SOEN: Memorial

Suède, Metal progressif (Silver lining, 2023)

Avant de vous offrir le report du concert parisien de Soen, réparons un oubli… Car les Suédois (bon, un peu plus un groupe international que purement suédois, maintenant…) tournent pour soutenir leur dernier album, Memorial, paru début septembre. Les amateurs de Soen ne seront nullement déconcertés par ce nouveau disque qui permet au groupe de Joel Ekelof (chant) et Martin Lopez (batterie) de franchir une étape de plus qui les rapproche encore de l’excellence. Soen a créé sa propre identité sonore et pousse le curseur un peu plus loin à chaque nouvelle production. Le chant toujours aussi bienveillant de Jeol est contrebalancé tout au long des Sincere, Violence (pas si violent que ça), Incidiary, Icons… par les guitares rugueuses et la rythmique enlevée et parfois presque éprouvante. Quand lafureur se mèle à la douceur, le résultat avec autant de classe, le résultat ne peut qu’être envoûtant. Une nouvelle fois, le groupe fait le même choix depuis Lykaia de nommer ses chansons d’un mot unique, censé résumer l’ensemble. Une nouvelle fois, aussi, la pochette est d’une sobriété à la fois exemplaire et inquiétante. Le visuel est plus oppressant et inquiétant que le contenu musical (d’autant plus au regard de l’actualité récente européenne et moyen orientale) mais Soen nous plonge dans un univers soigné et léché. Superbe et hypnotisant.

Interview: ROBERT JON & THE WRECK

Interview Robert Jon & The Wreck. Entretien avec Robert Jon (chant, guitare) à Talcy le 28 septembre 2023

Il y a deux ans, j’ai pu échanger avec Steve Maggiora. Que devient-il puisqu’il n’apparait plus sur votre site web ?

Il nous a quittés il y a quelque temps pour aller rejoindre Toto, nous ne pouvons que lui souhaiter le meilleur !

Qui le remplace alors ?

Il s’appelle James Abernathie, il nous a rejoints en début d’année.

Comment l’avez-vous rencontré ?

Nous n’avons fait connaissance avec lui que cette année… On a donné plein de concerts depuis janvier et il n’y a pas meilleur moyen de faire connaissance que d’être sur la route ensemble. On l’avait croisé à divers endroits, c’est un peu confus : à l’époque Steve était approché par Raval Sons, on a demandé à un de nos potes qui a fait des recherches sur internet, il l’a trouvé mais on ne s’était jamais rencontrés avant qu’il n’intègre le groupe.

Et ça a l’air de fonctionner…

Oui, c’est fantastique !

Ride into the light est votre nouvel album, toujours taillé dans une veine typiquement rock sudiste, même si c’est, comme vous le dites, du rock sud californien. Maintenant, comment décrirais-tu la musique de Robert Jon & The Wreck à quelqu’un qui ne vous connait pas afin de l’inciter à acheter votre album ce soir ?

Nous jouons du rock’n’roll. Du rock influencé par le blues, la soul, le rock sudiste. Je crois que notre musique est principalement considérée comme du rock sudiste à cause du son des guitares et notre façon de composer nos chansons. Mais on est très éloignés du rock sudiste de Lynyrd Skynyrd. Il y a plus dans notre approche, je pense. Mais je crois que nous étiqueter « rock sudiste » aide les gens à savoir ce qu’ils vont écouter. En ce sens, les étiquettes ont du bon : ça aide les gens à identifier. Mais il y a un peu plus que du « simple » rock sudiste.

Alors c’est quoi, ce « plus » ? Du blues…

Du blues, de la soul… Et on appelle ça du rock sudiste de Californie ou du rock sud californien – Southern Californian rock’n’roll (rires). Après, les interprétations de chacun sont bonnes pour nous, ce que chacun ressent, et la manière dont chacun l’exprime est toujours positive.

Le groupe existe depuis maintenant plus de 10 ans, et pourtant, je ne sais pas si c’est propre à la France, vous continuez de jouer dans des endroits comme celui-ci, à Talcy, au milieu de nulle part. Quelle est la situation du groupe dans le reste du monde ? Que manque-t-il pour faire vraiment grandir le groupe ?

Oh, waow… Tu sais, ça dépend en fait de là où nous allons. Ce soir, c’est une salle de, quoi ?, 250 places à peu près. Dans cette petite pièce, je ne sais pas comment ils vont faire entrer autant de monde !

Il va faire chaud !

Oh que oui (rires) ! Il y a quelque chose de particulier à chaque concert. Il y a une énergie quand tu joues devant 800 personnes que tu ne reçois pas partout. Mais il y a aussi cette énergie avec 250 personnes que tu ne retrouveras pas avec 800, alors… On fait en sorte de tirer le meilleur de chaque show. Aucun de nous ne fait la fine bouche selon le lieu ou le nombre de personnes. On est tous impatients de jouer ce soir, vraiment !

Vous étiez il y a quelques jours au Raimes Fest…

Oui, et chaque jour est différent. Tu ne peux pas mettre les concerts dans des cases, tu ne sais jamais à quoi t’attendre. Chaque show est différent. On a donné des concerts devant 100 personnes avec plus d’énergies que certains concerts face à 800. On ne doit pas faire attention au nombre de personnes mais bien plus à l’énergie qui va en émaner, et nous donner de l’énergie.

C’est un échange, en fait…

Absolument. Alors, on aurait du mal à jouer dans une salle comme celle-ci devant 20 personnes, mais qui sait, ça pourrait être aussi absolument génial ! Qui sait !

Et j’imagine aussi que pour le groupe, d’un point de vue marketing, il est plus intéressant de jouer dans un lieu comme celui-ci qu’on peut annoncer « complet » que dans un lieu plus grand incomplet…

Exactement.

Comment analyserais-tu l’évolution du groupe entre vos deux dernier albums, Shine a light on me brother et Ride into the light ? Hormis le remplacement de Steve…

Je crois qu’il y a énormément de différences, je crois même qu’il y a plus de différence entre ces deux albums que dans tous le reste de notre catalogue. On a composé Shine a light on me brother pendant le Covid. On était dans nos chambres et n’avons jamais eu la possibilité de les jouer live avant de les enregistrer – on ne savait même pas si on allait pouvoir redonner des concerts… Ride into the light a été différent : on enregistrait deux chansons à la fois, avec des producteurs différents, tout au long de l’année. Analyser les différences et l’évolution ? Ils sont radicalement différents !

S’agit-il plus d’un effort collectif qu’avant ?

Je dirai que nous avons composé Ride into the light dans une pièce avec une batterie très bruyante. Il y a beaucoup de chansons sur Shine a light on me brother que nous avons composées en acoustique, chacun de son côté. J’aime vraiment cet album, mais nous n’avons jamais joué ces chansons comme un groupe avant d’arriver au studio. Et ça fait une vraie différence. Je pourrais décortiquer chaque chanson, mais pas ici. Ces deux albums sont supers, mais, tu sais, quand tu joues des morceaux forts, avec les soundchecks, inévitablement, elles sonnent mieux en les jouant live.

Le précédent a été composé en plain Covid.

Oui, Shine a light a été composé pendant le Covid, tandis que Last light on the highway a été enregistré avant mais sa sortie a été frappée de plein fouet par la crise sanitaire…

Justement, j’allais venir à ce disque : voici 3 albums d’affilée dont le titre comporte le mot « light ». C’est volontaire, surtout avec cette période sombre…

Oui, et le mot « light » est ressorti beaucoup plus souvent pendant le Covid. Tout le monde se trouvait enfermé, dans un environnement sombre, et c’est assez facile de se laisser emporter. C’est bien plus facile de se laisser entrainer dans la noirceur – ça devient bizarre, cette interview (rires) ! – que de se diriger vers la lumière. Nous tenter toujours d’avancer, il y a toujours un chemin, une lumière au bout du tunnel, et nous cherchons à avancer, toujours. Nous ne voulons pas nous laisser emporter en arrière. Je pense que nous sommes un groupe positif, je suis, la plupart du temps, quelqu’un d’optimiste, et nous essayons de retranscrire cela dans ce que nous composons et écrivons. Nous essayons simplement d’être qui nous sommes…

Et qui êtes-vous donc ?

(Rires) Je me nomme Robert Jon, je vis en Californie du Sud et je suis quelqu’un de très positif !

Peux-tu m’expliquer le sens, la signification de l’illustration de ce nouvel album ?

Non. On a simplement demandé à un de nos amis artistes de nous créer une œuvre d’art, et c’est ce qu’il a fait. Je pourrais trouver une explication, trouver ce que cela nous évoque ou ce que ça évoque à quelqu’un, mais nous voulions avant tout un œuvre d’art… L’album a été écrit à différents moments, et, sans le vouloir, il y a cet œil au centre, avec toutes ces lignes qui s’en éloignent pour aller à différents endroits.

Ou alors qui rejoignent un même lieu…

Nous sommes l’œil, et il y a tous ces lieux ù nous sommes allés qui rejoignent ce centre, où nous nous trouvons.

Une explication étonnante, mais on la prend !

Oui, oui, laisse-moi boire une bière de plus et je t’expliquerai mieux le concept !

Si tu devais ne retenir qu’une chanson de cet album pour expliquer ce qu’est aujourd’hui Robert Jon & The Wreck, laquelle serait-ce et pour quelle raison ?

Woaw… Elle est compliquée, celle-là ! Je devrais en fait prendre une autre bière avant de te répondre (rires) ! Alors… Le dernier titre que nous ayons publié, Ride into the light – qui est aussi le titre de l’album. C’est une chanson qui a été composée de manière très cohérente. C’est un titre auquel tout le monde dans le groupe a participé. Certaines, c’est avant tout Henry (James, l’autre guitariste) qui les composons principalement, d’autres seront plus l’œuvre de Henry, mais celle-ci, tout le monde y a participé, chacun a apporté un élément du puzzle que nous avons rassemblé. Et ça nous représente bien. Nous sommes un groupe, même si mon nom figure sur le nom du groupe, mais en réalité, au quotidien, chacun a son rôle à jouer. Sans la participation de chacun, ça ne peut pas fonctionner. Cette chanson est vraiment représentative.

Vous allez continuer de tourner jusqu’à la fin de l’année, avez-vous déjà des choses prévues pour 2024 ?

Oh, oui, plein de choses ! Nous serons de retour. Je n’ai pas tous les détails, mais je sais que nous serons de retour l’été prochain et à l’automne. Et les choses arrivent vite, il est probable que nous revenions avant. Nous avons des engagements jusqu’en 2025. Il y a certaines choses que nous n’avons pas encore annoncées, mais, oui, nous serons de retour.

Une question qui se pose depuis le covid, d’autant plus en ce qui concerne les musiciens. En France, et ailleurs, peu de musiciens vivent de leur musique. Est-ce le cas pour RJTW ou avez-vous chacun un autre emploi à côté ?

On fait en sorte de vivre de notre musique. Quand on est à la maison, si on a l’occasion de gagner un peu d’argent, on va aller bosser. Mais on n’a pas vraiment le temps, on n’est pas souvent chez nous. Notre occupation principale reste la musique.

Une toute dernière chose : quelle pourrait être la devise de RJTW ?

Mmh… Continues d’avancer. On va de l’avant, que faire d’autre ?

As-tu une chose à rajouter avant d’aller chercher cette bière ?

A chaque fois que nous venons en Europe, les fans font tout. Quand on monte sur scène, c’est là qu’on s’en rend compte. C’est tout ce qu’on fait ici : on monte sur scène, on donne un concert et ce sont les fans qui nous portent et c’est d’eux qu’on se souvient. Alors, si quelqu’un lit ceci, venez-nous voir, on vous en remerciera. Partageons cette énergie, c’est ce qu’on adore faire. Rencontrer les gens, voir les visages de ces personnes qui s’éclatent pendant nos concerts, c’est le principal !

ALEA JACTA EST: Ad augusta

France, Hardcore (UPR, 2023)

Alea Jacta Est avait disparu depuis des lustres de nos écrans radar – depuis le remarquable Dies irae en 2016, plus précisément. Mais voici que le combo toulousain formé en 2006 redéboule avec cet Ep, Ad augusta. Six titres (sept si l’on compte MMXXIII qui n’est autre qu’un extrait de la fin de Terminator – le fameux « I’ll be back« ). Dès FFWF – pour Fight fire with fire – le sort en est jeté (ouais, je sais, elle est facile celle là!). Le quintette est en forme et propose des titres thrash au possible au chant enragé et fédérateur tout à la fois. Impossible de ne pas se laisser entrainer sur Get revenge, de ne pas avoir envie de scander Enough is enough, de rester de marbre sur As fast as I can (avec la participation de Flo de Lvndmarks) ou de ne pas sourire à l’écoute de ces extraits de films qui viennent ponctuer les chansons. Une réussite totale de bout en bout qui vient marquer de la plus belle des manière un retour qu’on espère durable. Bravo!

BLACK STONE CHERRY : Screamin’ at the sky

USA, Heavy southern rock (Mascot, 2023)

Pas facile de vivre un changement de line up après deux décennies de stabilité… Le départ du bassiste Jon Lawhorn – pas forcément si inattendu quand on se rappelle la série de concerts annulés sans réelle explication en dernière minute il y a quelques années – aurait pu semer quelques doutes quant à l’avenir de Black Stone Cherry, mais finalement, non… Les gars du Kentucky on su trouver en Steve Jewell un remplaçant de choix et ont consolidé la cohésion de ce nouveau line up lors de la tournée célébrant The human condition (2020). Il était donc logique que BSC nous offre un nouvel album, ce qui est désormais chose faite avec la livraison de Screamin’ at the sky. Depuis quelques temps, le groupe s’éloigne légèrement de ses influences sudistes et alourdi son propos. Cette nouvelle livraison continue dans cette veine, proposant douze titres aussi courts et directs (pas un n’atteint les 4′) qu’efficaces. Ce huitième album studio se révèle pourtant riche en émotion et en feeling. Alors, oui, si on reconnait la patte de BSC, on peut regretter parfois la disparition des aspirations sudistes, mais un groupe se doit d’évoluer tout en restant fidèle à lui-même. La voix de Chris Robertson, rauque et puissante, gagne en profondeur, ses guitares liées aux riff de Ben Wells faisant des merveilles. Si on peut compter sur l’efficacité de John Fred Young pour frapper ses fûts pile comme il le faut, on porte une attention particulière à la basse de Jewell qui s’intègre parfaitement à l’ensemble. On se laisse finalement simplement porter par ce rock heavy aux intonations parfois funkisantes et groovy. Pas d’inquiétude: le Black Stone Cherry qu’on aime est de retour en pleine forme!

FURIAPOLIS: HOH – Hope Or Hate

France, metal (M&O music, 2023)

Nous avions pu découvrir Furiapolis lors de la sortie de son premier album, Déesses, premier essai rock teinté de pop. C’était il y a 5 ans, déjà… et en quelques années, un groupe a le temps de se réinventer. Démarrant furieusement avec Twister au chant enragé, le groupe se montre rapidement d’humeur variée avec des titres qui mélangent douceur, changement de rythme et de thème, énervement… Les guitares se font à la fois saturées et claires, la rythmique martèle aussi sec qu’elle se fait dansante… Tout au long de ce second album, H-O-H (Hope or hate), Furiapolis honore la première partie de son nom tant la fureur est de mise, malgré certains passages plus doux. Si, sur le premier, album Furiapolis avait fait le choix d’un chant en français, il commet cette fois l’erreur de s’exprimer dans un anglais pas forcément compréhensible. Dommage, car pour le reste, le groupe se forge une jolie identité sonore, alliant grunge, metal moderne, thrash, ballade, rock, swing… Une variété qui interpelle et maintien en éveil mais qui, malgré la variété et la richesse des influences, peut également marquer un manque d’identité musicale et déstabiliser l’auditeur. Il faudra un peu plus d’une écoute pour bien comprendre la démarche de Furiapolis.

BODYGUERRA: Invictus

Allemagne, Heavy Metal (Fastball music, 2023)

C’est au début des années 2010 que le guitariste allemand Guido Stoecker fonde Bodyguerra. La formation enregistre plusieurs albums, connait divers changement de line up avant de se stabiliser Bref, la vie « normale » d’un groupe. Outre lui, Bodyguerra est aujourd’hui composé de la chanteuse Ela Sturm et d’une section rythmique composée du bassiste Robert Brenner et du batteur Jason Steve Mageney. C’est ce line-up qui nous propose aujourd’hui le dernier album en date, Invictus. Et, franchement, à un « ‘détail » près, ce disque fleure bon le heavy des 80’s. Les onze titres sont l’oeuvre d’instrumentistes qui maitrisent leur art et savent où ils veulent aller. Ca sent bon le shred, les titres sont clairement fédérateurs, enjoués et entrainant. Mais… comment dire? Si on aime les voix de canards plus exagérées que Vince Neil, alors ça passe. Mais Ela Sturm me hérisse le poil. Son chant criard n’a, à mon goût, rien de séduisant et vient même entacher ces Blood and stones, Troublemaker, Confident woman ou autre Devil’s eye qui évoquent tout autant le Ritchie Blackmore de Deep Purple ou de Rainbow que son fils spirituel Yngwie Malmsteen, tout en lorgnant du côté – tiens donc – de Mötley Crue ou encore de Whitesnake, voire Iron Maiden (sans parler de la pochette qui m’évoque W.A.S.P…) Oui, musicalement, les morceaux sont superbement composés et il est difficile de les prendre en défaut. Mais cette voix en fait une petite farce. Dommage, vraiment…

ROBERT JON & THE WRECK live à Talcy (41), le 28 septembre 2023

Retrouvez ici la galerie photos du concert de Talcy

La camionnette du groupe ayant dû subir des réparations après qu’une vitre ait été cassée, Robert Jon & The Wreck n’a pu quitter l’Angleterre à temps pour honorer son concert à Le Thor le 27 septembre. C’est donc le lendemain, 28, que nous retrouvons le plus sudistes des groupes californiens au Quai’Son de Talcy. Et plus précisément, à Morée. Euh… Le Thor? Talcy? Morée? C’est où tout ça?

La route de Morée à Talcy (41)

Talcy est un petit village du Loir et Cher (41) situé entre Orléans (45′ de route) et Blois (30′). Un joli château médiéval, un vieux moulin en bois, un restau sympa, tout est réuni pour une visite touristique agréable.

Le Quai’Son

Morée est un village de la commune. Là se trouve la salle appelée le Quai’Son. une vielle bâtisse retapée et transformée en salle de concerts, une cour, quelques habitations autour… Si tu ne connais pas les lieux, tu passes devant sans le savoir et tu cherches. Ne seraient-ce les drapeaux qui flottent, les barnums dressés, la barrière filtrant ce qui pourraient être des entrées, si tu te paumes, tu rentres chez toi. Et trouver un habitant pour lui demander son chemin, c’est une autre histoire – j’en ai compté 2!

le Quai’Son

Pourtant, c’est bien ici que RJTW a posé ses flight cases et est en train de finaliser son sound check lorsque j’arrive sur place. Et ma surprise est de taille: la salle d’une capacité d’environ 250 personnes dispose d’une scène assez vaste – les 5 musiciens y seront à l’aise et pourront s’y mouvoir tranquillement – et dotée de lights en nombre et d’une mezzanine normalement non accessible au public.

Le Quai’Son

La vingtaine de bénévoles de l’association Red Daff s’active pour finaliser l’installation des barnums où le public pourra se restaurer et étancher sa soif. Et, chance, ce soir, alors que l’automne a officiellement débuté une semaine plus tôt: la météo est plus que clémente et il fait bon discuter et trainer à l’extérieur.

Le stand de merch attire les fans, mais pas encore autant sans doute que d’ici la fin du concert. Un public de connaisseurs vient compléter sa collection de CD ou de vinyles. Et il y en a pour tout le monde!

Pour le moment, cependant, entrons dans la salle… Il est 21h lorsque RJTW monte sur scène et lance le concert avec Pain no more. Si les gars peuvent sembler quelque peu déstabilisés par le lieu, on entre très rapidement dans le vif du sujet. Et l’esprit du rock’n’roll est omni présent ce soir. Ce n’est pas un accident si RJTW vient chercher son public dans des coins isolés. Une salle blindée et un public (il y a même un couple venu de la Meuse ce soir!) multi générationnel – bien que la moyenne d’âge soit plus proche de l’après retraite que de l’avant – un groupe au taquet… transforment vite cette soirée en concert exceptionnel.

Robert Jon And The Wreck, Talcy, 28 septembre 2023

Robert Jon & The wreck n’a certes pas de « hit » à son compteur, mais ses morceaux sont tels que la communion avec le public est immédiate. L’échange d’énergies positives se ressent tout au long de ce concert qui entre rapidement dans mon top de l’année. C’est simple: amateur de rock, de guitare, de voix chaleureuse, d’esprit vintage, tu ne peux qu’être emporté par le flot de générosité.

Robert Jon And The Wreck, Talcy, 28 septembre 2023

RJTW nous replonge dans cet univers 70’s où la musique dépassait les étiquettes, où un guitariste éblouissait son auditoire non par des poses convenues mais par une maitrise de la création de sons et l’offrande de notes qui vont droit aux tripes et au cœur. C’est exactement ce qu’a pu proposer ce soir Henri James, exceptionnel guitariste lead au toucher unique, à chacune de ses intervention. Si c’est son nom qu’on lit en premier, jamais Robert Jon ne s’impose, laissant, cédant même, volontiers sa place à chacun de ses compagnons de route et de scène.

Robert Jon And The Wreck, Talcy, 28 septembre 2023

Car oui, on a ici affaire à une entité plus qu’un groupe. Si l’espace scénique est réduit, aucun musicien n’est en retrait. Et chacun a son moment, son instant de communion avec le public, véritable sixième membre de ce concert, un public qui scande son approbation et en réclame plus, certaine se retrouvant même à danser sur le bar de la salle!

Robert Jon And The Wreck, Talcy, 28 septembre 2023

Robert Jon & The Wreck a ce soir été majestueux plaçant définitivement sur ma carte le village de Talcy, le bourg de Morée et la salle Le Quai’Son – ce concert trouvant sa place sur mon podium 2023. Tout fut réuni pour faire de ce concert un moment d’exception. mission accomplie, alors: merci, Messieurs!

Robert Jon And The Wreck, Talcy, 28 septembre 2023

Merci à Olivier Garnier d’avoir rendu ce report possible, à Fab et toute les bénévoles de l’association Red Daff pour l’accueil et la bonne humeur – si vous êtes toujours dans cette forme, mes prochaines venues sont prometteuses!

Retrouvez ici la galerie photos du concert de Talcy

HEAVY WATER: Dreams of yesterday

Angleterre, Heavy rock (Silver lining, 2023)

Biff Byford a trouvé la fontaine de jouvence… Rien ne semble pouvoir l’arrêter. Ni le poids des ans, ni le manque d’inspiration. Là où d’autres préfèrent placer les groupes de leurs enfants en première partie de leurs propres formations, le mythique chanteur de Saxon fait le choix, depuis la crise sanitaire tout au moins, de collaborer avec son fils Seb. Pas pour le mettre en avant, non, mais bien pour créer ensemble une œuvre permettant à deux générations de travailler sur des influences parfois communes et souvent très éloignées. Biff Byford revient donc aujourd’hui présenter le second album de Heavy Water, ledit projet mené conjointement avec Seb Byford, par ailleurs également fondateur de Naked Six (Lost art of conversation, en 2020). Sur le premier album du « duo », Red city brick (2021), on avait pu découvrir une famille qui testait diverses choses pour se retrouver musicalement, et cela fut une belle occupation en pleine période de pandémie. Avec Dreams of yesterday, le duo continue d’explorer les envies et influences musicales de chacun, et la palette est variée. Du nostalgique morceau titre qui ouvre l’album avec une envie de retourner en 1965 au grunge qui a vu Seb grandir, le duo père/fils se fait plaisir en explorant une musique à la fois puissante, entrainante, vintage, directe ou parfois plus douce, se partageant le chant au gré des titres. L’énergie est bien présente, Biff particulièrement en voix – tel un bon vin, elle se bonifie avec le temps – reprend la basse qu’il a toujours affectionnée tandis que Seb, en plus d’un chant puissant et différent de celui de son père, se charge des guitares. OK, Heavy Water ne révolutionne pas le rock, mais est-ce là l’objectif de la famille Byford? Non, bien sûr, et le plaisir est ici tellement présent qu’il en devient joliment contagieux. Il y a dans ce disque une vraie complicité familiale et ça, c’est somme toute assez rare.

DARKEN: Welcome to the light

France, Metal (Autoproduction, 2023)

Les plus anciens et fervents amateurs de metal made in France seront ravis du retour de Darken, groupe formé à la fin des années 80, qui a pu tourner intensivement en compagnie de nombreux compatriotes d’alors (Vulcain, Loudblast, No Return, Squealer, Jumper Lace…). Trois décennies après s’être séparé, Darken se reforme donc autour de trois de ses membres d’origine (le chanteur Stephan Monceau, les guitaristes Lorenzo Barbier et Philos Prud’homme) qui se sont adjoint les services d’une section rythmique jeune et moderne (Liam Barbier, le frère de Lorenzo, à la batterie) et Henri-Pierre Bohers à la basse. Le groupe enregistre Welcome to the light, un album puissant qui lorgne sans conteste vers l’avenir avec ses sonorités contemporaines, son dynamisme incontestable et ses mélodies à la fois entrainantes et entêtantes. L’ensemble a été mis en boite par David Potvin qui connait son affaire et pousse Darken à ne jamais regarder derrière. Le résultat, c’est cet album moderne, forgé dans le heavy metal pur jus, parfois teinté d’indus, qui s’écoute d’une traite et entraine l’auditeur dans un maelstrom parfaitement contenu et régulé. Un très beau retour à suivre de près et à soutenir sans hésiter.

UNSPKBLE: Reconstruction

France, Metal (Autoproduction, 2023)

Réunion improbable de musiciens d’horizons variés – ça va du punk au jazz – Unspkble débarque avec un premier album bourré d’énergie qui suit un Ep « carte de visite », Friction, paru en juin 2020 alors que le groupe n’avait que quelques mois d’existence. Reconstruction, titre qui naturellement fait penser à tout ce que la pandémie à pu détruire autour de nous en 2020/2021, c’est un premier album qui puise son inspiration dans la rage irrévérencieuse du punk tout en conservant un sens de la mélodie catchy propre au rock. 10 titres qui tabassent autant qu’ils fédèrent, tout ce qu’on attend d’un groupe de rock, justement; non? Struggle (catch the elite) est à ce titre un parfait exemple qui fait taper du pied et agiter la nuque. on n’attend maintenant que de voir ce que Unspkble donne sur scène pour y défendre et y faire vivre son album.