica a vendu son âme au dieu dollar en choisissant un producteur aussi peu Thrash que Bob Rock et en ayant annoncé avoir enregistré… une ballade (ce que le groupe avait déjà abordé sur Master of puppets, pour mémoire.) De plus, donner à son cinquième album est plus que symbolique. Nombres de formations l’ont fait avec leur premier enregistrement (Led Zeppelin, Iron Maiden, Black Sabbath…) et, pour les Four Horsemen, cela sonne comme un nouveau départ. Et dès la sortie américaine de Metallica, le 13 août 1991 à 00h00, c’est la ruée des fans.

Plus encore que … And Justice For All, Metallica présente un groupe plus orienté que jamais vers l’avenir. Le Thrash tel que voulu sur les trois premiers albums, Metallica en a fait le tour. Le côté épique, progressif de Justice ne fonctionnera pas tout le temps. Trop complexe pour garantir l’adhésion durable de millions de fans. Metallica revient donc à ses bases, explore les moindres aspects de ce qui forgea et fait encore le Heavy Metal. Et ratisse large : aucun titre n’est à jeter, aucun de démérite en comparaison des autres. Le travail de Bob Rock est exemplaire, celui de Metallica époustouflant. Simplement. Et la conjonction de ces entités a priori opposées donne ce résultat qui propulse Metallica au rang d’incontournable groupe de Rock, et de Metal. Un nouveau groupe de légende.

Mais ce groupe, lui, a débuté la tourné européenne des Monsters deux jours avant, tournée suivie de ses propres escapades, en Pologne, Hongrie. Le bloc de l’Est est alors en train de tomber et s’ouvre de plus en plus à la culture occidentale. Ainsi, Moscou accueille les Monsters Of Rock et les groupes à l’affiche jouent devant plus de 500.000 personnes !

La tournée américaine démarre en octobre. Metallica peut désormais s’offrir tous ses plus gros délires, et décide, en guise de première partie, de diffuser un film de 30’ racontant son histoire. Egalement, les hommes en noir (couleur désormais obligatoire pour tout le staff Metallica) proposent, comme l’avait fait Def Leppard quelques années auparavant, une scène centrale. Celle-ci est en forme de diamant et permet, ce qui avait été testé plus tôt, à quelques dizaines de fans d’investir le snake-pit, espace au centre de la scène permettant d’être au plus près du groupe. Les autres encerclent cette scène sur laquelle se trouvent plusieurs éléments mobiles, comme la batterie. Le coup d’envoi de cette nouvelle aventure est donné le 12 octobre à Oakland, en Californie, propulsant Metallica à travers le monde jusqu’au 4 juillet… 1993, à Wercher, en Belgique !

Alors que certains fans de la première heure – et autres collègues musiciens (Slayer en tête) – avaient tiré à boulet rouge sur Metallica, désigné comme « traitre à la cause du Thrash », « groupe ayant retourné sa veste », etc, etc… l’album avoisine les 5 millions de ventes mondiales avant que l’année ne se termine, et se voit célébré par la presse internationale. Kerrang !! parmi d’autres désigne Metallica comme Album de l’année.

En pleine tournée américaine, Metallica se rend à L.A. en février 1992 pour la cérémonie de Grammy Awards et y interpréte Enter Sandman. Cette fois, le groupe se voit décerner le trophée dans la catégorie Meilleur album Metal.

En avril, le 20, Metallica joue au stade de Wembley dans le cadre du festival donné en hommage à Freddie Mercury, mort du Sida quelques mois plus tôt, avant de repartir aux USA. Le 17, le groupe entame à Washington DC une tournée commune avec Guns’N’Roses, ouverte par Faith No More.

Le package passe par le Canada et le 8 août, un incident pyrotechnique brûle James Hetfield au bras aux 2èmes et 3èmes degrés, entrainant la fin prématurée du concert de Metallica, et le début de celui des Guns. Las, ces derniers quittent la scène tout aussi rapidement, sans autre forme d’explication, déclenchant dans le public une émeute… L’état de James Hetfield, transféré dans un hôpital de Denver (Colorado) entraîne de fait l’annulation les concerts suivants. Le groupe lui cherche un remplaçant qui sera une nouvelle fois trouvé en la personne de John Marshall. Le groupe ainsi recomposé reprend du service dès le 25 août à Phoenix (Arizona) et continue de sillonner le nouveau continent jusqu’à la fin du mois de septembre, puis se rend en Europe.

L’année se termine, le Black Album, comme on le surnomme désormais, totalise plus de 10 millions de ventes sur le seul territoire américain, s’est hissé à la première place du Billboard, a reçu moult récompenses et distinctions internationales et le groupe a été vu par quelques millions de spectateurs ravis à travers le monde. En d’autres termes, Metallica, le groupe des petits gars boutonneux et impertinents fondé il y a une décennie, est devenu un monstre légendaire incontournable… et même respectable.

L’année 1993 est presque totalement consacrée à assouvir le monde. Metallica passe partout où l’on veut bien l’accueillir (la tournée ne s’appelle pas Wherever I May Roam – où que je puisse vagabonder – pour rien…). Seul un incident, de taille, est à déplorer : lors de son passage à Djakarta les 10 et 11 avril, d’énormes émeutes éclatent à l’issue des concerts. Lars, au nom de son groupe, publiera un communiqué officiel déplorant et regrettant ces incidents, « les premiers de ce type depuis le début de cette longue tournée de 21 mois ».

Le 22 novembre, Metallica publie un témoignage live à son image : monstrueux. Il s’agit d’un coffret – Live shit : binge & purge – constitué de trois vidéos et d’un triple CD accompagnés d’un livret de 72 pages, d’un pochoir et d’un backstage pass de 1993. Un superbe objet pas forcément abordable puisque son prix s’élève à environ 120 €… Le coffret, initialement prévu en édition limitée (10.000 exemplaires pour l’Europe) se voit réédité dans la même quantité par Phonogram. Entre le prix et la réédition, certains fans dénoncent la méthode commerciale mise en place par le label et validée par Metallica .

D’autres « événements » viennent confirmer la nouvelle image de Metallica : les achats des uns de pièces aux tarifs inabordables (voir, par exemple, la collection de tableaux de Lars Ulrich), les activités « réservées à l’élite » pour d’autres… En d’autres termes, Metallica donne maintenant l’image d’un groupe quelque peu embourgeoisé, alors qu’il ne fait que profiter des fruits de son labeur. Car depuis dix ans, du labeur, il y en a eu. Metallica n’a jamais, à moins d’y être contraint, arrêté, ne s’est jamais posé plus d’une semaine, et n’a presque jamais déçu son public.

Le groupe repart sur les routes dès le mois de mai 1994 avant de retourner en studio au mois de janvier 1995. Il en ressortira avec un visage tout neuf…

Cinq années se sont écoulées entre la parution de Metallica et celle, très attendue, de Load. En réalité, Metallica a accumulé tant de matériel qu’il a été décidé de sortir deux albums, Load en 1996 et ReLoad en 1997, plutôt qu’un double CD. Plus jamais le groupe ne souhaite voir autant de temps s’écouler entre deux offrandes à ses fans… et tiendra (presque) parole dans les années à venir, inondant régulièrement le marché de produits divers, audio et vidéo.

Afin de marquer sa maturité nouvellement acquise, Metallica , devenu un groupe adulte, décide de travailler le visuel : d’une part, sa signature est modifiée: plus compacte, moins agressive, surtout, elle se veut annonciatrice de nombreux changements. Ensuite, les musiciens sont passés chez le coiffeur (sauf Kirk Hammett) et le tailleur. La nouvelle tête, la nouvelle apparence plus branchée est un autre élément qui déplait aux fans… Ils sont trop propres, trop stylés et trop éloignés du Thrash les Four Horsemen. Le public les regarde d’un œil méfiant et aun comportement parfois accusateur. Et la musique dans tout ça ? Metallica offre un album dense, d’une heure quinze, et cherche à renouer quelque peu avec le blues. Si les mélodies de Ain’t My Bitch ou 2X4 qui ouvrent cet album sont dynamiques, les fans dénoncent vite le manque de riffs thrash et la « discrétion » des soli. Par ailleurs, les incursions dans l’univers de la country (Mama said) et l’omniprésence de rythmes mid tempo, ne sont tout simplement pas du goût de tous. Bien que la production de Bob Rock soit une nouvelle fois à la hauteur, l’album devient vite, tout comme son successeur ReLoad en 1997, le plus décrié de la discographie des gars de San Francisco. Pour autant, l’un et l’autre atteindront le statut multiplatine aux Etats-Unis. Un succès commercial, oui, mais décevant au regard des records atteints par le Black Album, certes, mais aussi une déception d’un point de vue artistique. Mais Metallica est désormais un groupe à part, entré dans les chaumières, et est devenu une véritable institution américaine incontournable. Comme Bon Jovi, Aerosmith ou Bruce Springsteen…

Les tournées qui suivent continuent, elles, d’attirer des foules compactes. S’il est en effet un domaine où Metallica a toujours été irréprochable, c’est bien la scène. Et le groupe ne lésine pas, démarrant le Load tour au mois d’avril 1996 à San Jose, en Californie, et clôt l’année au même endroit après être passé par l’Amérique du Sud, le Canada et l’Europe. Les cinq premiers mois de 1997 voient le groupe concentrer le gros de ses efforts sur les USA. Metallica s’accorde ensuite un break avant d’envahir les festivals européens et de simplement s’y faire plaisir.

1998 voit une nouvelle galette – double – de Metallica arriver dans les bacs. Garage Inc. est une sorte d’extension au Garage Days Revisited sorti une décennie plus tôt. Le concept est le même, Metallica , par le biais de reprises et de faces-B de ses singles, rend hommage à ceux qui l’ont inspiré et permis d’arriver où il en est aujourd’hui. L’année est ensuite consacrée à la route, Metallica donnant cette fois la priorité aux contrées lointaines : Australie, Nouvelle Zélande, Japon reçoivent les hommes en noirs qui retournent à domicile toute la seconde moitié de l’année…

Il est parfois bon de surprendre son public et de casser la routine. Cela se traduit par une nouvelle collaboration avec Michael Kamen, chef d’orchestre qui avait déjà apporté sa collaboration à certains arrangements de Metallica (et de Queensrÿche, parmi d’autres). Les 21 et 22 avril, Metallica donne deux concerts avec l’orchestre symphonique de San Francisco, dirigé par Kamen. La relecture des morceaux de Metallica emballe le public et se traduit par la sortie, fin novembre, du double CD live S&M. Certains remarquent que l’on retrouve le « M » du logo d’origine de Metallica… Un signe ? L’album est acclamé par les fans et la critique. Le mariage a priori contre nature se révèle totalement efficace, l’œuvre de Metallica réarrangée ne s’en trouvant pas du tout dénaturée.

L’année 2000 est marquée par un évènement de taille. Un évènement dont Metallica ne ressortira pas indemne. Car le groupe a enregistré un nouveau titre pour la bande originale du film Mission : Impossible 2. Mais alors que la première diffusion radio officielle de I Disappear devait se faire le 19 avril, le groupe découvre que le morceau est très largement diffusé sur Internet, via le site d’échange de données Napster, fondé par les frères Fanning (Shaun et John) et Sean Parker. L’explosion de l’univers numérique et la popularisation de l’informatique ont engendrés de nouveaux modes de consommation de la musique. Des nouveaux comportements auxquels l’industrie musicale ne s’était pas préparée. Et n’a donc rien vu venir. Car les nouvelles générations ont élaboré des systèmes d’échange de fichier. Un échange, c’est « je te donne, tu me donnes », et on ne parle que d’une chose par transaction… Mais ici, avec les nouvelles technologies, les choses se font à une échelle telle que le « tape trading » d’il y a vingt ans, ou même le piratage sur cassettes audio d’il y a dix ans à peine font pâle figure… Le piratage des années 2000 se transforme en une véritable industrie parallèle. Le combat dans lequel s’engage Metallica, et plus spécifiquement Lars Ulrich, est plus celui pour le contrôle de la répartition des droits d’auteurs qui, avec ces nouveaux systèmes, échappent à tout contrôle. Le procès, long, entrainera la disparition de Napster, mais les résultats de l’industrie musicale connaîtront, malgré tout, des chutes vertigineuses. L’image de Metallica auprès des plus jeunes, principalement, est également salement touchée car désormais les sales gosses de la Bay Area passent pour de vils capitalistes assoiffés de dollars…

Metallica aura du mal à redorer son image, d’autant que le 17 janvier 2001 Jason Newsted annonce quitter le groupe. S’étant vu, parmi d’autres raisons invoquées par le démissionnaire, notifier un refus catégorique de s’impliquer plus avant dans son projet Echobrain, le bassiste en poste depuis 14 ans reprend, comme l’avaient fait avant lui des artistes comme Bruce Dickinson et surtout Rob Halford, sa liberté. Cette démission est en fait la conclusion d’années difficiles passées au sein de Metallica puisque jamais Jason ne fut considéré comme membre à part entière du groupe. Ni ne trouva sa place.

Cette claque donne à réfléchir au trio restant tant sur sa démarche créative que sur ses relations au niveau humain. Et plutôt que de se précipiter à chercher un remplaçant, c’est Bob Rock qui occupera temporairement la place de Jason.

Lorsque le groupe entre en studio, commence un long travail, douloureux, pénible pour tous. D’abord, le départ de Jason est mal vécu et Metallica décide de mettre un terme à trop de conflits en embauchant à demeure un psychologue chargé de les accompagner sur le chemin de la rédemption. Ensuite, le groupe a accepté d’être en permanence filmé dans le cadre d’un documentaire. Les caméras de Joe Berlinger et Bruce Sinofsky s’immiscent dans l’univers cloisonné de Metallica de mai 2001 à juin 2003, retraçant sans pudeur le quotidien d’un groupe phare : les conflits internes qui voient James claquer la porte et disparaitre (pour une cure de désintox), la recherche d’un nouveau bassiste, les engueulades au sujet des nouveaux morceaux, les répétitions avec un Bob ROCK plus bassiste que producteur, et le choix de Robert Trujillo (ex-Suicidal Tendencies, Ozzy Osbourne et Black Label Society) qui rejoint officiellement Metallica le 24 février 2003 avant de partir sur les routes pour de nouvelles aventures. Au départ, le duo de réalisateurs avait pour objectif de tourner un documentaire sur les coulisses de la création d’un album, mais les évènements leur ont apporté un nouvel angle de travail qui verra Some Kind Of Monster récompensé au festival de Sundance en janvier 2004. Mais entre-temps…

L’intermède imposé par James Hetfield prend fin au printemps 2002, et le groupe doté d’un souffle nouveau peut s’atteler à la tâche. Lorsque parait – enfin – St. Anger, le public découvre un album sans signature ni titre (autre que sur la tranche). Si Robert Trujillo fait officiellement partie de Metallica, c’est bien Bob Rock qui joue de la basse sur des morceaux longs, complexes, au chant râpeux, mais des morceaux sans aucun solo. Malgré la présence de titres accrocheurs comme Frantic, Invisible Kid ou Purify, l’album, une nouvelle fois, divise les fans certains reprochant au DVD bonus, montrant le groupe répéter en compagnie de son nouveau membre, d’avoir un meilleur son que sur le CD. Ce n’est d’ailleurs pas la dernière fois que les fans pointent du doigt des problèmes liés au son.

Le groupe a pourtant d’autres préoccupations en tête. Le lancement de l’album se fait par le biais de trois concerts donnés à Paris le 6 novembre 2003. Les fans ont du faire un choix, car l’organisation rendait impossible l’achat de billets pour les trois concerts. Ces derniers ne furent mis en vente qu’aux caisses de chaque salle quelques semaines plus tôt. Ainsi le Trabendo, la Boule Noire et le Bataclan eurent les honneurs de recevoir un Metallica intimiste et revigoré par le défi d’une nouvelle ère. Si l’exploit rappelle celui que réalisa quelques années plus tôt Def Leppard qui donna, en 24 heures, trois concerts sur trois continents différents, Metallica, en se concentrant sur une même ville – et pas n’importe laquelle, s’il vous plait, Paris, tout un symbole ! – économise en fatigue l’énergie qu’il dépense sur scène. Puis Metallica reprend la tournée des stades, envahissant les USA, et le reste du monde avant de s’accorder une année de repos en 2005.

Metallica réapparait en novembre 2005 pour deux concerts donnés en compagnie des éternels et incontournables Rolling Stones, puis les quatre retournent en studio au mois de janvier 2006. Et là, surprise : Bob Rock, producteur grâce auquel Metallica a vendu plusieurs dizaines de millions d’albums, n’est pas de la partie ! Metallica a choisi de travailler avec Rick Rubin le grand manitou du rap US des années 80, fondateur de Def American Records, et qui s’était déjà distingué en produisant des artistes comme Slayer (oh, le scandale de cette annonce… Ahh! le résultat discographique – South Of Heaven, Seasons In The Abyss) Comme le groupe en a pris l’habitude, il donne, durant l’été, quelques concerts afin de s’oxygéner, et présente même deux nouveaux morceaux à quelques privilégiés allemands et japonais.

L’enregistrement de l’album sous le contrôle de Rubin débute en 2007. Le producteur veut que Metallica se lâche, renoue avec son passé, retrouve la rage et le naturel de ses débuts. Le résultat parait sous le titre de Death Magnetic le 12 septembre 2008. Rubin a souhaité que Metallica renoue avec son passé ? Est-ce lui le responsable du retour du logo d’origine ? Ce détail signifie-t-il un retour au Thrash direct et sans concession qui fit les grandes heures du Metallica des années 80 ? Pour célébrer le lancement de Death Magnetic, Metallica donne deux concerts de charité à Berlin puis à Londres avant de constater le résultat de ses efforts : la critique est (quasi) unanime, l’album se classe en première places de nombreux tops et charts. Mais… Mais un détail chiffonne nombre d’acquéreurs, c’est le mix de la batterie qui grésille et sature pour un rendu plus que désagréable rendant l’écoute à volume important ou au casque pénible… Comment un groupe comme Metallica , avec les moyens technologiques dont il dispose, a-t-il pu laisser passer ce « détail » ? Comment n’avoir pas envisagé la possibilité que de nombreux fans n’aient pas forcément les moyens de s’offrir du matériel aussi haut de gamme que Metallica ? Mais le succès l’emporte au final sur l’insatisfaction, l’album voyant d’anciens fans revenir au bercail.

Metallica repart une nouvelle fois sur la route, et traverse le monde à un rythme moins soutenu – moins fatigant et moins exigeant, donc – que par le passé, se concentrant sur des périples de deux semaines de concert/une semaine de repos. La tournée, sans surprise, fait une nouvelle fois carton plein, et donne naissance à deux DVD, dont Français pour une nuit, retraçant magistralement le concert que Metallica donna aux arènes de Nîmes le 7 juillet 2009 . En plus, Metallica se voit sollicité pour être au centre d’une édition spéciale du jeu vidéo Guitar Hero qui parait également en 2009. Il est loin, le temps où Metallica jurait ne jamais céder au démon de la vidéo… Puis, en 2009 encore, Metallica fait officiellement son entrée au Rock’N’Roll Hall Of Fame. Un minimum pour le 7ème plus gros vendeur de l’histoire de la musique américaine…

2010… Metallica retourne en Amérique du sud, rendant visite à des fans qu’il avait délaissés pendant près d’une décennie. Et revient en Europe au cours de l’été. Pas seul, loin de là ! L’organisation du festival Sonisphere a organisé un événement de taille puisqu’il a réussi à réunir sur une même affiche, et pour une série de sept festivals, ceux que l’on désigne depuis vingt ans comme « le Big 4 » du Thrash : Metallica sera précédé de Slayer, Megadeth et Anthrax, les quatre groupes prévoyant de jammer ensemble. Une de ces journées historiques, celle de Sophia, en Bulgarie, fera l’objet d’un DVD témoignage (et d’un quintuple CD) sobrement intitulé « The Big 4 Live from Sophia ».

La tournée Death Magnetic, quant à elle, se termine à Melbourne (Australlie) le 21 novembre 2010 et Metallica rentre au bercail avec un nouveau projet en tête.

Cette fois, Metallica a décidé de prendre tout le monde à contre pied. Et la surprise est de taille lorsque le groupe annonce s’associer à Lou Reed, mentor du Velvet Underground, icône d’un certain rock décalé, du pop art d’Andy Warhol, aussi. Bref, un artiste à l’opposé de l’univers de Metallica. Mais on pourrait aussi dire que Lou Reed a, également, pris tout son monde à contre pied en décidant de s’associer à Metallica, icône du Thrash violent et explicite, mentor de toute une génération de groupes bruitistes et extrêmes, groupe clamant que le mélange de sang et d’urine qui illustre la pochette de Load est de l’art… Une association a priori contre nature (celle de Metallica et de Reed, s’entend), et pourtant, l’art en est bourré de ces associations…

Le résultat parait fin octobre 2011. Une seule indication sur la pochette : le titre, Lulu, rouge sang, écrit en superposition du buste d’un mannequin de cire sans bras. Très vite, l’album est décrié, montré du doigt, médias et fans lui offrant directement et sans autre forme de procès le statut de pire album du groupe. Le verdict est sans appel, Lulu ne se vendant qu’à quelques milliers d’exemplaires la semaine de sa sortie. La pire vente jamais enregistrée par un groupe, par des artistes de cette envergure qui donnent une dernière chance au public de San Francisco lors de quatre concerts exceptionnels donnés par Metallica entre le 5 et le 10 décembre 2011.

Car Metallica a décidé de fêter dignement son trentième anniversaire. Pour ce faire, le groupe investit le Fillmore, petite mais mythique salle de San Francisco fondé par Bill Graham dans les années 60 afin d’offrir à certains artistes (dont les Grateful Dead) un lieu où jouer. Seuls les membres du fan club peuvent se procurer des billets. Mais ils sont trop nombreux pour être tous servis. Un tirage au sort désigne donc les heureux privilégiés qui pourront assister à ces shows. Quatre concerts donnés pour 2000 spectateurs, chacun, avec des setlists et des invités chaque soir différents, et un tarif défiant toute concurrence : 6 dollars le concert, moins de 20 les quatre. Metallica est à la fête et ses invités, anciens membres (Dave Mustaine, Jason Newsted ou même les plus anciens Lloyd Grant et Ron McGovney), ceux qui ont failli « en être » (Pepper Keenan, John Bush) ou autres illustres inspirateurs (Biff Byford, Rob Halford, King Diamond, Lou Reed, Marian Faithfull…) aussi.

Afin de tenter de se racheter de la débâcle Lulu, Metallica publie un maxi de « restes » de Death Magnetic, un quatre titres intitulé Beyond magnetic. Mais c’est une nouvelle fois l’annonce de sa nouvelle tournée des stades qui « crée le buzz ». Metallica a 30 ans, le Black album tout juste plus de 20. Ce dernier sera le centre de cette nouvelle tournée, le groupe axant sa communication autour du fait que Metallica sera interprété dans son intégralité. Cependant, les quatre de San Francisco n’ayant jamais rien fait comme les autres, il semble évident que bien d’autres choses attendent le public. Pour la France, rendez-vous donc au Stade De France le 12 mai 2012. Sans surprises, le concert affiche en quelques heures complet et, comme sur le reste de sa tournée, Metallica fait les choses comme il faut: Gojira en ouverture est un bel amuse gueule, mais, au delà du spectacle – irréprochable, comme toujours – Metallica a décidé d’inviter ses fans – membres du fan club français principalement – à prêter et exposer quelques souvenirs dans une sorte de mini musée que peuvent « visiter » quelques privilégiés. Malgré quelques égarements, Metallica, finalement, sait rester proche de ses fans.

Jamais à court d’idées novatrices, Metallica décide de se lancer dans un nouveau projet, au cinéma, cette fois! En fait, le groupe se trouve au centre des recherches que mène le jeune acteur dane Deehan, héros de Through the never, film réalisé par Nimrod Antal. Metallica y donne un concert, tandis que Trip, le héros, se voit confier la mission de récupérer un objet. Son périple est brutalement interrompu à la suite d’un accident etc… Bref, un scénario basique mais une mise en scène qui se veut novatrice, deux éléments qui permettent à Metallica de publier un nouveau live, double, enregistré au Canada (Edmonton et Vancouvert) courant aout 2012. Un album qui démontre, une fois n’est pas coutume, la puissance scénique intacte des Horsmen.

Devenu monstre sacré, Metallica se fait naturellement plus rare. Ses concerts prennent la forme de véritables événements; Mais ce n’est pas assez. Toujours soucieux de l’avis des fans, le quatuor décide d’organiser, en 2014, une tournée particulière qui se tient du 16 mars au 10 août 2014 pour 25 concerts : intitulée Metallica by request, les fans reçoivent la promesse de ne jamais avoir deux fois la même set list. un véritable défi pour jame, Lars, Kirk et Robert puisque ce sont les fans eux-mêmes qui décident de la set list du soir en votant par SMS. Les chansons interprétées ne sont connues du groupe que quelque minute avant que ne démarre le concert, à la clôture des votes. Mais au final, le public n’opte que rarement pour des titres rares et réclame les plus connus… une belle expérience et un beau pari, relevé haut la main, cependant.

En 2015, la France est touchée par le terrorisme aveugle à deux reprises. La seconde affecte particulièrement Metallica puisque le 13 novembre 2015, des groupes radicalisés s’attaquent au Stade de France (sans pouvoir y pénétrer), aux clients de restaurants et bars des Terrasses et pénètrent dans le Bataclan où ils commettent un massacre sans nom. Le monde est sous le choc, d’autres villes ont été et seront touchées mais Metallica connait le Bataclan et décide de publier, l’année suivante, en 2016, les enregistrements du concert donné en ces lieux pour la sortie de St Anger. Paru en édition limité, Liberté, égalité, fraternité, Metalllica! regroupe les 9 chansons (dont on a pu avoir quelques extraits sur le Ep Some kind of monster) interprétées lors du périple de 2003 et devient rapidement un objet recherché des fans.

Mais le groupe s’est également attelé à la création du successeur de Death magnetic. En novembre 2016, lorsque parait Hardwired to self destruct, les fans savourent le premier double album – pardon: double CD – de la carrière du groupe qui revient en forme. Malgré une pochette et un titre mystérieux, tout le monde est d’accord: Metallica est en forme, revient avec l’esprit des débuts et… a fait attention à ne pas se planter dans le son travaillé avec du matériel »plus abordable »! Il grimpe rapidement à la première place de nombreux classements nationaux (France, Autriche, Suisse, Irlande Allemagne…) et confirme la position dominante de Metallica dans l’univers du Metal. La tournée annoncée est rapidement complète et c’est désormais avec impatience et ferveur que les fans français attendent l’ouverture des portes de l’Accor Hotels Arena de Paris les 8 et 10 septembre prochains.

Le monstre vit encore; mieux: il est en pleine forme et plus fort que jamais!

BORN AGAIN: Strike with power

Heavy metal, France (Massacre records, 2017)

Born Again, c’est qui? Sans aucun rapport avec les « nouveaux chrétiens », ceux qui se découvrent, Born Again est un groupe français formé en 2016. Influencé par les grands noms du genre – période NWOBHM – le quatuor dispense un heavy metal sans concession.

Strike with power, ça donne quoi?  Born Again propose avec son premier album 10 chansons puissantes et racées, forgées dans le metal des années 80. Au gré des morceaux, on reconnaîtra la patte de Saxon, Iron Maiden, le groove de Thin Lizzy, ou la rage de Venom, références évidentes parmi d’autres. Sans nostalgie aucune Born Again parvient à donner un souffle nouveau à un genre qui draine des générations d’amateurs. OK, ses membres ne sont plus tout jeunes, mais partagent cet passion avec tant de bonheur qu’ils parviennent presque à rafraîchir le genre. Le chant puissant et d’une profondeur inquiétante, les envolées de guitares ou la rythmique de plomb offrent des moments simplement imparables. On se laisse prendre au jeu facilement, d’autant plus avec cette reprise de No class d’un Motörhead irremplaçable. Une belle découverte, et un groupe à suivre, assurément!

Note: 8/10

Sortie: février 2017

ONE LAST SHOT: Even cowboys have sundays

Heavy metal, France (Autoproduction, 2017)

One Last Shot, c’est qui? Groupe parisien formé en 2013 par une bande de potes, One Last Shot publie son premier méfait discographique – le Ep First gear – en 2015. Les 5 titres lui ouvrent les portes du Motocultor festival et le propulse en première partie des Spiritual Beggars…

Even cowboys have sundays, ça donne quoi? Dès le morceau d’ouverture, I’m a gambler, on sent cette envie d’en découdre, de se retrouver à la table des plus grands. La voix qui pue la cendre froide et le whisky, les guitares gui traficotent des riffs directs et sans prétention autre que celle d’aller droit au but, la rythmique qui se pose comme un mur de briques… Avec Even cowboys have sundays, One Last Shot intègre parfaitement ses amours musicales dans ses réalisations tout en se forgeant son identité sonore. Un bel hommage à Motörhead (ah, ce Join the club, ses changements de rythmes et sa double!), au rock sudiste, au thrash des débuts, au rock puissant et groovy qui s’écoute sur les routes désertes, cheveux au vent. On regrettera simplement une production un peu trop étouffée, qui gache un peu le résultat global. Et bien que OLS ne réeinvente pas le genre, le potentiel est là, volontaire, spontané et déterminé.

Note: 8/10

Sortie: avril 2017

Interview: PYOGENESIS

Entretien Pyogenesis. Rencontre avec Flo Schwarz (chant, guitare). Propos recueillis à Paris le 28 mars 2017

 

Paru fin février 2017, A kingdom to disappear, le nouvel album des Allemands de Pyogenesis  le second volet d’une trilogie traitant de l’ère industrielle. Un appel à se replonger dans nos cours d’histoire que nous raconte Flo Schwarz, son chanteur, guitariste, compositeur et capitaine qui revient aussi sur les motifs d’une bien longue absence.

 

Metal-Eyes : Que se passe-t-il, Flo ? Il vous a fallu 13 ans entre A century in the curse of time et votre album précédent, mais seulement deux ans séparent A century et A kingdom to disappear, votre dernier né ?

Flo Schwarz : En fait, il ne s’est écoulé que 18 mois entre ces 2 disques… En 2002, j’ai créé une entreprise parce que je ne savais pas si Pyogenesis me nourrirait toute ma vie. Alors j’ai fondé Hamburg records qui est une entreprise de management de groupes. Nous avons ces connaissances du management grâce à toutes les erreurs que j’ai pu commettre avec mon groupe dans le passé, et je sais ce qu’il faut éviter avec d’autres groupes. Au début, ça m’a demandé beaucoup de temps – je faisais tout tout seul. Et l’entreprise a grossi, j’ai eu assez d’employés ce qui me permet de retrouver un peu d’activité avec Pyogenesis. Avec Pyogensis, j’ai gagné assez pour fonder Hamburg records, et aujourd’hui, Hamburg records me donne assez d’autonomie financière pour relancer Pyogenesis. Les deux avancent main dans la main.

Metal-Eyes : Une relation gagnant-gagnant, donc. Ce qui explique, j’imagine en partie, les divers changements de line-up…

Flo Schwarz : Il y a encore un ancien membre, et deux nouveaux,  oui. Notre guitariste, Peter, a changé de sexe, il est aujourd’hui Sophie, et quand nous avons commencé à envisager la reformation nous en avons parlé et elle nous a dit que ça ne convenait pas à sa nouvelle vie.

Metal-Eyes : Comment décrirais-tu l’évolution du groupe entre A century in the curse of time et A kingdom to disappear ?

Flo Schwarz : Je ne crois pas qu’ils soient si différents. Il s’agit d’une trilogie, A kingdom en est la seconde partie. Tu sais, pour moi, un disque doit… Au fil du temps, j’ai écrit des morceaux qui ne sont pas sur un disque. Aujourd’hui, il me semble plus important que toutes les chansons aillent ensemble, qu’elles soient organisée, je cherche à avoir une dramaturgie théâtrale – une intro, de la tension, un relâchement – et c’est ce que nous avons fait avec ce disque. A la fin de la trilogie, je veux que les trois disques puissent être écoutés d’affilée. Bien sûr, ce n’est pas une copie du précédent même s’ils vont ensemble d’un point de vue de l’esprit musical, de la production… Mais ce ne sont pas les mêmes chansons.

Metal-Eyes : Ce qui signifie que le prochain album est prévu pour fin 2018 ?

Flo Schwarz : Je ne sais pas… (rires)

Metal-Eyes : Qu’as-tu mis dans ce disque? Qu’est-ce qui t’a inspiré, musicalement ?

Flo Schwarz : J’ai un studio, chez moi, et ma passion, c’est la musique. C’est un hobby de m’asseoir, de jouer de la guitare et de composer. Quand je joue, j’enregistre ce que je compose, tout. Alors le processus d’enregistrement correspond au processus d’écriture. On ne se dit pas « on a besoin d’un titre comme ci, d’une chanson comme ça, comment peut-on faire ça ? » Non, on s’installe, on va dans différentes directions et à la fin, on obtient certains sons communs, qui vont bien ensemble. C’est comme ça que nous travaillons notre musique ensemble.

Metal-Eyes : Certains groupes que tu écoutes, des livres que tu lis t’ont-ils inspirés ?  

Flo Schwarz : Des livres, oui, bien sûr, pour les paroles. Elles n’ont pas seulement été inspirées, en fait. On traite du changement de société qui a eu lieu au XIX° siècle, et ce dont je parle est vraiment arrivé. Le livre d’Oscar Wilde, Le portrait de Dorian Gray, est devenu une chanson, I have seen my soul. Ce fut une première approche dans la littérature d’horreur. Sur l’album précédent, je me suis inspiré d’un auteur français, Jules Vernes, 20.000 lieux sous les mers qui a été la première approche de la science fiction. Il l’a inventée, au XIX° siècle et aujourd’hui, la science fiction envahit le cinéma et la télé !

Metal-Eyes : Serais-tu d’accord pour dire que le logo a suivi l’évolution musicale du groupe ? Selon moi, et je ne connais pas toute l’histoire de Pyogenesis, votre musique est devenue… Pas plus calme, mais moins agressive musicalement que ce qu’elle n’était, bien qu’elle le reste toujours, et votre logo est devenu également plus « facile à lire ».

Flo Schwarz : Oui (il rit)… Je vois une analogie, mais… tu as sans doute raison, mais ce n’était pas volontaire. Je vois ce que tu eux dire… Il faudra que j’y pense plus, peut-être… Tu sais, au final, notre premier logo était une sorte de crachat, et nous étions à cette époque vraiment inspirés par d’autres groupes de ce style. Je crois que le logo devrait te permettre d’imaginer à quel type de musique tu as affaire. Je crois aussi qu’aujourd’hui, un logo doit être lisible (rires). Il doit être simple, reconnaissable…

Metal-Eyes : Bien qu’il s’agisse aujourd’hui d’une trilogie basée sur l’évolution de la société, y a-t-il des thèmes que tu refuses d’aborder avec Pyogenesis, et d’autres, au contraire dont tu souhaites toujours traiter.

Flo Schwarz : Un thème serait la politique. Nous traitons de politique, mais à travaers l’histoire, les faits. La politique actuelle n’a pas sa place, bien sûr dans la trilogie, mais en plus, je ne pense pas que ce soit un sujet ppour un groupe comme Pyogenesis. Dans Pyogenesis, on doit raconter quelque chose aux gens, leur raconter l’histoire, leur rappeler d’où ils viennent. En Allemagne, il y avait Helmut Khol, qui était chancelier à la fin des années 80 et qui était ami avec François Mitterrand. Il disait que si on ne connait pas le passé, on ne peut comprendre le présent et on ne pourra pas orienter le futur. Et c’est si vrai. Avec une phrase, il a rendu un concept si compréhensible. Un exemple : le conflit entre Israël et la Palestine : si tu ne connais pas l’histoire de ces territoires, tu ne peux pas comprendre ce qu’il se passe – quand je parle du passé, c’est 2.000 ans en arrière. C’est important d’expliquer ces choses à des amateurs de musique, par les faits. C’est un bon moyen de parler de notre histoire à tous.

Metal-Eyes : Si tu devais ne retenir qu’une chanson de A kingdom to disappear pour expliquer ce qu’est Pyogenesis aujourd’hui, la quelle serait-ce, et pour quelle raison ?

Flo Schwarz (Il réfléchit longuement) : Ce serait soit Every man for himself and God against all ou I have seen my soul, ou encore Blaze, my northern flame. Toutes trois ont fait l’objet d’un clip (rires)! Elles incluent tout ce qui fait ce que nous sommes: elles sont heavy, mélodique, mélancoliques, et elles ont un aspect plus dur, comme de courts passages de blast beats – pas parce qu’il faut qu’on joue vite et fort, simplement utilisés comme un effet.

Metal-Eyes : L’une de ces trois chansons, alors…

Flo Schwarz : Prends les toutes les trois ! Prend tout l’album ! (rires)

Metal-Eyes : Une dernière chose, quelle a été la meilleure question qu’on t’a posée aujourd’hui?

Flo Schwarz : Tu n’as pas une autre question avant, que je puisse ensuite te dire que c’est celle là,

Metal-Eyes : Alors, si: j’imagine que vous allez défendre cet album sur scène. Quels sont vos projets de tournée ?

Flo Schwarz : On tourne en ce moment en Suisse, Italie et en Autriche. Ensuite on va aller jouer au Full metal cruise, ce festival sur un paquebot – oh, que je suis impatient d’y être ! C’est dingue – et ensuite, on a quelques festivals d’été mais je ne sais pas encore lesquels sont confirmés. On n’a pas envie de donner 120 concerts par an comme on le faisait avant le break. Moins de concert, mais on continue de s’amuser.

Metal-Eyes : Alors, quelle est la meilleure question qu’on t’a posée aujourd’hui ?

Flo Schwarz : Celle que tu viens de me poser ! (rires). Vraiment, et personne d’autre ne demande ça ! Des questions inhabituelles, j’aime, ça.

 

 

 

Interview: LIV SIN

Entretien Liv Sin. Rencontre avec Liv JAGRELL (chant). Propos recueillis à Paris le 17 mars 2017

 

Fraîchement arrivée de Londres, Liv Jagrell, chanteuse de feu Sister Sin, vient défendre son nouveau projet, Liv Sin. C’est à Paris que nous la retrouvons autour d’un café et il ne faut pas la forcer à parler tant elle a de choses à dire. Aussi charmante que bavarde…

Metal-Eyes : Avant de parler de ton album, je voudrais revenir un peu en arrière afin que tu nous expliques les raisons qui t’ont poussée à mettre un terme à Sister Sin et celles qui t’on motivées à revenir avec Liv Sin

Liv : Nous avons splittés parce que nous étions épuisés par les tournées. Certains plus que d’autres… Le batteur et moi, nous étions constamment en tournée avec Sister Sin. Pendant pratiquement 10 ans. En 2015, nous avons tourné avec UDO en Europe, sommes allés au Mayhem festival en Amérique. Lorsque nous sommes revenus de ce festival, nous étions tous épuisés, mais, deux d’entre nous, le guitariste et le bassiste n’avaient plus envie de repartir en tournée. Tu ne peux pas forcer les gens à reprendre la route. Après deux semaines à la maison, j’ai besoin de repartir, mais eux nous ont fait comprendre que non « je ne veux plus partir ». C’est la raison pour laquelle nous avons splitté, car au final il y avait moi, et David, le batteur qui étions partant. Trouver deux nouveaux membres, qui s’intègreront parfaitement au groupe demande beaucoup d’énergie… Et ça ne ressemblerait pas à Sister Sin s’il n’y avait que nous deux.

Metal-Eyes : il semblait plus logique à tes yeux de splitter et de te lancer avec Liv Sin ?

Liv : Oui, car au départ, David et moi avons été pris par surprise. On croyait que ça durerait toujours. Les deux autres avaient sans doute déjà en tête cette décision mais ils ne nous ont rien dit avant d’en avoir vraiment marre. Au départ, je ne savais pas trop quoi faire… j’étais perdue pendant quelques mois. Sister Sin était toute ma vie, j’avais monté ce groupe, y ai mis ma personnalité en tant que chanteuse et quand tu perds ça, c’est comme… « que fais-je maintenant, qui suis-je ? » J’ai été instable pendant un certain temps et ne savais pas… Bien sûr, je voulais jouer de la musique mais je ne savais pas par où commencer. A zéro ? Avais-je l’énergie de reprendre à zéro ? Où trouver un label ?

Metal-Eyes : Et des musiciens…

Liv : Et des musiciens ! Il m’a fallu quelques mois de réflexion avant de décider si je voulais vraiment le faire, et comment le faire. J’avais déjà en tête quelques musiciens. Le batteur, qui est mon petit ami et nous avait déjà dépannés au sein de Sister Sin, quand David a eu un enfant, il ne pouvait plus tourner autant. Je savais que ce batteur (Per Bjelovuk) serait le bon. Je lui ai dit : « ok, je lance un nouveau projet, tu en seras le batteur et tu ne peux pas dire non ! » (rires). J’ai un peu d’autorité (rires). C’était sympa parce que nous avons pu prendre le temps de nous asseoir, d’en parler et nous avons une vision commune du projet. C’est là que ça a commencé, mais je devais écrire et composer des chansons, trouver les musiciens… Plein de choses, mais j’avais mon manager, de Sister Sin, qui continue de travailler avec moi car il croit aussi qu’il y a encore des choses à faire. J’ai essayé d’écrire les chansons moi-même – je joue un peu de guitare mais je ne suis pas très bonne – j’ai donc attrapé ma guitare et commencé à composer. ça faisait, quoi ? 15 ans que je n’avais pas composé, mais rien à foutre ! Allons-y ! Je me suis vite rendue compte que les riffs que j’avais en tête ne trouvaient pas leur chemin avec mes doigts, ni avec mes capacités à jouer… Je devais donc trouver quelqu’un qui comprenne les idées que j’avais en tête et qui puisse le retranscrire à la guitare. L’un de mes amis connaissait un bon guitariste, qui avait joué dans des groupes punk, rock mais rien de très metal, ce qui m’a fait hésiter. Mais je lui ai demandé s’il était intéressé à l’idée de m’aider à écrire, mais ai insisté sur le fait que ça devait être metal. Donc je l’ai renvoyé chez lui et il devait écouter tous ces vieux trucs qui ont fait le metal… De là, il est arrivé avec le riff de Let me out qui est le premier single. Et c’est ce que j’avais en tête ! J’ai donc compris qu’il serais le bon guitariste pour ce poste. J’avais déjà les trois membres principaux, ceux qui ont composé l’album. Juste avant d’entrer en studio, j’ai pensé à la possibilité d’intégrer un guitariste solo – Patrick Ankermark est très bon avec les riffs, en lead – mais j’avais besoin de quelqu’un plus orienté mélodie, Arch Enemy et ce genre de choses que j’avais en tête. Juste avant d’entrer en studio, j’ai pensé à ce gars que j e suivais sur Instagram – il me suivait aussi sur Instagram, je crois que c’est parce qu’il était fan de Sister Sin – et je l’ai contacté. Je regardais ses solos, et il est vraiment bon shredder. Je lui ai demandé s’il était partant, prêt à entrer en studio et il a immédiatement répondu oui. J’avais donc mes deux guitaristes. L’un d’eux s’est chargé de la basse en studio puisque je n’en avais pas encore trouvé. L’album a donc été enregistré par nous 4, et c’est ensuite que nous avons recherché un bassiste. Quand le single est sorti, on devait faire une vidéo, des sessions photos, et il fallait un groupe ! On a demandé ci et là, et en Suède, Hardcore Superstar nous a dit connaitre un bassiste. « Eh, notre roadie est bassiste ! » Nous leur avons donc piqué leur bassiste (rires). Je lkeur en suis très reconnaissante.

Metal-Eyes : Comment expliquerais-tu aux fans de Sister Sin les différences entre Sister Sin et Liv Sin ? Il y a toujours ta personnalité, mais quels sont les grands changements ?

Liv : C’est définitivement plus metal : Liv Sin est plus rapide, plus agressif… Je crois qu’avec Sister Sin il y avait plus d’influences rock n ‘roll et punk, tandis que maintenant, c’est plus proche du black metal et du thrash… Je ne pense pas qu’il reste beaucoup de rock. Nous avons été plus influencés par les groupes modernes, naturellement, comme Arch Enemy, Amon Amarth, des groupes de la fin des 90’s.

Metal-Eyes : Schnmier (Destruction) est invité sur Killing ourselves to live. As-tu invite d’autres musiciens?

Liv : Oui, il y a Jussi, le batteur de The 69 Eyes sur Immortal Sin, qui est une reprise, la seule de l’album, un titre de Fight, le groupe de Rob Halford quand il n’était pas dans Judas Priest (NdMP : ce morceau figure sur War of words, le premier album de Fight, en 1993). Ce sera notre prochain single. J’aime collaborer avec d’autres, on apprend beaucoup !

Metal-Eyes : De ce que j’ai pu écouter de l’album, il semble qu’une personne soit une grande influence dans ton chant, c’est Doro. Est-ce le cas ?

Liv : Oui, bien sûr ! Mais il n’y a pas qu’elle.

Metal-Eyes : Qu’as-tu mis d’autre dans ce disque, alors ?

Liv : Robert Halford ! C’est une grosse influence. Quand nous étions en studio  avec mon producteur, Stfan Kaufaman, ancient batteur d’Accept, le theme pour l’enregistrement des voix était que je devais chanter et sonner comme Rob Halford. Comment Robert Halford chanterait-il cette ligne, Dans les cris, il fallait que je pense : « Halford… Halford… comment s’y prendrait-il ? » Mon chant est plus influencé par lui que par Doro, en fait. Mais j’adore Doro, vraiment !

Metal-Eyes : Ils jouent tous deux le même type de musique, du metal pur jus… Maintenant, que peux tu me dire pour me convaincre de foncer acheter ton premier album ?

Liv : Ah, ah! (Rires) C’est une très bonne question, je ne sais pas comment tu t’y prends… Pour moi, j’aime le vinyle, j’aime accrocher mes disques sur les murs, chez moi. Tu le trouveras donc en Vinyle qui est beau.

Metal-Eyes : Mais musicalement ?

Liv : Il est très orienté guitares, avec beaucoup de riffs « à l’ancienne », avec du chant et pas des hurlements. J’adore ce genre de musique, le black metal, le death, mais je voulais mettre plus de mélodie dans le chant. Je ne suis pas une hurleuse, donc…

Metal-Eyes : Si tu voulais hurler, growler, tu ne citerais pas Rob Halford…

Liv : Non, en effet. Il ne hurle pas, lui.

Metal-Eyes : Donc c’est un album qui s’adresse vraiment aux fans de metal, celui des guiatres et du chant. Si tu devais ne retenir qu’une chanson de cet album pour que je comprenne ce qu’est Liv Sin…

Liv : Ce serait la première, The fall. Elle est directe, il n’y a pas de chichi, ça fonce, ça hurle au départ et c’est du pur metal. Si tu écoutes cette chanson et que tu es en colère, ça défoule !

Metal-Eyes : Et si tu n’es pas en colère mais que tu as besoin d’énergie…

Liv : Exactement, tu en trouveras!

Metal-Eyes : Tu es une musicienne de scène, comme tu l’as rappelé. Quels sont vos projets de tournée pour promouvoir l’album ?

Liv : L’album sortant maintenant, il est un peu tard pour une tournée printanière. On partira donc en automne…

Metal-Eyes : Entre le printemps et l’automne, il y a quand même l’été. Vous prévoyez des festivals ?

Liv : Oui, principalement en Scandinavie et en République Tchèque. J’aurais espéré un peu plus de choses en Europe, mais ce n’est pas maintenant. Mais j’ai demandé à mon agent et à notre manager de nous prévoir le plus longtemps possible en Europe car nous devons vraiment soutenir ce disque. On doit sortir et rencontrer les fans le plus possible.

 

VULCAIN, ADX et HIGH SCREAM live à Olivet (45), le 8 avril 2017

Vulcain ADX Olivet

Il y a quelques mois, Vulcain devait donner un concert au Blue Devils, bar rock du centre ville d’Orléans que connaissent bien les amateurs et qui fut jadis l’Infrared. Mais ce concert n’eut lieu, la préfecture ayant augmenté les normes de sécurité attendues… C’est finalement avec l’association Le Dahlia Rouge que ce concert est organisé, à l’espace culturel d’Yvremont situé dans la ville d’Olivet, à coté d’Orléans. La salle est grande et propose une scène spacieuse dotée de bons éclairages. le seul hic réside en la sonorisation, pas évidente mais nous ferons avec.

A 20h30, High Scream investit les lieux. Laissez-moi commencer par un mea culpa avant de vous parler du concert en lui même – ceux qui me lisent régulièrement vont penser que je suis maudit. Bon, euh, comment dire??? Une fausse manip m’a fait perdre toutes les photos de High Scream ainsi qu’une partie de celles d’ADX. Donc, j’en suis navré, il n’y aura pas de visuel pour ce groupe pourtant très prometteur. Car High Scream délivre un heavy racé, typé US, au chant et mélodies puissants et entraînants. La formation profite d’ailleurs de l’espace qui lui est offert pour donner le meilleur d’elle même et parvient aisément à séduire un public malheureusement trop peu dense (environ 200 spectateurs pour une capacité de 600, ça fait vide!). Une demie-heure, c’est sans doute un peu court, mais c’est aussi le sort réservé lorsqu’on a deux grosses têtes d’affiches qui arrivent. Il n’empêche, High Scream balance son hard rock avec une réelle conviction, et on attend de les retrouver bientôt!

SONY DSC

La dernière fois que j’ai vu ADX en région orléanaise remonte à… 2009 je crois, à Lailly en Val. Et ce soir, à Olivet, même si la salle n’affiche pas complet, on remarque que le public est varié: local, certes, mais certains viennent de Chartres, Paris ou encore Montpellier! Si ADX ne réserve pas vraiment de surprise, c’est toujours la bonne humeur qui est de mise live. un concert, c’est la fête, et les deux plus « sérieux » sont Nicklaus et Julien, les deux derniers arrivés au sein de la formation qui semble avoir vraiment trouvé sa stabilité. La setlist est judicieusement partagée entre classiques (Tourmente et passion, Déesse du crime, Notre Dame de Paris, Mémoire de l’éternel, Les enfants de l’ombre, L’étranger, Suprématie et Caligula) et titres plus récents (La complainte du Demeter, La mort en face, Red cap et Division blindée) et l’heure et quart de jeu frustre forcément certains qui en auraient redemandé. Phil, le jovial, remercie à plusieurs reprises le public pour son accueil, public de « Jolivet » (Julien le reprend en lui expliquant que le groupe est à Olivet…) et Betov est toujours aussi heureux de jouer et facétieux avec le public.

SONY DSC

SONY DSC

Tout comme ADX, Vulcain connait parfaitement les ficelles et propose un set carré d’une heure et demi. Depuis bientôt deux ans, le trio célèbre le trentième anniversaire de la sortie de son premier album, Rock n roll secours (mais commence à s’en éloigner un peu, rafraîchissant ainsi la setlist) dont sont ce soir extraits les plus remarquables morceaux (soit presque tous!): Rock ‘n’roll secours, Les damnés, Le fils de Lucifer, Bosser, Overdose, Vulcain/L’enfer, Ebony) ainsi que le plus récent V8, dernier album en date (Avec vous, Call of duty, Limite et Sur la ligne). Les frangins Puzio sont à l’aise, Marc Varez, derrière sa batterie, harangue le public régulièrement et ses commentaires font bien marrer Daniel Puzio.

SONY DSC

Trois nouveaux titres sont joués (En vrac, qui parle des femmes, le très actuel Pour qui voter suivi de Heroes) le reste du set – deux morceaux – piochant dans une partie de la très riche discographie du trio  (Blueberry blues, Le soviet suprême). C’est peu, mais on ne peut satisfaire tout le monde à moins de jouer 5 heures! Le public est réceptif, un couple s’offrant quelques pas d’un joli rock, certains montant sur scène et prenant le risque d’un petit stage diving (merci à la jeune femme complètement bourrée qui n’a pu se lever et m’est tombée sur e dos… Pour ensuite se rater de nouveau et se retrouver par terre! Rock n roll!) Au milieu d’Ebony, joué en rappel, Julien et Nicklaus décident, armé de leurs instruments, de rejoindre Vulcain sur scène avant que tous les intervenants du soir ne s’y retrouve pour la traditionnelle Digue du cul.

SONY DSC

L’association Dahlia Rouge et le Blue Devils ont, malgré une salle pas complète, réussi leur soirée, chaleureuse et conviviale. Une initiative à réitérer.

SONY DSC

Merci à Fabienne et les bénévoles de Dahlia rouge production pour l’orga, à ADX et Vulcain pour les moments festifs live et hors scène! 

FRANTIC MACHINE: Peace of mind

FRANTIC MACHINE 2014 Heavy metal, France (Autoproduction, 2017)

J’ai découvert Frantic Machine au PMFF VI. La claque que j’ai reçue, je te dis que ça! Il fallait donc que je découvre version disque ce que donne le groupe afin de confirmer – ou d’infirmer – cette première impression. Merci tout d’abord au groupe de m’avoir spontanément proposé de m’envoyer ses deux albums dont voici le dernier en date. Peace of mind est paru en 2014 et la machine fonctionne à merveille. Voilà, c’est dit. Maintenant, comment ils font? Le propos est sans conteste possible celui d’un groupe de metal: la voix de Seb est rauque et étouffée, les guitares saturées et déterminées, la rythmique lourde. Simplement, tout au long de Peace of mind, Frantic Machine apporte cette touche de sonorités modernes, ici avec de simples notes de claviers, là avec des guitares plus claires et légères. Le morceau éponyme, s’il est passe partout, cache une série de headbangers: To you fait taper du pied, No freedom, rapide, possède cette détermination particulière aux hymnes en puissance et fait non pas se dresser les cheveux mais bien lever des poings révoltés, My needs plus modéré avec son riff obsessionnel devient vite hypnotisant. En l’espèce de quatre titre, Frantic Machine démontre la variété de ses envies dont le point commun se résume à « puissance et efficacité ». Et ça continue. Liar puissant, cède la place à une exceptionnelle détermination. Rajoutez à à cela une motivation sans failles, et l’on obtient l’album quasi parfait. Si Face to face est plus heavy, il est également plus oppressant et moins attirant. Si l’ombre de Metallica plane (le break de No Freedom, Brother…) Frantic Machine s’en détache pourtant trouvant son identité propre. Eh, les gars trouvent même le moyen de faire jouer Fred Duquesne sur le solo de Fantasy, qui (presque) clôt le disque. Car, loin des 16′ affichées, il cache une dernière chanson, toute en douceur. L’ensemble reste cependant très efficace, Peace of mind s’écoutant de bout en bout en tapant du pied. A quand la suite???

Note: 8,5/10

Paru en 2014 – Albums toujours disponibles via: https://franticmachine.bandcamp.com/ ou la page FB du groupe : https://www.facebook.com/franticmachine/?fref=ts

WOLFHEART: Tyhjyys

wolfheart 2017Death mélodique, Finlande (Spinefarm, 2017)

Douceur, passe ton chemin! Fais place au courroux et la rage, que la terre dégorge du sang d’innocentes victimes et que celui des coupables soit à jamais visible ! Oui, ok, ça fait un peu heroic fantasy, Seigneurs des anneaux, Game of thrones et tutti quanti, mais c’est un peu ce que je ressent à l’écoute de ce nouvel album des Finlandais de Wolfheart, un album au titre… euh, pas imprononçable, mais incompréhensible. Bien, alors une petite recherche nous indique que Tyhjyys est le terme finnois pour exprimer la notion de vide. Et il n’y en a pas beaucoup, ici, du vide, tant cet album est un condensé de rage. Après un calme et acoustique Shores of the lake Simpele, auquel il ne maque qu’un accompagnement de « mmmmh mmhhh mmmmmmmhhhh » pour  que ce blues se transforme en sublime complainte, le grondement de la bataille résonne et s’approche. Déjà, Wolfheart nous entraîne en pleine nature et, c’est la grande force de cet album, au gré de la musique, les paysages prennent corps. Wolfheart crée une musique résolument cinématographique. Et comme tout bon film, il y a un rythme: après le calme vient la tempête, la violence de la bataille, avant le retour au calme à la suite de la victoire. Dès Boneyard, la musique se fait rugueuse et sanglante, la voix gutturale et agressive. Etrangement, l’ensemble m’évoque… Justement, c’est ici la faiblesse de ce disque que de trop se rapprocher de l’esprit d’un Amon Amarth quasi omni présent sans parvenir à atteindre le niveau des vikings. Reste que, avec Tyhjyys, Wolfheart nous offre un voyage épique et très wagnerien, un album puissant et varié qui nous entraîne dans son sillage.

Note 7,5/10

BLACK SITES: In monochrome

black sites 2017Heavy, USA (Mascot records, 2017)

Bon… Me voila bien embarrassé.  Je n’arrive pas à savoir par quel bout commencer… Musicalement bien construit, ce In monochrome, premier album de Black Sites manque singulièrement de ce quelque chose sur lequel on n’arrive jamais à mettre le doigt. Il y a pourtant de la matière dans ce projet de Mark Sugar et son groupe formé en 2015 à Chicago. introduit par la douceur de notes de piano, M. Fisto Waltz est suivi par un Dead languages heavy et rapide. Une introduction attirante, qui mêle harmonie à un peu de mélancolie et donne envie d’en entendre un peu plus. Mais voilà, si les chansons s’écoutent agréablement, aucune ne vient vraiment marquer l’esprit ou s’immiscer dans la tête durablement. A l’image de l’illustration de couverture (il travaille quoi ce soudeur?), si l’esthétique est là, ainsi que les idées, l’ensemble manque de liant. Sympathique mais pas mémorable.

Note: 6/10

INTERVIEW: THE RAVEN AGE

Entretien avec Dan Wright et George Harris (guitares) – The Raven Age. Propos recueillis à Paris le 7 février 2017

logo raven age

Metal-Eyes : Je suis aujourd’hui, 7 février 2017, en présence de George Harris et Dan Wright, tous deux guitaristes au seine de The Raven Age. Tout d’abord, et je suis certains que des dizaines de personnes vous l’ont déjà demandé : c’est notre première rencontre, pouvez-vous nous raconter l’histoire de The Raven Age ?

George Harris : L’idée du groupe est née en 2009, lorsque nous nous sommes rencontrés, Dan et moi. Nous sommes devenus amis, jouons tous deux de la guitare et écoutons le même style de musique. Nous avons commencé à composer, et deux ans plus tard, nous avons décidé de monter notre propre groupe. On se débrouillait plutôt bien… Nous avons donné notre premier concert en 2013, et depuis tout s’est enclenché, sans contrôle, on a tourné à travers le monde et… c’est dingue depuis!

Metal-Eyes : A ce jour, vous avez sorti un Ep. Un album arrive, dont nous allons parler, mais tout d’abord, entre février et août 22016 vous avez tournés avec Iron Maiden. Nous connaissons la relation qui vous unis, toi et le bassiste d’Iron Maiden, qui se trouve être ton père, ce qui a certainement facilité l’accès du groupe à cette affiche. Toutefois, comment de jeunes et inexpérimentés musiciens tels que vous êtes, vivent-ils un tel périple, dans de telles conditions ? Il ne s’agit pas de jouer dans des clubs, mais bien dans des endroits énormes…

George Harris : Oui, énormes. Le plus gros endroit où nous ayons joués avant ça accueillait… 2300 personnes et le premier concert de cette tournée c’était devant 22.000 personnes. Le premier show ! C’était très éprouvant nerveusement, pour nous tous. Mais je pense que notre son, notre vision de ce que nous serons à l’avenir en tant que groupe… On s’est toujours projetés sur de grandes scènes. Nous avions une certaine idée de comment nous devrions nous comporter sur de telles scènes. Ensuite, il faut mettre cela à exécution. Les premiers shows sont angoissant, que va-ton-faire de cet espace ? Comment l’occuper ? Mais nous aimons ça, et même si nous étions nerveux, nous étions encore plus excités par ce défi et cette opportunité. C’était une expérience simplement extraordinaire.

Metal-Eyes : Maintenant, après avoir tourné à travers le monde, dans des conditions aussi bonnes pour un jeune groupe, de quoi pouvez-vous encore rêver ?

Dan Wright : C’est sûr que pour nous, c’est une belle étape, en tant que groupe.

George Harris : Je pense que, avant tout, nous devons avoir conscience que c’est notre rêve. Et autant nous avons la chance d’avoir pu vivre une telle expérience, le rêve ultime est de pouvoir le faire par nous-mêmes. En tête d’affiche. Nous sommes revenus de cette tournée plus motivés que jamais ! On a entendu des histoires au sujet de groupes qui ont vécu de telles tournées et qui ont eu beaucoup de mal à revenir à la réalité. Nous étions tous excités à la fin de cette tournée, et nous sommes remis au travail, avons sorti le matériel… Nous savons que si nous trvaillons dur, saisssons d’autres opportunités, tournons, nous pouvons continuer. C’est ce que nous allons faire sur cette tournée avec Anthrax. Il y a l’album qui sort sur BMG, une belle opportunité aussi. Tant que nous continuons de travailler dur, et réalisons que ces conditions sont superbes, alors notre travail paiera.

Metal-Eyes : Une dernière question concernant cette tournée : dans quelle mesure pensez-vous qu’elle ait impacté votre musique ? Votre manière de composer ou d’enregistrer ?

George Harris : Pour cet album, les chansons étaient composées avant la tournée. Mais nous composé pendant cette tournée. Mais je ne pense pas que ça ait modifié notre façon de composer. Nous sommes restés nous-mêmes en ce qui concerne la façon de composer. On se dit que nous devrions orienter ce titre de telle manière, inclure ceci parce qu’il sera joué live. Nous sentons qu’il faut faire telle ou telle chose afin d’amener cette chanson là où elle doit aller. Même si cette tournée a été gigantesque pour nous, nous avions déjà eu de grosses tournée avec Mastodon et Gojira. Et ça n’a pas changé notre manière de composer non plus.

Dan Wright : Je crois que ça nous a surtout donné du temps pour composer, plus. Il y avait tant de temps entre les shows, et après notre set-up, et soundcheck, il y a 4 ou 5 heures avant le show… Quand tu es sur la route, tu as plus de temps pour composer. Tu vois différents endroits, plein de choses te traversent l’esprit… Tu ne songes pas forcément à composer, mais certaines choses arrivent à certains endroits ou moments. Un riff de guitare, un environnement qui t’inspire… Ca aide vraiment d’être sur la route tant tu vois de choses, tu vis tant d’émotions… Tu appuies sur la détente, tu attrapes une guitare et écrit ton riff…

Metal-Eyes : Comment décrirez-vous Darkness will rise, votre album qui sera en bacs le 17 mars, pour me convaincre de l’acheter ?

George Harris : (rires) C’est un album très dynamique, je dirais. Ce n’est pas un album composé uniquement de metal rapide. Il y a plusieurs batteurs ce qui, je crois, le rend intéressant. De nombreuses chansons sont assez longues, l’album dure 77’ je crois… Chaque chanson est différentes, il y a des parties thrash, d’autres plus lentes… Il y a un peu de tout, ce qui peu plaire à plein de gens différents.

Metal-Eyes : Et si vous deviez ne retenir qu’un titre de cet album pour expliquer – à moi et à ceux qui vont vous découvrir – ce qu’est ce groupe, ce serait quel titre ?

Dan Wright : Satisfy, je dirais. Celle dont nous venons de publier une vidéo. Je crois que c’est la meilleures représentation de ce que nous sommes, de la manière dont nous racontons les histoires, avec des moments forts et d’autres plus calmes. Toutes nos chansons, selon moi, sont ainsi sur cet album, mais je pense que c’est la plus représentative.

George Harris : Je suis d’accord.

Metal-Eyes : Ok. Si George est d’accord (rires des deux). Une question pour toi, George: quand tu as décidé de te lancer dans le business de la musique, quel type d’avertissement ton père, qui, par le plus grand des hazards, est un des bassistes les plus appréciés de la planète, a-t-il put e donner? Il a une longue expérience dans de nombreux domaines, avant et après ta naissance…

George Harris : Le principal conseil qu’il m’ait donné, et c’est encore valable aujourd’hui, est de rester fidèle à moi-même. « Reste fidèle et intègre. Il y aura beaucoup de gens sur ta route, certains voudront te convaincre de jouer de telle manière, d’enregistrer de telle manière… Mais personne ne sait ce qui est bon pour ton groupe aussi bien que toi. Quelle que soit ta vision, accroches toi à elle ! » Tu sais, c’est avoir du caractère et ne laisser personne te dicter ce que tu dois faire et ce genre de chose

Metal-Eyes : Il t’a aussi conseillé, toi, ou les autres membres du groupe ?

Dan Wright : Oui, absolument! Il a été fantastique en matière de conseil. Il nous fait confiance en ce qui concerne la prise de décision, mais il a été de bon conseil pendant la tournée. Le meilleur conseil qu’il nous ait donné était comment attaquer cette scène ! Tu sais, elle était si grande que, pour nous, c’était effrayant bien qu’excitant. Avoir quelqu’un de présent pour nous conseiller avant de monter sur scène nous a été vraiment très bénéfique. Même d’un point de vue musical, il est une inspiration. Il ne nous a rien conseillé de ce point de vue, mais simplement le fait d’être là, sa présence, ça ne peut pas être mauvais.

Metal-Eyes : J’imagine… Revenons à votre album. Pouvez-vous nous parler de l’enregistrement: où a-t-il eu lieu, comment avez vous procédé?

George Harris : Nous l’avons enregistré au studio où nous répétions, chez nous, à Londres. Nous avons impliqué Matt Hight, il est venu, a enregistré les batteries. Ensuite, nous avons investit les studios et j’ai chapeauté l’enregistrement du reste : les guitares, la basse et les voix. C’était très relax, sans pression. Nous n’étions pas contraint par le temps, l’argent, d’avoir quelqu’un présent dont tu as l’impression que tu lui fais perdre du temps et ces trucs là. L’ambiance était très relaxe, ce qui a retiré pas mal de pression. Nous pouvions donc prendre le temps de faire les choses comme nous l’entendions. Et nous avions la tournée entre temps, entre deux sessions… Donc, l’enregistrement s’est étalé sur pas mal de temps, le mixage aussi… Le tout a pris environ un an.

Metal-Eyes : Qu’en est-il du deal avec BMG, comment l’avez-vous obtenu?

George Harris : En gros, après notre tournée avec Maiden, nous avons vraisemblablement attire pas mal de regards, nous avons aussi récolté de nombreux fans. Spotify a pris cela en compte et nous a ajoutés à sa playlist Metal et a vu les chiffres augmenter rien qu’avec ce qu’on pouvait dire à notre sujet. A partir de là, BMG a aussi entendu parler de nous, nous a contactés, a écouté l’album et, pendant une semaine environ, nous sommes restés discrets. Ensuite, nous les avons rencontrés et ils étaient si impressionnés par l’album, la manière dont il sonne, par notre organisation… Je crois que la raison pour laquelle nous avons choisi de travailler avec eux est qu’ils semblent vraiment adhérer à notre art, aux histoires que nous créons et à l’univers que nous voulons créer… Ils ne veulent pas s’investir dans l’aspect artistique mais simplement apporter leur expertise pour la commercialisation du disque.Une des raisons de ce choix est qu’ils nous font entièrement confiance en matière artistique : nous créons tous nous-mêmes, nous faisons tout en tant que groupe. C’est pour ça que nous avons choisi de travailler avec eux, et les derniers mois – les 6 prochaines semaines, en fait – ont été assez dingues !

Metal-Eyes : Oui, on y arrive.  La pochette de l’album évoque à la fois un casque et le crane d’un corbeau. Quelle relation existe-t-il entre cette illustration et le titre de l’album ?

George Harris : Darkness will rise est directement lié au nom du groupe, The Raven Age. Historiquement, les corbeaux étaient considérés comme les gardiens de la ville de Londres. Les tours, les exécutions… Les corbeaux protégeaient cela. La légende disait que si les corbeaux étaient amenés à disparaitre, alors l’Empire britannique tomberait. Darkenss will rise évoque donc  l’idée que les corbeaux ont les pleins pouvoirs parce qu’ils doivent être là pour empêcher l’Empire de disparaitre. C’est aussi un message pour nous, en tant que groupe, pour nous battre en ce début de carrière… L’artwork représente en effet un corbeau qui s’apprête à aller au combat. Pour nous, c’est nous lancer dans la bataille de cette industrie…

Metal-Eyes : Avez-vous entendu parler de cet autre groupe anglais…

Dan Wright : RavenEye ? Oui, ils nous ont d’ailleurs contactés il y a quelques mois, nous disant qu’on les avait pris pour nous et inversement !

Metal-Eyes : Le chanteur a apparemment une passion pour les oiseaux, dont les corbeaux, mais ce n’est pas votre cas ! En revanche, avez-vous choisi le nom du groupe en relation avec le roman Game of thrones ?

George Harris : Non, en fait, nous n’avions pas vu la série au moment où nous avons formé le groupe, en 2009. Elle est d’ailleurs sortie après…Non, c’est vraiment l’histoire liée à la Tour de Londres et la légende que cela créé…

Metal-Eyes : Quelques mots au sujet de votre éducation musicale. Pas l’apprentissage de la guitare, mais le développement de votre culture musicale. A priori, George, il y avait beaucoup de musique à la  maison, était-ce la même chose chez toi Dan ?

Dan Wright : Oui, les membres de ma familles jouaient aussi dans des groups et j’ai dû recevoir ma première guitare enfant ; Du style « tiens, voici une guitare, vois si ça te plait ». Mais je n’ai vraiment commencé à m’y intéresser qu’à l’âge de 13 ans… Après, je suis allé étudier la musique. J’ai toujours voulu aller étudier la composition à l’université, j’ai toujours été intéressé par les musiques de films, et je crois que tu peux entendre dans notre musique le côté épique du cinéma. Notre relation, George et moi, est évidemment liée à notre attrait pour ce genre de compositions. Oui, la musique a définitivement toujours fait partie de mon univers !

Metal-Eyes : Et votre culture musicale s’est-elle faite plus en fonction de ce que vous pouviez entendre à la maison ou au contact, comme c’est souvent le cas à l’adolescence, de vos amis ?

Dan Wright : Exactement ! Avec les copains, au lycée, nous regardions les chaines musicales, et il y avait ces vidéos de Funeral For A Friend, Bullet For My Valentine, Avenged Sevenfold, Killswitch Engaged et ces groupes là… Nous allions à des concerts ensemble, et, parce que je jouais de la guitare, je fréquentais pas mal de groupe et allais les voir. C’est devenu une part de ma vie. Et nous avons réalisé que nous avions les mêmes expériences et attentes…

George Harris : Pour moi, c’est pareil. J’ai été exposé au Heavy Metal dès ma naissance…

Metal-Eyes : Même avant ta naissance!

George Harris : Oui, oui! Bien avant (rires). Je crois que j’ai toujours évolué autour de l’industrie musicale. Il y avait de la musique partout, dans la voiture, pour aller à l’école, il y avait plein de musique, des BO de films, des choses plus obscures… J’ai assimilé tout cela inconsciemment et ça ressort aujourd’hui. Cela a sans aucun doute une influence sur ta construction. J’ai commencé avec des groupes vers 14 ans, et mes influences ont toujours eu un rôle à jouer.

Metal-Eyes : Une dernière chose, George: suis-tu ce que fait Austin Dickinson avec son groupe, As Lions?

George Harris : Je les suis sur Instagram pour savoir ce qu’ils font, oui.

Metal-Eyes : Je le vois dans quelques jours et lui poserai la même question !

George Harris : Ah, oui! Cool! (rires)… Non, je le suis, pour savoir comment ils se débrouillent. Ils viennent de soutenir Five Finger Death Punch aux USA et leur album vient de paraitre. On est tous assez occupés ces derniers temps. Je ne lui ai pas parlé depuis quelques temps, on s’était vus à des festivals… Mais oui, je le suis.

Metal-Eyes : Nous ne vous avons pas encore vus en France, en tout cas pas avec Iron Maiden. Quand nous verrons vous live en France ?

George Harris : Eh bien, nous allons jouer le 16 mars prochain en ouverture de Anthrax, à l’Esy..Elysée Montmartre (NdMP : il a un peu de mal à prononcer ce nom). C’est cet endroit qui est fait dans les mêmes matériaux que la tour Eiffel ?

Metal-Eyes : Exactement, une charpente en métal, avec des chevilles fusionnées. Une technologie développée au 19ème siècle. La salle a été fermée quelques années à la suite d’un incendie mais a rouvert tout récemment. Je vous y verrais, j’espère. Merci pour cet échange et bonne chance pour votre carrière.

Tous deux : Merci à toi !

theRavenAge