Live report: EPICA au Zénith Paris la Villette (le 4 février 2017) – avec Powerwolf et Beyond The Black

Epica sold out

Lors de notre entrevue, Mark Jansen et Simone Simons expliquaient qu’Epica travaillait sur le prototype d’un nouveau type d’éclairages pour la tournée The holographic principle. Depuis quelques temps, la technologie holographique est mise en avant et, au lendemain de ce concert, un candidat à la présidentielle se dédouble pour envoyer son égo holographique à un endroit où il ne se trouve pas. Alors, cette nouvelle technologie promise par Epica est elle basée sur l’utilisation d’hologrammes qui permettraient aux musiciens de se projeter dans la salle ? Patience

Pour le savoir, il faut que le public du Zénith, complet ce soir – une première pour un show des Hollandais jusque là habitués à des Elysée Montmartre et Bataclan, même si ce Zénith est en petite configuration – suivent les prestation des nouveaux Beyond The Black et de Powerwolf, très attendu.

BEYOND THE BLACK

BEYOND THE BLACK

Beyond The Black a donc pour mission de chauffer la salle, une demi heure durant. Bénéficiant de bonnes, d’excellentes conditions (les lumières sont généreuses et le son bien meilleur que pour nombre de premières parties) le sextet allemand signé par Universal et UDR propose un heavy symphonique assez efficace bien que classique. Et si l’envie est là, BTB a encore besoin de s’affirmer scéniquement. Sans doute la demi heure impartie est elle trop courte pour permettre au public de totalement apprécier la musique de Beyond The Black qui ne propose que 5 chansons. La chanteuse Jennifer Haben a beau sourire et posséder une belle voix, les cordistes (comprenez guitaristes et bassistes) afficher une belle complicité, bien que le groupe soit carré et bien en place, il manque cette petite étincelle qui ferait succomber le public. Pourtant, musicalement, le groupe en impose. Si l’ombre de Nightwish plane, la formation s’en distingue en apposant sa propre touche (l’album sera prochainement chroniqué) et pourrait devenir un futur grand du metal symphonique. Mais ce soir, malheureusement, avec ce qui arrive juste derrière…

BEYOND THE BLACK

BEYOND THE BLACK

 

POWERWOLF

POWERWOLF

Changement de plateau rapide, les techniciens font monter un rideau noir flanqué des lettres PW- pour Powerwolf. Derrière, on aperçoit un joli décor médiéval. Je n’ai jamais vu Powerwolf sur scène. Pire: je n’ai jamais écouté sa musique non plus. Je n’ai que vu des photos et lu des reports souvent enthousiastes. C’est donc une grande première. Dans le pit photo, la sécu demande aux photographes de ne pas s’approcher car il va y avoir des flammes. Inquiets, les gars? C’est prometteur. Et vlan!, le groupe monte sur scène sous le feu des flammes.

POWERWOLF

POWERWOLF

Pendant une heure et quart, les Allemands nous offrent une prestation tout simplement exemplaire. Parfaitement en place, chacun des musiciens connait son rôle et sait comment aller chercher ce public qui lui mange littéralement dans la main. Attila Dorn possède une voix puissante et lyrique et fait preuve d’un charisme sans pareil. S’adressant au public dans un français qu’il estime ne pas être bon, il fait tout pour que la température et les décibels augmentent. « Nous avons besoin d’une armée de heavy metal! Serez vous notre armée de Heavy metal? » annonce Army of the night, « Nous sommes ici car nous sommes possédés par le heavy metal! Etes-vous possédés par le Heavy metal?« . Très communicatif, il n’hésite jamais à faire participer le public et manie l’humour avec brio: « Je chante et vous répétez… Non, tu n’as pas compris: d’abord je chante, ensuite vous répétez!« . Falk Maria Schlegel, dont deux claviers entourent le set de batterie, descend dès qu’il le peut haranguer la foule, l’exciter.

POWERWOLF

POWERWOLF

Avec Attila, ils prennent quelques minutes pour faire chanter la foule divisée en deux, sur des « Ouh! Ah! » explosifs. Puis viennent les remerciements à l’équipe pour la scène et les éclairages et le chanteur annonce enfin que « nous sommes Powerwood… What, Powerwood? Powerwolf » et explose de rire. Setlist impeccable, mise en son et en lumière splendides, scénographie et attitude irréprochables… Powerwolf a ce soir donné le concert parfait et a recueilli nombre de nouveaux fans. Vivement le Hellfest!

POWERWOLF

POWERWOLF

Après une telle prestation, le pari est difficile pour Epica. On est à deux doigts d’une vedette volée de manière magistrale. Le décor est installé – des pyramides transparentes, backdrops et autres spots composés non pas de leds mais d’une multitude de bulles permettant de jouer sur l’orientation et la puissance des faisceaux. De nouveau, les photographes sont maintenus à l’écart de la scène et pour cause: les lumières éteintes, Epica débarque sur scène sous des explosions et jets de flammes. Pour sa première dans une salle de cette taille à Paris , la formation batave semble avoir mis les petits plats dans les grands.

EPICA

EPICA

The holographic principle, son dernier album, est particulièrement bien représenté avec 8 extraits (sur les 12 que comporte l’album), soit plus de la moitié du concert (bon, ok, si l’on excepte Eidola, l’intro, tout juste la moitié du show…), ce qui indique le niveau de confiance des 6 musiciens. Très vite on remarque que Coen Janssen s’amuse avec ses claviers, le kit installé sur des roulettes lui permettant de se déplacer de chaque côté de la batterie et de s’exposer à l’ensemble du public. Les guitaristes, Mark Jansen et Isaac Delahaye, sont en forme, souriants et… Simone Simons semble avoir quelque problèmes avec son retour interne. Et malheureusement, on constate que le son, s’il est puissant sans être trop fort, n’avantage pas le chant. Mal mixé, les voix de Simone, principalement, et de Mark ne sont pas assez en avant, quelque peu étouffées par les claviers et la basse… De plus, le chant de Simone est particulièrement aigu ce soir, ce qui n’est pas des plus agréables sur la longueur…

EPICA

EPICA

Et surtout, si les bretteurs s’amusent – Mark s’adressant régulièrement au public avec des « Vous en voulez plus? Nous sommes tous ici pour la liberté et le métal! » – il n’y a guère de folie dans ces crinières qui s’agitent en cadence, un mouvement trop conventionnel, calculé et qui manque de vie. Simone glisse sur scène dans des gestes eux aussi précis, trop précis… Heureusement, les lumières sont belles – jolis effets lasers au travers des pyramides – et la pyrotechnie irréprochable. Les flammes mobiles, les explosions d’artifices et de fumigènes, tout y est. Ce n’est cependant pas suffisant pour faire de ce concert un moment vraiment spécial, malgré la séquence émotion lorsque la chanteuse annonce vouloir porter un toast, une bouteille d’eau à la main: « depuis nos tous débuts, la France a toujours soutenu Epica. Je veux vous remercier pour cela!« . Tous quittent ensuite la scène, laissant le public éclairer la salle en brandissant portables et allumant briquets avant un solo de Coen muni de son clavier en arc de cercle. Solo qui se termine par les premières notes de notre hymne; il n’en fallait pas moins pour que le public chante une Marseillaise toujours aussi émouvante en ces conditions. Une bonne prestation mais pas exceptionnelle. Et un Powerwolf qui, sans conteste fut le roi de la soirée, et la découverte pour bon nombre de spectateurs.

EPICA

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SPIRIT: Ni dieux ni maîtres

SPIRIT 2017Heavy Metal, France (Emanes metal, 2016)

Spirit nous revient avec un troisième album, son second avec le chanteur Arnaud Ducrocq, qui permet à Thierry Tripenne de se concentrer sur la guitare. Il est cette fois accompagné d’un nouveau guitariste, Aurélien Pauchet, qui vient se joindre à Christophe Tripenne (basse) et Jean-François Chapelet (batteur). Ce Ni dieux ni maitres se veut engagé, direct et puissant. Aux frontières du thrash, le morceau éponyme qui ouvre ce disque (après l’introduction de chœurs d’église) nous met dans le bain. La voix est puissante, grave, les guitares rugueuses taillent dans le vif. Triades, qui suit, est forgé dans le metal des années 80, au son modernisé, inspiré par des échanges maidenesques ou priestiens. Lourd et efficace, on veut en savoir plus. Si les Prophètes, Nuova malizia (Metallica n’est pas très loin!) entraînent l’auditeur dans leur sillage, si Spirit connait son affaire, si les chansons alternent entre titres speedés et thrashisant et chansons plus lourdes et lentes, la voix fini par me lasser: elle est profonde, puissante , certes mais, à mon goût, pas assez variée, et ne parvient pas à me maintenir en éveil tout au long de l’album. Attention, elle colle parfaitement à l’esprit musical, mais là où les rythmes changent, étonnent, attirent, le chant peut, malgré quelques instants de rage, passer pour quelque peu linéaire. Ça fonce, ça cogne, c’est entraînant, l’ensemble de ce Ni dieux ni maîtres est, une nouvelle fois engagé. Le disque aborde des thèmes de société et d’actualité, qu’elle soit politique ou religieuse. Un retour qu’on espère gagnant. Reste à nous proposer des concerts partout et enfoncer le clou avant que 4 nouvelles années – une éternité dans l’univers musical – ne s’écoulent.

Note: 7,5/10

ACCEPT et SABATON live à Paris! – L’Olympia, le 6 janvier 2017

sabaton paris

Bon, sur l’affiche il y a écrit Accept et Sabaton. Sur le site de l’Olympia, il est écrit que ça commence à 19 heures. Oui, mais… arrivé tranquillou à 18h30, je passe les 3 contrôles de sécurité – fouille du sac, détection de métaux puis palpation de sécurité – et vais déposer mon manteau au vestiaire, d’où j’entends qu’un groupe est déjà en train de jouer. Ben, oui, il ne reste à Twilight Force que 10′ lorsque j’arrive dans la salle pour y découvrir un chanteur masqué et capé, des tenues de scènes qui, pourtant, auraient pu m’intéresser. Tant pis, je verrai le groupe une autre fois.

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Accept en première partie de Sabaton, ça peut en surprendre plus d’un. Cependant, sans actualité discographique autre que le récent Restless and live, ce peut être un choix judicieux pour  1/ attirer deux publics intergénérationnels et 2/ rappeler à tous qu’Accept est toujours actif. La salle est bien remplie lorsque les Allemands montent sur scène éclairés comme s’ils brillaient de mille soleils. A l’image de la pochette de leur dernier album studio, le groupe frappe directement au ventre avec Stampede, un des deux extraits de Blind rage. Priorité est donnée ce soir aux anciens titres et c’est une véritable débauche d’énergie que nous offrent le quintette très en forme. Accept utilise au mieux l’heure qui lui est allouée. Les classiques imparables défilent – Restless and wild, London leatherboys… Sur l’indémodable Princess of the dawn, le public accompagne le solo de Wolf en scandant son nom, ce qui se répétera sur la démonstration – la leçon – qu’il donne avec Metal heart.

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Bien que complices, on sent que la vielle garde (Wolf Hoffman, Peter Baltes et Mark Tornillo) éclipsent totalement les « petits nouveaux ». Tous, cependant prennent autant de plaisir qu’ils en donnent, même si Mark ne s’adresse pas au public. Même si on peut le regretter, ce n’est qu’un détail tant la musique parle d’elle même. Le show est aussi dans la salle: le public n’a en effet pas besoin d’être poussé pour participer au point que, c’est toujours impressionnant, tout le plancher bouge au rythme des sauts.  Une heure, c’est trop court, on en redemande, mais il ne fait ce soir pas de doute qu’Accept est loin de ranger les guitares et sera bientôt de retour, et en tête d’affiche!

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Clairement, quand on va voir Sabaton en concert, on sait ce que l’on va avoir: des musiciens en treillis militaire et haut noir, un Joakim Broden vêtu de son éternel T shirt à miroirs, volubile et toujours prêt à rigoler, un décor guerrier… Bref, on va voir Sabaton pour passer un bon moment. Mais voilà: j’étais assez certain que je n’aurais pas de surprise. Tu veux savoir? Tout faux. Tout. sans doute est-ce le challenge de la présence d’Accept, sans doute sont-ils particulièrement en forme, mais ce soir, les Suédois m’ont séduit, surpris et entièrement satisfait. Certains commentaire stipulant que le public de la veille, à Lille, commençait à déserter la salle au bout de 30′ n’ont pas trouvé écho à Paris. Ce ne sont pas, alors que retenti In the army now (qui remplace The final countdown en guise d’intro),  les deux roadies un peu pitres qui viennent déminer le terrain qui font fuir qui que ce soit. Ni, sur Spartan, la présence de soldats en cape et culotte. Non, le public reste, saute, slame un peu. La salle est très correctement remplie, et le public est à fond. Sabaton consacre un bon tiers des titres à The last stand, son nouvel album (Sparta, Blood of Bannockburn, Winged hussars, The last stand, The lost battalion et, en rappel Shiroyama) et accorde une large place à ses classiques, parmi lesquels Carolus Rex, Sweedish pagans ou The lion from the north. Après un superbe Far from the fame, Joakim explique que le groupe n’a failli jouer qu’à 4 ce soir, Chris Rörland s’étant fait mal à la nuque et les médecins lui ayant conseillé de ne pas jouer. Inutile, mais le gaillard reste sage,  et ne headbague pas comme il en a l’habitude.

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Puis,après Winged hussars, la salle est plongée dans le noir , un clavier est approché et Joakim s’en saisi. Séquence humour le chanteur se faisant royalement jeter par le guitariste Chris, avant la séquence émotion: une version acoustique de The final solution qui voit tous les musiciens en devant de scène. Les choses sérieuses reprennent avec un explosif Resist and bite qui, ce soir, dans mon ressenti, prend une tout autre dimension. Le chanteur s’est emparé d’une guitare – dont cette fois les cordes ne sont pas découpées par un roadie… – et la repose pour les derniers titres avant un rappel un peu tôt, à 22H. Le public s’écarte, se scinde en deux camps, scandant des « ahou! ahou! » guerrier, et lorsque Primo Victoria débute, les guerrier se lancent dans un joyeux assaut. Braveheart ou Wall of death, au choix, qui voit quelques participant tomber et être aussi rapidement relevés. Joakim, qui semble toujours étonné des réaction du public, s’adresse à lui: « Après 17 ans avec ce groupe, après plus de 1000 concerts donnés avec ce groupe, 50 pays visités… Je peux honnêtement dire que je n’ai jamais vu un public pareil! » Caresse le public dans le sens du poil et tu auras une explosion telle qu’on n’entend plus que ça. Ce soir, Sabaton nous a offert un spectacle épatant, énergique et enjoué. Une telle affiche ne pouvait se rater. Superbe soirée (qui se termine avec un joli gag: le public ayant laissé des affaires au vestiaires doit d’abord parvenir à avancer pour rejoindre l’autre bout de la file d’attente… à la sortie, revenir aux vestiaires pour enfin pouvoir repartir… )

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BORN FROM LIE: The promised land

born-from-lie-2017Heavy metal, France (Brennus, 2016)

Formé en 2014, le trio francilien Born From Lie est déjà responsable d’un album éponyme paru l’an dernier avant de présenter ce nouvel essai, The promised land en fin d’année 2016. Autant dire que les gaillards savent qu’il n’y a pas de temps à perdre pour prendre une des rares places qui pourrait se libérer dans notre petit monde du metal. Officiant dans un heavy mélodique, les guitares souvent originales côtoient des rythmiques déterminées sur fond de voix claires auxquelles, par instants, se mêlent quelques growls. Si l’album souffre des écueil malheureusement trop fréquents au sein des groupes français (chant anglais trop rarement compréhensible et souvent limite – et trop mis en avant – des influences par trop évidentes dont les incontournables Iron Maiden ou Metallica et, surtout, un style pratiqué par des dizaines de formations tout aussi prometteuses), on remarquera les efforts dans le travail des mélodies, variées, et du travail guitaristiques qui réservent quelques agréables surprises de tricotage original. Les mélodies sont parfois empreintes d’un esprit celtique  (In my head, Far away from here) ou oriental (The promised land, intro instrumentale à No escape)  assez agréable. Egalement, en nos périodes d’inhumanité où les peuples fuient et migrent vers de nouvelles terres d’espérances, on ne saurait qu’être curieux des textes qui content une « simple » histoire et se révèlent d’une triste réalité historique tout autant d’une actualité affligeante. Cependant, au delà de ces trouvailles qui éveillent mon intérêt, on pourra aussi déplorer quelques effets guitaristiques dont on se serait passé, comme ces crissements intempestifs ou cette rage inutile sur les parties finales de This is my home ou Far away from here, et certains passages quelque peu trop démonstratif du savoir jouer de Jérôme Thellier. Agréable dans l’ensemble, et doté d’un livret enfin digne de ce nom, The promised land pourrait, à terme, permettre à Bon From Lie de se faire un nom dans notre Landerneau du metal. Si le groupe parvient à se distinguer de la multitude.

Note: 7/10

AVENGED SEVENFOLD: The stage

avenged-sevenfold-2016Heavy metal, USA (Capitol, 2016)

J’avais découvert Avenged Sevenfold il y a quelques années en ouverture d’un concert d’Iron Maiden. Je n’avais pas accroché. Mais pas du tout… Sans doute le côté exclusif des fans de la vierge de fer, mais pas que… Alors loin de moi l’idée de suivre de près la carrière de A7X, le petit nom intime des Californiens qui viennent de publier leur 8ème album, The Stage, sorti de nulle part et arrivé par surprise dans les bacs le 28 octobre dernier. Après un changement de batteur (exit Arin Ilejay, enter Brooks WAkerman qui a notamment sévit chez Bad Religion, Suicidal Tendencies ou Korn), Avenged Sevenfold s’est enfermé en studio pour nous offrir ce The Stage, album alambiqué de 11 titres ambitieux allant de 3’42 à 15’39. Le morceau titre qui introduit l’album évoque le metal classique, influencé par Helloween ou Iron Maiden – on croirait parfois entendre un Andi Deris à la voix étouffée, sentiment qu’on retrouve tout au long de l’album – ou par le côté progressif de Pink Floyd. La classe en moins. Car peu de moments entraînent l’auditeur dans cet univers somme toute conventionnel, qui, bizarrement, se termine en acoustique venu d’on ne sait où. Paradigm se fait plus thrash et débute réellement après une intro chant /batterie énervée. Sur fond de metal speedé, A7X parvient toutefois à surprendre, comme avec cette section de cuivres sur Sunny.Disposition ou sur le plus punkisant God damn, direct et explosif. Creating God est une invitation à headbanguer tandis que Angels est plus « lent ». Mais ce que l’on attend vraiment, en réalité, c’est ce Exist, morceau fleuve de plus de 15′, qui vient clore le disque. Qu’en dire? Epique, bien sûr, et dans l’esprit progressif par sa construction, titre semi instrumental (le chant n’arrive que passée la 7ème minute !) dans lequel on retrouve l’ensemble des éléments musicaux de ce disque et qui est, sans doute, le plus spatial de tous. En conclusion, si les influences 90’s sont bien présentes (on évoquera surtout Alice in Chains, Megadeth ou Metallica, dans une moindre mesure), A7X lorgnant aussi du côté plus classique que peut être Queen ou encore, de manière moins évidente, Cat Stevens, ce The Stage ravira les plus jeunes fans, sans doute moins un public plus âgé. Je reste moyennement convaincu malgré l’évident travail fourni par le groupe, notamment la paire de guitaristes plus que complémentaires que sont Zacky Vengeance et Synyster Gates, mais je n’aime pas le mix final ni ce mélange de’accent pop sur fond de double grosses caisses ou ces passages qui me semblent volontairement racoleurs ( les chœurs sur Higher….) Il est normal qu’un groupe évolue et tente de nouvelles expériences sonores, comme ces violons tire larme sur Roman sky, aux faix airs, sur la première partie en tous cas!, de Cat Stevens. Cet album devrait cependant permettre aux Californiens de remplir aisément ce Bercy – pardon, AccorHotels Arena – qu’ils convoitent tant. Rendez-vous en mars prochain?

Note: 7,5/10

Titre que je retiens: Exist

PMFF: Histoire d’un festival

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Article publié sur mon ancien webzine le 28 mai 2012

Note au lecteur: Cet article ne traite pas des 3 jours du PMFF V dont le live report, également originellement publié sur mon ancien webzine, pourrait aussi, peut-être, en fonction du temps disponible, vous être proposé ici. A suivre, donc!

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P M F F.

L’acronyme d’un festival dont peut rêver tout amateur de Metal hexagonal :
Paris Metal France Festival
En quatre éditions, plus une avortée, Phil’Em All sera parvenu à réunir autour de lui 35 groupes majeurs ou espoirs de la scène metal hexagonale, issus d’horizons variés : Hard Rock, Stoner, Prog Metal, Heavy Metal, Thrash, Death, Instrumental

Phil aura surtout remporté le pari fou de faire revenir à la vie et sur scène certaines formations mythiques des glorieuses années 1980, ravivant l’intérêt tant médiatique que public. ADX. Blasphème. Still Square, Witches, Attentat Rock. Squealer, Shakin’ Street, Der Kaiser, Dygitals, Agressor.,… et même Océan, malheureuse victime d’une première quatrième édition annulée, sont ainsi revenus sous les feux de la rampe.

A l’origine, celui qui depuis près de vingt ans anime le Rock Fort Show désormais sur Air Radio , s’est offert ce qui peut être perçu comme un beau caprice d’éternel ado égocentré en diable perdu dans un corps d’adulte immature. Car le PMFF est né pour deux raison: tout d’abord, le désir de Phil de fêter ses 40 printemps début janvier en marquant cette journée à jamais, entouré de ses amis, musiciens ou amateur de décibels; et ensuite pour fêter dignement les 25 ans d’ADX.

C’est un peu léger comme prétextes, non ?

L’avantage, en revanche, c’est que janvier est un mois calme en matière de concerts…

Quoi de mieux, alors, que de faire venir un maximum d’amis et de public ?

Quelle meilleure excuse, aussi, que ces concerts pour œuvrer dans l’ombre et réussir le tour de force de réunir ceux qui, deux décennies auparavant, s’étaient séparés en plus ou moins mauvais termes ?

Quoi de mieux, également, pour permettre à tous de découvrir de jeunes formations prometteuses ?

Quelle meilleure raison pour, en somme, continuer sur la lancée des fêtes de fin d’année et bien démarrer la nouvelle ?

Avant que les portes du Plan de Ris Orangis ne s’ouvrent sur cette sixième et seconde « ultime édition » nous vous invitons à remonter le temps et vos souvenirs…

7 janvier 2007

Alors qu’elle ne s’appelle pas encore Paris Metal France Festival, la première édition se tient à la Locomotive le 7 janvier 2007. Phil étant également aux commandes de sa destiné, et responsable de sa dernière reformation en date, c’est ADX qui se trouve en haut de l’affiche.
Les Parisiens de The Outburst entament les hostilités dès 15h avec leur metal enlevé et énervé, teinté ça et là de rock… Formé en septembre 2002, le groupe se distingue des autres formations « à chanteuse » en s’éloignant radicalement du metal symphonique. Après un Ep 5 titres (Party Time), The Outburst publie son unique album, The Entertainment, en 2008.
Ils sont suivis de Horresco Referens, formé à Paris en 1994, qui se définit comme un groupe de « Lust Metal », Metal Luxure, son Death / Black se voulant sensuel et se traduisant par deux albums lui permettant de tourner un peu partout en Europe.
Suivent d’autres extrémistes Thrash / Death. Maladaptive dont l’Ep, paru en 2005, contient le morceau phare du groupe, Burn The Witches, vient de Beansçon et s’est formé en 2004. Son énergie communicative explique à elle seule la popularité grandissante du groupe désormais, en 2007, grand espoir de la scène nationale.
Carnival In Coal, c’est l’ovni du PMFF. Le duo fondé par Alex Wursthorn et Arno Strobl à Amiens en 1997 ne se donne aucune limite, tant visuelle que musicale. Si CinC est affilié à la scène extrême, le groupe reste cependant proprement inclassable musicalement. Il se séparera courant 2007 en laissant 4 albums décalés en guise de témoignage.
Falkirk, avec, son metal épique teinté d’heroic fantasy fait mouche. Née en 1996, la formation parisienne donne, avec le PMFF, l’un de ses derniers concerts avant de mettre un terme à sa carrière riche de 3 albums. Si la présence de Falkirk dénote sur cette première affiche très marquée par le Metal extrême, elle démontre, tout comme ADX, l’envie d’ouverture du maître de cérémonie.
Car, oui, cette première édition est placée sous le signe de l’extrême… Misanthrope, l’un des plus importants et anciens (le groupe a vu le jour en 1989) représentants du Death Metal à la française, stylé, classieux, incarné par le caractère à la fois charmeur, hautain et bien trempé de SAS de l’Argilière. Auteur de pas moins de 11 albums, Misanthrope vient présenter, en partie, ce que sera son futur méfait prévu l’année suivante.
Enfin, après moult errances et tentatives de come-back, ADX, fleuron du Heavy Metal hexagonal s’est, sous la pression de Phil’Em All, reformé pour ce festival. Débutant sa carrière dans l’Oise en 1982, ADX s’est rapidement distingué grâce à son Speed Metal enjoué. Après trois albums plus que remarqués, le groupe subit un première déception commerciale avec un album en anglais qui voit le public déserter. Après une longue séparation, ADX se reforme, sans Betov, un des guitaristes d’origine, enregistre un nouvel album, suivi d’un live, puis disparait de nouveau. Ce PMFF voit le retour de Betov, ainsi que l’intégration de BY Queruel (Witches et ex-S.M.F) à la guitare et Klod (Claude Thill, ex chanteur de Der Kaiser) à la basse. C’est une nouvelle ère qui débute pour ADX, comme le prouveront les années à venir.
Le public répond massivement, transformant cet essai en succès, malgré le peu de soutien promotionnel. Une seconde édition est dès lors envisagée.

13 janvier 2008 PMFF 2

La machine est lancée. Le succès de ce premier festival 100% français encourage Phil’Em All et son équipe à aller plus loin encore. La seconde édition de cet événement désormais officiellement appelé Paris Metal France Festival se tient le 13 janvier 2008 et propose une affiche beaucoup plus orientée vers le Heavy Metal des années 80.
Pour ce PMFF II, Phil a réussi le pari fou de faire remonter sur scène l’un des plus emblématiques groupes des années 80 : Blasphème. Il lui a fallu batailler, négocier, transpirer, négocier, mais le groupe décide de tenter l’aventure. Si ce retour crée le buzz, c’est en réalité l’affiche toute entière qui attire la foule des grands soirs. On notera même la présence de fans étrangers, venus d’Espagne, d’Allemagne, de Grèce et de Suède !
Les stoners parisiens de Royal Bubble Orchestra, menés par David Jacob, ancien bassiste de Trust, sont les premiers à fouler les planches pour présenter leur album éponyme paru en 2006. Malgrè le peu de monde présent en ce début d’après-midi, le groupe fait mouche.
RBO cède alors la place aux sorcier(e)s de Witches, groupe Death fondé par Sibylle Colin-Toquaine à Paris en 1986, au sein duquel se trouve BY Queruel, également guitariste d’ADX… (Oui, le PMFF, c’est aussi le Paris Metal Famille Festival !) et qui ce soir propose nombre d’extraits de son second et dernier album en date, VII, qui fait suite à un 3.4.1. paru plus d’une décennie avant, en 1994 !
Déçus de se retrouver si bas sur l’affiche, les Sannois de Demon Eyes, le groupe des frères Masson qui écume les scène depuis sa création en 1981, séduit cependant le public dont la densité commence à être importante. Le groupe a marqué les années 80 grâce à deux albums aux qualités sonores inégales mais musicales indéniables dont le public semble très bien se souvenir.
Tout autant, d’ailleurs, que l’autre reformation attendue de la journée… Still Square still » a été ajouté, les Parisiens ayant perdu les droits sur Square, leur nom d’origine) est toujours mené par un Guy Hoc au sommet de sa forme et dont Rock Stars, issu de l’album du même nom paru en 1985, n’a pas pris une ride.
Puis c’est une nouvelle déflagration en règle. No Return, formé à Paris en 1987, vient exploser les tympans des amateurs de Death Metal. Alain et sa bande, auteurs de 8 albums explosifs, viennent se frotter au public chaud avant que les Bayonnais de Killers n’envahissent la scène.
C’est avec un Bruno Dolhéguy en pleine forme, et heureux d’être enfin de retour à Paris, qui mène un Killers simplement magistral. Formé à Bayonne en 1984, après de multiple péripéties et changements de personnels ayant mené Bruno à occuper le poste de chanteur en plus de ses fonctions initiales de guitariste, Killers , auteur d’une bonne douzaine d’albums studios, s’apprête à enregistrer le troisième live de sa carrière, sur lequel on se rendra compte que les quatre n’ont pas usurpé leur surnom de « Rois du Speed ». Le public présent est aux anges, et la chaleur grimpe de plusieurs degrés pendant le set des Basques.
A peine Phil ‘Em All les annonce-t-il que le triomphe est total. Seul manque à l’appel le batteur originel, Régis Martin, qui demeure, aujourd’hui encore, introuvable. Il est remplacé par Aldrick Guadaguino, fils de Philippe, le bassiste. Blasphème, figure emblématique du Metal français des années 80, qui avait enregistré deux albums remarqués avant sa séparation de 1985, donne un concert tout en émotions. Les acclamations du public sont aussi puissantes que la surprise de Pierre, Marc et Philippe est grande. Blasphème prévoyait aussi d’enregistrer ce concert, mais une vilaine panne de courant l’empêche de pouvoir offrir à son public le live tant attendu… Mais peu importe, la carrière de Blasphème est relancée, le groupe étant demandé aux six coins de l’Hexagone, s’offrant même un passage au Hellfest avant de proposer un troisième album studio, acclamé par les médias et le public.
ADX, une nouvelle fois tête d’affiche, connaîtra malheureusement le même sort : présentant ce soir son futur et très attendu album, Division Blindée, le quintette est accueilli par un public chauffé à blanc que rien ne semble vouloir arrêter. Une nouvelle réussite totale qui se solde par une nouvelle panne empêchant la captation du concert. Mais le pari de Phil’ Em All est gagné : cette vague de retours semble plus que faire plaisir au public multi générationnel dont la mobilisation massive est une autre source de satisfaction. Cette affiche et le public de folie laissent à penser qu’une tournée PMFF pourrait voir le jour en cette même année 2008. Malheureusement, sans soutient des professionnels, cette aventure n’a pu se concrétiser privant la province de son PMFF.

3 & 4 janvier 2009 PMFF 3

Fort de ce succès, Phil’Em All décide d’aller plus loin encore. Le PMFF III se tiendra sur deux journées, les 3 et 4 janvier 2009.
Pour la première fois, ADX n‘est pas en tête d’affiche. Le groupe ne souhaite pas en faire un rendez-vous annuel, sorte d’ADX Fest prétentieux…
Le PMFF est basé sur l’esprit 80’s d’une part, mais surtout sur l’envie de provoquer des reformations. Cette année, les fans seront servis puisque ce seront les Parisiens de Der Kaiser et Shakin’ Street, les Nantais de Squealer, et les Avignonais d’Attentat Rock qui viendront secouer les crinières et faire rugir le public de la Loco.

Le samedi 3 janvier, les hostilités démarrent avec le trio instrumental mené par Pascal Vigne, Triple FX (dont le batteur n’est autre que Gaël Féret également chez Misanthrope et le bassiste Pascal Mulot). Les Parisiens viennent de publier leur second album, doux et dingue à la fois.
Cette mise en bouche permet à Inmost de prendre la suite des opérations de façon plus… vigoureuse. Formé à Compiègne (60) en 2004, le quatuor publie en 2009 son premier méfait très inspiré par le Metal Extrême.
Le calme (relatif) revient après cette tempête grâce à la prestation des Parisiens de Shannon, groupe formé en 2003 par le guitariste Patrice Louis dont la carrière à démarré dans les 80’s au sein de Jinx, alors en fin de parcours. Shannon se distingue rapidement par l’efficacité de ses enregistrements (2 Lp et 1 Ep d’un Hard Rock fin et racé) et de ses concerts très efficaces.
Depuis la séparation de Vulcain, en 1999, Marc Varez s’est lancé dans un projet purement Stoner/Hard et a publié avec Blackstone trois albums qui puisent dans le blues américain autant que dans le Hard Rock anglais des 70’S. Le passage de Blackstone au PMFF sera un des prémices à la reformation attendue d’un Vulcain dont l’un des fondateurs sera dès le lendemain sur cette même scène.
Der Kaiser est la première reformation des 80’s à fouler les planches de ce PMFF III. Mené par Klod au chant, actuel bassiste d’ADX, le groupe formé en 1983 a publié 2 albums diversement accueillis.
Squealer, formé à Nantes en 1980, revient avec un Pascal Bailly au gosier toujours aussi éraillé… Le Hard Rock français est moribond lorsque parait, en 1987, D.F.R., son premier album. Squealer. parviendra à se distinguer, notamment avec Squealer’s Mark paru en 1989, et se faire une petite place en pleine vague Grunge avant de se séparer en 1992. Sa participation (un « amusement » selon son chanteur) fort remarquée au PMFF III permet même à Squealer. d’être retenu pour jouer au Hellfest cette même année.
ADX, pour la première fois, n’assure pas la tête d’affiche. Le PMFF, d’une part, ne doit pas devenir une sorte de rendez-vous annuel d’ADX et, d’autre part, le groupe n’a, cette année, rien à défendre autre que sa réputation en live. C’est donc l’esprit tranquille que les cinq investissent de nouveau cette Locomotive désormais si familière. ADX sera, cette année, également présent au Hellfest.
Nightmare, figure emblématique des 80’s dorées, revient en force depuis l’album (mini, en réalité) de la reformation, Astral Deliverance, paru en 1999. Les Grenoblois, depuis leur formation en 1979, ont connu divers succès et revers de fortune, dont la disparition brutale de Jean-Marie Boix, le chanteur ayant permis à Nightmare de trouver sa place dans le peloton de tête des espoirs nationaux de la première moitié des années 1980, largement exposé en assurant de prestigieuses premières parties (Saxon, Def Leppard...) Nightmare, comme tant d’autres disparaît avant la fin de la décennie, après seulement 2 albums. La passion de son leader, Yves Campion, est plus forte et il remonte son groupe en 1999, après le décès de Jean-Marie Boix, le chanteur d’origine, dont la place est depuis lors occupée par Jo Amore, le batteur d’origine. Nightmarea, au total, enregistré huit albums plus deux live.

Après une bonne nuit de repos, Hürlement entame cette seconde journée avec son Heavy Thrash tranchant qui se démarque principalement – hormis les textes totalement inspirés par ce qui se faisait trois décennies auparavant – par la voix totalement à part d’Alexis Roy-Petit, vocaliste inimitable. Le groupe formé à Paris en 2003 vient soutenir son premier album qui mélange chants français et anglais avec une aisance sans pareille.
Pleasure Addiction semble vouloir redonner un sens à ce qu’était la folie du Glam, ses aspects outranciers et hors normes. Son Hard Rock direct séduit, et, bien que le groupe n’ai pas d’enregistrement à son actif, on peut lui prédire un bel avenir, en tous cas sur scène.
Les Dijonnais de Darknation, qui s’est formé en 2003, prennent la suite afin de soutenir leur album, Merci Pour Le Mal, paru en 2006, grandement influencé par le Thrash.
Phil a ratissé large, cette année, puisqu’il fait aussi venir les Niçois de Kragens, auteurs de 3 albums depuis leur naissance en 2000. Menés par Renaud Espèche et Denis Malek, deux ex-Lynx, Kragens délivre une prestation explosive, avant que d’autres sudiste n’investissent la scène.
Manigance, en effet, ne vient pas soutenir de nouvel album… Depuis sa formation en 1995 à Pau, le groupe de l’ex-guitariste de Killers, François Merle, a offert à son public 4 albums (plus un live) d’un Hard Rock mélodique ultra efficace, et s’est hissé parmi les rares groupes à s’être distingués à l’étranger. Il faudra pourtant attendre 2011 avant la parution d’un nouvel album…
Un CD au compteur, une voix et un grain de guitare uniques… Mr Jack c’est le projet monté pour l’amour du Rock par trois personnalités historique du hard français : l’ex-Vulcain Daniel Puzio et deux ex-H-Bomb, Philty Garcia et Gérard Michel. Rien ne semble pour ces trois là plus efficace et vrai que la simplicité naturelle d’un power trio. MR Jack est transporté par l’accueil chaleureux du public, désormais chauffé à blanc pour recevoir la première grande reformation du jour.
Attenta Rock, né à Avignon en 1981, s’est rapidement distingué du reste de la scène hexagonale par la détermination et la brutalité de son Heavy Metal sans concession. Pourtant, après deux albums ayant placé Attent Rock parmi les grands espoirs nationaux, Didier Rochette, en désaccord avec les orientations musicales souhaitées par les autres membres, quitte le groupe. Son remplacement par Marc Quee apporte en effet, sur Strike (1985), de radicales modifications au son d’Attentat Rock qui se fait moins Heavy et devient plus Hard, et à son image, plus américanisée. Malgré le succès remporté, AR décide de continuer sur la voie du changement. Le groupe se saborde, se renomme, plutôt, devenant Pink Rose, un nom plus ouvert à l’international, mais après un album de Hard FM sans saveur, disparait définitivement.
Fabienne Shine n’a jamais totalement lâché son Shakin’ Street qu’elle a formé en 1975 avec le guitariste Eric Levi (Elewy). Mais après deux albums, dont le second, sur lequel joue Ross The Boss, est produit par Sandy Pearlman, connu comme producteur de Blue Öyster Cult, le groupe est mis en sommeil, la chanteuse s’exile aux USA, et Shakin’ Street ponctue les décennies de quelques sorties discographiques, relançant ainsi l’espoir des fans. Ce n’est pourtant qu’à l’occasion de ce PMFF que Fabienne Shine brille de nouveau en France, rejointe par le phénomène Ross.

Artistiquement remarqué, ce PMFF est pourtant une réussite en demi-teinte. La date retenue, trop proche du nouvel an et encore en pleine période de congés scolaires, n’incite guère le public à se déplacer. On circule facilement dans les travées de la Loco en ce début d’année.

10 janvier 2010 PMFF IV – Annulé

Même si les finances n’ont pas trop souffert, décision est prise de n’organiser le PMFF IV que sur une journée et de créer le buzz avec un nouveau coup, même s’il est difficile de croire que Phil’Em All puisse rééditer éternellement un exploit. Certains groupes sont condamnés à ne jamais revenir, la nature ayant rappelé à elle et à jamais l’un ou l’autre de leurs membres. Pourtant, contre toute attente, alors qu’on croyait sa voix d’or irremplaçable, Océan se reforme, Robert Belmonte remplacé au chant par Stéphane Reb.
Pour la première fois, ADX n’est même pas présent à l’affiche, mais Phil’Em All a convaincu Stocks (enfin, Christophe Marquilly), Dum Dum Bullet, Rozz et Deborah Lee de participer, et a invité les Alsaciens de Mystery Blue à faire le déplacement. Les « jeunôts » qui tournent depuis des années, doivent ouvrir (Arès et Evil One). Hélas, la Locomotive est vendue et un mois avant la date annoncée, le PMFF IV est annulé, faute de pouvoir trouver une salle à même de recevoir la troupe sans se ruiner. Si tous s’avouent déçus, Arès et Evil One décident d’organiser un mini festival en banlieue parisienne (avec Heavintage et Hemoragy). 2010 se fera donc sans PMFF, l’organisation devant trouver une salle à même d’accueillir un tel événement.

Cette quête dure deux ans.
Après deux années « sans », deux années de réflexion et de recherche d’une salle digne d’accueillir un festival de cette envergure, Phil’Em All annonce le grand retour du PMFF dans un lieu plus petit que la Loco, certes, mais un endroit vivant et chaleureux, une salle de plus en plus plébiscitée par les groupes : Le Divan du Monde.
Alors qu’ils viennent de publier leur nouvel album, ADX reprend du service en haut de l’affiche.
Pour commencer, et parce qu’une fois n’est pas coutume, c’est un groupe 100% féminin qui ouvre les festivités. Women In Iron Form, au sein duquel on retrouve des membres de Witches, Wurm et Whyzdom, est un tribute band à Iron Maiden et le courant passe vite et bien.
Place ensuite au Metal traditionnel, direct et efficace proposé par Existance (mené par Julian Izard, fils du premier chanteur de H-Bomb et qui accueille ce soir un nouveau batteur, Tony, le frère de Hervé Traisnel, chanteur de Dygitals, également à l’affiche…. Histoires de familles encore et toujours!), groupe de l’Oise formé en 2008, auteur d’un premier album remarqué et dont la prestation énergique et enjouée fait des émules. Une véritable bouffée d’air frais prometteuse d’un bel avenir !
Après avoir enregistré un premier album en 2006, s’être faits remarqués à Paris en ouverture de Nightwish en 2004, Conscience vient présenter son Prog Metal et démontre, une nouvelle fois, qu’une affiche éclectique est preuve d’ouverture. A encore, les fans sont de sortie et font savoir à Matthieu Gerbin, guitariste chanteur, toute leur appréciation de cette prestation.
Prévu de jouer en 2010, Evil One foule enfin les planches du PMFF et, avec deux albums d’un thrash old school au compteur, et un line up quelque peu modifié depuis l’arrivée d’une moitié de Hürlement, met le feu au public qui attaque ses premiers circles pits. Bien que le groupe existe sous une forme ou une autre depuis sa naissance à Cergy Pontoise (95) en 1997, le nouveau line-up, séduit le public présent par son efficacité, son énergie et sa simplicité.
La reformation du moment, celle que souhaitait Phil, c’est Dygitals, qui avait marqué de sa patte les années 85-88 avec son Hard Rock varié et ses rythmes enlevés mais qui fut toujours discographiquement frustré, hors sa participation à la compilation French Connection en 1985 qui permet à Dygitals de graver deux morceaux, sans compter celui paru en 1997 sur la compilation Révolution Hard Rock, annonciateur de la sortie de l’album enregistré en 1987, espoir qui ne se réalisera jamais. Pourtant, son passage au PMFF permet à Dygitals, dont la reformation sous forme de quintette fut l’oeuvre du trio de base, Hervé Traisnel (chant), Alain Clouet (batterie) et David Dugaro (guitare), de retrouver les chemins des studios afin de proposer anfin un premier album.
Autre moment fort de la soirée, le retour des Death metalleux ex-Antibois et désormais Lillois d’Agressor, menés par l’indéboulonnable Alex Colin-Toquaine, pas montés sur scène depuis, quoi ? Dix ans ? Malgré 5 albums, un split avec Loudblast et une compilation, le groupe s’est rarement produit dans la capitale… Paris Metal Famille Festival, vous a-t-on dit? Eh, bien, le clou est enfoncé avec la montée sur scène de Sibylle (Women In Iron Form et Witches), qui rejoint, chose rarissime, son frère Alex sur scène l’espace d’un morceau. Agressor chauffe ce soir un public en attente d’un ADX qui se présente sous un visage nouveau, puisque Dog, souffrant, est exceptionnellement remplacé à la batterie par Laurent Bendahan (Scherzo et ex-Grazed, ex-Kalisia), qui a appris le répertoire d’ADX en à peine 5 jours, permettant ainsi au groupe de maintenir son engagement et de présenter son onzième album, Immortel, acclamé par les médias.
La soirée se conclue avec le retour des Women In Iron Form accompagnées, sur scène, de tous les participants et volontaires ayant contribué à l’organisation de cette journée.

A noter que pour permettre ce retour, les groupes et intervenants ont œuvré bénévolement. Le Metal français est une grande famille et une grande histoire d’amour et de respect mutuel.

Phil’Em All l’avait promis à la fin du PMFF IV : il y aura une dernière édition. Cette fois, elle sera, comme disent les Américains, « larger than life » :

3 jours.
Extrême. Metal. Best-of.
Un week-end entier au service du Metal français. Un rendez-vous à ne pas rater dont tous les détails vous seront révélés très prochainement sur votre webzine, partenaire du festival ! Nous en reparlerons très bientôt.

 

LOST OPERA: Hidden sides

lost-opera-2016Heavy metal, France (Dowweet, 2016)

Alchemy of quintessence, le premier album de Lost Opera paru en 2011, me laissait perplexe: à mes oreilles, le chant hurlé venait dénaturer un esprit musical progressif, recherché et élaboré. Cinq ans plus tard, le groupe revient avec un nouvel opus composé de 12 chansons forgées dans ce metal puissant, qui se veut envoûtant et entraînant. Musicalement aboutit, Hidden sides pourrait être prometteur, vocalement aussi, par la plus grande place accordée au chant clair en alternance avec d’autres tessitures. Oui, la construction, l’architecture de cet album pourraient « le faire ». Seulement, de nouveau, le chant en anglais n’est pas à la hauteur de mes attentes.Oh, l’alternance de chant clair et guttural pourrait faire illusion, mais l’ensemble est gâché par un accent qui décrédibilise le tout. Les participations extérieures, si elles sont agréables (Lucia Ferrera d’Akentra, Pascale Gronnier) n’apporte guère plus à cet ensemble instable. La priorité aujourd’hui est de travailler cet anglais qui ne saura passer les frontières.

Note: 7,5/10

Titre que je retiens: Betrayal

Photo de la semaine: BLASPHEME

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Blasphème fait partie de ces légendes qui ont forgé le heavy metal hexagonal au début des années 80. Contrairement à Vulcain, Sortilège ou H-Bomb, incontestablement fédérateur, Blasphème était sujet à divergences d’opinions et divisions au sein du public. En cause, le chant haut perché de Marc Ferry qui réglera quelques comptes et remettra les pendules à l’heure sur Erreur de moeurs (Désir de vampyr, 1985). Disparu, comme tant d’autres, peu après le France Festival de Choisy le Roi (juillet 85), Blasphème se reforme et joue le 13 janvier 2008 au PMFF 2, dans une Locomotive où se retrouve le tout Paris du metal. Ce jour-là, RBO, Demon Eyes, Witches *, Still Square, No Return, Killers, Blasphème et ADX * se succèdent. Blasphème revient sur les devants de scène, tourne partout, enregistre un troisième et très attendu album (Briser le silence en 2010) et se retrouve au PMFF V le 12 janvier 2012, quasiment 4 ans jour pour jour après sa renaissance. Le Divan du monde, également complet, découvre un groupe remanié. Marc, pour des raisons de santé, a lâché l’affaire, remplacé ce soir par Olivier del Valle (Shannon) et Alexis (Hürlement). Découvrant mon nouveau boitier reflex Sony A450, ce cliché a été pris du balcon du Divan à 1/80 de seconde – j’avais réglé la sensibilité au maximum et suis surpris de n’avoir pas plus de bruit – avec une ouverture à F/5,6. Bien que cette photo soit légèrement floue, j’aime la complicité entre Pierre Holzhaeuser et Philippe Guadaguino qui s’en dégage et semble toujours intacte. Si  Blasphème est de retour au PMFF, c’est pour bouclé la boucle. Comme l’annonce Pierre, le groupe est re-né au PMFF, il a décidé de mettre un terme à son existence au même endroit. Seul bémol: on n’a toujours pas retrouvé trace de Régis Martin, batteur d’origine.

(*: groupes à l’affiche du PMFF VI, au Plan de Ris Orangis du 6 au 8 janvier 2017)

NIGHTMARE: Dead sun

nightmare-deadsun-2016Heavy metal, France (AFM, 2016)

Il va faire du bruit, ce nouvel album des Grenoblois de Nightmare… Il faut dire que depuis son retour sur le devant de la scène dans les 90’s, le groupe d’Yves Campion (basse) a su nous offrir des albums puissants d’un heavy metal sans concession et racé. Le départ brutal des frères Amore en a surpris plus d’un. Pas autant toutefois que l’annonce de la venue, au micro de Magalie « Maggy » Luyten en lieu et place de Jo. Pourquoi un tel choix? Yves s’en est expliqué lors de notre entrevue au Hellfest où nous sommes quelques uns à avoir découvert la puissance vocale et scénique de Maggy sur scène. Rassuré, c’est avec impatience que j’attends la confirmation sur CD de ces premières impressions. Autant dire que Dead sun fera taire les pessimistes et autres mauvaises langues. Car dès les premiers accords d’Infekted, le message est clair: Maggy en a. De la voix, et des ovaires. Une voix puissante, déterminée, elle s’amuse même à flirter avec le chant extrême sans jamais en abuser. La nénette s’impose dès ce premier titre avec un uppercut qui en dit long. Suivent une série de morceaux variés, Ikarus, le premier single en tête, Of sleepless minds plus power metal, Seeds of agony aux inhtonations thrashisantes et aux choeurs finaux d’enfants, Dead sun ou Tangled in the roots et leurs passages orientaux, le speedé Inner sanctum et ses doubles grosses caisses, ou encore Indifference qui évoque par instants le Egypt (the chains are on) de Dio autant que le Perfect strangers de Deep Purple… Au delà de la voix puissante, rugueuse, accrocheuse et de l’anglais de Maggy parfaitement maitrisé, on remarque aussi, bien plus que le travail des guitares  du duo composé de Franck Mililleri et Matt Asselberghs (tous deux désormais « anciens  » de la bande) totalement complémentaires, le jeu de batterie puissant, rentre dedans et impeccable du « petit nouveau » Olivier Casula qui, comme le confiait Maggy dans une récente interview « n’en met pas une à côté ». Dead sun n’est pas un simple nouvel album de Nightmare: c’est le disque d’un nouveau départ, d’une renaissance qui ne pourra être confirmé que si le quintette se donne les moyens d’aller vers son public, et de façon intensive.

Note: 9/10

Titre que je retiens: Seeds of agony

Photo de la semaine: ADX

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ADX. trois lettres qui, immanquablement, évoquent le metal « made in France ». Malgré les hauts et les bas que la formation de l’Oise a pu connaitre (dont deux grosses périodes d’absence), Dog (batterie) et Phil (ci dessus, au chant) ont maintenu le navire à flots. Depuis le retour de Betov et la sortie, en 2008, de Division blindée, ADX revit. Ceux qui ont eu l’opportunité de voir ADX live le savent, c’est une fête, un moment de détente fun sur fond de metal. Je les ai vus pour la première fois en 1988 à la Mutualité de Paris (vous ressortez quand Exécution publique, les gars?) et une bonne dizaine de fois depuis. Ce cliché a été réalisé du balcon du Divan du monde lors du PMFF IV le 8 janvier 2012. A l’époque, Phil avait encore des cheveux. mais s’était rasé la barbe. un signe? Quasi systématique tête d’affiche du PMFF, ADX donnera lors de la prochaine édition 3 concerts – 1 par soir, donc – les 6, 7 et 8 janvier prochains, célébrant ses 35 ans de carrière – nul doute qu’un hommage sera rendu à Marquis, premier guitariste récemment disparu – et les 50 ans de Phil ’em All, instigateur et animateur du projet.